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 Une pièce pour le moins étrange ... [ Toddounet ]

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Sidney Hughes
Sidney Hughes
MessageSujet: Une pièce pour le moins étrange ... [ Toddounet ]   Une pièce pour le moins étrange ... [ Toddounet ] EmptyDim 18 Avr 2010 - 9:53

Il faisait doux ces derniers jours.
J'avais pris un peu le soleil, quand je n'avais pas eu cours. Mes après-midi n'étaient pas très chargées et bien que je les eusse donc passer à bronzer, mais peau était toujours aussi pâle et laiteuse. Je soupirai. A quoi pouvais-je m'attendre d'autre, après tout ? J'étais maintenant une vampire .. Les vampires ne bronzaient pas. C'était stupide.

J'en venais à regretter le bon vieux temps. Celui de ma complète humanité. Enfin, il n'y avait pas que pour cela que je regrettais mon ancienne vie. Je la regrettais sous tellement d'aspects que je ne savais même pas par où commencer - si encore fallait-il que je les énumère. Mais d'autres détails s'étaient accumulés, ajoutés et avaient fait en sorte qu'aujourd'hui, ma vie de vampire était moins difficile - mentalement - que les premiers mois qui avaient suivi ma transformation.
Après tout, je m'étais fait des amis maintenant. J'avais un lieu dans lequel j'étais maintenant. Un lieu pour les gens comme moi.

Je posais ma tête contre le carreau froid de la fenêtre de ma chambre. Mes colocataires n'étaient pas là. Elles étaient toutes les deux au réfectoire, sans doute en train d'engloutir je-ne-sais quelle nourriture. Mais moi, ce soir, je n'avais pas faim. De toute façon, la seule nourriture qui me remplissait réellement était celle à laquelle je souhaitais ne pas toucher le plus longtemps possible. Jusqu'à ce que mes instincts n'en puissent plus et qu'alors j'entre dans une sorte de transe. De folie. J'étais alors incontrôlable. J'étais sauté au cou de quiconque. Et je lui aurais arraché la vie, si la faim était trop grande. Dans le cas contraire ? Je l'aurais condamné à vivre de la même façon que moi.

La pièce était vide, sans présence de vie, si ce n'était la mienne. Je me sentais de trop dans cette pièce que le silence emplissait déjà suffisamment. Alors j'avais décidé qu'il était peut-être préférable pour moi d'aller faire un tour. Mais pas dehors. Sortir maintenant n'était pas quelque chose de raisonnable. Bien qu'il fut seulement au environ de 20h, je me disais qu'il valait mieux pour moi que je fasse un tour dans l'établissement.
Je me saisissais alors de mon gilet - il faisait quand même un peu frais - et je claquais la porte de la chambre derrière moi.

Je m'élançais à présent dans les couloirs, incertaine de l'endroit où mes jambes allaient me mener. Elles semblaient avoir de l'énergie à revendre, car je m'aventurais dans les escaliers. Pleins d'escaliers. Ceux qui menaient à la tour.
Et j'ouvris une porte.

Cependant, derrière, il ne se trouvait pas ce que je m'attendais à voir. Je ne me trouvais pas dans la pièce que j'imaginais. Il n'y avait pas de grandes ouvertures sans fenêtres de protection. Il n'y avait pas de la vieille pierre sur les murs. Encore moins des pigeons et quelques autres oiseaux qui y avaient fait leurs nids. Je n'étais donc pas dans la tour ?
Mince, j'avais du me tromper. Peut-être aurais-je tourner à droite plutôt qu'à gauche. Prendre l'autre porte.
Mais étrangement, je ne pouvais me résoudre à quitter la pièce dans laquelle j'étais involontairement entrée. Parce qu'elle m'intriguait drôlement. Elle n'était pas comme les autres pièces du pensionnat. C'était un peu comme si elle avait été laissée à l'abandon, en fait.

Les murs était couvert de bois foncé dans lequel était inscrit des motifs dont je ne comprenais pas bien le sens, plongée à demi dans l'obscurité.
J'avais laissé la porte se refermer derrière moi et en voulant allumer la lumière, je m'étais rendue compte que l'interrupteur n'était pas fonctionnel. Dans la semi-pénombre d'une soirée qui annonçait le printemps, je découvrais donc cette pièce.

Il y avait une petite couche de poussière sur le mobilier. Mobilier étrange, lui aussi.
Dans un coin, il y avait un vieux fauteuil, dans le genre d'un rocking-chair cependant très confortable. Il était de couleur sombre, mais je ne pouvais voir laquelle c'était. A côté, il y avait une table basse sur laquelle reposait un cendrier. Dedans : de la poussière et une pipe laissée à l'abandon. Près de là, il y avait une lampe à pied. Je m'y dirigeais donc naturellement, et l'alluma. Celle-ci était fonctionnel, mais elle créait une atmosphère bizarre .. Tamisée, un peu.
Et puis, grâce à cette lumière bienvenue, je pus voir nombre d'autres objets, tous placés de manière à croire que la pièce avait été figée dans le temps. Oui. Comme si le temps s'était arrêté, et que les habitants en avait disparu. J'eus la chair de poule, un instant.

Bientôt, pourtant, une autre chose attira mon attention. Dans un coin de la pièce, les contours d'une armoire se dessinait. Elle ne semblait pas coller avec le cadre de la pièce. Elle était d'un bois plus clair que le reste du mobilier. De même, quand je glissais le doigt dans un de ses motifs, il n'y avait pas de trace de poussière. En tout cas, moins que l'on pouvait en constater à l'œil nu sur le reste des meubles. Comme si elle avait été ajoutée.

Tellement intriguée, je n'aurais pu imaginer une seconde rencontrer quelqu'un dans un lieu tel que celui-ci ..
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MessageSujet: Re: Une pièce pour le moins étrange ... [ Toddounet ]   Une pièce pour le moins étrange ... [ Toddounet ] EmptyJeu 22 Avr 2010 - 23:00


    C'est un des soirs où on a pas envie de bouger de chez soi. Enfin, ici tout du moins de sa chambre. Mais parfois, le devoir l'exige. Et parfois le devoir n'est pas aussi enthousiaste que d'habitude. Les yeux au ciel, il ressentait comme une certaine lassitude. Lassé de voir ses hommes échouer à leur tâches. Il était loin, Milovitch. Il était dans une rue mal-famée à l'extérieur de l'enceinte du lycée. Dans la ville la plus proche. Fatigué. Un de ses hommes, au plus, mal à ses pied, le suppliait. Han ne pouvait être que désolé de voir tant de faiblesse en son âme. Il était habitué à ce genre de situation, et elles étaient souvent soit pathétique, soit embarassante. Déjà parce qu'on pleurnichait sur son pantalon qu'il avait à peu près réussi à repasser, et puis aussi peut être parce qu'à force de rester là pendant plusieurs longues minutes, on a tendance à sentir la bougeote envahir ses jambes. 5 minutes. Bof, ce n'est pas très long, mais ce soir Han n'avait pas l'humeur à malmené l'homme trop longtemps.

    - Allons... Vous tous me prenez vraiment pour un monstre... Ou pour un imbécile.

    Il s'accroche, le pauvre être à ses genoux. Il était épuisé, et Han le sentit défaillir. Il le prit par la nuque et le regarda dans les yeux. Ses yeux teinté de sang, ses larmes rosées. Il souffre, bien sûr, qu'il souffre. Ces idiots n'apprennent que comme ça. Il suffit que les regarder, sans les toucher... Et de faire passer le message. Han sait qu'il s'en souviendront à jamais, et que ce douloureux souvenir, qu'il soit moral ou physique -même si ce soir, elle était physique-, hantera à jamais leurs jours et leurs nuits. Et c'est ça, la solution. C'est ainsi qu'on impose le respect, et le coeur à l'ouvrage. Il supplie et Han l'écoute sans l'écouter. Il est lassé d'entendre toujours les mêmes choses. Mais il se veut rassurant. Il prend soin de ses âmes déchues. Main amicale sur l'épaule.

    - Tu sais, je regrette de ne pas pouvoir -Vouloir? Je ne sais plus...- te laisser... Une autre chance. Oh, je pourrais y réfléchir... Mais disons que je n'ai pas la tête à ça. Ne t'en fais pas pour ta famille. J'attache énormément d'intéret à ce qui est cher à mes âmes...

    C'était déjà la seconde fois. Le mouton ne sers pas le loup. On ne s'emcombre pas des faibles. Et il n'avait pas laisser paraître la moindre once de détermination et d'interêt pour le bien être de sa femme et de ses enfants... Ennuyant. Une âme épuisée, qu'il fallait achever. Le corps se détendit, et Han d'un petit geste délicat le retira de sa jambe. Le coup de grâce. Dommage, Han le trouvait bien sympa au début. Multirécidivistes, ce pauvre type n'était en fait qu'un indécrotable sensible. Une âme nerveuse, Han lui avait rendu service. Il risquait la crise cardiaque depuis un bon bout de temps.

    Ceci étant bouclé, Han pris un taxi pour remonter jusqu'au lycée. Dure journée de labeur, Han n'avait même pas faim ce soir. Il avait bien mangé le midi, peut être un peu trop. Il irait se pieuter assez vite et oublierait son diner. Ou alors... Il était peut être le temps de visiter. Il n'avait pas encore eu le temps de flâner au premier étage. C'était l'occasion. Qui sait, Han songeait encore à trouver une pauvre âme. Il entreprit d'aller à la tour. Lieu rêvé pour un suicidaire. Et le suicide au final, c'est un appel à l'aide. En gentilhomme qu'il était, il répondait souvent à ces appels. Sa journée alors, n'aura pas été faite que de déception.

    Alors qu'il se rendait enthousiaste à la tour, il eu comme un rappel à l'ordre. Son instinct le poussait à aller entrouvrir la porte. Cette porte, au milieu de rien. Et bien quoi? Il ne se fait pas prier, il y va.


    - Ca doit être là les...

    Coupé en plein élan. Il avait dérangé certains songes. Miss Hughes se tenait devant lui, au milieu de la pièce. Lui se tenait à l'entrouverture de la porte. Comme un gros bêta, un rictus aux lèvres. Tient tient quel coïncidence de retrouver la petite blondinette à cet étage, ce soir là. C'est dans ce moment là qu'on se dit que la nature est bien faite... Enfin que le hasard faisait bien les choses. Ce qu'elle était mignonne cette petite. Une jeune fille en fleur, il n'y avait rien de plus attirant pour Lucifer. Il est vrai que son visage angélique et ses yeux doucereux attirait Han. L'innocence attractive. Naïve. Se jouer d'un être pas encore totalement dépravé, voilà qui était interessant. Mais avant le désir de jouer passait une simple attirance.

    - Miss Hughes. Escusez moi j'ignorais qu'il y avait quelqu'un.

    Pièce assez étrange. La présence de Han la rendait plus inquiétante. C'était sans doute la pièce mystérieuse. Hypothèse: S'adaptant à l'état d'esprit de ceux qui la contiennent? Objets curieux, d'époques. Une pipe en bois, Han avait eu la même il y a longtemps. Une époque pas mal, le 19ème, sans doute. C'était il n' y a pas si longtemps finalement. Enfin tout est relatif. Han s'était avancé, le plancher grinçait un peu. Après avoir fait un petit tour de la salle, trifouillant un peu les objets, il regarda de nouveau la jeune fille. Son teint pâle et ses yeux mis en valeur par la lune. Il n'était pas tard, une douce soirée d'été s'annonçait.

    - Vous... N'aviez pas faim? Tout vos amis doivent vous attendre en bas.

    Il restait. Certes il savait qu'elle voulait être seule. Qui irait choisir pareil lieu pour un rencart. Mais il avait confiance, et s'il sentait un gêne la laisserait. La première impression est toujous la bonne. Aussi Han ne voulait pas l'ennuyer. Même s'il savait déjà que ce ne serait pas vraiment le cas. Il savait que Hughes était quelque peu intriguée de sa personne. Il l'avait sentit lors du premiers cours, et s'en était amuser. Le rose aux joues la rendait encore plus mignonne. Pourtant Han savait qu'elle n'était pas un ange. Ni démon d'ailleurs. Créature de la nuit. Qui n'a pas faim. Une autre faim, sans doute. Un vampire, alors. Ces êtres étaient tout simplement fascinant. Pas les purs sangs, mais les humains transformés. Ceux qui pour la plupart n'avait pas eu le choix. Il était amusant de voir ce qu'il faisait de leur seconde nature. Beaucoup la regnait... Bien dommage. Pourquoi donc?

    - Vous nous avez manqué ce matin. Vous n'étiez pas au cours.
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Sidney Hughes
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MessageSujet: Re: Une pièce pour le moins étrange ... [ Toddounet ]   Une pièce pour le moins étrange ... [ Toddounet ] EmptySam 24 Avr 2010 - 13:02

Sursaut.

Je n'avais pas même entendu la vieille porte grincer. Mais plus effrayant qu'une porte qui grince, c'était une voix qui m'avait fait sursauter. Une voix que je connaissais d'ailleurs. Par réflexe, je m'étais retournée.

Là, collé à l'encadrement de la porte, il en avait délaissé la poignée et me fixait. Son regard ne laissait pas transparaître grand-chose, et quand bien même ce fut le cas, je ne sus le distinguer. Il n'exprimait de ses lèvres qu'un sourire. Un rictus peut-être inquiétant pour d'autre, mais que je trouvais, moi, intriguant.
D'ailleurs, c'était tout le personnage qui m'intriguait. Mr. Todd. Toddounet pour les intimes.

J'eus un imperceptible frisson.

Il y eu un instant de flottement, ou alors ce n'était qu'une impression de ma part. Je m'étais demandé ce qu'il faisait ici. Je m'étais demandé pourquoi il était monté dans cette pièce, et pourquoi il était arrivé juste quand je m'y étais introduit. Mais je vins rapidement à la conclusion que le hasard nous jouait parfois des tours. Cette scène étrange en était la preuve.


" - Miss Hughes. Escusez moi j'ignorais qu'il y avait quelqu'un. "

Pas de mal. J'aurais voulu lui dire, mais en fait : rien. Je restais muette, dans une contemplation sûrement un peu étrange de son intriguant personnage. Rapidement me vinrent en mémoire le premier cours de philosophie. Et avec cela, me revint la sensation quasi-immédiate que j'avais quand je l'avais vu. Je m'étais dit que ce professeur n'avait vraiment pas l'air commun. Quand il avait ensuite ouvert la bouche, j'en avait été convaincue. Ce personnage étrange dont je ne comprenais ni les manières, ni le fonctionnement m'attirait. Il m'attirait parce que j'étais curieuse. Parce que j'étais naïve. J'en avais conscience. Et c'était peut-être ça, le pire.

Le professeur, lui, n'était pas resté figé. Le silence était toujours présent, mais gêné dans les bruits du plancher qui grinçait.
Cette pièce était étrange. Je ne comprenais pas son utilité, à vrai dire. Je ne comprenais pas même à quoi elle avait pu servir un jour. Mais les meubles, le décor, tout cela me faisait un drôle d'effet : j'étais un peu perdue d'un côté, mais de l'autre, cette pièce, même si elle sentait fortement la poussière me mettait à l'aise. Étrangeté. Ce n'était pourtant pas ce qu'il y avait de plus charmant, comme endroit.

Mon cher philosophe observait les meubles, tour à tour. Un peu comme s'il en faisait l'inspection. Il semblait intrigué, lui aussi. C'était visiblement la première fois qu'il découvrait cette pièce.
Il avait toujours ce sourire bizarre collé aux lèvres quand il se tourna vers moi pour m'adresser quelques mots.

Faim ? Moi ? Mon dieu, si vous saviez.
J'ai honte de ne plus avoir faim, à vrai dire. Mais faisons-en un secret.


" Personne ne m'attends .. "

N'était-ce pas un peu sec, comme réponse ? Mais c'était vrai. Mes colocataires ne m'attendaient pas. Je n'avais pas de liens particulier avec elles. Bien sûr, nous étions dans la même chambre, nous cohabitions, mais nous n'en étions pas pour autant plus que de lointaines amies. Quant à Hebi - celle dont j'étais le plus proche - elle devait bien se rendre compte que je n'étais pas là. Et dans la logique des choses, elle avait du se dire qu'elle m'avait peut-être manqué, ou que je ne me sentais pas bien. Quelque chose dans le genre.

" .. Je n'avais pas vraiment faim, ce soir. "

Mensonge. J'avais eu tellement faim que j'avais péché. Mais il ne s'agissait pas là d'une entrave à un régime .. Quoique ?

Il ne s'attarda pas sur mon manque d'appétit. Un nouveau sujet était déjà entamé. Et alors qu'il parlait, je sentais le rouge qui me montait un peu aux joues. J'avais manqué à quelqu'un ? Est-ce que je lui avais manqué ? C'était une question stupide. Et pourtant, j'avais envie de me la poser. Peut-être pour ça que j'étais soudainement gênée.

Une image de mon amie la démone me venait en tête. Je me souvenais de ce qu'elle avait raconté à propos de l'homme en face de moi. Il était un démon. Il était dangereux .. Il était .. quoi déjà ? Trop tard, j'avais déjà oublié. Naïveté.


" Oui. Je m'excuse de ne pas avoir participé au cours d'ailleurs. Ce n'était pas volontaire. Et ça ne se reproduira plus .. "

Ma voix était douce. Timide. Je ne savais pas comment m'exprimer. En cours, c'était plus facile. Avec des amis, c'était une évidence. Autant avec lui, je perdais un peu mes repères les plus basiques. Il me troublait.

Je n'étais pas venue en cours. Mais je n'avais pas menti. Ça avait été en quelque sorte indépendant de ma volonté. Ma vraie volonté tout du moins.

Tout la nuit, j'avais fait des cauchemars. J'avais eu des envies horribles. Quand je m'étais réveillée, j'avais espéré que cela allait cesser, mais rien. J'avais été tiraillée par une douleur terrible. Une douleur à s'en plier en deux. Une faim dévorante que mes rêves sanguinaires avaient réveillée.
Depuis que j'étais devenue un monstre assoiffé de sang, j'avais horreur de rêver.
Mais là, c'en avait été trop. Je m'étais levée et j'avais disparu du pensionnat. Je m'étais éloignée, autant que je pouvais. La faim m'avait ruinée, si vite et si bien qu'en peu de temps, je n'avais plus eu conscience de ce que j'avais pu faire. J'étais devenue une bête, une sauvage.
En redevenant moi-même, la première vision que j'avais eu, avait été celle de deux biches agonisantes, baignant dans une flaque de sang. J'étais restée quelques instants idiote et interdite, assise dans la terre, ma chemise de nuit blanche souillée par le sang. Sang qui coulait encore le long de mes lèvres. Sang que je pouvais sentir sur mon palet. Sang infecte. L'humain, il n'y avait rien de mieux.

A cette pensée, je m'étais trouvé affreuse. Et pourtant, je savais qu'il n'y avait rien de plus vrai.

J'avais alors mis du temps à retourner au pensionnat. J'avais marché dans la forêt, et au bout d'une demie-heure j'étais rentrée avec une grande discrétion. Enfin. Mes pieds nus avaient laissé des traces de terre et de boue dans une bonne partie de l'établissement. Mais ma course m'avait alors trop fatiguée. L'heure de philosophie avait déjà été entamée. Je n'avais pu me résoudre à y aller .. Je m'étais alors rendormie, avec la satisfaction d'un ventre rempli, mais l'horreur de ce que j'avais fait. Je n'arrivais pas à m'habituer à être un monstre.

Pause dans mes pensées. Depuis ses dernières paroles, je fixais avec intensité mon professeur. Je sentais toujours mes joues légèrement rougies, mais mes pensées, elles, se dirigeaient vers quelque chose de bien plus inquiétant. J'espérais de tout cœur qu'il ne lisait pas dans les pensées.
C'était stupide, mais je ne voulais pas lui apparaître comme une bête assoiffée de sang. Il ne faisait aucun doute qu'il cernait plus ou moins ma nature, comme il ne faisait aucun doute que j'avais entendu parler de la sienne. Mais je voulais que les apparences perdurent, en quelque sorte.

Il me semblait que j'aurais pu être la personnification même de la personne abusivement ingénue. Candide des temps modernes.
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MessageSujet: Re: Une pièce pour le moins étrange ... [ Toddounet ]   Une pièce pour le moins étrange ... [ Toddounet ] EmptyDim 16 Mai 2010 - 16:48

    Abusivement ingénue, c'était bien le cas. L'odeur d'une jeune fille curieuse et désireuse de tout connaître envahissait le nez du diable. Il paraissait que la victoire dans ce genre de cas avait bien plus de saveur qu'à l'ordinaire. Parce qu'elle n'était pas acquise - Pour lui si, mais pas pour d'autres -, et parce que la petite blonde changeait un peu de ces petites brunes sèches et piquantes. Il sentit des frissons sur sa peau blanche alors même qu'il commençait à parler. Et son regard sur lui lorsqu'il ne la regardait plus. Han promenait sa main un peu partout sur le bureau et dans le premier tiroir. De l'encre du papier. Des écrits assez incompréhensibles, quelques odes à l'amour ainsi que plusieurs louanges aux enfers. Si ce pauvre être l'avait trouvé, il serait encore en vie à l'heure qu'il est, ou bien Han aurait exaussé son souhait et l'aurait immédiatement envoyé à l'enfer qu'il bénissait tant.

    En faire une louve. Pas seulement profiter.

    Puisqu'elle semblait intriguée, elle serait peut être la plus dévoué des âmes. Victime de sa soif de chair et de sang, elle s'en remettrait à celui qui pouvait lui apprendre à surmonter. A ne plus survivre, mais bel et bien vivre. Vivre comme elle était, comme un monstre, enfin monstre... Eux le diraient, pas Han. Lui aussi tuait. Pas à la même faim. Parce que la vie était ainsi. Qu'il fallait avoir le cran de l'affronter. Han en cherchait des intrépides. Prêts à tout. Et elle, à quoi était elle prête? A s'abandonner à lui? Ce serait trop simple. Elle est devant la gueule du loup, mais ne s'y avanture pas trop vite. Prudente. Il adore ça.

    Après avoir glissé la pipe en bois dans sa large poche de veste, il retourna tranquillement vers la jeune candide. Once de plaisanterie, se voulant rassurante.

    - J'espère bien... Nous avons terminé Epicure et la luxure, pour le plus grand plaisir d'Hebi.

    Mains dans les poches, il arrive face à son ingénue, et s'étonne même qu'elle n'ait pas essayer de reculer. Il crée la proximité, celle qui pourrait éventuellement la gêner. Il se demandait si elle avait vraiment conscience de son mouvement puisqu'elle ne le quittait pas des yeux. Sans doute qu'elle se rendit compte de la proximité lorsqu'elle du un peu levé les yeux pour ne pas perdre le file.

    - D'ailleurs, si vous voulez rattrapez le cours, vous pouvez lui demander ses notes.

    Remarques au passage, mais il avait en tête de déclencher réactions et sentiments.

    - Si vous avez besoin d'aide en quoi que ce soit... Si vous voulez parler, vous confier... Je sais que je ne suis là que depuis très peu de temps, et que vous devez avoir plus de facilité à parler à d'autres professeurs ou amis... Mais sachez que je suis là.

    Un petit silence. Il cherche ses yeux, il ne sait plus quand il les a perdus. Il lui fait comprendre par sa voix et par sa douceur à quel point elle est privilégiée d'être seule avec lui. Tu es la première, ici. Son premier défi. Celui qu'il savourera le plus longtemps possible.

    - Alors... Vous n'aviez plus faim...

    Une envie de la titiller qu'il dut pour le moment réprimer. Il repense à cette saveur, celle qui est particulière quand on patiente...
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MessageSujet: Re: Une pièce pour le moins étrange ... [ Toddounet ]   Une pièce pour le moins étrange ... [ Toddounet ] EmptyLun 17 Mai 2010 - 16:14

Mes mots semblaient s'être perdus dans les airs. Peut-être avaient-ils envisagés de faire un détour par on-ne-savait-où. Peut-être ne les avait-il tout simplement pas pris en compte. Que pouvait-il bien répondre à quelques mots ? Quelques excuses ? J'avais fauté, après tout. Je n'étais pas allée au cours. Mais .. Il ne semblait pas s'en soucier plus que cela, en vérité.

Je le détaillais. Mauvaise habitude que j'étais en train de prendre ? Désolée. Ce n'était pas volontaire.
Il observait méticuleusement les objets qui se trouvaient dans la pièce. La lampe, le vieux fauteuil .. le bureau. Quelques feuilles de papiers avaient attirées son attention au fond d'un tiroir. Mais il ne lui fallu bien qu'une ou deux minutes pour les évaluer peu importe. Pour s'en détacher, en tout cas. Ou alors venais-je de perdre la notion du temps ? Il est vrai que depuis que j'étais entrée dans la pièce, je m'étais senti comme en suspend.
Lorsqu'il était alors arrivé, ce sentiment n'avait fait que ce renforcé.
Était-ce là le signe d'un certain malaise ? Je n'en savais rien. Et en fait, à bien y réfléchir, je n'étais pas convaincue d'avoir la volonté de le savoir. Autant dire que je m'en foutais. J'étais bien, dans mon malaise. Qu'est-ce que je pouvais faire de mieux qu'être ici, dans cet ambiance lourde et légère à la fois ? Connue mais indescriptible à la fois.

Charmant casse-tête derrière ma tignasse bouclée.

Voleur. Une pipe dans la poche. Comme si de rien n'était. Comme si mes yeux n'étaient pas en train de vous guetter, cher professeur. Ou comme si vous n'étiez pas conscient de ma présence. De mon regard posé sur vous. Ou alors, cela ne vous dérange pas de prendre ce qui ne vous appartient pas.
Vous en prenez possession. Vous vous en sentez le maître respectif dès que vous avez l'objet désiré dans vos mains. Psychologie étrange. Enfin .. Ce n'est qu'une pipe.
Son propriétaire doit être mort à l'heure qu'il est. Vous ne faites alors que vous en rendre héritier.

Sa voix s'élève à nouveau dans les airs. Et j'oublie le moment passé. Il s'avance. Le bureau et les mystérieux écrits qu'il renferment sont déjà oubliés, eux aussi.
Moi, j'observe. Attentive. Passive. Immobile. Ou plutôt : dans l'incapacité d'effectuer le moindre mouvement. Une paralysie spontanée, alors qu'il s'approche doucement.

La proximité, il vient de la créer. Je n'ai même pas bougé. Pas la volonté de reculer d'un pas.
Seul mes yeux se sont levés, pour croiser son regard. Je ne sais pas si je fronce légèrement les sourcils, ou si mon visage est complètement crispé. Peut-être aussi que j'ai l'air détendu. Qu'en sais-je ? Je me sens soudain un peu perdue.
Pas vraiment étourdie, j'ouvre la bouche. Pas vraiment tremblante, ma voix s'élève dans les airs. Je suis mal assurée, mais rien de choquant. On pourrait prendre cela pour une marque de respect : un dialogue banal entre un professeur et son élève. Presque.

" J'aurais rattrapé les cours pour la prochaine fois, si c'est pour cela que vous vous inquiétez. "

Eh ?
Ce n'est pas de la provocation. Pas une remarque déplaisante non plus. Mais c'est quelque chose. Une fin de phrase un peu bizarre. je m'étonnais un peu de l'avoir prononcée. Pourquoi s'inquiéterait-il ? C'était mon problème après tout, de rattraper les cours. Lui il était le professeur. Il instruisait les élèves sérieux et punissait les cancres. Et moi ? J'étais entre les deux. Pas assez sérieuse pour être première de la classe, mais trop intéressée pour être considérée comme une gentille petite cancre. Un entre-deux. Rien de plus. Un individu dans la foule. Un numéro parmi la masse. Une ombre parmi les autres.


- Si vous avez besoin d'aide en quoi que ce soit... Si vous voulez parler, vous confier... Je sais que je ne suis là que depuis très peu de temps, et que vous devez avoir plus de facilité à parler à d'autres professeurs ou amis... Mais sachez que je suis là.

Un frisson parcourait mon échine. Une chair de poule légère apparaissait sur ma peau. Était-ce ses mots ou le pseudo-courant d'air que j'avais pu sentir ? L'avais-je imaginer ? Après tout, la pièce était fermée. Les fenêtres étaient closes.
Peut-être était-ce à ce moment que j'avais constaté que j'étais vraiment seule face à mon professeur. Il y avait peu de chances pour qu'une autre personne ai alors eu l'envie de découvrir cette pièce étrange. Peu de gens allaient dans la tour la nuit, aussi. Je me sentais tout à coup bien à l'étroit, coincée entre quatre murs.


" Je ... "

Je ... quoi ?
" Je ne sais pas quoi dire, mais il faut bien que je réponde quelque chose ", voilà. Non. " J'ai envie de dire quelque chose, mais je cherche les mots ", peut-être. " Je cherche un moyen de passer rapidement sur ce penchant de la discussion. " Plutôt. J'étais gênée. Et puis, que voulait-il que je lui dise ?

De quoi pourrais-je lui parler ? Je n'avais pas de problèmes. Je n'étais qu'une élève parmi tant d'autres. Qu'une simple adolescente. Quoique.. simple n'était pas le mot.
J'étais une adolescente à qui la vie avait ôté une grosse part d'humanité. J'étais devenue un monstre plus qu'une adolescente normale. Mais ça, je ne pouvais me résoudre à en parler de cette façon.

Mes joues prenaient feu. Je le sentais. Malgré moi.
Finalement, le professeur attentif et compatissant n'aura comme réponse qu'un timide hochement de tête.

Vous êtes là. Je le vois bien. Mais je n'aime pas comme vous le dites. Enfin. Je n'en sais rien. Je n'aime pas avoir cette impression désagréable que vous lisez au travers des gens. Comme si vous saviez déjà qui ils sont alors qu'ils viennent d'ouvrir la bouche. Alors que vous venez à peine de croiser leur regard. Mais j'aime votre proposition. Malgré ce qu'elle pourrait cacher de malsain. J'aime vos mots. Et votre attitude m'intrigue. Depuis le premier cours. Je veux en savoir plus.

Et comme si ma phrase avait alors fait écho dans votre tête, vous vous rappelez de ma perte d'appétit. Vous trouvez cela intéressant, professeur ? La constatation que vous faites alors me gêne bien plus que vos mots précédents. Peut-être parce que cette sensation que j'avais auparavant - celle que vous lisez dans moi comme dans un vieux grimoir ouvert - pointe le bout de son nez bien plus concrètement.
Et je dois avouer que je suis bien trouillarde. La vérité, je ne souhaite pas la voir en face. Elle m'horripile. J'en ai horreur.

J'ai les yeux baissés. Mais je les relève. Je suis confuse. Qu'est-ce que je cherche dans ce regard ? Quelque chose qui m'aiderait à répondre ? Mais qu'il y a-t-il à répondre à cela ? .. Rien. Et rien dans ces yeux. Rien sur ce visage. Un sourire discret ? Je ne sais pas. Je le distingue trop mal pour en être certaine.

Pour la première fois depuis le début de cette conversation, mon corps réagit. Je recule d'un pas. Mon expression me trahit : à la fois pleine de surprise, désorientée .. peut-être un peu effrayée. Je suis peureuse, vous ais-je dit.
Le plancher grince sous mon pas. Peut-être trop lourd. Trop insistant. Mon corps se fige à nouveau. Mes yeux cherchent quelque chose sur quoi ils pourraient porter leur attention. Mais il n'y a que cet autre regard. Alors ils ne se baissent plus. Je ne réponds rien. Je doute que ce soit une bonne chose. Ne rien dire, c'est consentir. Mais c'est la solution de facilité, quand les mots ne viennent pas.

Pas question de cligner des yeux. Pas question de détourner le regard. Mais son mon crâne, je cherchais la solution. La solution au problème qui venait de se poser. L'esquive face à cette lucidité malsaine.
J'ouvre la bouche. Répondre. Reprendre le contrôle, un peu. Ne plus le perdre.


" Je n'avais pas faim. Exact .. "


Je souffle, doucement.

" .. Mais .. Vous, que faites-vous ici ? .. "

C'est vrai, ça. Un peu idiot comme question. Cependant, s'il était poli, il n'hésiterait pas avant de clarifier cela dans mon esprit. Quelle était la chance pour qu'en voulant me rendre à un endroit, je tombe dans cette pièce ? Et quelle était la chance pour que j'y rencontre quelqu'un ? Pour que je le rencontre lui ?
J'avais oublié les éléments les plus essentiels, quand il avait poussé lentement la porte. J'avais été troublée par son arrivée et son comportement, comme je l'avais déjà été durant son cours. J'étais intimidée par cette conversation que nous étions en train d'entretenir - pour ma part plutôt maladroitement.
Je ne m'étais pas demandée un seul instant ce qu'il était venu faire ici. S'il avait un but précis, ou s'il s'était égaré. La question ne m'avait pas même traversé l'esprit jusqu'à maintenant. Sa réponse me sauverait-elle du trou dans lequel j'étais en train de m'enterrer ?
Quand je le voyais, j'avais ce sentiment étouffant d'être minuscule. Ce sentiment désagréable de n'être rien. D'être insignifiante. Et pourtant, quand il me parlait, il me paraissait que j'avais une fonction. Que je servais à lui répondre. A lui renvoyer la parole. Comme dans un jeu de balle. Sans balle. Avec des mots.

Comparaison étrange. Sentiments étranges, aussi.
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MessageSujet: Re: Une pièce pour le moins étrange ... [ Toddounet ]   Une pièce pour le moins étrange ... [ Toddounet ] EmptySam 22 Mai 2010 - 23:33

    Curieuse. Vous êtes bien trop curieuse Miss Hughes. Il n’aura même pas à vous corrompre. Il se contentera de vous séduire un petit peu plus chaque jour. Et pour l’heure chaque minute. Elle te regarde, puis baisse les yeux. Elle ne sait plus quel est le pire : L’affront ou l’écrasement ? Affrontez, regardez-moi, droit dans les yeux. Ce sera tellement plus facile, de céder. Trop simple pour moi, sans doute avez vous raison. Moi j’aurais raison de vous, quoi qu’il advienne.

    Il pensait l’avoir perdue lorsqu’elle recula d’un pas. Mais quand elle te regarde à nouveaux et cherche à en savoir plus, elle se trahie. Elle décide d’affronter, mais avec précaution. Elle a pris ses distances. Elle essaye un tant soit peu de reprendre le contrôle. Veut-elle vraiment le reprendre au fond ? Ne serait ce pas plus simple de s’abandonner ? Elle a peur. Comme elle a peur. Il n’y a pas de quoi avoir peur. Au fond il ne mord pas. Même si pour l’heure il en a terriblement envie. Sentiment qu’il réprime parfaitement. Toujours en lui il se répète : Attends, attends. C’est elle qui va venir à toi. Tu n’auras pas besoin de la manipuler. Elle veut gouter à l’inconnu, ça crève les yeux. Tu vas gagner. Si tu attends.

    Elle réplique sèchement. Ce soir, ils ne pourront visiblement pas parler de son manque d’appétit. Elle met fin au sujet, alors qu’Han l’avait à peine relancé. Elle le corrige, faisant mine de ne pas avoir été déstabilisé par cette audace. Elle panique, elle se calme. Un peu de sang froid. Elle est Vampirique. 1 mètre les séparent. Il mettra fin à ce recul dans peu de temps. Il va créer en elle le désir d’un horizon nouveau. Tout ça pour elle. Tu ne comprends dont pas que tu n’es point insignifiante ? Il peut te donner la raison de ton existence ici. Elle n’est pas inutile si tu décide de la mener à bien.



    - Moi ? … Je flânais. J’ai été pour tout vous dire attiré vers cette porte. Hasard, je vous rencontre. Je joue mon rôle. Et je suis en charmante compagnie.


    Au départ il cherche ses mots, puis la suite lui vient spontanément. Il finit d’un ton rassurant. Il essaye de la mettre alaise, mais sans perdre de vue sa peau et son âme tant convoitées. Il a envie de lui dire que si elle a faim, elle peut se servir. Il sera toujours prêt à offrir de sa personne. Tu le sais qu’il te lit. Tu déteste ça. Il aurait bien envie de s’excuser, mais ce serait se trahir. Et hypocrite : Il recommencerait dès que tu ne te poserais plus la question.

    La respiration de son ingénue se faisait plus tremblante. N’ait pas peur. Il ne te veut aucun mal, si tu savais. Il te veut juste toi. A ses côtés. Il veut t’offrir tant de choses. Il veut ton corps et ton âme. En cet instant, ton corps lui suffirait. L’âme viendrait à lui plus tard. Pour l'instant on parle, on ne se dévoile qu’un minimum , tu le détaille et il s’approche, à nouveau. C’est discret, il ne sait même pas si tu calcule cette approche pour ne pas être dépassée par ce regard. Cette approche te dit que c’est inéluctable. Tu ne fais que repousser l’échéance. Que dis-je ! Tu refoule ce désir qui monte en toi. Tu n’y comprends rien, à ce désir. Mais il est là, il te sidère. Pourquoi ? Accepte-le. C’est mieux pour toi. Il t’évite le conflit intérieur, au fond.


    Spontanément, alors qu’il est en face d’elle, il crée un contact. Il se veut très naturel en général, mais peut être ne le vois-t-elle pas ainsi. Poussière imaginaire sur le bras, qu’il retire avec une minutie assez souple, plutôt simple. Lorsqu’il retire sa main, l’index glisse une seconde à peine sur le bras de la jeune fille. Ce n’est rien bien sûr. Mais il n’allait tout de même pas lui sauter dessus. Oh bien sûr qu’il pourrait, mais où serait le jeu ? On n’achète pas un hôtel rue de la Paix sans être sur la case. Suivre un fil, c’est plus amusant. En essayant de ne pas dévier et perdre l’équilibre tout le long du prélude. Aussi n'est-il pas très proche d'elle.

    La pièce, comme si elle se prenait au jeu, se faisait plus petite au fur et à mesure. A chaque recul de la jeune fille, les murs se rapprochaient. Magie ? Rien d’étonnant. Terriblement jouissif. Mais…

    - Mais vous tremblez… ?


    Air inquiété. Il veut créé la confiance. Il doit oter cette peur. Lorsqu'elle ne sera plus, l'ingénue sera plus accessible.
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MessageSujet: Re: Une pièce pour le moins étrange ... [ Toddounet ]   Une pièce pour le moins étrange ... [ Toddounet ] EmptyLun 24 Mai 2010 - 13:10

C'était la question : avais-je sincèrement envie de reprendre le contrôle de cette situation ? J'étais consciente d'à quel point j'étais dépassée par les évènements. Par ce qui était en train de se produire. J'étais consciente aussi que cette discussion n'était pas une simple discussion routinière entre un professeur et son élève : ce n'était pas comme si j'avais cherché - à la fin d'un de ses cours - à me faire expliciter une notion quelconque que je n'aurais pas totalement assimilée. Loin de là : la seule chose que je n'arrivais pas à m'expliquer, et que je voulais comprendre avec ferveur, c'était lui-même. Professeur lucide. Clairvoyant. Mystérieux et intriguant.
Tant d'adjectifs, tant de synonymes que je pourrais citer pour me faire comprendre à quel point j'ai envie de savoir qui il est. Et pourquoi il m'intéresse tellement.

Je relève les yeux, et je croise son regard. Toujours le même. Toujours intense. Déstabilisant.
Je n'arrive à y lire aucune émotion, et ce qui passe au travers de ses yeux me paraît trop flou pour que je puisse le déchiffrer. Voilà une preuve concrète que même si je le voulais, je ne pourrais me rendre maîtresse de la situation : il lisait en moi comme si j'étais un quelconque livre alors que son regard, à moi, me paraissait illisible. Incompréhensible. Comme si on demandait à un gamin de cinq ans de lire du chinois. Ou quelque chose dans le genre.
Statistiquement : j'étais foutue de ce côté-là.

- Moi ? … Je flânais. J’ai été pour tout vous dire attiré vers cette porte. Hasard, je vous rencontre. Je joue mon rôle. Et je suis en charmante compagnie.


Charmant, intriguant, inquiétant professeur. Vous jouez votre rôle ? Mais renseignez-moi, vous voulez bien ? Lequel est-il ?
Moi je ne veux pas de rôle. Pas de personnage. Pas de faux-semblants. Pas de simulacre. Je veux connaître l'essence même de votre personnalité. Je donnerais tout pour savoir qui vous êtes. Tout pour savoir pourquoi votre personne m'attire tellement. J'aimerais connaître tout de vous, mais à la vérité, vous poser la question directement me semble bien trop indiscret. Je suis bien trop gênée pour cela. Bien trop timide, peut-être. Mais la curiosité me ronge comme d'autres sont rongés par la lèpre. La curiosité est une maladie incurable, que malheureusement on porte avec soi tout sa vie. Je rechute.


Une comparaison bizarre me vient en tête : comme du chocolat. Le chocolat qui sort du lot. Celui qui se dissimule dans une boite avec tous les autres, mais qui a ce goût incomparable. Celui qu'on aurait envie de manger mille fois. Celui dans on ignore pourtant l'essence : on ne sait pas ce qui fait son goût. On ne sait pas pourquoi on le trouve si particulièrement bon. Mais déjà d'aspect, il nous attirait à lui. Le reste ne fera que confirme la chose.
Une bouchée et les autres deviennent fades. Il est unique ce chocolat.
Vous, vous êtes un peu comme ce chocolat qui m'attire, mais dont j'ignore la composition. Étrange, hein ?


Compliment.
J'aime quand vous utiliser ce ton rassurant. Malgré moi, mes joues reprennent une couleur rougeâtre : mais la pénombre, fidèle alliée, cache un peu ma gêne. Ce n'est pas du malaise, non. Je suis plutôt flattée à vrai dire. Mais les mots ne suivent pas : je préfère me taire, rester idiote et cloîtrée dans mon mutisme, acceptant en silence le compliment que vous m'offrez. Est-ce calculer ? Je m'en fous. Je n'ai plus envie d'émettre d'hypothèses. J'aimerais juste faire ce que j'ai envie, et dire ce qu'il me passe par la tête. Oublier cette petite voix - celle de la raison - qui résonne encore doucement dans ma tête. Écho traître sous ma tignasse blonde. Tais-toi. Je ne t'écoute plus.

Plongée dans mes pensées, je ne stoppe ma réflexion que quand mes yeux s'élèvent à nouveau un peu. Il s'approche à nouveau. La distance se réduit. A nouveau. Comme le recommencement de ce qu'il s'était produit quelques minutes plus tôt. Avant que je ne recule.
Cette proximité m'effraye et en même temps, je sens au fond de moi qu'elle me ravie. Je me sens privilégiée. Sensation curieuse.
Mon pouls s'affole, tranquillement. Je pourrais presque sentir mon cœur cogner contre ma cage thoracique. Je l'entends, comme un fond de basse dans ma tête : boumboum .. boumboum .. boumboum .. Toujours plus vite. Toujours plus fort.

Et soudain : contact. Je sens mon corps qui s'affole. Comme prisonnière de mes barreaux de muscles et de chair. Je suis vulnérable. Je me sens prise au piège quand sa main brûlant entre en contact avec mon corps glacé. Contact grisant et furtif. Comme un choc électrique dans tout son corps. Une explosion soudaine et incontrôlable. Je le sentais, là, au fond de moi. Ce contact aussi rapide était-il, m'avait profondément perturbée.
D'ailleurs, je n'étais pas la seule à l'avoir constatée ..

J'étais en train de trembler, en effet.
Pour être convaincue qu'il ne disait pas cela dans un but quelconque - pour constater une réaction - je dressais ma main devant moi, doigts écartés. Je pouvais nettement voir la façon dont mon corps était secoué par ces petits mouvements saccadés. Traîtres.
J'avais senti les frissons qui avaient parcourus mon corps. J'avais frémi. Mais comment répondre à son interrogation, alors que j'étais moi-même incapable de comprendre pourquoi ce simple contact m'avait grisé de la sorte ?

" Je .. J'ai juste un peu froid .. "

Je baissais les yeux, consciente de mon mensonge. Consciente également qu'il ne serait pas dupe longtemps.
Pourtant, l'air inquiet qui avait alors éclairé son visage m'avait lui aussi fait un drôle d'effet : je me sentais contente, au fond. A la fois de pouvoir déchiffrer cette expression, mais encore plus de pouvoir la voir apparaître sur son visage.
Aussi, mes yeux se relevèrent bientôt, accompagnés d'un sourire discret, mais bien présent. Était-ce comme cela que l'on rassurait quelqu'un ? Est-ce que je m'y prenais bien ? Comment savoir ? Et au fond, fallait-il réellement savoir ?

J'espérais que ce sourire serait celui qui mettrait fin à ses questions inquiètes. Mon corps m'avait fait défaut. Il m'avait trahi. Mais il m'avait également avoué ce que ma traître de raison cherchait à me dissimuler. Ce qu'elle ne pouvait pas concevoir, et qu'elle ne voulait pas entendre. Au diable la raison. J'étais convaincue que bon ou mauvais, je ne pourrais couper court à ces sentiments curieux que cet étrange personnage faisait naître en moi.
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MessageSujet: Re: Une pièce pour le moins étrange ... [ Toddounet ]   Une pièce pour le moins étrange ... [ Toddounet ] EmptyLun 14 Juin 2010 - 19:44

    Elle « rassure », d’un sourire. Vain essai, quand on est face au diable. Il n’était bien évidemment pas inquiet, et n’avait pas à être rassuré. Jubilation. Elle lit son visage. Ca marche donc, la comédie. Comédie. Ne fais pas comme si tu ne savais pas, Han. Depuis l’enfance Han sait jouer et se jouer. Il savait faire accuser un enfant innocent de ses bêtises. A cette époque, son rôle, c’était celui du chef. Toujours. Secrètement, il se savait spécial. Il pensait même être Dieu. Pensée qu’il réprima très vite quand il allait, pour gagner son argent, aider une vieille croyante qui lui racontait à quel point Dieu l’avait aidé dans sa vie. Son mari était mort quand elle eut 22 ans. Elle resta à jamais veuve et ses proches moururent les uns après les autres, alors qu’elle vieillissait jours après jours. La maladie la rongeait. En quoi l’avait-il aidé, s’il n’avait absolument rien fait pour expliquer ça ? La foi, c’était quelque chose qu’il ne parvenait à comprendre, petit. Surtout cette foi, unique et inébranlable envers une entité incapable de faire quoique ce soit, sinon regarder l’homme mourir. Lui, disait-il, pouvait l’aider. Lui ferait ce qu’il appelait des choses concrètes. En un regard innocent, enfantin et attractif, la vieille avait oublié ses convictions, et s’abandonnait à un accord avec lui. Que voulez vous ? demandait-il. Mourir, répondit-elle. Il lui ôta la vie sans scrupules, ni attente. Sans vraiment comprendre qu’il venait de gâcher la croyance de toute une vie en l’envoyant en Enfer. Il n’avait que 11 ans.

    Il avait voyagé, et au fil de temps, les rencontres qu’il faisait lui apportaient énormément, mais tout ce qu’on lui apprenait était tourné en dérision par sa simple réflexion. Il comprit très vite qui il était. Il savait mettre à sa botte les malfrats du coin. Des pions qui, quand viendrait la mort, iraient en enfer.

    Sidney dans l’immédiat n’était pas réellement un pion. Une distraction, en somme… Laquelle est surement plus avantageuse que la première option. Etrange intrigue aussi, qu’une créature effrayé, et qui ne trouvant moyen de s’en sortir, s’en remet à sa curiosité. Bien étrange être que l’être humain… Vampirisé. Han le sentait, et quand il eut effleuré la peau de la jeune fille, il sentit son sang froid couler dans ses veines, et sentit son désir de chair humaine. Désir qu’elle devait sans nuls doutes refouler, à première vue. Han voyait une jeune fille renfermée, qui portait un masque chaque jour, celui du « Je vais bien ».


    - «Juste un peu froid »… [… ] Non… Vous avez peur. Vous avez eu peur toute votre vie…

    Un silence étrange... Le mur se rapprochait. Han aussi. Si bel et si bien que la jeune fille se retrouva très vite dos au mur. Milovitch faisait comme s’il ne voyait pas ce qui se passait. Il ne la quittait pas des yeux.

    - Mais si vous aviez vraiment peur vous seriez déjà partie depuis un moment…Vous cherchez quelque chose.

    Air à la fois neutre et confiant, avec toujours cette attention de la rassurer. Il la détaille, tant bien son tempérament que son visage angélique. Et toujours cette même proximité.

    - Vous voulez vivre, sans peur ni contraintes. Vous rêver d’être libre et d’avoir le contrôle sur ce qui vous échappe. D’être égoïste et de faire ce qu’il vous plait sans prêter attention aux autres. Satisfaire votre curiosité… Qu’attendez-vous?

    Pourquoi toute cette comédie ? La faire réagir, et voir comment elle réagit. Que ce soit plus ou moins une bonne chose, il en apprendra plus.
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MessageSujet: Re: Une pièce pour le moins étrange ... [ Toddounet ]   Une pièce pour le moins étrange ... [ Toddounet ] EmptyLun 21 Juin 2010 - 16:18

Je sentais son regard et sans pouvoir m'en empêcher mes yeux se levèrent à nouveau. Je n'avais pas de conviction réelle. Je n'avais pas l'envie de fuir. Pas le désir de partir. Au contraire.

Lecture au travers d'une âme. J'essaye de ne pas m'en sentir impuissante, mais je n'y arrive pas.
J'ai des craintes. Mais elles ont évolué. Elles ont changé.
Lorsque j'étais encore une humaine, j'avais peur de la mort. Comme chacun, je la craignais plus que n'importe quoi. J'avais tellement peur qu'elle m'emporte au détour d'une allée. Elle était partout. Je la voyais. Mais pas comme tant d'autres : je la fréquentais quotidiennement. Je pouvais parler, éprouver, presque toucher. Toutes ces âmes qui n'avaient pas trouvé ce que l'on appelle le " repos éternel ". Qui n'avait trouvé leur salut ni au paradis ni en enfer. Ceux dont personne n'avait voulu, ou ceux qui avaient décidé qu'ils n'étaient pas morts. Un étrange entre-deux. Mais j'avais appris à vivre avec ce don. Cette bénédiction ? Cette malédiction ? Que sais-je. J'étais presque arrivée à y trouver un équilibre.
Mais le peur ne pouvait disparaître de ma vie. Elle ne pouvait en être totalement absente. Il fallait que je chute à nouveau. Qu'on fasse un trou qui perturbe encore plus grandement mon équilibre. Un fossé tellement immense que jamais je ne pourrais à nouveau trouver un quiétude quasi-complète.

Ma vie avait basculé. Elle avait changé radicalement. Elle avait été anéantie sous le regard mauvais de la lune pleine. J'étais morte et maintenant je revivais sous un nouveau jour maudit. Un jour tâché de l'écarlate du sang.
La faim avait commencé à m'assaillir. Elle me guettait à chaque instant. A chaque fois que je fermais les yeux, j'entendais sa voix dans ma tête, celle de l'assassin de ma vie. Il me répétait sans cesse que mon existence ne serait maintenant plus qu'un chemin sinueux, rongé par un paradoxe. Mourir ou tuer.
A partir de cet instant, une peur bien plus forte était née en moi. Elle ne m'avait jamais quittée.

Oui, j'avais peur. Des identités. Des gens. Du jour et de la nuit. De la pleine lune. De l'éclat du sang. De l'écorce d'un chêne entre mes doigts. Peur de moi, sans doute aussi. De qui j'étais. Une bête.

Mais les mots ne sortaient pas de ma bouche. Mon regard se faisait plus grave. Je ne quittais le regard de cet homme, mais il pouvait lire dans le mien sans doute tellement de choses qui n'y figuraient pas la seconde d'avant. Une certaine gravité, peut-être. De l'inquiétude aussi.
Mon sentiment d'angoisse était accentué par ce mur qui me collait maintenant au dos. La pièce était bien plus étroite que quand j'y étais entrée. Cela renforçait le sentiment d'intimité, d'une certaine manière. Je ne savais pas si ce devait être plaisant ou non.
Il était toujours en face de moi. Plus proche aussi. Ses yeux ne quittaient pas les miens. Il ne cillait même pas. Et il me troublait toujours. Mais d'une manière différente, me semblait-il. Si au départ, j'étais inquiétée du simple fait que nous nous trouvions dans la même pièce, ce détail maintenant ne me traversait plus l'esprit. J'y trouvais intérieurement quelque chose de satisfaisant. De plaisant. Par contre, j'étais fortement angoissée à l'idée qu'il découvre ce qu'il se passait dans ma tête - clairvoyant, je savais bien que je n'avais que peu de temps avant qu'il ne lise cela aussi.

Un ressenti particulièrement ambiguë. J'avais peur, mais plus que tout peur qu'il s'en aille. Je détestais cette conversation, mais j'étais heureuse d'échanger avec lui. J'avais horreur de la façon dont il me fixait et j'étais pourtant flattée qu'il pose ses yeux sur moi. Cette proximité que nous entretenions me gênait et pourtant, je savais que s'il s'éloignait je chercherais cette fois à le retenir. Ambiguïté, oui.

Ce que je cherchais ? Inconsciemment, je crois que c'était de rester le plus de temps possible ici.

--------------------

Je ne pouvais satisfaire pleinement ma curiosité. Après tout, j'étais curieuse de tout.
Il n'était pas question de faire ce qu'il me plaisait. Je ne pouvais me résoudre à profiter de l'immortalité ou de la liberté que je touchais du bout des doigts. Je ne pouvais le concevoir. Je devais de m'imposer des contraintes, des réserves. Car je n'avais le contrôle sur rien, pas même sur mon propre corps et mes propres réactions. Je pouvais être bestiale et laisser la folie m'enivrer, et à cette instant, je n'étais alors plus moi-même.
Il était impossible que je laisse libre cours à mes envies, car elles n'étaient rien d'autre que les suites macabres des rêves que je faisais la nuit.

Quelque chose s'était brisé, à l'intérieur. Il avait ouvert une porte qui était jusqu'à présent restée close. Il avait enfreint une serrure qui était verrouillée. Il avait effleuré ce qui était resté scellé depuis ce jour funeste où mon destin avait basculé.

Mes yeux s'étaient baissés, mais se relevaient à présent. Il était en train de me dévisager, guettant le passage d'une émotion sur mon visage. J'inspirais profondément. Histoire de me donner un peu de courage peut-être. En avais-je besoin ? J'avais du mal à assumer la personne que j'étais devenue. Mais il était encore plus difficile d'en faire part à quelqu'un.

" Je ne peux pas. "

Je cherche quelque chose dans ses yeux, mais je ne trouve rien. Rien.

" Je n'ai plus le droit d'être égoïste. Je ne dois plus commettre d'erreurs. Tout ça m'est défendu .. "

Ma voix était faible, et pourtant elle s'élevait, brisant le silence qui régnait à l'étroit de ces quatre murs.
Je sentais presque son bras frôler le mien. Je levais les yeux pour observer son visage.

" Aujourd'hui, je n'ai plus de contrôle sur rien. Mes envies, mes sentiments, rien ne m'appartient. J'ai l'impression de vivre dans un corps inconnu. Pourtant .. Ce n'est pas mon corps qui est différent. C'est moi qui ai changé. "

J'étais devenue la nuit et le jour en l'espace d'une nuit. J'avais mis des mois à me reconnaître. Des mois à comprendre quelles étaient mes nouvelles envies et comment les réfréner, un peu. J'avais mis tellement de temps à accepter que toutes les traces de mon ancienne vie n'étaient pour moi plus que de vagues souvenirs. J'avais eu l'impression de ne pas avoir assez profité de chaque jour .. Mais la vie d'aujourd'hui n'avait rien d'une délivrance. Elle était plutôt un fardeau que je peinais à porter sur mon dos. Je devais vivre avec cette nouvelle " moi ", mais j'avais du mal à l'assumer.

Il perçait à jour ce problème que j'avais. Je ne me connaissais plus.
J'avais eu un faible sourire en coin. Que pouvait-il désigner ? Résignation ? Pitié ?

" Je suis devenue un monstre en l'espace de quelques secondes. "

Je ne voulais pas quitter son regard. J'avais peur qu'il s'en aille. Je ne voulais pas rester seule, moi.
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MessageSujet: Re: Une pièce pour le moins étrange ... [ Toddounet ]   Une pièce pour le moins étrange ... [ Toddounet ] EmptyLun 6 Sep 2010 - 21:17


    Tous soumis à la même morale et au même idéal de vie. Penser aux autres, bannir toute forme de nombrilisme. Han voyait devant lui une brebis de Dieu. Son meilleur pote. Cela dit, brebis égarée, et donc influençable. Et lui le loup, toujours près à servir pour sa cause et rependre sa parole par la même occasion. Parfait contrôle de lui-même, s’il le désirait, il l’aurait déjà bouffée. Ces petites lèvres pudiques et séduisantes, il s’en serait emparé avant qu’elle ne puisse s’en rendre compte. Trêve de plaisanteries, apparemment la jeune fille avait déjà oublié le statut originel de Todd, et oubliait les dires et préventions de son amie la démone, Hebi, aussi méfiante qu’hypocrite. Hypocrite ou lâche, dans le deuxième cas où elle renierait sa propre nature comme son amie. Phénomène de plus en plus rependu. Mauvais présage pour les démons, mais Han comptait sur la folie des hommes ainsi que sur leur détresse. Qui en ce monde ayant vécu pire cataclysme ferait encore confiance aveugle à celui qui n’avait voulu intervenir, et rester sourd à leurs prières, y voyant là leur dévotion et leur choix de guerres, de clans, d’exterminations, d’intolérance… ? Dieu était le seul qui croyait en l’Homme. Il était temps de se poser des questions. La question que se posait Sidney en ce moment, devait être question de son identité, de la véracité de ses intentions et de ses envies. Tristesse. Dans qu’elle état te met tu, jeune fille, alors que tout pourrais te sourire, même la mort, si le sang coulait sans peine dans ta gorge. Tu ne peux être heureuse qu’en t’acceptant, et en bouffant les autres comme ta nature te l’ordonne. T’affliger souffrance à ta condition d’être humain. L’Homme est né pour souffrir. Il est né pour galérer toute sa vie, pour en mourir à l’autre bout. Et toi, tu as cette chance de pouvoir vivre du sang de ces êtres aussi insignifiant que l’es ce monde, et vivre éternellement. Tu peux choisir de vivre ta vie comme tu l’entends, oublier toute souffrance affligé au mortel.
    Han n’avait aucune répugnance pour l’être humain. Il n’avait juste aucune réelle estime pour eux, et les plaignait simplement de leur naïveté et leur connerie. Parce que l’homme croit savoir, alors qu’il ne savait rien de la vérité qui englobait le monde entier. Nées pour souffrir, les petites marionnettes de Dieu… Il y en a un qui s’amuse, en haut. Cela dit, un autre qui s’amuse en bas.
    Intimidées. Elle prend peur. Se perd, se cherche sans se trouver. Sourire inconscient. Satisfaction personnelle, résignation de l’autre. Ne plus l’effrayé. Il est temps de le jouer, ce rôle de gentilhomme. Il n’a plus envie de peur, il veut voir sa confiance aveugle basculé dans son camp.


    T O M B O L A !


    Approchez pour cette jeune fille en fleur, blonde aux yeux bleus océan, qui vous envouteront certainement. Ne voyez vous pas sa peau pure et son nez aquilin ? Messieurs ? Intéressés ? Deux hommes comme vous deux, ça ne laisse pas passer une occasion pareille. Je vous fais le tableau. Le matin vous vous réveillez à côté de votre nymphe personnelle, celle que tout homme vous enviera. Vous pouvez bien sûr la sortir en soirée, l’exhiber en haute société, aux yeux des bourgeois qui ne trouveront rien de mieux à faire que de baisser les yeux. Les femmes dans leur décolleté, pour y comparer le scintillement des diamants entourant leur cou à celui de cette irréelle beauté, et geignant en réalisant que même l’ensemble des bijoux familiaux n’égalerait pas cette apparition. Les hommes cachant immédiatement leur mains pour dissimiler cette montre en or, qui au final n’est pas si splendide que ça, et de regarder consciencieusement le cirage impeccable de leur chaussures, pas aussi méticuleux qu’il le faudrait. Rendez les jaloux. Envieux, hystériques.


    - Laisse tomber… Tu ne l’aura pas, t’as jamais vraiment eu de chance.

    - Pour elle, il vaudrait mieux que je gagne.



    Premier coup, premier homme. Il tire d’une précision diabolique. Balle perdue. Persuade le forain que la balle est en plein milieux de la cible. L’idiot le croit sur parole et donne une arme à l’autre. Moins alaise, il n’en est pas moins déterminé. L’autre le regard, sourire gamin et déstabilisant, le presse. Maladroit, il cherche la lumière. Tire d’un bon coup, à deux reprises. Rate le dernier. Le forain s’est interposé entre la cible et l’arme. La balle lui a traversé la main. Il peste le bougre, devant l’homme embêté. Il a faillit, s’en veux. Il ne sait pas que le forain n’a pas bougé tout seul, de sa propre volonté. Naturellement, le pauvre bougre ne s’est certainement pas interposé de sa propre volonté. Alors ils se quittent, l’un sent son sang coaguler, l’autre se sent pour la première fois impuissant, ne pouvant se résoudre à commettre péché de vol et s’enfuir avec la belle. Bêta, il regarde Lucifer partir la belle au bras, sans le regarder, mais au bout de quelques mètres, se retourne et savoure la défaite. Pas la sienne, évidemment, celle de son compère préféré. Alors maintenant qu’il a sa belle, le diable peut rentrer chez lui et lui souffler promesses et sucreries, tout cela sous les yeux du voyeur, celui qui les épie depuis là haut. Et qui pleure une de ses brebis. Une de plus. Enfin, une de moins.


    Mais non voyons… Ce n’est pas un jeu ! Nous ne sommes pas des monstres, tout de même. Non, une conquête, c’est loin d’être un jeu… En fait si c’est un jeu. Dieu et Lucifer eux même y ont joué maintes et maintes fois, et ont transmis le goût de la propriété aux hommes. Cet enfant pendu au bras de sa mère est sa propriété. Cette montre en or qu’il a eu des mois à s’offrir et qu’il tend au nez de ses collègues est sa propriété. Cupide, vénal. L’homme est à l’image du monde, le monde est à l’image de Dieu et des enfers. Et le diable se mit à rire doucement lorsque la jeune fille prouvait qu’elle faisait exception à la règle et que la corrompre ne faisait que renforcer la perte douloureuse que son compère allait ressentir
    .

    - Un monstre ? Sidney… Vous n’avez rien d’un monstre.

    Changer la tournure que prennent les choses et la faire virer à son avantage. Tu ne veux pas être un monstre ? Il saura t’exaucer. Soudainement, la douceur de sa main. Pure. Au creux de celle où le sang, les larmes et le supplice avaient séchés bien des fois. Contraste saisissant, elle attise son envie.

    -Je peux comprendre ce que vous pouvez ressentir. Si vous le désirez… Je peux peut être vous aider... Je ferais tout mon possible, pour soulager ce mal. Si vous aviez la possibilité de reprendre ce précieux contrôle, à l’origine… Le feriez vous… ?

    S’approcher d’elle. La mettre en confiance. Il ne fait plus peur, n’intimide plus. Ce n’est pas la bonne méthode. Elle ne restera pas vampire. Elle n’assumera pas sa condition. Changement de stratégie. Larme à l’œil, lorsqu’il s’approche que son visage n’est plus qu’à 2 centimètres de la jeune fille. Larme synthétique, mais tellement vraie. Tellement réussie. Pudique, elle englobe l’iris sans déborder. Le jeu d’acteur collé à la peau, jusqu’aux entrailles. Voix faible, regard tendre et protecteur.

    - Oublier le sang, et redevenir humaine…

    Tu n’as plus peur. Tu m’aime et me fais confiance.

    - C’est en mon pouvoir.

    [Pardon du retard, et pardon pour le post... --"]
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MessageSujet: Re: Une pièce pour le moins étrange ... [ Toddounet ]   Une pièce pour le moins étrange ... [ Toddounet ] EmptyMar 14 Sep 2010 - 18:55

Il n'y a pas de peur. Il n'y a rien. Pas de réaction. Juste cette espèce de compassion malsaine à laquelle elle croit pourtant dur comme fer. Parce qu'elle n'a pas d'autre solution. Parce qu'elle se sent perdue et qu'il faut alors croire en quelque chose. Qu'il faut se raccrocher, même au plus mauvais .. Mais ça, évidemment, elle n'en a aucune conscience. Le mauvais, pour elle, se trouve bien loin dans un endroit perdu. Dans cette pièce dont porte et fenêtres sont closes et dont les murs sont vivants, pourquoi y aurait-il le moindre danger ? ..

Son regard est vif. Attentif au plus petit mouvement. Elle observe. Elle guète. Elle cache mal son angoisse.
Ses yeux s'agrandissent quand on ne la traite pas de monstre. Pourtant, c'est tout ce qu'elle considère être : la bête noire, la sanguinaire sauvage, l'éternelle assoiffée. Elle qui n'aurait pas du être ce qu'elle est. Qui regrette tous les jours que le destin se soit ainsi joué d'elle. Elle avait tout pour être heureuse après tout. Puis elle a ouvert les bras et cette vie et a tout perdu. On lui a fait l'étreinte mortelle. Le baiser de trop. Au creux de son cou, on a chuchoté le maléfice. On a apposé la marque sans aucun remord. Aucun.

Alors si ce n'est pas elle, le monstre, qui est-ce ?

Naïve.
Elle fait penser à ces condamnés à mort. Elle. L'immortelle. La belle. Rappelle fatalement ces gens qui n'ont plus aucune chance mais qui conserve l'espoir ultime. L'inutile espoir. Celui qui est emporté en même temps que la vie.
Et ils prient ces idiots. Ils prient Dieu, Bouddha, Allah. Peu importe comment on peut encore l'appeler. Ils croient en une entité que l'on a jamais réussi à prouver. Croient qu'en priant maintenant, ils pourront palier à la croyance de toute une vie. Eux qui n'ont jamais mis les pieds dans un lieu sacré, ils passent maintenant leur journée à se confier. A vouloir expier un par un chacun de leur péché.
Finalement, tout comme elle aujourd'hui, ils se raccrochent à un infime espoir ; ils se convainquent qu'il existe encore une chance d'éviter l'inévitable.
La connerie humaine dans toute sa splendeur.

Elle. La vampire à l'esprit simplet. La naïveté. Elle s'accroche à sa main. Elle ne quitte son regard. Comme si elle attendait le naufrage ; certaine qu'il était en train d'arriver, elle se cramponnait. Ne cherchait plus d'issue de secours. Elle savait qu'il était son unique rempart. Son unique secours. Il était en train de lui faire comprendre.
Le malin. Le faux. Elle entrait pleinement dans son jeu.
Croire que tout le monde est bon, c'est une belle ânerie. Croire que le Diable personnifié a une infime part d'humanité, c'est totalement absurde. A croire qu'elle n'a rien dans la tête. Ou qu'elle est aveugle. Ah, Candide.


------------


L'atmosphère n'a plus rien d'étouffante. Il n'y a plus de peur. Je me sens plus en sécurité que jamais. Comme dans un cocon. Une bulle.
Les murs ne bougent presque plus.
C'est le silence le plus totalement. Seul le bois ancien grince par-ci et par-là.

Je suis suspendue à ses lèvres.


------------


Pourquoi ressentir encore de la crainte ? Ce qu'il lui propose, c'est une vie meilleure. Qui ressemble à celle d'avant. La vie qu'elle aimait. Celle dans laquelle elle n'avait pas le moindre problème. Celle où ses craintes n'avaient rien de fondé et où elle redoutait l'arrivée de la mort sur le seuil de sa porte. Cette même vie où elle n'était qu'un grain de poussière dans l'immensité du monde. Différente, mais si semblable aux autres.

Il le disait lui-même. Même sa voix lui inspirait la confiance la plus totale. La plus aveugle. Elle voulait s'abandonner à ses bons soins. Qu'il fasse ce qu'il veule. De toute façon, pour elle, il n'y avait pas pire que cette état de suceuse de sang. D'être de la nuit affamé.
Sotte. Elle était terriblement sotte.


------------


Ce qu'il me disait me paraissait tellement irréel. Fallait-il que je sois passé par des épreuves comme celles que j'avais vécu pour que finalement, tout redevienne comme avant ?
Fallait-il que j'ai senti - à de nombreuses reprises - le sang couler dans ma gorge pour me sentir à nouveau vivante, pour maintenant redevenir quelqu'un qui pourrait se nourrir de manière " normale " ? Merde.

Mes yeux étaient sûrement illuminés d'une lueur qui avait oublié d'y briller depuis bien longtemps. C'était l'espoir qu'on y voyait.
Je n'avais pas de raison de douter de ses mots. J'oubliais les avertissements. Que pouvait-il bien se passer ? Je voulais redevenir humaine. C'était là mon plus grand souhait.

Je pourrais rentrer chez moi. Je pourrais voir mes parents et mon frère. Les serrer dans mes bras sans ressentir l'envie de leur arracher la jugulaire. Je pourrais fréquenter d'autres personnes que celles qui sont dans cet établissement. Des personnes qui n'auraient pas la connaissance de l'existence de race parallèle à celle de l'Homme. Et pour moi, cette survie ne serait plus qu'un lointain souvenir. Une parenthèse dans la vie.

Comme si rien ne s'était jamais passé ? .. Non. Il y a des rencontres. Des moments qui même dans cette vie de bête ne peuvent être oublié. Alors on construit des mensonges. On s'appuie sur des choses qui n'ont jamais eu lieu pour mettre tout le monde d'accord. Oh, je rêve de mentir si on m'accorde de nouveau une vraie vie et davantage d'insouciance.


------------


Elle hoche la tête. Ne sait pas qu'elle conclut en ce moment-même un pacte avec le Diable. Qu'elle donne son âme au premier venu : le mauvais. Le mal à l'état pur.
Elle croit réaliser l'action qui la sauvera de cet Enfer. Mais elle n'a rien vu de l'Enfer. Elle n'y a jamais mis les pieds. Mais elle est en train de s'y enfoncer.

Elle peut sentir le souffle du démon contre son visage. C'est à ce moment que, les yeux levés vers les siens, elle murmure :

" Je ferai tout pour redevenir humaine. "

Il est trop tard pour faire machine arrière, cependant. Sa décision était prise lorsque les mots sont sortis de sa bouche.
Elle a prit une voix déterminée. Terriblement déterminée. Elle sait ce qu'elle veut. Mais elle ne pèse pas le poids de ses mots sur son avenir. Elle ne sait pas ce qui l'attend. Elle ne sait rien.
On ne peut rien prévoir. L'avenir n'est rien d'autre qu'une image : il reste flou et chacun le détermine au travers d'actions, de mots. Quelle porte vient-elle alors de sceller, maintenant ?


------------


Si c'est réellement en votre pouvoir, je ne demande qu'une chose : faites-moi redevenir celle que j'ai un jour été.
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MessageSujet: Re: Une pièce pour le moins étrange ... [ Toddounet ]   Une pièce pour le moins étrange ... [ Toddounet ] EmptyMar 14 Sep 2010 - 18:57

Il n'y a pas de peur. Il n'y a rien. Pas de réaction. Juste cette espèce de compassion malsaine à laquelle elle croit pourtant dur comme fer. Parce qu'elle n'a pas d'autre solution. Parce qu'elle se sent perdue et qu'il faut alors croire en quelque chose. Qu'il faut se raccrocher, même au plus mauvais .. Mais ça, évidemment, elle n'en a aucune conscience. Le mauvais, pour elle, se trouve bien loin dans un endroit perdu. Dans cette pièce dont porte et fenêtres sont closes et dont les murs sont vivants, pourquoi y aurait-il le moindre danger ? ..

Son regard est vif. Attentif au plus petit mouvement. Elle observe. Elle guète. Elle cache mal son angoisse.
Ses yeux s'agrandissent quand on ne la traite pas de monstre. Pourtant, c'est tout ce qu'elle considère être : la bête noire, la sanguinaire sauvage, l'éternelle assoiffée. Elle qui n'aurait pas du être ce qu'elle est. Qui regrette tous les jours que le destin se soit ainsi joué d'elle. Elle avait tout pour être heureuse après tout. Puis elle a ouvert les bras et cette vie et a tout perdu. On lui a fait l'étreinte mortelle. Le baiser de trop. Au creux de son cou, on a chuchoté le maléfice. On a apposé la marque sans aucun remord. Aucun.

Alors si ce n'est pas elle, le monstre, qui est-ce ?

Naïve.
Elle fait penser à ces condamnés à mort. Elle. L'immortelle. La belle. Rappelle fatalement ces gens qui n'ont plus aucune chance mais qui conserve l'espoir ultime. L'inutile espoir. Celui qui est emporté en même temps que la vie.
Et ils prient ces idiots. Ils prient Dieu, Bouddha, Allah. Peu importe comment on peut encore l'appeler. Ils croient en une entité que l'on a jamais réussi à prouver. Croient qu'en priant maintenant, ils pourront palier à la croyance de toute une vie. Eux qui n'ont jamais mis les pieds dans un lieu sacré, ils passent maintenant leur journée à se confier. A vouloir expier un par un chacun de leur péché.
Finalement, tout comme elle aujourd'hui, ils se raccrochent à un infime espoir ; ils se convainquent qu'il existe encore une chance d'éviter l'inévitable.
La connerie humaine dans toute sa splendeur.

Elle. La vampire à l'esprit simplet. La naïveté. Elle s'accroche à sa main. Elle ne quitte son regard. Comme si elle attendait le naufrage ; certaine qu'il était en train d'arriver, elle se cramponnait. Ne cherchait plus d'issue de secours. Elle savait qu'il était son unique rempart. Son unique secours. Il était en train de lui faire comprendre.
Le malin. Le faux. Elle entrait pleinement dans son jeu.
Croire que tout le monde est bon, c'est une belle ânerie. Croire que le Diable personnifié a une infime part d'humanité, c'est totalement absurde. A croire qu'elle n'a rien dans la tête. Ou qu'elle est aveugle. Ah, Candide.


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L'atmosphère n'a plus rien d'étouffante. Il n'y a plus de peur. Je me sens plus en sécurité que jamais. Comme dans un cocon. Une bulle.
Les murs ne bougent presque plus.
C'est le silence le plus totalement. Seul le bois ancien grince par-ci et par-là.

Je suis suspendue à ses lèvres.


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Pourquoi ressentir encore de la crainte ? Ce qu'il lui propose, c'est une vie meilleure. Qui ressemble à celle d'avant. La vie qu'elle aimait. Celle dans laquelle elle n'avait pas le moindre problème. Celle où ses craintes n'avaient rien de fondé et où elle redoutait l'arrivée de la mort sur le seuil de sa porte. Cette même vie où elle n'était qu'un grain de poussière dans l'immensité du monde. Différente, mais si semblable aux autres.

Il le disait lui-même. Même sa voix lui inspirait la confiance la plus totale. La plus aveugle. Elle voulait s'abandonner à ses bons soins. Qu'il fasse ce qu'il veule. De toute façon, pour elle, il n'y avait pas pire que cette état de suceuse de sang. D'être de la nuit affamé.
Sotte. Elle était terriblement sotte.


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Ce qu'il me disait me paraissait tellement irréel. Fallait-il que je sois passé par des épreuves comme celles que j'avais vécu pour que finalement, tout redevienne comme avant ?
Fallait-il que j'ai senti - à de nombreuses reprises - le sang couler dans ma gorge pour me sentir à nouveau vivante, pour maintenant redevenir quelqu'un qui pourrait se nourrir de manière " normale " ? Merde.

Mes yeux étaient sûrement illuminés d'une lueur qui avait oublié d'y briller depuis bien longtemps. C'était l'espoir qu'on y voyait.
Je n'avais pas de raison de douter de ses mots. J'oubliais les avertissements. Que pouvait-il bien se passer ? Je voulais redevenir humaine. C'était là mon plus grand souhait.

Je pourrais rentrer chez moi. Je pourrais voir mes parents et mon frère. Les serrer dans mes bras sans ressentir l'envie de leur arracher la jugulaire. Je pourrais fréquenter d'autres personnes que celles qui sont dans cet établissement. Des personnes qui n'auraient pas la connaissance de l'existence de race parallèle à celle de l'Homme. Et pour moi, cette survie ne serait plus qu'un lointain souvenir. Une parenthèse dans la vie.

Comme si rien ne s'était jamais passé ? .. Non. Il y a des rencontres. Des moments qui même dans cette vie de bête ne peuvent être oublié. Alors on construit des mensonges. On s'appuie sur des choses qui n'ont jamais eu lieu pour mettre tout le monde d'accord. Oh, je rêve de mentir si on m'accorde de nouveau une vraie vie et davantage d'insouciance.


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Elle hoche la tête. Ne sait pas qu'elle conclut en ce moment-même un pacte avec le Diable. Qu'elle donne son âme au premier venu : le mauvais. Le mal à l'état pur.
Elle croit réaliser l'action qui la sauvera de cet Enfer. Mais elle n'a rien vu de l'Enfer. Elle n'y a jamais mis les pieds. Mais elle est en train de s'y enfoncer.

Elle peut sentir le souffle du démon contre son visage. C'est à ce moment que, les yeux levés vers les siens, elle murmure :

" Je ferai tout pour redevenir humaine. "

Il est trop tard pour faire machine arrière, cependant. Sa décision était prise lorsque les mots sont sortis de sa bouche.
Elle a prit une voix déterminée. Terriblement déterminée. Elle sait ce qu'elle veut. Mais elle ne pèse pas le poids de ses mots sur son avenir. Elle ne sait pas ce qui l'attend. Elle ne sait rien.
On ne peut rien prévoir. L'avenir n'est rien d'autre qu'une image : il reste flou et chacun le détermine au travers d'actions, de mots. Quelle porte vient-elle alors de sceller, maintenant ?


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Si c'est réellement en votre pouvoir, je ne demande qu'une chose : faites-moi redevenir celle que j'ai un jour été.

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MessageSujet: Re: Une pièce pour le moins étrange ... [ Toddounet ]   Une pièce pour le moins étrange ... [ Toddounet ] EmptySam 30 Oct 2010 - 11:31

    -Bien…


    Chut. Ecoutes. L’instant est grand, écoutes. Tu viens de lui enlever une précieuse épine du pied. Et cet idiot, ce grand benêt, penses tu qu’il te remercierait ? Il te tarde de le retrouver. Pour qu’il puisse s’incliner devant toi. Et derrière toi, tu auras ton armée. Ces fidèles. Ceux dont tu as rendu la vie meilleure. Ceux que tu vas emmener avec toi, dans ton parc d’attraction. La file d’attente devient plus longue chaque jour. Mais certaines acquisitions sont plus délicieuses que d’autre. La prude Candide. Elle part doucement, sous le nez du Distrait. Tu irais presque lui tendre un mouchoir. Tu aimerais lui montrer ô combien ton armée devient plus grande chaque minute. Mais cela attendra. La douleur sera plus dure lorsqu’il verra de lui-même que tout ses protégés, ces hommes qu’il avait créé plein d’imperfections, se tournent vers les portes de Lucifer. Ces imperfections tu les exploite et les exhibe à la face de l’ « humanité ». Sans cesse. Torture permanente.


    Frappe à sa porte. Tu n’es jamais le bienvenu. Mais tu es une menace. Gabriel(le) t’ouvre, et dissimule sa crainte. Il/Elle ne t’a jamais apprécié. Jamais il/elle ne t’adresse mot. Toujours sur ces gardes lorsque tu franchis la porte du Créateur. Et toi tu sais tout d’elle/lui. Tu salue l’androgyne sans jamais attendre de réponse de sa part, mais tu sais que ta politesse exacerbe son indignation. Alors, docile et obligé(e) il/elle guide tes pas jusqu’à ton compère. Il/Elle reste toujours prêt de la porte, et ne quitte jamais les lieux, même lorsque tu désire t’entretenir seul avec l’Autre. L'Autre. Il est toujours très perplexe quant à ta visite. Notre idiot est organisé. Il répertorie chaque nouveau contrat par dossier. C'est un médecin, il a un souci d'organisation aussi grand que son empathie. Il est soumis au secret professionnel. A ton arrivée, son premier réflexe est de dissimuler la liste des nouveaux croyants dans un tiroir de son bureau. Oui, les hommes ne sont que ça. Un nom. Un nom sur une liste. Tu en souris. Tu n’es pas assez bête pour lui voler cette liste et essayer par la suite d’aller récupérer ces âmes. Mais lui ne te fais pas confiance. Bien normal, elle est inexistante, elle est même impossible. Le respect est chose bien compromise et incertaine, l’un envers l’autre. Distance, que tu réduis à peine enraciné. C’est toujours ton rôle de faire le premier pas. L’autre se passerait bien de te voir. Douceurs humaines, tu te sers un verre de whisky. Ce n’est pas lui qui te servirait, ni te l’offrirait. Il est bien décidé à se montrer hostile envers toi. Tu te moque. Tintement cinglant des glaçons. Tends ton verre en se dirigeant vers lui. Bois avec insolence, et attend qu’il joue son rôle. C’est à lui de te poser la question.



    Qu’est ce qui t’amène… ?


    Souris. Et bien voilà. Que répondre à ça? Venu pour flâner, se désaltérer... Essayer de comprendre l’anatomie de Gabriel(le). Venu lui tendre sa malice et jouer à chat avec lui. Venu faire la paix pour commencer une autre guerre. Venu s’essuyer les pieds sur son tapis tout neuf. Venu lui proposer de pimenter leur jeu. Faire le point sur les points. Il gagne, toujours. Il a le monopole humain. Mais ce qui l’inquiète plus que tout c’est de constater à quelle vitesse tu le rattrape. Vous ne parlerez pas de ça. Tu lance le sujet. Après avoir bu. Sourire gigantesque, aux frontières de l'euphorie.


    Devine avec qui je viens de signer ?


    Il avait l’habitude de se faire piquer ses sujets. Il avait tant bien que mal dissimulé son malheur lorsque tu avais signé avec cette quinquagénaire qui ne supportait plus son époux, lorsque tu avais manipulé ce pauvre type qui aurait tout donné pour être connu. Mais le pire fut le jour ou ce pauvre gamin, que tu avais habilement manipulé, t’as vendu son âme pour que sa future daigne l’apercevoir. C’est à cet instant qu’il a compris que tu n’avais pas de limite, que toute âme était bonne à prendre, puisque tu n’avais pas l’ombre d’un scrupule. Mais là… Sa belle, sa prude. Sa mignonne vampirique. Celle qui se haïssait la gorge noyée de sang. Lui qui aimait sa fidèle emplie de remords. Non. PAS ELLE ! Il te regarde anxieux et révolté. Rageur. Ce n'est pas juste. Mais qu'est ce qu'il peut bien faire, il n'y peut rien. Le tout puissant est impuissant. Pauvre Gabrielle.


    Sors d’ici.

    Sans rancune ?

    Sors d’ici.



    Et tu es sorti. Sous le regard haineux de l'Androgyne, terriblement excitant.


    -C’est bien, trésor…


    Lèvres pudiques et sucrées. Qu’il serait bon d’y goûter. Attend. Préviens-la, tout de même. Pour que cela compte, fais cela à la loyale. Et là tu t’empresseras de lever les yeux au ciel, peut être tu y verras ton compère. Mais pour le moment, prends ton temps. Déguste la des yeux, envisage sa peau. Dévisage sa lèvre. Caresse cette timide du pouce, du bout des doigts son visage. De ses lèvres, tu n’as qu’à les prendre, et tout est signé. Mais non. Tu es un type bien, toi, Milovitch. Entre toi et moi… De toute façon, tu es sûr, n’est ce pas, qu’elle va accepter ? Mieux, tu le sais déjà ! Sourire rassurant, enjôleur, tu tente sa peau et retiens ta soif. Son visage embrassé par tes mains démoniaque, sa lèvre violée par ton pouce corrosif.


    - Mais en retour de ce que je m’apprête à t’offrir, il me faudra bien ce fruit, vois-tu… Et quand qu'il sera mûr... le jardinier viendra le cueillir.


    Caresse, caresse et cajole. Elle ne va plus en pouvoir. Tu sens son désir de redevenir simple mortelle, tu sens ses yeux aux bord de la jouissance.

    [Alors accepte.
    Accepte, trésor.]


Et ton âme sera mienne. Tu iras en enfer.
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MessageSujet: Re: Une pièce pour le moins étrange ... [ Toddounet ]   Une pièce pour le moins étrange ... [ Toddounet ] EmptyJeu 16 Déc 2010 - 22:35

[ Pardon pour toute l'attente et pour ce post un peu minable :$ ]


Une telle proximité .. Elle sent son souffle qui caresse son visage. Elle peut sentir la chaleur de son corps, alors qu'elle-même est plus froide qu'un flocon de neige. Il y a un tel contraste. Contraste entre celle qui pense être la vainqueur de cet entretien, et celui qui l'est vraiment. Contraste entre la naïveté qui vient de la perdre et l'être démoniaque qui rafle toute la mise.
Évidemment, elle ne s'en rend pas compte. Aujourd'hui elle a apparemment gagné quelque chose d'inestimable. Elle ne croit pas si bien penser. C'est un cadeau empoisonné qu'elle vient d'accepter. I
Il ne lui reste plus qu'un pas minuscule à faire pour se jeter à corps perdu dans les bras de Lucifer. Allez, c'est tellement tentant quand on ne jure que par l'enveloppe trompeuse qui entoure le cadeau envenimé du plus perfide des serpents.

Comment imaginer que le Diable se dissimule derrière ces traits ? .. On ne peut pas y penser.
Elle n'y pense pas une seconde. Les conseils de sa meilleure amie sont bien loin. Que disait-elle déjà ? Elle ne s'en souvient plus. Elle cherche à peine. Elle va redevenir humaine !



--------------------------


Mon cœur s'affole. Mais quel est vraiment la raison de tout ce boucan, à l'intérieur de moi ? .. Je ne sais pas si c'est la proposition où la personne qui me le propose qui me perturbe le plus. Et puis, est-ce réellement important ?

La voix de mon professeur de philosophie s'élève dans les airs. J'ai un frisson. C'est étrange, mais je n'arrive pas à me mettre dans la tête que je devrais le considérer comme je considère tous les autres professeurs. Les surveillants. Les adultes, en général.
Moi je ne suis pas une adulte. Je ne suis qu'une enfant. Une enfant qui s'est laissée entrainer trop loin du rivage. Les vagues de la vie n'ont fait qu'une bouchée de moi. Elles m'ont bercé et une fois endormie par la tendresse, la tempête s'est déclenchée, plus brusque et plus violente que jamais je n'aurai pu l'imaginer.
Ma situation n'a rien d'une bénédiction. N'avait ? Après tout, il vient de me le promettre. Je n'ai qu'à dire oui.

Oui.


--------------------------


Trésor ? Cette petite attention ne fait que la rendre encore moins méfiante de la dangerosité de la situation. Mais tu t'y connais, tu sais comment t'y prendre avec les autres. Après tout, c'est ainsi que ton armée se fait plus grande. Ainsi qu'elle progresse chaque jour. Tu observes. Tu t'intéresse aux gens qui ont un point faible visible. Tu cherches, tu essayes de comprendre. Tu entrouvre la faille afin de pouvoir t'y glisser. Tu t'adaptes à l'ouverture que tu fais. Comme une vipère, tu peux te glisser dans un trou de souris. Tu n'as plus qu'à faire tienne cette enveloppe humaine. Cette âme meurtrie. Car d'après toi, en haut, il n'y a de place pour personne.
L'Enfer, c'est un mal pour un bien ? Tout le monde y trouve sa place. Bien que tu sois finalement le seul à en jouir. Les âmes tourmentées, c'est ton dada. Hm.

Nouvelle victime.



--------------------------


Il n'y a plus de place pour le doute. Plus de temps pour réfléchir. J'ai l'impression que tout presse. Je sens mon cœur qui bat tellement fort. Mon sang qui bat jusqu'à mes tempes. Je sens ces mains qui caressent mon visage .. Douceur. Une douceur que je n'avais plus connu depuis longtemps. Comme je n'avais finalement que très peu connu. Comme si l'on me voyait de nouveau sous l'apparence d'une simple humaine plutôt que de me juger d'abord sur ce dont quoi je m'abreuve.
Je me sens humaine dans ces yeux. C'est peut-être idiot, mais quand je plonge mon regard dans ces yeux-là, j'ai l'impression de n'y voir aucun jugement.

J'ai seulement envie de me laisser aller .. Aller à une vie à nouveau meilleure.


--------------------------


Les pointes, ma grande. Tu te hisses sur la pointe de tes pieds. Tu sais comment faire, Maman te l'avais appris. Un jour.
Les mains du Diable glissent sur ton visage, et toi tu apprécie cette caresse mordante. C'est une sensation comme jamais tu n'en avais ressenti avant. Tu ne te pose plus de questions. Il n'y a plus de doute possible. Plus rien.

Vos lèvres se frôlent. Timidement, évidemment. Parce que tu l'es ; timide. Et tu fermes les yeux.
Mais qu'est-ce que tu cherches, derrière ces paupières closes ? .. Tu crois que tu vas te transformer, comme dans tous ses contes de fée ? .. Tu devrais plutôt fermer les yeux car c'est un pacte avec le Diable que tu viens de sceller. Naïve. Idiote.
Il est trop tard maintenant. Apprécie ce que tu peux encore apprécier.

Tu ne vois pas que l'autre, lui, sourit déjà ..
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