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 Un bol d'air frais n'a jamais tué personne [ libre ]

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Sidney Hughes
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MessageSujet: Un bol d'air frais n'a jamais tué personne [ libre ]   Un bol d'air frais n'a jamais tué personne [ libre ] EmptyLun 5 Avr 2010 - 9:35

L'air frais du début du printemps.
Quand elle était arrivée, il faisait à peu près le même temps. Peut-être faisait-il un peu plus froid. Là, ce matin, assise au soleil sur l'herbe tendre, il faisait bon vivre. Le soleil et les vampires ne faisaient pas bon ménage ? Des conneries. Bien sûr qu'ils supportaient un peu plus difficilement le soleil .. Mais c'est parce qu'ils avaient la peau claire .. Extrêmement claire. Cependant, ça ne les empêchait pas de se faire un petit bain de soleil de temps en temps .. Il fallait juste faire attention aux dangers du soleil .. Un vampire écrevisse, ce n'était pas vraiment le top. Si l'on pouvait dire ça comme ça.

La jeune fille n'avait pas un gros programme aujourd'hui. Pas énormément de cours. Rien de prévu. Le néant.
Mais c'était bon, parfois, le néant. C'était un sentiment de n'avoir rien à faire, et en même temps de pouvoir faire tout ce que l'on souhaite. Même si en fait, elle ne souhaitait rien, elle. Juste restée assise dans l'herbe et sentir la chaleur déjà bien brûlante - pour elle - du soleil sur sa peau.

Elle s'allongea. Ses mains avaient pris automatiquement place derrière sa tête. On se serait presque cru en été .. Si on omettait les températures, qui elles, étaient bien de saison.

Il y avait quelques personnes dans le parc, mais il n'était pas surchargé. Sans doute certains élèves étaient-ils en train de réviser Dieu seul sait quelle matière, ou alors en train de faire des recherches à la bibliothèque sur un sujet qu'eux seuls connaissaient.
Mais elle, elle profitait du temps agréable, comme une jeune fille pleine d'insouciance, allongée dans l'herbe, sereine. La belle vie, quoi.

D'ailleurs, ça faisait bien longtemps qu'elle ne s'était pas accordée ce genre de petit plaisir, si simples qu'on en oublie parfois ce que c'est. Elle, elle n'avait pu que regretter au départ, de n'avoir pas assez profité de ces simples moments d'ivresse. Parce que, quand elle était devenue vampire, il n'avait plus été question pour elle d'aller dans un parc près de chez elle pour s'allonger comme ça. Et si un des enfants qui jouaient tombait malencontreusement et se blessait au genou ? S'il saignait ? Sidney avait eu peur des réactions qu'elle ne pouvait encore que très mal contrôler et qui l'aurait menée au delà de bien des ennuis.

Elle soupira. Que l'air était bon et frais. Que l'ambiance était calme et détendue. Que les discussions lui paraissaient au loin tel un doux murmure dans ses oreilles. Que .. Quelle était cette ombre qui lui cachait tout à coup la douce chaleur du soleil ? Un nuage ? Non. Elle rouvrit les yeux pour voir ce qui lui avait fait froncer les sourcils. Non mais ! On ne pouvait plus profiter du soleil tranquille, maintenant ? ..
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Eris Almira
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MessageSujet: Re: Un bol d'air frais n'a jamais tué personne [ libre ]   Un bol d'air frais n'a jamais tué personne [ libre ] EmptyJeu 15 Avr 2010 - 22:58

Petit matin.
Une ombre écarte d'une main ferme la couette, cocon chaleureux, mais aussi cocon piégé.
J'ai froid. Je sens la brise pourtant inexistant à l'intérieur d'un bâtiment. Fenêtre ouverte. La propreté est contagieuse. Pourtant je descends de mon lit, calme et ferme. Je suis de mauvaise humeur. Cette nuit, j'ai couru. Je suis fourbue, fatiguée, voire complètement naze. J'ai couru sans direction aucune, sans tenir compte de mes obligations, de mes interdictions. Je suis restée dans la forêt, je n'ai tué personne, je n'ai pas eu de sang sur les mains. La faim était disparate, sans saveur. La course ressourçait les membres. Vêtue de mon habit démoniaque, noir et rouge. J'avais couru sans m'arrêter jusqu'à quatre heures du matin. Curieuse envie, fatigante et éprouvante, mais si je ne l'avais pas fait j'aurais regretté. Alors j'ai dansé entre les ombres, grimpé dans la matière boiseuse, sauté dans les flaques, trempé mon corps d'une chaleur sans fin. Puis je suis rentrée, sans rien dire à personne. Je n'ai pas réveillé Izumi. Je me suis allongée dans mes draps frais, encore couverte de boue, sans même ôter mes chaussures. Peu m'importait. Plus rien n'importait ces jours. Rien d'autre que ce besoin si puissant de se dégourdir les pattes, faire plaisir à mon être en lui même, ne pas prêter attention à l'instant présent, rester une ombre, un diaphragme entre la réalité et l'esprit. Rester morte à tes côtés. Rester ainsi sans bouger.
Les nimbes du sommeil sont venues me chercher, je les ai attendues sans ciller. Rêve. Des senteurs fraîches mais piquante, j'avais encore la forêt dans mon esprit. Sylva. Le bruissement des feuilles, le chuchotement des arbres, le murmure des âmes présentes et des génies inventés. Les cris des bêtes, renards, ours, tout ce que vous voulez. L'herbe sous mes pieds, mouvante, changeante. La toison dorée du ciel, la lune à son zénith, l'heure des crimes et des châtiments, mais je n'avais pas peur. Je me contentais de fusionner mes cinq sens avec la nature, de vivre vraiment, de savoir ce que c'était être hypersensible. A force de vouloir être humain on perd ses atouts. Et perdre celui-ci risquerait de déchirer mon âme en elle-même. Étais-ce cela que je voulais ?
Tu ne me quittes pas et restes sans cesse auprès de moi. Tu veux prendre mon contrôle mais tu ne sais que me fusionner. Tu ne sais pas encore ce que c'est que dominer, moi je l'ai su, toutes ces années. Moi je le sais, je l'ai vécu. Je n'ai pas peur de ce qui peut arriver, j'ai déjà souffert, déjà aimé, déjà haï. Déjà ressenti le besoin de mourir. Mais je ne peux pas. Et sans doute ne le pourrais-je jamais.

J'aimerais sniffer de l'eau bénite.

Ma jambe se perd dans le dédale des plis du drap dont la chaleur me donne envie de les rejoindre. Mais il est tard. Mon corps s'extrait de son habitat et entame un étirement absolu, positif. Je pourrais faire tout ce que je voudrais aujourd'hui, mais rien n'y fera.

Je suis de mauvaise humeur.

Un coup de gant sur le visage et dans le dos. Le gant devient rouge. La matière poisseuse me donne la nausée. Tous les matins c'est pareil. Mais tant pis. Je continue. Un jour ça s'arrêtera, et je pourrais continuer à me trouver belle. Pas de maquillage, comme à mon habitude. Assez de futilités, faisons fi de ces idioties. Si on est pas capable d'être belle au naturel, c'est qu'on s'assume pas. On n'a plus qu'à se suicider. De toute manière c'est ce que je ferais mieux de faire. Mais je n'y songe pas. Si je la croise, elle m'adoucira. Encore faudrait-il que je la croise.
La fraîcheur du lavabo. Glacé. En contraste avec l'eau chaude du robinet en chrome. Je rince mon visage couvert de savon. Je pourrais bien faire ce que je veux, je n'effacerai jamais mon odeur de démon. J'ose espérer que ce n'était pas cela que je désirais au fond de moi. Parce que de toute manière j'étais mal. Une démone en est une, même si elle affirme le contraire. Il était temps de me faire enregistrer ça, de gré ou de force. Mais je ne veux pas céder, pas encore. Tu ne m'auras pas si facilement parole. De toute manière je suis bien plus coriace que cela et tu devrais le savoir.
Mais ce matin nous sommes un. Un mélange d'états d'âme qui me met en surchauffe. Au menu, pour le moment, et bien, robe noire, légèrement décolletée. Une petite touche de dentelle blanche en forme de fleur, voilà qui fait de moi une parfaite petite démone mince comme un fil. Des bottines à talons trouvées dans un bazar russe vite fait sur le gaz, sans négociations aucune. Le prix était son sang, il a payé sa demande de sa vie.
Personne n'est parfait, on ne change pas une équipe qui gagne.

Démarche féline mais assurée. Croisement de quelques têtes vaguement connues. Mais personne de néfaste pour moi. Tant mieux pour eux.
Je le vois, un instant. Regard, désir. Détournement de tête. Pas aujourd'hui. Je suis de mauvaise humeur. Je ne veux voir personne aujourd'hui, mais je sais que je le devrais, à un moment ou un autre. En attendant, quelques regard d'acier trempé et le tour est joué. Je ne suis pas saluée. Je ne l'ai jamais été. Je n'ai toujours fait que vaquer à mes occupations sans que personne autre que des vampires n'en tiennent compte. Des démons à échelle moindre. Eux, ils ont leur petite chance de filer au Paradis s'ils ont leurs exams. C'est beau la vie. Nous nous tenons tranquille, sans fléchir l'âme, ni d'un côté, ni de l'autre. La balance est parfaitement équilibrée. Si vous y ajouter un milligramme, attendez vous au meilleur, ou au pire. Ou alors, foutez-moi la paix.
Coiffure sobre, couette faite à la va-vite. Je n'ai pas envie d'être belle pour d'autres que toi. Alors je ne veux pas faire d'efforts. Tant pis pour moi.
Sortie tranquille, ouverture des portes. Soleil éclairant, beauté sculpturale. Des gens, dehors. Moi, j'attendais, je ne savais pas quoi faire d'autre. Si je la vois, je la salue. Si je ne la vois pas, je vais tuer. Ainsi, tout ira mieux dans le meilleur des mondes possibles. Et je ne me soucierai pas de savoir qui pour moi demeure au-delà de l'eau. Ils seront tous sur la même rive. Elle, elle n'est jamais, au delà de l'eau.

Allongée dans un tapis d'herbe, les yeux clos. Elle ne prête jamais attention à autre chose que le bonheur. J'ai besoin de la voir.

Je ne suis pas d'humeur.

Une ombre qui se dessine sur son visage. Mes yeux ne sont ni noirs, ni blancs. Ils sont gris ce matin. Notre fusion fait des miracles scientifiques. Je ne veux pas savoir si je suis capable ou non de lier deux âmes. Je le sais déjà.
Ouverture de paupière, regard contrarié. Je me penche, doucement. M'assois près d'elle. Main sur la jambe, assise en tailleurs. Coupe d'un triste brin d'herbe fané.
Léger sourire, plume dense.

"Salut. Je te dérange ? Je m'ennuie."

Un sourire. Et voilà. Elle est là, je suis en transe.


Dernière édition par Hebi Mokona le Sam 1 Mai 2010 - 19:15, édité 1 fois
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Sidney Hughes
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MessageSujet: Re: Un bol d'air frais n'a jamais tué personne [ libre ]   Un bol d'air frais n'a jamais tué personne [ libre ] EmptyVen 16 Avr 2010 - 17:14

En ouvrant les yeux, j'ai la délicieuse surprise de voir un regard familier qui me dévisage. De longs cheveux foncés qui coulent et vont de part et d'autre de son visage. D'en dessous, elle est amusante.
Mon air contrarié se transforme en petit sourire. Et de mes lèvres, je lui dessine un petit " salut " muet.

Elle s'éloigne un peu, et je la regarde. Mon petit sourire reste accroché au bord de mes lèvres. En fait, il est incapable de s'en détacher. Bonne humeur, quand tu nous revient, qu'est-ce qu'on t'aime !

Elle porte une petite robe noire et ses chaussures y sont assorties. Elle est belle comme ça. Intimidante aussi .. Je me sens un peu stupide avec mon petit pull et mon jean. Je parais beaucoup plus jeune, ou du moins, carrément moins mature. Mais est-ce qu'ici, couchée dans l'herbe à profiter des rayons enjôleurs du soleil, ça a une importance quelconque ? Je crois que je commence à voir des soucis là où il n'y en a pas.


L'une vient de s'asseoir en tailleur. L'autre se redresse avec lenteur. C'est une journée parfaite pour paresser avec Monsieur le Soleil. Et puis, en plus de l'agréable chaleur, le paysage est tout de même à couper le souffle. Des montagnes à perte de vue. Des étendues d'un beau vert vif. Et de l'autre côté, la forêt et ses mystères. En bordure ses chênes au moins dix fois centenaires et ses quelques pins.
Des silhouettes se dessinent sous les arbres. Quelques irréductibles élèves, sans doute un peu bougons ne veulent pas s'amuser avec les rayons de chaleur. Ils préfèrent méditer à l'ombre. Plonger dans leurs sombres pensées. S'enfermer dans des casses-têtes sans aucun sens. Ou peut-être plonger dans un bouquin. Faire des exercices de maths. Pas idiot. Mais ce n'est pas le moment.

Sidney se redresse avec une difficulté non feinte et s'étire avec l'énergie du désespoir. C'est dur, la belle vie.

Elle se retourne et avec un sourire, elle plonge brièvement son regard dans celui de son amie. Ses yeux brillent d'un bel éclat gris, aujourd'hui. Serait-ce le soleil, ou le reflet d'une humeur plus ou moins neutre ? On pouvait se poser la question. Pourtant, elle aussi, elle esquissait un petit sourire. Peut-être un peu moins grand, peut-être un peu moins idiot que la blonde. Mais c'était un joli sourire. Un sourire qui donne du baume au cœur. Et qui le réchauffe, lui aussi .. Comme le plus puissant et le plus brillant des soleils.

Elle se décide enfin à lui répondre.

" Il nous reste plus qu'à nous ennuyer à deux alors ! "

Toujours plus marrant que de rester toute seule. Ça, elle pouvait en mettre définitivement sa main à couper. Puis, passer du temps avec Hebi, c'était un peu l'assurance de passer un bon moment. Jusqu'à présent, elle n'avait jamais été déçue. Et à parler franchement, elle doutait de l'être un jour.

Après cette réponse, la démone avait paru plus ou moins satisfaite et de sa position en tailleur, elle avait préféré adopter celle que la blonde avait jusqu'à ce qu'elle arrive. Sa robe noire était en contraste avec le vert déjà flamboyant de l'herbe. Un joli contraste.


Je la fixait avec un petit sourire. Elle avait fermé les yeux, parce que le soleil l'éblouissait. Son visage était un mélange d'expression : l'une plutôt tranquille, l'autre plutôt contrariée. J'espérais juste que c'était parce qu'elle fronçait les sourcils à cause du soleil. Elle ne m'avait pas l'air particulièrement contrariée, mais pas particulièrement tranquille non plus. Peut-être un peu las. Neutre, en fait. Sans humeur, sachant que n'importe lequel de mes gestes pourrait avec un impact plus ou moins néfaste sur cette neutralité. Il fallait que je prenne garde. Ou plutôt, que j'évite de dire n'importe quoi. Out, les idées sans intérêt qui me passaient par la tête.

Moi par contre, j'étais sûre de mon humeur. J'étais sereine et j'appréciais cette belle journée.
Il me semblait que j'avais encore des devoirs à faire, mais comment aurais-je pu en avoir l'envie alors que le soleil me faisait de l'œil ? C'était tout simplement impossible. En étant consciente, j'avais décidé de ne pas lutter.
Et même perdante de ma lutte contre le beau-temps, il me semblait que j'y avais gagné beaucoup.

Cessant de regarder mon amie, je repliais mes genoux contre ma poitrine. Mes longs cheveux blonds coulaient le long de mes épaules, et d'une main, j'avais décidé de les remettre en arrière. J'avais posé ma tête sur mes genoux et, les yeux ouverts, je fixais l'immensité du parc. Les élèves qui s'amusaient me donnait un petit sourire. Et la présence de mon amie que je savais à côté de moi ne faisait que le renforcer.
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MessageSujet: Re: Un bol d'air frais n'a jamais tué personne [ libre ]   Un bol d'air frais n'a jamais tué personne [ libre ] EmptyMer 21 Avr 2010 - 21:18

Atmosphère danse. Légère, calme. Le tout dans une ambiance saturée par le soleil.
Les yeux clos, le regard fermé dans les méandres des paupières noire. Rien ne bouge. A l'ouest, rien de nouveau.
Une présence si étrange mais si rassurante. L'impression de plonger dans les méandres de la plénitude.
Se détendre. Plonger son âme dans le repos. Ne pas se laisser avoir par les émotions vaines, les impressions, les sensations néfastes. Se détendre, au calme, écouter les bruits doux et calmes des feuilles dansant un ballet, accrochées aux branches tenaces. Sentir leur frottement, apprécier leur murmure. Sentir l'herbe fraiche, qui chatouille les mains et les pieds, qui s'infiltre dans nos cheveux noirs et sensibles. Prêter attention à l'odeur de la terre, ne faire qu'un avec Gaïa, entendre ses paroles. Ne pas se laisser abattre, progresser, avancer. Continuer à écouter. Les cinq sens en action, en ébullition. Ils ne demandent que cela, bouger, écouter, ressentir. Alors on reste immobile et on laisse faire la nature. On n'écoute plus rien que le bruit du vent, on ne sent plus rien que les relents paisibles de terre humide, on ne touche rien d'autre que l'herbe qui s'écoule à nos pieds en un lac de verdure agréable et doux. Penser à la vie, à l'existence. A l'énergie contenue au sein d'un seul petit brin de vie.

Tu pues déjà. Toute la maison pue le cadavre.

Tout l'univers.
Oublier ses démons. Tourner la tête, regarder la petit frimousse blonde assise lascivement au milieu de l'océan vert. La tête observatrice, les cheveux l'entourant telle une auréole de soleil.
La beauté naissante, la beauté à l'état pur, sans artifices, la vision même de tout ce qu'il y a de plus pur. Plus de peur, plus de douleur. Juste la peau pâle, la paille dorée au soleil, les mains fines, les jambes parfaite. La simplicité à l'état pur, mais c'est cela qui ne fait que te rendre qu'encore plus belle. Je suis la nuit, le noir. La froideur, le désespoir, la sensation de glace. Tu es le soleil, la chaleur, le réconfort, le bonheur, l'amitié. Et le plus beau dans tout cela, c'est que la nature est avec toi. Elle sera toujours là, une épaule pour te consoler, fille du ciel condamnée par un démon, alors que tu ne méritais rien d'autre que d'être heureuse. Que Gaïa se réjouisse. Tu es belle, tu es tendre. Et maintenant tu es immortelle. Tu serviras la nature pour l'éternité, jusqu'à ce qu'une âme terrifiante te prenne ta vie dans une ultime torture. Mais je ne l'accepterais jamais. Toute ma vie, tu seras protégée par mes soins. Tu seras aimée, choyée. Tu auras ta liberté, mais jamais je ne serais loin. Je ne peux pas l'être si je te sens en danger. L'esprit de la pureté. Je dois être là pour te veiller, pour montrer que tu n'es pas seule dans l'univers, que tu as encore une vie, une existance. Tu es belle. Et tu te dois de le savoir.
Se plonger. Observer la beauté blanche s'approcher d'elle. S'allonger près de ses genous en frottant sa tête dans un ronronnement plein de confiance. Le pelage moucheté de noir. Contraste avec la vallée de chlorophylle. Les yeux couleur saphir, dotés de cette sagesse que je ne possédait pas. Vous êtes là, mes deux amies, mes deux amours. Il ne manque que lui à l'appel, et le tableau serait parfait.
Un élancement, petit mais douleureux. Un léger spasme, mais aucune réaction. Ne pas l'inquiéter, c'est le plus important. Ne pas montrer sa douleur, puisqu'elle est surmontable à 98 pour cent. Rester là, allongée. Ne pas prêter attention aux murmures douloureux d'une blessure qui se ferme avec la lenteur d'un escargot en partance pour le nouveau monde.

Et entendre ton rire s'envoler aussi haut que s'envolent les cris des oiseaux...

Hamm, Clov. Ames en peine enfermées dans un huit-clos. Méditations sur la mort, l'ennui, le presque rien. Déambulations inutiles. La superbe inutilité de l'être. Les humains, leur humaine condition. Pascal. Ils comprennent eux. Analysent. Etudient, voient tout, savent tout. Nagg, Nell, corps enfiévrés plongés dans les souvenirs doux-amers, sans aucune foi au futur, bouclés dans l'instant présent ou le passé. Tout cela, dans une inutilité la plus totale. Mais c'était tellement passionnant. Tellement attrayant. L'histoire de la vie en l'espace de seulement 70 pages. Une pièce des plus touchantes par son inutilité et sa prise de conscience. Nous étions dans ce huit-clos. Piégés dans un fauteuil roulant, martyrisés par des yeux aveugles et un serviteur boiteux. Nos parents sont retournés à la poubelle, la matrice de l'homme. Les déchets, trop vieux pour vivre en leur compagnie.

Comment vont tes moignons ? T'occupe pas d'mes moignons...


" Il nous reste plus qu'à nous ennuyer à deux alors ! "

Ce ton si léger, cet accent si attrayant. Tu t'ennuies, non, pas tant que cela en vérité. Tu aimes la caresse de la brise, la brûlure du soleil. Tu sais que tu ne bronzeras jamais mais tu restes quand même là, exposée à l'astre du jour, croyant que tu es une jeune femme comme les autres. Moi j'aimerais être comme toi. Ne pas être prisonnière de mes convictions. Danser dans l'herbe, m'entraîner dans une transe imperturbable. J'aimerais manger des fraises et inviter un garçon dans ma chambre. J'aimerais te cueillir des roses et te les jeter à la figure en riant à tue-tête. J'aimerais et presser ses lèvres contre les miennes. Me blottir contre son corps froid en murmurant des paroles douces et furtives. J'aimerais jouer au loto et gagner. Partir en voyage à Hawaï, en Indonésie. Retourner voir ma mère, embrasser Aeden. J'aimerais, mais je ne m'en donne pas les moyens. Je ne suis même pas sure de le désirer vraiment, au fond. Peut-être que je l'aime, cette vie, après tout. Peut-être que je suis vouée à errer en compagnie d'Aura et de Mana, sans aucun secours. Ou peut-être que je peux progresser, évoluer, maîtriser mon élément. Sauras-tu m'aider, belle aux yeux clairs ?

"J'aimerais bien voir Izumi aujourd'hui... faudrait que je m'excuse, pour la baffe."

Regard énigmatique. Rire à la fois aigre et joyeux.
Je n'ouvre pas les yeux.


Dernière édition par Hebi Mokona le Sam 1 Mai 2010 - 19:16, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Un bol d'air frais n'a jamais tué personne [ libre ]   Un bol d'air frais n'a jamais tué personne [ libre ] EmptyMer 28 Avr 2010 - 18:31

En fait, c'était mentir de dire que je m'ennuyais. Parce que je ne m'ennuyais pas souvent. Pour ainsi dire : jamais.
Qu'on me laisse au beau milieu d'un parc, ou au fin fond d'un désert. Qu'on m'emmène chez le plus attirant des diables ou chez le plus ennuyeux des hommes. Qu'on m'abandonne dans la plus froide des neiges ou qu'on me laisse me pavaner, solitaire, au milieu de l'herbe fraîche d'un beau printemps qui s'affirmait doucement .. Je ne m'ennuyais pas. Parce que mon esprit était toujours un puits d'idées stupides et farfelues. Dans ma tête, les idées et les pensées jouaient aux montagnes russes. Elles s'enchainaient. Et dans leur enchainement ingénieux, elles accaparaient toute mon attention. Toute ma concentration.

Avant qu'Hebi ne vienne, j'étais d'ailleurs très concentrée. Sur quoi ? C'était une autre affaire. Car même si je réfléchissais beaucoup, j'étais aussi tête en l'air, et j'oubliais vite où en était mes pensées, comme il m'arrivait de zapper le fil d'une conversation.
Cette tendance que j'avais à être dans la lune s'était un peu accentuée depuis que j'étais arrivée ici. D'ailleurs, je m'étais déjà questionnée sur le pourquoi du comment. La réponse que j'avais trouvé le plus potable était celle-ci : ici, j'avais moins de soucis à me faire quand à ce que j'étais - une terrible suceuse de sang, trop jeune et trop imbécile pour contrôler ses envies - et j'avais laissé la place à celle que j'étais avant d'être étouffée par tous mes soucis : une fille naïve et un peu tête en l'air, mais pas mal attachante.

Il y avait seulement quelques minutes, j'avais suivi avec une attention quasi-religieuse les premiers papillons de la saison. Les premiers que je voyais en tout cas. Ils avaient volé devant mon nez par couple. Un couple : insouciant. Éphémère, pourtant. Ils faisaient partie de ces papillons qui ne vivaient pas plus d'un ou deux jours, et le simple fait de les avoir vu passer devant mon nez m'avait alors enchantée. J'avais été émerveillée de la naïveté et de la sensation de tranquillité qu'émanait ces petits insectes.

Moi aussi, je n'étais auparavant peut-être vouée qu'à vivre quelques milliers de jours. Peut-être que je serais morte, actuellement, si je n'avais pas été mordue par un vampire. Peut-être que l'horreur avait alors de bon côté. On ne mourrait pas. On ne se souciait plus de savoir ce qu'il en serait pour le lendemain. On savait qu'on allait vivre éternellement. Alors le temps ? On avait d'autres trucs plus intéressants auxquels on pouvait réfléchir.
Et ça, c'était peut-être bien ce que l'on pouvait appelé une sorte de " mauvaise insouciance ". Elle nous laissait nous rappeler qu'on n'était pas comme les autres. Qu'ici le temps était resté entre parenthèses. Qu'il s'était arrêté pour beaucoup aux portes du pensionnat. Pour les autres ? On les verrait vieillir. Finir leurs jours. Vieux. Ridé. Malheureux, peut-être. Nous, on échappait à cela. Mais à quel prix ?

Interrogation. Pas de réponse.
J'oubliais déjà.

"J'aimerais bien voir Izumi aujourd'hui... faudrait que je m'excuse, pour la baffe."

Retour à la réalité.
Il fallait que j'arrête de m'absenter ainsi. J'étais bien trop dans la lune. Peut-être était-ce le retour du soleil qui me faisait cet effet. Ou peut-être bien que c'était autre chose, dont je n'avais pas connaissance, dans l'instant. Comment savoir ? Puis, y avait-il un intérêt à savoir, dans le fond ?

La remarque d'Hebi me fit sourire. Pas pour la baffe, évidemment. C'était plutôt de commencer la discussion de la sorte qui était intriguant. Original. Mais pourquoi pas ?

" Si tu ne la vois pas aujourd'hui, tu pourras encore t'excuser demain. Izumi ne m'a pas l'air d'être colérique et franchement rancunière. Un retard dans tes excuses ne devrait pas la blesser. "

Je tournais la tête vers elle. Elle était toujours allongée, les paupières clauses.
Voyait-elle, devant ses yeux, défiler son monde parfait ? Son utopie ? Un monde ou peut-être elle ne serait plus une démone. Peut-être qu'elle serait une humaine. Peut-être qu'elle serait toujours amoureuse de Fushi. Et que ce sentiment serait réciproque. Ils vivraient sûrement leur amour comme tous ces couples que l'on trouve à tout le coin de rue. Mais de façon plus intense. Parce qu'avec Hebi, n'importe quel geste, n'importe quel sentiment prenait une amplitude démesurée. C'était une qualité, selon moi. J'aimais être attachée à elle comme je l'étais. Je ne changerai cela pour rien au monde. Et secrètement, j'espérais bien figurer dans son rêve idyllique.


" .. Tant que tu t'excuses. Non ? "

Je ne savais pas tellement comme Izumi réagissait, parce qu'en vérité, c'était une personne que je ne connaissais que peu. Mais pour ce que je savais d'elle, elle avait l'air d'être une personne calme et plutôt effacée. Ce n'était pas une tête brûlée, et elle n'aimait pas se mettre en avant. Ou être le centre de l'attention. En fait, à mon avis, elle préférait être une personne parmi tant d'autres. Ce qui n'était pas plus mal. Je n'aimais pas tellement me faire remarquer non plus. Quoique, tout dépendait de la personne en face de laquelle je me trouvais.
Je regardais Hebi. Elle, elle avait un tempérament de feu, et malgré tout les efforts qu'elle aurait pu faire, si elle l'avait voulu, elle serait toujours resté la personne " centrale " dans une scène. Parce qu'elle n'était pas commune, pas dans la norme, si je pouvais m'exprimer comme ça. Elle était étrange et mystérieuse. Elle était inaccessible aussi. Quand elle souriait, c'était les gens autour d'elle qu'elle arrivait à captiver. Elle leur faisait partager son ressentiment. Elle était expressive et arrivait facilement à avoir un contact avec les autres. Son rire figeait le temps. J'aimais cela. J'aimais profondément passer des moments avec elle. Parce que je me sentais un peu différente. Peut-être un peu plus vivante. Plus vive à ses côtés. Parce que, quand elle était là, inconsciemment sans doute, elle déteignait sur moi. Je m'imprégnais un peu de sa confiance et je me l'attribuais. Ce n'était pas une mauvaise chose .. Elle avait une telle énergie qu'elle n'avait sans doute même pas conscience d'en fournir aux gens autour d'elle. Ou peut-être que j'étais la seule à avoir ce sentiment-là.
En tout cas, quand elle était là, j'avais l'assurance de passer un moment agréable. De ne pas perdre mon temps.

J'aimais cela.
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Eris Almira
MessageSujet: Re: Un bol d'air frais n'a jamais tué personne [ libre ]   Un bol d'air frais n'a jamais tué personne [ libre ] EmptyDim 2 Mai 2010 - 20:31

Sanglot mêlé de pureté divine. La beauté sereine d'un être plongé dans la contemplation d'un papillon. Ephémère. Tout ton contraire, petite blonde écervelée. Tu regarde ce bel animal comme si c'était la huitième Merveille que le monde a jamais connu. Mais que crois-tu voir, si ce n'est le miroir de ta propre existence ? Tu es Princesse du bonheur, Reine des Merveilles. Wonderland. Cet univers, je te le dédie, pour toi et rien que pour toi. Ma muse, ma princesse. Ma raison pour sortir prendre l'air et me dégourdir les jambes. Je suis là allongée, ombre lumineuse parmi tout ce que tu n'as jamais pu rencontrer. J'ai posé une main dans l'herbe fraîche, transportée dans le monde des miniatures, je les entends bouger tout autour de moi. Nous sommes allongées au-dessus d'un univers souterrain grouillant et efficace. Tu regrette, belle sylphe ? Non, sans doute non, tu restes là, tes jolis yeux clairs plongés dans une rêverie que j'aimerais partager avec toi. Un bonheur éphemère mais simple. Tu es belle Sidney. Tu es intensément belle et calme. Un baume pour mon coeur dans l'embarras, un baume pour mon coeur dont l'amour déborde de toute part. Être anormal, je commence à connaître. Et toi, ma muse ?
Je voudrais te voir chanter et danser au milieu d'un arc en ciel. J'aimerais voir la lumière baigner tes cheveux de la couleur du maïs. J'aimerais te dire que tu m'es aussi précieuse qu'un diamant offert pour des fiançailles, j'aimerais te regarder, te regarder encore, sans avoir peur de ce que les autres pourront dire. J'aimerais faire tout cela, j'aimerais compter les abeilles qui passent au-dessus de moi et ne plus craindre de me faire piquer en les montrant du doigts. Quelques braises échappées de mes doigts, un amour lointain et perdu. Une vie pour une vie. Nous sommes deux âmes errantes au soleil radieux d'une journée qui commence merveilleusement bien. Ne plus penser au passé, c'est la clé. Carpe Diem, et pour toi je respecterai ce serment, d'être heureuse de l'instant présent et de ce chemin que je trace, et qui va s'offrir à toi, à nous. Regarder le soleil se coucher sans peur de lendemain, sans peur de voir mon horizon s'éteindre, voir ma lumière déchanter et être envoyée dans les Abysses infernales, le Tartare des Enfers. Titans. Un jeu, toute cette vie n'est qu'un jeu. Et qu'est-ce que tu y vois ? A part un mur qui ne bouge pas, ne se déplace pas ? Tu me diras, un mur, on peut en faire ce qu'on en veut. Il ne s'échappera jamais, le mur, ne criera jamais de douleur. C'est un si doux remède contre la solitude, la chance que je t'offre. Qu'attends tu pour la saisir ? Attrape moi la main et vis cet instant comme s'il était le dernier que tu vivrais jamais. Sois heureuse. Tu as si envie de me dire cela, belle pâle...


We're part of a story, part of a tale...


Observer l'astre du jour en cours d'élévation. Une main vers le ciel, un doigt pointé vers le bonheur. Un calme dont jamais je n'avais fait l'effraie jusqu'à présent. Je le sais maintenant, ce qu'est vivre. Nous savons, âme en peine bloquée dans un corps de diable, ce corps qui est le tien. Observation lente du domaine. Des murs de pierre ternes, irréguliers, d'énormes blocs durs. Des fenêtres teintées, poussiéreuses, cerclées de métal froid et noir. Prison magnifique pour êtres malfaisants. Doux plaisir des hommes que d'avoir un maintien sur les choses. Sur nous, surtout. Nous avons des choses cachées, qui ne vous plaisent pas. Vous n'aimez pas la différence. Les gens pour vous, s'ils sont plus gros ou plus maigres que le commun des mortels, s'ils ont les canines trop pointues ou les yeux d'une curieuse couleurs, pour vous ils seront beaux, ou laids. Pour moi il n'y a pas de jugement. Les gens différents ne sont pas beaux ou laids. Ils sont juste différents...
A chacun son lot de douleur. Nous avons toujours des peines enfouies. Des peines cachées à l'intérieur de nous, blessures enfouies dans la détresse profonde de l'ennui. Tu ne verras donc jamais quelles blessures ornent mon coeur, quelles questions sont sans cesse présentes à l'intérieur de ma tête, profonde sensation d'ennui et de chagrin ? Enfoui, caché. Ce n'est pas ce visage là que nous voulons te montrer. Alors nous te sourions, nous te sourions encore, sans cesser de croire au bonheur et de le voir te caresser le visage, ton visage de poupée en porcelaine. Tu serais belle, dans une robe des années 30. Je t'aurais bien vue actrice, dansant au milieu des fleurs, embrassant un homme brun en treillis, rentrant de guerre. Tu entres parfaitement dans ces shémas. J'ignore si cela t'inspire quelque chose, ce que je te dis. Mais je le vois ainsi. Ton avenir, même si ce n'est pas celui qui t'es donné. Belle jeune femmes aux boucles soyeuses. Couverture d'aubépine. Beauté tremblante. N'as-tu pas l'impression d'être heureuse, ici ? Tu ne sens pas la fraîcheur de la brise qui caresse lentement ta joue ? Et les oiseaux passant au-dessus de nous, moineaux, rouges-gorges, merles, ces animaux qui n'ont pas conscience de la chance qu'ils ont de voler. Soyez beaux et éternels. Car moi je peux voler en échange d'une puissante douleur. Et toi, que feras-tu pour sauver ton âme et prendre ton envol ? Bel oiseau, emmène moi dans des contrées inexplorées. Fais moi goûter aux joies de la liberté, apprends moi à vivre sans dépendre d'une cantinière et d'une femme de chambre. Montre moi ce que c'est, exister. Montre-moi, et en échange je t'offre l'amour.


Nous avons un bel avenir tracé devant nous. Saisissons le sans craindre le superflu et la souffrance qui te rongera le corps. Vole, petite abeille. Vole, en direction du couchant...


Mais tout ça, qu'est-ce que cela signifie ? Le soleil ? La terre, l'eau, le vent ? Où allons-nous à présent. Je me plonge dans l'immensité bleue azur de l'éphémère ciel. Mes cheveux dessinent une auréole dans l'élégante verdure, offrande douce à toi, déesse de la Terre. Je sens les battements de mon coeur, doux, calmes, apaisés. Tout va bien ce matin, n'est-ce pas ? Est-ce le résidu de cette course folle ? J'ai été le lapin cette nuit, cherchant à batte la tortue. J'ai été prise, éperdue dans cette course folle, tendant la main à la forêt qui m'a entraînée dans cette danse si terrible et si enivrante. Merci, princesse. Je suis comblée d'un bonheur dont je n'aurais jamais imaginé la provenance. J'ai eu le coeur qui s'est précipité au-dela de ma poitrine, tout mon être a vibré avec toi Sylva. J'ai dansé au milieu de tes feuilles qui ont frôlé ma peau brûlante et si pâle à l'éclat de l'astre lunaire. J'ai regardé les étoiles, je les ai longuement admirais, nageant au milieu des arbres avec la fureur d'un animal en chasse. Nous étions liées pour l'éternité, la nuit et moi. Qu'allions-nous faire, sinon nous précipiter dans la froideur de la nuit, prisonnières d'un monde en fuite qui nous tendaient les bras, mais qui nous reniaient aussi, dans le même temps ? Alors il fallait courir, aller plus vite que la tortue et gagner, gagner en puissance et en savoir, ne pas nous laisser démonter par l'humain, un petit être faible et méprisable, mais qui, nous devions l'admettre était à protéger. Car au fond nous étions comme eux. Nous recherchons le divertissement pour oublier que nous sommes condamnés du temps. Tout leur contraire, en somme. Eux ont peur de la mort, nous, nous avons peur du futur. Qui sait ce qu'il peut advenir des créatures de la nuit. Sorcières, magiciens, vampires, loups. Inquisition. Le passé a fait bien des victimes parmi les peuple des Immortels ou des gens "différents" de nous. Nous avons été torturés, soumis à des questions aussi cruelles qu'inutiles, brûlés dans les flammes d'un ridicule bucher, étranglées ou pendues, toutes ces morts, toutes ces victimes, coupables ou innocentes. Nous étions des être qui n'étaient pas désirés dans ce monde. Et moi, je ne le désirais pas ce monde. Je vis pour lui, en lui. Mais qui m'accordera un jour la clémence que je désire avec autant d'ardeur ? Qui me permettra d'être enfin l'ange que je désire ? Qui te tuera, Aura, enfermée, entravée dans ton cocon de chair, d'os et de sang, toi, déesse de la cruauté et de l'imposture ? Qui me sauvera de toi ? Qui me permettra d'être heureuse en permanence ? Toi, Gaïa ? Non, je n'y crois plus. Une ombre éphémère se déposant dans mon corps ne me ferait pas plus d'effet, déesse ingrate et cruelle. Je t'admire et te hais. J'aimerais éliminer mon ressentiment mais je ne le peux pas. J'aimerais t'aimer, et j'aimerais aussi faire partie de toi. Mais ton choix est tout autre. Ton choix résultera du mien. Et ma vie à présent, est entre tes élégantes mains pleines de vie.
Se redresser. Ajuster ses cheveux, frotter sa robe des impuretés laissées par la Nature ingrate. Je cherchais le divertissement, disais-je.


Liasse 3. Fragment 66.

Si notre condition était véritablement heureuse, il ne faudrait pas nous divertir d'y penser.


Se lever d'un bond. Prendre ta main, douce et fraiche, avec un éclat de rire brisant le silence de cette matinée sans saveur autre que le soleil. Ne pas prêter attention au froissement de la robe se plissant au rythme des mouvements de jambes. Voir ton air complètement surpris se dessiner sur ton visage aux traits pourtant si réguliers. Tu es tellement magnifiques, comme si tu n'étais pas vraiment faite pour la nuit. Tu es faite pour briller au soleil d'un éclat aussi merveilleux que celui de la vie en elle même. J'ai envie de crier de joie rien qu'à la vue de ton air complètement désemparé. Mais tu te lèves, accompagnes mes mouvements. Ma main serrant la tienne. Je t'entraîne dans ma course folle, sans t'expliquer le comment du pourquoi. Yo vivo per te. J'aime tes mouvements de bras gracieux, lorsque je t'entraîne avec moi. Tes pertes d'équilibre, ton souffle saccadé, ta surprise. Et bien, Sidney Hughes ? Tu n'as donc jamais couru aux côtés d'un démon ?
Un rire qui résonne, cristallin et pur. Je me divertis avec toi. Attraper tes deux mains et tourner en ta compagnie. Force centrifuge en action. Rire, encore et encore, à s'en plier en deux, à n'être plus que deux formes qui tournent et tournent en un seul et même mouvement. Ma princesse, ma reine. Tu es tellement magnifique là sous mes yeux. Je veux constituer une part de ton histoire, danser avec toi, tourner à en vomir, et rire, rire, rire de plaisir et de calme, rire à en perdre haleine, puisqu'on dit si souvent que le rire rend plus jeune. Mais a-t-on à craindre cela ? Moi, non. Tu sais ce dont j'ai peur ? C'est de ne plus savoir quoi faire. Être seule, et m'ennuyer. Pleurer sur moi-même, sur mon existence, sur ma condition. Perdre mon divertissement. J'ai peur. J'ai si peur. De ne plus voir que la nuit qui m'entoure. Qui me protègera, lorsque le monde entier sera mort ? Toi, peut-être ? Si je te fais danser, si je te fais entrer dans ma ronde. Tu n'as pas peur du vide. Tu ris avec moi. Tu ne sais plus ce qu'il se passe autour de toi. Ma réaction te laisse pantoise. Mais je veux jouer avec toi. Je veux être celle que je n'ai jamais pu être. Une jeune femme. Une jolie jeune femme qui n'a pas peur de son futur. Et mon futur, il est auprès de toi. Et de lui...


Liasse 2, Fragment 42.

Vanité.
La cause et les effets de l'amour.
Cléopatre.


Si nous avions été des hommes, tout aurait changé. La face du monde, aussi peut-être. Chelsea serait restée dans tes bras, et vous seriez morts tous les deux, deux âmes vieilles et renversées, allongés dans votre lit aux draps de fleurs fanées, avec une bouillotte à vos pieds. Et moi, j'aurais erré sans but, j'aurais eu un époux et vécu les horreurs de la guerre, la famine, la souffrance. Jamais je n'aurais rencontré ce vampire qui avait fait vibrer mon être, et jamais je n'aurais déposé ce tendre baiser sur ses lèvres. Jamais mes yeux ne se seraient teintés de blanc. Notre existence est veine, il suffit d'une poussière qui brûle pour la faire basculer. Que dois-je faire, comment dois-je évoluer ? Dois-je continuer à chercher ton regard en secret, à aimer cet amour que je lis dans tes yeux ? Mais c'est vain, n'est-ce pas ? Tu le dis, et moi je le sais. Tout est vain. Nous n'avons pas la chance de décider de notre bonheur. Sinon, je vous protègerais tous, et je serais un ange au milieu du cercle solaire. Je voyagerais dans l'univers, je regarderais le ciel se lever, je ferais du feu sans bois. Je serais une princesse. Une belle princesse. Une succube complètement folle, mais que tu regarderas avec envie. La face du monde aurait changé si j'avais été une humaine. Si tout le monde avait été des humains. Toi, je ne t'aurais pas aimé. Seule Chelsea aurait partagé tes lèvres, aurait été serrée dans tes bras. Tu n'aurais fait l'amour qu'avec elle, et tu aurais eu un autre enfant qu'Izumi. Tu ne l'aurais jamais rencontrée, pauvre créature errante que tu as prise sous ton aile. Tu aurais vécu une vie tranquille, enseignant ta physique ailleurs, tu aurais rencontré d'autres gens. Tu n'aurais pas serré ce corps froid contre toi en poussant des hurlements de chagrin. Tu n'aurais pas perdu ta soeur, ta mère. Vous auriez été tellement heureux sans moi. Mais le sort va en décider autrement, n'est-ce pas ? Pourquoi t'es-tu enfui avec ce cadavre ? Je suis là moi. Elle aurait dû crever dès la naissance, car tu es à moi, rien qu'à moi. Et moi, je te protègerait du mal, je remplirais ton esprit d'un amour éperdu. Je caresserais ta peau là où je pourrais la caresser, et couvrirai ton être de baisers aussi ardents que les flammes de l'Enfer. Je serai ta compagne, pour l'Eternité. Et je n'ai en aucun cas peur du danger qui peut-être un jour nous guettera.



Fragment 22.

Condition de l'homme.
Inconstance, ennui, inquiétude.


Certaines choses pour lesquelles on est d'accord, d'autres non. Celle ci peut en constituer une preuve. L'inconstance est la manière dont l'homme est, tout simplement, sans divertissement. Et pouvons-nous ne pas l'être ? Souffrir, est-ce un divertissement ? Aimer, est-ce un divertissement ? Est-ce que lorsque je vous regarde, que j'examine le moindre recoin de votre être en me félicitant de vous aimer ainsi, est-ce un divertissement ? Pâle justice que celle de l'amour. J'aime, donc je m'amuse. Or, je n'ai pas envie de m'amuser. J'ai envie d'être heureuse.
Et je ne suis pas un être humain. Et il y a tant d'exemples, pour te montrer, que le divertissement engendre le bonheur et la vie...




J'ai mal. Si mal. Cette douleur assaille mon ventre, mon dos. Une odeur de sang, dans mes narines, m'agresse, me fait mal. J'ai peur, je suis entourée mais seule. Un nuage de brume, au-dessus de mon visage, mes yeux se recouvrant d'un voile inexorable. La douleur, les hurlements poussés, la peur qui tiraille tous mes os. Est-ce que je vais mourir ? Je ne pourrais même pas caresser ton visage ? Je ne pourrais pas te voir, avant ? Pourquoi est-ce si injuste de vivre ? Je suis là, allongée, le drap m'enveloppant comme un linceul, par-dessus mes jambes, mon bassin. Des gémissements lourds de sens, cette douleur inopinée. Des heures que ça dure. Tu te fous de moi ? Qu'est-ce qu'il faut que je fasse. Respirer, souffler. Respirer. Inspirer, expirer. Souffler. Dieu, cet espèce de connard. Toi, femme, tu enfanteras dans la douleur. Toi homme, tu travailleras à la sueur de ton front. Et pourquoi hein ? Si on va par là, je ne suis pas un homme, moi. Je ne suis pas humaine ! Près de moi, ces gens, qui me touchent, me tiennent la main, me donnent des conseils qu'ils servent à tout le monde, à toutes les sauces. Je gronde, crie, braille. Un sol blanc, murs, plafonds, objets, draps blancs. La pâleur d'un mort. Alors, tu sors ? La colère provoquée par ma douleur augmente cette dernière. Beau paradoxe que celui-là. Un cercle vicieux que tu animes, monstre nocturne perpétuant mon corps. Mais cela n'est pas si simple. J'aimerais que cela le soit. Mais ma souffrance domine toute ma raison.
Allez le chercher.
Tu n'es jamais venu m voir, toi, quand j'y pense. Non, tu n'as jamais plus posé ton regard si tendre dans le mien lorsque tu m'as croisée, tant de fois. Ta main n'a jamais désiré avoir la chance. Elle ne faisait que corriger avec une rage toute entière mes minables feuilles de papier tâchées d'une encre impure. J'ai erré dans l'espoir de rencontrer ton regard. Mais tu n'as fait que fuir mes propos, mes implorations silencieuses. Aujourd'hui tu n'as rien vu. Tu ne m'as pas vue, au centre des attentions, tituber puis chuter. Je suis tombée au sol, tout mon être a sombré. Dans une forte douleur. J'ai désiré mourir. Dur aboutissement de ton divertissement, n'est-ce pas ? Mais j'ai toujours été prête à en payer le prix. Pas pour nous, mais pour toi. Et j'ai accepté la fin de notre divertissement. Pour cette petite chose. Ce...cette...chose. Me voilà, seule, car les êtres autour de moi ne sont que des fantômes. Ce rêve je ne l'oublierai jamais, car vous y étiez. Une porte qui s'ouvre avec violence, qui manque de bondir hors de ses gonds. Toi tu es là, charmeuse aux yeux clairs. Tu cries mon nom, et je ne vois que ta voix, mes yeux étant brouillés par l'embrouillamini de ce poison liquide qui ravage mes joues en un torrent, dévalant la pense de la montagne enneigée, poudre fine. Une pression sur ma main et tout commence. toi aussi tu es là. Et tu parles, d'une voix timbrée d'émotion, un doux vibrato, une trille non désirée. Et là, je sais que je ne crains plus rien qua ta mort. Mas je te sens vivre. Et je sens aussi que tu arrives. C'est la panique. Des cris, des pleurs, contractions, contradictions. Et je l'ai toujours su, la face cachée de l'amour : c'est la douleur. Puis l'épuisement. Et enfin, l'émerveillement, la lumière et les couleurs. Lorsque mes yeux s'ouvrent, et découvrent dans mes bras la plus pure des sirènes. Tu as causé en moi des heures entière de longue agonie sans que je puisse m'edormir dans les bras des Ténèbres. Mais finalement je ne regrette rien. Rien; lorsque j'entends ton hurlement strident que j'épouse d'une tendre caresse. Laisse-moi le temps d'nue berceuse. Et tu ne verras rien, rien d'autre que ce sourire empli d'un bonheur sans faille qui perpétue mon être, lorsque je croise les billes émeraude de tes yeux. Ton visage, ton corps, créature si petite mais si belle, mon symbole à moi de vitalité et de grandeur. Qui a dit que tu n'étais que le vain résultat d'un divertissement ? Petit corps si faible, petite perle de glace. Beauté de photographie. Des sourires autour de toi, une auréole de paroles chaleureuses, pour une si pette chose aussi merveilleuse. Tu es le centre des attentions, pour la simple raison que tu as ouvert tes jolis yeux pour la première fois aujourd'hui. J'ai peur de te briser comme un fin morceau de verre, tu es si fragile. Et lorsqu'il te verra enfin, peut-être comprendra-t-il son erreur de n'avoir pu accompagner ta présence tout au long de ta création. La douleur n'était qu'une mince piqûre après la récompense que tu m'as faite d'être en face de moi. Au creux de mes reins il y a de celà cinq minutes, tu es à présent à l'intérieur de mes bras, un nid profondément chaud et confortable. Beauté fine. De petites mains attrapant ce qu'elle aura pu saisir, un de mes doigts, d'ailleurs. Une toute petite pression, petite plume tendre emplissant mon coeur brisé d'un feu nouveau. Un temps de battement, une entracte pleine de rires et de caresses. Puis de nouveau, volée de gonds, la porte s'ouvrant vec violence, faisant pénétrer une lumière en ce lieux déjà éclatant. Bruissement de tissus, sursaut. Muscles qui se raidissent, gorge qui se serre, signe avant-coureur de l'angoisse. Tu as franchi la porte, cet air si anxieux sur ton visage comme si tu venais d'enterrer... mais enterrer qui ?
Chelsea.
Mais non, tes yeux finissent par sep oser sur ce petit être, cette petite aile encore endormie, douce et flexible, une respiration légèrement sifflante, goûtant cet air nouveau. Des yeux, de la même couleur que les tiens, se posant sur toi. Tremblement; Un calme presque religieux. Alors on ce concentre vers la vie, on regarde ce nouvel éclat qui vient d'apparaître.
Enora. Tu es belle.
Ce nom murmuré comme une bénédiction. Se pencher ,admiere, toucher du bout des doigts, en silence, cette vie que tu m'as donnée à contempler avant de fuir, toi. A préésent, est-ce que tu regrette tes mots, gestes, paroles ? Vas-tu trouver une autre échappatoire à l'évidence ? Ou contempleras-tu cet ange dans les yeux, sans crainte aucune de brûler les tiens ? Peut-être trouveras-tu un moyen d'accumuler les deux, sans rien regretter. Mais non. Tu attrapes mes mains, fraîcheur naturelle, douceur de tes yeux. Un regret. Des, peut-être. J'ignore ce qu'il se trame à l'intérieur de ton esprit. Mais moi je suis en paix. Ton visage me reflète tes émotions du passé. Un bonheur parfait. Car un plus un égal trois. Y crois-tu, à cela ? Un divertissement engendre la beauté, la pureté. Et dans ce rêve, elle constituait tout ce que mon coeur désirait ardemment. Enora, pour toi, et moi. Quelle ironie. Ce rêve qui me revient lorsque nous passons le cercle de lumière. Ton ombre que tu ne vois plus, la vitesse et la joie l'ont effacée. Beauté tendre. Si tu lisais dans me spensées, peut-être entendrais-tu ce nom de vive voix, celui qui a fait à la fois mon rire et mon chagrin.
Enora.


Des genoux qui se plient, la danse continue. L'herbe qui se rapproche dangereusement, la légère brise la faisant onduler telle les vagues d'une mer apaisée s'échouant lentment sur une plage de sable aux épais galets ronds. Les rêves sont faits pour n'être que des rêves. Nous ne cherchons rien d'autre que la paix, elle et moi, et je me répète mais tu es la source de mon bonheur. Tu n'es pas la seule dans ce cas là, mas tu en es la mieux lottie. Je ne t'ai jamais violemment giflée, je n'ai jamais cherché à te tuer, à vouloir dévorer ta chair. Et même si tu es une succube sculpturale, une aryenne comme auraient dit les véritables monstres. Tu n'as pas cette odeur si attirante ni mon coeur offert à toi tout entier. Mais je t'offre amour et protection. Amitié et affection. Prêtresse de la pureté, amour divin. Et j'espère que tu le sens en dansant avec moi, tes mains serrées dans les miennes. Cheveux au vent, une scène digne d'Hollywood, ou Bollywood. J'espère que tu ne te force pas à rire, jolie blonde. Mon seul bonheur est le tien. Toi seule, perle d'un lait si doux, serait capable de calmer ma fureur et de sécher mes larmes. Car toi seule a ce pouvoir, cette aura si différente de la mienne, qui apaise notre âme à en faire sommeiller la cruauté.
Se jeter par terre, lâcher tes mains, et te laisser chuter sur un tapis de mousse. Toutes ces voix, autour de moi. Une étincelle de pureté. Comment fais-tu, ma muse ? Pour avoir un rire si doux et si joyeux, qui emplit tout mon être d'une myriade de jolies couleurs, inconnues de l'arc-en-ciel ? Toi, ma tendre amie. J'aimerais t'étreindre à en mourir. Et tuer ceux qui te feront du mal. Mais le puis-je, réellement ? Je ne peux qu'attraper ta main, ma tête près de la tienne, et regarder les nuages. Parler, doucement, mais parler. Montrer mon attachement, mon amour et ma tendresse pour toi. Tout ce que je n'ai jamais osé te dire, ma si jolie fille aux cheveux de lin, bouclés comme j'aurais rêvé les avoir. Aussi doux que la soie. Au lieu de cela, je me promène avec cette tignasse noire qui m'encombre. Chaque fois que je te regarde, c'est avec envie et admiration. Tu représentes tout ce que j'aurais ardemment désiré être. Tout ce que j'ai voulu pour moi, ce qui ne m'a jamais été donné. Je suis Nuit, tu es Soleil, même si à présent tu es vouée à cette obscurité. Mais tu n'es pas faite pour cela. Gaïa voulait faire de toi un ange merveilleux. La plus belle que je n'aurais jamais vue. Une si jolie demoiselle, aidant les âmes en peine. Pourquoi le sort en décide-t-il autrement ? Cela, je ne pourrais sans doute jamais y répondre. Même en connaissant toutes les réponses du monde. Ma douleur n'importe plus en cette instant. Pourquoi compterai-t-elle, alors que je suis allongée, telle un animal au repos, tout près de toi, si près que je peux sentir à la fois ton odeur de vampire et ton shampoing ? Petites boucles frôlant mon nez en une caresse involontaire. Un léger éternuement, avant que les yeux ne se reposent sur le ciel et ses décorations.

"ça va, pas trop le tournis ?"


Phrase si routinière. Si tu avais pu me mettre une baffe j'aurais sans doute réagi de manière moins idiote, plus intelligente, j'aurais engagé une vraie discution. Mais le veux-tu vraiment, parler ? Ou désires-tu seulement passer du temps avec moi, te taire, écouter le chant des oiseaux ? Je me lève, démarche oscillante. Un léger tournis. Puis un craquement. Mes ailes, ces plumes noires si radieuses, mais encore poisseuses de ce sang qui vient à peine d'éclabousser la mer verte de chlorophylle. Je me demande comment tu les trouves. Ne suis-je pas sexy comme cela ? Caresse d'une plume noire, du bout des doigts. Je te laisse allongée. Tu es si belle, comme cela. Un ange descendu du ciel. Rien que pour moi. Moi qui disais que Gaïa m'avait oubliée, je me rendais compte que souvent la Nature nous faisait des cadeaux à l'improviste. Prier ne servait à rien pour un narrateur omniscient d'une histoire se déroulant sous ses yeux. Alors on regarde le ciel, embrassant du regard ces oiseaux se jetant à corps perdu en direction du couchant. C'était cela, la liberté. S'envoler, être heureux et en bonne santé. Mais à quel prix ? Avoir peur, jour et nuit. Ne plus approcher autre chose que la mort qui nous frôle à chaque battements d'ailes. A vrai dire, j'y trouve quelque chose d'incroyablement excitant. Ma nature me fait aimer le risque. Aura aime le risque, j'aime Aura malgré moi. Et c'est très bien comme cela.


Ecarte tes bras. Montre moi que tu es heureuse. Ecarte tes bras, et regarde là, elle, de ton regard si pur. Tu es belle, ainsi. Hebi.


"J'adorerais vivre comme un oiseau. Frôler le danger à tout instant, et pourtant, vivre et s'envoler au loin. Mes ailes me le permettent. Mais je ne suis pas libre, si seulement cela pouvait changer..."
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Sidney Hughes
Sidney Hughes
MessageSujet: Re: Un bol d'air frais n'a jamais tué personne [ libre ]   Un bol d'air frais n'a jamais tué personne [ libre ] EmptyDim 9 Mai 2010 - 10:02

J'aurais pu rester des heures sans bouger. Ou peut-être que je me serais juste rallongée. Peut-être que j'aurais tourné quelque fois la tête vers toi. Que j'aurais croisé ton regard. Ton beau regard à la fois déterminé et malicieux. Un regard différent du mien. J'aimais cela. Ou alors j'aurais pu constater que tu t'étais endormie. En te fichant pas mal que le soleil tape fort sur ta peau de feu. Toi, tu avais la peau teintée. Une belle couleur. Il m'arrivait de l'envier, quand j'y pensais. Cependant, les pensées rationnelles me rattrapaient rapidement : j'étais comme j'étais. Pas d'échappatoire. Qu'une douce rêverie, qu'il fallait au plus vite éteindre. Rêver c'était utile, parfois. Quand il y avait possibilité de voir un rêve devenir une réalité. Mais ici, ce n'était pas le cas. Éteindre mon cerveau. Mettre mon inconscient en mode pause. Penser à autre chose. Sentir toujours plus fort la caresse brûlant de l'astre solaire sur ma peau de glace. M'étonne en me disant qu'auparavant j'aurais sans doute déjà attrapé de gros coups de soleil. Et m'extasier d'une façon idiote en constatant que c'était maintenant impossible. J'étais immunisée, en quelque sorte. Comme je l'étais de la mort. Ah .. Immortalité. Amie traître. Cadeau pseudo-empoisonnée. Si seulement j'avais idée de ce que je devais penser ..

Le papillon s'est envolé. Loin. Bien loin. Il était éphémère, mais cette idée, il s'en fichait. Si ca se trouve, il n'en avait même pas conscience. Il volait un gré du vent. Et le vent le portait loin de moi. Loin de mes pensées, aussi. Rapidement.

Il y avait une chanson qui me trottait dans la tête. Une chanson que j'aimais beaucoup. Parce que le rythme était à la fois doux et entrainant. Parce que j'avais vu ce groupe jouer un jour. Que cette musique m'avait donner envie de sourire, et qu'en même temps, j'avais eu le cœur serré. Un effet paradoxal dont je m'étais alors délectée.
" Allez danse, danse, viens dans mes bras .. Allez tourne, tourne, reste avec moi .. Allez partons-vite, si tu veux bien, mon amour .. "
Je m'en rappelais avec un petit sourire nostalgique. Moment passé. Souvenirs toujours présents. Eux. Comme marqués au fer rouge dans ma mémoire. Comme tant d'autres. Des souvenirs plus ou moins enfouis, dont on se souvenait à des moments parfois étranges. Là, assise de l'herbe, Hebi à mes côtés, je me remémorais les paroles de cette chanson. Je tentais de retrouver les sensations que j'avais ressenti lorsque je l'avais écouté, des heures durant. Mes ils étaient moins forts, les sentiments. Moins présents. Le temps passait. Ou il ne passait pas. Je ne savais pas quoi penser. J'étais bien, là.

Je pensais. Je me souvenais. Je profitais de ce que la nature m'offrait. De ce que l'avenir m'avait d'ors et déjà offert : une amie. Et quelle amie, mes aïeux. Je suis sûre que peu de gens doivent en connaître, une comme ça. Rien en rapport et pourtant une telle foule de points communs. Tellement différente, mais à laquelle j'étais tellement attachée. Comme si un lien invisible avait tendrement enlacé nos deux corps lors de notre première rencontre : la pression qu'il exerçait sur nous était plus grande au fil des jours. C'était comme une nécessité de passer du temps avec elle. Cette bobine de fil qui nous unissait devait porter un nom. Sans doute quelque chose comme le manque .. Quelque chose proche de l'addiction.
Je ne disais pas par là que j'étais une addict à mon amie. Mais en fait, je pensais que j'avais besoin d'une dose de temps passer avec elle, pour que mon moral s'élève au beau fixe. Quand j'étais à ses côtés, le soleil me semblait plus radieux et les oiseaux - me semblait-il - chantaient plus fort. C'était plus beau, plus intense. Comme si en la rencontrant, j'avais débloqué quelque chose en moi. Comme si j'avais alors eu l'occasion de découvrir un niveau secret dans ma vie. Nouvelle vie. Vécue d'une façon plus intense. Nouvelle vie. Plus longue. Solitude largement atténuée. Sensation de plénitude. De bonheur. De confort. Voilà un échantillon faible de ce qu'elle m'apportait, avec ses grands yeux noirs, ses cheveux couleur de jais et son sourire qui pouvait faire pâlir une Miss.


Elle s'était redressée. Une légère brise vint caresser son dos. Ses bras. Ses cheveux. Le coup de vent venait jouer avec sa robe noire, quelques secondes.
Elle avait un peu froncé les sourcils. Mais pas longtemps. Juste le temps de se concentrer un peu. Épousseter grossièrement son vêtements et remettre un peu ses cheveux en place.
Elle était belle, une fille de la Nature. Une fille aux aspects sauvages. Une fille condamnée, comme moi. Mais une fille qui ne se laissait pas abattre par le destin. Au fil du temps elle avait appris à se battre, à ne rien lâcher. A vivre avec la vie qu'on lui avait donner. A faire les bons choix. Ou ce qu'elle considérait comme les bons choix. Car en fait, elle avait raison : elle était seule maîtresse de ce qu'elle pouvait devenir. Sa vie lui avait échappée jusqu'à ce qu'elle l'empoigne avait rigueur. Elle s'était décider à faire ce qu'elle voulait et non ce qu'elle devait faire. Je l'admirais pour cela. Et sans doute pour un tas d'autres qualités que moi je n'avais pas. J'étais admirative de sa personnalité si étrange et parfois paradoxale. Une démone qui voulait devenir un ange. Une personne qu'on ne rencontre pas tous les jours, mais pour qui je m'étais prise d'une affection sans pareil. Sans elle, le décor me paraîtrait sans doute un peu fade.
Que vas-tu faire, maintenant, ma belle ? Où te mène ton esprit légèrement tordu ? Que te dit-il d'accomplir ? Vas-tu l'écouter ?
Démone angélique. Je sais bien que tu ne fais que ce que tu veux.
Moi, j'aime ne jamais savoir ce qui m'attend. J'aime l'insouciance, parce que je suis l'incarnation de ce pseudo-défaut. Naïve, insouciante, candide ..
Donne-moi les synonymes que tu veux. Je te suivrais.

Tu me tends ta main, mais tu n'attends même pas que je la prenne. C'est toi qui prends la mienne. Qui me fait me lever d'un bond. Je me sens ridicule
quand je vois quelles forces tu caches. Caractère. Physique. Ta philosophie. Ta vision des choses et du monde. Un grain de folie dans un monde plat.
Oui, je me sens un peu ridicule. Mais ce sentiment s'envole à la seconde. Je le laisse derrière moi parce que je te suis. Tu commence à courir. Ta main dans la mienne .. ou peut-être l'inverse. Qu'importe ? Je te suivrai au bout du monde, s'il le fallait. Sans aucune réflexion. Sans réfléchir. Tu es sans doute tout ce que je possède dans ce nouveau monde qui s'ouvre à mes yeux. Que crois-tu que je puisse faire d'autre ?
Et même s'il n'y avait pas que toi. Même si dans un futur plus ou moins éloigné, je m'attache à d'autres, ce ne sera jamais comme je me suis déjà attachée à toi. Un repère dans un monde qui m'ouvre ses bras. Un pilier sur une terre qui m'est encore inconnue. Un rayon de soleil au milieu des nuages et de la pluie. Arc-en-ciel sur fond gris. Le blanc le plus pur devrait être jaloux de la clarté et de la beauté de ton sourire. J'aime quand tu es comme ça. Quand tu feins l'insouciance et que tu lèves la tête pour regarder le bleu du ciel. Quand tu rêves que tout va bien. Peut-être même quand tu as le sentiment que tout va bien ? .. Je ne sais pas. Mais j'adore ce sentiment. J'en suis folle.

Je dois avoir l'air surprise. Tu m'as prise au dépourvu, charmante démone. Tu m'emmènes à la découverte de je-ne-sais-quoi. Tu m'entraine vers l'inconnu. Tu m'enlève à ma rêverie. Je le vois dans tes yeux, tu te délècte de ma surprise. Eh. Tu es bien drôle, toi. A quoi t'attendais-tu ? Comment rester de marbre devant un changement si brusque ? Passer de l'inactivité la plus totale à la course folle et effrénée. Passer de la rêverie aux beautés qu'offre la réalité. Oui. Je suis surprise. Voilà qui semble te ravir.

Tes pas sont plus rapides. Tu cours plus vite. Toujours plus vite. Tu m'entraine à ta suite. Cependant, ce n'est pas à la façon d'un poids. Il me semble que tu me considère davantage comme quelqu'un qui aurait un lot de choses à découvrir. Un lot de choses en peu de temps. Et toi tu te placerais là, à la façon d'un guide. Tu chercherais à accomplir ta tâche du mieux possible, avec le sourire. Tu veux que je découvre. Que je m'enivre. Que j'apprécie.
Mais moi je n'apprécie que le bonheur que je vois sur ton doux visage.
Il y a quelques minutes encore tu me paraissais bien sombre, et voilà que ton expression brille de mille-feux. Tes traits sont détendus. Ton sourire est plus large que le plus beau que je pourrais faire. J'entre en transe.

Brusquement, ta course s'arrête. Au milieu de l'herbe aux couleurs de l'émeraude, tu prends mon autre main. Mes mains dans les tiennes. Les tiennes dans les miennes. Je m'accroche fermement. Un peu comme si j'avais peur de chuter. Si ca se trouve, c'est le cas. J'ai peur de me réveiller. De constater avec dégoût que je ne faisais que rêver au creux de mon lit. De regarder par la fenêtre et d'y découvrir un temps exécrable. Peur de voir la pluie tomber et de n'avoir fait que rêver de ce sourire enchanteur que tu aborde.
Mais même si je ne me tiens pas, je ne tombe pas. Je ne me réveille pas. Je ne rêve pas. Tes mains dans les miennes, je me sens bien. Mon rire répond au tien, et l'on commence à tourner. Toupie humaine. Tourbillon de bons sentiments. Mélange explosif. Bonheur. Bien-être. Plénitude. Allégresse. Béatitude. Chance. Contentement. Délectation. Enchantement. Joie. Gaieté. Ravissement. Satisfaction.
Tant de mots, synonymes de mon état actuel. Je suis enivrée. Je goute à la délicate euphorie d'être insouciante. Le soleil sur ma peau. Toi en face de moi. Oh, ma belle ! Accélère ! Tourne plus vite ! Toujours plus vite ! Ne formons plus qu'un flou. Un flou joyeux. Les autres ne pourront distinguer le blond du noir. La démone de la vampire. Amusons-nous ! Rions à gorges déployées !

J'adore ce sentiment.

J'ai peur de la chute mais pour rien au monde je n'arrêterai. Je me sens exister, plus fort encore aujourd'hui.
J'entends ton rire qui se mêle au mien. Ils sont fait pour s'entendre. Pour s'unir. Je les entends, et c'est presque comme si je pouvais les voir s'éloigner, s'envoler dans les airs, au-delà de notre tornade terrible. De notre flou pseudo-artistique. De notre élan de bien-être. Les rires viennent et repartent. Je ne m'arrête pas. J'aurais peut-être mal à la gorge demain. Peut-être que dans une minute je tomberai. Et alors ? Je m'en fous !

Mais je ne lâche pas. C'est toi qui lâche mes mains. Soudainement. J'ai peur sur le coup. Je ferme les yeux un instant. J'ai peur que la chute soit violente. Mais rien. Je m'écroule sur l'herbe fraiche. Elle accueille mon dos avec tendresse. Avec douceur. Elle caresse mon échine et j'ai un frisson.
J'ai l'air d'une poupée désarticulée, comme ça. Ma jambe droite par d'un côté alors que la gauche et restée plutôt droite. Les bras de part et d'autre du corps, repliés. Les cheveux qui forment un arc autour de ma tête. Les yeux dans le bleu du ciel. Flou. J'ai la tête qui tourne. Et toujours le sourire.

Éternuement. Je ris.

"ça va, pas trop le tournis ?"

Tu ne me laisse pas tout de suite répondre. Tu te redresse. Je te regarde, intriguée. Comment peux-tu te lever ? J'en serai incapable. Mes jambes sont molles et mon esprit est à la joie. Je n'ai pas envie de me lever. Pas tout de suite. Laisse-moi écouter ta voix. Écouter ce qu'il se passe autour de nous.
Deviner quel est l'oiseau qui chante là, dans les arbres. Reconnaître des voix. Rire.
Mon sourire ne pâlit pas. Je ne réponds que par un signe de la tête. Je ne sais pas trop ce que je fais. Peut-être que je dis oui. Peut-être que je dis non.
Ou alors un peu des deux. Un oui-non des plus étranges à en voir ton expression pendant une demie-seconde. Excuse-moi. Laisse-moi me remettre.
Ma poitrine se soulève de plus en plus doucement. Je reprends mon souffle. Je me calme. Je me sens bien.

Un bruit me fait relever la tête. Je me redresse. La tête va mieux. Les pensées se mélangent moins. Je suis au clair avec moi-même.
Le craquement n'était pas un tour de mon esprit. Tu es différente. Mal ? Bien ? Il n'y a pas à juger de cela. Tu es belle. Même avec ce supplément de toi.
Ce que je n'avais jusqu'alors jamais vu. Aussi noires que les ailes d'un corbeau. Si ca se trouve, encore plus. Tu es belle, oui. Un ange déchu. Un regard un peu perdu. Perdu dans la contemplation de ce qui t'entoure. Les oiseaux sur les branches. Te voient-ils comme une consœur ou comme une ennemie ? Qu'en sais-je. Je n'ai ni bec, ni plumes.
Ma douce démone, je le vois comme je vois à travers le l'eau de source. Tu as un rêve dans les yeux. Un désir fou. Une envie secrète. Qu'est-ce qui peut encore t'être interdit, à toi qui à l'immortalité ? Rien. Nous sommes capables de tout. J'en ai la conviction.

"J'adorerais vivre comme un oiseau. Frôler le danger à tout instant, et pourtant, vivre et s'envoler au loin. Mes ailes me le permettent. Mais je ne suis pas libre, si seulement cela pouvait changer..."

J'aimerais te dire que nous avons par le passé frôler le danger. Que nous frôlons constamment le danger. Nous sommes différentes. Le danger c'est le regard des autres. C'est d'être jugée sans être connue. Le danger c'est ce monde parfois malsain qui nous entoure.

" Nous sommes un peu comme des oiseaux .. "

Ma voix avait repris son timbre habituel. J'étais à nouveau sérieuse. Ce que j'aimais avec Hebi, c'était ça. Le changement. Toujours le changement. On ne savait jamais ce qui allait se produire d'ici cinq minutes, ou quel serait notre sujet de conversation.

" .. Qu'est-ce qui t'empêche d'être libre ? .. Moi je suis clouée au sol, mais toi tu as la liberté collée au dos. Qu'est-ce qui t'empêche de t'en aller et faire le tour du monde ? .. "

Sourire en coin. Regard au loin.

" Oublie tes sentiments. Tes attaches. Tu es libre, Hebi ! .. Aussi libres que les oiseaux. Aussi libre que le vent .. ! "

Part de réalité.
J'avais un souvenir. Quelques années plus tôt. C'était au collège, je crois. Professeur que j'appréciais pour son caractère. Un être fantastique, qui aimait vraiment ce qu'il faisait. Moi j'avais pleuré ce jour-là, parce que je n'arrivais pas à rendre un devoir. Je ne savais pas quoi y mettre. On m'avait demandé ce que je voulais être plus tard, comment je me voyais. Seulement je n'en avais eu aucune idée, pour la simple et bonne raison qu'on m'avait appris à vivre au jour le jour. Qu'importe ce que je ferais dans 10 ans ? Je pouvais mourir demain.
Et il m'avait alors dit cette phrase qui était restait gravée en moi : " Mais qu'importe ? Rien ne t'es défendu. Il n'y a pas d'interdits. Tu pourrais rêver de devenir un ver de terre ou un superhéros .. Tu as tous les droits. Accroche-toi à tes convictions ! Défends tes choix ! C'est comme ça que tu vas construire ta vie ! .. ". Discours empli d'une grande sagesse. Quel mal alors, si tu voulais devenir un oiseau, ma belle ? Fais des choix, accroche-toi à tes objectifs. Fais tout pour parvenir au bonheur. Il n'attend que de te voir sauter dans ses bras. J'en suis intimement convaincue.

Une brise printanière venait ébouriffer mes cheveux.
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MessageSujet: Re: Un bol d'air frais n'a jamais tué personne [ libre ]   Un bol d'air frais n'a jamais tué personne [ libre ] EmptyDim 23 Mai 2010 - 23:19

Jamais je n'aurais espéré vivre tout ce que j'ai vécu. Indéniable réalité.


Une plume qui chute. Dessine un arc-en-ciel doux et tendre en direction du sol. Tendre la main pour l'attraper, mais elle est si libre. Crois-tu que tu pourras sentir la beauté de cet objet, tandis que lentement et se fait entraîner vers le sol, emporté par la brise, qui pour lui est une véritable rafale ? Le voir, ses reflets marrons et orange, irisés et emplis d'une beauté saine, naturelle. Je vois la moindre petite fire la constituant tandis qu'elle s'approche de mon visage et caresse ma bouche, la pureté et l'amour dans un seul petit onjet, qui se pose sur mon front blanc en une douce légèreté, un frôlement. La tête, penchée en arrière, mon visage fendu en un sourire de plaisir sans fin, une plume, un seule. De cet être que je vois chanter, perché sur une ranche, la parure brillant dans la douce lueur du soleil, une fraîcheur si peu perceptible dans ce monde plein de curiosité et d'amour mêlés, une respiration pleine de douceur. Une main blanche, tenant la plume douce et belle, les yeux noirs baignés de joie pure. J'entends des paroles, un chant, une diatribe silencieuse. Un bruit sourd. Avons-nous le temps, de vivre ? De goûter au temps qui nous est offert ? Est-ce que j'ai le droit de croire au futur ? De penser qu'un jour, mes ailes me permettront de m'évader ? Un soupir, un regard, pour que tout recommence. Pour que je ressente l'air s'engouffrer sous mes bras et sous mes ailes, frais et chelaureux, le soleil brillant au-dessus de moi comme Dédale traversant l'océan. Frôler le roulis des vagues et caresser l'écume, voler en direction du couchant sans regarder en arrière, un être libre et sans attache, perdu dans la beauté de Gaïa en elle-même, la mère de nos mère, la prêtresse d'un amour presque invaincu. Avancer, prouver que nous sommes capables, de faire le tour du monde, de respirer des airs nouveaux, sans avoir peur de mourir avant d'avoir tout vu, entendu, respiré, ressenti. Se poser, prendre ses jambes à son cou et courir, lumière intense dans un coeur souillé, mais si libre et si lointaine que notre âme outrepasse notre raison... un éclairage tendre, une pureté de coeur imperceptible, furtive, immatérielle, concomitante et superflue. Un cercle avili, de caresses et de tendresse, je veux toucher le soleil sans me brûler, caresser les nuages et m'envoler avec les oies sauvages. Il y a ant à faire et tant à voir, que rester planté ici me donnerait presque la nausée... Lorsque je t'observe je te sens malheureuse, toi qui ne seras jamais libre, toujours prisonnière de tes attaches et de ton trouble, ta peur de perdre des êtres que de toute manière tu perdras un jour. Soleil et univers de sang et de larmes. Des épées scintillantes de Damoclès au-dessus de ta ton visage poupin. Mais de quoi as-tu peur ? De la mort, ou de celle de tes proches, uniquement ? Si tu veux être libre, je tuerai tes attaches, de mes propres mains. Alors tu bougeras enfin, et tu deviendras un papillon, étirant tes ailes bleutées, ton nouveau corps et ton nouvel univers. Tu sauteras dans en l'air sans chuter au sol, tirée de ta barrière invisible et superflue. Je réveillerais ton intinct. Tu seras à moi pour l'éternité, belle et sage. Je vois déjà tes yeux si curieux se poser dans le monde, toucher tout ce qui leur est inconnu, et t'émerveiller. Viens, je t'emmène avec moi. Nous ne serons plus qu'un corps, enveloppé dans tant de joie et de chaleur...


***


- Tu n'as jamais désiré t'enfuir d'ici, Aeden ? Quitter Moscou et voir de nouvelles choses ? Caresser de nouveaux horizons ?

Allongés sur un tapis d'herbe, d'aiguilles fines de feuilles et de courtes branches éparpillées au sol... Ils se tiennent là, main dans la main, comme des amants, ou des enfants. Ils regardent, par la trouée des arbres, le ciel dépourvu des éléments d'Eole, se promenant tels des agents célestes et venteux. Lui, et elle, plongés dans la contemplation des étoiles, en paix, un sourire fendant le visage de la succube, que j'aurais rêvé appeler Lilith... le ciel brille ce soir, la lune sourit, pleine et rayonnante. changeante comme le temps qui passe, tantôt rouge ou bien pâle, parfois même inexistante. Lui ne sourit pas, n'esquisse pas le moindre mouvement. Changement de posture. Ses cheveux, longs et noirs comme la l'ébène, dessinent un soleil d'enfer sur le sol assombri par la nuit. Ses yeux si atypiques, des yeux de serpent, à la fois jaunes ou bien verts, scrutateurs et malsains. Propre à ta race, en somme. Assombri et malveillant. Lorsque ta bouche s'ouvre, tes dents pointues, canines effilées, font fuir les derniers animaux un peu trop présents ici. Une voix grave, une noe soutenue, des paroles froides, timbre propre à ton être.

- Non. Je suis bien ici. Je n'ai rien à faire, rien à voir. Je suis ici pour tuer et opprimer, et je ne demande rien de plus. Pourquoi veux-tu changer alors qu'ici nous avons une emprise sur le lieu ?

- C'est bien d'avoir de la curiosité non ? J'aimerais découvrir des choses nouvelles...

- On est très bien là où on est. Tu n'es jamais satisfaite Hebi. Tu en veux toujours plus...

- Je désire ce que tout le monde veut. La liberté.

- Non, tu désires ce que l'humain désire et tu sais ce que j'en pense. C'est contre-nature et immoral. Un comportement que je détèste.

- Tu détèstes tout, Aeden.

- Tu devrais, toi aussi. Mais tu es trop curieuse ! Toujours à te ballader et à observer, toute la journée durant, tes saloperies d'animaux bêtes comme des huîtres... le pire, c'est que tu préfères manger ça que des choses véritablement saines ! Des femmes vierges, des enfants...


Aeden. Un nom bien ironique pour toi. Tu es le mal incarné, le chasseur à l'état pur, cruel et indomptable, le feu des Enfers coule en toi, comme un poison violent. Invaincu par la joie, détruit par la haine, tu es un démon, à la cruauté irrévocable. Elle pense que tu es capable d'aimer. Elle a raison, et cet amour constitue ta seule faiblesse. Ton coeur noir s'éclaircit à sa venue. Et quoi que tu dises, depuis ta naissance tu n'as fait que suivre le moindre de ses pas. Le jour et la nuit, le yin et le yang. Tous les deux rassemblés. Allongés l'un à côté de l'autre, dialogue animé, mais si silencieux. Mais cela t'inquiète, t'angoisse. Tu es le seul à l'aimer et à la protéger. Mais bientôt quelqu'un prendra ta place. Et en la chassant tu te tortureras de souffrance, prisonnier de ta nature et de tes convictions, de tes conclusions si cruelles. Mais son regard voilé est la seule préoccupation du moment. Elle a lâché ta main pour caresser une boule de poils blanc moucheté de noir qui ronronne à ses tendres caresses. Regard fixé sur les étoiles. Opressant tout cela. Pourtant tu ne bouges pas. Tu restes dans cette immobilité parfaite, parce que tu ne peux rien faire d'autre. Un geste peut t'être fatal. Et tu le sais si bien que rien ne sera laissé au hasard pour un homme comme toi. Pour un démon comme toi. Pour une créature comme toi, vile et servile. Un massacre d'horreur et d'ironie. Presque comme un véritable assassin. Sauf que toi, tu ne l'as pas choisi. C'est une fatalité, ou une bénédiction. Tu décides toi-même de cette option. Presque tout tourne autour de toi car tu n'avances pas assez. Le monde est triste. La vérité fait du mal. Mais bouge, jeune homme. Bouge en direction du ciel, et tu verras que l'herbe est plus verte là-bas. Vers les étendues que tu n'as jamais rencontrées, mais dont tu rêves, roulé en boule contre elle, endormi dans ton sommeil d'enfant, ne rêvant que de sang et de fantasmes non apaisés...

- Hebi ? Tout va bien ?

- Jamais, Aeden. Jamais, enfants, jamais au grand jamais, ne me parle plus de ces horreurs. Plus jamais.

- Tu n'as donc aucune éthique ? Tu es un démon. Et ton devoir et ta nature sont de vivre comme tel. Tu en est consciente n'est-ce pas ?


Colère. Aura. Des yeux pâlissant instantanément, la fureur se propageant en elle comme un fléau ardent en flammèches désordonnées. Un grondement sourd, presque félin. La petite peluche mieule de per. Et la voix rauque s'élève, tranchante, et mordante, la fureur. Aura, oui. Déesse de la mort. Presque aussi fine que le plus fin des serpents. Il auréole ton nom, celui qui t'a été offert. Jamais tu ne changerais, même si tu hais.


- Tu me parles d'éthique alors que tu dis des choses dénuées de ce principe ? Pour qui te prends-tu ! Tu es mon jumeau, ou la pire des ordures que quelqu'un puisse l'être ? Il y a des limites à la cruauté, Aeden. Et des limites bien marquées ! Choisis tes mots ou tu comprendras bien vite les origines de ma colère.


Rester un instant dans une béatitude silencieuse. Toi, Hebi, ta première colère. Tes cheveux courts dressés, tu t'es décalée sur le côté pour mieux le toiser. As-tu peur ? Peur de ta propre soeur, de la moitié de ton âme ? Une sorte de petite veine, de peine due à cette misère si éloignée de l'amour. Quelque chose dans ma tête, la lueur de ton âme. Celle qui n'est pas encore envahie par les ténèbres qui est amour et compassion, compréhension silencieuse, une touche de poésir si peu marquée dans le corps d'un monstre. Avancer vers la lumière, c'est son désir, pour elle et pour toi. Mais tu te mures dans ce silence de mort. Hullulement. Seule Gaïa manifeste sa présence parmi vous. Prêtresse de vie. Créatrice de chouettes et de l'amour. Un mot de pureté et de sagesse, non prononcée. La boule de poil qui dort. L'esprit qui part en chemin. La vie qui va vers la mort.
Vanité. J'ai l'impression de tourner en rond au milieu de mon papier. Résumons. Elle est là, froide et distante, tandis que lui ne comprend pas. Panel de parols, oeuvre palimpseste. Cette furie qui cache un air rêveur. Qui cache le masque de la souffrance. La petite chose au creux de ses hanches tremble, frottant son pelage chaud contre elle, elle qui le fixe avec colère, rage et déception. Défection. Comme si la terre s'était envolée, passagère. Il n'y a plus que les astres avec elle. L'accompagnant dans son long voyage, avant de frôler un jour du doigt fin la douce caresse de la mort. Un florilège d'émotions, de troubles cachés, sous une vase visqueuse, celle de l'oubli. Je laisse ma plume courir sur le parchemin épais, elle attrape l'herbe avec rage, se retenant de frapper celui qui en face d'elle l'observe, éperdu d'orgueil. Tu es bien trop étrange pour quelqu'un comme elle. Tu ne la comprends plus, même si tu l'aimes, car dans l'instant cela n'a plus d'importance. Un pas de trop et c'est la chute. Tu tombes au fond du précipice, son précipice. Tu te jettes à corps perdu dans le gouffre de ses principes et de sa douleur, le présent n'importe plus. Le futur, c'est elle. Ses yeux, ses cheveux, son corps, ses mains si fines. Une stagnance de princesse et un port de tête altier, une expression si curieuse dans ses yeux noirs. Comme si, pour elle, le temps avait ralenti sa course. Pour voir ses cheveux onduler au rythme de la brise, ses mains caresser les horizons pâles. Cette main. Il y a trop d'amour et de tendresse dans cette main. Pas assez de violence. Hebi, tu n'es pas comme nous. Tu n'es rien que le masque d'un ange. Tu n'es pas ce monstre que tu te devrais d'être. Tu es trop pure, trop douce, même ton corps semble aussi doux que le lait. Sens-tu le poids du regard de ton frère ? Baisseras-tu les yeux pour lui obéir ? Ou t'enfermeras tu dans le plus tendre des mutismes ?

- Pardonne-moi. Je ne voulais pas te froisser.

- Pourtant tu l'as fait. Il est tard pour regretter Aeden.


Caresse, la peluche blottie contre ta peau si chaude. Comme une mère, tu la laisseras se pelotonner contre toi. Le masque de la secousse. Petite panthère.
Future tueuse.
Les étoiles paisibles. Elle se rallonge, une pure merveille de pureté, sous sa robe blanche. Quelque chose de léger et de si fin. Comme cette plume qui tombe. Cette impression de légereté. Mais la tension reste. Persiste. Ses yeux ne décolèrent pas. Son regard si noir et si aombre, autorité naturelle, une bataille si engagée contre la plénitude et la douceur. Pas d'autre solution. Lui, elle, jumeaux siamois, perdus dans leur propre contemplation, un coeur vaquant au rythme de leur pensée. Tapis de neige invisible. Constellation immobile, bloquée au centre de leur attention. Nous aimerions que tout soir comme avant. Danser au milieu des roses sans se piquer le doigt, sans saigner. Sans attirer la mort.


- Pourquoi es-tu aussi curieuse ?

- Si je ne l'étais pas, tu t'ennuierais jour et nuit...


***


Plaisante justice qu'une rivière borne !!



Je voudrais sauter par dessus les branchages, bondir dans ce monde d'azur et de bonheur. Mes ailes noires contrastant le soleil, comme une ombre brisant l'astre du jour, et ce Zéphyr si doux et si amoureux. Tu n'es pas obligée de rester figée, les moyens sont tellement simples. Je vais t'aider, ma petite princesse. Pour l'heure, tu vas voler. Caresser les plumes chatoyantes, les merles et goûter la fraîcheur de l'air, en hauteur. J'ai envie que tu voies ce bonheur. Nous allons voler, pndant un temps, heureuses de pouvoir être ailées. Tu ne les as pas encore, mais cela va venir. Je la vois, cette tristesse et cette mélancolie à l'intérieur de tes yeux clairs. Tu aimerais toucher le ciel, traverser les nuages, planer avec l'aigle et battre des ailes aussi vite que celles d'un colibri. Car tu voudrais rencontrer les dieux cachés et leur demander le ciel. Toi, princesse, si contemplative. Si belle avec tes cheveux de soleil et ta peau de neige. Tu auras des ailes, car c'est mon désir. Tu vas flâner et trouver la délivrance, car tu la mérites, ma belle. Tes rêves doivent être réalisés. Et je resterais pour te protéger, mais aussi pour réaliser tes doux rêves. Un empli de sagesse, l'autre caressant l'horizon comme une fleur pleine de tendresse. Je m'avance vers toi et te regarde, ma douche. Tu vas être si belle... plus encore que tu ne l'es déjà. Car tu es mon rêve, mon opposée. Et je t'aime d'un amour si empli de joie, que te quitter sera d'un supplice effroyable. Au lieu de cela je me place derrière toi, les mains bien plaquées contre tes omoplates. Tu frémis, mais tu ne réfléchis pas. Tu sauterais dans le vide si je te le demandais. Et en effet. Tu vas sauter dans le vide, Sid'. Mais tu ne t'écraseras pas... car ce que je vais te donner te fera vivre. Les mains plaquées, la magie entrant en scène. Une étincelle de lumière, une concentration intense. Mon énergie en prend un coup, mais elles sont là. Dans ton dos. Ces ailes de cygne. Matérielles. Blanches, et éclatantes, brillant au soleil, un tableau de rêve, plus de séditions. Juste... elles. Et tu les ressens car tu pousses un cri de surprise. Un sourire éclairant mon visage de porcelaine.

"Princesse, tes désirs sont des ordres... tu m'accompagnes en ballade ?"


Tu es si étonnée que ta bouche en est ouverte. Tes dents, blanches, parfaitement alignées, une sorte de beauté pure et stéréotypée mais qu'importe. Toi, beauté, tu es ma raison d'exister. Que serais-je sans toi autre qu'une ombre vaquant parmi les ombres ? Une silhouette paisible et silencieuse ? Une infinie douceur presque inaudible ? Comme une petite créature bloquée au milieu des sombres infinités, de tout ce que je peux m'imaginer d'horrible, visqueux, verdâtre, cruel, ambigu. Mais tu es là, et mon existence même change. Je suis le Mal, tu l'es aussi. Mais à nous deux, nous sommes l'Amitié. Celle qui nous prend dans ses bras de porcelaine lorsque nous dansons main dans la main. Lorsque dans les couloirs nous crions des chansons à tue-tête. Lorsque nous nageons, épaule à épaule, dans l'eau claire de la piscine. Lorsque les jardins nous accordent calme et tranquillité. Comme des amantes. Mais des amantes silencieuses, perdues dans une sorte de bulle translucide, ne laissant passer personne, ne laissant sortir personne. Blanche, tu es absente, aujourd'hui. La fatigue a eu raison de toi. Tu me regardes, du haut de tes yeux de ciel bleu, danser avec elle et virevolter au rythme de nos coeurs. A l'unisson. Car ils sont ceux qui dirigent notre vie. Carrément choquant. Mais cette proximité n'a rien de superflue. Elle est véridique et puissante. Suprématie de l'affection. Une grande poésie, toi et moi, nous, les ailes, l'air, les oiseaux, le vol, la surprise, le rire. Car je ris, ma princesse, je ris de ta naïveté et de ton étonnement, car c'est que j'aime profondément, ce que j'aime chez toi. L'amour et l'affection que je te porte ne sont que des justifications de cette attirance. Nous cherchons à aimer pour nous protéger nous-même. Et toi, tu es mon cocon, celle qui est capable de m'envelopper dans ce doux drap de l'amitié, celui que j'ai attendu pendant tant d'années et que je n'ai jamais eu. Le poil et la peau. Mais jamais, la peau et la peau. Mais à présent qu'elles sont là, ces ailes douces et pâles, tu vas partager avec moi, la plus sûre des émotions, la plus belle aussi. Oh, cela n'a rien à voir avec l'avion. Là, tu vas avoir le plaisir de voler. Et de voler en sentant les bourrasques te gifler le visage.


T'entraîner vers ces lieux inaccessibles...


T'attraper la main encore une fois, éclater de rire et sautiller en direction de la forêt. Prendre son élan et sauter dans un arbre, sentir ses feuilles caresser ma peau, comme je l'ai déjà senti tant de fois. Mes ailes se promenant au rythme de mes envies et frôlant les branches sans les casser. T'attraper et te hisser. Pour qu'ensemble, nous en atteignons la cîme. Mais tu as peur, cette main, que tu serres, tremble. Tremble tant que j'hésite. Mais un sourire de toi me redonne courage et assurance. L'envie prend place sur ta peur. Tu ne t'écrasera pas. Je te protègerai, ne l'oublie pas. Sidney, je suis là pour m'occuper de toi et t'offir une vie pleine de joie. Tes désirs sont pour moi des nécessités. J'aurais mal de ne pas te les exaucer. Je suis reine d'Hadès et princesse de l'Enfer. Je suis celle qui peut tuer d'un coup de griffes et envoûter, corrompre d'un baiser. Je suis aussi celle qui peut aimer. Celle qui peut caresser du bout des doigts n'importe quelle peau tant qu'elle est à mon goût. Je ne désire pas être sous-estimée. Car moi aussi
, je suis une princesse. Pas une reine mais presque. Juste une âme. Une âme qui va te faire partager son désir et son plaisir, belle blonde. Monte sur cette branche. C'est bien. Accroupis-toi, attrape ma main. Parfait. Tout va bien se passer car je suis ici près de toi. Rien ne peut m'empêcher de rester là à t'observer, chuter puis écarter tes ailes, et t'écraser tel un pantin désarticulé. Mais si en fait. Je t'aime.

"Prête ?"


Un timide signe de tête. N'en dis pas plus. Pas besoin de un, deux, trois. Ensemble, sautons. Plongeons, comme on plonge dans la mer. Et voilà. Tu es dans le vide. Pantin...


N'aie pas peur.


Tu cries, mais ma main ne te lâche pas. Un geste esquissé, et notre chute ne provoque aucun craquement. Juste une ombre noir et un soleil blanc s'envolant à perdre haleine dans le firmament. Elles ne voient plus le sol, elles sont emportées. Sidney Hughes, je vois ton visage s'éclairer d'une joie mortelle. D'une beauté sans fin. Tu es magnifique lorsque tu me souris. Ton regard est empli d'une gratitude si soudaine qu'un moment mes ailes arrêtent de battre. Survolons la forêt, main dans la main. J'enchaîne les pirouettes, pour te faire rire. Les clowneries et les abus. Les idioties mais cela est si drôle. Une habitude peu prise, comme un arbre qui s'ébroue. Du doigt, je te montre des merveilles que tu n'as jamais pu voir. Cerfs, renards, loups. Ces créatures invisibles le jour lorsque tu sors te promener. Pour l'heure tu ne leur fais pas peur. Ils ne te voient même pas et ils ne savent pas ce qu'ils loupent, te voir voler, le soleil faisant briller ta chevelure, le vent dispersant ta douce odeur. Tes yeux brillant d'une lueur toute nouvelle. Ne t'avais-je pa prévenue, tendre princesse ? Tu n'es pas déçue de ce bonheur que je t'offre ? Te tirer par la manche, et faire demi-tour. Atteindre les toits du chateau, celui de la tour, haut, et magnifique. Des tuiles en ardoise crissant sous nos pieds. Reprendre notre souffle. Mais je te laisse et je saute dans le vide. Descente en piqué, je sens le vent siffler à mes oreilles. Une douce musique pleine de sens. Un bonheur inespéré. Une inspiration soudaine. A quelques centimètres du sol, remonter en chandelle. Un plaisir que je n'ai presque jamais ressenti jusqu'alors, car tu n'étais pas là. Tu n'étais pas là pour frémir puis soupirer de soulagement au moindre de mes gestes dangereux. Je te souris de mon regard de nuit. Je te rassure d'un signe de tête, avant de virevolter autour de toi et du château, prenant de la vitesse. Un plaisir, oui. Un plaisir...


Que vois-tu ?


***



Chandelle fine. Presque éteinte. Dans sa lueur, ils sont là. Deux âmes. Dans une sale aux tapisseries rouges, cependant, un endroit moderne. Bureau moderne, en verre, un ordinateur noir posé dessus. De larges fenêtres fermées par des rideaux pourpres, ne laissant apparaître aucune lumière, de toute manière il n'y en a pas. La nuit est tombée est à tué le soleil. Comme tous les jours. C'est une guerre qui n'en finit pas. Mais pour le moment, ils s'en fichent pas, mal... eux... Car rien ne compte, ce soir. Rien ne compte, pas même les ombres que projettent la chandelle sur le fauteuil de ministre, pas même l'odeur d'amour qui flotte dans l'air, pas même la chaleur étouffante ni la porte fermée à clé. Ce soir, il fait doux vivre, pour aux. Car ce soir, ils ont vécu l'amour. Allongée de tout son long, elle le regarde, plonge ses yeux dans les siens. Son corps, une peau pâle et douce, dont des gouttes salées parsèment sa chair aux senteurs enivrantes. Elle est là, nue, sur ce canapé noir, son corps exposé à la lumière pâle, orangée. Ses yeux brillent à la lueur de la petite flamme, ils brillent de cette lueur légèrement sauvage et apaisée. Tout est terminé, mais son sourire ne disparaît pas. Le plaisir a laissé place à la plénitude. Elle l'observe, un petit sourire au coin des lèvres, un chat sauvage que tu as caressé du bout de tes doigts. Elle respire calmement, son coeur et paisible, car tu l'as comblée de bonheur. Après soupirs et caresse, chaleur et amour, elle se repose, ses jambes étendues tout en long, fines et brillantes. Lui, un corps épuisé. La regarde comme si elle était le dernier trésor venu sur cette terre. Presque intouchable. Pourtant, il l'a touchée. Il a caressé la moindre parcelle de sa peau, gouté à son odeur enivrante, il l'a aimée comme une femme doit être aimée, avec tendresse et attentions, avec lenteur et volupté, comme quelque chose de précieux et de fragile. Il a répondu à ses appels, et le sourire léger qui dessine son visage montre une grande profondeur d'âme. Cette femme, il l'a vraiment aimée. Et la chaleur qui se répand dans son corps l'indique. Lui, insensible, presque dénué de tout amour, s'est retrouvé enchaîné à cette attirance et l'a aimée, et aimée encore, jusqu'à ce que son corps ne désire plus. Il a touché son cou, embrassé son ventre, frôlé ses lèvres, faufilé sa main dans ses longs cheveux. Il a fermé les yeux et s'est laissé envahir par le bonheur. Elle n'en a été que plus joyeuse. Elle a soupiré, dans son oreille, elle a promené ses mains le long de son dos. Mais pour le moment, le calme s'est installé. Il la prend dans ses bras, douce poupée chaude. Lui murmure de la tendresse. Caresse ses joues. Leurs corps sont collés, deux amants enfiévrés. Il dépose ce baiser sur ses lèvres, les unissant à jamais, comme des enfants. Tu es belle. Et toi tu es doux. Tout cela, construit le bonheur. Leur bonheur. Ils partagent leur amour en échangeant cette part de tendresse, ces lèvres si fines, ces autres si douces. Tu l'aimes, lui. Ce trésor de beauté et de volupté. Mais tu ignores encore ce qui sortira lorsque sa bouche s'ouvrira, mettant fin à cet instant de calme.





- Je ne veux pas aller plus loin.










***






J'aime ton sourire. Alors je te tends la main. Dans les airs. Je veux que tu viennes, que tu m'accompagnes. Tu es si jolie, ainsi, ton petit air candide, ta frimousse douce. Je t'aime tellement, beauté gracieuse...


"Allez, viens !"
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Sidney Hughes
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MessageSujet: Re: Un bol d'air frais n'a jamais tué personne [ libre ]   Un bol d'air frais n'a jamais tué personne [ libre ] EmptyMer 26 Mai 2010 - 18:49

Tes ailes noires brillaient tellement au soleil. Et elles étaient d'un noir si pur .. C'était contradictoire, mais j'avais envie de dire que même le plus beau des blancs ne pourrait jamais rivaliser avec la teinte que ces ailes prenaient, quand elles étaient ainsi exposées à l'astre du jour. Celui de la lumière.
Car ainsi, toi tu brillais. Je voyais ton sourire, de ceux qui emplissent tout ton visage. De ceux qui ne te laissent plus une once de malheur. Ceux qu'on a si rarement, mais dont le bonheur était si intense : presque palpable. J'avais presque la conviction que si j'allongeais la main, quand je tendais le bras et que j'étendais les doigts, je pourrais le toucher. Le caresser comme si c'était un animal. L'effleurer comme si c'était là la peau d'un être cher. Être désirable.

Le bonheur était quelque chose d'infiniment désirable, après tout.
Tout le monde voulait atteindre le bonheur : celui qui était intemporel, infini, toujours plus intense. Le bonheur d'une vie.
Comme une vieille légende, il se répandait dans les oreilles des plus jeunes : ils étaient alors tourmentés. De plus en plus rongés par cette envie incroyable qu'on a de tout vouloir savoir, par ce désir intense de vouloir tout connaître. On s'interroge. On interroge même autour de soi. Mais personne ne connaît réellement le bonheur d'une vie. Tout le monde le cherche, le cherche et le cherche encore. Et quand finalement on ne se rend compte que ce n'est rien d'autre qu'une légende, rien d'autre qu'un canular, qu'une chimère grossière, c'est à ce moment-là qu'on se rend compte qu'on a laissé passer une vie. Que de jeune et dynamique on devient vieux et tremblant. Que des yeux pétillants, on voit les larmes couler. C'est à ce moment-là que la roue tourne, que l'on se rend compte qu'on a les mains ridées. Plus de rêves, plus d'ambitions. Et la mort qui guette. Alors on souhaite vivre ses derniers instants - minutes, heures, journées, mois, saisons ou années - en oubliant les soucis. En se disant qu'ils font partie de nous, de toute manière, mais qu'on peut privilégier le bonheur.
Il est là, le bonheur réel : il ne vient que lorsque l'on se rend compte que chaque jour, les soucis nous frôlent de leurs capes noires. Quand on sait que la mort nous tire chaque jour plus vers elle de ses doigts crochus. Telle une sorcière, une chimère. Mais dites-moi : l'idée que la mort puisse pointer son nez à chaque coin de rue, ne nous fait-elle pas avancer dans notre quête au bonheur ?

Qu'importe, dirais-je : je suis une immortelle.
Et puis qu'importe, une seconde fois : pour le moment, je suis infiniment heureuse. Ton bonheur se transmet, ma jolie démone. Tu as le sourire contagieux. C'est quand je te vois rire comme tu le fais, que je me dis que la vie vaut la peine d'être vécue. C'est pour te voir sourire encore que j'ai envie de faire n'importe quoi. J'ai envie de ton bonheur dure une éternité. Une longue éternité. La plus longue qu'on ai jamais vu.
Une éternité plus longue qu'une autre ? Impossible ? Pour toi, tu sais, je pourrais repeindre le ciel en rose pastel.

Je m'étire longuement. Je ne sais pas si c'est notre coup de folie qui m'a épuisé, ou si c'est le soleil qui tape fort. Mais nous ne sommes pas aux heures les plus chaudes de la journée. Je ne crains rien de grave. Qu'est-ce qu'avoir les épaules rouges pendant quelques jours, quand je sais que c'est parce que j'ai passé des heures avec toi ? Rien. Ce n'est rien. Je pourrais souffrir sans broncher, si on m'assurait que c'était pour ton bien.
Tu sais, ma belle, j'ai une qualité. Une qualité dont je suis particulièrement fière : je suis une personne très loyale. J'accorde mon amitié, et après cela je suis dévouée corps et âme. Jusqu'à mon dernier souffle, je défendrai tout ceux que j'apprécie, et qui compte pour moi. Tu es sans doute l'une des plus haut placée dans cette catégorie.

Tu te tourne et te dirige un peu plus vers moi. La distance entre nous n'est pas affolante et pourtant elle se réduit de seconde en seconde. Je constate bien rapidement que tu es encore plus grande que moi. Pas que je me sente petite, mais ...
Et d'un coup ? Je ne te vois plus. Tu as disparu de mon horizon. En quelques pas, tu t'es mise dans mon dos. Je ne bouge pas, car je ne sais pas ce que tu t'apprête à faire. Je te fais confiance, simplement. Mes yeux plongent vers l'immensité de la forêt qui n'est qu'à quelques dizaines de mètres de nous. Je n'avais pas remarqué cette proximité, jusqu'à maintenant. J'avais été occupée à reprendre un peu ma respiration. A me remettre de notre folle course. Nous me rappelions ces enfants innocents qui jouaient tous les après-midis dans le parc près de chez moi. Mon ancien chez moi.

***

Elle était là. Sidney. Quelques années à peine. Cinq ? Six ? Oh oui, quelque chose dans ce genre-là.
Cet après-midi, encore, elle l'avait passé au parc, comme la plupart des enfants. Mais pas avec ses parents .. Ils étaient occupés. C'était toujours son grand frère qui l'emmenait. Et puis, comme ce n'était pas un grand, il ne discutait pas de vieilles choses avec les mamans qui occupaient les bancs. Non, c'était le meilleur grand frère du monde : celui qui veillait à ce qu'aucun garçon ne la regarde de trop près, celui qui la relevait quand elle chutait, celui même qui venait la prendre dans ses bras quand elle pleurait. Celui qui menaçait quiconque qui lui faisait du mal de venir le fracasser. Un vrai meilleur grand frère du monde.

Elle se faisait rapidement des amis. Trois descentes de toboggans, et déjà s'échangeaient les premiers éclats de rire commun. Mais le lendemain, elle ne savait même plus avec qui elle avait joué. Qu'importe ? Elle était alors petite et un nid d'innocence. Pour l'instant, tout ce qu'elle cherchait - comme n'importe quel enfant - c'était de la compagnie. Les enfants ont toujours horreur de la solitude. Parce qu'elle entraine l'ennui. Et aucun enfant n'aime l'ennui. Parce qu'il apporte lui-même tout un lot de sentiments plus désagréables les uns que les autres.

Elle, ce qu'elle préférait, ce n'était pas le toboggan. Elle aimait le tourniquet. Ce truc qui fait tellement tourner la tête que pleins d'enfants en ressortent soit en pleurant, soit avec une terrible nausée.
Mais elle, elle aime le tourniquet. Parce qu'elle s'accorche aux barreaux et qu'elle laisse sa tête tomber en arrière. Parce qu'elle ferme les yeux, et elle sent la caresse du vent dans ses petites bouclettes blondes comme la paille. Parce que tout tourne autour d'elle : elle a l'impression de voir le monde qui bouge, au travers de ses yeux d'enfant. Tout cela l'amuse beaucoup. Elle aime le tourniquet, surtout quand c'est son frère qui la fait tourner.


***

Tes mains se posent doucement sur mon dos. En haut du dos.
Et je ressens quelque chose d'étrange. Plus chaud que ta peau. Plus chaud que tout ce que j'avais déjà eu l'occasion de sentir jusqu'à présent. Une sorte de chaleur vive mais douce à la fois. Comme la brûlure d'un feu ardent qui vous lèche les omoplates. Et pourtant, je ne ressens rien qui puisse ressembler à de la souffrance.
Mes yeux sont écarquillés, et j'ai du mal à comprendre ce que tu es en train de faire, jusqu'à ce que ...

"Princesse, tes désirs sont des ordres... tu m'accompagnes en ballade ?"

" Comment tu .. ? "

Mais le reste de ma question s'évanouit quelque part dans les airs. En fait elle ne s'est jamais vraiment formée dans ma tête. Tout ce que je ressens, c'est le poids de quelque chose de nouveau, d'étranger dans mon dos. Je peux bien imaginer ce que c'est. En même temps, rien de bien compliqué : je distingue mon ombre, au sol.
Mais, comment .. ? J'observe mon amie avec une expression ahurie.

Elle, elle rit. Elle rit même à gorge déployée. Je fais tellement rire ? C'est étrange. Je me sens vampire, mais avec des ailes d'ange. Ma belle, quand je parlais de t'envoler, je parlais de ton rêve, pas du mien !
Évidemment que j'ai envie de m'envoler. Que j'ai envie de ressentir ce que peuvent bien ressentir les oiseaux : eux qui peuvent à la fois voler à marcher. Mais moi, je ne sais pas voler. Je ne sais pas me servir de ces ailes dont tu m'as pourvu. Et à la vérité, je suis terrifiée.
Et je le suis, quand tu m'emmène à ta suite. Quand je te suis, avec mes pas incertains et mon expression un peu crispée. Quand tu décide de gravir un arbre aussi simplement qu'un enfant gravirait l'échelle qui le mène au toboggan. Je le suis plus encore que sur une branche - l'une des plus hautes - tu m'adresse un regard. Un sourire.
Maintenant, c'est à mon tour de ne plus lâcher ta main. Je la sert tellement fort que j'ai peur de te faire mal. Et en même temps, je me sens idiote. Je ne pourrais jamais te faire mal : tu es tellement forte. Je tremble de tout mon être, mais ton regard soudain un peu inquiet me fait comprendre l'ampleur de la situation.

Tu as usé de tes pouvoirs pour réaliser le rêve qui est celui de tout homme. Tu as donné de ton énergie pour que je vois le monde sous son angle le plus beau. Tu veux que je découvre moi aussi toutes les beautés que toi tu peux contempler. Tu aimerais me régaler les yeux, me ravir.
Alors je t'accorde un sourire, certes un peu faible, certes peu rassuré, mais cela suffit pour que tu retrouve entièrement le tien. La réaction ne se fait pas attendre. Nous gravissons une dernière branche et il me semble t'avoir à peine entendu dire quelque chose. Me demander quelque chose. Bien faiblement. Mon cœur bat si vite. Si fort.

Plongeons. Ma main qui tient la tienne si fort. Je plonge dans le vide. Je vois la litière de la forêt qui s'approche, mais alors même que je hurle à en perdre haleine, alors même que je ferme les yeux avec force, je ne sens pas la chute arriver. Et quand j'ouvre les yeux, les ailes battent d'elles-mêmes, comme si elles avaient fait cela toute leur vie.
Je ne suis pas tout à fait rassurée, mais toi tu semble heureuse. Contente de m'avoir à tes côtés ici. Ce sourire qui se dessine sur ton visage .. Je me demande depuis combien de temps tu traverse ces étendues, depuis combien de temps tu regarde ces paysages en solitaire. Leur beauté me subjuguent. Au point que ma voix s'est éteinte et que sur mon visage, s'est peint une expression nouvelle et particulière : un mélange d'émerveillement et de reconnaissance infinie. De la reconnaissance, évidemment, puisque sans toi, ce moment que je vis ne serait qu'un fantasme ne dépassant jamais mon esprit. Ma rêverie profonde et inconnue.

Je tient ta main, parce que dans ce monde qui m'a l'air inconnu, tu es ma seule attache. En fait, à bien y réfléchir, même dans le monde de tous les jours, te représente l'une de mes attaches la plus importante. Je dois me résoudre : quand ma famille ne sera plus, qu'on ne me reconnaîtra plus comme étant celle que je suis, il me restera toujours - je l'espère - ton amitié comme le plus tendre, le plus beau des trésors. Le plus précieux de présent. Celui que je vais couvrir et couver comme une mère pendant tout le reste de mon éternité. Et de la tienne.

Nous atteignons tranquillement les toits les plus hauts du bâtiment. Je sens que je tremble encore malgré moi. Mes pieds touchent les tuiles, mais je n'arrive pas à arrêter. Cependant, ce n'est plus de la peur que je ressens : seulement une dose réelle d'adrénaline qui coule dans mes veines. Moment inoubliable. Je te l'assure.

Tes pirouettes m'effraient sûrement autant qu'elles me grisent. Te voir les réaliser avec grâce et professionnalisme me fait rêver. J'aime te voir comme tu es aujourd'hui, ma belle. Une fille épanouie. Une fille belle, qui semble dans son élément. Une fille qui fait ce qu'elle aime faire. Qui vit pleinement sa vie. Qui lui sourie de manière effrontée. Mais que serait ma chère Hebi si elle n'était pas effrontée, dites-moi ? Si elle n'était pas la personne qu'elle est aujourd'hui ? Peut-être n'occuperait-elle pas la même place dans mon cœur. Peut-être que notre amitié n'en aurait été qu'une parmi tant d'autres.
Aujourd'hui je suis fière de t'avoir rencontré. Fière de te compter comme une personne à la place inestimable, au fond de mon cœur. Une personne qui m'est profondément indispensable.

Je souris sans vraiment m'en rendre compte. Là-haut, sur les toits, l'air est plus frais. Plus pur. Je respire et me gorge de cette odeur de rien. Mes poumons s'emplissent avec aisance. Je profite de la vue magnifique que j'ai de la forêt, du village non loin, de ces gens qui sont assis dans l'herbe. Il me semble que si j'en avais l'envie, je pourrais les écraser comme les gamins écrasent des fourmis, quand elles sont un peu trop taquines. Un peu trop curieuse.

Je me demande si ces ailes fonctionneraient encore comme par automatisme, la prochaine fois que tu me demanderais de prendre mon envol à tes côtés. Et comme par enchantement, tu me poses la question. Tu me tends ta main. Ta main douce. Air rassurant sur ton visage.
Tu sais, avec toi, je n'ai pas besoin de cela. Il me suffit de savoir que c'est toi, et je crois que je pourrais sauter dans le vide d'ici, même si j'avais été dépourvue de ce cadeau éphémère que tu m'as offert, afin de réaliser un rêve.

Je me penche un peu. Mon corps tremble encore. Seconde piqûre d'adrénaline ? Un rappel peut-être ?
Personne ne fait attention à nous, mais j'ai l'impression de me donner en spectacle. A tes côtés, la vie me paraît être comme une immense fête foraine, dans laquelle il y a toujours de nouvelles attractions. Qui nous apportent toujours des sensations nouvelles. Oui, une image dans le genre.

J'attrape ta main, et mes pieds se rapprochent du vide. Mon cœur bat à nouveau plus fort. Un pied dans le vide. Je me sens comme une équilibriste. Une funambule. Sur un fil entre ciel et terre. Entre vie et mort. Un fil tendu, engagement invisible de notre amitié. Un fil sur lequel je n'ai cessé de marcher depuis que je t'ai rencontré. Qui guide mes pas. Qui trace ma route, ou plutôt qui la suit. Je ne peux m'éloigner complètement de toi. Dans mes gestes, dans mes expressions, mes moments les plus sombres ou les plus heureux, tu es toujours quelque part. Hebi. Mon amie.

Je m'élance dans le vide. Cette sensation m'envahit à nouveau. Mon cœur est pris dans un étau qui se ressert de plus en plus. J'ai l'impression qu'il est en train de monter jusque dans ma gorge.
Mais avant de suffoquer, cette sensation s'atténue. Et quand j'ouvre à nouveau les yeux, je n'ai pas poussé un cri. Tu es à mes côtés, c'est tout ce qui compte.

Tu m'embarque. M'emmène au gré de tes envies soudaines. Tu souhaite tout me montrer, mais nous savons toutes les deux que c'est une chose impossible. Si tu savais comme je me contente de ce que tu viens de m'offrir. Faire usage de ta magie pour réaliser des désirs. Accomplir des fantasmes absurdes à la base. Quoique ? Dans le monde dans lequel nous vivons, toi et moi, peut-on encore parler de l'absurde ? Peut-on encore parler des choses qui sont censées ? J'ai l'impression de ne plus faire la différence entre ce qui est fou et ce qui ne l'est pas.
Ce monde est une bulle dans laquelle je me suis immiscée. Une bulle immense. Une sphère coupée - quelque part - du monde réel. Nous n'avons pas les soucis que la plupart des humains connaissent. Mais nous disposons également de nos hantises. Peut-il y avoir une comparaison ? Je ne m'y risquerait pas.

Je ne peux me résoudre à lâcher ta main. De temps à autre, je ferme les yeux et j'aspire une bouffée d'air frais.
Le vent souffle et décoiffe mes cheveux. Je t'adore.

" .. Merci .. "


J'ai murmuré. Je sais bien qu'il est presque impossible qu'elle m'entende. Le vent souffle dans nos oreilles. Il nous fait des misères et nous amuse. Il se joue de nous, comme nous nous jouons à l'instant de la nature. Les hommes ne volent pas. Ils ne planent pas comme des oiseaux.
Que sommes-nous à cet instant ?

J'aimerais te remercier. J'aimerais te prendre dans mes bras, mais là ce n'est pas le moment.
Mon expression retranscrit clairement mon humeur du moment : je suis entre l'émerveillement et la soif de découverte.


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