L'Intrus. [PV LyoXKyo]

Sujet: L'Intrus. [PV LyoXKyo] Sam 17 Juil 2010 - 14:39

Ils étaient deux. Ils étaient deux, deux inséparables, les deux doigts de la main. Elles étaient deux. Elles étaient deux, deux qui se tuaient mutuellement et cherchaient à s'éliminer, chacune sans la moindre hésitation. Ils étaient quatre. Quatre guerriers prompts à la bataille, les deux communiquaient simplement et comprenaient les actes de l'autres, les deux autres cherchaient à fuir les responsabilités et fuyaient, fuyaient encore, couardes et immatures, immortelles et prudes. Ils étaient quatre, mais aucun de ces quatre ne se comprenaient, parce qu'il n'y avait rien à comprendre. Ils étaient quatre. Mais chacun d'entre eux avaient une vision bien particulière des choses, ils savaient où aller, vers quel endroit se rendre et comment s'y rendre. Ils étaient sûrs, chacun, de ce qu'ils faisaient. Mais pour les uns, ils ne savaient pas prendre de décision seuls, et pour les deux autres, elles se battaient avec acharnement pour imposer son point de vue à l'autre. Alors comment s'entendre ? Ils étaient quatre. Et ils savaient quoi faire, sans vraiment savoir. Ils étaient quatre, quatre âmes en peine qui ne connaissaient cependant que l'incertitude et le doute. Le doute est toujours bon à prendre. Mais parfois il vaut mieux se taire. Moi, j'ai pris l'habitude de me taire. Mais eux quatre, ils parlent, sans cesse, et ne font que déchaîner leurs idioties et intempéries. Aucun n'est pareil. Personne n'est d'accord. Il faut espérer que tout pourra un jour changer.

Pour cela, il faut que je disparaisse, et tu le sais.

Cela ne saurait tarder.
Les nuits, je me réveille, trop souvent. Je me lève toujours. J'ai pris du poids. Déjà. Mais je le sais, Marie m'a tout expliqué. Cela ne durera pas neuf mois. Mais trois. Trois petits mois. Tout va aller très vite. Les jours seront sans doute des semaines, pour moi. Tout s'accéllère. Pour l'heure, cela ne se voit pas encore, mais dans une semaine mon ventre commencera à s'arrondir, j'en suis presque persuadée. Cela va vite, trop vite. La peur s'empare de moi, vite aussi. Mais mon choix a été fait. Et je le conserverai jusqu'au bout, sur mon coeur. Ces derniers temps, mes rêves sont peuplés de coton. Emplis de tendresse, pour des petites mains, des yeux d'un bleu d'azur. Même si je sais que ce n'est qu'un rêve qui se répète, je me réveille en larme, chaque matin. Parce que la mélancolie m'a gagné, encore. Et j'ignore encore comment m'en débarrasser. Je sais que ce ne sera pas un rêve. Je devrais cacher ce morceau de démon et vampire quelque part, où je l'ignore encore. Je devrais m'en occuper nuit et jour, je devrais sécher des cours et refuser des sorties. Je devrais le dire à Fushi. Et à mes deux compères de chambre. Ashae râlera, j'imagine. Elle aime la tranquillité, alors les cris d'un enfant... et Izumi ? Je n'ose pas y songer. Rien qu'y penser me donne la chair de poule. Nous nous sommes disputées, nous ne nous parlons plus. Je l'évite autant que faire ce peut, et elle fait de même. Mais elle finira par le voir. Remarquer quelque chose, forcément. Et là je devrais tout lui expliquer. Mais ce moment j'essaie de l'oublier, et de le retarder le plus possible. Sa jalousie est trop puissante, pour l'heure.

Tu es désorientée. Mais ça passera.

Cela passera lorsque tu seras partie. Mais ce matin, mon humeur est plus gaie que d'habitude. Je suis encore fatiguée, mais je me lève tôt. Je suis faible mais j'ai envie de sortir. Je veux faire quelque chose de mes journées, autre qu'étudier, aller en cours ou me plaindre sur mon existence que je crois misérable. J'ai envie de m'amuser, pour le moment. Pourquoi pas après tout ? Je ne peux pas essayer, au moins ? Je n'ai croisé personne ce matin, un dimanche, les jeunes gens font la grasse mat'. Même Izumi dort encore lorsque je décide de partir. J'enfile une robe longue et ample, chausse mes rangers. Je vais sortir et me changer les idées, seule. Depuis l'épisode du café avec Sidney, je n'ai pas revu grand monde. Je crois en vérité que je n'ai pas vraiment le désir de voir des gens. Je reste fermée dans un mutisme latent. La peur m'empêche d'avancer. Mais aujourd'hui je vais sortir, et m'amuser. Je descend les marches, traverse le hall. Ellie, je veux te voir. Je veux rire et m'amuser en ta compagnie, me moquer avec douceur de tes maladresses, de tes phrases tout droit sorties de livres que je serais incapable de lire. Je ne sais rien de toi. Mais je t'aime déjà. Alors, j'espère que je vais te croiser, là où je me rends. J'emprunte la route, marchant sans me presser. Il est dix heures, une heure peu tardive pour un dimanche matin. En ville, j'aperçois les montagnes russes, de ce nouveau parc. Tiens, et pourquoi pas aller y faire un tour ?

Depuis quand tu aimes ce genre d'amusement ?

Déposer quelques pièces pour l'entrée, mon pécule secret, celui qu'il me reste, bien protégé dans quelque coffre dont j'ignore l'endroit. Percé à jour, transi, transpirant de chaleur. Nous entrons, deux ombres fiables et sans issues. Nous avançons vers cet endroit bruyant, ces cris, ces jeux. Cet endroit où nous espérons ne croiser personne de notre connaissance. Personne qui nous reconnaisse, au moins. Qui sait. Peut-être remarquera-t-il les changements qui s'opèrent en moi. Mon teint est passé de blanc de craie à blafard de zombie. J'ai des valises absolument mortelles sous les yeux. Et l'épuisement se lit sur le reste de mon corps. Je n'ai pas encore grossi. Mais j'espère que je ne serais pas une barrique. Ce serait bien indigne de moi. Marchant dans les allées, je contemple les attractions, aussi diverses que variées. Des trains fantômes, des montagnes russes vertigineuses, des cinémas dynamiques, des stands de tirs. Une fête forraine, en mieux. Quelques restaurants vendant des hot dogs et hamburgers bien gras. Et bien le pire dans tout cela... c'est que la faim l'emporte. Et j'en achète un.

Bon ap'..

Marchant sans savoir où aller, mon regard se pose sur une silhouette qui m'est familière, faisant la queue pour une attraction. Ah ? Une sorte de train à grande vitesse. Je perçois les cris des gens à l'intérieur. Cela pourrait être amusant. J'ignore le nom de ce jeune homme. Mais je me rappelle de lui. Le cours de philosophie. Le muffin. Je ne lui ai pas donné, d'ailleurs, je suis sortie du cours en trombe. J'avance dans sa direction, faisant apparaitre dans ma main un muffin au chocolat similaire de celui que j'ai auparavant écrasé sur mon pupitre. Il m'avait amusée, sans le savoir. Et il mérite bien cette récompense, n'est-ce pas ? Arrivée à sa hauteur, je m'infiltre dans la queue et lui mets le gâteau sous le nez. Bien entendu, il semble légèrement surpris.

"Salut. Je te dois ceci, je crois bien. Tu m'en avais réclamé un n'est-ce pas ?"

Je lui adresse un sourire. J'ignore tout. Mais je veux apprendre. Il est temps de sortir de ma coquille. Mon teint blafard ne le trompera pas. Mais j'espère qu'il passera au-dessus de cela, et de l'ampleur de ma robe. Je ne veux pas entendre encore tous ces mots.

Et voilà. Les quatre sont réunis.

Sujet: Re: L'Intrus. [PV LyoXKyo] Sam 18 Sep 2010 - 9:27

J’ai l’impression d’être dans une boite d’allumettes. Dis moi ou es-ce que tu cours comme ça. Dis moi pourquoi tu ne t’arrêtes pas. Dis moi pourquoi j’hésite et pourquoi je ne bouges pas. Dis moi pourquoi je les regarde tous avancer sans faire le moindre geste. Dis moi seulement où il faut que j’aille. Dis moi que tu seras toujours là pour me guider, mais en retour ne pense pas que je suis dépendant de toi. Où tu vas ? Ne pars pas comme ça… Heho réponds moi !

** - Au parc d’attraction.**

Hein ? Qui a parlé…? Je ne regarde pas autour de moi, je ne le peux pas.

** - T’es là ?**

Qu’es ce que je dois répondre là…? Le paysage avance mais je ne me vois pas… Suis-je en train de rêver…? Je veux bouger ! Je veux sentir les muscles se contracter… je veux sentir le sol sous mes pieds… je veux entendre le claquements de ses derniers à chaque pas que je ferais… je veux pouvoir respirer moi-même, au rythme que je le souhaite. J’ai l’impression que l’on m’a mis sous respiration artificielle. J’ai l’impression de « comater », de ne pas tout saisir. Je veux m’arrêter et essayer de comprendre.

** - Tu dors ? Ya quelqu’un là dedans ? **

Attends… cette voix… je la connais… mais il y a quelque chose qui sonne faux. Je ne sais plus à qui elle est. Mais bon sang réveillez moi ! Je panique et j’aimerai pouvoir trembler… Même ça je ne le peux pas. Expliquez moi… expliquez moi… EXPLIQUEZ MOI BON SANG ! Qu’es ce que je fais là ? Qu’es ce que je suis ? Es-ce que je suis en train de rêver ? Pincez moi car je ne le peux pas… Criez à ma place car je ne peux pas hurler ! Emmêler vos mains dans mes cheveux car je ne peux y perdre les miennes pour les arracher.

En fait, je suis bien coincé dans une boite d’allumettes…

- Kyo ?

Un nom. Le mien. Elément déclencheur. Petite lumière qui éclaire la boite d’allumettes. Retour sur la planète Terre. Retour dans le monde de la réalité. Fini les cauchemars, au revoir les rêves étourdissants. Je comprends petit à petit où je suis. Je ne suis pas dans une boite d’allumettes mais dans quelque chose de semblable : c’est dans le corps d’un adolescent que je suis coincé.

L’adolescent fait la queue pour une attraction a sensation forte. En face de lui il n’y a qu’une file interminable de gens puis, quelque chose obscurcit notre champs de vision, quelque chose qui sent le chocolat. Lyo lève alors la tête :

"Salut. Je te dois ceci, je crois bien. Tu m'en avais réclamé un n'est-ce pas ?"

La fille qui tiens le petit gâteau au niveau des yeux de mon double me parait fatiguée, elle a des cernes sous ses yeux marrons qui renfermaient autrefois de la colère mêlé à la tension. Il n’en reste pas une once aujourd’hui. Mais quelque chose la préoccupe. Lyo n’y fait pas attention, il se remet de sa surprise et attrape le muffin avec un énorme sourire.

- C’est gentil… ça te dirait de venir jouer avec moi Hebi ?

Il croque alors dans le muffin au chocolat et sourit de plus belle :

- J’adore les muffins, c’est mon gâteau préféré tu sais ?

Lyo pose une main sur son menton, l’air penseur…

- Tu aimes les tours de magie ? Alors regarde…

Lyo engloutit le reste de son muffin d’une traite puis il tend les mains devant lui, pommes grandes ouvertes vers le ciel. Venue de nulle part une petite tasse de café blanche apparait, Lyo la rattrape au vol, puis deux sucres y tombe au fond pour y disparaitre. Il lui tend alors la tasse.

- C’est pour toi… Tu as l’air fatigué.

Les sourcils de Lyo se froncent… Il ne la connait pas, juste de vue, il l'a juste croisé un jour mais, cela l’intrigue. Pourquoi sa robe est telle si ample ? Pourquoi la jeune fille semble avoir tellement changé…?

Sujet: Re: L'Intrus. [PV LyoXKyo] Sam 25 Sep 2010 - 19:36

Enfin. Dans la plus belle des impostures, la reine avance, paisible et calme, dans le silence pesant. Son ventre légèrement rond et pesant, à travers une illusion morte, disparate. Toucher du doigt un bien précieux, maintenant que les Quatre sont là, que faire ? Dans ma tête, le murmure ne cesse pas, ne pars pas, ne disparaît pas. Dans ma tête, c'est une sorte de douleur magnanime que je sens peser contre moi, avec la lenteur et la réciprocité d'une colère puissante. Mordante. Violente. La chaleur de la foule, les baisers contre la rambarde de sécurité. Ils pourraient faire ça ailleurs. Moi je ne montre rien, n'est-ce pas ? Je suis différente de la dernière fois, et ton regard semble voilé d'un soupçon indéfinissable. Comme arraché. Les Quatre. Ton regard double. Un joyeux, l'autre perplexe. Se pose d'interminables questions sans en trouver la réponse exacte. C'est comme une intrusion. Dans un esprit qui nous est inconnu. C'est comme une intrusion. Morne, perdue, pacifique, mais une intrusion. C'est comme une intrusion, dans ton esprit et dans tes moeurs, dans ton regard, tes regards. Inconnus, des réactions si différentes qu'on a du mal à tout savoir, tout comprendre. Après tout, où se trouve réellement notre avenir ? Comment le décrire, le sentir ? Comment comprendre, et juger ? Nouveauté, dans notre esprit. Les deux démones se jaugent, s'observent, se battent en silence pour savoir qui laissera sa place à l'autre. Sans doute qu'au premier regard, jeune homme, personne ne pourra vraiment voir qu'en toi, deux esprits se mêlent étroitement. Mais moi je le peux. Non pas que je sois exceptionnelle, loin de là. Mais je sais ce que c'est. Je le sais, pour la seule et unique raison que ce que tu vis au quotidien, je le vis de la même manière. La dualité, présente dans tes yeux, je la vois; Je vois que tu partages ton regard avec une seconde âme. Qui ? Et pourquoi ? Je ne suis pas sûre que tu aies véritablement envie de me le révéler. En toi, la morsure brûlante, la douleur, le mécontentement. Jalousie dévorante, perte à demi déchirée. Dans mon corps à l'abandon, laissé en pature à cette démone qui n'en veut qu'à mon esprit. A mon enfant. Garçon ? Fille ? Une certitude encore inconnu. Petit prince, ou petite princesse ? Maléfique, angélique ? Hybride. Une saloperie d'hybride.

Je la hais.

Distraction ephémère. Mon visage fatigué envoie cependant un sourire aux deux protagonistes, comme une grimace de chaleur et d'amicale rencontre. C'est comme si je renaissais un instant, un moment, dans tes yeux doubles. Comme si je revisitais le monde avant de replonger. Sans même que je le veuille, ma main attrape la tasse de café fumante. Une petite tasse, pour deux grands sucres. Comment as-tu deviné que je buvais le café sucré à souhait ? Fushi n'a jamais voulu sucré mon café, quand j'y pense. Le sucre dénaturait le goût d'après lui. Sans doute cette tasse va-t-elle me faire du bien, tu as raison. J'en ai besoin, après tout. Je suis fatiguée, si fatiguée. Je suis lasse, si lasse, de ces grondements et borborygmes, dans ma tête, qu'elle s'amuse à proférer pour me déconcentrer. Avaler une gorgée du liquide noir, délicieusement sucré. Si mon amant me voyait, il piquerait une syncope. D'abord, parce que j'ai osé l'Impardonnable ; j'ai bu du café sucré. Ensuite, parce que le café est fortement déconseillé à une femme enceinte. Mais on passe vite à l'acceptation. J'ai besoin d'énergie, beaucoup d'énergie, pour me sentir revivre. Dans l'espoir, une nouvelle tournure. Le liquide brûlant coulant dans ma gorge, son arôme noir me prenant les tripes avec cette délectation qui est la mienne. Je me sens bien, l'espace d'un instant, seulement sans doute. Cela ne va pas durer. Je vais avoir un bébé, ce n'est qu'une question de mois. Et que vais-je devenir ? Aura, que vas-tu devenir ? Un plongeon de plus, dénaturé, mort, disparu. Dans le tourbillon des Enfers. Dans les affres de la mort. Dans l'humanité la plus totale. Si j'enfante, je te vaincrais. Je le sais, je le sens. J'ignore encore pourquoi. Envahie par ma solitude, le souvenir de ma Blanche remonte dans mon esprit de manière presque douloureuse. Je ne veux plus souffrir de sa mort, mais sans doute n'ais-je pas le choix. C'est ma soeur, ma compère, qui perdis la vie entre les dents de ma propre mère. Et tandis que je bois ce café, mes souvenirs remontent mystérieusement, sans pour autant que je le désire vraiment. Quelqu'un m'aurait-il empoisonné ? Est-ce toi ? Acceptation. Porter le regard, plus détendu qu'il y a cinq minutes à peine. Et t'adresser un sourire, un sourire de duchesse, sans doute. Un sourire qui se veut calme, même si une once de stress et d'inquiétude anxieuse réside encore dans mes yeux noirs. Un morceau de ton corps dans mon regard d'onyx. Et enfin. Une dernière danse.

"Merci. C'est très gentil à toi."

Un léger sourire m'absout de toute crainte. Il semble attendre quelque chose de moi. Mais rien ne sortira, sans doute, de ma bouche, autre que la suspicion, pour l'heure. Lorsque nous avons tout trouvé. Tout vu, tout expérimenté. Tout trafiqué. C'est enfin un instant de haine en moins. Superviser l'amour dans toute sa suprémacie. C'est une petite mort, pour nous deux. Une flèche avant l'inconstance. Main tremblante.

"Ou devrais-je dire, c'est très gentil... à vous."

Une main qui tremble n'est jamais vraiment une bonne chose. L'inévitable est évité. Enfin une nouvelle vie, un nouveau jour. Cette main qui observe la suite des évènements avec un attrait certain. Une mise en scène certaine. Une aventure délicate. Une touche de anique dans l'aventure la plus folle, la plus mystérieuse. La plus sourde des folies. Voir le monde d'un autre côté. Et prendre goût à ce nouveau moment qui nous est offert, enfin, encore.

"Tu as déjà fait cette attraction ?"

Routinière question. Amusante, mais trouble. Cela cache quelque chose de nouveau. Attention, Hebi. Quoi que tu veuilles faire, tu ne pourras jamais faire face à l'évidence. Même si cet instant avec cet inconnu peut te paraître refléter une vie normale. Tu ne pourras jamais. Vivre dans la normalité...

Sujet: Re: L'Intrus. [PV LyoXKyo]

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