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 Lucas Highway remplace Fushi Metsugo x)

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Lucas Highway
Lucas Highway
MessageSujet: Lucas Highway remplace Fushi Metsugo x)   Lucas Highway remplace Fushi Metsugo x) EmptyDim 11 Sep 2011 - 20:33

LES GARS JE SUIS HEBI \o/






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- Facultatif - Thème musical : Dracula.



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Nom : Highway

Prénom : Lucas

- Facultatif - Surnom : Hebi a coutume de me surnommer "minou". Ne vous avisez pas de le faire à votre tour.

Âge : en apparence 25 ans, en vérité 181 ans.

Nationalité : Canadienne.

Orientation sexuelle : Hétéro.

Race : Vampire

Poste au sein du pensionnat : Professeur de français.

- Facultatif - Tendance : Bien



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*- Physique.

Description physique : Je suis un homme... enfin, un homme, tout est relatif, disons une personne, de tout ce qu'il y a de plus commune. Je possède des cheveux châtains clairs, un peu ébouriffés, puisque j'ai toujours estimé que c'était cette manière de me coiffer qui me donnait un charme fou, eh oui. Des yeux gris qu'on dit pétillants. J'aurais aimé que ma fille possède les mêmes, mais finalement, aucune des deux, qu'elle soit adoptive ou biologique, n'a hérité de cette couleur pourtant rare. Je possède en outre un visage fin et une barbe mal rasée en permanence. Izumi s'est souvent plainte en disant que cela la piquait lorsqu'elle déposait des baisers sur mes joues, mais par goût de la contrariété et mon envie personnelle, je ne me rase que rarement, pour mieux le laisser repousser ensuite. Pas d'imperfections dans mes traits : pas de joues creuses, pas de verrues sur le nez, pas de calvitie, d'oreilles décollées ou autre défaut. C'est ma condition de vampire qui me permet de rester séduisant ; aux yeux de tous, j'ai toujours vingt cinq ans, même si je n'en ai plus pour très longtemps avant d'atteindre mon bicentenaire. Il est clair que le reste de mon corps est banal. Des bras, des jambes, des mains, buste, cuisses, et caetera. J'aime évidemment à porter un certain type de vêtements unique : les costumes. Je ne me sens nullement à l'aise en T shirt, par exemple. Je ne porte pas forcément les vestes de costume, mais lorsque je suis détendu je porte en permanence une chemise légèrement ouverte et un pantalon noire accompagné de chaussures de villes (attention, pas celles qui sont pointues, ça me donne l'impression que ces pompes seraient capables de m'émasculer). Je ne suis pas un amateur de bijoux, mais je porte une gourmette en permanence, cadeau d'Izumi, ainsi qu'un pendantif bleu représentant un oeil félin, cadeau d'Hebi. Une montre, évidemment, puisque ma maniaquerie obsessionnelle n'étonne plus personne.

Signes distinctifs / Maladie quelconque : Lucas s'est fait faire un tatouage il y a peu de temps. Il s'agit d'une tête de cheval noir, possédant un oeil de serpent doré. Cela symbolise ses deux amours : Hebi, et Izumi, sa fille adoptive.


*- Caractère.

Description du caractère : (Dix lignes minimum!)

- Facultatif -

Passions / loisirs : Lucas aime lire, énormément. C'est, de plus, un accro au café, et ne peut pas s'en passer ne serais-ce qu'une journée ; si vous croisez ce professeur un peu mystérieux, il aura soit une jolie brune à son bras, soit un livre, mais dans les deux cas, un gobelet fumant dans l'autre main.

Phobie / cauchemar : Sa fille. Lucas n'a pas d'autre peur que d'Enora... mais c'est déjà amplement suffisant, croyez

Rêve / ambition : Lucas n'a plus vraiment de rêve, sauf un, qu'il garde secret à sa compagne comme à sa fille adoptive ; se débarrasser d'Enora.

Manies : C'est un maniaque. Sa montre ne doit pas avoir le moindre centième d'avance ou de retard. Tout doit être minuté, préparé. Pas le moindre grain de poussière là où il passe. Pas de retard d'autres personnes. Pas de veste contenant une tache, pas de chaussures mal cirées, pas de vêtements contenant des traces. Propre, trop propre ; ponctuel, trop ponctuel.

----


*- Pouvoirs.

Pouvoirs : ♦ Décuplement surhumain des forces physiques lors des moments de colère.
♦ Maîtrise du feu
♦ Régénération corporelle (sous résèrve de ne pas trop être fatigué)


-Facultatif- Préfèrences en méthode de combat / armes :
Lucas aime le tir à l'arc... et use le plus souvent d'une dague qu'il tient en permanence dans sa ceinture.

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Histoire : De mon enfance, je me rappelle d'une odeur, une odeur délicieuse et chaude. C'était l'odeur du bois qui brûlait dans l'âtre d'une cheminée. Je me rappelle du grincement d'une chaise qui se balançait encore et encore devant la lumière orangée des flammes léchant le bois. Je me rappellerai toujours de cette odeur légère et teintée, de bois brûlée. Je me rappelle aussi de la senteur des cheveux de ma mère. Je me rappelle du balancement léger de ses hanches lorsqu'elle me berçait. Je crois que je pourrais me rappeler de beaucoup de choses, tant cette époque me manque. Je suis né à la Nouvelle Orléans, en l'an de grâce 1830. A cette époque, la ville était une véritable fourmilière d'exploitants agricoles qui attendaient sans relâche des nouvelles de la France, leur pays de référence. J'étais natif de cette ville, cependant mes parents étaient loin d'être des descendants des esclaves noirs, et nous ne vivions pas dans la misère. Ma mère était d'origine Mexicaine, et vivait à San Antonio, au Texas, avec sa famille, qu'elle avait nombreuse. Elle rencontra mon père lors d'une promenade en ville. Mon père, Tom Highway, venait d'une bourgade du Texas, le genre d'endroit où on croise plus de ranchs que d'hommes à l'intérieur. Mon père se targuait d'ailleurs d'être un excellent cavalier, et un chasseur hors pair. Il avait séduit ma mère en lui disant qu'il avait chassé des Indiens avec le Shérif de son patelin. Du haut de mes quelques années, j'avais goûté à ses récits avec délice. Mon père était un propriétaire terrien moyen, et ne gagnait pas bien sa vie. Ma mère non plus. Elle travaillait en temps qu'institutrice à San Antonio, mais sa mauvaise maîtrise de l'anglais ne l'aidait pas vraiment à garder l'affection des enfants en face d'elle. La plupart ne s'intéressaient pas à ses cours, et les rares bambins qui parlaient Espagnol n'étaient autre que des clandestins de passage. Lorsque ma mère rencontra mon père, ce fut pour eux le déclic. Il la courtisa longtemps, et ils se marièrent deux ans après leur rencontre. Je naquis un an après, environ. Je fis la fierté de ma mère pendant deux ans, jusqu'à ce que ma petite soeur Alyce vienne au monde. J'avais toujours admiré ma soeur, ma petite soeur au caractère si enjoué. Je me rappelle encore de ses yeux pétillants et de sa bonne humeur. Lorsque mes parents avaient décidé de déménager à la Nouvelle Orléans, ma mère me portait depuis six mois. Le voyage l'avais affaiblie, mais ils avaient trouvé dans cette ville exactement ce qui leur fallait, à savoir un investissement parfait ; une ferme de riche propriétaire, qui, voulant dépenser son sou à sa guise dans les grandes villes telles que New York, Chicago ou San Francisco, céda sa propriété à mes parents pour une bouchée de pain. Lorsque j'y repensais à présent, je me dis qu'ils avaient eu bon nez de tomber sur un homme au coeur sur la main. Il fallait le voir pour y croire ; cet homme s'était tellement enrichi avec sa propriété qu'il pouvait vivre d'excès de luxe jusqu'à sa mort, et remplir la vie de ses enfants avec le reste ! Nous nous retrouvâmes donc à quatre dans le grand domaine Highway, où mon père décida d'engager des bras pour s'occuper des tâches salissantes, tandis que lui s'occupait de la comptabilité et d'encaisser le plus d'argent possible. Après avoir vécu chichement, mon père se retrouva grisé par tout cet argent coulant à flot.

Lorsque j'étais encore petit, je compris parfaitement que l'argent emplissait les poches de mes parents, mais ma mère avait insisté pour ne pas nous en faire profiter immédiatement, de manière à nous faire prendre connaissance de la valeur qu'avait cet argent, qu'il soit en abondance ou qu'il en manque. Ma mère reprit son métier et engagea une jeune femme pour s'occuper de ma petite soeur et moi, une jeune femme douce du nom agréable de Démeter. Elle était issue d'une famille d'anciens esclaves affranchis par un maître un peu en avance sur son temps. Mon père lui-même usait sans vergogne d'esclaves noirs, puisque le pays n'était pas encore touché par la guerre de sécession. Enfant, j'ignorais encore ce que cela pouvait signifier, j'entendais seulement ces gens chanter dans les grandes étendues de champ qui étaient à présent e notre possession. Ma mère avait d'ailleurs bien souvent conseillé à Démeter de ne pas nous approcher de ces gens, pour que nous ne nous rendions pas compte de l'exploitation dont mon père usait sans vergogne, pour ne pas perdre la précieuse monnaie qu'il vénérait à ce moment-là bien plus que notre propre famille. Ma petite soeur, innocente et aussi douce que ma mère, faisait le bonheur des voisins et des connaissances que nous nous étions faites à la Nouvelle Orléans. Les gens lui donnaient des cadeaux et des douceurs, et un simple sourire venant d'elle les comblait de joie et de bonheur. Mes années d'enfance furent les plus belles et les moins dures, sans doute, de toute ma vie. Nous allions tous deux à la même école, partagions la cour de récréation, et nous nous amusions fichtrement bien, avec le peu que ma mère nous autorisait à avoir. Nous avions un dollar d'argent par semaine, cela nous permettait le plus souvent d'aller nous promener en ville, et d'acheter une glace auprès de notre marchand préféré. Mon père aurait sans doute voulu nous couvrir de cadeaux, mais la décision de ma mère fut sans appel aucun. Nous devions savoir ce que c'était que de vivre sans être riche, pour nous consolider un véritable avenir. Je remercie encore aujourd'hui ma mère pour cette leçon de vie qu'elle m'apprit. Ainsi, les seuls cadeaux prestigieux que ma mère autorisait à mon père, furent ceux de noël. Pour nous, c'était la véritable fête. Nous recevions des figurines en or, ma soeur des bracelets de pierre précieuse qu'elle portait sur ses petits poignets fragiles. Nous n'étions pas le moins du monde considérés comme des gosses de riche à l'école, et cela nous permit de bien nous adapter au milieu plutôt étrange de cette ville chaude. Ma soeur et moi ne nous ressemblions pas véritablement, à bien y réfléchir. Elle était rieuse, douce et indisciplinée, irréverencieuse. Elle avait de magnifiques cheveux d'un noir de jais, et des yeux gris pétillants. Elle avait la peau légèrement bronzée, comme celle de mon père. Elle ressemblait à un poupon. Moi, j'aurais pu passer pour un gosse des rues des plus ordinaires. J'étais un enfant aux cheveux châtains clairs, ébouriffés et sales, la plupart du temps, ce qui me valait la course poursuite de ma mère à travers le couloir, jusqu'à un vol plané dans la baignoire. J'étais discret et réservé, et mes seuls passe-temps, à l'école, demeuraient les jeux de billes et de réflexion, les énigmes. J'étais silencieux, je ne parlais que lorsque c'était nécessaire. Ma générosité me poussait parfois à donner mon argent de poche aux gens dans le besoin, qui me remerciaient mille fois. Un jour, je me rappelle, je me promenais seul dans les rues de la Nouvelle Orléans, sans but aucun. Je trouvais cette ville jolie, et les gens aimables, à leurs heures perdues. Je savais que j'étais en retard, que j'allais me faire gronder ; mais le hasard fit que je tombais sur un vieil homme enveloppé dans des couvertures encore plus sales que mes cheveux. J'avais eu pitié de ce pauvre homme et lui avais tendu mon dollar fraîchement gagné. Il m'avait regardé avec surprise, moi, petit bonhomme d'à peine neuf ans, qui tendait son argent de poche à un démuni comme lui. Mais il fit une chose très étonnante, que je n'oublierais sans doute jamais. Il plia le billet en quatre, et au moment où je commençais à partir, il m'attrapa doucement, mais fermement par le bras. Il ouvrit ma petite paume, et y glissa mon billet, puis la referma. De la surprise se lit sur mon visage, et lorsque je tendis de nouveau la main pour lui offrir mon argent, sa voix rocailleuse s'éleva dans le silence du soir qui commençait à tomber.
- Je suis p'têt un vieux soulot, gamin, mais j'ai une règle d'or : j'prends jamais le fric des gosses. T'gagne pas encore ta vie, alors garde tes sous. On a toujours besoin de sous.
Il m'avait adressé un sourire édenté, un sourire de dents noires et sales, mélange de cigarettes et d'alcool qui lui avaient, peu à peu, détruit la mâchoire. Passé ce jour, j'allais souvent voir ce vieil homme. Il se trouvait toujours au même endroit ; cela me permettait de le retrouver facilement. Il était devenu mon premier véritable ami, et je ne partageais cet ami avec personne. Alyce elle-même ignorait l'existence du lien que j'avais créé avec cet ivrogne de passage. Pourtant, ses conseils étaient toujours pleins de vérité, et pleins de vie. Je me complaisais à écouter les récits de sa vie, ce que cet homme avait traversé pour finalement se retrouver, à soixante-huit ans, à faire la manche dans la rue et à noyer ses ennuis dans l'alcool. Il s'appelait Jasper Danton, et il n'avait pas toujours été pauvre. Il était originaire du Texas, comme mon père, et curieusement, lui aussi avait été un excellent cavalier, propriétaire terrien, dresseur de chevaux et tueur d'indiens. Sa haine pour les apaches, comme il disait, n'avait aucune pareille. Il n'acceptait pas de savoir que près de chez lui, il y avait "ces peq'nots à la peau bronzée" qui venaient, en douce, disait-il, lui chouraver son bétail. D'après ce que j'en avais appris à l'école, j'avais un peu de mal à y croire, mais j'étais amusé, d'autant plus amusé lorsqu'il me raconta qu'il avait aidé le shérif à courser les malfaiteurs. Ainsi, j'allais devenir comme tous les hommes, un incorrigible ventard ? Mais cet homme respirait la joie de vivre, quand il n'avait pas trop bu. Il avait donc une belle propriété, qu'il partageait avec ses parents. Il avait un frère de deux ans plus vieux que lui ; et son amour pour le travail faisait la fierté de ses parents. Jusqu'au jour où il rencontra ce qu'il appela le Démon Suprême ; la femme.
- Vois-tu p'tit, ya des femmes, comm' ta mère, qui sont des anges descendus tout droit du ciel. Des femmes douces comme des couvertures, et qui prendront toujours soin de leur p'tit mari. Mais moi, j'suis pas tombé sur cette race là.
Elle s'appelait Dolly. Elle travaillait dans le casino du coin, et mon acolyte avait alors une quarantaine d'années lorsqu'il la rencontra. Il ne se douta de rien au début : il eut immédiatement le coup de foudre pour cette serveuse de vingt ans de moins que lui. Mais cette femme, disait-on, n'était attirée que par un homme qui aurait de l'argent et une belle situation. Par amour pour elle, mon ami travailla d'arrache pied, réclama plus d'argent à ses parents, et tenta sa chance au poker. Lorsque Dolly vit cela, elle tomba immédiatement dans ses bras, et le cercle vicieux commença. Ils achetèrent un petit cottage éloigné de la ville, et vécurent ensemble, mais il ne se rappelait plus combien d'années. Mais, dit-il, ce furent les pires années de sa vie. "même qu'dormir sous un pont, c'une vie plus douce, gamin". Dolly était un véritable poison. Elle lui mangeait tout son argent, en parures, robes, chaussures, et autres distractions. Il faisait tout pour la combler, mais ce n'était jamais assez.
- J'lui ais même fait un gosse. Willy, qu'on l'avait appelé. Elle s'est barré avec.
Oui, car le jour où son époux perdit tout son argent au poker, argent qu'il essayait de faire fructifier aux jeux pour les besoins de sa belle, elle fit ses bagages, et emmena son fils avec elle. Il n'en entendit plus jamais parler. Ses parents, entretemps, étaient décédés, et avaient légué la propriété et tous leurs biens à son frère, car ils n'avaient plus confiance en lui. Il partit donc pour la Louisiane, et trouva du travail dans une fabrique, mais fut renvoyé à cause de son goût prononcé pour la bouteille. Et voilà. En l'espace de quelques années seulement, il avait tout perdu. Il avait fait la manche dans les rues de la Nouvelle Orléans depuis un temps qu'il ne déterminait plus, noyé sous l'alcool et la souffrance que lui infligeait une vie trop dure pour lui.
- T'sais gamin, si j'crève ici en pleine rue, j'suis sûre que ma Dolly elle viendra mêm' pas à mon enterrement. Personne n'ira. J'suis pas assez important, t'vois.
Et quelle horreur, il avait raison.

Je passais quelques années, avec mon clochard en guise d'ami. J'allais le voir chaque soir, lui offrait des boissons sucrées et des gâteaux au miel. J'essayais de lui faire passer cette horrible manie pour le vin et pour la cigarette, mais c'était un cas désespéré. Ma mère avait fini par découvrir mon manège,mais elle était restée magnanime et n'en avait pas parlé à mon père. Elle restait parfois même avec Jasper et moi, et écoutait ses récits d'une oreille attentive et parfois même amusée. Cet homme avait beaucoup d'humour, et c'était certainement ce que je respectait le plus chez lui ; construire énormément à partir de rien. Lorsque j'eus douze ans, cependant, les choses changèrent bien plus vite que je ne m'y attendais.
Un soir où je me rendais, avec ma mère, dans le piètre domaine de Jasper Danton (que nous lui avions fabriqué avec les moyens du bord), nous ne trouvâmes que son vieux tas de couvertures et des policiers autour. Ils parlaient avec animation, presque en riant. Nous ne comprimes pas tout de suite ce qu'il venait de se passer. Ma mère m'écarta, se doutant fort bien de la raison pour laquelle la police de la ville se retrouvait autour du triste domaine de notre ami. Elle alla questionner un homme au plus près d'elle, et se mit aussitôt à pleurer lorsqu'il lui annonça la triste vérité. Ma mère m'expliqua, de retour à la maison et avec un calme exacerbé, que Jasper avait été rappelé auprès de jésus, et qu'il dînerait avec lui ce soir. Il avait été assassiné la nuit précédent notre venue, de la manière la plus sauvage possible : vidé complètement de son sang. Deux trous dans ses artères à la base du cou avaient eu raison de lui, mais aucune trace de sang n'était visible ; rien n'avait coulé, pas même une goutte. L'enterrement eut lieu le surlendemain ; Ma soeur, ma mère et moi y assistâmes, une rose rouge dans les mains. Les policiers affirmèrent que c'était un coup des noirs, et de leurs traditions, leurs rites païens. La population noire n'eut pas de répit pendant un mois. On les fouilla, on les examina, on en arrêta pour l'exemple. Ma mère s'offusqua pour cette démonstration de violence sur des gens qu'elle jugeait comme les autres. Quelques uns avaient été capturés de l'exploitation de mon père ; celui-ci, fou de colère, s'égosilla devant qui voulait l'entendre qu'il perdait un sacré investissement à cause d'un clodo soulard. Ce fut la goutte d'eau qui débordait le vase, pour ma mère. Ma mère qui, depuis des années, souffrait de l’appât du gain de mon père, cette volonté d'amasser de l'argent, encore et encore. Elle avait supporté cela trop longtemps, et ne supportait ni les frasques de mon père avec l'argent, ni la manière dont il traitait ses esclaves et se plaignait qu'un jour tout cela serait aboli, et qu'il fallait en profiter avant que cela arrive. Il ne s'occupait plus de nous, donnait quelques ordres à Démeter, et j'entendis même ma mère lui hurler qu'il n'avait jamais touché rien d'autre que ses billets de banque depuis un an, et qu'elle ne pouvait plus le supporter. Le soir même ou mon ami fut assassiné, ma vie commença à changer. J'avais douze ans, douze pauvres années que j'avais passé dans une richesse toute relative et en l'absence d'un père obnubilé par des morceaux de papier verts. Ma soeur en devint malade de chagrin. Ma mère chassa son époux sans ménagement de la grande maison familiale, en lui ordonnant de garder tout l'argent qu'il pourrait garder. Mon père ne se gêna pas. Nous gardâmes la maison et l'exploitation ; mon père emporta toute sa fortune.

Dès lors, il fut très difficile de vivre avec ma mère. Elle souffrait d'un mal dont aucun médicament ne pouvait la guérir. Elle reprit l'exploitation, quitta le travail qu'elle avait toujours ardemment aimé. Lorsqu'elle fit ses adieux à ses élèves, cela me déchira le coeur. Elle pleurait souvent, la nuit, croyant que nous ne l'entendrions pas. Elle devenait, au fil des années, plus faible et plus maladive, et jetait l'argent que nous gagnions par la fenêtre, ou l'offrait aux anciens esclaves que nous avions affranchis. Ils chantèrent pour nous des chansons que nous entendions souvent dans les plantations. Je n'oublierai jamais la puissance de ces chants. La beauté de leur peau. J'avais demandé à ma mère si je deviendrais noire un jour ; elle m'avait répondu en riant entre ses larmes que j'étais bien le fils de mon père. Son chagrin rendit ma petite soeur malade à son tour, je soupçonnais Alyce de ne pas supporter le chagrin, petite fille angélique qu'elle était, et qu'elle avait toujours été. Lorsque j'eus seize ans, je dus m'occuper à la fois de mes études, de l'exploitation, des comptes, et de la santé de mes deux amours, celles que j'avais dans mon coeur depuis toujours. Démeter était toujours là pour m'aider, mais qu'aurait-elle pu faire ? Qu'aurions nous pu faire ? Le médecin avait été parfaitement clair au sujet de ma mère ; il lui restait deux ans, peut-être moins, avant de mourir. Pour ma soeur, il y avait encore une chance pour qu'elle soit sauvée de son mal. Dès lors, je fis tout ce qui était en mon pouvoir pour la sortir le plus possible, lui faire faire de grandes promenades dans notre domaines et au sein de la ville, que j'aimais plus que de raison. Avec l'argent que me donnait ma pauvre mère, je la couvrais de cadeaux et d'attention, et bientôt, sa santé s'améliora. Celle de ma mère, en revanche, ne fit que décliner d'avantage. Lorsque je terminais le lycée, j'avais ma majorité et un diplôme de français en poche. Ma mère mourut dans le courant de l'été, de chagrin. Nous n’entendîmes jamais parler de mon père, il ne vint pas à son enterrement. Personne n'avait sa nouvelle adresse, et nous ne recevions jamais de courrier de sa part. Beaucoup de personnes du quartier vinrent assister à l'enterrement de ma mère. Elle avait été profondément aimée pour sa patience et sa douceur toute sa vie, et sa perte fut pour nous un véritable chagrin. Alyce sombra dans la dépression, tandis que je tentais de rendre notre domaine vivable, et que je gérais l'argent familial. J'avais mon diplôme, mais ne cherchais pas à devenir enseignant ; il fallait que je tienne le navire à flot. Ma soeur rencontra, à ce moment là, un jeune garçon du nom de Doug Whickley. Il avait le même âge qu'elle, et à l'âge de dix-sept ans, elle me demanda l'autorisation de se marier et de reprendre l'exploitation de mon père. Elle avait parfaitement compris que je souffrais de ne pas pouvoir faire ce que j'avais toujours désiré : enseigner. Doug était un garçon bien, et je lui faisais confiance pour s'occuper de ma soeur. Je lui laissais donc le domaine un an plus tard, avec ma bénédiction, et je quittais le pays et mes souvenirs douloureux le lendemain de son mariage avec ce fils de fermier que j'admirais pour son courage.

Je déménageais, donc, et bien plus loin que j'aurais pu le croire. Je partis m'installer au Canada, à Winnipeg, dans le froid. Le changement d'heure et de température ne me laissa pas indifférent, et je me maudis, tout d'abord, d'avoir choisi d'habiter dans un endroit aussi différent de chez moi. Mais à cette époque, j'avais vingt ans et des projets pleins la tête. Comme tous les jeunes de tous les âges, je voulais changer le monde. Je trouvais un poste dans une fac, ce qui fit mon bonheur. Oui, mon bonheur.

Car ce fut à cette époque que je rencontrais Chelsea Finn.

Chelsea Finn était une mordue de langues. Elle avait des cheveux blonds, soyeux. Des yeux de la couleur des nuages, elle sentait bon. Elle était belle, très belle. Beaucoup des étudiants, dont la plupart étaient plus vieux que moi, lui faisaient les yeux doux. Elle aimait la musique, le dessin, elle riait à la moindre de mes plaisanteries, se plaçait toujours au premier rang. Son visage finement maquillé me souriait à chaque geste que je faisais. Son bonheur se faisait lorsque je la laissais répondre lorsqu'elle levait la main. Je savais qu'au sein d'une université, sortir avec une étudiante était très mal vu. Je n'avais jamais été amoureux que personne, et mon coeur dépassa ma raison. Deux mois après notre rencontre, je lui proposais une promenade près de l'Oman Park. Elle accepta, et cet hiver là fut sans doute le plus beau de ma vie. La simple présence de Chelsea à mes côtés me tenait chaud et me rendait plus heureux que jamais. Je ne m'affichais guère avec elle dans la faculté ; mais je l'emmenais souvent faire des ballades romantiques avec moi. Elle riait souvent. Elle était heureuse. Elle se sentait bien, et dans mes lettres que j'écrivais régulièrement à ma soeur, je lui disais combien cette femme comptait pour moi. Chelsea et moi vécument un idylle merveilleux, mais court. Mais cela, j'y reviendrais plus tard. Nous nous mariâmes un an après notre rencontre, et achetâmes une petite maison dans le centre ville. Tout était parfait. Tout aurait pu l'être, en tout cas. Car Chelsea était comme ma mère ; comme Jasper l'aurait si bien dit, elle était de la race des femmes "douces comme une couverture".

Mais cela ne dura pas autant de temps que nous le désirions.

En effet, je savais que des tueurs étranges sévissaient dans tous les Etats Unis. Ils assassinaient des gens dans leur maison, dans la rue, et je les soupçonnais d'être les meurtriers de mon ami Jasper. Cela faisait quelques années que dans le journal, on entendait parler de "voleurs de sang". Bien évidemment, les légendes ridicules telles que la croyance en les vampires commença à se ressentir dans mon quartier. Les gens chuchotaient, murmuraient, et se demandaient dans quelle ville allaient sévir ces terribles assassins. Ils ne faisaient d'ailleurs pas que tuer sur place ; les disparitions étaient également nombreuses. Comment aurais-je pu croire que j'allais être touché par ce mal ? Je l'ignorais encore, et vivais une vie on ne peut plus douce en compagnie de Chelsea Highway, qui était devenue mon épouse. Nous restâmes mariés pendant quatre ans. Le jour de mes vingt-cinq ans, elle m'offrit une promenade de nuit, autour d'un lac à la périphérie de Winnipeg. Je n'aurais sans doute jamais dû accepter ce cadeau, que j'avais pourtant trouvé romantique à souhait. Il était 22h, et je crois que je me rappellerais de cette soirée toute ma vie. Nous avions fait un tour, main dans la main ; il faisait noir, mais la lune, pleine, éclairait le lac et le baignait d'une lueur argentée. Il faisait frais, mais nous étions en été ; nous ne portions sur nous que des gilets légers. Je me rappellerai toujours. Chelsea était plus belle que jamais. Sa robe beige épousait ses formes radieuse, et son sourire n'avait jamais eu autant de charme. Elle marchait à pas gracieux, comme si elle ne voulait pas faire de mal au sol sur lequel elle marchait, juchée sur ses talons aiguilles, ses cheveux longs laissés là, tombant en cascade sur son dos pâle. Ses yeux gris étaient parsemés d'une touche de maquillage ; Mes yeux ne pouvaient se détacher de cette femme qui, pour moi, était la plus belle du monde. Nous nous étions assis sur la plage fraîche du lac, et nous sommes restés un moment silencieux.

Aujourd'hui encore, j'ignore comment j'ai pu savoir qu'il y avait quelqu'un derrière nous. Etais-ce son souffle, plus glacial que l'air ambiant, ou l'odeur qui se dégageait de cet être étrange ? Ce ne pouvait, en tout cas, pas être le bruit de ses pas ; il était arrivé là aussi silencieusement qu'un chat. Toujours est-il que lorsque je me tournais, je demandais aimablement à cet homme de nous laisser tranquille. Chelsea frissona, et me demanda ce qui se passait. Je m'étais levé, oui, cela je m'en rappelle. Je m'étais levé. Car l'homme m'avait souri. Souri d'un air moqueur. Il m'avait toisé (il devait me dépasser de dix bons centimètres) et avait émis une sorte de grondement. Un grondement qui glaça le sang de ma femme, et qui hérissa la moindre petite parcelle de mon épiderme. C'était le grondement d'un prédateur qui passait à l'attaque.
- Vous êtes à ma place. Cette parcelle de la plage est à moi.
- Je vous prie de nous excuser. Nous allons vous laisser, monsieur, nous avons de la route à faire. Viens, chérie.
Mais lorsque ma femme se leva et que je la pris par la main, il me retint vivement par l'épaule, et m'attrapa la bras sans me demander mon avis.
- Ttttt... Vous vous êtes assis à ma place... il va falloir payer maintenant.
- Votre prix sera le mien.
Chelsea hurla. Le sourire de mon interlocuteur était devenu bien plus terrifiant. Ses cheveux poivre et sel coupés court semblaient s'être hérissés. Pire encore. Sa bouche largement ouverte nous laissait voir, à travers son sourire, des dents parfaitement blanches... et des canines aussi longues que des crocs de renard. Quant à ses yeux... ses yeux avaient pris une teinte rouge sang. Je lus de l'intérêt chez mon bourreau, un intérêt malsain à me faire souffrir.
- Je ne veux pas d'argent. Il y a bien plus intéressant...
La dernière chose dont je me souvins à cet instant, ce fut une seconde créature, une femme cette fois, qui fondit sur mon épouse et la jeta à terre. Je n'eus pas le temps de hurler. Ni de me débattre, ni même de verser une larme d'horreur lorsque les crocs de la chasseuse s'enfoncèrent dans les carotides de Chelsea. Je sentis seulement une morsure à la base de mon cou, une morsure terriblement douloureuse, une morsure qui cependant ne dura qu'un instant avant qu'on me jette par terre sans ménagement. Les cris de Chelsea, ses gargouillements de souffrance et de peur demeurent encore aujourd'hui dans mon esprit, dans mes rêves les plus terribles. Elle appelait mon nom, me suppliait de la secourir. Mais à cet instant, je ne pensais plus à la situation. La dernière phrase que je songeais avant de sombrer dans le néant fut "Ils avaient raison, nos voisins. Ces types sont bien des vampires... et ils ont tué mon meilleur ami et ma femme..."

Lorsque j'émergeais du noir complet, je me trouvais dans une ruelle sombre de Winnipeg. Une rue mal fréquentée, dans laquelle je n'avais jamais mis les pieds. Je savais qu'il y avait quelque chose de changé chez moi, mais je n'arrivais pas à me remettre de quoi. Je me rappelais seulement d'une douleur atroce, d'une douleur qui avait duré longtemps, trop longtemps, qui avait envahi tous mes membres. Ouvrant les yeux, je me rendis compte qu'il faisait encore nuit. Deux silhouettes se tenaient devant moi ; un homme, et une femme. Ceux qui avaient agressé mon épouse, Chelsea... en parlant d'elle... où était-elle donc passée ? Je ne la voyais pas, près, ou loin de moi. J'avais mal au crâne, mes membres étaient courbaturés. Et... curieusement, je sentis en moi une force que je n'avais jamais imaginé auparavant. Ma peau, autrefois bronzée, était devenue blanche comme le marbre blanc. Je pouvais sentir presque toutes les odeur à cent mètres à la ronde, et ma vision s'était considérablement améliorée. L'odeur qui me fit retrousser les lèvres, fut celle de l'homme, que je reconnus immédiatement ; c'était celui qui m'avait agressé. Qu'avait-il fait de moi ? En quoi m'avait-il transformé ? Lorsqu'il entendit mon grondement, lui et la femme me firent face, et me firent relever de force. J'étais à la fois faible et puissant ; et je me sentais terriblement déboussolé. Sitôt debout, je reconnus la fille ; elle était une étudiante de mes cours de français. Je l'avais toujours trouvée étrange. L'homme prit la parole.
- Tu es enfin réveillé, ce n'est pas trop tôt. Je me présente : je m'appelle Lucian, et voici ma compagne Beth. Mais vous vous connaissez déjà.
- Qu'avez-vous fait de moi...
- Rien de bien méchant, cher ami... tu es simplement devenu un des nôtres à présent.
L'un des leurs... je ne compris pas immédiatement. Mais la vérité me frappa bientôt en pleine poitrine.
- Vous avez fait de moi...
- Un vampire, oui !
- Mais pourquoi ? Pourquoi moi ?
L'homme fit craquer ses jointures avec un bruit que je jugeais aussitôt comme assourdissant. J'étais devenu un vampire. Un vampire ! Moi qui ne croyais en rien, et certainement pas en Dieu, j'étais devenu une créature suceuse de sang, meurtrière et dangereuse ? Mais pourquoi m'avaient-ils choisi moi ? Pourquoi étais-je devenu leur jouet, une créature que jamais je n'aurais voulu devenir ? Je me souvins aussitôt de la Nouvelle Orléans. Si j'atais resté là-bas, rien de tout cela ne serait arrivé. Lucian se mit à rire. Un rire qui ne me plut pas du tout.
- Nous estimons que les hommes forts que nous croisons méritent parfaitement de rejoindre nos rangs. C'est manger, où être mangés. Bientôt, il n'y aura plus d'humains sur terre, seulement des créatures identiques, ou différentes de nous. Il faut se tenir prêts, tu ne crois pas ? Nous avons pensé que tu aimerais te joindre à notre organisation. Es-tu intéressé ?
Je n'avais jamais éprouvé de haine pour personne. La véritable haine, celle qui pousse au meurtre. Les rejoindre, aux, qui m'avaient transformés contre mon gré, devenir leur sous-fifre...il en était évidemment hors de question. Mais comment aurais-je pu faire autrement ? Que pouvais-je bien faire, sans eux ? Pourtant, il me restait un dernier point à éclaircir avec les deux créatures... de ma race, à présent.
- Chelsea... qu'avez-vous fait de ma femme ?
Et lorsque je vis le sourire de Beth, ce sourire accompagné d'un geste très éloquent de son indexe passant de gauche à droite le long de son cou, je compris. Ils m'avaient gardé moi. Ils s'étaient servis d'elle comme nourriture. Je savais que je ne reverrais jamais ma Chelsea, qui était, pour moi, considéré à l'époque comme étant le seul amour de ma vie. Le seul, et je n'avais même pas été capable de la protéger. Je ressentis une haine comme jamais je n'en avais ressenti. J'aurais aimé tuer quiconque se tiendrais à ma porter. Et ce fut d'ailleurs ce que j'avais bien l'intention de faire, à cet instant précis. Lucian comprit que Beth avait fait l'erreur de me faire ce geste provoquant, et tenta de se rattraper.
- Voyons Lucas, les gens comme nous ne peuvent s'attacher à personne, et certainement pas à des mortels. Elle n'était d'aucune utilité. Elle serait morte, et puis voilà. Toi tu continueras à vivre. Tu vivra pour l'éternité. Nous avions le pouvoir de t'offrir ce cadeau.
- Un cadeau... Un cadeau...
Je ne fus pas capable de contrôler ma rage. Cette dernière, dévastatrice, s'empara de moi et chauffa mon corps à blanc. Littéralement. tout mon être fut recouvert de flammes. Elles envahirent la ruelle, couvrirent mes hurlements de souffrance et de colère. J'avais perdu Chelsea, à cause d'eux. J'avais perdu cette femme que j'embrassais tendrement, quelques heures plus tôt. S'il existait bien un Dieu régnant sur cette planète, c'était vraiment, à mes yeux, un foutu connard. La surprise qui se lisit dans les yeux de mes adversaires me laissa suffisamment de temps pour fuir. Je n'aimais pas me battre. Je ne savais pas, d'ailleurs. Et ces deux là auraient eu tot fait de me soumettre, ce que je ne désirais absolument pas. Il fallait que je prenne la fuite, et que personne ne me rattrape. Je quittais la ruelle, et attrapais un cheval qu'un homme tenait par la bride. Je l'enfourchais rapidement, et dévalais les rues de Winnipeg à plein galop. Il était temps de comprendre ce que j'étais devenu, et ce que je deviendrais plus tard, si je ne trouvais pas de solution. Pouvait-on seulement revenir en arrière ? Pouvais-je seulement défaire ce qui avait été fait ? Je parvins à échapper à mes ravisseurs, et effaçais soigneusement mes traces, de manière à ce que je ne sois pas retrouvé. Sans doute s'en fichaient ils complètement de moi ; je n'étais probablement pas le premier qui leur avait échappé. Ils m'oublieraient vite, du moins, l'espérais-je. Je me réfugiais au bord d'un lac, après avoir épuisé mon cheval. J'essayais de manger, mais rien ne voulut passer la barrière de ma gorge. Je compris immédiatement pourquoi ; et je me rendis compte que depuis mon éveil, j'avais un étrange goût métallique dans la bouche. Ce même goût, lorsqu'on lèche une plaie sanguinolente. Un goût que j'aurais auparavant trouvé écoeurant, qu'à présent je trouvais divin à souhait. Un véritable nectar. Je me doutais que Lucian et Beth avaient dû me donner du sang humain pour mon réveil... et je n'aurais sans doute pas besoin d'en boire avant un jour ou deux. Peut-être plus, si je me forçais. Il fallait que je trouve une solution, un moyen de rentrer chez moi. J'avais encore en ma possession une belle somme d'argent dans mon portefeuille, mais cela serait-il suffisant ? J'avais perdu Chelsea. Ma Chelsea. La femme de ma vie, et elle m'avait été arrachée. Les femmes douces ne sont pas les bienvenues dans ce monde...

Je songeais aussitôt à ma soeur. Elle serait la seule de mon entourage à savoir ce que j'étais devenu. Les autres n'auraient pas besoin de savoir. Elle serait la seule à connaître mon malheur. Je pris donc un mois de congé pseudo-maladie dans ma faculté en envoyant une lettre, et partit à cheval rejoindre ma soeur.

Le voyage fut long, et aurait pu m'être épuisant voire fatal si je n'étais pas devenu une créature étrange et horrible. Mes seules haltes étaient pour me nourrir, et changer de cheval, auquel je ne laissais aucun soin de se reposer. Je devais revoir ma soeur au plus vite, et tout lui expliquer. Je priais pour qu'Alyce comprenne ma détresse, qu'elle n'en fut pas effrayée ou triste. J'espérais seulement qu'elle me donne de l'aide, ainsi que des conseils, même si l'aîné, c'était moi. Alyce avait déjà fait la rencontre de Chelsea, le jour de notre mariage, et elle saurait que mon chagrin n'avait aucune pareille. Chelsea était mon rayon de soleil, et on me l'avait arraché. Par moments, sur la route vers la Louisiane, je m'effondrais de ma monture, et pleurais autant que je le pouvais. Puis, épuisé et en forme à la fois, je remontais en selle et galopais jusqu'à ce que mon cheval n'en puisse plus. Je ne pensais plus qu'à Alyce, et à mon chagrin d'avoir perdu mon âme soeur. Je ne retrouverai jamais quelqu'un comme elle. Plus jamais.

C'était du moins ce que je croyais, à ce moment là.

Je mis beaucoup de temps avant d'arriver dans le domaine de la famille Highway. J'ignore combien de temps exactement, je n'avais pas compté les jours. Mon cheval manqua de s'effondrer dans la cour, épuisé par la calvacade que je lui avais infligé depuis une bonne centaine de kilomètres. A l'époque, traverser le Canada et les Etats Unis de haut en bas était une véritable épreuve. J'avais cependant pris un soin tout entier à dire à ma soeur que j'arriverais dans le mois pour lui rendre visite, et qu'elle n'avait pas à s'en faire. Evidemment, appuyée contre le chambranle de la porte de notre ancienne maison, je découvris une Alyce morte d'inquiétude. Et de la peur. Elle sentait la peur à plein nez. La peur de me voir ainsi, car elle avait vu au premier coup d'oeil que quelque chose clochait chez moi ; après tout, nous étions du même sang. Elle me fit entrer, desseler mon cheval ; elle portait des atours absolument magnifiques. Elle avait décidé, me dit-elle, de se faire plaisir, puisqu'elle avait de l'argent à foison, et ne savait pas comment l'utiliser. Alyce était loin d'être coquette ; mais il fallait bien commencer à dépenser quelque part, non ?
Nous entrâmes dans un salon bien éclairé, dont la décoration avait été entièrement refaite. La tapisserie, les meubles, les lustres... je ne retrouvais plus rien de la maison dans laquelle j'avais vécu. Je compris rapidement qu'Alyce avait pris la décision de changer radicalement la maison, pour ne plus avoir à affronter le regard de notre mère, à travers les meubles qu'elle aimait, les tapis et les rideaux, et même la chaise à bascule sur laquelle elle nous avait si tendrement bercés lorsque nous étions enfants... elle avait tout changé, tout jeté, tout remplacé. Son mari, me dit-elle, avait fait un excellent travail en matière de plomberie et de peinture. Cela avait donné une petite touche de fraîcheur dans cette maison. Je m'assis sur le canapé tout neuf avec réticence et lui demandait d'une voix calme où était son mari. Elle me répondit qu'elle avait demandé à Doug de s'en aller lorsqu'il me verrait arriver ; elle avait flairé la nouvelle importante que je devais lui annoncer, mais elle ne pouvait pas savoir quelle horreur j'allais lui avouer. La conversation demeura tendue, triste. Ma soeur ne comprit pas immédiatement ce que je tentais de lui dire. Cela se résuma un peu comme ça. Je m'étais assis sur le canapé, et lui avait fortement conseillé de faire de même. Elle s'était assise face à moi, les doigts croisés, mains posées sur ses genoux, penchée en avant, une expression angoissée sur son visage autrefois si jovial. Et j'avais pris la parole. Sans aucune intonation de quelque sorte dans ma voix. Aussi neutre que lorsque je donnais un cours à des étudiants.

- Chelsea est morte, Alyce.
Ma soeur, qui avait profondément aimé Chelsea dès l'instant où elle l'avait vue, n'avait pas pu retenir un hoquet de surprise et d'horreur. Elle avait balbutié, sans comprendre.
- Morte... mais quel lui est-il arrivé ? Elle est tombée malade ? Tu n'as pas pu la soigner ?
- Assassinée. Sauvagement assassinée. On ne m'a pas donné sa dépouille. J'ignore où les tueurs ont pu la mettre.
- C'est impossible... Lucas, pas elle, ce n'est pas possible... Que s'est-il passé ?
Je pris une profonde inspiration, même si je n'en avais pas besoin. Je percevais les battements du coeur de ma soeur. Comme je l'enviais.

- Tu te souviens de Jasper, le clochard que j'allais tout le temps voir quand j'étais enfant ?
- Vaguement... mais il est mort, non ?
- Il a été tué par... des choses. Des choses que jamais on aurait pu imaginer auparavant. Deux marques dans le cou, vidé de son sang.
- Cela aurait un rapport avec...
- Chelsea, oui. Ce sont les mêmes tueurs qui m'ont pris mon épouse.

Je pris une pause. Il fallait que je lui raconte tout. Ma capture, l'assassinat. Tout.

- Le jour de mon anniversaire, nous sommes allés nous promener au bord d'un lac, en périphérie de Winnipeg. Et ils sont arrivés... Un homme et une femme, Alyce. Je n'ai rien pu faire. Ils étaient trop forts pour moi, encore plus pour Chelsea... ils leur ont pris son sang... et moi j'ai survécu. Si on peut dire.
D'un geste un peu anxieux, je déboutonnais ma chemise par le haut, et lui montrais du doigt les deux trous bien propre de la morsure de Lucian sur mon cou. Elle n'avait même pas fait de croûte. Alyce savait qu'une telle morsure aurait dû me causer une mort instantanée. Elle avait plaqué une main sur sa bouche, et avait retenu un cri horrifié. Sans dire le moindre mot, elle s'était apprêtée à se lever pour me fuir, mais je l'avais retenue sans ménagements. J'avais attrapé son bras et l'avais obligée à se rasseoir. Elle s'était alors recroquevillée sur elle même, me suppliant de ne pas la tuer. J'avais caressé son bras, ses cheveux, essuyé ses larmes. J'avais pressé mon corps froid contre le sien. Comme quand nous étions enfants.

-Je suis toujours le même, Alyce... je t'aime toujours autant, et je n'ai pas changé de mentalité... Je suis seulement différent, dans mon... mode de vie.
Elle avait alors demandé des explications plus détaillées, le nez dans mon cou.
- Je me nourris de sang, humain ou animal... je ne dors presque plus, je suis rapide, et mes sens se sont accrus... Mon coeur ne bat plus. Je suis immortel, Alyce. Tu mourras un jour, mais moi, à moins de me faire tuer, je continuerai à évoluer dans ce monde.

Elle finit par comprendre ce que j'étais devenu, me promit de garder le secret. Elle me suggéra de passer cinq ans dans des établissements différents, un peu partout dans le monde. Avec tout l'argent que nous possédions, il n'était pas vraiment compliqué pour moi de refaire des papiers d'identité et de changer la date quand j'en avais besoin. L'aide de ma soeur me fut précieuse, très précieuse. Elle me donna des listes d'endroits à fréquenter ou à éviter, m'aida à écrire lettres sur lettres et à chercher des gens peu recommendables pour mes papiers. Plus les années passaient, plus je gagnais et entassais des quantités assez conséquentes d'argent ; je prenais un grand soin à les économiser comme ma mère me l'avait appris, car j'ignorais de quoi mon futur serait fait. Les années, cependant, défilèrent très vite. Trop vite à mes yeux. En l'espace de quelques décennies, Alyce avait eu deux enfants, deux garçons vigoureux, et puis elle était morte à quarante trois ans, foudroyée par la tuberculose, au même endroit dans la maison où ma mère avait perdu la vie. Je vins à son enterrement mais restais à l'écart, craignant que les gens se doutent de quelque chose. Les enfants grandirent, eux aussi, et demeuraient toujours heureux de me voir lorsque je passais avec une multitude de cadeaux. Doug était devenu mon ami, et vieillissait bien ; il avait choisi de ne pas se remarier. Je leur avait confié mon secret, à tous les trois, et leur dit de toujours le faire passer à leurs descendants, de manière à ce que je puisse leur rendre visite n'importe quand. Et j'avais beau faire le tour du monde, dans des écoles aussi diverses que nombreuses de par leur richesse, j'avais toujours un orteil attaché profondément à ma Louisiane natale. Sans ma soeur, la pilule fut dure à ingérer. Mais lorsque je voyais Jack et Daniel, mes petits neveux, aussi souriants et aimable que ma soeur, je savais que j'aurais toujours une famille, et que je pourrais en prendre soin autant que je le voudrais.

Et puis les années passèrent. Je fêtais mon centenaire avec Jack, puisque Daniel était mort d'un accident. Les enfants de Jack avaient également eu des enfants, eux aussi, et toute cette joyeuse famille vivait paisiblement dans le domaine familial. L'esclavage avait été aboli, et je me sentais soulagé de cette réforme fortuite. Ma famille employait des gens pour s'occuper des cultures, et les payaient bien. Ils avaient acheté d'autres champs et s'étaient agrandis et modernisés. J'étais fier d'eux, de constater que la famille Highway, les descendants de ma soeur en tout cas, n'étaient certainement pas des bons à rien. Je fis ma vie en mêlant mon travail et ceux que j'aimais, mais plus les années passèrent, moins je me sentais à ma place. Après tout, ma soeur commençait à devenir lointaine, et les générations grandissaient, tandis que moi, je demeurais toujours aussi jeune. Comment faire croire à ces jeunes gens que j'étais un de leurs aïeuls, si j'osais m'exprimer ainsi ? Ils ne me reconnaissaient plus. Et ne savaient pas du tout qui était Alyce. Le coup le plus dur qu'on me porta fut lorsqu'un des plus jeune de la descendance de ma soeur, Carl, vint à vendre le domaine pour s'installer dans un appartement à New York. Ils estimèrent que les propriétaires terriens, ce n'était plus que pour les vieux. Et ne crurent absolument pas à mon récit, et à ce que j'étais. Pour eux, je n'étais rien de plus qu'un pique assiette. Alors je m'éloignais d'eux, et me réinstallais à Winnipeg. Nous étions à ce moment là dans les années 2000 et j'avais traversé les guerres, les conflits, et la douleur. J'avais rejoint les rangs pour aller combattre dans les îles japonaises, et mes petits talents de prédateurs nous avaient permis de gagner bien des combats, lors de la seconde guerre mondiale. J'avais fait partie de ceux qui avaient débarqué en France. Mais je n'avais aimé aucune femme. Pas une seule. Je m'étais juré que je ne me remarierai plus jamais.

Et puis j'avais reçu un prospectus, d'une académie de Transylvanie. Un lycée-pensionnat pour les adolescents et adultes... différents. Oui, ils n'avaient pas hésité à l'écrire. Des créatures humaines ou non humaines. J'appris donc que la plupart des contes de fées que ma mère me lisait avait un véritable fondement ; dans cette école se mêlaient Loups-garous, vampires, démons, anges, magiciens et sorciers... avec quelques humains en plus. J'avais perdu ma famille. Il était temps que je retrouve ma voie. Cela ne serait sans doute pas aussi merveilleux que la Louisiane, mais après tout, qui ne tentait rien... J'ai donc fait mes bagages, envoyé un CV et aterri dans le majestueux - mais sinistre - château de Fantastic High School. Là, on m'avait attribué une chambre, ainsi que mon emploi du temps. Je n'avais pas chômé. Je savais qu'un nouveau départ s'annonçait pour moi. Et que personne ne pourrait retrouver ma trace ici. Le jour de mon premier cours de français, cependant, je compris qu'en effet, je n'avais que trop parlé le jour où j'avais songé que je prenais un nouveau départ.

Elle arriva en retard. Je n'aimais pas le retard. Elle avait les cheveux noirs coupés courts sur son visage aux allures surprise et sévère à la fois. Chelsea était blonde, et ses cheveux longs lui allaient à ravir. Elle possédait des yeux jaunes, parfois verts, à la pupille de serpent, effilée et inquiétante. Chelsea portait la douceur dans son regard bleu. Elle s'appelait Hebi. Elle n'était pas comme Chelsea. Elle portait le mal dans son être, elle le portait, sous la forme d'une voix qui la torturait jour et nuit. Elle s'appelait Hebi Mokona, immortelle, démoniaque, et elle fut si différente de celle que j'avais épousée autrefois que je tombais aussitôt fou amoureux d'elle. Je ne le montrais pas, tout d'abord, et j'étudiais cette enfant de fond en comble. Son apparence de jeune fille ne voulait rien dire, sans doute avait elle des centaines d'années de plus que moi. Elle se mit en colère lorsque je la punis, perdue lorsque je lui tendis un questionnaire à remplir. Jamais Hebi n'avait fait d'études avant d'arriver ici. Quelques rudiments, mais pas plus. C'était encore une enfant sauvage, qu'il fallait apprivoiser. Heureusement, la chance fit qu'elle s'attacha très vite à Izumi, ma fille.

Ah oui, Izumi. Je n'avais eu que deux amours dans ma vie, avant de rencontrer Hebi. Ma femme, Chelsea, et Izumi.
J'avais trouvé Izumi dix ans avant mon entrée dans le lycée. Je l'avais trouvé près du portail d'un orphelinat, malheureuse et triste, silencieuse et effacée, tout le contraire des autres enfants qui s'ébattaient dans la cour. Elle, elle ne bougeait pas. Elle se contenta de me regarder. Et dès l'instant où ses yeux se déposèrent dans les miens, je sus parfaitement que cette enfant serait mienne. Cela faisait quelques années qu'elle vivait dans cet endroit, et elle n'aspirait qu'à en sortir. Ses parents, me dit-elle avaient trouvés la mort dans un accident de voiture, dans lequel elle avait été la seule survivante. Moi qui ne connaissais pas cette enfant, ni son nom, ni son âge, ni d'où elle venait, je tombais sous son charme, et je l'adoptais dans la semaine même. Malgré les réticences des femmes qui s'occupaient d'elle à me céder un enfant sans me connaitre, je n'eus que très peu de paperasses à remplir en raison de la grosse liasse de billets verts que je glissais dans la poche de la directrice. J'appris que cette petite Izumi, et qu'elle avait huit ans ; elle deviendrait donc Izumi Highway. Je l'emmenais partout avec moi, et je sus remarquer son caractère timide et réservé. Je l'avais inscrite à l'école, où les instituteurs me firent clairement comprendre que ma fille n'avait pas vraiment envie de se mêler aux autres, et que par conséquent elle n'avait aucun ami. Sans être pourtant la tête de turc, elle devait subir des brimades des autres enfants de son âge. Je fus confronté à un dilemme, deux ans plus tard. Izumi me supplia de ne pas la réinscrire à l'école. Qu'aurais-je dû faire ? Si je la désinscrivais, plus personne ne l'embêterait, et elle resterait ignare. Si elle restait, elle devrait faire des efforts d'intégration, et elle aurait des connaissances. La seconde décision me parut la plus juste,et je refusais tout net sa supplication. Izumi pleura, cria, s'enferma dans sa chambre, me redemanda ensuite, mais elle ignorait combien les années que j'avais passées m'avaient endurcies du minois d'un enfant, si mignon soit-il. Je savais qu'Izumi était rebelle et caractérielle, mais c'était ce que j'adorais chez elle. J'aimais profondément ma fille, et je supposais que pour elle c'était pareille. Voyant ainsi qu'elle aimait l'équitation, je lui payais des cours (hors de prix, vous ne pouvez pas imaginer) et il n'y avait que là bas, ou parfois lorsque nous sortions que je voyais un grand sourire se dessiner sur son visage. Lorsque ses notes chutaient, je la menaçais de ne plus l'inscrire à l'équitation ; parfois ça marchait, parfois non. Je la vis grandir à grande vitesse, s'affirmer, devenir une jolie jeune femme. Je savais que si je continuais à ce train là, elle vieillirait, puis mourrait, face à moi, impuissant.

C'est ainsi que, trois mois après son anniversaire, je lui proposais de devenir comme moi. Je lui expliquais une partie de mon passé, lui cachant ce qui me faisait le plus de mal. Je lui parlais de mon enfance en Louisiane, de ma soeur, si gentille et si douce, des ses enfants, petits enfants et arrières petits enfants... je lui parlais de mon quotidien, de Jasper, de mes parents, de ma mère, si attristée par le départ de mon père qu'elle en mourut de chagrin. Je lui parlais de mes cours à Winnipeg, mais lui cachait l'existence de Chelsea. Parler d'elle me faisait encore trop mal. Je lui dissimulais également l'existence de Lucian et de Beth, lui racontant que j'avais été mordu par un inconnu qui m'avait laissé pour mort ; Je lui parlais de mes déménagements, de mon départ, du décès d'Alyce qui m'avait fait du mal. Elle entendit tout cela. Mais lorsque je lui racontais que j'étais devenu un buveur de sang, elle se mit à me rire au nez. Cela dit, elle ne s'esclaffa pas longtemps, car lorsque je lui montrais les deux marques nettes que j'avais dans le cou, elle comprit. Je fis la première erreur de mon existence de vampire, ce soir là. Je la mordis contre son gré, alors qu'elle voulait attendre. J'avais agi en égoïste, en imbécile. Je voulais seulement garder mon enfant à mes côtés, pour l'aimer et la protéger pour l'éternité. Mais je n'avais pas su ce qu'elle, elle désirait. Lorsqu'elle vit son absence de reflet dans le miroir, elle se mit à hurler. Elle resta enfermée une semaine dans sa chambre, sans dire un mot, sans ouvrir, et pire que tout, sans se nourrir. Je craignais qu'elle se laisse mourir de dépit, mais non. Un matin, elle pénétra dans la cuisine de notre appartement, et s'installa, de bonne humeur. Son teint semblait avoir repris des couleurs, et je me posais un certain nombre de questions. La réponse vint très vite aux informations de midi.

Plusieurs dizaines de morts dans les rues, la gorge arrachée, vidés de leur sang. Je sentis ma fille frémir. Il ne m'en fallut pas plus pour savoir qu'elle était à l'origine de ce carnage. D'un geste violent, ivre de fureur, je l'attrapais par le bras et lui administrais une paire de revers dont sans doute se souviendrait-elle toute sa vie. Je lui expliquais, une fois calmés tous les deux, que le principe de tuer n'était pas sans risque. Il nous fallait rester discret, tuer des personnes isolées, mais surtout, pas d'enfants ou de vieillards. Des gens forts. Des criminels, de préférence. Elle comprit. Me remercia, après avoir accepté mes excuses. Je ne comprenais pas pourquoi j'étais aussi violent, dans ma manière d'agir, parfois. Toujours est-il que quelques temps après, je dus me séparer d'Izumi, sans lui dire mot. Je reçus des nouvelles de tueurs qui sévissaient dans la région, au nombre de deux, disaient les informations. Il y avait des disparitions, des morts étranges. Je savais que Lucian et Beth n'étaient pas les seuls vampires sur le continent Américain, mais valait mieux être prudent. Ainsi, sans faire la moindre valise, je pris la fuite et brouillais les pistes, priant pour que mes vieux ennemis n'aillent pas faire un tour dans ma maison et découvrent ma fille. Qui sait ce qu'ils auraient été capable de lui faire ? J'avais laissé un billet, qui malheureusement était tombé sous un meuble. Il n'y avait pas écrit grand chose dessus, seulement l'essentiel. "Je préfère que tu passes une éternité à me haïr que quelques minutes à souffrir. Je t'aime. Papa." J'avais découvert l'école au moment de ma fuite, comprenant que j'avais réussi à semer mes ennemis loin de Winnipeg, et ainsi d'Izumi. Je priais pour qu'ils ne nous retrouvent pas, ni elle, ni moi. C'est ainsi que je me séparais d'Izumi pour la première fois, et j'espérais à cet instant que le jour de nos retrouvailles, nous ne soyons plus jamais loin l'un de l'autre.

Ainsi donc, disais-je, j'avais fait la rencontre d'Hebi, qui m'avait fait une sacrée impression. Avec le temps, je compris qui elle était, et quels maléfices la torturaient. Je m'étais juré de l'aider à avoir une vie à peu près normale. Je savais que le seul moyen de l'aider était de l'entrainer. Mais plus je me rapprochais d'elle, plus je songeais à Chelsea, et à ce qu'elle avait subi. Des sentiments confus se mêlèrent à mes sentiments. Etais-je en train de trahir ma défunte épouse en aimant une autre femme ? En avais-je le droit ? Serais-je en mesure de la protéger, elle ? Je constatais cependant que je n'aurais pas besoin de la protéger contre les ennemis extérieurs, elle en avait la force. C'était de sa plus vieille ennemie dont il valait mieux se méfier. Cette ennemie la prenait de part en part, et parlait même parfois à travers sa bouche. Cette ennemie, c'était Aura. Aura qui ne cessait de tourmenter cette jeune fille pourtant si douce. La bonne nouvelle, ce fut que je retrouvais ma fille une année après mon départ, et qu'elle se lia d'une étroite amitié avec Hebi. Plus je les observais, plus je m'éloignais de cette démone que je trouvais trop dangereuse pour moi... jusqu'au jour où elle décida de m'avouer qu'elle m'aimait, et qu'elle m'aimerait dès lors jusqu'à la fin de sa vie. Il me fallut du temps pour réfléchir. Mais je savais que Chelsea n'aurait jamais voulu me voir malheureux. Ainsi, j'acceptais Hebi Mokona dans ma nouvelle vie. Izumi eut un peu de mal à le digérer, mais finit par le comprendre. Elle me rendait heureux. Elles me rendaient heureux, toutes les deux. Hebi écouta mon histoire, me raconta la sienne. Nous partageâmes des moments tendres... jusqu'au jour où elle m'avoua être enceinte. Je m'inquiétais pour mon travail, après tout je sortais avec une élève, et cela m'était passible de renvoi, le règlement était formel. Comment pourrions nous faire ? Ma douce me promis qu'elle ne donnerait à personne d'autre qu'aux gens en qui elle avait confiance, l'identité de son enfant. Et c'est ce qu'elle fit.

Lorsqu'Enora naquit, j'eus pour premier réflexe de chercher à fuir. Je savais ce qu'impliquait cette enfant démoniaque. Elle impliquait pour moi l'horreur. Aura était revenue dans mes cauchemars, plus vraie que nature. Hebi était devenue un ange, mais à quel prix ? Comment pourrions nous élever cette enfant ? Et plus les mois passèrent, plus je compris que jamais nous n'arriverions à éduquer cette petite. Elle était sauvage et fondamentalement mauvaise. Enora n'avait aucune limites. Elle pouvait passer de la joie à la fureur, et surtout, elle avait une dent terrible contre sa mère, et prenait un plaisir malsain à lui faire du mal, par n'importe quel moyen. Je n'eus dès lors qu'une idée en tête ; me débarrasser de cette enfant diabolique. Je n'éprouvais plus que du dégout pour cette enfant qui faisait souffrir celle que j'aimais. L'amour semblait s'être enfoui au plus profond de moi. Il fallait que je m'en débarrasse ; mais Hebi aimait Enora, de tout son coeur. Et je ne me sentais pas de la faire souffrir en chassant ou tuant notre fille. Il me fallait un moyen... et tout les coups étaient permis.



- Facultatif - Pourquoi êtes-vous arrivé à FHS? :

Lucas Highway remplace Fushi Metsugo x) 101029083633830423

Rp sur l'entrée au lycée : (Vingt lignes minimum!)

- Facultatif - Relations dans le pensionnat : (Si vous connaissez quelqu'un au sein du pensionnat...)


*- Autres choses sur votre personnage.

Précisions :

Lucas Highway remplace Fushi Metsugo x) 101029084043341278

Comment avez-vous connu le forum? POUAHAHAH.

Quelque chose à proposer pour l'améliorer? Refaites la PA, et mettez les codes, pitié T.T ♥

Code : (Dans le règlement!)

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