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 Nil Admirari, un Ab Irato... pas comme les autres. [Finie, attente de validation.]

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Cende Selah
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MessageSujet: Nil Admirari, un Ab Irato... pas comme les autres. [Finie, attente de validation.]   Nil Admirari, un Ab Irato... pas comme les autres. [Finie, attente de validation.] EmptyDim 19 Déc 2010 - 16:14










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Thème musical : After Cloudia, Versailles.




Nil Admirari, un Ab Irato... pas comme les autres. [Finie, attente de validation.] 11010206430170974


Nom : Admirari

Prénom :
Nil

- Facultatif - Surnom :
Le Schtroumpf (pas très glorieux). L'androgyne (tout dépend de votre point de vue). Le tigre (miaou). Et bien d'autres encore...

Âge :
17 ans.

Nationalité :
Origine asiatique, pays exact inconnu.

Orientation sexuelle :
Bisexuel. Enfin... ce n'est pas comme si Nil s'était déjà posé la question.

Race : Humain.

- Facultatif - Tendance : Bah... Nil n'a pas le profil du méchant non ?

Nil Admirari, un Ab Irato... pas comme les autres. [Finie, attente de validation.] 110102064132994882

*- Physique.

Description physique : Admirari?

Il est de taille moyenne, a des cheveux noirs et des yeux bleus. Blanc comme un cachet d'aspirine, aussi. [Quoi, c'est tout? Rien d'autre à dire?] Puis, j'sais pas... l'est normal. Enfin, il a une tête de pas réveillé tout le temps. [Non, il est blasé.] Toujours, tout le temps blasé. Du coup, il a une tête pareille. Blasée. Quand il marche, il marche la tête basse. Quand il la lève, il regarde dans le vide. Pour les gens, il est effrayant. Moi j'm'en fous. [Minable. Minable, minable, minable! Il est sublime, espèce d'imbécile! Magnifique! Décris-le comme je le vois, abrutie!] Il est plus grand que Ge... que moi. Il est fin, terriblement fin, n'est pas très musclé. Juste ce qu'il faut. Il est typé asiatique, japonais, coréen, peut-être. J'sais pas. Il a de grands yeux bleus. Un nez fin. Quand il regarde quelque chose, on le sait. Il est toujours dans la lune, quelque part, perdu. Ca se lit sur ses traits. Ses traits fins. Il a un visage... [Beau! Sublime!] Androgyne. [Non! Il est beau! Il est vraiment charmant!] Androgyne. [Séduisant!] Androg. [BEAU! Tu discutes pas! Il est beau, un point c'est tout!] Il plait. Il plait à certaines. Du moins, quand il daigne les voir. Les regarder. Il ne parle jamais. Une ou deux fois. Sa voix, on dirait qu'elle n'a jamais muée. Il doit avoir aux alentours de dix sept ou dix huit ans, pourtant. Enfin, c'est ce qu'on peut voir physiquement. Mais on dirait qu'il est muet, parfois. Il regarde dans le vide avec ses grands yeux lagon. Deux billes turquoises. [Splendides... Merveilleux...] Elles essayent de lui courrir après, il les sème. Il marche. Tout le temps. Personne ne l'a vu courrir, il est trop fatigué pour. Un air faussement intéressé sur le visage. Un visage androgyne, mi homme mi femme. Il est... [La ferme! La ferme! Tais toi! Tais toi! C'n'est pas vrai! Il m'aime! C'est certain! Tu as bien vu la manière dont il me regardait, non? Il m'aime! C'est certain, il m'aime!] Il ne s'habille pas pour plaire, mais pour perdre le moins de temps possible. Tout est calculé pour lui permettre un maximum d'heures de sommeil. À croire. Il est simplement... obsédé par ses états. Mais il ne dérogue pas à ses règles de bonne tenue. Teint cadavérique, yeux lagon, sourcils épilés, cheveux mi longs ébènes, petit nez retroussé, lèvres fines, sourire en coin lorsqu'il n'essaye pas d'être le plus neutre possible. Dans l'ensemble, grand. Mince. Il marche comme un spectre. Il est discret, n'essaie pas de se faire remarquer. Il a de grands cernes, sous ses lacs. Faute de dormir à sa guise. Il a la marque de l'oreiller sur la joue. [Une fois avec moi, ce n'est pas de l'oreiller dont il aura la marque.] La marque de l'oreiller... [La marque de l'oreiller...] Il dort. En général. Quand on le voit, on dirait qu'il est somnanbule. Il dort debout. Il n'est jamais captivé par quoi que ce soit de potentiellement logique. Paradoxe, à côté de ça, sa rétine s'extasie devant un nuage, ou un papillon. Ces moments où il est réactif, ce sont les seuls qu'il vit vraiment. Le reste du temps, il agit plus ou moins comme un autiste. Il a quelque chose du chat. Du félin. L'air faussement intéressé, peut-être. Il a quelque chose du chat, la paresse, la bienséance. Il est froid. Sa peau est glacée. Je... [Moi! Je! Je lui ai attrapé le poignet! C'est moi qui l'ai fait!] Il était glacé. Il a les traces de l'étreinte sur le poignet. Les cicatrices de ce passage où on lui a rentré ses griffes dans sa chair. Le faire saigner... Mais il se fout des gens. Il se fout du regard que les gens portent sur lui. Ce qu'il aime, c'est être comme il est. Négligé. Jamais coiffé, jamais vêtu autrement qu'avec un manches longues, un vieux jean's troué. Il a les cheveux bleus. Noirs, bleus. [Bleu marine.] Sombres. Ses yeux sont clairs, trop clairs. Turquoise, cyan. Son regard est terne, sans vie. Mélancolique, puant la frayeur de la foule, du monde. Il est grand. Grand. Facilement un mètre quatre vingt. Plus, sans doute. Et pourtant, personne ne le remarque. Personne. Si on le voit, la tête basse, le regard vide, on l'oublit. Il s'oublit vite. Cherche à se fondre dans la masse. Le bleu lui va à ravir. Il est sublime, tout de bleu. Chez lui, tout est naturel. Son stoïcisme, son je-m'en-foutisme, son bleu. [Il adore sa tignasse.] Il a l'air de l'aimer. Il ne la coiffe quasiment pas. Manque de temps, aucune envie. Ils sont fins, ses cheveux, mais nombreux. Difficiles à brosser. Il s'en moque royalement. Il n'y a que ces yeux. Deux perles céruléennes. Deux saphirs horriblement chers. Il est glacé. Un air pôlaire. Une attitude féline. Cache quelque chose. Sa voix, douce et mélodieuse. [Charmante et calme.] Docile. Une voix de femme. [ANDROGYNE!] Une voix dont il n'use jamais. Une voix dont il a peut-être honte. Il ne parle pas aux gens. Il parle aux nuages, ou aux papillons. Il ne parle pas à la foule. La foule, elle, le voit comme bizarre, étrange, mystérieux. Elle le délaisse vite. Il n'a rien de marquant, chez lui. Look anticonformiste rangé quelque part dans une chambre d'hôtel, parures abandonnées, rejetées. Se contente... [Seulement...] De deux gemmes azurées, brillantes. Il fuit les gens. Tout simplement...
! . Parce que les gens n'ont pas le droit de suivre pareilles merveilles ! .]


Signes distinctifs / Maladie quelconque : Le chocolat... Son péché mignon... Il devient dingue lorsqu'il en voit. Malheureusement il y est allergique...


*- Caractère.

Description du caractère : C'est un masque, qu'il porte. Ca se sent.

En soit, il doit être hyper émotif, mais ne doit pas le montrer. Il ne doit pas aimer sa facilité sentimentale. C'est comme ça. En tout cas, il ment. Il se cache derrière un mensonge nourri avidement. En soit, il veut sans doute s'armer d'une absence totale de ressenti, d'émotions, pour jouir d'une neutralité qui lui irait bien. Le problème, c'est qu'il ment mal. La faute à ses iris lapis-lazuli. Ils rejettent tout ce qu'il peut tenter de montrer qui ne lui correspond pas. Il ne sait pas mentir. Mais il est très calme. On ne peut le lui enlever, ce calme. Toujours dans la lune, perdu on ne sait trop où. Il ne parle jamais. Jamais aux personnes à apparence humaine. Il ne veut pas y être confronté. Il n'aime pas les avoir face à lui. Une nevrose, un détail qui fait que les regarder dans les yeux est un combat acharné. Il n'y arrive pas souvent. Timide. Trop calme. Il aime dormir. Il ne dort pas énormément. La nuit, on ne le voit jamais. Il n'est pas dans sa chambre, il n'est pas sur les toits, il n'est pas dehors. Il se déplace constamment. Est toujours en retard. Il ne peut pas vivre sans musique. Un casque sur les oreilles. Aucune idée de ce qu'il écoute. On jurerait qu'il sait jouer d'un instrument, parfois. Ses doigts. Ses doigts ont la forme de ceux d'un joueur de pianiste. Longs et fins. Néanmoins, c'est une hypothèse. Il pourrait très bien jouer de la guitare. Ou ne pas jouer du tout. Enfin. Il a des doigts de pianiste. Des doigts qui doivent faciliter l'accès au fond des tubes de médicaments. Mmh... Il prend des médicaments. Il ne se drogue pas, il est juste malade. Il prend des calmants. Rien n'est plus dur que de cacher ses sentiments et ses émotions. Pour ne pas cèder, pour continuer son jeu, il prend des calmants. C'est certainement pour cela qu'il a en permanence une tête de mal réveillé. Il est ensuqué. Une pauvre loque. Un jour, il a dû oublier de les prendre, sans doute. Il s'est énervé, violamment. Pas souvenir de pourquoi, mais il est normal d'extérioriser lorsque l'on se retient d'agir selon ses codes pendant un moment. Lié à un problème de stress, d'angoisse. Puis il s'est échappé, personne ne l'a croisé avant le repas. C'est un hyper conscient. Aucun doute là dessus. Un hyper conscient qui cherche à s'éloigner de sa nature. Rien de plus. Il n'est pas du genre à bouffer les gens, s'il leur parle. Plutôt celui à se taire au maximum. Pas de voix. Si c'est un sexe opposé, face à lui, il peut devenir fou, s'il n'a pas prit ses calmants. Il cherche à contrôler ses émotions, à chaque secondes. Ca le rend fou, ça se voit. Il s'en rend malade. Ca ne l'enchante pas, il ne fait pas ça pour le plaisir. Il y ait contraint. Tout ça, ce sont ses yeux qui le pleurent. En silence. Invisible. Il est discret, timide. On l'oublit facilement. Ses larmes encore plus. Il se cache, pour pleurer. Ca se sait. Ca se ressent. Il ne se lit avec personne. Il a horreur de parler aux inconnus. Il est loyal, ne peut trahir une parole. Il n'est pas méchant, qui plus est. Juste un peu rustre, trop sur la défensive. Il lui ait arrivé quelque chose dont il refuse de parler. Il lui arrive quelque chose qu'il refuse d'avouer. Il est contraint de vivre comme il vit. Il n'a rien choisi. Il n'a pas eu le choix. Apôtre de Dieu, quelque part, sans doute. Une âme de martyr. Il assume, en grand héros drama... tragique. Inspire peur et pitié, accepte son destin. En classe, la seule et unique fois où on l'a entendu parler de l'année, ce fut pour dire cette réponse. Preuve d'une symbolique écrasante, d'une connaissance de cause. Il sait qui il est, mais ne sait pas qui il sera. Il n'en a pas la moindre idée. Son plus gros défaut, c'est qu'il n'a pas de rêve. Il n'espère rien. Il s'en veut, uniquement. Il vit dans des remords, des regrets. Il refait son passé à l'instant présent. Il ne se sentira jamais bien. Là, il fait voeu d'indifférence. Il n'y arrive pas, se laisse aller régulièrement. À la première difficulté, en fait. Son lot quotidien, c'est ce mur qu'il n'arrive pas à franchir. C'est ce portail en fer forgé contre lequel il se cogne, il se projette, sans jamais parvenir à le faire tomber. Il se laisse aller, tombe dans l'anesthésie radicale. Bientôt, il souhaitera le coma. Le seul véritable lieu où il se sentira chez lui. Là où il pourra rêver comme il le veut. Là où il pourra dormir quand il le souhaite. Ce qu'il cherche? Il n'en sait rien. Mais il reste vivant, le mystère incarné, à la recherche de ce qui fera son bonheur.
Cependant, après tout, cela reste objectif. J'n'en ai aucune idée, de ce qu'il peut bien être. J'm'en fous.
J'aime pas le bleu.


- Facultatif -

Passions / loisirs : Se balader en écoutant sa musique. Oublier le monde qui l'entoure. Pour ça il aime peindre et dessiner, il aime s'isoler avec sa feuille blanche et esquisser quelques traits... Il n'aime par contre pas que l'on touche à ses créations. Il trouve cela gênant...

Phobie / cauchemar : ... La liste est sincèrement trop longue pour pouvoir être développé. Résumons la chose ainsi : Nil a peur de tout. Nil flippe pour rien. Nil a autant peur de lui qu'il a peur des autres, de tout le monde. Mais... si quelque chose l'effraie vraiment, c'est sans doute... la petite fille de l'orphelinat.

Rêve / ambition : Comment dire...? Nil n'a aucune ambition, c'est un défaut qui fait partie intégrante de sa personnalité. Nil ne sait pas pourquoi il vit. C'est comme ça. Peut-être a-t-il une "envie"... Il aimerait bien retrouver la petite fille.

Manies : Il regarde toujours dans le vide. Ne s'affole jamais de rien ou alors au contraire il s'existe pour rien...

----

*- Pouvoirs.

Pouvoirs :

Mon premier est haïssable. Tout bonnement révulsif, répugnant et effrayant parce que redoutable et écrasant. Horrible. Mon second est terrifiant, affolant, épouvantable même… Mon troisième est par-dessus tout fatidique et inéluctable. Mon tout est traumatisant. C’est comme ça qu’il le perçoit. C’est d’un œil mauvais qu’il la regarde, cette particularité qui lui est tombé dessus. Par hasard, vraiment, faute à pas de chance, ni plus ni moins, mais il le portera pour toujours, ce poids qu’il représente. Il ne sait pas. Pourquoi lui ? Pourquoi ça ? Pourquoi cette anormalité ? Et, jamais de réponse. En fait, il ne l’attend plus. Il sait juste qu’il ne doit pas sortir la nuit, il sait juste qu’il doit surveiller sans cesse ce qu’il ressent, qu’il ne doit plus jamais exploser… c’est tout.
Mais quel est-ce pouvoir qu’il déteste tant ? Il est des plus simples, ne consiste qu’en une métamorphose. Toujours la même, elle donne naissance au même tigre blanc depuis des années. Elle peut être contrôlée, c’est-à-dire voulu, mais chez Nil, cela est rarement le cas. La plus part du temps c’est sans le consentement de l’androgyne qu’elle se produit -cela ne serait pas aussi poilant sinon vous en convenez…-.
Il n’est pas le seul après tout, il le sait. Il a cherché, dans des livres. « Ab Irato », c’est-ce qu’il a lu, c‘est-ce qu‘il lui avait dit. Ah les Admirari… Qu’avaient-ils en tête ce jour là… Lorsqu’ils ont passé ce pacte avec les tigres blancs…? Cette famille doit aujourd’hui et depuis très longtemps protéger ces animaux, en échange, ils peuvent prendre leur apparences dans certaines circonstances, leur puissance, et peut-être d’autre pouvoirs encore. C’est-ce que l’on pourrait appeler un don.
Tout acte ou parole pouvant créer la moindre émotion, chaque élément susceptible de le "perturber" est quelque chose de "mauvais" pour lui. Il ne peut pas. N’a plus le droit de se laisser aller. Il doit rester neutre, en toutes circonstances et ne jamais céder au moindre sentiment. Bien entendu, il a une certaine marge pour laquelle son corps ne peut muter. Les émotions ne doivent alors pas dépasser un certain seuil, être trop fortes, trop puissantes, comme la surprise, l’horreur, l‘impatience, le stress. Même une joie trop grande est bannis ici. De son monde, de lui.
Nil ne peut, de la même façon, sortir la nuit en un lieu public. Sinon… que pourrait-il se passer si l’on le voyait ainsi transformé…?

Mon premier est un acte immoral, quelque peu malsain, pervers, indécent, licencieux dépravé. Mon second est un enchevêtrement de liens. Mon troisième, en quelque sorte plait bien à Nil, du moins, il ne le dérange pas. Mon tout s’avère pratique. D’un simple regard, s’il est intéressé (ce qui est rarement le cas) Nil peut percevoir d’une certaine façon, toutes relations liant une personne au reste de la société. Bien que cela ne le regarde en aucune façon, apprendre des choses sans avoir à poser la moindre question est une idée assez plaisante pour l’hyper-conscient. Il ne rejette donc en aucun cas ce pouvoir des plus discrets et l’apprécie à sa juste valeur.

Mon tout dernier est inconnu, peut-être que Nil se découvrira un autre pouvoir au fur et à mesure du chemin qu'il mènera à Fantastic High School...



-Facultatif-
Préfèrences en méthode de combat / armes :Nil n'a d'égal lorsqu'il s'agit d'utiliser la technique "défensive" (en d'autres termes : la fuite).

Nil Admirari, un Ab Irato... pas comme les autres. [Finie, attente de validation.] 110102064441997286

Voir poste suivant.

- Facultatif - Pourquoi êtes-vous arrivé à FHS? :

L'ombre s'étend et la blessure au loin s'agrandit progressivement.
Juste sous le soleil qui lui feint de ne rien voir,
Si je m'en vais, je pourrais tout cacher...




Nil Admirari, un Ab Irato... pas comme les autres. [Finie, attente de validation.] 110102064012559061

Rp sur l'entrée au lycée : Il fallait bien aller quelque part. Il fallait bien faire quelque chose. Il fallait bien qu’il se bouge un peu, même s’il n’avait pas envie de ça, même si en vérité, il n’avait plus envie de rien. Trop lâche pour mettre fin à cette vie qu‘il trouvait pitoyable, perdu, en quête d’un but, à la recherche d’un rêve qui lui tomberait dessus sans même qu’il n’est à se demander ce qu’il aimait dans ce monde, il est partit. Il a juste rassemblé quelques affaires et, il s’est enfuit. Il a regardé en arrière oui, bien sûr, comme toujours, la tête baissée. Ses deux azurs rougis par le désespoir, c’est pourtant le regard vide qu’il a commencé à marcher. Il s’était dit que tourner la page serait plus facile comme cela et, il se demande parfois, si, ce jour là il n’était pas partit, es-ce qu’il y serait encore…?

Le train venait de siffler : il partait lui aussi, et il n‘allait pas attendre que Nil se décide. Hésitant, il grimpa alors dedans, juste avant que les portes ne se referme, et que le paysage commence lentement à défiler au travers des vitres sales. Ce train, il était presque vide. Destination : nulle part. Terminus : Transylvanie. Le train a continué son chemin au travers de la ville, s’arrêtant chaque dizaine de minutes pour prendre quelques passagers abandonnés sur les quais et remplir ses rangs.
Un vieil homme, s’est alors glissé dans le compartiment où Nil était seul. Il lui a demandé s’il pouvait s’assoir en face de lui et Nil n’a pas répondu non. En fait, il n’a rien répondu du tout. L’homme a dû prendre cette absence de réaction pour un « oui » silencieux car, le sourire aux lèvres, il a pris place en face de lui. Au début, ils ne parlaient pas. Nil ne pensait même pas à parler. Il était ailleurs, comme à son habitude. Son expression interpelait l’homme qui n’avait de cesse de scruter son regard. Il y cherchait quelque chose mais ne tomber que sur du vide. Nil n’avait pas l’air de s’en rendre compte, ce silence ne semblait pas peser sur lui, il s’en fichait royalement même. Ce n’était pas le cas de l’homme. Absorbé par les deux saphirs qui ne faisait rien pour engager un regard échangé, il réfléchissait. Comment aborder la conversation avec un individus pareil ? Car oui, il n’y avait pas que ce regard d’étrange chez l’Ab Irato. Gros cernes, joues creusées, comme s’il n’avait rien avalé depuis quelques jours, cheveux bleus et, juste un sac à dos posé à coté de lui alors qu’il avait l’air de faire long voyage… Mais, ce qui intriguait le vieil inconnu n’était que ses yeux. Il y avait quelque chose qui n’allait pas dans ce regard. Il y avait quelque chose qui n’allait pas chez ce jeune garçon. Il ne pouvait pas rester sans rien faire pour lui. Un adolescent d’à peine seize, peut-être dix sept ans… Il avait toute la vie devant lui ! Il devait en profiter autant qu’il en avait profiter lui. Il fallait le faire sourire, et le faire sourire avec les yeux. C’était sans doute son dernier challenge. Le vieil homme se frotta les mains, peut-être de froid, ou alors de stress. Il se racla la gorge plusieurs fois pour tenter d’attirer l’attention du tigre mais, rien n’y fit. Cela ne l’étonna pas : ces yeux là étaient coriaces, et il le savait. Il ne se laisserait pas battre si facilement. Le jeu était dans son camp. Il avait toujours eu la main chanceuse : carré d’As. Le garçon n’en possédait donc aucun. La partie se déroulerait comme il le désirait, cela ne faisait pas un pli, bien entendu il en sortirait vainqueur. Il n’avait après tout, jamais perdue une seule partie.

Le vieil homme est resté un instant sans faire le moindre signe envers le tigre. Patient, il cherchait la phrase qui lui ferait relever les yeux. Ces yeux… Il cherchait le truc qui ferait mouche. Et il allait trouver. A un moment, il a commencé à parler, il parlait à Nil, mais il ne savait s’il l’écoutait ou pas. Il parlait et peu lui importait, sa stratégie porterait ses fruits. Assis dans le dernier wagon en direction du pays des vampires se trouvait un sage, vieil orateur retraité qui aimait toujours autant parler, vieux philosophe appréciant la conversation, charmeur en son temps et du genre à sympathiser avec tout le monde facilement... Un petit air malicieux, quelque chose de magique dans la voix et une lueur chaude au fond des yeux. C’était quelqu’un qui avait vu beaucoup de choses, quelqu’un qui aime partager et qui plus est, quelqu’un de bien. En face de lui : un garçon malade. Le vieil homme se demandait ce qu’il allait bien pouvoir tirer de lui. Un mot ? Un regard ? Un sourire ? Le silence ? Rien du tout ? Un refus ? Alors, il a cherché, il a cherché la petite bête, le petit truc qui attirerait l’attention de l’adolescent, et puis, le vieil homme : il sait parler. Il détient cette sagesse et ce don que seules les vieilles personnes possèdent. Mais Nil l’a-t-il simplement écouté ? Dans ce train, tôt le matin, où le paysage de campagne orageux n’était qu’obscurité, le vieil homme a dit :

- Hé mon enfant, tu sais, j’ai passé ma vie à voyager, je l’ai passée à lire le visage des gens, et à l’expression de leurs yeux, je peux savoir quelles sont leurs cartes, alors, je peux voir que tu n’as pas d’As.

L’androgyne a à peine relevé la tête. Non pas par mépris mais plutôt par manque d’envie. Son regard se fixa lacement sur l’unique œil visible du vieil homme. Vert, fatigué et cerné, un voile opaque lui masquait sans doute une partie de ces capacités visuelles. Et il prétendait pourtant pouvoir lire le jeu des gens d’un simple regard ? Laissez moi rire… Il est presque aveugle…
Nil a entrouvert la bouche, mais n’a rien dit. Peut-être qu’il voulait qu’il lui explique. Qu’il lui explique ce que cela voulait-il dire. Mais peut-être au fond de lui avait-il comprit… Alors, il a détaché son regard de l’émeraude et il a de nouveau baissé la tête. Soumission de l’ennui. Oui, cet homme paraissait l’ennuyer. A lui parler, comme cela, alors que lui, lui n’avait rien demandé. Lui ne voulait pas parler. Lui détestait qu’on vienne le voir. Lui qui avait toujours eu peur des gens. Lui qui ne voulait plus s’attacher à quoi que se soit. Lui n’en avait vraiment pas envie. Lui voulait qu’on lui foute la paix.

L’homme, ne s’est pourtant pas laissé abattre. Le jeu ne faisait que commencer après tout. Les yeux de Nil étaient un mystère pour lui. Quelque chose d’inconnu, quelque chose à qui, durant sa longue vie, il n’avait jamais eu affaire. Ce bleu était un champ de bataille ouverte. La table qui les séparait en guise de no man’s land, les cartes étaient distribuées depuis qu‘il était entré. Le jeu pouvait donc commencer, il n‘attendait que ça. Emeraude contre Saphir. La mise : égayer cet océan dévasté.

Cet océan qui était de nouveau plongé dans la contemplation de la table sur laquelle il venait de déposer ses mains, croisées. L’océan aurait pu déborder si seulement l’envie ne l’avait pas entièrement quitté. Le silence, l’absence de toute chose, c’est ça dont il avait besoin. Mais cet homme le faisait réfléchir. Dans sa tête, ça tournait à nouveau. Les idées folles se mélangeaient encore. Se mêlant aux souvenirs les plus atroces. Nil voulait se boucher les oreilles, mais n’en avait pas la force. Il aurait fallu relever ces deux mains qui étaient posés si agréablement sur cette petite table…

- Si tu veux jouer fils, il faut que tu apprennes les règles parfaitement. Tu dois savoir quand les tenir, quand les plier, savoir quand courir, et quand partir.

En parlant plus à ses mains qu‘à l‘homme, l’Ab Irato a répondu lentement, de sa voix enfantine, dans le vague, le regard toujours aussi vide, qu’il venait justement de partir.
Un nouveau silence s’en suivit. Les paroles de Nil s’était depuis longtemps évanouies. Mais cela aussi était calculé, il fallait choisir le bon moment pour jeter la carte. Il fallait bluffer. Faire semblant de ne pas savoir quoi répondre. Le laisser travailler ce qu’il venait d’avouer, le laisser comprendre par lui-même quelle était la voie à suivre avant de la lui indiquer. Lorsqu’il a juger que c’était le moment, le vieil homme s’est penché vers lui, et, de sa voix la plus grave, il a murmuré :

- Mais as-tu choisis le bon chemin ? A tu suivis la bonne carte ? Hé gamin, tu veux que je t’expliques mon secret pour gagner ?

Le malade a levé, puis rabaissée la tête en signe d’acquiescement, ses azurs toujours rivés sur l‘ivoire de ses mains.

- Quand tu joues, il te faut savoir quoi jeter et quoi garder.

La douleur semblait étrangement lointaine, mais une larme s’est quand même faufilée, lentement, elle s’est échappée de l’œil droit du jeune homme : « on m’a tout arraché, monsieur ».

- Alors il te faut ramasser ce que tu aurais dû garder. Reprendre ce que le tricheur t‘as volé. Et, un jour, toi aussi, tu retrouvera l’As dont tu as besoin pour gagner.

Le train a crié de nouveau, l’homme est descendu à cet arrêt. C’est avec un dernier sourire qu’il a laissé le rêveur seul dans le compartiment. Puis, est arrivé le terminus. Nil était la seule personne à descendre à cet arrêt là. Et, vu le paysage, cela ne l’étonnait pas. Le lycée où il désirait aller était encore loin. Avant qu’il ne commence à marcher, il a remarqué que quelque chose était coincé sous sa chaussure. Il s’est baissé et l’a ramassé. Un As de pique. Nil l’a glissé dans la poche de son vieux jean. Peut-être était-ce l’As du vieil homme… Peut-être l’avait-il perdu… Ce devait être un joueur de poker, sans nul doute... Il avait du gagner sa vie en jouant, certainement… Sans même un soupir, notre ami a fini sa route et a ouvert la grande porte de Fantastic High School. Une nouvelle partie pouvait commencer.


- Facultatif - Relations dans le pensionnat : Aucune relations. Ce n'est pas comme si Nil recherchait le contact...


*- Autres choses sur votre personnage :

Précisions :Nil ne ferait pas de mal à un moustyx...

Nil Admirari, un Ab Irato... pas comme les autres. [Finie, attente de validation.] 110102064537467815

Comment avez-vous connu le forum? Grâce à ma chérie.

Quelque chose à proposer pour l'améliorer? Bah non, l'est très bien ce forum ^^

Code : Faut vraiment songer à trouver autre chose, les gars. Syndel.

Ajouter quelque chose?
Rien à signaler.


Dernière édition par Nil Admirari le Dim 2 Jan 2011 - 13:15, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Nil Admirari, un Ab Irato... pas comme les autres. [Finie, attente de validation.]   Nil Admirari, un Ab Irato... pas comme les autres. [Finie, attente de validation.] EmptyMar 21 Déc 2010 - 1:05

Histoire :


Détournant le regard, je cesse de respirer.

Il était là. Seul. Entièrement seul. Le pourquoi de sa venue était inconnu. Il était là, et devant lui, ils jouaient, criaient, riaient aux éclats. Nil est resté seul, et n'a pas cherché à les rejoindre. Déjà jeune, il ne savait pas où était sa place. Les adultes venaient vers lui, il fuyait. Les enfants sortaient de l'orphelinat pour s'amuser ensemble, il se tenait barricadé dans sa chambre, numéro quatre cent soixante deux, quatrième étage.
Il se mettait toujours à sa fenêtre, et il passait des heures à observer l'extérieur. Les enfants, au final, l'évitaient. Il faisait peur, il était différent. On l'appellait le Shtroumph, à cause de ses cheveux bleus. Mais le Schtroumpf, bien que différent et que proclamé paria, ne changea en rien ses habitudes. Il restait toujours dans cette chambre numéro 462, au quatrième étage. Il avait sept ans. Sept ans, et vivait reclus dans sa tour de marbre. Il ne descendait que lors des repas, remontait aussitôt ce dernier clos. Les adultes ne se faisaient guère de soucis à son sujet. Loin d'être turbulent, il se garder en plus très bien tout seul. Nil collait son nez à la vitre froide de sa chambre, et ne bougeait pas. Dehors, il observait le paysage enneigé. Les sapins qui composaient la forêt pliaient sous le poids immoral des flocons amassés. Les toits des maisons lointaines passaient du noir ardoise au blanc arctique, et la route verglacée lorsqu'elle n'était pas complètement recouverte par la poudre hivernale était impraticable. Rapidement, les enfants ne jurèrent plus que par ce cadeau du ciel. Ils sortaient, ravis, emmitouflés dans leur grosse veste, leur Pantalon épais, leur écharpe lourde, leur bonnet inconfortable, leurs paires de gants bien trop larges. Les bonhommes de neige sortaient de terre aussi vite que les boules blanches traversaient la zone de guérilla pendant les assauts décuplés. Nil vit pour la première fois les joies de l'hiver pendant les fêtes de fin d'année.
Il n'y participa pas.

Le soir de Noël, il fit l'effort de descendre près du grand sapin décoré, avec tous les résidents à qui il n'avait jamais parler. Son regard fut automatiquement dirigé vers la flamme du foyer, grillagé et interdit d'accès de crainte de voir quelques doigts réduits en cendre. Il la mirait comme une danseuse de ballet. Elle ondulait gracieusement sous l'emprise des souffles mélangés, se mouvait à la manière d'un serpent qu'il s'amusait à imaginer. Puis, pendant que cette femme blonde racontait ce qui semblait être une histoire de Noël, on frappa à la porte. Le directeur du pensionnat que Nil avait appris à connaître suite à de nombreuses convocations dans son bureau, un homme grand et large, d'un certain âge à ce moment-là, quitta son fauteuil moelleux et s'engagea à l'ouverture des grandes portes d'entrée de l'orphelinat avec une escorte de deux ou trois moniteurs. La femme blonde continua son histoire. Le jeune garçon, lui, ne jurait plus que par le feu ondoyant à ses côtés. Il n'y avait que ce feu, cette chaleur, cette bienséance splendide, qui l'empêchait de regagner le quatrième étage. Finalement, la petite troupe ayant déserté quelques minutes auparavant revint, et quémanda le silence le plus absolu. Il annonçait la venue d'une nouvelle résidente. Nil ne retint pas son nom à cet instant. Un moment d'absence le submergea. Il n'était plus là. Il était dans la neige, dehors, et il courrait, courrait, à en perdre haleine. Il n'était pourtant pas fatigué, et il continuait à courir, comme s'il fuyait quelque chose. Puis il tomba, face contre terre, avalant au passage le tapis immaculé. Quelque chose fonçait sur lui, un spectre massif, qui se jetta sur lui au moment où il tentait de se redresser. Ce qui le sauva de ce cauchemar, ce fut cette masse noire qui s'agenouilla entre lui et la douceur estivale. Il sortit de sa transe en sueur, sans que personne n'eut remarqué sa fugue intérieure, et constata que la séance contes de fêtes avait largement avancé. Mais il s'en fichait. Face à lui, la danseuse enflammée s'était incarnée.
Etant née fille, ils n'étaient pas ensemble. Nil ne cherchait pas à aller la voir, rongé par la timidité. Puis même. Il ne voulait pas la déranger. Elle et ses longs cheveux ébènes, sa jupe courte, son cahier. Le jeune garçon était heureux. Il se contentait de l'épier de loin, lorsqu'elle était dehors perchée sur la branche d'un arbre et qu'il était emmuré dans sa tour de verre. Cette fille était la seule à ne pas sortir par la porte. Elle n'en traversait jamais le seuil, passait au lieu de cela par la fenêtre. Elle restait seule, ne donnait pas l'impression d'en souffrir ne serait-ce que l'ombre d'une seconde. Puis il neigeait. Les autres sortaient habillés, alors qu'elle bravait la morsure sibérienne avec sa jupette, ses chaussures plates, son blouson noir, son cahier. Sa direction était ce saule pleureur reclu, en général. Un arbre centenaire à l'abri des autres branches parce qu'un peu éloigné de la forêt avoisinante, qui souffrait énormément de la couche enneigée, mais qui offrait une protection sûre contre le vent. Et elle s'installait sous ses cascades végétales, assise à même la neige ou adossée au tronc frileux. Elle prenait place et ne sortait plus de sa cachette, s'emparant de ces quelques pages misérables qu'elle ne lâchait jamais et lisant toute la journée. Nil, un jour, comme à son habitude, l'observait du haut de sa cage. Il avait prit comme rituel cet espionnage rigoureux, et ne se soustrayait jamais à cette obligation. Dès le matin, les premières lueurs du jour, il savait qu'elle ne tarderait pas. Il se levait donc prestement, fermait la porte de sa chambre à clef, une clef qu'il avait volé dans le bureau du directeur, et revenit à sa fenêtre fasciné par le scintillement glacé dans son champ de vision. La jeune fille ne manquait pas son rendez-vous, et rapidement, il la vit sortir par la fenêtre du réfectoir au rez-de-chaussée. Sa jupe du jour était noire. Elle était toujours habillée en noir. Ses longs cheveux raides étaient eux aussi très sombres. Ses yeux, quant à eux, il n'avait pu les voir de près, mais il les imaginait sans grandes difficultés charbon aussi. Comme de raison, elle alla chercher son saule nu, et une fois installée, entamma sa lecture floriscente. Il la mirait avec un interêt fou. Pour captiver Nil, il n'en fallait pas beaucoup. Cette fille avait, dès la première fois, su le captiver. Il se dégageait d'elle une aura de ténèbres, d'horreur, et quelque part d'un stoïcisme affligeant. Lui s'en délectait. Il prenait cette démarche pour un jeu, et s'amusait à la décrypter comme il le pouvait. Il plaquait sa paume bleue contre la buée de sa fenêtre basse, respirait calmement, approchait son visage de la transparence, s'extasiait devant ce petit bout de rien. Echange loin d'être prolixe. La fillette ne réagissait pas, plongée dans son oeuvre qui de loin paraissait totalement vierge. Nil la trouvait jolie, sans plus. Un peu simple physiquement pour être démarquable. Ce qui lui plaisait, chez elle, c'était son attitude, sa façon d'être. Elle n'était pas comme les autres, au contraire, elle agissait plutôt comme lui, à les fuir. Elle non plus, n'avait pas l'air d'aimer la foule. Et ça le rendait fou de curiosité. Son attention ne divaguait pas, mais une névrose non déclarée s'emparra de ses bouts de doigts. Ses ongles rebondisaient, chacun leur tour, contre la vitre troublée. Il ne s'en rendit pas compte, sur l'intant. Ce qui le fit comprendre sa démarche, ce fut le changement infime de la cible, qui stoppa nette sa lecture, qui marqua un temps d'attente angoissant, et qui redressa brutalement la tête vers la fenêtre. Le garçon s'en trouva mal, comme si une poigne gigantesque venait l'étrangler à distance, sans qu'il ne sache qui, pourquoi, ou comment. Il la regardait, les yeux injectés de frayeur, ne pouvant les détourner. Il était subjugé par cette vision foudroyante, ce regard noir. À cet instant, Nil venait de comprendre que l'on pouvait lui faire comprendre qu'il existait. Et ce, rien qu'en lui montrant que l'on pouvait le tuer à tout instant. La jeune fille chercha du regard autre chose. Elle tourna la tête de tous côtés, pour finalement rester dressée vers le haut. Sur la pointe des pieds, elle essaya de faire flancher la branche la plus basse de la cachette, sans succès. Nil se surprit à sourire de son impuissance, avant de voir une couche de neige épaisse tomber de l'arbre et lui obstruant la vue. N'ayant plus accès à sa cible, il fit volte face et retourna dans son lit.

Le trente et un décembre, une nuit comme une autre. Il faisait froid, les lumières éclairaient l'orphelinat et les arbres les plus proches. Les animateurs étaient tous en soirée dans les bâtiments d'en face, au cas où un imprévu venait à se manifestait du côté des enfants. Ils avaient déjà fait le tour de toutes les chambres, une par une, vérifiant tout les lits, un par un. Les jeunes gens dormaient à poings fermés, exténués par leur dure journée de jeux, de rires et de joie. Nil ne dormait pas. Le souvenir de cette petite fille le hantait, et il s'en voulait énormément de l'avoir dérangé pendant son activité habituelle. Il n'avait de cesse de repenser à ce regard mortel, foudroyant, qui l'avait gelé sur place quelques instants. Elle avait eu l'art parfait pour le traumatiser. Cela ne s'était passé que la veille, et pourtant, il ressassait tellement cette scène qu'il avait l'impression d'avoir vécu des années torturé par ce souvenir immonde. Les adultes rentrèrent, virent le voir. Il avait une chambre seul, rien qu'à lui, ce qui peut être considéré comme une chance lorsque l'on ignore qu'aucun pensionnaire n'a voulu se mettre avec lui parce qu'il était bizarre. Ils le virent, allongé sous ses draps, n'ont pas osé vérifier si ses yeux étaient fermés. Une fois partis, Nil n'a pas pu résister plus longtemps et s'est levé. Il attendit quelques minutes, feignant à la porte d'écouter les déplacements de ses poursuivants. Il finit par ouvrir la porte, et descendre au premier étage, dans la salle commune. Le sapin était toujours là, éclairé de mille feux, et il n'y avait personne à l'horizon. Personne, sauf elle. Car face au canapé, dos à la source de lumière, une jeune fille assise. Il s'approcha de celle qu'il reconnut aussitôt, resta un peu en retrait. Il craignait une réaction trop étrange de sa part, ne savait pas à quoi s'att...

- Je t'ai vu.

Silence. Nil blêmit. Après un temps, il décida de lui répondre.

- T'as quel âge?
- Cinq ans et demi. Toi?
- Sept.

Silence. Il en serait mort. Elle n'esquissait pas un mouvement, gardant les yeux rivés vers son occupation de la nuit. En face d'eux, une pendule dans la pénombre. C'est vers elle qu'elle jetta un reagrd furtil, avant de replonger dans sa bulle.

- Tu auras six ans quand?
- Jamais.

Silence. Le jeune garçon bleu s'approcha d'elle, s'assit à ses côtés. Elle était en train de coiffer avec les doigts une poupée aux yeux de croix, à la bouche inexistante et à la difformité impressionnante. Nil avala sa salive avec mal, les yeux rivés sur cette créature sans vie, et qui ne lui inspirait rien de bon.

- Je peux jouer avec toi?
- Ne me regarde pas lire.

C'était donc cela, cette rancoeur, cette ignorance totale. Nil sentit une main invisible s'emparer de sa gorge et crut mourrir étouffé sur le champ.

- Elle est bizarre, ta poupée.
- Tu veux jouer avec quoi, sinon?
- Je peux?

Soupir odieux, à la fois exaspèré mais aussi épuisé. La petite fille se leva, lâcha sa poupée, la laissa devant l'intrus.

- Joyeux Noël.

Silence. La tête basse et les yeux rivés se détournèrent de la silhouette de chiffon pour les yeux turquoise de ce petit garçon frêle, torse nu, à genoux face à un visage dérangeant qui l'effrayait complètement.

- Bonne année...

Elle lui tourna le dos.

- Merci. Toi aussi.

Sous les coups de minuit, ils se séparèrent.

Elle lui manque, en quelques sortes. Le garçon ne voit plus le temps passer tant il lui paraît long. Il y pense tout le temps, il est omnubilé par elle, ne vit que dans le souvenir de ses longs cheveux noirs, de ses yeux de verre, de son visage fermé. Maintenant qu'elle savait qu'il l'épiait, elle se cachait. Jamais plus, Nil ne la vit sous son saule, sa jupe courte laissant aperçevoir ses collants fins, à lire un nombre incalulable de pages blanches. Ces moments privilégiés où il se retrouvait face à sa fenêtre pour admirer cette jeune muse, il ne les avait plus. C'était donc fini, pour lui. Et cette vérité, il la refusait. Ce fut pour cette raison qu'il passa la journée dehors, dans la neige, torse et pieds nus, à la recherche de cette fille responsable de son bien-être. Il faisait nuit, à présent, et il s'était aventuré trop loin dans la forêt pour retrouver les lueurs des guirelandes lumineuses. Il la cherchait, en vain, mais arrivait à distinguer certains éléments dans la nuit noire. La lune au-dessus de ses cheveux marins, il discernait des branches les corps étrangers et ses pieds endoloris, meurtris par le froid ne ressentaient plus rien. Il cru un moment qu'ils étaient morts, de cet effort inconscient et fou. Mais face à elle, il se dit que finalement, ça en vallait la peine.

- Qu'est ce que je peux faire, pour que notre situation ne soit pas si emmerdante?

Cela faisait des semaines. Des semaines, et des semaines, qu'ils ne s'étaient même pas vu de loin. Il voulait grimper à cet arbre, grimper sur ces branches pour la rejoindre. Il voulait attirer son attention, coûte que coûte, ne désirant revoir que ses yeux ébènes, cette aura de glace, ces lèvres figées par l'hiver. Elle ferma son livre. C'était la première fois.

- Rien.
- Sérieusement...
- Quoi?
- J'en ai marre de pas te voir.

Silence, et reprise quelques secondes plus tard, le temps pour la brise de se faufiller entre eux.

- Quel malheur.
- J'y peux rien, moi...
- C'est moi, alors?

Il est resta muet, le souffle coupé. Rien ne le prédisposait à une telle réponse, et pourtant, ce fut le cas. Nil porta ses doigts à ses dents, s'en arracha la peau, tentant de parler en même temps. La petite fille au livre devait se régalait de le voir dans cet état.

- Non, enf... non...
- Tu peux disposer.

Elle retourna à sa lecture, feuilletant pour retrouver sa page. Lui comprit que le temps imparti était écoulé. Ne pouvant pas rentrer, il s'asseya au pied de l'arbre, sur la neige épaisse, et s'endormit adossé au tronc.

Nil jouait avec les quelques aiguilles de pin qu'il retrouvait, semées un peu partout dans la salle commune. Il n'y avait pas un chat, les autres préfèrant jouer dehors, profiter de la neige. Il neigeait tout le temps, quasiment tous les jours, et le petit garçon commençait à en avoir assez. Il avait un rhume, depuis quelques jours. Les symptômes et la récompense pour avoir tenté de poursuivre la petite fille au cahier. Devant la cheminée, il était tout seul. Comme toujours. Et ses doigts essayaient d'attraper les aiguilles de l'arbre, ce qui s'avèrait plus compliqué qu'il n'y paraissait. Quand il y parvenait, il les jettait avec le bois. La flamme avait cessé de l'envoûter. Maintenant, il n'y avait que cette fillette, dans ses rêves les plus fous. Et comme de raison, elle poussa la porte du salon à cet instant précis. Sa jupe contourna la silhouette fine et les yeux de saphir, pour venir s'asseoir... pile en face de lui. En tailleur, elle ouvrit son cahier, et oublia la présence du garçonnet.

- Qu'est ce que tu lis?
- Je sais pas.

Et ce fut fini.

Le soir venu et le repas avalé à la hâte, Nil remonta au plus vite dans la quatre cent soixante-deux. Chaque étage gravi lui confèrait une étrange sensation de malaise, qu'il espèrait combler devant sa fenêtre. Il la voyait absolument partout, comme un spectre qui serait venu le hanter. Une plaie qu'il n'arrivait pas à panser. Nil n'en pouvait plus, de vivre à travers ses yeux à elle. Il ne subsistait que pour elle, son dédain monstre et sa fâcheuse tendance à le rejeter, quoiqu'il tentait. Il était déçu, démotivé, ne comprenait plus ce qu'il lui arrivait. Mais le plus tragique, dans tout cela, c'est qu'il avait beau se dire qu'elle ne s'interèssait pas le moins du monde à lui, quelque part, il arrivait à se convaincre du contraire. Le petit garçon bleu secoua la tête en guise de refus d'obtempérer. Elle venait le voir, de temps en temps. Cet après midi, elle s'était même assise en face de lui, devant le feu. Il y avait bien quelque chose, au final. C'était ce qu'il se disait. Sa porte toujours ouverte, il n'eût pas à chercher sa clef pour rentrer dans sa chambre. Ce fut une fois à l'intérieur qu'il la referma soigneusement. Direction la vitre enfumée. Il l'essuya du revers de la manche, colla son nez à la paroi glacée, et ne bougea plus. Aucune lumière, dehors, le vide intersidéral et la morosité à l'état pur qui s'étallaient sous ses yeux turquoise. Il pu remarquer qu'il ne neigeait pas, ou plus. Il pleuvait, à ce moment-là. Il pleuvait doucement, et les gouttes perdues qui avaient cherché à atteindre son visage roulaient le long des protections. Il faisait froid, et Nil tremblait. La main contre la vitre n'avait plus la force de tenir fermement. Finalement, le jeune garçon s'écarta, alla s'asseoir sur son lit. Les froissures du draps l'insupportaient, lui qui d'habitude s'en fichait royalement. Il cherchait à effacer les bulles, à retendre les voiles comme il le pouvait. Mais après un temps de silence à couper le souffle, Nil se mit à pleurer. Il pleurait, pleurait comme jamais auparavant. Puis sa porte s'ouvre. Ses lagons sont tellements aqueux qu'il ne voit même pas qui vient de franchir son seuil. D'ailleurs, il était certain d'avoir fermer à clef. Puis il se foutait bien de qui ça pouvait être. Il ne cherchait pas à cacher ses larmes, au contraire, ils redoublèrent incontestablement. L'intrus s'approcha de lui en silence, s'assit à ses côtés, et ne fit rien. Le temps passait, Nil était exténué et pourtant n'arrivait pas à se calmer. Ses membres entiers tremblaient, il en avait mal au crâne, mal au ventre. Ses sanglots berçaient la pièce. Puis deux bras virent l'enlacer. Ils le saisirent par la taille, les épaules, finirent par la nuque et les cheveux. Leur force d'attrait le fit basculer sur l'intrus, jusqu'à ce qu'il pose sa tête contre son épaule. Les caresses des deux bras continuèrent. Ses cheveux ébourriffés étaient massés par ses doigts de fée, tout son corps arrivait à se détendre au fur et à mesure.

- Ca ira.

Silence. Il avait les oreilles bouchées, et n'entendaient pas réellement ce que l'inconnu tentait de lui souffler. Ses pleurs s'arrêtèrent d'eux même, mais il avait toujours la gorge sérrée et le ventre noué. Il fit un effort pour retrouver son sens d'écoute, ferma les yeux quelques secondes, tenta de se calmer du mieux possible.

- Ca ira.

Et Nil reconnut la voix aussitôt. Doucement, il se laissa emporter par Morphée. Ensuite, plus rien.

Il ouvrit les yeux et se réveilla péniblement. Pour une fois, les rideaux devant sa fenêtre n'étaient pas tirés, les rayons de soleil en profitaient alors pour venir lui chatouiller les paupières. Nil était neutre. Ses cheveux tombaient sur ses épaules lorsqu'ils ne partaient pas en épis rigides. Il sortit de ses couvertures, s'asseya. Il ne se souvenait pas s'être couché comme ça. Il ne souvenait pas s'être couché tout court. Il regarda ses mains cadavériques, entendit son ventre gargouiller. Il ne portait que son pantalon de la veille. En se redressant, il aperçut son haut et sa veste pliés sur la chaise d'en face, n'en chercha pas l'explication, lui qui se contentait traditionnellement de les jeter en boule dans un coin de la pièce. Sans saveur, il se dirigea vers la vitre avant de se souvenir qu'il n'y avait plus rien à observer. Elle était partie. C'en était fini. Il atrappa un T-shirt au vol, l'enfila, et ouvrit sa porte. Quelque chose le saisit, l'empoigna par le cou, et le propulsa vers l'arrière. En déséquilibre, Nil tomba sur son lit, et découvrit son visage obscur, sa haine palpable, juste au-dessus de son visage. Son souffle brûlant faisait fondre les larmes qui tentaient de rouler.

- Qu'est ce que...
- Tu ne diras rien.
- De qu...
- Tu ne diras rien. N'est-ce pas?
- Mais non...
- N'est-ce pas?!
- Oui! ... Oui, j'te jure...!
- Imbécile...
- Mais...
- Dis-le!
- Mais de quoi?! Quoi, quoi?!
- Que tu ne diras rien.
- Je te jure que je ne parlerai à personne de ce qu'il s'est passé cette nuit!

Révélation. Il s'en souvenait, maintenant. Enfin. Elle soupira, secoua la tête, s'éloigna de lui. Il crut qu'elle lui avait enlevé un poids de dix mille tonnes juste à cet instant.

- Abruti...
- Quoi? Mais quoi...?

Il resta en suspent, se dressa sur ses avant-bras. Toujours devant, il ne pouvait se mouvoir de trop de peur de la frôler.

- Dis-moi ce qui ne va pas, patate.

Silence. La surprise de l'un est palpable, tandis que l'autre reste inébranlable, de marbre. L'état de choc qui le tient l'empêche de se redresser, alors que pourtant elle s'éloigne exprès pour lui laisser plus d'espace. Il ne songe pas à bouger. Seulement, il sent cette tension inommable qui le submerge.

- Je sais pas...

Elle souffle à nouveau. Ferme les yeux et secoue la tête. Sans perdre plus de temps, elle se retourne et passe le pas de la porte, l'abandonnant à sa stupeur.

- Le petit déjeuner est servi.

La porte claque.

Devant la glace, il prenait compte de ses différences. Son visage était plus fin que ceux des garçons, plus dur que ceux des filles. Ses yeux pour le moins bridés ne refletait ni virilité ni féminité, seulement cette impression de vide intersidéral, de profondeur cosmique que conservait ce bleu hors normes. Il cherchait à les agrandir avec ses doigts, jouait à les étirer vers le haut et vers le bas, puis les relâchait. Ces cernes eux aussi étaient improbables tellement profonds. Personne n'en avait de simillaires. Même ses mains étaient trop délicates pour être masculines. Nil se découvrait. Sa peau de nacre, son faciès malade, ses lèvres sèches, ses yeux hyper conscients. Il songea à quitter la salle de bains des garçons, avant de s'y résigner. Il n'était pas non plus à sa place dans celle des filles. Enroulant son bas ventre d'une serviette courte, il dissimula la preuve de son genre, et se rendit sous la douche la plus proche à l'abri des regard. Lorsqu'il sortit, trois garçons le bousculèrent. Ils se couchèrent sur lui, allongé de force sur les lavabos alignés. Il subit alors la pire des tortures, insulté, humillié, violenté moralement. Il n'était pas digne d'exister, en résumé. Ils lui avaient bien fait comprendre. Plusieurs fois, ils tentèrent de lui retirer sa serviette. Toutes ces fois, il avait tenu bon et leur avait caché son intimité. Ils allaient en venir aux poings quand prit d'un élan sans précédent il réussit à se défaire de leur étreinte et à sortir de la salle de bain en vitesse. En fuyant, il se cogna contre un corps qu'il connaissait à peu près. Il ne comprit pas exactement ce qu'il se passa. Seulement, il sentit une main dure sur son épaule, et vit une silhouette fine avancer droit dans la tanière des trois démons.

- Attends là.

La porte fut close avant même qu'il est eu le temps de se retourner. Lui décida de patienter, adossé au mur. Il maintenait son emprise sur la couverture de bain sans fléchir, et avait honte de s'être à se point montrer face à elle, dont il reconnaissait largement la voix. Elle l'aura vu sous toutes les coutures. Tout le temps, elle est là pour lui. Pour l'enfoncer encore davantage. Le réduire un peu plus au rang d'incappable, de chose. Sans le savoir, Nil en souffrait plus qu'il ne le pensait. Nil, en effet, s'en voulait énormément, tout le temps, toujours, pour tout. Il souffrait, c'était évident. Pas pour lui, malheureusement. Et il se rendait malade à essayer de comprendre sans s'avouer cette vérité là. Il entend un hurlement déchirant, n'y prête pas attention. Elle l'a vu, l'a consolé, presque, et maintenant, le voilà contraint de vivre avec son souvenir d'elle. Il ne vivait qu'à travers les yeux de cette gamine. De cette petite fille aux cheveux noirs, aux mains douces et... Et puis rien. Il ne savait rien d'elle, rien du tout. Il ne la connaissait pas, absolument pas. Il ne la connaissait pas plus lorsque la porte s'ouvrit, après quelques minutes. Sans se retrouner, elle partit droit devant elle. Nil l'observa partir sans chercher à la rattraper, ailleurs. Il n'entendit que ces derniers mots avant de la voir disparaître derrière un mur.

- Tu peux y aller.

La foule s'écarte. Ne reste que Nil en tête à tête avec les trois tombes de marbre gris. Les photos affichés les montrent en train de sourire. Qui eut cru qu'ils soient aussi perfides et agressifs. Nil, d'un certain côté, ne comprenait pas ce qu'il s'était passé. Rien n'avait été retrouvé, sauf leur corps innanimés dans les bois. Pas une trace de sang, bien que l'un d'entre eux ait été égorgé à vif. Aucune empreinte, nulle part. Les armes utilisées s'étaient volatilisées. Aucune preuve à retenir. Les policiers avaient assurés aux familles des défunts qu'une enquête serait menée avant de partir dans leur salle de repos boire trois ou quatre cafés et faire une sieste bien méritée. Jamais le coupable ne serait prit. Personne ne connaitrait la vérité. Personne... sauf lui. Il savait tout, n'était pas pour le moins idiot. Il savait. Il savait qu'il était la cause de leur disparition. Il culpabilisait, d'un côté. Et de l'autre, il jouissait d'une puissance surhumaine. Un goût pour une supériorité qui ne lui était en rien reconnaissable. C'était la première fois qu'il était conscient de sa posséssion d'un tel pouvoir. Il en était fier. Mais il savait que sans elle, il n'aurait rien. Ils seraient encore là. Il serait à leur place. Il sentait une présence, derrière lui. Un présence dont il tentait de se persuader de sa fonction fictive. Il n'y avait aucune main posée sur son épaule, aucune pression qui le terrait plu bas que nécéssaire. Il savait qu'elle était en train de le regarder, à cet instant. Mais il ne pensait qu'à la mort.

- Je peux rentrer?

Il ne répondit pas. Déjà, par absence : si son corps était assis sur son lit, la tête vers les genoux, son esprit était perdu quelque part entre ses souvenirs flous et sa conscience torturée. Ensuite, il se mura dans son mutisme par crainte. Elle n'avait pas l'air de quelqu'un de foncièrement gentil, de ce fait, il n'imaginait pas sa venue dans sa chambre en temps que visite de courtoisie. Sans attendre de réponse, sachant pertinemment qu'il n'y en aurait pas, elle ferma la porte derrière elle et s'approcha de son cadavre animé.

- Je viens voir ton état.

Il laissa sa tête pendre vers le bas, essayant tant bien que mal de cacher sa gêne. Il se revoyait, nu devant elle, cachant le haut de ses jambes de façon minable. Il avait honte. Terriblement honte.

- Tu vas bien?

Silence. Elle attendit, debout, face à lui. Puis elle s'impatienta, et lui attrapa le menton. Le lèva, dévoila son visage bercé par les larmes, s'en surprit. La petite fille le lâcha, un peu déconcernée par cette vision, mais en resta pour autant totalement insensible physiquement. Il garda ses yeux cyan vers les siens, qu'il découvrit or. Deux grands yeux d'or, éclatants. Elle était pétrifiée. Son regard était glacé, pénétrant. Sa chair en était étreinte, il la congelait. Son regard n'était pas assez bouillant, et la petite fille à la jupe ne pu s'en défaire. Elle recula d'un pas, tentative désèspérée pour ne plus le voir. Il lui agrippa le poignet et ne voulu plus la lâcher. Elle tenta de s'en retirer, en vain. Il la tira vers elle, elle bascula vers lui. Nil la voulait à ses côtés. Il l'entraînait vers lui, toujours plus près. En vint un temps où elle ne pouvait plus lutter contre une furie bleue en larmes. Il la fit tomber sur lui. Il s'allonga, et l'acceuilla sur lui sans aucune résistance. La petite aux cheveux noirs avait sa tête apposée contre son torse nu, son épiderme gelé, et ses mains allèrent se réfugier dans ses cheveux marine.

- C'est vrai, j'ai une dette envers toi.

La petite se redressa à peine. Juste assez pour s'asseoir sur lui, qui cachait son visage avec ses dix petits doigts fins. Elle délia un à un les boutons de sa chemise, qu'elle prit soin de plier et de déposer sur un coin du lit. Elle s'affaira ensuite sur sa jupe allégorique. Une simple fermeture éclair qu'elle abaissa sans effort, et pour ne pas quitter le torse du jeune garçon, elle la fit passer par le haut. Après l'avoir pliée à son tour, elle retomba sur lui, appuyant les bandes sur sa poitrine contre le buste de Nil, qui avait cessé de pleurer.

- Voilà. Nous sommes quittes, comme ça.

Son corps sur le sien était chaud. Nil n'en avait pas l'habitude, et il prit peur. Il voulait d'abord s'en débarrasser, avant de se rendre compte de la situation. Il était responsable de tout cela. C'était lui qui l'avait traîné sur ce lit. Sa visite était purement chaste, et il avait tout gâché. Par sa faute, voilà qu'elle était en sous vêtements, allongée sur lui. Par sa faute, il lui avait fait peur. Par sa faute, il avait du lui blesser le poignet. Tout cela, c'était sa faute. Elle n'avait rien fait. Le fautif, c'était lui. Personne d'autre que lui.

- Tout va bien?
- Mmh...

Un début de réponse, on arrivait enfin à un résultat. La filette sourit. Elle remonta un peu sur lui, colla son front au sien. Il était glacé et elle suprêmement ardente. Nil n'en revenait pas. Une sorte de transmission d'énergie se faisait entre les deux. Rien de typiquement paranormal, non, mais une véritable osmose qui les liait. Tout les deux, réciproquement. Nil ne savait pas ce que c'était. Il avait peur, d'un côté. Mais cette angoisse s'apaisa en partie lorsqu'il prit en compte ce bien-être immense qu'elle diffusait, peut-être malgré elle, dans tout son organisme. Le silence était délicieux. Cependant, elle décida de le rompre, en redressant la tête vers ses mirroirs lapis-lazuli.

- Je... On, elle... peut...

Etonnant. Nil ne la voyait pas hésiter autant. Elle qui était d'habitude si méprisante, si hautaine, si fière d'elle... Etrange.

- J'aimerai voir ce que ça fait quand on embrasse quelqu'un. Je peux?

Le silence le plus profond qu'il pu exister en cet instant aussi étrange qu'irréalisable. Nil devait rêver. Il en était certain, maintenant. Il était en train de rêver. De longues secondes, de très longues secondes, séparaient les deux répliques. La crainte, l'angoisse, la stupeur, les émotions qui se mariaient et qui se trompaient avec d'autres encore inconnues... Rien de tout cela n'était possible, à moins que cela ne soit fictif. Quelle idée... L'embras...

- Je p...
- Oui.

À son tour de perçevoir sa frustration, sa détresse, son agonie. Nil l'ignorait, mais elle ne savait plus quoi faire. Ses yeux jaunes en témoignaient. Ils la trahissaient hautement, mais il ne le voyait aucunement.

- Va-y, oui. Tu peux.

Elle n'hésita pas plus longtemps.

Spoiler:

Cette voix, cette chanson, tout, elle ne l'avait fait que pour lui. La page était arrachée, elle l'avait retirée de son cahier. Une écriture noire, des tâches un peu partout. Il se reveilla, le lendemain, seul et entièrement nu. Juste comme compagne, cette page qu'elle lui avait offerte. Il la déposa sous son oreiller et dormit un peu plus longtemps qu'à l'accoutumée.

On leur avait demandé d'agir le plus naturellement possible, mais tous étaient angoissés au possible. Nil n'était pas contre faire comme à ses habitudes, mais ce fut les adultes qui lui demandèrent de descendre jouer, ou faire semblant de jouer. La petite fille aux cheveux noirs n'était pas là. Il l'avait cherché, pourtant, sans succès. Elle restait introuvable. Puis ils les firent entrer, tous. D'autres adultes. Des couples, principalement. Des homosexuels, des personnes d'un certain âge, d'autres étaient seuls, mais la grande majorité restait les couples hétérosexuels d'une moyenne d'âge de trente ans. Le petit garçon bleu s'était assis à l'écart, attendait leur visite. Il n'en reçu pas tellement, constatait de loin les regards dérangés voire dégoutés de ceux qui décideraient de son sort. Il resta dans son coin, continuant de relire sa feuille impeccable. Il y tenait, quelque part, à cette feuille de papier. Elle portait son odeur. Il pensait à elle, se demandant où est-ce qu'elle pouvait bien être. Il ne la vit pas. Et cet homme, grand et mince, se pencha sur lui sans prévenir et lui sourit.
Tous les documents étaient signés, remplis, tamponnés. Il n'y avait plus aucune raison de rester ici. Nil était pour la dernière fois dans la quatre cent soixante deux. Il finissait ses valises, mettait sa veste et son écharpe. Dehors, il s'était mis à neiger. Il regardait pour la dernière fois à la fenêtre, repensait à la clé de la chambre qu'il avait à nouveau caché dans le tirroir de sa table de nuit, à son lit qu'il avait défait, à la valise conséquente et aux sacs qu'il allait devoir soulever. Son tuteur entra dans la pièce, lui demanda s'il avait fini, n'attendit pas de réponse et saisit ses bagages. Quelques minutes plus tard, ils descendaient les escaliers et marchaient dans le couloir qui allait les mener tous deux à l'extérieur. Il déambulait aux côtés du grand monsieur, les bras le long du corps, la tête basse. Il ne pensait plus à rien, était ailleurs. L'homme dont il avait oublié le nom lui parlait, il n'écoutait pas. Puis il sentit une présence, juste à côté de lui. Une épaule vint cogner la sienne. Des mots d'excuses échangés entre personne de plus d'un mètre soixante, et une petite tête toute bleue qui se leva et qui pivota. Il croisa deux yeux d'or qui se fermèrent quelques secondes après. L'encadraient deux adultes, un homme et une femme. Alors elle aussi... Ils partirent, chacun de leur côté. Dos à dos, Nil pensait à la petite fille aux cheveux charbon, à la peau douce, aux yeux perçants et... Il fit volte face brutalement, éveillé. Il s'apprêta à courir vers elle, mais une main solide le retenu violamment.

- Oublis-la, maintenant, bonhomme. Tu ne la reverras plus.

Nil refusa d'y croire. Ce n'était pas possible. C'était un cauchemar, un rêve sordide... Il ne pu y croire un seul instant.

Il avait oublié de lui demander son nom...
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Cende Selah
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MessageSujet: Re: Nil Admirari, un Ab Irato... pas comme les autres. [Finie, attente de validation.]   Nil Admirari, un Ab Irato... pas comme les autres. [Finie, attente de validation.] EmptyDim 2 Jan 2011 - 13:18

Il est si douloureux de repenser aux jours,
Où tu étais encore là...

Sa nouvelle chambre était à même le sol. Il n'y avait pas de fenêtre. À cause de cela, il était triste comme la mort. Sa nouvelle école ne comptait pas moins de six bâtiments différents. Nil n'avait cours qu'au rez de chaussée. Sa déprime ne cessait de croître. Son nouveau récepteur le suppliait de l'appeller "Papa". Il s'y refusait. Cet homme n'avait pas plus de famille que lui. Ils vivaient tous les deux seuls, éloignés de la ville, dans un village plus que tranquille. Nil affrontait le monde extérieur avec appréhension. L'attitude des enfants envers leur nouveau camarade de classe n'avait pas beaucoup changé. Maintenant, en plus, on lui crachait dessus lorsqu'on le voyait. Le temps passa sans accrochage particulier. Elle n'était plus là pour le défendre, désormais. Il était seul, complètement seul. Et quelque part, cette vérité qu'il refusait d'accepter lui brisait le peu de coeur qui lui restait.
Nil n'avait pas de problèmes notables avec l'homme qui l'avait recueilli. Il était gentil avec lui, et rigolait souvent. C'était un homme qui aimait la vie, et qui tentait de faire passer son amour au travers de ses actes, de ses paroles. Malheureusement pour lui, Nil était tout sauf réactif à ce genre de prières. Il était formidable, et le petit garçon ne le remerçierait jamais assez pour ce qu'il avait fait pour lui. Mais c'en était assez. Il ne recherchait pas cet amour-ci. Un autre, sans doute. Autre chose, certainement. Nil n'était pas satisfait. Nil ne fut quasiment jamais satisfait de rien. Une innovation à laquelle il n'était pas habitué, c'était aux anniversaires. D'abord gêné par la présence de ce gâteau rond et épais sur la table et du cadeau qui l'accompagnait, il avait finalement prit l'habitude de ce rituel et s'en fichait pas mal. Il fit la rencontre du chocolat, duquel il tomba instantanément amoureux. Manque de chance, il s'en gava jusqu'à plus faim et vomit pendant trois jours. Le médecin afficha alors au grand jour son allergie à ce type de produits. Les cadeaux, eux, étaient simples mais efficaces. La première fois, il reçu un réveil, la seconde, un jeu de carte, la troisième une Bible. Ce jour-là, il eut quatorze ans. On lui apporta un kit de dessin comportant un chevalet, des toiles, des feuilles simples de dessin, des pinceaux, de la peinture à n'en plus finir, des crayons gris, et ainsi de suite. Après ça, son tuteur était complètement sur la paille. Nil le remercia grandement, et décida d'essayer ce cadeau pour le moins étrange. Quelques jours passés enfermé dans sa chambre complètement isolé plus tard, naquit sur sa première oeuvre un visage pâle, encardés par de longs cheveux noirs et complété par deux grands yeux jaunes.
Si ses notes étaient loin d'être fameuses, ses talents d'artiste étaient indéniables. Il avait touché au piano dès qu'il en eu l'occasion, avait adoré ce son mélodieux et raffiné. Depuis, il s'installait en cachette dans la salle de musique de son élablissement scolaire, et jouait pendant des heures. Ses relevés d'absences étaient habèrents, et son tuteur ne savait plus quoi faire. Ensuite, il découvrit la flûte, qui ne lui convenu que quelques semaines. Il toucha ensuite au violon, à la guitare, puis rapidement à toutes sortes d'instruments. D'un côté représentation, il avait appris seul le dessin et la peinture, et avait fait des progrès fulgurants. Il s'était essayé à la poésie un moment donné, renonça assez vite et ne retenta jamais. Il pensait se diriger vers un domaine artistique pour pouvoir toucher à tous ces types de domaines qu'il avait l'air d'apprécier. On lui dit qu'il ne pourrait sans doute pas en vivre, et l'idée fut abandonnée.
Nil avait toujours eu du mal à canaliser ses émotions. Il pleurait pour rien, riait aux éclats alors que la blague n'était pas très drôle. Mais un jour, Nil craqua pour de bon. Ce fut à son entrée au lycée, vers quinze ans. Une bande de jeunes hommes intrigués par son apparence mixte allèrent à sa rencontre, pour finalement le tourner en ridicule. Le jeune bleu s'énèrva plus que le mot. Il eu recours aux poings pour la première fois. Il se battèrent, Nil s'écroula sous l'infériorité numérique. Ce qu'il se passa? Nil hurla. Il hurla de toutes ses forces, et un halo blanc s'empara de son corps. Aveuglés, les adversaires détournèrent le regard et lorsqu'ils le retentèrent vers la cible, celle-ci avait disparue. À sa place trônait un tigre blanc aux yeux cyan, rugissant à tout rompre. Ils tentèrent de s'enfuir, en vain. Le félin les rattrapa, et n'en fit qu'une bouchée. Ceux qui les retrouvèrent virent quatre cadavres à moitié arrachés, et un jeune homme étrangement bleu, nu comme un ver, assoupi dans une marre de sang.

Le jeune homme bleu ouvrit les yeux à l'hôpital. À son chevet était assis son tuteur, une bouteille d'eau à la main. Nil voyait trouble. Sa tête tournait affreusement, et il avait du mal à se redresser.

- C'est bon, tu es reveillé?

L'intéressé ne répondit pas. Il chercha à se poser sur l'oreiller dur tout en étant un peu redressé. L'homme, impatient, ouvrit la bouteille et l'aspergea de son contenu. L'adolescent se contenta de gémir comme un chien perdu.

- Là, c'est bon?
- Mmh... Beuh...
- Quoi? Qu'est ce qu'il y a, encore?
- Mais rien...
- Tu vas pas commencer, quand même?
- Nooooooooooon...
- Bon, alors c'est cool. Ca va?
- Ca allait...
- Regarde, tu commences.
- Beuuuuuuuuuuuh...

Et il tomba dans les draps sans demander son reste.

- Nil, je t'ai retrouvé à poil devant quatre gosses de ton âge évicérés. Tu trouves ça normal?
- Mais j'sais paaaaaaaaaaas...
- Qu'est ce qu'il s'est passé?
- J'm'en fous.
- Arrête tes conneries.
- J'sais pas, j'me souviens juste de... ben, de m'être battu avec eux, en fait, et après, plus rien.
- Rien d'autre, vraiment?
- J'te jure, rien.

Il soupira, tandis que le fils se terra un peu plus dans la blancheur de ses limbes. Bizarrement, l'homme ne souriait pas comme à son habitude. Il ne souriait pas, d'ailleurs. Nil ne laissa dépasser que ses yeux et ses cheveux, avant de constater que son nez, resté sous les couvertures, était lié par deux tuyaux s'échappant de ses narines. Le faux père tenait une pochette sur ses genoux, et la vida. Dedans, plusieurs photographies qu'il tendit au patient.

- Ce sont les clichés de la scène.

Il se redressa, et attrapa ce qu'il lui passait. La première photo était une photo d'ensemble. Quatre cadavres déchiquetés. Des bras absents, qu'il retrouve sur les prochaines images. Un oeil en moins pour un grand brun écartelé. Le crâne littéralement explosé pour celui qui souriait comme un ahuri. Des intestins partout. Jonchant le sol sans omettre une seule parcelle de goudron. L'oeuvre d'un monstre de cruauté, d'un animal dangeureux, le résultat d'une folie qui échapperait aux plus rationnels de ce monde. Nil regardait les couleurs avec une neutralité royale. Au fond, il se souvenait. Il se rappellait. Les insultes, les coups, lui qui se révolte, les pains échangés, les bleus, les émotions à leur apothéose, et enfin, le halo pur. Cette lumière qui l'avait enveloppé, à un moment donné. Il n'avait strictement aucune idée d'où elle venait, mais il se remémorait sa douceur délicieuse, sa légèreté à toute épreuve. L'androgyne restait silencieux. Il les avait tué. Il les avait tué. C'était de sa faute. Il avait tué. Tuer.

- Verdict?

Mutisme résultat de l'équation = (honte + peur + horreur x dégout) x haine absolue². Nil venait de se rendre compte de son geste, qu'il avait précédemment complètement oublié. Le choc était tel qu'il ne savait pas même quoi répondre, ni à quelle question il fallait apporter de réponse. Comme manifestation, il s'éclairçit la gorge. C'était tout.

- Atroce, hein? Tu sais qui a f...
- Oui.
- Ah, ben c'est bien de s'en rendre compte.
- Comment tu as su...?
- Je t'expliquerai.
- Tu vas me balancer?
- Non, non, Nil, t'en fais pas. J'compte pas livrer mon gamin adoptif à ces ordures de pénitenciers. T'as fumé ou quoi?
- ... Non...
- Bon, alors non, j'le ferai pas.

À nouveau, une marque de l'absence du son. Juste l'électrocardiogramme rebelle, qui lui, continuait d'afficher les informations du bon fonctionnement du jeune homme. Ce dernier se mordit les doigts, se rongea l'ongle pour finir avec la peau entre les dents. Son tuteur récupéra les tirages, et choisit de les remettre dans leur enveloppe tout en prenant soin de bien afficher une moue de révulsion au moment de son dernier coup d'oeil.

- J'sais pas ce qu'ils ont fait, hein, mais c'était peut-être pas la peine d'y aller aussi fort.

Ses jambes blanches et maigres surgirent des tissus collants et il se leva, irrité. Le plastique qui sortait de son nez fut arraché violamment. Le mort vivant alla chercher la nuque de son aîné pour le soulever de sa chaise. D'abord puissant, il le porta jusqu'au mur d'en face pour le plaquer.

- Ne dis plus jamais ça. Tu crois que j'l'ai fait exprès, hein? Tu crois que j'suis qu'un meurtrier à la con, hein?!

Sa tension était démasquée rien qu'au ton de sa voix. Meurtri et retenu, visant à rester calme mais passablement enragé. Il n'en pouvait plus. Repenser à la scène le rendait migraineux. L'androgyne laissa quelques larmes rouler sur ses joues, avant de comprendre que la force avait quitté son corps pour rejoindre celui de sa cible. Le faux père le propulsa à son tour contre le mur opposé, à côté de sa perfusion. La pièce trembla suite à l'impact de son échine contre le béton blanc. Il s'essoufla, se mit à tousser, tandis que l'homme à la carure imposante le maintenait parfaitement droit.

- Ouais. Quand t'es comme ça, t'es vraiment qu'un merdeux à la con.

Comme un coup de poignard en plein coeur. Nil vit l'instant où une coquette tâche rouge allait venir colorer sa poitrine, à n'importe quel endroit. Sa main tâtait son torse, affolé, quand son bourreau le saisit par le cou et le jeta sur son lit. Il rebondit sur le matelas pendant qu'il s'assit sur sa chaise, comme si de rien n'était.

- Nil, tu crois sérieusement que je n'aurais pas mené ma petite enquête?

L'autre, à moitié allongé sur le lit d'hôpital, n'eut aucun mouvement.

- Aucune idée.
- Tu devrais en avoir une, maintenant.

Un soupir, et un petit rire narquois. Le bleu se remit de ses émotions, mais resta couché face à lui, prêt à bondir.

- Ah, Nil. J'ai regardé la scène. T'as été filmé.

Magistrale prise de conscience, le jeune homme montre deux perles ciel d'une rondeur exhaussive.

- Tu as...
- Bien sûr, que je l'ai. Elle est détruite, maintenant. Et oui, je suis le seul à l'avoir vu, t'inquiète pas.
- Comment ont-ils...
- T'exites pas, Nil, c'est pas bon pour toi.

Silence morbide, aucun des deux n'osant parler. Le faux père fut le plus courageux.

- J'ai vu ce qu'il s'est passé, et c'est franchement bizarre. T'as muté en tigre. En gros tigre blanc. Et me r'gardes pas avec cet air de poisson frit, j'suis on ne peut plus sérieux. Nil, tu t'es transformé en tigre.

S'il n'avait pas été aussi surpris, Nil aurait été mort de rire exactement à ce moment-là.

- Tu les as attaqué sous forme de tigre, et après, juste au moment où tu les as tous fini, une sorte de lumière bizarre t'a enveloppé, et tu es redevenu humain.

Encore plus convaincant selon Nil, soit dit en passant.

- Je sais que ça paraît complètement saugrenu, Nil. C'est exactement la même gueule que j'ai tiré en regardant la vidéo. Alors j'ai cherché dans mes livres sur les...
- Non, t'as pas fait ça, quand même?
- Que voulais-tu que je fasse d'autre, idiot?
- Mais pas là dedans, quoi...
- Quoi, pas là dedans? Au moins j'ai une explication. T'es pas content?
- ... Dis...
- Un vieux clan asiatique, qui a passé un pacte de sang avec les tigres blancs. En échange de leurs dons, les humains devaient les protéger. Classe, non? Ils s'appellaient les Admirari, ces gens-là. Et ils se transformaient en tigre à chaque émotion trop forte, à chaque détails inhabituels. Parfois, ils arrivaient à contrôler les transformations, très rarement.

Moment d'absence durant lequel l'homme sortit une cigarette, et où l'androgyne se rendit compte qu'il n'était pas mort et que tout cela était bien réel. Il aurait sans doute été plus rationnel de l'imaginer à cet instant même écroulé dans un W.C en train de manger son vomi.

- ... Mais bien sûr.
- Crois-tu, Nil! C'est pas des conneries, j't'assure! Dis toi bien qu'après ce pacte, d'autres famille humaines voulurent les même dons. Problème, les tigres blancs ayant déjà signés avec la famille Admirari, c'était fini. Qu'un seul pacte par espèce, tu vois?
- Mmh.
- T'as l'air vachement concerné, tu sais?
- Ouais.
- Bref. Ca a pas freiné les gens dans leur quête de pouvoir, et du coup, plusieurs autres alliances comme celle de la famille Admirari virent le jours. Tous avec une espèce différente, donc, toujours ce même délire de se transformer suite à un choc émotionnel important, et tous avec la mision de protéger leur espèce respective. Et j'sais plus exactement pourquoi, pardon, mais en tout cas, toutes ces familles ont décidé de s'allier, et elles ont formé toutes ensemble le clan Ab Irato.

Fin de la tirade, l'homme sortit son briquet et alluma le bout de sa cigarette.

- Enfin voilà, quoi.

Et il inspira profondément.

Ayant fait une grosse crise d'ahsme juste après la visite de son père adoptif, Nil resta plus longtemps que prévu dans sa chambre d'hôpital. Il reçut à nouveau l'homme, deux jours après sa première venue.

- Ca va mieux?

Pas de réponse de la part du jeune homme, caché sous ses draps. En effet, il dormait à poings fermés.

- J'en déduis que oui. Bref, mon choupinet, j't'ai ramené quelques trucs dont t'auras sans doute pas besoin, mais que je veux que tu lises avant de rentrer, comme ça on pourra en parler. Donc, tu as ce livre là, qui s'appelle Clans originels, où dedans tu trouveras toutes sortes d'histoires sur les clans les plus importants, toutes époques confondus. Après, Nouvelles races du monde, qui parle de l'hétérogénéité des races, les mixtes, les hybrides, tout ça. Le Grand Recueil des Follies, avec pareils, pleins de familles de sorciers, de magiciens, et tous les dérivés, et dans le même genre, tu as Racines, où c'est vrament axé sur les alliances entre animaux, êtres vivants, bactéries, organes, 'fin tu vois le genre. J'te conseille de le lire en dernier, celui-là, parce qu'il se rapproche le plus de ton style à toi et qu'après tu ne voudras pas lire les autres, feignasse. J'te les pose là, ok? Donc... Tu me lis tout ça, et à ton retour, on en discutera. J'viens te chercher demain après le boulot, donc tu comptes vers... sept heures, d'accord?

Il attendit une réponse qui ne vint jamais, et ressortit une Camel.

- Ouais, t'es tranquille, toi. Elle est bien, ta vie, franchement. Se transformer en tigre, putain... Balèze.

Il souffla sa fumée qui vint chatouiller les narines de l'enfant bleu. L'homme, surement par ennui, se mit à chanter.

- Petit poney, petit poney... Tu es tout gris et tout pet...
- Mais ta gueule, putain!

Levé en trombe, il venait d'envoyer son oreiller sur le squatteur. Ce dernier se leva et prit la porte en riant, sous les yeux exedés du fils unique.

Le jeune homme s'installa devant l'écran, et alluma l'unité centrale. Le clavier regorgeait de saletés, et il n'osa même pas le retourner pour pouvoir enlever l'exèdant de cheveux, de poussière et de miettes. Le périphérique extérieur lui montra le fond d'écran, annonçant déjà les sujets principaux de cette machine. Une image pour le moins... charnelle, qu'on ne pouvait qualifier que de vulgaire. Il trouva le Poste de travail, double cliqua dessus. Disque amovible du lecteur E, et Nil n'eut que l'embarras du choix. Il se demandait encore pourquoi il faisait ça. Pourquoi cela le rendait aussi nerveux, angoissé, et surtout, pourquoi ce détail prenait-il autant d'importance à ce moment-là? Sans perdre plus de temps, il engagea le premier lien au hasard. Chattes en chaleur. Titre explicite, se dit l'androgyne. Des jeunes filles, couchées sur le torse velu d'un homme qui aurait pu largement être leur père. L'une d'elle déboutonna son pantalon, baissa son caleçon, prit son intimité en bouche. Une autre, seins nus, s'occupait de son visage. Ces images l'écoeurèrent quelques peu. Il changea de lien. Une femme enceinte, deux hommes qu'elle allaitait sans broncher. Malsain. Il en chercha un autre. Deux, trois, plus de quatre femmes entremêlées, se léchant, se frotant les unes aux autres, menottées pour certaines, attachées, ligottées. Des hurlements de plaisir, des gémissements tendancieux agressaient ses oreilles chastes. D'autres avaient des seins tellement énormes qu'elles ne pouvaient même plus voir leurs pieds. À quatre pattes, le regard odieux, pervers, et sale d'un homme trop vieux pour elles porté sur leurs fesses. Des cris de tous côtés. Un jeune garçon, dix ans au maximum, dans les bras de mannequins aux formes disproportionnées. Prise de vue en caméra au point, un homme qui maintenait la tête d'une jeune fille contre l'intimité d'une de ses camarades de classe. Des hommes, cette fois, clamant haut et fort leurs désirs les plus secrets. Plusieurs positions, le tout en un temps record. Ou comment se rendre compte que son père adoptif est polyvalant selon Nil. Il y en avait bien plus. Avec des enfants, des personnes âgées. De tout, en somme, ce qui répugna encore plus le jeune garçon. Puis il tomba sur les ébats d'un couple homosexuel mazochiste. Etrangement, il sentit sa propre virilité se dresser. Et là, un halo blanc le recouvrit entièrement. De la cuisine, l'homme qui le gardait sous son toit ne pu entendre qu'un rugissement terrifiant, que l'on ne pouvait traduire que par :

- Fais chier!

Nil ne pouvait ni rire, ni pleurer. Ni se mettre en colère, ni se faire plaisir, ni même avoir peur. Toutes les émotions étaient prohibés. Du même coup, Nil ne devait pas non plus ressentir de sentiments envers quelqu'un, quelques uns, quelque chose ou quelques choses. Toute notion de ressenti lui étaient formellement interdites. Autrement dit, tout ce qui le caractèrisait comme étant humain ne lui était plus accessible. En passant sa main humide contre son front, il s'en convaincu. Après, il ne restait plus qu'à mettre en pratique ces vérités. Les deux mains agrippant le rebord du bac du lavabo, le bleu était penché la tête la première au-dessus du robinet. Il essayait de rentrer en contact avec cedit robinet. Par transmitions de pensées, Nil semblait vouloir comprendre celles de l'objet. Il frottait ses joues contre l'aluminium, comme un félin. Le robinet, lui, ne présentait aucun signe de... de quoi que ce soit, en fait. (Nottez la profondeur de cette phrase.) La sensation de froid qui lui parcourait le visage rendait l'humain en transe. Les lumières bleues rendaient l'atmosphère mécanique, cybernétique, très stérile. La salle de bain paraissait froide et magnétique. Il plongea le bout de ses doigts dans l'eau qui stagnait sous son torse nu. Des pectoraux avaient commencés à voir le jour, surtout à cause de ses changement de... d'espèce. Sans prévenir, les ongles se retièrent, et ce fut le visage en entier qui se noya dans le liquide turquoise. Il fit surface sous un nuage de bulles éphemères, reprenant appui contre le marbre du lavabo, essouflé, trempé, des goutellettes parcourant sa peau, ses cheveux collés à son front dégoulinants sur ses épaules frêles. Il se calma. Le robinet d'émit aucune ondes qu'il pu interçepter. Soudain, la porte vitrée s'ouvrit sur une montagne de linge, qui après avoir été jetée sur le spectre à moitié nu de devant le mirroir, parla.

- Bon, tes nouvelles fringues, fiston. T'as de tout, slips, pantalons, débardeurs, manches longues, écharpes, chaussettes, et tout ce que tu veux. J'ai tout pris une taille au-dessus de la tienne, comme ça si tu te transformes, ça t'évite de te retrouver à poil. Ce sera en lambeaux, certains trucs, mais ça j'peux rien y faire. Bref, habille toi, range-moi ce foutoir à sa place, j'suis pas ta mère non plus, et va te coucher. Demain, t'as cours.

L'homme s'arrêta face au jeune androgyne, suspendu au dessus du robinet, et prit une mine déconfite.

- Mais qu'est-ce que tu fais, Nil?

Sans prendre la peine d'attendre la réponse, se doutant parfaitement qu'il n'y en aurait pas, il ferma la porte derrière lui et le laissa seul avec son robinet.

Quatre pattes surpuissantes foulant la terre au clair de lune. Il court dans la nuit, sans but. Il se traîne et se languit de l'inconnu. Sous forme animale, il ne craint rien ni personne, mais il fuit, on ne sait trop où. Il a peur, est effrayé, et lorsqu'il croit voir une sortie, une fin à ses débacles, il ne tombe que sur une nouvelle rangée d'arbres, et continue à courir. La nuit porte conseil, à ce qu'il paraît, à ce que tout le monde dit. Lui n'y croyait plus. La nuit, ramassis de conneries créé pour faire espèrer les gens. Lui, il courait sous la grosse lumière du ciel. Son art, sa fuite au gré du vent et ses tâches noires sur son pelage de nacre qui se mouvaient avec grâce et cadence. Il perd son temps devant cet infini terrifiant, mais il continue. Quoiqu'il arrive, il espère. C'est l'une de ses premières caractèristiques. Il espère. Ce qu'il cherche? À se réveiller. Cela ne peut être qu'un rêve, qu'un cauchemar horrible. Un cauchemar atroce où il se voit errer comme un chien stupide dans un monde sans fin, seul et sans repères, abandonné là, comme ça, voué à lui-même. Torture abominable qu'on lui afflige, il court pour se reveiller. Il se mord les pattes, parfois, essayant de retourner dans son lit par la douleur. Mais non, rien de plus que ce chemin à parcourir, à longer, pour rejoindre un point inconnu, une nouvelle route qu'il faudra parcourir, longer, et ainsi de suite. Mais c'était faux, il le savait. Ce n'était qu'un rêve, parce qu'il s'était assoupi sur le canapé. Il s'était assoupi, et il rêvait. C'est tout, uniquement cela. Uniquement... Il se cogna à un mur, s'assoma. Il tituba, se remit du choc, et fit un bilan de son rêve. Il y était toujours. Verdict : ça n'en était pas un. C'était vrai. Vrai, tout simplement... Alors comme ça, il se transformait aussi au coucher du soleil. Brillant, vraiment. Brillant...

Le jeune homme était à nouveau en retard en cours. Ca ne changerait pas le professeur, en tout cas. Il n'était pas plus pressé que d'habitude. Calmement, il cherchait sa salle, au deuxième étage, solitaire et tranquille. Il passa à côté d'une porte, qu'ils avaient numéroté deux cent dix sept. Le deux était effacé, mais les bordures étaient toujours là. Et puis, il était au second étage, et logiquement, c'est toujours dans les deux cent. Enfin. Nil ne s'attarda pas devant cette salle, et passa à la deux cent dix huit. Elle était dans un état impeccable. Aucune rayure, pas un caillot de peinture, tout était d'un ordre et d'un précieux à tout épreuve. La salle d'après, elle, n'était pas dans le même état. La deux cent dix neuf paraissait sortir d'une tranchée de la Quatorze-Dix huit. L'état lamentable ne s'expliquait pas, se contentait d'être constaté. Il fit toutes les portes, comme ça, n'atterit sur le seuil d'aucune. Il finit par monter au troisième étage par la droite, l'accès interdit. Nil eut à peine le temps de marcher dans le couloir qu'il entendit un homme hurler dans une classe à l'autre bout de l'étage. Bien que cela était suspect, il s'en fichait, et continuait sa progression. C'est là qu'il leva la tête, et qu'il vit une fille en uniforme sortir de cette même salle. Ses longs cheveux noirs couvraient son visage, et elle avançait d'un pas précis en direction de l'androgyne, un livre à la main. Nil s'arrêta sur le champ, la regarda arriver. Puis elle se posta exactement face à lui, lui tendit le cahier maigre à la couverture noire, et le regarda dans les yeux. Ses pupilles étaient... vertes. Il aurait pourtant juré qu'elle... C'était... Non... Rien de plus que son imagination, de toute façon.

- Garde-le. Une heure, sous le saule.

Puis elle partit sans se retourner, l'abandonnant là, en plein milieu du couloir avec ce carnet en main. Elle allait disparaître derrière le mur qu'il avait franchit quelques secondes auparavant quand le professeur de la jeune fille sortit à son tour de la salle de classe et se lança à sa poursuite.

- Winter! Revenez!

Il courrut devant lui, le dépassa, sans même le voir. Nil était invisible aux yeux du monde. Sauf pour ceux de cette fille. Cette fille... Il secoua la tête, rangea le livre dans son sac, et continua sa marche.

Spoiler:

A nouveau. Il venait de la quitter. Sans le savoir. C'était elle. Et le pire, c'est qu'il avait oublié le nom qu'avait hurlé l'homme en lui courrant après...

- Oui, oui, Monsieur, je sais...

Ca faisait des heures et des heures qu'ils étaient au téléphone. L'homme n'en pouvait plus, et commençait à perdre patience. Nil, caché derrière la porte de la cuisine, écoutait la moitié du dialogue bien qu'il savait pertinnemment de quoi il était question.

- Monsieur le directeur, vous savez qu'il est spécial. Je vous avez prévenu, vous ne m'avez pas écouté. Nil ne doit pas rester ici. Cet établissement n'est pas fait pour lui, vous le savez aussi bien que moi. ... Mais voyons, ne pensez pas qu'à votre argent! Je vous demande de retirer mon fils de cette liste! Il changera de lycée dès la rentrée! ... Non, je ne garde pas mon calme! Ca fait bientôt trois semaines que je vous demande d'annuler l'inscription de mon fils! Arrêtez vos histoires, Monsieur! ... Je suis de mauvaise foi? C'est moi qui suis en tort? Vous vous foutez de moi, c'est indéniable! ... Sachez que cela ne se passera pas aussi facilement, Monsieur. Demain, attendez vous à me voir arriver dans votre bureau, je vous préviens. Mon fils ne mettra plus les pieds dans votre lycée, n'y comptez plus! ... Il ira là où nous voudrons qu'il aille, que croyez-vous?! ... Sa différence ne vous regarde aucunement! ... Vous le saviez, nom de Dieu! Vous le saviez pour ça! Vous étiez au courant! Qu'est ce que vous venez vous plaindre, maintenant?! Mais j'y crois pas, c'est pas vrai! Demain matin, Monsieur, je serai devant votre porte, et vous aurez tout interêt à l'ouvrir. ... Non non non, je ne veux plus rien entrendre ce soir. À demain, Monsieur.

Il raccrocha, soupira, et ouvrit une troisième bière qu'il avala de moitié dès la première descente. Il alla chercher son fils, toujours derrière la porte, et l'aida à entrer dans la cuisine.

- Fais tes valises, Nil. Je connais un endroit où tu seras tranquille.

Cela faisait maintenant quelques semaines que Nil avait été placé dans cet internat. Hell School, qui, à première vue, inspire largement confiance. C'était un bâtiment imposant et assez malsain, en quelques sortes, puisque le jardin n'était aucunement entretenu et que les grilles de l'entrée étaient couvertes de ronces lacèrantes. Le voyage avait été conséquent, éprouvant, et ce n'est que la nuit qu'il pu enfin aller voir sa chambre. L'internat était ouvert à l'année, nuit et jour, en permanence. Un point positif, c'était déjà mieux que rien. Il avait quitté son faux père qui l'appellait maintenant tous les deux jours, toujours à la même heure. Nil, lui, sentait la liberté l'envahir progressivement. Personne pour lui dire quoi que ce soit, des gens qui ne le regardaient qu'à peine et... tiens, en parlant des gens. Si le jeune homme avait été placé ici, ce n'était pas pour rien. Arrivé la nuit, il était comme de raison sous forme poilue. Du coup, comment rentrer? Simple : ici, tout le monde, ou peut-être presque tout le monde, était comme lui. Pas dans le sens où tout le monde pouvait se transformer en tigre, bien entendu. Plutôt dans celui où tous étaient... spéciaux. Des gens particuliers, parfois atteints très sérieusement. Hell School n'était pas enregistré comme un lycée pensionnat, non. Il était, ce dans tous les documents officiels, considéré comme un hôpital psychiatrique. Pourtant, aucun d'entre les pensionnaires n'étaient visiblement différents des autres gens, eux dits normaux. Ils pourraient vivre dehors, sans soucis. Si, finalement, ils n'étaient pas vus comme des monstres. Ici, il avait toujours des cours à suivre, mais il avait bien plus de temps à lui, et passait ses journées à flâner, à déambuler en ville, à peindre, à jouer d'un instrument au hasard dans la salle de musique... En bref, la vie réduite à son état le plus simple, et le plus complexe à obtenir : le plaisir.
Dans ses premières rencontres, Nil fit la connaissance d'une jeune fille brune et très gentille, avec qui il a légèrement fallit se faire tuer par deux types costaux et agressifs qui leur ont sauté dessus sans prévenir. Il y eut ensuite un garçon un peu spécial, qui se transformait en... monstre vert, un peu comme Hulk. PUis, l'une des meilleures rencontre de cette année, une autre Ab Irato, qui elle pouvait se transformer en chinchilla. Si si, c'est possible. Même qui Nil la trouvait plutôt jolie, mais que du fait qu'il se transforme à chaque bonne occasion, ce fut sous forme de tigre et elle sous forme de chinchilla qu'ils auraient pu éventuellement tenter une quelconque approche charnelle. Problèmatique? Sans aucun doute. Bien que cette alliance soit rendue un poil (nottez le jeu de mot douteux) difficile, le chinchilla lui donna quelques bons conseils à respecter pour éviter de finir tout le temps sous forme de bestiole. Ce fut au tour d'une fille plus spectrale que le mot de connaitre l'androgyne. Rencontrée par hasard, il ne se souvient même plus d'où, ils finirent ensemble dans une fête foraine. Ils eurent le courage d'affronter la terrible maison hantée, de laquelle ils ressortirent... dans un état tel qu'il n'était plus possible de les qualifier de vivants. Grurg, un gentil camarade zombie de Nil, les avait disons quelques peu surpris durant la traversée et si la jeune femme s'en était remise, ce n'était pas le cas du bleu. Sous l'effet de la peur... Il ne se passa rien. Comme quoi les chinchillas donnent parfois de précieuses aides et qu'il faut les écouter. C'est très intelligent, un chinchilla, mine de rien. En bref, Nil avait suivit les indications de cette Ab Irato, et ainsi, il s'était tellement rendu mort que bien qu'il ait eu la notion de peur après avoir aperçu Grurg, le gène félin ne s'était pas activé. La voilà, la solution à sa transformation! Il devait y aller à la morphine, et tout devrait bien aller! Ceci découvert, Nil rencontra un garçon de son âge, 16 ans, qu'il reconnut aussitôt. Il ressemblait traits pour traits à un des acteurs... Des films de son père. Le petit jeune entouré de... de seins deux fois plus gros que sa tête. Bref. Il ne resta pas insensible à son charme, et assez rapidement, ils tombèrent dans les bras l'un de l'autre. Sans pour autant passer une nuit ensemble. Et non, pas de chance jusqu'au bout. Pour l'une des premières fois depuis sa naissance, Nil découvrit qu'il était possible de s'amuser. Et de vivre de la sorte, il en était ravi. Ravi. Ravi à tel point qu'il en oublia presque la jeune fille aux yeux jaunes.

Ce fut, comme tout les deux jours à cette heure-là, un coup de téléphone anodin. Sauf que ce jour là, ce n'était pas la même voix, de l'autre côté du fil. Une ou deux formules de politesse après sa réponse sèche, un discours hésitant, maladroit, et un silence oblique à tendance mortelle. Mortelle...

- Jeune homme, je vous appelle pour vous annoncer le décès de votre tuteur.

Cet inconnu avait commencé par un "Toutes mes condoléances". Dès la fin de cette phrase, Nil n'était déjà plus à côté du téléphone et avait commencé à pleurer.

Je me réveille de ce rêve où tu n'es pas,
Répétant que la tristesse s'aggrave avec le temps.
Si je tente de cacher cette blessure, alors tu disparaîtras,
À ton tour,
Dans la lumière...

Il n'avait pas d'héritage. Il n'avait plus de famille. Il n'avait plus rien. Par désespoir, sans doute, par indifférence, certainement, il quitta Hell School, ces personnes si proches de lui, et chercha une nouvelle vie.
Encore une.
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MessageSujet: Re: Nil Admirari, un Ab Irato... pas comme les autres. [Finie, attente de validation.]   Nil Admirari, un Ab Irato... pas comme les autres. [Finie, attente de validation.] EmptyMer 12 Jan 2011 - 18:55

... Et t'es pas encore validé, c'est vrai?

Bon. Euh... Ouais. D'accord. Pétard... Non, on s'fout de moi, c'pas vrai. Enfin. On croit rêver.

Bon. Que dire, Nil... T'es un fou. Ouais, voilà, t'es un fou. Nom de Dieu, t'es un calu. Mais t'es pas validé, sérieux...
J'en perds mon argot. Bref. Tu fais des fautes d'orthographe de fou, si je les revois dans tes rp's je te tue, mais j't'avoue que je passe volontiers sur ce détail au niveau de ta fiche. Mama... Mais t'es malade, mon pauvre...
C'est long. C'est long, Nil. Mais c'est... franchement bien. Très bien. Très très bien. Ouais, bien. Pouah, j'suis nulle pour les compliments. Non mais pour les fautes, je rigole pas, hein. Tu feras pas de fautes comme ça dans le rp, y'a pas moyen. Mais là, je t'épargne la correction.
Qu'ajouter... Mise à part pardon pour l'attente. C'est vraiment... balèze. Balèze.

Mais dégage, pauvre fou! Va! Va rp, purée! Aller, va t'amuser!
Et félicitations pour cette fiche. Félictations. En toute franchise. Bravo. Bravo. Le personnage est génial, l'originalité et l'inspiration sont là... 'Fin tu m'as comprise. Mais c'est nul, les fautes, franchement... C'est nul... Sérieux, pas de fautes, plus de fautes. Lutte contre les fautes, Nil!
Ah, mais jarte, Nil. Va rp. Va rp, vite. VITE. Aller, zao, va écrire.

Amuse toi bien. Félicitations.
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MessageSujet: Re: Nil Admirari, un Ab Irato... pas comme les autres. [Finie, attente de validation.]   Nil Admirari, un Ab Irato... pas comme les autres. [Finie, attente de validation.] EmptyMer 12 Jan 2011 - 19:19

Oooooh ma Déesse... divinité que je bénis d'être passée dans les bas fond de ce monde de cette fiche (trop longue) tu as éclairé ma journée Syndel... ma soirée en fait. Je... suis... VALIDE! Sortez donc le champagne mes amis...! Ou l'whisky ! C'est la fête! J'veux que tout l'monde s'amuse!!! S... sauf... moi... sinon... j'vais encore devenir tout poilu... j'aime pas ça.

Merci pour tes compliments... surtout quand tu dis que j'suis taré, calu et autres... J'y cours Rp... J'y cours. (NIL QUI COURT WAAAAAW).

*et je me surexcuse pour les fautes...*
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MessageSujet: Re: Nil Admirari, un Ab Irato... pas comme les autres. [Finie, attente de validation.]   Nil Admirari, un Ab Irato... pas comme les autres. [Finie, attente de validation.] EmptyJeu 13 Jan 2011 - 20:30

Bienvenu parmi les fous o/ !
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MessageSujet: Re: Nil Admirari, un Ab Irato... pas comme les autres. [Finie, attente de validation.]   Nil Admirari, un Ab Irato... pas comme les autres. [Finie, attente de validation.] Empty

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Nil Admirari, un Ab Irato... pas comme les autres. [Finie, attente de validation.]

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