Lost in the Dark

Après avoir passé sa journée sur le toit, dans les Jardins Suspendus à discutailler - si on pouvait dire ainsi - avec une élève, la professeur de Mythologie avait décidé de passer sa soirée dans les Catacombes. Bonne ou mauvaise idée, rien n'était certain, mais elle ne risquait pas grand chose, si ce n'est de se prendre des toiles d'araignées, de se salir ou d'avoir la trouille de sa vie. C'est vrai, après tout, le soir, dans les sous-sols d'un cimetière, que vouliez-vous trouver à part des ossements, des cadavres décomposés ou en décomposition? Oui bon, à part des vampire, des loup-garous, des sorciers de magie noire et des démons? Oui, bon, d'accord, il y avait de quoi flipper, mais connaissant déjà tout ceci, la grecque n'en avait pas peur du tout.

En réalité, si la jeune femme descendait sous le cimetière, dans ces catacombes où il était facile de se perdre, c'était avant tout pour ses cours. En effet, à quoi bon débuter un cours de mythologie sur des choses qui n'intéressaient pas, ou peu les élèves? Autant parler de choses qu'ils pouvaient aller voir par leurs propres yeux durant la journée, tout proche du château. Parler des Dieux égyptiens, grecs ou même hébreux n'était donc pas la meilleure chose à faire dans un château au beau milieu de la Transylvanie. Autant leur parler des héros d'antan dont on pouvait encore retrouver les traces ici, puis, aux prochains cours, développer au reste du monde. Or le problème était que la grecque, bien que venue il y a fort longtemps dans ce pays, ne savait absolument rien sur la région du château.

Comme beaucoup peuvent se l'imaginer, les humains avaient eût, de tout temps, pour habitude, d'enfermer leurs secrets dans les tombes de leurs défunts. C'était une manière de leur rappeler d'où ils venaient mais également, pour toute personne s'intéressant au passé, une porte ouverte pour les anciennes civilisation. L'immortelle s'amuse donc à se faire archéologue, partant à la découverte de ce qu'étaient les rites Transylvaniens d'autre fois.

Il est vrai que la jeune femme aurait pu aller à la bibliothèque, ou dans le village, histoire de se connecter à internet, mais la deuxième solution lui paraissait peu sûre et la première l'effrayait. C'est vrai, la bibliothécaire, depuis leur première rencontre, ne lui faisait pas peur, mais ne lui inspirait pas confiance non plus. Et puis, de toute façon, elle préférait découvrir d'elle-même, comme elle l'avait toujours fait. C'est ainsi, qu'armée d'une lampe de poche et d'un bandeau placé sur ses cheveux, eux-même attachés dans un chignon rapide histoire de les protéger de la poussière des lieux, elle descendit vers le cimetière, mais dans les poches. En y arrivant, elle se permit de rester face aux nombreuses tombes, silencieuse, tête baissée. Elle ne priait pas, mais restait humble et silencieuse face aux morts. Paix à toutes leurs âmes, ils l'avaient bien mérités. Tout le monde est libre une fois mort.

Elle resta un moment à fixer les lieux inquiétants dû à la nuit, les tombes qui ne semblaient pas menaçantes, mais surtout froide. La mort était présente partout dans ce cimetière. L'immortelle observa un moment le paysage désolant, avant d'aller vers une crypte qui la mènerait aux catacombes. Le tout était de ne pas se perdre, car d'après les plans qu'elle avait déniché à la bibliothèque - car oui, pour son expédition, il lui avait fallut un minimum d'informations - les catacombes s'étendaient à des kilomètres sous le château, le cimetière et même la forêt. C'étaient de vrais labyrinthes, remplis de tunnels principaux et secondaire et peut-être même des couloirs non-marqués sur la carte. Elle devrait donc faire attention au chemin qu'elle prenait.

La grecque descendit les marches de la crypte, allumant sa lampe torche une fois descendue si bas que même la lumière de la lune n'entrait pas. Elle cligna un peu les yeux devant la lumière vive de sa propre lampe torche, promenant le faisceau sur les murs, découvrant les dessins peints de couleurs effacées avec le temps, qui avaient été vives auparavant, et les stèles marqué de noms. Elle passa son doigt par-dessus, ramassant ainsi énormément de poussière. Un sourire passa sur ses lèvres, avant qu'elle sorte un calepin et un stylo, commençant par prendre des notes de ce qu'elle voyait...

C'est ainsi, que pendant plusieurs heures, en oubliant le temps qui passait, passionnée par tout ce qu'elle voyait, Kali allait de couloir en couloir, observant les dessins, les stèles, les cryptes sur lesquelles débouchait les couloirs secondaires, grandes salles remplies de trésors et bien souvent pillées. Elle prenait note de tout ce qu'elle voyait, ce qu'elle observait, ne voyant même pas les rats, les toiles d'araignées ou même les araignées qui se faufilait entre ses jambes, sur les morts, ou qu'elle attachait à ses habits bien vites remplis de poussière et de toiles.

Au bout d'un moment, elle releva cependant la tête de ce qu'elle faisait, car sa lumière commençait à faiblir. Elle fronça les sourcils, frappant contre sa torche qui avait commencé à jouer à 1, 2, 3 soleil qui finalement s'éteignit. Kali grogna:

"Fait chier..."

Elle sortit de sa poche son portable, lui aussi avec sa batterie presque à plat et, évidemment, sans réseau. Elle regarda autour d'elle, voyant à peine à deux mètre devant elle et soupira. Elle sentit alors quelque chose bouger à sa droite et observa le mur. Elle eût une moue de dégoût en voyant l'une des araignées mutantes, comme dans sa salle de classe. Au moins, maintenant, on savait d'où elles venaient. La jeune femme tourna sur elle-même, cherchant en vain de se rappeler par où elle était venue, tout en appuyant constamment sur des boutons de son portable, pour garder un peu de lumière. elle marcha prudemment, ne voyant pas grand chose avec la faible lumière de l'appareil électronique.

Kali marchait, marchait, marchait encore, avant de soupirer de désespoir. Elle ne savait définitivement pas où elle était, alors qu'elle s'était jurer de faire attention où elle irait pour ne pas tomber dans cette situation! Maintenant, elle étai couverte de poussière, sans lumière potable et au milieu d'un énorme labyrinthe dont elle ne connaissait pas les plans avec des créatures probablement ignobles à l'intérieur. Franchement, là, bravo!

"Bravo Kali, vas-y, absorbe toi totalement dans tes passions! Perds-toi dans l'endroit le plus paumé! T'as plus qu'à prier pour qu'un taré vienne te chercher dans les ténèbres. Mais qui à part toi serait assez taré pour descendre dans les catacombes d'un cimetière en pleine nuit, hein? En plus t'as dit à personne que tu descendais..."

L'immortelle avait une grosse envie de se prendre la tête et de la frapper très très fort contre le mur, jusqu'à se la fracasser. Non mais vraiment, qui était assez idiot pour partir dans un labyrinthe sans prévenir personne en cas de disparition? Surtout qu'elle était immortelle, alors elle aurait l'éternité pour errer dans le noir. Parce que oui, son portable tiendrait pas éternellement et elle n'aurait bientôt plus de lumière, aussi petite soit-elle.

Tout en pestant contre elle en murmurant, Kali marchait d'un pas vif, tout en faisant attention grâce à la mini-lumière de la merveilleuse technologie en possession. Mais elle regardait par-terre, et non pas droit devant elle, et c'est bien pour cela, qu'au bout d'une quinzaine de minutes, elle fonça droit dans quelqu'un.

Arrivé tard dans la soirée, Haru, épuisé, s'était immédiatement rendu à sa chambre dans l'objectif de se reposer; il ferait la visite des locaux tôt le lendemain avant de se rendre en cours. Mais la nuit venue il lui fut impossible de trouver le sommeil. L'adolescent modifia alors ces projets pour la soirée et décida donc d'avancer l'heure de l'excursion: rien de plus captivant qu'une ballade nocturne dans un mystérieux châteaux de Transylvanie.

Le jeune homme enfila un sweat à capuche, un pantalon de sport noir simple ainsi qu'une paire de basket: une tenue banale mais confortable, l'objectif étant surtout de pouvoir se déplacer aisément, mais aussi de pouvoir détaller à toute vitesse, qui savait ce qu'il pouvait rencontrer. Qu'apporter avec lui pour cette expédition? Une unique lampe de poche devait suffire, après tout il n'y passerait pas la nuit...

Haru fit alors quelques allez-retour bref dans les différents couloirs et galeries de l'établissement, mais se lassa rapidement. Ce soir il avait autre chose en tête.

Évidemment, l'adolescent ne trouva rien de mieux à faire que de s'aventurer dans les souterrains du cimetière pensant trouver facilement les catacombes dont il avait entendu parlé dans la journée par ses deux touristes trop bavards à son goût assis dans les sièges adjacents au sien dans le bus. S'il avait quitté les Etats-Unis pour venir en Transylvanie, c'était dans un but précis: trouver des êtres particuliers, tout comme lui, bien que ne sachant pas ce qu'il était réellement. (Haru ne sait pas encore qu'il est un ange.) Alors, le premier endroit qui lui était venu à l'esprit était les catacombes, car selon diverses légendes, on pourrait y trouver le diable ou tout autre type d'être étranges n'étant pas répertorié dans la catégorie « humaine ».

Le jeune homme venait d'arriver devant le cimetière du village. La lampe de poche à la main c'est extrêmement excité et sans aucune appréhension qu'il s'aventura dans les sombres galeries. Ce surplus d'agitation fut de courte durée car après une demi-heure dans le souterrain Haru commença à s'affoler: il s'était perdu.

L'adolescent continuait de marcher à vive allure. Quel stupide idée avait-il eut de s'aventurer seul et de nuit dans ce gigantesque labyrinthe? Le jeune homme jetait régulièrement des regards en arrière et sur les côtés comme pour vérifier qu'il n'était pas suivi. Vite vite, il fallait continuer d'avancer et trouver vite la sortie avant que la batterie de la lampe de poche soit usé. Alors qu'il marchait à reculons pour jeter une nouvelle fois un coup d'oeil en arrière, il percuta un obstacle animé. Cet imprévu eut sur lui une réaction phénoménal. L'adolescent sursauta et tomba à la renverse. Involontairement, il projeta sa lampe de poche sur « l'obstacle » en question qui lui sembla s'écrouler à son tour. Le bruit de la lampe de poche tombant sur le sol créa un bruit sourd qui résonna dans toute la galerie. Par chance, celle-ci fonctionnait toujours. L'adolescent l'attrapa à vive allure et dirigea le faisceaux lumineux en direction de « l'obstacle ».

Après quelques secondes, il lui sembla distinguer un corps de femme. La présence d'une autre personne que lui dans ce labyrinthe à cette heure ci de la nuit lui était impensable. Etait-ce le diable? Un vampire peut-être? Ou un magiciens de l'obscur? Avait-il finalement trouvé ce qu'il cherchait, c'est-à-dire une personne qui comme lui ne serait pas totalement humaine?

« Qui .. qui êtes vous? »

Doucement il se releva, le regard fixé sur la personne. Celle-ci avait été blessée lorsqu'elle avait été heurté par la lampe. Haru en fut d'autant plus désolé que « l'accidenté » était une femme.

« Comment vous sentez-vous? »

Angel Light in the Dark

Kali venait de rentrer dans quelque chose d'énorme. Elle eût d'abord un peu peur avant d'apercevoir les pieds de la personnes dans laquelle elle venait de rentrer. Elle lâcha un soupir avant de vouloir s'excuser, lorsqu'elle se reçut un projectile en plein dans la tête. Dans un craquement sourd, elle sentit le cartilage de son nez se briser et une douleur sourde se faisait ressentir au milieu de son visage. Sympa, merci le petit, il venait de lui briser le nez.

Juste après ça, la chose qu'elle venait de heurter lui dirigea le faisceau lumineux en pleine tête, lui faisant placer ses mains devant ses yeux, à cause du manque d'habitude de lumière, vu que ça faisait des heures qu'elle ne se dirigeait qu'avec son portable. Après quelques secondes cependant, ses yeux furent un peu habitués, bien que la lumière, dirigée en plein dans ses yeux, l'éblouissaient encore et ne lui permettaient pas de voir la personne qui tenait la lampe. Mais d'abord, ce qui l'occupait quelque peu plus, c'était le liquide qui coulait depuis son nez qui venait de se casser.

L'immortelle grogna touchant de ses doigts blanc le liquides rougeâtre. Elle le regarda un moment sur ses doigts, jusqu'à ce que son immortalité "fasse effet". En effet, quelques secondes plus tard, comme par magie, les gouttes de sang présent sur son doigt revenaient vers son nez, le sang qui en sortit coulait vers les haut, rentrant à nouveau par ses narines, et dans le même bruit que lorsqu'il s'était cassé, son nez se remit en place. Cependant, cela n'empêchait pas que Kali ressentait encore une vive douleur dans son nez, qu'elle se mit à frotter doucement avec sa main qui avait auparavant du sang sur elle.

"Je vais bien, je vais bien. Par contre, faudrait éteindre cette lampe, vous semblez aussi perdu que moi, et je suis déjà à court de lumière. Si vous ne voulez pas être plongé dans un noir total dans quelques heures, il vaudrait mieux se diriger avec ça."

L'immortelle remua son portable en l'air, alors qu'elle empoignait déjà la lampe torche du garçon pour l'éteindre. Elle ne voyait plus rien, la forte lumière qu'elle avait dans ses yeux ayant disparue, il faudrait qu'elle se réhabitue aux ténèbres. Elle dirigea la lumière du portable sur la personne qui lu avait cassé le nez. Il avait l'air jeune, mais qu'es-ce qu'il foutait ici?

La professeur ne le reconnaissait pas, elle n'avait pas vu son visage dans la liste d'élèves et elle était certaine qu'il ne venait pas du village. Là-bas il y avait plein de vieux croutons et tous les jeunes étaient partis étudier ailleurs ou alors dans le pensionnat, entrain d'y étudier. Il ne venait donc pas ici. Mais un touriste, aussi jeune, en ce temps de l'année? C'était ridicule. Surtout, quel genre de touriste normal se baladerait la nuit dans un cimetière? Aucun, si ce n'est un psychopathe dégénéré, ce qu'au regard paniqué du garçon, il n'était à tout évidence pas.

Elle se rappela alors qu'on était en début d'année et que les cours avaient à peine commencés, il était alors très probablement nouveau, venu ici il y a peu et donc pas encore présent sur sa liste. On l'avait pourtant prévenue, qu'il y aurait des nouveau qui arriveraient bientôt. Mais si c'était vraiment un élève du pensionnat, il n'avait rien à faire ici. Mais alors rien du tout. Et pourquoi un garçon à l'air si innocent irait dans les catacombes, hein?

Ce n'était cependant pas le sujet ici, car là, le problème était tout autre. Ils étaient perdus. Et Kali, en tant qu'adulte responsable, devait les faire sortir de ce labyrinthe. La jeune femme observa encore un peu les yeux profonds et noirs du jeune garçon, ses cheveux d'ébène légèrement grisés par la poussière et son air perdu et terrifié. Pauvre petit. Première chose à faire, le rassurer:

"Écoute, je m'appelle Kali. Kali Than et je suis professeur de Mythologie au pensionnat d'où tu viens. Si tu me dis ton nom, je pense qu'on va pouvoir s'entraider pour sortir d'ici, d'accord?"

Mais étais-ce réellement rassurant que de dire à un élève que l'on était soi-même perdu? Elle en doutait fort, mais ce n'était pas la première fois qu'elle se perdait dans ce genre d'endroit. C'est vrai, ça ne devait pas être pire que le labyrinthe du Minotaure, non? Surtout qu'en principe, ici, il n'y avait pas d'effrayante créature qui allait nous manger. Quoique, elle avait toute de même un petit doute concernant les terrifiantes créatures.

La grecque retira son portable d'à côté du visage du garçon et regarda un peu les murs, autour d'elle, se demandant désespérément où ils étaient. Si seulement elle avait déjà vu l'un de ces noms, l'une de ces gravures, de ces peintures. Ceci lui permettrait d'avoir un endroit connu et de partir chercher depuis là. Mais attendez une seconde, même si elle retrouvait un couloir ou une crypte qui lui étaient familier, cela ne voulait pas dire qu'elle retrouverait la sortie. Car depuis un endroit comme ça, il y avait des centaines de façon de continuer et elle pourrait se perdre. Et même si elle avait étudié ces divers endroits, elle ne s'en souviendrait pas de tous, ainsi, une image pourrait lui sembler familière alors qu'elle ne l'avait jamais vue!

Kali se souvint alors que lorsque la lampe torche du garçon l'avait frappée, elle avait fait tomber quelque chose par terre. Pas son portable, vu qu'elle l'avait encore en main. Elle dirigea alors la lumière de ce dernier vers le sol et fouilla autour d'elle, avant de voir un petit cahier de couleur mauve trainer non loin. Dans un sourire satisfait, elle le reprit et feuilleta rapidement ses pages. Les descriptions et croquis de son cahier étaient pas mal. Grâce à eux, ils retrouveraient la sortie. Restait à trouver un endroit familier, vraiment, quelle bonne idée d'avoir tout noté!

"En entrant ici j'ai pris des notes. Si on retrouve un endroit que j'aurais décrit dans mon carnet, je suis sûre qu'on pourra sortir d'ici très vite en suivant mes notes dans le sens inverse, tu n'es pas de mon avis?"

Kali lui offrit un sourire rassurant, qui voulait faire croire qu'elle avait la situation en main. En attendant, elle ne savait pas, avec tout ce qu'elle avait marché, si ils retrouveraient assez tôt l'une des choses qu'elle avait notée ou croquée. C'est vrai, pourquoi cette bécasse n'avait pas pensé à ses notes plus tôt? Ah mais attendez, c'était une bonne chose, sinon, elle n'aurait pas trouvé ce pauvre petit élève perdu et il serait probablement mort de faim, perdu, dans ces catacombes. C'était alors plutôt bien qu'elle soit là, perdue, non?

Ce qu'il s'apprêtait à voir dépasser tout ce auquel il s'attendait. Les saignements dû au choc avec la lampe, se déplacèrent et s'envolèrent, comme par magie pour retourner dans leur « foyer » d'origine. Dans un bruit sourd, le nez matériellement cassé se remit en place. Haru restait bouche-bée face à ce « phénomène » abracadabrant.

Après quelques minutes, la jeune femme lui répondit qu'elle allait bien. Elle lui recommanda d'éteindre sa lampe afin de préserver le peu de batterie restant. Haru ne devait pas sembler assez rapide à son goût puisqu'elle s'empara de l'objet lumineux pour l'éteindre elle-même. L'adolescent fut à nouveau plongé dans le noir ce qui ne le rassura pas tellement: le danger pouvait se cacher plus facilement dans l'obscurité. Ce fut de courte durée puisqu'il fut, à son tour, légèrement éblouit par une lumière semblant provenir d'un portable. C'était sans doute au tour de la jeune femme de voir son interlocuteur. Elle se présenta alors brièvement et demanda à Haru d'en faire de même

« Je m'appelle Haru. Haru Fugimaru. »

Le professeur de mythologie et l'adolescent étaient donc tout deux perdus. Y avait-il beaucoup d'autres élèves ou professeurs errant dans ce labyrinthe? Peut importe, ils étaient dans de beaux draps, mais au moins ils étaient deux. Forte heureusement, car seul dans les catacombes, il y avait de quoi en devenir fou; quoique deux fous dans les catacombes, ce n'était peut-être pas mieux.. Vous me direz que, de toute manière, pour s'aventurer dans les ce labyrinthe, en solitaire et au beau milieu de la nuit, il fallait déjà avoir une grosse part de démence en soi .. Mais là n'est pas l'heure de débattre sur la folie, le délire ou la démence; il y avait une multitude d'autres choses plus importantes à faire..

La jeune femme retira son portable du visage du garçon pour éclairer les murs. Haru en déduit qu'elle devait essayer de repérer les lieux par lesquelles elle serait peut-être préalablement passée dans le but de déterminer leur localisation. Selon Haru, c'était peine perdue, chaque mur, chaque couloir ressemblait au précédent et les deux jeunes gens se trouvaient dans un véritable labyrinthe.

Le professeur de mythologie dirigea ensuite le faisceaux lumineux vers le sol et ramassa un petit cahier. Tout en le feuilletant, Kali expliquait à Haru qu'au cours de son périple dans les catacombes, elle avait pris des notes et fait des croquis des lieux qu'elle avait précédemment exploré. Elle insinua alors que si l'on suivait ses notes dans le sens inverse, il serait possible de trouver la sortie.

Haru acquiesça d'un signe de tête sans vraiment avoir écouté, il pensait déjà à autre chose et retrouver la sortie n'était plus vraiment sa priorité.

« Excusez ma grossièreté mais, puis-je me permettre de vous demander ce que vous êtes exactement? Ce n'est pas très commun un nez brisé qui se répare en quelques secondes. »

Si le jeune homme avait réfléchi à sa question, il n'avait pas tourné sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. Plutôt que d'être aussi direct, Haru aurait très bien put poser sa question par un chemin détourné, mais son excitation à ce moment-là était à son summum: il voulait une réponse claire, net et précise et cela maintenant. N'est-ce pas dans cet intention qu'il avait envisagé sa ballade nocturne?

Tell me What You Are

Kali sût rapidement que la première impression qu'elle avait eût du jeune homme était juste. C'était bel et bien un asiatique. Haru, joli nom. D'après les restes de japonais qu'elle avait, cela signifiait printemps. A moins que cela ne signifie tendre? Elle avait un doute ceci dit.

La jeune femme feuilletait son carnet de notes tout en regardant autour d'eux. Elle ne reconnaissait rien autour d'eux qui ressemblait de près ou de loin à ce qu'elle avait noté ou croqué. Bon, ils devraient marcher encore un peu avant de tomber sur quelque chose. Mais s'ils allaient dans la mauvaise direction, ils ne déboucheraient sur rien. Restait maintenant à savoir s'ils revenaient sur les pas de la jeune femme pour tenter de retrouver la dernière chose qu'elle avait noté. Mais quels chemins avait-elle prit déjà?

Alors qu'elle se creusait la tête, Haru lui demanda ce qu'elle était. L'immortelle le fixa un moment, mettant la lumière du portable au centre, de telle sorte que leurs deux visages soient illuminés. Elle lui sourit. Il semblait plus excité qu'apeuré. Apparemment, il était venu ici pour ça, ce qui lui faisait dire que lui aussi était spécial, sans savoir en quoi. C'était mignon, mais absolument pas le moment pour répondre à des questions de ce genre. Elle lui répondit tout de même, voulant lui faire plaisir et espérant qu'il serait un peu plus coopératif et concentré après ceci.

"Effectivement, c'est pas le moment... Mais je suis une humaine, disons spéciale. On pourrait dire que j'appartiens à la catégorie des Immortels, mais il y en a tellement peu que tu ne risques pas d'en rencontrer beaucoup..."

Elle avait dit ça sur un ton neutre, qui ne laissait en rien transparaître la solitude et le malheur que lui apportait ce statut. C'est vrai, elle n'allait tout de même pas raconter à l'un de ses futurs élèves que les Dieux pouvaient punir les humains après qu'ils aient fait une connerie qui les aurait rendu furieux, si? elle n'allait pas non plus lui déballer qu'elle avait plus de 2500 ans et qui si elle était venu au pensionnant c'était pour mourir.

Kali secoua discrètement la tête pour chasser de vilaine pensées, avant de faire un pas, reprenant leur route dans le sens d'où Kali était venue. Voyant que le garçon ne le suivait pas, elle se revint sur ses pas et lui prit délicatement la main, lui souriant, avant de le tirer derrière elle. Non, vraiment, il n'était pas coopératif du tout.

Cependant, l'immortelle avait toujours la même impression que tout à l'heure: le jeune garçon ne savait pas ce qu'il était, d'où son intérêt à savoir qui ELLE, elle était. Comme quoi, un brevet en psychologie, même s'il avait été obtenu dans les années 40 était toujours utile... Qu'importe, elle était bien décidé de l'aider, tout en les sortant d'ici. Au moins, ça leur occuperait l'esprit à tous les deux, et ils oublieraient qu'ils étaient coincés dans cet endroit inquiétant.

"Mais vu comment tu me regardais, je suppose que ta question aurait plutôt dû être "Qu'es-ce que je suis?", n'es-ce pas Haru?"

Tout en lui lâchant la main pour pouvoir reprendre con cahier de notes devant elle et de l'autre illuminer le mur, elle lança au-dessus des pages un sourire rempli de malice au jeune homme. Elle l'avait sûrement percé à jour ou lui avait lancé en pleine figure quelque chose que lui-même ne savait pas. Cela pouvait paraître cruel, mais c'était plutôt gentil de sa part. C'est vrai, la réalisation est le premier pas vers la guérison. Bon, il n'était pas malade, mais c'était un premier pas pour l'aider.

Un moment absorbée par ce qu'elle voyait, elle oublia un peu le garçon qui était silencieux derrière elle. Elle continua à avancer, alors que celui-ci la suivait. Kali était encore fascinée par les peintures qu'elle voyait, étant presque tentée de continuer ses notes, mais cela ne ferait que les perdre encore plus que ce qu'ils n'étaient déjà...

La grecque sembla alors soudainement se rappeler de sa discussion avec le jeune asiatique. Non mais vraiment, où avait-elle la tête ce soir? Il fallait qu'elle se concentre sur le faite de distraire Haru tout en les sortant d'ici et non pas être fascinée devant les peintures antiques présentes sur les murs des catacombes! Alors, il voulait savoir ce qu'il était. Il pouvait être toute sorte de chose d'ailleurs, mais quoi? En tout cas, pas vampire, ça, il l'aurait remarqué depuis très longtemps ou serait mort au soleil. Loup-Garou? Hum, probable, les transformés ne se rappelaient pas tous de leurs transformations, surtout à l'enfance et à l'adolescence. Peut-être était-il démon ou ange de naissance? Ce sont des choses plus subtiles qui arrivent, bien que les démons ont le plus souvent la visite de Lucifer assez tôt. Peut-être étais-ce un sorcier ou un mage, leurs pouvoirs aussi était plus discret, non contrôlables sans entraînement. Mais elle aurait beau se torturer la tête, elle ne le devinera pas simplement en le regardant.

"Je pourrais peut-être t'aider à découvrir ce que tu es Haru. Comme tu peux t'en douter, je ne suis plus toute jeune, j'ai vu pas mal de choses dans ma vie..."

Oui, elle n'était plus toute jeune du tout. Attendez, la plus part des démons n'avait pas 2500 ans et, d'après ce qu'elle savait, tous les vampires étaient plus jeunes qu'elle. Enfin, tout du moins, ceux qu'elle connaissait. Alors autant dire, qu'après les Dieux cachés quelque part, elle était une sorte de matriarche de ce monde. Bon, peut-être que Prométhée souffrait encore quelque part dans son coin, mais elle savait qu'elle était une très ancienne de cette terre, sans même avoir son nom dans les livres d'histoire ou de mythologie. Si c'est pas malheureux.

Enfin, revenons à nous moutons, ou plutôt à nos catacombes, et à ce pauvre garçon qu'elle oubliait encore et toujours dans ses pensées. Ce qu'elle venait de dire, c'était pour l'inciter à lui parler. Parler de ce qui lui faisait croire qu'il était étrange, pourquoi il était venu au pensionnat, pourquoi il était sorti cette nuit pour se retrouver ici, aux fin fonds des catacombes...

Spoiler:

Immortel, mais humaine. L'adolescent était rassuré, la jeune femme n'était donc pas une vampire. Au moins, s'ils ne parvenaient pas à trouver la sortie, il savait qu'il ne servirait pas de repas à son nouveau professeur. Le garçon sourit en s'imaginant la scène où il l'aurait supplié de ne pas le dévorer tout en prétextant une infection veineuse qui rendrait son sang inconsommable ou en dénigrant son corps trop mince pour être appétissant.

Trêve de plaisanterie, la jeune femme - jeune, ou pas d'ailleurs - était donc immortel. Cela expliquait le fait que sa blessure ce sois rétablit aussi vite. L'immortalité .. un phénomène à la fois fascinant et effrayant. Qui n'a jamais souhaité être immortel au moins une fois dans sa vie? Tout être humain normal, car la mort effraie, mais être condamné à vivre sans trouver le repos, n'est-ce pas tout aussi effrayant?

Envolé dans ses pensées, l'adolescent ne remarqua pas que la jeune femme commençait déjà à repartir dans le sens où elle était venue. Une nouvelle fois, elle prit les devants et lui attrapa délicatement la main pour « l'informer » qu'il devait avancer. Kali avait vu juste, elle avait clairement compris ce que l'adolescent recherchait quand il lui avait demandé ce que elle elle était. Elle ne tarda pas à le lui faire savoir. Haru ne fut pas plus surpris que ça, cela était facile à comprendre en voyant sa réaction et son professeur n'était pas idiot - ou du moins, n'en avait pas l'air - .

« C'est exact, à ce moment-là, savoir que vous étiez immortel m'importait peu, mais j'espérais que cela puisse m'éclairer sur ma propre identité. Ce n'est malheureusement pas le cas, j'ai déjà pu constater que je n'étais pas immortel. Nous n'avons pas l'air d'appartenir à la même catégorie de spécimen. »

La jeune femme avait lâché la main de l'adolescent pour à nouveau s'engouffrer dans son carnet de notes. Celle-ci présumait qu'elle pouvait peut-être l'aider à découvrir ce qu'elle était car elle avait eu l'occasion de voir beaucoup de choses dans sa vie. Étant immortel et apparemment depuis longtemps, une chose était sure, elle était son ainé, et certainement de beaucoup plus d'années que l'adolescent ne pouvait l'imaginer. Après tout, excepté elle, qui pouvait savoir depuis combien de temps son corps et son âme, parfaitement conservés, voyageaient à travers le temps?

« Je suis persuadé que vos connaissances sont beaucoup plus importantes que les miennes. Et j'espère sincèrement que votre vécu pourra m'éclaircir. »

L'adolescent frotta ses yeux et laissa entendre un léger bâillement. Il devait être tard maintenant et la fatigue commençait à l'envahir. Même si découvrir ce qu'il était l'intéressait énormément, il fallait maintenant se focaliser sur la sortie de ce labyrinthe. De toute manière la jeune femme n'allait pas se volatiliser il l'a reverrait certainement très rapidement.

« Je suppose que cela sera repoussé à plus tard. Car à l'heure actuel, j'ai tout comme vous envie de me concentrer pour retrouver la sortie. »

Spoiler:

Findin' the Exit

Kali sourit simplement à l'élève qui était près d'elle. Il lui faisait confiance, ce qui était un bon point. De plus, il voyait en elle une adulte qui en connaissait plus que lui. Bon point alors. Et il semblait prêt à coopérer pour sortir, enfin, bien que Kali crevait d'envie de le questionner pour l'aider à trouver ce qu'il était et peut-être même l'aider à trouver quel serait sa voie, dans le sens où il devrait rapidement trouver une faction à intégrer. Probablement que son espèce serait déterminant pour cela, mais rien n'est moins sûr.

La jeune femme continua à marcher au gré de la lampe de son cellulaire, tout en regardant les murs et son carnet. Elle passait de l'un à l'autre sans arrêt, tournant les pages, prenant plusieurs chemins l'un après l'autre. Elle espérait que le jeune Haru ne désespère derrière elle, car cela faisait plus de quarante-cinq minutes qu'ils cherchaient. Ils étaient bien perdus, mais Kali continuait à espérer retrouver quelque chose qu'elle reconnaissait.

Une fois arrivés dans un crypte, Kali regarda autour d'eux. Des araignées grouillaient dans un coin, une vipère hissa quelque part, des toiles d'araignées partout et surtout beaucoup de poussière. Elle avait envie d'éternuer mais s'en retint, comme si elle avait peu de réveiller les morts. Cependant, cela ne l'empêcha pas de regarder autour d'elle et de lire la plaque posée sur la tombe. Elle eût alors un énorme sourire et se retourna vers l'élève.

"Haru, on est tirés d'affaires!"

Elle lui prit doucement la lampe torche des mains, vérifia la plaque à la lumière de celle-ci qu'elle venait d'allumer, puis à nouveau son carnet. Non, l'inscription correspondait à ce qu'elle avait écrit et les motifs sur la tombe à ce qu'elle avait croqué. Elle fit signe au jeune homme d'attendre et alla vers un couloir, regarder si elle y retrouvait ce qu'elle avait marqué auparavant. Ne trouvant rien, elle retourna vers le garçon et prit un autre couloir. Retrouvant alors ce qu'elle avait croqué, elle revint vers la salle et fit signe à Haru de la suivre. Depuis ici, ils pourraient s'en sortir facilement.

Se guidant grâce à la lampe torche et à son calepin, elle suivit ses notes à l'inverse, ayant parfois à revenir sur leurs pas pour reprendre un autre chemin. En tout, ils passèrent encore une bonne heure à suivre ses notes. Vraiment, Kali se demandait comment elle avait pu passer tant de temps dans les catacombes en premier lieu! C'était un endroit certes passionnant mais également inquiétant. Mais bon, elle ne craignait rien, et de toute façon, William serait venu la chercher. au bout de quelques mois. Enfin elle croyait que oui.

Au bout d'un moment à suivre les notes, Kali aperçut enfin une lumière au bout d'un couloir. C'était ça, la lumière au bout du tunnel? Bon ok, blague pourrie, mais cella avait réussi à faire sourire Kali qui baissa son calepin, le rangea dans une poche et s'écria:

"Enfin!"

Ironie de dire "enfin" quand on vivait depuis 25 siècles. L'immortelle prit la main de Haru, l'obligeant à courir derrière elle - car oui elle s'était mise à courir vers la lumière bleutée - et monta rapidement les quelques marches qui les faisaient sortir des catacombes. Enfin à l'extérieur, elle lâcha enfin l'asiatique, mit ses bras en l'air en s'étirant, comme si elle venait de se réveiller d'un long sommeil, mit sa tête en arrière et inspira profondément l'air frais du soir. C'est vrai que 4a changeait du renfermé des catacombes hein!

Avec un large sourire, elle se tourna alors vers Haru, lui rendant sa lampe torche qu'elle avait gardé allumée. Depuis le cimetière, elle n'en aurait pas besoin pour rentrer, la lune et les étoiles étant bien assez de lumière comparé aux catacombes. Cependant, Kali ne bougea pas, attendant que Haru parle. De son problème existentiel d'identité notamment.

Spoiler: