Le vent soufflait avec force le long des rues. Tellement que les passants pour s’interpellaient, devait élever la voix. Mais le son qu’ils arrivaient péniblement à emmètre allait aussitôt se perdre dans ce vacarme. Et en fait… c’était… plutôt chouette. Le vent froid et bruyant ne cessait de crier, pourtant, je trouvais que la ville n‘avait jamais été aussi calme. C’était apaisant, de ne plus avoir à attendre le bruit des conversations… Ce n'est qu'au bout d’un moment je me suis rendu compte que je ne marchais plus. J'étais en plein milieu de la rue. Il y avait une fillette devant moi. Elle tenait la main d’un homme qui devait être son père, et elle me regardait.

Son doux visage était caché par ses cheveux blonds et lisses ballotés par le vent. Le père avait franchement l’air d’être dans une grande et vive conversation avec deux homme qu’il venait sans doute de croiser à l’instant et par hasard. A croire qu’ici tout le monde se connait… Mais elle, elle ne dit rien. Elle attend, sagement et je ne pense pas qu’elle prenne réellement conscience de ce que son père peut bien raconter à ces deux hommes. Ils ont l’air de s’échauffer pourtant. L’homme habillé de noir fronce les sourcils. L’autre hurle presque. Mais cela ne l’intéresse pas, à cette gamine. Ça l’ennuie, ou bien elle s’en moque royalement. Et puis, même si elle écoutait, qu’es ce que cela changerait de toute façon ? C’est pour cela qu’elle regarde le jeune homme qui se tient en face d’elle. Ce jeune homme c’est moi. Mes lèvres ne bouge pas. Mais pourtant je parle avec un ami qui n’a pas l’air d’être ici, ou même d’exister.

Lyo a remarqué que je la regardais. Il la voit lui aussi. Il me dit qu’elle est jolie. Il me demande quel âge peut-elle bien avoir. Et je ne lui réponds qu’elle en a certainement huit. Ou bien neuf… Elle est tellement petite qu’elle se pli sous le vent qui la bouscule. Lyo se demande où va-t-elle aller ? Il se demande si elle non plus, il ne la reverra jamais. Et, s’il s’avérait que l’on la rencontre à nouveau : es-ce qu’elle se souviendrait de nous ? Je lui réponds que je l’ignore. Que cela n’est pas important après tout. Et qu’il se pose trop de questions.

Je reprends notre marche sans adresser le moindre sourire à la gamine. Je suis totalement indifférent. Mais, à trois pas derrière elle, je me retourne : elle me regarde toujours. Je reste perplexe. Ses lèvres sont entrouvertes, comme si elle voulait me dire quelque chose. Elle secoue sa petite main qui s’accroche à la veste de son père. Un doigt se lève et me fixe. Je ne sais pas ce qu’elle me veut. Et je ne le saurais jamais, car je continue de marcher.

Le vent devient de plus en plus fort. Et il ne fait pas très chaud. J’ouvre la porte d’un café et entre. Il n’y a pas de tables libres. Au fond de la salle, un homme est assis seul. Je crois que c’est mon prof de français.... Ou d'histoire... J'sais plus. A vrai dire, pendant les cours, je ne reste concentré que lors des dix premières minutes, car c'est seulement à ce moment là qu'on a besoin de moi. Pendant l'appel. Et je ne porte pas attention à autre chose qu'à mon nom.

Je fais mine de prendre place à coté de lui et lui demande :

- Excusez moi, cette chaise n’est pas prise ?

J’attends quelques instants qu’il me réponde pour m’y assoir, après je commanderai un café…

* - Tu veux pas plutôt un chocolat chaud ?
- Hein ?
- J’ai envie d’un bon chocolat bien chaud…
- …
- Avec de la mousse...
-...
- Et pleeeeeein de sucre.
-...*