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 C'est si amusant... [PV Milovitch]

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Syndel Vungh
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MessageSujet: C'est si amusant... [PV Milovitch]   C'est si amusant... [PV Milovitch] EmptySam 3 Avr 2010 - 17:42

[At the end of the world,
Or the last thing I see,
You are
Never coming home,
Never coming home.
Never coming home,
Never coming home!]

Un grognement bestial. Inhumain. Inspirant la crainte. La fuite. Mutation. Génétique à la complexité croissante. Animal. Ou simplement créature différente de la moyenne. Natif de la Nuit.

- Putain... Mais quelle heure il est...?

Le bras, cammouflé au chaud, feint de sortir. S'étend discrètement au dehors. Cherche à tatôns la provenance du son. Les doigts frôlent le draps sombre. La tête est posée sur l'oreiller. Finalement, rampe. Se tortille. Serpent. Puis tombe dans le vide. Sous la couverture, ouvre des yeux ronds, et le récupère. La main atterit sur la table de nuit. Progressivement, saisit sa cible, pour se retracter à nouveau dans le nid. Procédé de chasse. Araignée. Le piège refermé. Le membre supérieur du Diable. Brachion.
Monde parallèle. Entre deux. L'oeil collé au traversin restera clos jusqu'à nouvel ordre. La paupière blanche déposée soigneusement sur l'iris. Sous les cils, le maquillage non retiré de la veille a coulé. S'est répandu, tel une étendue noire sur l'épiderme d'ivoire. Nuit agitée. Le temps d'indolence non pas en heures. Lasse. Cernes inexistants par quelque prodige de la société actuelle. Extérieur. La peau fine recouvrant le mirroir droit se soulève. Apparait lui, étrangement blanc. Illusion qui aurait pu être presque parfaite si simplement cet arcle de cercle de jade était resté dissimulé sous l'immaculé. Plusieurs clignements distraits. Réveil plus compliqué qu'elle ne l'aurait cru. Leger soupir, murmure inaudible. Enfin, soulever le crâne. Le reposer à quelques centimètres de la position de départ. Incliné vers le plafont. Vision obstruée par la toile sombre. Voile noir. Linceul. Le corps entier dans la tombe. Cerceuil d'asphalte, lit de mort. Périr. Axphyxie. Avant de se rendre compte de l'évidence. Piégé. Jusqu'à ce que l'inovation peine à se créer. Question de minutes. D'amas de secondes. En attendant, jette un regard vers l'écran lumineux si bruyant. Déchiffre rapidement les codes énoncés. Ticket horaire. Peine à la lecture. Embrumée. Fait mine de comprendre. Comprendre. Gémit. Referme les yeux. Douce léthargie. Baisse de tension. Anesthésie précoce. Narcose démoniaque. Savato.


- Mais j'ai le temps...

Jusqu'à un certain moment. Elle ouvre les yeux à nouveau. Plus ou moins rapidement. Coma. Réveil mathématique. Comme une évidence, sortir de sa torpeur et reprendre les rênnes. Les mains posées calmement sur le matelas. Couvrent le précieux. Soupir. Elle le saisit. En veille. Verouillage activé. Appuie. Luminosité partielle. Saisie chiffrée. Mot de passe correct. Un halo incolore, progressivement gris, l'éblouit. Ses pupilles se rétractent. Sa main libre vient se poster devant elles. Bouclier. Finit par se laisser porter par la douceur angélique. Aussi satanique. Percutée par un élément sur l'écran. Courbe se mouvant de toute sa longueur. Artifice. Hallucination. Alignement court. Numéros aléatoirement répartis. Formant une dure réalité. Comme si la raison tenait de la folie. Une rétine souffrante. Un violent mal de tête. Coup de feu. Trois. Deux. L'information est convertie de manière lisible. Lucide. Un. Les yeux s'exhibent violamment. Conception d'une vérité générale par de simples nombres. Calcul. Le calcul. L'oeil agressé. Tout de même utile. Décoloration opportune, agissant à l'insu du Braille. Rondeur occulaire méphistophélique. Ops.
Un cri étouffé. Laissa glisser la source de lumière sur le matelas. Léger rebond. Elle, toucha chaque parcelle de ses limbes afin de trouver le moyen d'en ressortir indemne. La beauté de l'agonie. Eveil à demi réalisé. Saisisant les draps au dessus de son visage. Poussa avec ses jambes vers le bord du lit. Séquestrée. Les tissus, prison morbide dans laquelle elle résiderait jusqu'à ce qu'elle sache crocheter la serrure. Exitation. Rage. Poings, paumes, jambes. Des coups de toutes parts. Puis elle s'empare d'une partie du linceul. La tire. La secoue. L'éreiter au maximum. Le faire souffrir comme elle souffre. Puis la furie s'apaise. Enfin. Les deux mains saisissent le tissu. Lui porte un grand coup sec. Il vole, la belle se redresse. Droite. Le visage clos, les yeux grand ouverts. En ses poings transis, des lambeaux. Déchirure. Ongles acèrés. Poigne d'acier. Dextres incisives. Griffes venimeuses. Onyx.
Guère le temps de contempler son oeuvre. Les jambes s'entravent dans la traîne. Elles les repoussent violament. Libre. Bondit hors du cercueil. Revenante. Lorsque ses pieds touchent le sol, un frisson glacé lui parcourt l'échine. Manque de basculer en avant. Se rattrape de justesse, reprend contenance. Moment d'égarement. Cavale en direction de son armoire. L'ouvre en grand. Le meuble vomit son contenu sur le sol. La fille des Enfers simule une légère esquive. Se jette sur le tas chaotique sous son corps. À genoux, fouille à travers la galerie à la recherche des premiers oripeaux plus ou moins assimillables. En extirpe un short cendré, un marcel treillis. Le reste, le roule en boule, l'atrappe avec difficultés, et l'enfourne entre les lattes de bois rafistolées. Quand elle considère que le tout tient à peu près en équilibre sur le fil, referme avec toute la douceur qui lui est connue les lourdes portes d'ébène encadrées d'acier. Antiquité moderne. Création contemporaine originale. S'abaisse rapidement, agrippe les deux haillons militaires, se redresse. Mouvement ressort. La belle change de cible. Avance vers une boîte en carton sous son lit de mort. La tire avec son seul pied grâce à la hanse incluse. Contient la lingerie. Choisit sans trop regarder un ensemble dépareillé. Haut noir, bas turquoise. Dépose les quatres éléments sur les draps. Suite à ça, se dirige vers les volets entrouverts. Tire les rideaux épais. Saisit la nuisette à l'extrêmité, la soulève. Torse et jambes nus. Vêtue d'un simple boxer. Le tire vers le bas. Tout serait naturelement aisé. Sans compter la sensation gênante entre les jambes. Cuisse contre cuisse. Chair contre matière non identifiée. Grognement témoin de son dégoût. Un merde lâché sans barrières pour le freiner. Outil nuisible. Inutilité fournie avec le corps. Prison d'une éventuelle progéniture, assez courageuse soit-elle pour résister à la pression et au liquide dans lesquels elle évolue. Pureté réduite à néant, fruit du péché. Allégorie de la chasteté bannie. Pilule d'amour. Philtre d'énième douleur. Appareil reproducteur féminin maléfique. Deftera.
Pas de temps à perdre avec ceci. Amène un tirroir contre elle. Prévoyance. Arrache les crochets plastifiés de la pochette sainte. Applique son contenu directement sur la couverture turquoise. Sous vêtements opérationnels avec quelques minutes de retard. S'attaque au marcel. L'étire, le place au-dessus d'elle. L'enfile, langoureuse. Serpent. Le tire légèrement. La vitre de la fenêtre se délécte de ce spectacle. La voit s'entraver dans son bas. Rit de la contempler aussi drôle. Pour une fois. Elle parvient finalement à se vêtir. Cherche encore quelque chose sous son cerceuil. À se demander combien de temps allait-elle passer à chercher. Ca lui apprendra à préparer ses affaires la veille. Quoique son rythme de vie n'était pas simillaire. Et sans doute n'avait-elle aucun souvenir de cette nuit. Ils reviendraient plus tard. Elle arriva à mettre la main sur ce qu'elle voulait. Le mirroir improvisé comprit que ce besoin était une nécessité. Se grandit de quelques centimètres. Des bottes ardoise en contradiction totale avec ses vêtements du jour. Mais n'osant pas regarder la suite de chiffres si malsaine. La fenêtre ne pu s'empêcher de constater que sa propriétaire était charmante. Même décoiffée. Même mal habillée. Même sans artifice quelconque. C'était une jolie fille. En espèrant qu'elle en avait conscience. Enfin. Elle avait surtout conscience de devoir activer. Saisissant une brosse à cheveux qui traînait non loin de là sur une petite table. Dénoua ses cheveux blonds d'un coup. Auxiliaire capillaire. La déposa une fois fini. Attrapa une pince, ramassa sa crinière. De ses doigts, arrangea n'importe comment les deux mèches autour de son visage qui résistaient à son pouvoir. C'était le bordel. Mannequin se parant des plus beaux atouts. Corps à coiffer, maquiller et habiller. Accessoire de mode reprennant les délicats motifs qui ornent les murs ou qui au contraire cherche à s'en désassembler. Peau facultative. Action de placer la chair dans la caste de l'optionnel. Détail manifeste. Beauté régentée. Attribut de charme de ceux qui vivent sous le plancher. Sôma.
Gargouillement solanel. Stopper immédiatement toute action. Estomac rongé par les sucs. Pose sa main sur sa peau. Faim. Retourne à la source de tous problèmes. S'asseoit paisiblement. Dévérouille à nouveau le clavier. Manifestation spirituelle qui n'avait absolument rien de risible. Elle n'avait jamais été aussi préoccupée par quatre chiffres, deux nombres. Une mauvaise blague, voilà tout. Bruitage la ramenant à l'ordre. Déposa calmement le rectangle tridimentionnel. Fatigue. Sur l'étagère au-dessus du cerceuil, une pochette. La même que d'habitude. La saisit mollement. L'ouvre tout aussi rapidement. Vide son contenu sur les limbes. Attrape un flacon de petite taille. Débloquage en un coup à droite, puis un coup à gauche. Dévisse. Une fois débouché, y glisse deux doigts fins qui cherchent à saisir un petit rond blanc. Ils y parviennent, non sans mal. Entrouvre les lèvres. Désèrre les dents, laisse sortir une langue rose. Dépose le précieux sur sa surface poreuse. Le cloîttre en son sein. Le mélange à sa salive. Le fait danser. Comble de la dépendance. Besoin de nature sobre, qui en s'accroissant ne fit que la rendre plus malade qu'elle ne l'était déjà. Avale. Tousse, la main devant la bouche. L'interieur n'est toujours pas rassasié. Il en fallait deux, c'est vrai. Replonge dans la fiole. Craque avant d'avoir capturé l'un des poissons y résidant. Les sort, et jette l'éprouvette contre le mur. Fraquas insonore. Chute de neige cristalline clinquante du point d'impact au sol jonché. Passe son poignet sur ses lèvres délectables. Faim. Toujours faim. Encore faim. Souffrance donc existance. Sur la même étagère règnait en silence un paquet que la belle s'empressa de détrôner. L'ouvrit. En extirpa un biscuit sucré. Le porta à son gosier. Mâche. Avale. Processus répétitif. Douleur raisonnable. La panse s'en contentera, et se calmera. Le finit au second coup, un peu rebutée. Belphegora n'aimait que les nourritures froides. Ouverture fournie dans la physionomie définie. Delta précoce sur un minois aussi calme que celui-ci. Le Charybde de l'apparence anthopienne. Ingur.
Rythme accèléré. Tout se déroulera plus vite après ceci. Se redresse, éprise soudain d'un mal-être inqualifiable. Tourne la tête vers le caveau propre face au sien. Vide. Encore. Pas la moindre idée de sa position actuelle. Pourtant, elle y tenait. C'était une agonie lente, douleureuse, que de la savoir éloignée. Jamais à l'abri. Le plus acerbe de tous les délices. Imprudence. Inconscience. Elle la chercherait. Par les liens de la lame. Par les liens du coeur. Par les fils d'Arianne qui les mènent l'une vers l'autre. Se retrouver. La retrouver. Et accomplir son devoir. Chevalier servant, gardienne de la Princesse éloignée du château maléfique. Adoubée protectrice au service de la Reine sacrée effigie de la naïveté. Son égérie, son bouclier. Muse et Artiste. Par les liens éfilochés qui les maintiènnent à proximité quelque soit la distance. Par les liens du manque. Iromy. Triti.
Souffrance. Stigma.
Ne range pas. Mémoire instantanée. Arrêt. Se remémore la nuit passée. Sous la lune patielle, une marche conquêrante. L'envie de voir dehors. Depuis plusieurs soirs perchée sur les toits, la curiosité de la ville la gagnait. Les lumières au loin. Les rues désertes, ou si peu peuplées. C'est cette nuit qu'elle avait cherché à la rejoindre. Malheureusement pour elle, le verdict était tombé un peu tard, et les premiers rayons solaires finirent par toucher terre. Condamnée à regagner sa prison dorée. À dormir le minimum nécessaire. Sauf qu'aujourd'hui, il y avait cours. Et le premier était particulièrement intérrèssant. Il ne fallait donc surtout pas le manquer. Et la suite, elle la connaissant un peu trop. Amnésie de courte durée, qui lui fit perdre plus de temps qu'elle n'en avait. Un dégoût profond de quitter ce mutisme où seul son bruit était perceptible. La pensée passée. L'iréversible. La prison des nostalgiques. L'instrument de comparaison apportant torture. Souvenir satanique. Kyraiky.
Rapide état des lieux. Activité soudaine. Remise en marche non programmée. Animation. S'empare du premier sac à disposition. Messager noir. Le remplit de futilités. Telephone, petite boîte à couture, mouchoirs, feuilles blanches, cahier, et stylos. Rétrospective annulée. Une manipulation éronnée. Partir. Un pas devant l'autre. Progressivement plus rapide. Monter le sac sur l'épaule. Le hisser sur l'autre. Bandoulière installée. Moins mécanique. Course vers la porte. Ouverture. Passage, retour arrière, fermeture. Départ en sprint. Activation néfaste. Anima.
L'endurance combinée à la vitesse. Mouvement antilope. Accèleration encore possible au détour d'un virage. Couloir sur couloir. Plan inexistant, et pas la moindre idée de la position de la salle. N'ose pas regarder le calcul. Descend quelques marches, aterrit dans un nouveau couloir. Point de contrôle. Enchaîne sur une rotation de quatre vingt dix degrès vers la droite, et repart. Court. Court. Vite, très vite. Sprint vers une porte. Presque arrivée. Qulques pas. Encore. Puis une douleur aussi abominable que soudaine. Se plie en deux. Le bras entourant le buste. Point de côté. Mauvais souffle. Respire difficilement. Course, crampe, l'oxygène est bloqué. Suffoque. Se calme. Les battements ralentissent. L'arrêt est si brutal qu'elle pose sa main contre le mur le plus près pour garder l'équilibre. Néanmoins, elle est arrivée. Respire. Ca ne sert à rien, que tout empire. Axphyxie provisoire. Coupure respiratoire. Alimentation malsaine. Cheir.
Ouvre la porte à l'aide d'un coup de pied bas. Rentre à l'intérieur de la pièce. Soupir. Injure. Vide. C'est pas la bonne. Ressort aussi vite qu'elle est entrée, et trottine. Horreur de la lassitude. Divague. Se laisse porter. Zephyr virevoltant de tous côtés de son plein gré. Triste sonate, vague-à-l'âme passager la conduisant on ne sait où. S'entraîne vers un escalier. Commence sa descente. Perte de sang froid suite à sa perdition. Ses poings sont crispés au possible. Et elle rentre dans quelqu'un. Recule, manque de tomber. Se retient grâce à la paroie poreuse. Lève la tête vers l'obstacle. Et s'énèrve légèrement. Impulsivité.

- Tu ne peux pas regarder où tu vas, au lieu de rentrer dans les autres ?!

Prise de conscience. Trois, c'est un adulte. Deux, c'est un homme. Une, son aura était dissimulée. Pas pour elle. Syndel. Démone perverse. Détentrice d'une des vérités absolues. Sa caste se devinait, son rang se lisait dans ses traits. Alors il était là. Il était là. Paraskevi.
Explosion sanguine. Implosion cardiaque. Farandole de sentiments plus imprécis les uns que les autres. Style indécis, naviguant entre l'obsession, la crainte, l'intimidation, la curiosité. Rien n'était moins sûr. Syndel est neutre. Visage stoïque. Se tût. Il réagirait bien de manière à se trahir. S'il est ce qu'elle le croyait être, il la démasquerait aussitôt, exepté s'il était encore plus faible qu'elle ne le pensait. Etrange osmose. Il ne pouvait n'être que Lui. Ou son plus beau fruit. Cadio.

Le calcul. Le calcul. Le calcul. Résultat égale neuf heures et dix-sept minutes. Quel est le calcul pour trouver les chiffres de départ?
Vocabulaire inconnu.
Où es-tu? Où êtes-vous?


[C'est amusant, si amusant!
Ce cirque est si amusant!
Le fruit pourri, pour dissoudre mes yeux,
Mes suppurations de peau, se reflètent sur eux.

Je veux mourir!
Je veux mourir!
Sortez moi d'ici, s'il vous plaît,
C'est impossible de dire et de se sentir aimer!]


Dernière édition par Syndel Vungh le Ven 23 Juil 2010 - 21:34, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: C'est si amusant... [PV Milovitch]   C'est si amusant... [PV Milovitch] EmptyMer 7 Juil 2010 - 23:33

    Cela faisait maintenant quelques semaines. Han Milovitch Todd se faisait peu à peu accepter en tant que professeur de Philosophie. Pas par tout le monde, cependant, puisqu’à chacun de ses cours, Hebi Mokona cherchait la faille et remettait en cause la moindre de ses paroles. Non pas que ça le dérange, point du tout. Un peu de piment au cours, et la jeune fille ne faisait que s’enfoncer dans ses retranchements. Le jour où elle y sera complètement recroquevillée, Han saura démentir et la piéger. C’est donc avec enthousiasme que l’homme se leva pour son premier cours de la journée. Pas encore une seule réunion du pacte, il lui semblait que Nu… Nagisa les avait rejoins récemment. Il l’avait pu la voir dans un couloir et lui avait accordé un sourire respectueux. « Assistante de diection ». Pas mal. Bien trouvé. Jolie petite tenue de travail en plus. Han avait demandé aux membres de venir un par un, d’une fréquence très irrégulière afin qu’on ne puisse soupçonner la naissance du groupe.

    Han cherchait avant tout à protéger sa horde. Ainsi si un membre rencontrait une difficulté, je précise, un membre digne d’être sauvé, Han aiderait ce membre. Chouchouter ses louveteaux pour la simple et bonne raison qu’ils étaient utiles, et que leurs projet aboutiraient avec épanouissement si tout le monde restait en vie. Enfin tout le monde. De son côté …
    En retard. Parfois, -rarement- il était en avance et attendait sagement les élèves assis sur son bureau. Hebi, quand bien même elle arrive la première attend dans le couloir, histoire d’éviter un maximum son professeur. Ses réactions amusaient Todd, et il ne lui en faisait pas la moindre remarque. Continuer ce jeu d’enfant qu’elle avait lancé l’amusait.


    Donc, en retard, et donc quelque peu plus pressé que d’habitude. Histoire d’arriver un peu essoufflé et d’être vitre pardonné par ses élèves adorés. Seulement il y avait obstacle. Et quel obstacle ! Quelle créature. Quelle… Ouah ! Une bombe plus atomique que nucléaire quoi. Et même quand elle hausse gravement la voix contre lui. Elle en est encore plus charmante. Pourtant il se fait sérieusement réprimander, pauvre petit être. Un sourire commence à se dessiner sur sa gueule d’ange. Ta colère ne l'amuse pas... Son sourire disparait à l’ instant où elle le dévisage, et soudain, plus rien. Ils se reconnaissent. Du moins, elle le reconnait. Etrange, même un démon ne pourrait découvrir ne serait ce que l’once de son aura. Elle connait donc la vérité. Stoïcisme déconcertant. Un certain choc est ressentit. Il le sent. Encore plus chez ces âmes concernées.

    -Et bien… Veuillez m’excuser…

    Il ne la quitte pas des yeux. Mais il faut bien briser la glace un jour. Hypocritement pressé, il la contourne et au passage capture son odeur et toute son essence. Bien assez peu. Hors du champ de vision, il reprend sa route vers ses élèves. Arrêt. Retourne sur ses pas. Il y a bien eut une étrange reconnaissance. On parle surtout d’un certain lien de l’esprit, mais jamais du lien qui liait un corps à un autre. Etrangement, Han ressentait ce genre de lien. Alors il fouille sa mémoire. C’était vraiment la première fois qu’il voyait cette fille, pourtant. Alors il n’imagine même pas à une reconnaissance antérieure à un futur…

    - En fait ce ne sera pas assez. Je vous invite à diner.

    Un temps.

    - Vous seriez bien sotte de refuser…

    Etrange conclusion. Aucun échange, si ce n’est de regards, il se permettait de ces choses… Sourire, invisible à l'oeil nu. Et toujours étrangement incontrolable...

    Tu avais raison, tout est calculé. Tu étais faite pour me rencontrer un jour. On dirait bien qu’on y est, à ce fameux jour.
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MessageSujet: Re: C'est si amusant... [PV Milovitch]   C'est si amusant... [PV Milovitch] EmptyVen 23 Juil 2010 - 21:34

C'est à la limite de l'improbable. Il est là.
Elle en avait bien sûr entendu parler. S'était vu offrir son éloge des milliers de fois. Conter son histoire fictive durant des heures, contempler des images à son effigie dans des recueils jamais fiables. On en parlait comme du méchant. Comme Seth et Ritchie Gecko. Un monstre. Des monstres. Capables des pires atrocités, consolés dans l'affirmation de leur nature teintée par cette horreur. Simplement confortés. On lui avait conté ses périples. Ses mythes et ses légendes. Il était célèbre. Comme c'était imaginable. Il avait fait de grandes choses. Était lui-même quelqu'un de grand. De par ces grandes choses. Mais il était grand de nature, aussi. Les livres étaient poussiéreux, le papier froissé, sali, parfois déchiré, et les illustrations n'étaient pas belles parce que trop usées. Cependant, les textes survécurent à la gravure du temps. Aux couteaux aiguisés. À l'empreinte de la modernisation, à la pression de l'évolution sur son échine courbue. À tout cela. De ce fait, il résista aux invasions et su préserver son siège de ceux qui lui voulaient du mal. Une armée bien remplie. La quasi totalité d'une planète. Ces rivaux ne l'emperchèrent pas d'accomplir ses vastes besognes. Il avait envie de telles actions. Il en rêvait. Pourquoi s'en priver. Certes. Ces dernières ne plaisaient qu'à peu. Voir à personne. Néanmoins, elles le satisfaisaient lui. Et c'était plus que suffisant. C'était sa destinée. Relever tant de défis, ainsi que de les réussir. Il avait eu le culot de commencer. Alors pourquoi s'arrêter.
Le vieux grimoire avait été placé tout au pied de la bibliothèque. On l'avait cherché en hauteur, il n'était donc guère surprenant de ne point le trouver. Tous étaient de la même taille. Chacun, bien que différemment colorés, se ressemblaient. Les pages jaunis l'étaient par un principe de similarité existanciel. Rangés par ordre alphabétique, sans aucune erreurs de la part des agents de maintenance. La poussière jouissait d'une parfaite liberté et d'un terrain de jeu d'exception. Quant aux aventuriers qui se risquaient entre les fissures du sol aranéide tellement recouvert par cette soie, ils pouvaient être fiers d'eux. C'est pour cela qu'ils l'étaient. Ils en étaient conscients. Leur bonheur ne fit que s'accroître dès lors. Assis autour d'une table, ils ouvrirent leur dû avec passion. La lecture débuta sur un débat que pas un n'arriva à souligner de la bonne manière. Des enchevêtrement dialectaux qu'ils ne comprirent ni sur l'instant ni aujourd'hui, ce à jamais. Ils étaient pourtant captivés par les lignes jusqu'à prôner un silence qui leur était inconnu. À la seule lueur de leur chandelle, ils s'enivraient des contes cruels. Tournèrent la page une fois arrivé à son apogée. Ils ne possédaient pas la patience de s'attendre et certains murmuraient de revenir en arrière, se plaignant de n'avoir eu le temps de tout dévorer. Capturés par l'alignement des caractères noirs. Visiblement, ils aimaient ce genre de lecture. Quand ils finirent le premier paragraphe, l'attitude associée ne fut point de se mirer, chacun en ayant une lueur malicieuse dans l'oeil, un apprivoisement de l'apprentissage, quelque assimilation du mouvement oculaire. Aucun ne voulut regarder ses congénères dans le but de parler, ou dans ce cas chuchoter puisque la vieille rombière qui s'amusait à garder ces lieux était sensé se reposer. L'intérêt de ce divertissement nocturne n'était pas de gagner la complicité de ses partenaires de jeu. Il n'y aurait de liens tissés entre eux. Ils étaient simplement au même endroit au même instant. Étrangement, ils étaient arrivés ensemble, et décidèrent de poursuivre le chemin main dans la main. Comme tout bon compagnon de route, ils rejoignirent leur buts aussi divergents étaient-ils et finirent en bande. Et ils étaient là, tous ensemble, un avachi contre le dossier de l'unique chaise, un concubin en équilibre sur ses genoux, le reste de ses frères accoudé aux barreaux de son siège ou encore appuyant leur mains moites contre ses épaules fines. Ils n'étaient pas bien grands, ni très futés. Or leur fascination envers le codage inconnu était sans pareil. Leur regards malheureux noyés dans ce tourbillon maléfique, ce texte qui jamais n'aurait du finir entre leurs mains. Le mal est fait. L'essentiel était de les faire tomber sous le charme. Des heures s'écoulèrent, et le jour ne tarderait point à se manifester. Les dernières révélations étaient les plus cruciales. Ils n'étaient plus là. Lorsqu'un n'arrivait à finir la ligne et que le temps de changer de côté les pressait, il ne pouvait que tapoter le tourneur pour lui quémander une marche arrière. Ceux qui avaient fini relisaient pour s'imprégner au maximum du rendu épique. Puis malgré la complexité de la coordination, ce fut la dernière. Ils n'y avait aucun bruit. Même, leur souffle n'existait plus. Ils étaient morts. Morts de tel achèvement. D'un asservissement aussi vicieux de celui-ci. Dernière phrase. Fin. Ils se contentèrent de clore la quatrième de couverture. Tous une expression définie peinte sur le visage aux traits jeunes. Ils le replacèrent exactement là où ils l'avaient déniché. Entre un livre épais à la couverture verdâtre et un autre aux reliures dorées grattées. Ils prièrent afin que leurs traces digitales fussent soit effacées, soit discrètes, soit éphémères. Ce choix ne revenait malheureusement qu'aux particules cendrées qui poudraient la surface de chacun des ouvrages. Le temps dirait si les trahirait ou non le moment venu. En sortant de la salle, ils récapitulèrent indépendamment leur connaissances nouvelles. Des histoires insoupçonnées à raconter. De merveilleuses histoires. Quand ils ouvrirent la porte, direction leur appartements, pas un ne se dit avoir participé à une exécution prohibée. Pas un ne prit compte de la gravité de l'acte. Tous étaient persuadés de ressortir inchangé. Pure lubie désorientante. On venait de leur inculquer le passé obscur du monde, en détail. Sans omettre la moindre scène de torture. Version non censurée. Le sang coulait à flots, l'épreuve n'avait pas fait que des bienheureux. La folie s'emparerait de leur cervelle une fois parvenue à maturité. Ils n'étaient que novice dans l'art traditionnel de la substitution, et conserveraient ce statut. Leur euphorie tempérée ne faisait que masquer la cruauté gastronomique. La plante naissante en leur viscères en putréfaction. Ils ne s'étaient pas rendu compte qu'ils avaient comme croquer la pomme hémoglobine et juteuse que le couple idyllique tout droit descendu de l'Eden leur tendait. Ils n'avaient pas compris le sens des mots blasphème et châtiment. Ils cherchaient encore le lien avec Seth et Ritchie Gecko. L'essentiel avait marqué leur épiderme délicieux d'une brûlure au fer écarlate. Ils ignoraient le pourquoi de l'emplacement si souterrain d'une oeuvre à l'initiale premier symbole de l'alphabet latin moderne. Il fallait le terrer au plus profond, et l'oublier. L'Apocalypse.

Il n'y avait pas qu'un tome. La collection entière ne se calculait pas. Pourtant, la belle les avait tous dévorés. Tous ceux qu'elle avait réussi à obtenir. Énormément. Sa culture se résumait aux ouvrages manuscrits. Vieux grimoires de la bibliothèque interdite. Fouineuse. Son adulation pour le héros n'avait fait qu'augmenter avec le temps. Sans faille. Autant certains ne juraient que par les Supers des comics, autant les parchemins centenaires et ses créatures à mi-chemin entre la vérité et l'irréel lui convenait à ravir. Et cependant. Lire les aventures étaient merveilleux. Les vivre était fabuleux. Enchaîné par le cadeau empoisonné, la sensation de force emprisonne. Et le héros devient rapidement une addition. Drogue virtuelle. Au travers de ses injections lettrées, chaîne anglaise d'offrandes et de remerciements. Un adorateur en plus. Le lecteur. Engrenages mystiques. Mise en marche d'un système aussi simple qu'efficace. L'admiration. La proposition était plus alléchante que les promesses à l'arrière. Lire pour le revoir. Finir par le croire lié à soi. L'accueillir dans son corps, dans son crâne. Percée à jour. Il vivait grâce à elle, tandis qu'elle survivait pour lui. Le cercle était complet. Tout allait pour le mieux. C'était sans compter l'intervention du temps. Salaud à ses heures perdues. Il s'immisce dans leur relation, sème le doute au sein du couple. Elle se met à douter. Elle a toujours tout fait pour lui, et il ne s'est jamais manifesté une seule fois. Ne serait-ce que pour la saluer. Il ne s'est jamais montré. Il est toujours resté caché, le restera sans doute. Alors elle doute. De sa présence, de son amour à son égard. Se demande si tout n'est pas mascarade. Continue néanmoins le culte. Le culte ne doit s'éteindre. Ne peut s'éteindre. L'autel est toujours entouré de fleurs. Chrysanthèmes et narcisses. Une autre sorte, deux autres races, plusieurs plantes sauvages ou inconnues. Tout était entretenu. Tous les jours. Chaque minute un peu plus. Elle finit par se croire prêtresse de son temple. Priait sous les rideaux de suzannes aux yeux noirs, la pâleur arctique des clématites à la couleur ivoirienne. L'encens se consumait lentement lors de son voeu de silence. L'ombre basculait d'un côté à l'autre selon la volonté de l'étoile meurtrie. Rite crépusculaire. En partenariat avec l'obscurité. Enfant de la Lune. À genoux, les mains jointes. Le seul fait de déposer ses empreintes sur le marbre noir est perçu comme un sacrilège. Honte. Elle ne doit pas toucher les éléments qui lui sont dûs. Qui lui appartiennent. Le bouquet de capucines devant le reposoir jaunit, se ratatine, s'effrite. Les pétales errants, éparpillés le long de l'échine calcaire, n'existent qu'à partir des formes cendrés qui la parsèment. À proximité pleurent les cerisiers en pleine efflorescence. Leur ornement, échéant, vient saupoudrer l'ophite reptilienne. Sous les larmes rosées, l'éclat polaire d'un voile blanc. Sa chevelure blonde retombe sans un pli devant son faciès bas. Aveu muet. Elle y croit. Elle y avait cru. Pas d'interruption. Elle avait mené ses prières jusqu'au bout, incessamment. Assidûment. Il n'avait eu la nécessité de se présenter face à elle. Son apparence, sa voix, il avait été surprotégé éternellement. Sa pythie respectait son souhait d'anonymat sans se plaindre. Elle était juste respectueuse de sa divinité. Il ne pouvait rien lui reprocher. Pas d'excuses. Ses doigts se délient, se crispent. Un genou de relevé, l'autre serre d'appui pour l'aider à se dresser à nouveau sur ses jambes. Son long vêtement couvre son corps comme le ferait un kimono. Soie d'opale, noeud de cristal. Le dessin souligne ses courbes avec délicatesse. Elle se doit d'être magnifique face à lui. À chaque instant. Avoir confiance en lui, le vénérer. Ne pas le trahir. Lorsque sa nuque remonte selon le chemin de son anatomie, les fils d'or viennent se perdre dans son dos, sur ses épaules. Ses yeux émeraudes se noient dans son reflet hyalin. Il est là et il n'est pas là. Il doit bien la voir, de là où il est. Il doit bien sentir que quelque chose ne va pas. Mais il ne se penche pas. Il ne s'est jamais penché sur elle. Pas une fois. Elle, elle hurle pendant qu'il s'assoupit. Quand il ne peut l'apercevoir. Il est puissant. Trop pour elle. Elle a peur de sa réaction, s'il la repérait. Il effraie. Il châtie. Craintive, soucieuse. À s'en arracher la peau des doigts. À s'en faire saigner la lèvre inférieure. À s'en transpercer les bras. Tranche et lacère. Mutilation. Sa punition, exemplaire. Quiconque brisera la religion sera blâmé. Ongles rentrés jusqu'à l'hémoglobine dans l'avant bras. Mordre si fort que hacher. Dissoudre les joues avec l'acide oculaire. Perforer, déchirer, détruire. Injection de dissolvant par intra-veineuse. Jusque que ça faisait mal. Devant sa stèle pieuse, fin de supplication. L'heure est venu de se retirer. Getas épineuses aux pieds, poings transis le long du corps. Typhon anodin d'une composition florale axée sur un rosé doux. L'odeur sirupeuse l'enveloppe de ses baisers paisibles. Les rives du Styx. Il fait froid, ce soir. Il neige. Il neige. Et la meurtrissure de la glace au contact de son tissu vaporeux la fait trembler. Il fait froid. Il n'est pas fier, sans doute. Elle avait tout fait, tout pour être à sa hauteur. Digne de lui, et de son rang. Tu ne le trahiras point. C'était ce qu'il était inscrit dans les archives. Règle simple, toutefois. Tellement facile. La couverture sur le sol s'épaissit davantage qu'elle ne l'est déjà. Sur les pavés rocheux, la matière froide installe son bivouac. Le noir pulvérisé par le blafard de l'astre et de la semence poudreuse. Lueur indécelable des chandelles posées sur les plateaux des balances suspendues. Encens consumé, disparu. Clinquement suraiguë des clochettes grelottantes. Il la voit, de son perchoir ou de son trou. Il rit de sa condition, ou est entièrement insensible au trauma de son Oracle. On l'ignore. Elle n'est pas plus au courant. Elle ne le défend plus. Il n'a jamais répondu. À aucune de ses lettres, pas une de ses oraisons. Il est muré dans son mutisme à ne plus savoir parler. Elle se lasse de son aphasie. Il ne se manifeste pas. Onques. C'en est horrible. Vicieux. Comme une sensation amère jusque dans la gorge. Épine venimeuse planté en plein foie. Artères pulmonaires sectionnées d'un tranchant de scalpel. Souffrance. Il choie ses satellites. Terre et Lune. Il accueille, elle complète. À leur hétérogénéité, jamais le quatuor globuleux ne s'est croisé. Disparité capitale. Il lui fend la nuque, lui moud le moindre échantillon de cartilage. Elle l'honore et s'agenouille face à sa supériorité écrasante. Avait estimé justement sa maladresse, ce dès le départ. Toujours à s'en vouloir, lui trouver des excuses et encaisser à sa place. Le couvrir pour ne pas l'incriminer. Il existe, aucun doute. Sinon, elle ne s'étiolerait pas de la sorte. Son corps, son âme, rien en sa carcasse ne serait aussi résistant que ça ne l'était à présent. Soupir ingénu, ponctué de soubresauts secrets. Aveugle de ton image, sourde de ta voix éraillée, amputée de te connaître, muette de répliques. Glorifie et ferme la. Or à force, la lame japonaise s'enfonce entre les organes. Retirée, expier ses désirs et ses complaintes. Le temps t'a fait faux bond. Sous sa manche, le katana. De sa hauteur, s'effondre contre la pierre. Dernière cantilène. Note évolutive lorsque le sabre atterrit, rebondit contre la paroi dure du foyer. La neige n'avait osé apposer son poids à cet endroit saint. Par crainte. Démoniaque. Soudain, le carillon s'affole. Souffle nocif dispersant végétaux colorés et eau refroidie autour de son mannequin immobile devant lui. Tu n'aurais pas dû. Tu ne t'ai jamais découvert le visage. Tu as masqué ton identité jusqu'à faire douter de ton existence. Tu n'avais confiance en personne, et ça n'a pas changé. Tu as fais mal. Simple remarque. Tu as perdu une partie de toi. Oh, tu t'en remettras. Tu te remets toujours de tout. Tu existes, c'est inexorable. On ne souffre pas autant pour rien. Tu es tutoyé. C'est une preuve de ta défaite. On devrait te vouvoyer. Mais on ne sait pas si tu nous écoutes. Et si tu est là, manifestes-toi. Stigmatise ceux qui te manquent de respect en te tutoyant. Il ne fait rien. Alors on en parle à la troisième personne, comme s'il n'était plus là. Elle, elle est déjà partie. Son regard béryl ondoyant derrière les montagnes lointaines. La démarche hésitante, les adieux faits. Rien toucher. Par affection. Les grilles autour de l'espace, celles qui maintiennent les grimpantes, elles s'affaissent. Les fleurs se meurent, les plantes dépérissent. Symbole de lui. Elle ne viendra plus les arroser. Elle ne l'oubliera point. Il subsiste. Il ne lui fait pas assez confiance. Elle ne veut pas de ce pseudo intérêt. Ses cheveux ambrés habillent son cadavre ambulant, lovent son minois d'une chaleur appréciable. Les chaussures rentrent leurs défenses dans la plante du pied. Traces dans la neige. Marques rouges. Sur son vêtement lilial, une rose écarlate. Les bras exténués, morts. L'arme, contre sa demeure, recouverte d'une substance carmin. Le liquide lacrimal, ruisselant contre ses joues enneigées, fixant les fils dorés entre les pores. Tu aimes les fleurs, on t'en offre même avant de te quitter. Tu nous descends, bang bang. Nous te descendons, bang bang. Les yeux rouges, le ventre troué, l'expression neutre. Il vit, oui. Mais qu'il le prouve, à la fin.

C'est flou. Embrumé. Les livres l'étaient de la même manière. Le jaune, les cornures des pages, tout était fait pour distraire. Le moindre détail était souhaité. Le temps n'avait pas d'effets. Pas sur le papier. Les frères Gecko. Seth, l'aîné, Richard, plus connu sous le diminutif de Ritchie, le cadet. Eux aussi, croyaient aux vampires, avant. Et ils les ont renié. Résultats, l'un est mort, l'autre l'a tué. À cause d'eux. De leur existance feinte. C'était de leur faute.

Et il est là. Il se décide enfin. Il est là.

Quel plaisir. Quel sentiment. Cette crainte...
La peur qui l'envahissait lui était encore inconnue. Celle de la surprise, de l'innatendu. Il sentait la puissance à plein nez. Il puait l'odeur d'un démon de grande classe. C'était lui. Aucun doute. Aucune idée du pourquoi de cette certitude. Juste... à cause de cette boule au ventre. Balle de fusil à pompe logée en pleine tête. Il était là. Après tout ce temps. Ces journées à se demander s'il savait qu'il pouvait venir. Il était égoïste. Ce qu'il faisait, il le faisait pour lui et ses besoins. Il se foutait bien du reste. Par expérience. Toutes les plaintes, les heures passées à vagabonder d'un monde à l'autre pour tenter de le libérer de ses chaînes, pour essayer de le mirer, ne serait-ce qu'une fois. Frisson. Les yeux plongés dans les siens, impossibilité de les en arracher. Une peur. Atroce. Ne plus vivre cela, plus jamais. Non. Pas vivre... à nouveau. Pas ça. Pas encore. Assez souffert pour lui. Assez de sanglots, de sang. Le repaître de sa propre dépouille. Il n'avait pas encore bu à s'en rendre malade. N'était peut-être pas suffisamment conquis. Quoi. Il fallait le faire vomir, pour qu'il cesse. Lui faire cracher ses glaires visqueuses sur le sol, le frapper tellement et tellement fort qu'il ne lui faudrait pas qu'un chirurgien pour lui refaire l'intégralité de son visage. Le pourfendre d'un éclat avec lequel même un cheveu posé dessus se coupe. Juste... Lui faire comprendre ses horreurs. Le sacrifice qu'elle avait essuyé. Les abnégations dont elle avait été victime pour lui. Par sa faute. Tout était sa faute.
C'était sa faute! Il... Il exigeait toujours, énormément! On se tuait à lui faire plaisir, à le satisfaire, espèrant ne serait-ce que l'ombre d'un regard, la chaleur d'un merci, dicté lentement, langoureusement, comme on le pensait fait. C'était pour lui. On fait tout pour lui. Et il ne cherche que l'indisponibilité. Prend, et c'est tout. S'enfuit. Ne reste pas longtemps. De crainte d'une révolte. Il s'en fout. Il est trop puissant. On le sait, et lui jouit d'en être conscient. En fait, il n'est pas malin. Il peut être aussi fort qu'il le souhaite, établir son règne là où ses rêves et ses déboires veulent le mener, il n'est pas futé. Bien sûr que tout n'va pas que dans un sens! Quoi? Qu'a-t-il fait pour nous? Pour ses gens qui croyaient en lui, et qui croient toujours! Qu'a-t-il... tenté, de faire. Il... ne pensait qu'à lui, qu'à son petit crâne. Quand ça ne va pas, oh, on quémande gentillement aux abrutis sur terre de prier une ou deux fois, de boire dans l'calice cul sec, et puis ça va mieux. Ouais. Et lui, qu'est ce qu'il fait, pour nous remercier? Qu'est ce qu'il veut, encore, en retour? Parce que c'est payant, bien entendu! Hé, on parle quand même pas d'n'importe qui! Qu'est ce qu'il vaut, lui? L'adoration? L'abandon? Toute la richesse du monde? Il vaut notre vie? Il vaut mieux que notre vie? Bien mieux, que notre vie. Notre vie. C'est quoi cette connerie. Depuis quand la vie de l'un d'entre nous compte autant que son culte? Déjà, depuis combien de temps notre vie compte-elle. C'est la première question à se poser. Oui, parce que... on peut bien crever la gueule ouverte, c'est pas lui qui viendra nous secourir. Au contraire, il aurait plus tendance à nous laisser tomber au moment où nous devenons trop faibles. Il est comme ça. À côté, il agonise, on accourt. Ca suffit! Ca suffisait, c'en était assez, c'en était trop! On n'en pouvait plus. Ce rythme nous sciait. Nous étions à bout de forces, à bout de souffle. Alors on l'a quitté. On lui a expliqué pourquoi dans nos prières, et on s'en est allé. On lui a laissé un bout de nous, en guise d'adieu. Il a notre sang, il a encore notre passé, nos offrandes, nos conseils. Il nous tient toujours autant. On ne fait que penser à lui. Il nous hypnotise. On résiste, quand même. On se force. Certains d'entre nous coulent sous son emprise. D'autres se noyeront, dans quelques temps. Et ceux qui resteront, jusqu'au bout, vivront sous l'emprise d'une entité encore inconnue.
Et il est là, maintenant. Juste sous ses yeux. Elle n'y croit pas.

De haut en bas. Cheveux en bataille, menton mal rasé, posture fière et droite, costume taillé à la perfection, chaussures cirées. De bas en haut. Ourlets du pantalon ratés, ceinture un cran trop serré, pectoraux saillants, bouche fade, regard pétillant. Aucune preuve. Discrètion assurée. C'est justement cette absence de pièces à conviction qui l'accusait. Trop parfait. Trop celèbre. Trop reclu. Il était là, et personne ne le voyait. Seul sur une scène avec un public d'un millard d'adorateurs, il était invisible. Pourtant, c'était évident. Son corps transpirait le faux. Il ne lui allait pas encore impeccablement. Son air apparemment neutre suintait la passion hostile d'une future attaque. Il n'attendait que d'assouvir le pensionnat pour l''attraper à la gorge. C'était inné. Tout en son être fulminait. Il n'était pas là pour la paix. Ca ne lui ressemblait aucunement. Il ne pouvait pas non plus venir pour récupérer les soldats qu'il avait semé sur son chemin. Les oiseaux avaient déjà tout dévoré. C'est lui. C'est certain. Que fait-il ici. Pourquoi, ici. Que cherche-il. Pourquoi, elle.


-Et bien... Veuillez m'excuser...

De quoi, vous pardonner. Vous en avez déjà fait à satiété. Vous n'êtes pas le bienvenue en cet endroit.
Jeu ophtalmique. Un, deux, trois, soleil. Le terrain laisse à désirer, mais les deux équipes sont tellement envoûtées par le principe qu'elles en omettent l'extérieur. Chacun a réussi à piéger l'autre. Procédé, semer le doute sur soi chez l'adversaire. Raisons différentes. La fratrie Gecko et les vampires étaient bien intrigués les uns par rapport aux autres, mais pas exactement pour une logique simillaire. Lui devait se douter de quelque chose à son sujet. Elle n'est pas normale. Elle, se posait plus de questions que nécéssaire à propos de l'homme qui lui faisait face. Que veut-il obtenir pour se déplacer lui même. Qu'est ce qu'il veut débusquer dans le coin. Pourquoi. Pourquoi s'attarder sur une créature aussi insignifiante que Belphegora. Il n'avait rien à gagner, à le faire. Ca n'avait pas de sens. C'est confus. C'est confus et c'est gênant. Il le sent, et décide de mettre un terme au jeu. Il se force. Ca se voit. C'est étrange. Il n'a pas à se forcer, ou à feindre une quelconque retenue. Pourquoi simuler l'attrait à son égard. Il se retourne, et s'en va. Il la laisse là, toute seule. Non, rien n'a changé, depuis. Il est resté exactement le même.
T'excuser. T'excuser pourquoi. Tu crois réellement que l'on peut pardonner telles cruautés. Si tu veux. Nous, on ne te pardonnera pas. Mais tu peux lui demander. T'auras peut-être une chance, avec elle.
Mitigée. Partagée. Entre haine et dévotion. Ivresse délétère. Questions sans réponses. Il s'en va. Il la quitte. Encore. N'a pas évolué du tout. Le rattraper. Courrir derrière lui, et le ramener vers elle. L'obliger à la regarder, sans possibilité de négocier. Le ramener à la réalité, et lui faire voir l'étendue de son ignonimie. Lui hurler ses actes, lui pleurer les peines engendrées, lui faire engloutir ses vices et ses péchés en lui enfonçant un entonnoir dans la gorge. Lui rappeller prières et sacrifices, le frapper avec. Crier par nécéssité plus que par besoin. Dénoncer ses gestes, les lui faire regretter. Lui prouver son absence de mots en le consumant du regard. Brûle. Brûle... Crève! Le rattraper, et le mettre face à la vérité de ces amoureux de l'ombre.Lui faire part de son égoïsme. Le lui faire payer. La laisse seule. Toujours. Le rattraper, l'enlacer. Le serre contre elle, ne plus le laisser partir. Lui sussurer des mots doux, il lui a manqué. Lui baiser le cou, langoureusement, passer ses mains dans ses cheveux. Clamer en silence son désir de tout recommencer. Reprendre à néant. Tu te souviens? Oui. Non. Peut-être. Aucune idée. Ce n'est rien. Détail. Retrouver son attention, se sentir appréciée. Soulever sa chemise et lui griffer l'épiderme par pure vengeance. Rien comparé à sa plaie ouverte. Juste, qu'il sente sa présence. Qu'il sache qu'elle est là, tout près, collé à son torse. Il est là. Elle aussi.
Il est toujours bien vêtu. Enfin, ses vêtements et son corps sont parfaitement mariés, chaque jour. Il sait ce qui lui va ou non. Alors il joue avec son apparence et ses humeurs changeantes. Il sait s'amuser avec un rien. Il est formidable. La belle, dès qu'il eut le dos tourné, baissa les yeux. Aujourd'hui, ce n'était pas le jour à s'habiller pour séduire. Débardeur militaire, short cendre. Les cheveux relevés vulgairement avec une pince à moitié cassée, le visage nu de toute peinture. Résultat d'un lever désagréable et d'un retard plus qu'affligeant. Pas de chance. C'était aujourd'hui qu'elle le retrouverait. Il est toujours très poli. Education de pointe. Son métier ne fait qu'accroître cette faculté. Il n'insulte jamais directement. Pas une fois avec des mots d'une bassesse reservée au monde plébéien. Il formule ses dires avec la délicatesse d'un aristocrate en pleine cérémonie d'anoblissement. Il aime paraître honorable. Il est honorable. Et il le reste, même face à l'impulsivité d'une demoiselle au caractère bien trempé et à l'humeur exécrable. Personne pour la rabaisser, ayant échappé aux gardes l'espace de cette soirée. Se trouver, par hasard. Le Seigneur charismatique et courtois, la princesse négligée et rebelle. Bill et Béatrix.
Reviens ! Reviens !!
Instinct lui dictant de redresser le visage. N'est atteinte en rien dans cette histoire. Loin de ça. À l'instant, il fit volte face, la regarda. Se rapprocha à nouveau. Elle seule remarqua la différence d'écartement avec la première fois. Il était légèrement plus près. À peine. C'était largement suffisant. La main qu'elle avait posé contre le mur se crispa dans la sobriété la plus totale. Ses iris de jade agrippaient les siens, céruléens à tendance grisonnants. Il avait un regard fascinant.


- En fait ce ne sera pas assez. Je vous invite à diner.

Rien que ça.
Silence. Il y avait de quoi. Son air se naturalisa davantage. Stoïque face à l'adversité. Ne montrer aucun signe de faiblesse, et bondir au moment opportun. Rester sur ses gardes. D'autant plus lorsque l'on a le Diable devant soi.


- Vous seriez bien sotte de refuser...

Arrêtez de me vouvoyer.
Sotte. Si elle refuse, elle est sotte. C'est vrai. Qui serait assez idiot pour passer à côté d'un repas avec un homme aussi charmant que celui-ci. Rajoutant le fait qu'ils se connaissent d'une certaine façon, si l'on inclut le jeu des races dans la comptabilité des points, et la satisfaction non moins modique d'être considéré dans la caste invités et donc ne rien débourser lors du dîner. Sotte. Si elle accepte, elle est sotte. Ce n'est pas plus faux. Qui serait assez abruti pour tomber dans un piège aussi vieux que celui du restaurant. Surtout proposé par un être particulièrement vicieux et conscient de sa supériorité écrasante sur sa victime, prêt à la traquer au moindre incident exploitable. Si elle dénigre l'invitation, elle est conne. Si elle opine, elle l'est aussi. Face à tel choix, on ne peut qu'être convaincu de la réponse.
La démone le mire, les yeux grands ouverts. Attirance. Elle esquisse un vague sourire, rien de convaincant. Le perd quelques secondes plus tard. Soupire. Lâche la paroi rèche. Descend une marche. Distance rétrécie.


- Vous êtes... le professeur de philosophie, c'est exact.

Pas une question. Ce n'était pas une mésinterprétation. Le professeur de philosophie. Satan. Arrêtez de me vouvoyer.

- Excusez-moi.

C'est à Syndel de s'excuser. Pas à lui. Lui, il se contente de suivre son protocole. Lucifer. Méphisto. Belzébuth. Comment vous appellez-vous?

- Je... Je pourrai assister à un de vos cours? Simplement... Voir. Essayer, une heure.

Plus le droit de s'inscrire. En retard. Toujours en retard. Si elle n'avait pas été en retard, cette fois-ci, elle ne l'aurait pas revu. Ca lui apprendrait. Trop d'interrogations. Doutes. Sur sa présence ici, sur ses buts, sur ses désirs, sur lui, sur elle.
Venue plus fine. Une marche les séparant l'un de l'autre. Si proches.


- Je n'aime ni les restaurants italiens, ni les restaurants de fruits de mer.

Le retrouver. Celui qu'elle avait appellé par le passé Amour.
Ne plus le revoir. Syndel ne pensait qu'à le renier, une bonne fois pour toutes. Parce que l'Amour, ça fait peur. L'Amour, ça fait mal. L'Amour, c'est surprenant. L'Amour, c'est maléfique.


- Avec plaisir.

La sotte.
Elle lui sourit. Sincèrement. Verserait presque une larme. Sans savoir pourquoi. Pas l'Amour. Pas à nouveau. Juste... Être amis.


C'est comme dans un film...
Tout, tout, tout. Mais pas des fleurs. S'il vous plaît.
Pourquoi tu ne veux plus aimer?


[Soyons juste amis.
Tout ce qu'on a à faire.
Soyons juste amis.
C'est l'heure de dire au revoir.
Soyons juste amis.
Tout ce qu'on a à faire.
Soyons juste amis.
Soyons juste amis.]


[C'est la pire horreur qui puisse t'être offerte. Pardon.]
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