Il devait être… hum… 18h lorsque Lyo et moi-même avons eut une conversation très importante.

**- Kyo.
- … Quoi encore ?
- Je viens de penser… tu ne m’as jamais lu la moindre histoire.
- Histoire ? J’comprends pas. Tu parles de quoi ?
- Et bien tu sais… des contes, Cendrillon, La Belle au bois dormant…
- Hé ! Tu me prends pour quoi ? Pour ta nounou ?
- Euh… ben… en quelque sorte… ouais.
- …
- Si je vais en chercher un… tu me le lirais ce soir dis ?
- …
- Je prends ça pour un oui !**

Et c’est à cet instant là que Lyo est soudainement parti en courant en direction de la bibliothèque… Moi, incapable d’effectuer le moindre geste, je m’efforçais de le dissuader de faire une chose pareille… Imaginez donc la tête que ferais le prof de philo s’il nous croisé, avec… « blanche neige et les sept nain » à la main. Aaaah cela en était fini de moi. Voilà pourquoi les négociations étaient ouvertes lorsqu’un argument vint à moi :

** - J’ai jamais dit que je te le lirais.
- M’en fiche ! ** répondit Lyo en sautillant vers la grande porte de bois.

Lyo n’est qu’un sale gosse infernal. Arrivé devant la haute porte, il s’arrêta, sa main caché sous la manche de son pull, il la mis devant le bas de son visage, cachant ses lèvres et le bout de son nez. On aurait dit un enfant qui venait de faire une bêtise. Sauf que la bêtise n’était malheureusement pas encore faite, et que le pire restait à venir. Lyo ouvrit la porte, et la femme de la bibliothèque le lorgna d’un œil mauvais. Vieille et flétrit par les rides, son regard sévère fit frissonner mon ami. Mais il ne se laissa pas abattre pour autant et commença à arpenter les allées d’étagères. De grandes étagères propres aux livres serrés. Lyo se mit à courir un peu, ses pas raisonnant sur le sol dur de la pièce. Il souriait et semblait heureux, au bout d’un moment il me dit à haute voix :

- J’ai l’impression que tu cours avec moi ! C’est rigolo.

Et cette phrase me donna envie de pleurer. Je ne sais pas pourquoi cela me blessa, mais, j’aurai voulut… oui j’aurais voulut pouvoir être moi, et pouvoir courir à côté de lui. Haha… je suis stupide hein ? Je m’inspire même de la pitié parfois. Mais je vais vraiment avoir l’air stupide si Lyo arrive à mettre la main sur…

«  Yata ! »

** - Tu… tu en as trouvé un ?
- Oui !!!**

D’une main, Lyo extirpa un livre à la reliure rouge terne… Il s’agissait du « petit chaperon rouge ». Seigneur… achevez moi. Mais le seigneur ne voulut pas m’accorder sa pitié…

** - T’as vu ça Kyo ?! Yen a tout pleins !
- Un ça suffit… n’es-ce pas ?
- Pour ce soir oui… Maaaaaais…
- Mais ?
- Va en falloir des soirées pour lire tout ça !**

C’est donc quelque peu blasé que je vis ce que regardait mon ami. Se retournant au milieu du rayon, je m’aperçut que la centaine de livres qui nous entouraient faisaient tous parti des contes pour enfants… Des « milles et une nuits » au « bossu de notre dame »… Et Lyo avait l’intention de tous se les faire. Il se remit à sautiller et se dirigea d’un pas joyeux vers la sortie…

** - Tu prends que celui là ? lui demandai-je.
- Oh mais ne t’inquiètes pas ! On reviendra demain hihi.
- J’ai le droit de te détester ?
- Euh… naaaaan.
- Sache que je te hais quand même.**

Lyo s’arrêta un instant, en face de lui était assise une jeune fille que nous n‘avions jamais remarqué, et elle nous regardait.

** - Kyo…
- Hum ?
- Elle non plus, elle ne comprendrait pas qui nous sommes hein ? Comme cette petite fille… qui nous regardait dans la rue l‘autre jour.
- … tu en pose des questions…
- Pourquoi on arrive pas à… se faire des amis ?
- … tu veux me faire culpabiliser pour que je te lise ton histoire c‘est ça ?
- Même pas.
- …
- Alors ? Tu crois qu’elle non plus, elle ne se souviendra jamais de nous.
- Jamais de toi tu veux dire. Je ne dois pas exister pour elle. Moi je n’existe pour personne.**

Etrangement, Lyo sourit, il regardait toujours la jeune fille, et il sourit, peut-être qu’elle pensa à cet instant qu’il souriait pour elle. Il pris le livre dans ses bras et le serra très fort. On aurait dit un gamin de huit ans mais il ne ressemblait à rien au garçon de huit ans qu’il était lorsque je l’ai rencontré. Il s’avança vers la fille et se pencha sur elle, s’appuyant d’une main contre le dossier du fauteuil pour ne pas tomber sur elle, l‘autre tenant toujours fermement le conte. Ces yeux noirs à quelques centimètres des siens, il semblait scruter le regard de la jeune fille. Il recula et lui souri :

- Bonjour… Je m’appelle Lyo ! Et toi c’est quoi ton nom ?

"Les pouvoirs de type émotionnel, en rapport avec les sentiments, sont très souvent à caractère héréditaire, sauf... --"

Un grand fracas tira soudainement Angie de sa lecture. Quelqu'un venait de pénétrer dans l'enceinte de la bibliothèque sans se soucier aucunement de l'interdiction de faire du bruit.
Un jeune homme, il semblait avoir environ le même âge qu'elle, et détail surprenant en ces lieux, son aura était d'un flamboyant magenta. Enfin, il est vrai que cette étonnante couleur qui lui tournait autour correspondait parfaitement à son entrée bruyante. La bibliothécaire semblait l'avoir déjà prit en grippe.

Intriguée, Angie le suivit des yeux, elle désirait voir ce qu'il était venu chercher ici, dans ce lieu paisible. Il se mit à sautiller, à la limite de la course en regardant les étagères du coin de l'œil. Il ne devait sans doute pas être à la recherche d'un livre précis.
Soudain, Angie le vit s'arrêter, et s'emparer de d'un livres, puis observer tous les autres de la catégorie. Elle lu alors le nom de cette catégorie, écrite en grosse lettres au sommet : "Contes et Légendes Classique pour Enfants". Elle ne pu s'empêcher de rire. C'était adorable, elle aurait presque pu deviner.
Son attention se reporta sur le garçon. C'était étrange. Le magenta était à la fois flamboyant et glacé. Bizarre. Et ! Non seulement son aura était digne de porter le nom d'un oxymore, mais il semblait comme... remplacé par moments. Par une autre couleur, beaucoup plus sombre, plus terne. C'était quelque chose de totalement déstabilisant pour Angie. C'était contraire avec tout ce qu'on lui avait toujours appris.

Ce... ce garçon avait donc... deux personnalités ? Deux caractères ? Malheureusement, le changement était beaucoup trop rapide pour qu'elle puisse discerner la deuxième aura. Elle se rendit alors compte qu'elle était en train de le fixer depuis un petit moment, et qu'il s'en était aperçut. Le jeune homme la regardait attentivement, comme plongé dans ses pensées lui aussi.

Et, d'une manière totalement imprévue, il fonça droit sur elle, et avant même qu'elle s'en le remarqua, sa tête se trouvait à quelques centimètres des siens. Vraiment curieux celui-là.
Angie ne put empêcher ses joues de rosir. Elle avait rarement été aussi près d'un garçon auparavant. Il s'écarta brusquement, se redressant, puis lança d'une voix enjouée, presque gamine :


- Bonjour… Je m’appelle Lyo ! Et toi c’est quoi ton nom ?

Angie ouvra la bouche, mais aucun son n'en sortit. Elle était encore sous le choc, la pauvre. Quelques clignements d'yeux plus tard, elle déglutit, puis réussi à prononcer quelques mots :

- Enchantée... Je... je m'appelle Angie.

Le Petit Chaperon Rouge. Voici le nom du livre qu'il avait prit dans la bibliothèque. Il semblait avoir conservé son âme de gamin. Un sourire chaleureux vint naturellement aux lèvres d'Angie.
Tout le monde avait été très gentil avec elle depuis son arrivée, mais lui avait une spontanéité vraiment adorable, il la faisait fondre. Lyo, hein ?! Reprenant ses moyens, elle lui demanda d'une voix toute douce :

- Tu ne connais pas l'histoire du Petit Chaperon Rouge ? C'est rare ! Tu es vraiment un garçon très original.

Elle se tu, avec l'impression d'avoir été sans doute un petit peu trop familière. Mais c'était vrai ! Son aura contradictoire et double, ce naturel décontracté et peu habituel. Elle le pensait entièrement.

Et, quelque chose lui disait que l'aisance avec laquelle elle lui avait parlé ne le dérangeait pas du tout, au contraire...

La jeune fille rougie légèrement et se présenta, hésitante au début, puis plus sûre d’elle lorsqu’elle demanda à Lyo s’il n’avait jamais lu le conte qu’il tenait à la main.
Lyo lui répondit par un sourire enfantin et chaleureux. Qu’es ce qu’il m’ennui à se comporter comme ça. Toujours un peu penché pour être à la même hauteur qu’elle, il sourit de plus belle avant de répondre :

- Non jamais. Je n’ai jamais était très proche de mes parents tu comprends ? Original ? Moi ? Haha… Ah bon tu trouves ? Je n’en ai pas l’impression pourtant…

Lyo se redresse et passe une main dans ses cheveux dans un geste de confusion. Après tout, si les gens le trouvaient original, ils chercheraient à mieux le connaitre, ce qui n’avait pas été le cas jusqu’à présent. Mais je perdis patience.

** - Tu vas rester discuter ici encore longtemps ?
- Hein ? Ça te dérange…?**

A cet instant, le sourire de Lyo disparut, fondant en une expression de tristesse désolée et confuse. Mon double est comparable à un chien en fait, et quand on est un chien, on n’est pas un légèrement triste, ni un peu déçut, non… on est carrément déprimé, si l’on n’est pas au stade du suicide. Et ce n’est pas que dans l’expression de son visage que je ressens ses sentiments. Alors je perçut très clairement le cœur de mon ami, notre cœur à tous les deux, se resserrer un peu. Peu être que le ton de ma voix l’avait touché. Les pensées de Lyo fondirent alors sur moi, comme une gigantesque vague, et je su qu’il faisait pourtant tout son possible pour les garder pour lui. Mais voilà, Lyo ne peut réellement pas cacher quelque chose à quelqu’un qui vit en lui. Ce serait beaucoup trop simple. Ou alors, au contraire, beaucoup trop compliqué. Lorsque l’on ne s’entend pas avec quelqu’un, on peut simplement choisir de l’éviter, c’est-ce que j’ai toujours fait, méprisant les explications qui pourrait tout arranger. Cela est plus simple. Mais… hum… essayer de ne pas vous entendre avec la personne qui en quelque sorte, possède votre propre corps. Vivre dans de telles conditions pourrait s‘avérer « invivable » justement … ce ne serait pas dans la mesure de l’impossible non plus, mais franchement très peu pour moi. Mon camarade réfléchis trop… Moi qui n’aime pas me prendre la tête il se charge de le faire pour moi. Merci Lyo… Aaaaaah… J’ai mal au crâne. Je comprends à peine ce qui se déverse en moi, ce sont plus des émotions plutôt que des mots ou des pensées. C’est confus et ça fait mal. Et ça tourne… et ça tourne… J’ai l’impression que je n’aurai pas du sembler si arrogant, j’ai l’impression que j’aurai du me taire et ne pas sous entendre que le voir sympathiser avec d’autres personnes que moi me dérange et m’agace… Et pourquoi ? Parce que Lyo ne fait pas cela que pour lui. Ou peut-être… Peut-être qu’il souhaite d’avoir vie normale. D’une vie sans moi et cela m‘effraie. Car je ne veux pas partir. Je ne lui pardonnerait pas à ce môme… s’il s’avérer qu’un jour il décide de me dire au revoir. Mais tu ne feras jamais ça Lyo… n’es-ce pas ?

** - Excuse moi. Discute avec les gens si tu en as envie.
- Mais… si toi tu ne veux pas…
- Moi je n’existe pas. Pour personne à part toi.**

Lyo se laisse glisser à genoux par terre, et la bibliothécaire n’a pas l’air d’apprécier qu’il ne connaisse pas l’usage des fauteuils.
Lyo a le regard dans le vide, mais il fixe toujours la jeune fille, sans la voir. Elle nous regarde toujours elle aussi. Il faut dire que Lyo a un comportement assez étrange et franchement lunatique. La jeune fille a un visage plutôt expressif. De grands yeux ronds et bruns, de fines lèvres roses surmonté d’un petit nez bien droit. Elle parait petite et semble frêle. Hum... mignone en somme. Petite mais mignone.Lyo n’a pas l’air de s’en soucier. Avant qu’elle ne puisse effectuer le moindre geste pour mon ami, voilà qu’il se relève et décide d’agripper le bras d’Angie. La jeune fille fait tomber son livre lorsque Lyo la traîne dehors avec lui en courant. Il l’a bouscule légèrement et en ce qui semble être une seconde la porte de la bibliothèque s’est déjà refermée sur eux, et Lyo n’a pas finit de courir…

Au bout d’un moment il s’arrête, il relâche doucement la douce main d’Angie et fais encore quelque pas, puis se retourne vers elle. Il laisse son regard plongé dans le vide, au travers des grandes fenêtres de l’internat. Il pleut dehors à présent, et l’air frais joue avec les quelques mèches qui ne tiennent pas dans la couette de la fille. Lyo se met à sourire et s’avance de nouveau vers elle. A sa place je reculerai -par sécurité hein-. De ces deux mains, il tient vers elle le conte qu’il a toujours. Au dessous de son sourire, Angie doit pouvoir lire « Le Petit Chaperon Rouge ».

- Dis moi Angie, tu me le lirais ?

Je fût soulagé de ne pas avoir à lui lire cette histoire mais… d’un autre côté, je ne sais pas ce que c’est… ce sentiment que j’ai ressentis à cette instant. De la jalousie ? De la colère ? Car oui : pourquoi s’était elle qui lui lirait et non moi ? Elle n’a pas eut à supporter les caprices de Lyo depuis des années elle. Et je servirais à quoi alors moi ? Hein ? Lyo tu cherches quoi là ? Tu veux m’énerver ? Tu sais très bien que je te l’aurai lu. Tu sais aussi que cela nous aurait fait des souvenirs à nous deux. Alors pourquoi ?

** - Parce que je ne veux pas te forcer Kyo.**

- Alors Aaaaangie ? Tu me le lirais hein ?

Aaaaah Lyo ne force pas les gens... Tu es trop ennuyant.

Comme Lyo insistait, Angie avait relevé son visage, le regardant droit dans les yeux,les siens étaient embrumés de larmes salées et à cet instant Lyo comprit pourquoi elle avait abaissée sa tête : la jeune fille était en train de pleurer. La voix tremblante elle articula quelques mots pour lui dire que oui, elle lui lirait son conte. Et cela ne m’énerva même pas. J’étais trop occupé à la regarder, à la voir essayer vainement de se reprendre et de cacher ses larmes à Lyo, et s’en était presque troublant. Le livre que tenait Lyo au niveau de ses lèvres tomba légèrement, suivant le bras qui le retenait. Le tenant à présent à bout de bras et jouant avec ses doigts sur la couverture. Lyo paraissait gêné, parce qu’il ne comprenait pas, tout simplement. En même temps ce qu’il voyait était déstabilisant. Lui qui s’efforçait à sourire alors que cela n’allait pas, lui qui préférait toujours rire que de pleurer… et voilà ce qu’il avait sous les yeux. Mon Lyo n’allait pas tarder à retomber dans une dépression si cela continuait plus longtemps. Il entrouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit car Angie venait enfin de réussir à en émettre un.

- Je suis vraiment désolée de pleurer… C’était plus fort que moi. Mais… mais pourquoi étais tu si triste ?

Lyo ne su pas réagir immédiatement, comme si son esprit était embrumé, et le mien semblait aussi l’être. Bien entendu, Lyo avait eut l’air un peu triste tout à l’heure mais… quelque chose clochait. Après l’avoir tirée dehors en courant et avec un tel sourire, une personne normale ne ferait plus attention au petit moment où mon double avait parut triste. Non ? Et pourquoi se soucier de quelque chose qui ne nous touche pas réellement ? Nous n’étions, non Lyo n’était rien pour elle. Elle ne le connaissait pas après tout. Et elle ne le croiserait peut-être plus jamais. Alors pourquoi ? Je ne comprenais pas. Comment peut-on pleurer pour quelqu’un que l’on vient seulement de rencontrer un instant auparavant ? Comment le malheur de quelqu’un d’autre que soi pouvait avoir un tel impact ? Je ne comprenait pas. Mais Lyo lui, sembla comprendre. Il tapota légèrement l’épaule de la jeune fille, et cette fois, ce fût un véritable sourire qui vint fendre son visage. Ce n’était pas l’habituel sourire sans le moindre sentiments qu’il avait l’habitude de donner à qui voulait le voir. Non, cette fois-ci le cœur y été. Lyo qu’as-tu compris que je n’arrive pas à entrevoir ?

** - Kyo, faut que tu vois la même chose que moi.
- Oh ? Tu veux faire apparaitre quoi ? Je t’écoute.
- Un mouchoir pour lui essuyer ses yeux tout rouges.
- Okay. Quelle couleur ?
- Rose.
- C’est bon je le vois.**

C’est comme ça, pour que Lyo puisse faire apparaitre quelque chose, il faut que nous voyons tous les deux la même chose. Et je ne pus n’empêcher une… hem petite… disons « étourderie » de ma part. J'aurai été en possession du corps, je crois bien que je n'aurai su retenir mon sourire narquois.

Lyo cacha une main dans sa manche, disant à Angie de « bien regarder » et lorsqu’il en ressortit sa main, un mouchoir suivit le mouvement. Un mouchoir rose… avec des cœurs. A cet instant, Lyo ne put s’empêcher de s’exclamer à haute voix :

- Kyyyyyy-oh ! Qu’es que tu as fait ? J’vais avoir l’air d’une andouille mainte… Oups.

Et oui mon vieux : t’as encore merdé. T’en loupes pas une. Maintenant va falloir lui expliquer qui tu es, et surtout, lui expliquer ce que je fou là moi. Abruti de Lyo. Il ne lui tendit pas de suite le mouchoir… Passant une nouvelle fois sa main dans ses cheveux, se frottant la tête et rougissant…

** - Tu… tu vas me tuer ?
- Mon Dieu, combien de fois faudra-t-il que je le répète ? Je ne peux pas te tuer sinon moi aussi j’y passe.
- Ouf.
- Dis moi qu’es ce que tu attends là ?
- Ah et ben…
- Expliques lui.
- Mais toi tu vas…
- Toute façon, une gaf pareille, c’est pas dans le domaine du réparable.**

Je sens nos poumons gonflés lorsque Lyo prend sa respiration avant de lâcher d'une traite :

- Tiens. Euh en fait… ya quelque chose qu’il faudrait que je t’expliques. En fait… euh, je suis pas tout seul. Y’a un autre mec que moi dans ma tête. Il est très gentil hein ! Mais il aime pas trop quand je m’approche des autres… Alors… ça m’a rendu triste. Il s’appelle Kyo, je peux te le présenter si tu veux… Enfin si lui il veut bien surtout…

** - Abrutit de toi. J’vais pas dire non alors que tu lui demandes.
- Sait-on jamais Kyo… Sait-on jamais...**

Sait-on jamais quoi ? Que je refuse de faire ce dont toi tu as envie ? Je pensais que tu me connaissais mieux que ça...

[désolé pour les fautes cette fois-ci...]


Un sourire niais aux lèvres, Lyo la regarde sourire à son tour, riant carrément après son explication qui nous semblait à tous les deux pourtant des plus normales. Enfin, aux yeux des autres il était évident que nous n’étions pas normaux, d’ailleurs la jeune fille nous le fit remarquer, disant à Lyo qu’il serait passé pour un schizophrène s’il s’était déclaré à quelqu’un d’autre qu’à elle. Et je me demandais toujours comment Lyo pouvait expliquer une telle chose si facilement. Soit il ne se rendait pas compte de la différence que nous avions par rapport au reste de la société, soit il savait très très bien cacher sa honte.

Tandis que la jeune fille essuyer quelques larmes Lyo laissa son regard s’échapper derrière elle. Elle passa au second plan, et de cet angle de vision elle me semblait floue. Par contre, je pouvais percevoir chaque fissures, chaque imperfection du vieux marbre rugueux qui se trouvait derrière elle. Lorsqu’elle se remit à parler je sentis les yeux de Lyo se tourner légèrement, pour la fixer de nouveau.

- Je dois te dire quelque chose moi aussi. Un de mes pouvoirs est de ressentir les émotions, pensées, sentiments des gens comme si c'était les miens, un don d'empathie très poussé en fait.
C'est pour ça que j'ai été tellement touché par ta tristesse, je la partageait réellement. Et... c'était tellement fort, tellement puissant que je n'ai pu m'empêcher de pleurer.

A ces mots, elle sembla hésiter un instant avant de continuer. Elle avoua franchement, malgré une voix beaucoup moins assurée qu’elle admirait Lyo et en quelque sorte sa force mentale. Personnellement je n’étais pas de son avis. Lyo garde tout pour lui-même. Lyo cache tout. Lyo a peur de montrer ces émotions, et c’est à grand peine qui les retient et ce qui les rend plus affreuses encore. Petit à petit ses peurs ne deviennent que plus fortes et le ronge tout entier. Montrer ses sentiments est une qualité que je n’ai pas. Et que Lyo préfère cacher. Mêmes si parfois, elles prennent le dessus. Il choisit toujours de montrer son lui souriant, plutôt que celui qu’il est vraiment. Malgré son sourire, Lyo est quelqu’un de triste. Malgré son air innocent, Lyo est bien plus mûr que les autres adolescents de son âge. « Qu’es que je vais faire aujourd’hui ? ». « Qu’es ce que je vais faire demain ? ». Voilà les questions qu’il se pose et qu’il me pose chaque matin. « Pourquoi j’existe ? ». Voilà la question qui le tourmente. Voilà la question à laquelle il ne trouve pas de réponses… Les gens sont comme ça, qu’ils aient un but ou non dans la vie, ils se posent toujours trop de questions. Et ils s’acharnent à toujours se poser la même jusqu’à ce qu’ils y trouve une réponse. La vie est faites de questions auxquelles il n’y aura jamais de réponses. « Pourquoi je vis ? ». « Pourquoi es-ce que je continue ? ». « Qu’es ce qu’il y a de bien dans la vie ? ».
La vie est faite de journée affreuses mais en fait on a qu’une seule envie : vivre heureux. C’est pour cela que Lyo affiche son côté gamin, naïf et joyeux, peut-être que des gens qui le croisent dans la rue l’envie. Mais il a simplement l’air d’être heureux, cela ne veut pas dire qu’il l’est réellement.

Cette Angie, qui pleure de suite quand cela la touche et bien plus courageuse qu’elle ne le croit. Elle ne se rend pas compte que c’est sa sensibilité qui lui permet de survivre. Ou bien peut-être que cette sensibilité poussée à son extrême devient embarrassante.

Perdu dans mes pensées je fût doublement surpris lorsqu’elle nous apprit qu’elle savait déjà que j’étais là. Lyo aussi parût surpris et voulut lui répondre, mais je l’interrompis.

** - Laisse moi la place s’te plait.
- D’a… d’accord Kyo.**

Les gens sont égocentriques, malgré les bonnes apparences ils ne pensent qu’à eux, qu’à leur profit personnel. Les gens qui prétendent être vos « amis » vous mentent. Il se disent être là pour vous, mais vous tournent le dos quand cela les arrangent. Rien n’est plus important que soi. Et ceux qui pensent donné plus d’importance à quelqu’un d’autres sont les plus stupides. Voilà pourquoi je n’ai pas envie que Lyo s’approche de cette fille, ou de n’importe qui d’autres. Mais, si Lyo n’en fait pas l’expérience lui-même, il ne saura jamais ce qu’est la trahison. Et il m’en voudra. Si je le laisse faire il ne pourra s’en prendre qu’à lui-même, mais il sera triste. Alors que faire ? Bon sang. Est-il possible que je me trompe ? Non… c’est impossible. Je n’ai jamais fait confiance à personne. Pourquoi cela devrait-il commencer aujourd’hui ?

Lyo donne un dernier sourire à Angie et se cache le visage derrière sa main avant de prononcer la formule :

- De profundis clamavi. Abyssus abyssum invocat. Cor unum et anima una : cuique suum. Cogito, ergo… sum.

Je laisse alors retomber ma main lentement vers le sol. Le visage de Lyo a changé. Lyo ne sourit plus. Angie doit avoir remarqué le changement. Elle doit avoir deviné que ce n’est plus Lyo qu’elle a en face d’elle, et cela est inscrit sur son visage. Je sens que mes pupilles se rétrécissent un peu, pour s’adapter à la lumière sans doute, même s’il fait très sombre. Je me redresse, me tenant plus droit que Lyo, avant de mettre les deux mains dans les poches de mon jean. Je la regarde assez froidement, puis je lui lance un sourire narcissique dont j’ai le secret et me mets à ricaner. Je me moque un peu d’elle, mais le regard qu’elle a est vraiment à crever de rire ! Haha… qu’elle est comique la demoiselle. Elle a encore les cils humides des larmes qui ont coulé et semble aussi fragile qu’une poupée de porcelaine. Je me détourne d’elle. Respirant le vent frais qui vient du bout du couloir puis je me retourne dans sa direction en m’avançant vers elle. Je lui tend une main en lui disant :

- Je suis la nounou de Lyo, vous devez être Angie ? Enchanté de faire votre connaissance gente dame.

Je souris une nouvelle fois, elle est hésitante, je ne lui laisse pas le temps de lui me serrait la main et m’incline devant elle, le bras droit en avant. Je reste quelques secondes dans cette position avant de me relever. Et lorsque que je relève la tête je ne souris plus.

- Je ne te fais pas confiance.


Un vent glacé semble prendre place entre nous et je la toise toujours d’un regard à présent impérieux et menaçant, presque accusateur. Au travers de ce regard elle doit comprendre mon avertissement, à moins qu’elle ne soit aussi idiote qu’elle en ait l’air. Si tu le trahis, si tu joue avec lui, si tu le déçois, tu es finie. Compris ?

Quelque chose vient de se briser entre son corps et celui de Lyo. Quelque chose qui les reliaient jusqu'alors. Aaaah et regardez moi ce ciel chaotique. Lyo tu l’entends ? L’océan sonore qui palpite au loin, et les nuages noirs qui vomissent leurs trombes d’eau sales ? Le tonnerre grondant d‘au dehors vint réveiller de son doux rêve la jeune fille. Quelque chose vient de briser l'ambiance devenue pesante après le départ de Lyo et mon arrivée. Lyo est confus et souffre quelque part en moi tandis que je reste de marbre face à l'autre. Les éclairs tombaient de tout côté, encore lointains, ils me brouillaient déjà la vue. On aurait dit une sorte de diapositive. Mais c’était toujours la même image qui revenait. On aurait dit pourtant que l’image avancé, à chaque éclair, à chaque bruit de tonnerre, comme si l’on était dans le dernier wagon d’un train. Pourtant, la jeune fille ne bougeait pas.

Je ne peux pas lui faire confiance… Je ne peux pas… Je ne peux pas. Putain.

« C’est normal. Je ne vois pas pourquoi tu devrais me faire confiance. Mais moi, je te fais confiance. »

Cette déclaration simpliste était-elle une plaisanterie de mauvais gout ? Elle paraissait sincère pourtant… Tu me fais confiance hein ? Haha, ne me fais pas rire ! Ne te fou pas de moi. Tu ne me connais pas. Tu ne sais pas d’où je viens ni qui je suis. Comment pourrai-tu simplement le savoir alors que je l’ignore moi-même ? J’allais lui répondre de ne pas se moquer de moi, que, contrairement au niais qui me servait de double je n’étais pas un gamin lorsque je l’entendis… La voix qui murmure et qui cogne, la voix qui crie et qui fait mal, la voix qui m’appelle. Cette voix, bien sûr que je la reconnais, c’est celle qui m’a donné un nom, celle qui m’a un jour offert un corps… comment pourrai-je alors l’oublier…? Mais cette voix semble brouillée, je ne l’entends pas clairement. Lyo hésiterait-il à me parler ? Ou alors c’est moi qui ne l’écoute pas. J’allais m’avancer vers elle, j’allais plaquer mes yeux dans les siens, pour y déceler autre chose que de la sincérité et me prouver à moi-même que je n’avais pas tord. Que les humains ne sont pas fait pour se faire confiance... Mais à cet instant elle enchaina, affirmant que le bonheur des autres ferait le sien. Puis elle baissa légèrement la tête. Et… c’est dans un murmure presque imperceptible qu’elle me dit que quelqu’un approchait. Était-ce quelqu’un de mauvais pour qu’elle semble inquiète comme cela ?

** -… Ky… Kyo ?
- Hum ?
- Elle a peur… peut-être qu’elle sait que quelqu’un de méchant va arriver…?
- Ne t’inquiètes pas. Tu sais très bien que quand je le veux personne ne peux nous toucher.
- Je ne m’inquiètes pas pour nous…**

Mon regard se posa alors sur Angie. Il s’inquiétait pour elle…? Il avait peur qu’il lui arrive quelque chose à la demoiselle au grand cœur ? Raaaah… pitié…! J’entendis alors les bruits de pas qui venaient bien dans notre direction et qui résonnaient sur le marbre gris. Seul le bruit mat de ces pieds sur le sol pouvait m’indiquer comment était cette personne. Les pas étaient trop lourds pour être ceux d’une fille. Un homme… qui cela pouvait être ? Hmmm… et avec toutes ces bestioles pas très nettes qui sont scolarisées ici… Lyo qu’es ce qui t’as pris de venir dans ce lycée de malheur… C’est en soupirant que j’attrapais la main d’Angie. Y’avait intérêt à ce que se soit quelqu’un de mauvais pour rattraper le fait que j’avais touché quelqu’un. Raaaah… je détestes les gens. Je l’entrainai dans l’embouchure du couloir, il y avait un vieux placard à ballais. J’ouvris la porte, et, sans un mot l’y glissa dedans et y entra à sa suite.

Merde. C’est que c’était tout petit là dedans. Arf. Elle, elle était coincée entre le mur du fond et mon corps. Tandis que moi, je l’étais entre elle et la porte. Pour ne rien arranger un vieux ballai déséquilibré par notre arrivée quelques peu innatendu tomba brutalement sur moi. Me cognant la tête au niveau de la tempe.

- Aïe !

Je soupirais de nouveau.

** - Voilà t’es content ?
- Oui… tu peux aller voir qui c’est alors ? Si c’est pas un vampire ou une autre race pas gentille tu n’auras plus à la protéger.
- Grrrr. Pour la peine. Je te lirais qu’un seul livre par semaine et pas par jour.**

- J’espère bien que t’es pas assez stupide pour penser que j’ai fait ça pour te protéger de mon plein grès.

A ce moment là l’expression de mon visage tout entier devait montrer à quel point je la méprisait et à quel point le contact physique me répugnait. En plus les maudits murs de ce maudit placard étaient trop proches… Sans lui laisser le temps de répondre j’enchainer tout aussi agréablement :

- Bouges pas je reviens.

Je me dématérialisé, mais comme nous étions collés l’un à l’autre, elle trébucha, ne pouvant plus s’appuyer sur moi, et elle toucha la porte… au travers de mon torse. Bravo Kyo, c’est du beau boulot tout ça. Déjà qu’elle nous prend pour un schizo, maintenant elle va me prendre pour un fantôme sans consistance physique. Génial. Je me rematérialisai, mais uniquement les mains, et la repoussai contre le mur recouvert de toiles d’araignées. Je reculai alors lentement, dématérialisant une nouvelle fois mes mains petit à petit, tout en passant par la porte du placard sans l‘ouvrir. J’eu un frisson une fois sortit. Mais ce n’était pas à cause du vent. J’avais été trop proche d’une fille. Arg. J’aime pas ça. Bon. Maintenant dîtes moi que j’ai à faire à un bon gros loup garou, que je n’ai pas fait tout ça pour rien…

Le bruit de pas ne c’était pas arrêté, et, à l’angle du couloir, je vis apparaitre un surveillant.

- Aaaah toi là ! « Monsieur » Loki. C’est toi que je cherche. La bibliothécaire est furieuse. T’as encore couru partout comme un maternel ? T’as plus huit ans, faudra que je te le rappelle pendant encore combien d’années ? Hein ?!

A cet instant là, je fus tellement blasé que mon corps se matérialisa de lui-même et mon regard se posa sur le livre posé par terre… à ses pieds. Je voulus me dépêcher de le ramasser… Mais il était trop tard et le pion y avait déjà posé la main dessus. Son air sévère se fendu en un gigantesque rire lorsqu’il retourna le livre pour en voir la couverture et le titre…

- Le petit chaperon rouge hein ? Hahahaha…

Il s’approcha de moi et me colla le conte contre le torse et j‘en eu presque le souffle coupé -il est fait en caillasses le pion ou quoi ?- , je le retenais alors d’une main pour ne pas qu’il tombe. Le surveillant me chuchota un « c’est bon pour cette fois » et repartit du coté opposé du couloir par lequel il était arrivé, passant devant le placard où était enfermée Angie. Angie… Raaaah.
Un regard froid allant du placard au livre que je tenais à la main, j’ouvris la porte du placard en faisant en sorte de faire le plus de bruit possible. Un deuxième ballai vint s’écraser par terre, entre elle et moi, relevant un léger nuage de poussière. Elle était toujours au fond du placard, au moins elle m’avait écouté et elle était restée à sa place. Je lui tendis le livre d’un geste brutal.

- Tiens. Lyo veut toujours que tu lui lises. Je vais lui laisser la place. La prochaine fois, tâche d’avoir peur pour quelque chose de potentiellement dangereux.

Pff. M’énerve ces gamins. Je prononçai la même formule à haute et intelligible voix pour que Lyo reprenne son corps, et je m’évanouis en lui. Le bras qui tenait le livre -que la jeune fille n’avait pas encore pris sous mon ordre brusque- s’affaissa un peu sous le poids du dit conte -qui n’était pourtant pas si élevé que cela-. Et Lyo laissa un instant sa main devant son visage alors que son corps était de nouveau à lui. Il se tenait beaucoup moins droit et stoïque que moi et lorsqu’il arrêta de se cacher derrière sa main, il fût si gêné qu’il repris le livre de ses deux mains et se le colla contre le visage.

** - J’peux savoir à quoi tu joues ? Puis merde, fais ce que tu veux. J’ai assez donné.**

Il ne m’en faut pas beaucoup pour m’énerver je vous l’accorde… Mais à ce moment là j’étais vraiment furieux.

Je ne voyais rien, rien à part cette maudite couverture de cuir, lorsque j’entendis un petit hurlement qui fit trembler Lyo de surprise. Comme lors d’un examen, lorsque la sonnerie retentit alors qu’il vous manque toute une partie de votre devoir à recopier. Je ne voyais toujours rien, rien à part une tâche lumineuse vers le côté droit de Lyo. A cet instant, Lyo remarqua cette même lueur et il pivota la tête dans sa direction, laissant petit à petit retomber le conte à bout de bras. Des centaines de petits filaments lumineux foncer vers son œil droit, on aurait dit un mini feu d’artifices. Dans les yeux d’Angie, on remarqua alors un filet plus opaque que les autres -si lumineux- de couleur pourpre, vers lequel en fait, s’agitaient les fils étincelants et celui là paraissait coulé à notre peau, il semblait plus épais que les autres aussi et, on eu à peine le temps de sentir le liquide tiède s’écouler que la sensation disparut. Puis… les mystérieux faisceaux lumineux s‘évaporèrent… comme aspiré vers par un objet qu’il ne nous était pas donné de voir. Malheureusement, la gêne de Lyo ne disparut pas avec eux.

Tandis que la fille s’excusait en admirant un sol pourtant imparfait, Lyo passa une main frêle contre sa tempe et suivit le chemin qu’avait parcouru le fin filet écarlate. Il posa alors un œil critique sur cette main. Mais il n’y avait pas la moindre trace de sang. Le liquide métallique avait séché contre sa tempe. Et voilà qu’elle s’excusait de l’avoir guéri. Quelque chose ne doit pas tourner rond dans sa tête. Elle releva légèrement le visage, un faible sourire affiché aux lèvres, Lyo ne réagit pas lorsqu’elle lui pris enfin le livre -que j’aurai aimé lui jeter à la figure quelques instants plus tôt-.. Elle parla de nouveau, maintenant que Lyo ne pouvait plus se cacher derrière le livre.

- Pour me faire pardonner, je te le lirais, et d'autres également si tu le souhaites ! Dis-moi simplement quand, et je serais à toi.

Lyo, une main serrant toujours un conte qu’il ne tenait plus ne bougea pas d’un cil. Il s’inclina en s’écriant un « désolé » bégayé. Lyo avait vu que j’étais énervé, et il s’en préoccupait beaucoup trop. Il agissait en connaissance de cause. Et je me sentis stupide lorsqu’il releva un visage aux yeux rougie par l’envie de pleurer. Je ne m’étais même pas rendu compte que cela lui avait fait de la peine… Je suis… un imbécile. Et je ne pouvais rien faire. Je ne pouvais même pas lui parler, je ne pouvais pas le rassurer. J’en étais incapable, aucun mot n’arrivait à franchir la véritable barrière qui venait de s’installer entre nous deux. Ou bien était-ce moi qui ne trouvait plus les mots ?

Lyo baissa la tête, et il sourit alors au livre et non à la fille, même si ce sourire était en fait pour elle. Ses tristes pensées de Lyo m’envahir alors : la barrière venait d’être briser et la voix de Lyo résonnait. Trop fort. Beaucoup trop fort… Rien n‘était ordonné, et il ne s‘adressait pas réellement à moi. Il se parlait à lui-même. Il regrettait ses actes… alors qu’il n’avait rien fait de mal.
« Je voulais partager quelque chose avec lui pour qu’on aille mieux tous les deux et… et je lui ai demandé à elle me le lire… je … c’est pas ce que je voulais… il s’est encore énervé... Quoi que je fasse il n’est jamais heureux. Quoique je fasse je suis un poids pour lui. Un boulet qu’il se doit de trainer jusqu’à la fin de sa vie… Non… jusqu’à la mienne en fait… il doit souhaiter ma mort c’est sûr. A sa place… je me détesterais… Mais… moi, je… je voulais faire la connaissance de quelqu’un d’autre pour le soulager, mais cela n’a fait qu’empirer les choses… je… je… ça serait mieux pour lui s’il me laissait tout seul… je n’aurai jamais dû l’appeler… si il faut il avait une chouette vie avant… c‘est ma faute s‘il est comme ça…».

Son flot de paroles silencieuses ne cessait toujours pas… Et Lyo commença réellement à pleurer… jusqu’à ce que je ne puis plus en supporter d’avantage…

* - ABRUTIT !!! Tu vas te taire oui ?! J’en peux plus ! Ça cogne trop là dedans… ça me donne le tournis tout ça… merde tais toi !!*

« Il s’énerve encore… il en a marre de moi… remarque ça fait presque dix années qu’il doit me supporter… c’est norma… »

* - MAIS TU VAS TE TAIRE OUI ? Ohé ya quelqu’un là dedans ?!*

Le flot se dissipa alors… mais Lyo sanglota de plus belle devant Angie. Il en fait toujours trop. Je pris sur moi, et essaya de lui dire quelque chose de gentil. J’avoue que j’eu un peu de mal mais…

** -Je… je me suis énervé pour rien. C’est… c’est pas grave. **

Le résultat de reconnaitre mes torts fut que les sanglots de Lyo prirent encore plus d’ampleur. Il baissa la tête et s’enveloppa lui-même dans ses bras, froissant son tee-shirt aux endroits où il enfonçait les doigts. Il fallait que je trouve quelque chose à dire qui puisse le calmer. Et vite.

** - Lyo je… **

Mince j’y arriverai pas. Je savais pertinemment qu’il en avait besoin. Mais je… je ne pouvais pas dire ça. Pas que je ne le pensais pas hein. Loin de là. Avant que je ne puisse prononcé le moindre mot de plus, Lyo tenta de se calmer et releva les yeux vers Angie avant de dire « je viendrai te voir demain soir… dans ta chambre… merci.» et il partit en courant… Ne reprenant son souffle qu’une fois arrivé au tournant du couloir.
Il utilisa un des seuls pouvoirs que nous possédions et se rendit invisible, s’écroulant alors contre le mur et se laissant glisser jusqu’au sol. J’imagine que courir plus loin n’aurait servit à rien… Lyo aura beau courir, je le suivrais toujours. Angie elle, aurait pu le rattraper, et elle passera certainement par ce couloir, d’un moment à un autre, mais, bien qu’elle devinerait qu’il ne soit pas loin… le fait est qu’elle ne pourra pas le voir. Il suffirait alors, pour ce soir, de l’ignorer.

** - Tes contes pour mioches… Je t’en lirai quelques uns.
- Te sens pas… obligé.
- J‘en ai envie.
- Mer… merci.**

J’aurai aimé avoir un corps à moi à cet instant… A cet instant, j’aurai aimé pouvoir lui donner un sourire rassurant. Mais ça… je ne peux le faire qu’au travers d’un miroir.