Des mots que j'entendais comme dans un lointain souvenir. D'où venait cette voix que je n'avais jamais entendue ? Toujours est-il que celle-ci me fit ouvrir les yeux, pour me faire découvrir le paysage d'horreur qui s'offrait à moi. Là était la folie. Alors Kamio faisait partie de ce monde, lui ? Ces horreurs sans nom se déroulant sous mes yeux et s'imprimant sans que je le veuille dans mes iris, formant des souvenirs indélébiles, qui me hanteront tout autant que l'horreur que j'ai moi-même commise. J'hurlai de toutes ses forces, au milieu des flammes.
Ruines. Extinction. Flammes.
Comment reviendrai-je ? Si je retrouve un jour le chemin du pensionnat, serais-je comme avant ? L'horreur me parcoure, comme un ruisseau d'eau polluée portant je ne sais quelles infections.
Respiration saccadée. Pas. Voix.
Kamio, tu m'as rejoint ici en courant... pourquoi ? Cela te plait-il tant que ça de me torturer maintenant plus qu'avant ? Pars. Ne reviens plus. Par pitié... Je ne pouvais plus parler, ma voix s'était éteinte... dans cet endroit immonde, je n'avais plus grand espoir qu'elle revienne un jour. Je mets mes mains sur mes oreilles. Je ne veux plus t'entendre.

Le loup frotta de nouveau sa tête contre la joue de la jeune fille, heureux. Elle avait un très joli sourire, triste mais très beau. Et une voix très douce... il aboya de nouveau. S'il pouvait sourire, il le ferait, à cet instant. Ses yeux semblaient cependant exprimer le genre d'expression soulagée et amusée d'une personne souriante. Oui, la vie n'était pas si pourrie qu'elle en avait l'air. Il fallait juste tomber sur les bonnes personnes au bon moment et tenter d'éviter le plus possible les mauvaises, même si c'était dur. Il sentit alors comme une intuition. La chose brillante ne le suivait plus. Elle avait perdu sa trace. Bien ! Il avait à partir, maintenant. Il grogna et un léger mot s'articula, à sa grande surprise :
« Au revoir. »

Sa voix était faible et ses mots presque inaudible, comme les siens. Il découvrit ses dents en une espèce de sourire un peu raté. Il inclina vaguement la tête, aboya joyeusement une dernière fois et commença à partir.


Risible. Jouissif. Amusant.
Rien ne me plaisait plus que de les voir, lui et son visage d'ange, torturés à l'extrême. Laisse-moi te tuer. Tout ira mieux après. Ah, Keith, si tu n'étais pas passé par là, il ne serait pas dans cet état. C'est entièrement de ta faute, mon cher. Voyons, comment réagiras-tu lorsque tu reverras le gamin ? Je suppose que tu seras choqué, en espérant que tu te souvienne de cette erreur à chaque fois que tu méditeras. Je ne le fais pas de gaieté de coeur. Je ne fais que revendiquer ce qui m'appartiens. Il n'avait pas à s'interposer, cet ange de pacotille.
Je me mordis la lèvre inférieure. Trop de bruit pour rien. C'était dans ma fonction de Garou de contrôler mon hôte lors de ses transformations à la pleine Lune... au lieu de ça, on m'avait rabaissé à être l'égal de ces soumis de Loup-garous d'Ashenda... et il voulait que je parte et que je me calme ? Rêve ! Je me venge comme je peux, et le résultat ne sera pas beau à voir...
Torture. Sadisme. Horreurs.
Je courrai pour rattraper le gamin. Il est tombé très vite, à croire qu'il est à deux doigts de s'abandonner complètement. Il a fallu que cette voix retentisse... quoique, c'est aussi une bonne chose qu'il voie de ses propres yeux jusqu'où est allée la folie et la rage qui m'animent... pour l'instant. Tu en apprendras plus sur moi en peu de temps dans cet endroit, qu'en toute une vie.
Des gens changent, ici... mais il faut une sacré force... que tu n'as sûrement pas... alors tu ne deviendras que fou à lier... au pire. Au mieux, tu auras vu trop d'horreurs pour retrouver cette voix que tu as si piètrement égarée au détour d'une angoisse...