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 Crépuscule |Private - Syndel & Mike|

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Iromy Nagaïa
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MessageSujet: Crépuscule |Private - Syndel & Mike|   Crépuscule |Private - Syndel & Mike| EmptyDim 4 Oct 2009 - 18:26


Crépuscule
Sommet de la tour

« On se réveille dans l’obscurité sans plus rien savoir. Où est-on, que se passe-t-il ? L’espace d’une seconde, on a tout oublié. On ignore si l’on est enfant ou adulte, homme ou femme, coupable ou innocent. Ces ténèbres sont-elles celle de la nuit ou celles d’un cachot ?
On sait seulement ceci, avec autant d’acuité que c’est le seul bagage : on est vivant. On ne l’a jamais tant été : on est que vivant. En quoi consiste la vie en cette fraction de seconde où l’on a le rare privilège de ne pas avoir d’identité ?
En ceci : on a peur.
Or, il n’est pas de liberté plus grande que cette courte amnésie de l’éveille. On est un bébé qui connaît le langage. On peut même mettre un mot sur la découverte innomée de notre naissance : on est propulsé dans la terreur du vivant.
Durant ce laps de pure angoisse, on ne se rappelle même pas qu’au sortir du sommeil peuvent se produire de tels phénomènes. On se lève, on cherche la porte, on est perdu comme à l’hôtel.
Et puis les souvenirs réintègrent le corps en un éclat en lui rendant ce qui lui tient lieu d’âme. On est rassuré et déçu : on est donc cela, on est donc que cela. »
[Amélie Nothomb : Journal d’Hirondelle]

Folie de l’éveil. Un instant entre le réel et l’irréel. Une fraction de seconde où le monde n’existe plus. Plus rien ne compte, plus rien n’existe. Car rien n’a jamais existé. C’est le temps ou le Rien occupe le Tout, et ici, cette définition corrompue prend tous son sens. Juste le néant, le néant pour assouvie votre âme. Avoir la chance d’occuper le Rien, un court instant de doléances, l’instant après le rêve, pour que votre âme ne retombe pas trop brutalement dans le monde réel. Quelques instants de liberté avant le rite habituel. Quelques instant avant la chute inexorable vers les ténèbres.
Routine, une habitude insensée. Comme se taillader les veines, juste parce que, c’est comme ça. Juste pour ne pas briser le monde que vous aviez créé pour vous protéger d’un ennemi invisible. Avancer dans les ténèbres, le bras ensanglanté pour oublier la dure vérité du réel. Au moins, plus rien ne pourra m’atteindre, j’ai connu la pire des ignominie, plus personne ne pourra me faire souffrir à présent. Protégé par une barrière fictive, l’issu d’un rêve démesuré pour vous, être libre. Vertu astronomique, jamais vous n’auriez le droit à telle louange. Fermer les yeux sur les blessures infligées en vain, car Lui est là, Il approche, et Il ne vous laissera jamais en paix.
Dans un souffle putride, vous retrouve, effondré par terre, vous ressuscite pour mieux vous tuer par la suite. Un jeu, un tourment, une chute sans fin. Inexorable. Seules quelques plaintes volubiles s’échappant de vos lèvres mutilées, plaintes que personne n’entendra, car ces douleurs n’existent pas. Pensées irréelles vous embrumant les sens, ces satyres ne dansaient que dans votre tête. Et la cage se referme, encore une fois.

Rouvrir les yeux sur le monde. Frisson glacé, bienvenu sur Terre. Les rêves n’existent plus, dans votre esprit de s’arrache que néant et l’infini. Une toile peinte de souffre noir, une toile vierge où s’éclipse le Rien. Caché, le sanctuaire de la docile créature s’enchymose, stagne dans le Tout. Absorbe votre substance, et petit à petit, cri à l’obsession, rêvant d’une croix rouge sang se dessinant doucement sur votre toile furibonde.
Mentir à ce quidam exalté pour qu’il oubli sa charge. S’extorquer à l’aimer, feindre le penchant avec dégoût, juste pour vous sauver, vous sauver de Lui. Crier sans débâcle, crier pour oublier vos véritables troubles, crier pour vous persuader vous-même. Par qu’ici, il n’y a rien d’autre à faire.
Ouvre les yeux, et rappelle toi. Ouvre les yeux et rappelle toi de mon regard, ouvre les yeux et rappelle toi de cette douleur, cette douleur qui jamais ne te quittera. Rappelle toi de ma couleur, rappelle toi de mon âme et ne m’oubli jamais. Ne m’oubli jamais car sans moi tu n’est rien. Je suis toi, je suis ce qui te permet d’exister, je suis toi et toi tu n’es rien.
La bête grandi, se mortifie de vous laisser encore quelques secondes de discernement. Il s’énerve, s’irrite, s’oxyde, se brûle, s’enrage, se courroux. Seul dans le noir, imagine la voix de la douce Démone aux ailles de feu, fantasme sur le goût de son sang, s’indigne devant ses yeux mortuaires et rie devant sa pieuse candeur. S’invente la scène et en rie jusqu’à l’infini. Rie jusqu’à ne plus s’entendre, rie jusqu’à en réveiller les Morts.

Tache. Rouge. Mortuaire. Soubresaut, les premières Lunes, sans interruption. La toile se compose, le Loup joue les maestro, se délectant de chaque marque envoyé inopinément sur la surface rêche. Le souffre se rétracte, se laisse faire. Accepte le tourment, joue de la question. Ne philologue plus, sans autre accord que les bon-vouloirs du temps.
Assise sur les méandres mortuaires d’une tour d’ivoire, une enfant au bord du précipice des damnés, une enfant aux proies des ténèbres, murmurant seule sa dernière mélopée, chantant dans un silence d’argent les indigences du roi Epileptique, du roi des rois. Imaginer l’espace d’un instant avoir le choix de tracer sa voie. Imaginer pouvoir se démêler de son emprise, pouvoir sortir de votre cage, pouvoir franchir les barreaux de votre geôle. Les jambes s’écartant de la réalité, fusionnant presque avec les bas-fond opiniâtre des Enfers. Transcendant dans l’obscurité, le corps se déploies, cherche le fond, se laisse hypnotiser par le profondeurs mystiques du vide. Une éternité, une nouvelle loi métaphysique pour venir contrer le sort, pensée conceptuelle de la fin, ne plus exister par chute infini dans l’infini. Tomber sans relâche, ne plus exister que par sa chute, entretenir consciencieusement un tour complet de l’univers avant de recommencer, inlassablement. Mourir par ontologie, ne plus exister que par non-présence. Juste ne plus être vu pour mourir, comme une étoile filante terminant sa course infini par delà les cieux. Honteux habitants de la Terre croyant à sa fin lorsque que cette nymphe leur est invisible. Egocentrisme. Comme si que sa fin ne devait avoir lieu que devant vos yeux. Course par-delà les radars de l’humanité, continuer son parcours de l’infini au-delà des étoiles pour s’en aller en paix.

Nouvelle bavure écarlate. La Lune se dévoilant petit à petit, imposante rondeur, magistrale, imposant sa personne, nous contraignant de lever les yeux vers sa magnificence. Observer le Rien que forme le vide au détour de Lune joueuse. Se délecter du néant, ombre crépusculaire. Magnifique. Princesse du Crépuscule, nouvelle entité démoniaque à vénérer. Se prosterner devant sa puissance, son courroux en sera moins dure. Malformation cellulaire ou spasme au détour d’une ruelle sombre. Eclair surgissant de l’obscurité dessinant votre châtiment. Douleur innommée, innommable. L’heure de sa naissance. Un moi. Jour pour jour. Date d’anniversaire, anniversaire conspirâte, roi des Démons s’alliant à Princesse du Crépuscule pour ne plus former qu’une entité chimique, un atome formant à lui seul la matière, un atome représentant le Tout. L’atome maître de l’univers, grand docteur de l’infini. A lui tout seul.
Hurler, cri strident pour dissimuler la douleur. Hurler encore plus fort, l’effrayer, l’effrayer pour qu’elle s’enfuisse, au loin. Bramer ses calamités. La souffrance a besoin de s’extérioriser, mademoiselle aime la scène et veut être vue. Imposer ses brimades pour que son courroux soit exposé sur les feux de la rampe, être regardé par tous, avoir les yeux braqué sur elle. Vaniteuse, elle n’hésite aucunement de se servir de leur cadavre, les Autres lui importent peu, elle se sert juste de leur corps chétif pour être acclamé, pour être vue de leurs semblables. Dame d’honneur, elle se pomponne le soir de votre requête, attendant avec exaltation le moment propice pour monter sur scène. Elle joue de ses formes généreuses, attendant la mine resplendissante la seconde où vos yeux se poseront sur elle. Car à travers son hôte, c’est elle que vous regardez indirectement. C’est elle que vous acclamez sans le savoir, c’est à elle que vous envoyé votre peur. Elle s’en accapare dans un souffle, se servant de votre substance pour croître, encore et encore. A sa façon, comme Lui, comme le Vaniteux vous observant de haut, par-dessus les cieux, se délectant de votre misère... Parce qu’Il n’était pas qu’amour…

Voici la toile à moitié peinte, le noir se confrontant au rouge, ne se battant même pas, ne se battant plus. Osmose parfaite, juste le mal contre le mal, le Tout contre le Rien. Lui, Roi des Démon, derniers préparatifs avant de monter en scène, parce qu’il n’attendait plus que ce moment. Les songes passés et toutes les commissures brisées. Enfin devenir ce qu’il a toujours voulu, sortir pour se montrer à vous. Pour que vous lui envoyez votre effrois, pour qu’il se nourrisse de votre substance et qu’enfin il se montre. Il n’attendait que ça. Il n’attendait plus que ça…
Une seconde, toujours dressée sur le sommet de la tour. Repensant à eux, repensant à Lui. Comparer ce qu’elle était à ce qu’ils auraient dû être. Petite équation du premier degrés, x n’était que le zéro, l’infini, le néant. Ne plus le fracturer de tout part à coup de delta, il n’en valait pas la peine. X n’était qu’un imaginaire parmi tant d’autre, Lambda pouvait sans difficulté le remplacer, même b en avait ce privilège, c’est pour dire. Il n’était d’aucune utilité, x ne servait à rien. Il n’étai qu’un sous-fifre de plus, le zéro ne méritait pas son sort, il le provoquait. Dernière requête avant de sombrer, sommant le grand Phi d’accepter sa requête et de veiller sur eux. Comme prier Dieu Soleil, lui soumettre vos plaintes, une feuille de bananier remplie de fleurs et de noix de coco. Phi est humble, Phi accepte et se retire. Un dernier sourire, dos à la Lune, vous voilà rassuré, c’est ici que comment votre chute, c’est ici que tout s’arrête, c’est ici que tout commence…

***
Ce n’était qu’une ombre blanche, tel un fantôme qui venait de s’effondrer du haut de la plus haute tour d’un pensionna. Des draps d’un blanc éclatant s’effondrant avec vice le long de ses murs. Des meurtres et autres suicides, ce vieux concierge radotant en avait vu d’autre. Cette enfant des neige n’était qu’une histoire de plus me diriez vous. Et à qui on coltinait le sale boulot ? Soupir acre, le vieux approcha sa carcasse tremblotante du macchabée baignant l’herbe du parc. Il fallait effacer toute trace, que son existence ne devienne qu’un vieux souvenir, et que son nom soit très vite oublié des mortels. Une nouvelle fugue. Comme ça, tout le monde sera content. A ce niveau, le parc deviendra un véritable cimetière. Il n’avait pas été engagé en tant que croc-mort bon Dieu ! Enfin, ces corps en décomposition étaient d’excellent engrais. Une fois s’être traîné à sa hauteur, le vieux contempla le cadavre, pâle comme la Mort. Bizarrement, il n’était pas désarticulé, ni aucune trace de sang. Les gens d’ici étaient réellement des monstre, boarf, ça lui rendra le travail plus facile. Son pauvre dos ne supportait plus les frottement répété de son chiffon de poussière sur la surface rugueuse des murs. Il en avait assez d’essuyer à chaque chute les traces de leur passage vers l’autre monde, enfin, si ces inusités le méritaient. Il se baissa, dégageant la chevelure de feu du visage du quidam, dommage, elle était mignonne. Le vieux dégoûtant eu un rire immonde qui se transforma très rapidement en une quinte de toux proche de l’étouffement. Il se racla le gorge et cracha ses glaires visqueuses près du cadavre.
Souffre rauque, proche de l’étouffement. Se baisser, que le sol était bas. En l’empoignant de ses mains noueuse, le vieillard poussa un cri d’horreur. Il était brûlant, il avait l’impression d’avoir empoigné à pleine main une casserole bouillante toute droit sortie du feu. Le vieux fou, prit de rage, enfonça un violent coup de pied dans les côtes de la dépouille. Un craquement sourd, il eu un rire proche de la Mort. Ca lui apprendra à cette garce ! Le vieux attrapa sa main douloureuse, il lui semblait qu’elle était en train de se liquéfier tellement le mal était intense. Le tas d’os porté à la hauteur de ses yeux, le débris poussa un nouveau cri d'effroi. Ses yeux éclatés par la peur, devant lui, sa main était en train de fondre, comme ronger par l’acide, des lambeau de peau se détachaient de son bras pour venir s’effondrer sur le sol, telle une flopée d’insectes grouillant. Regardant avec terreur le cadavre qui lui avait maudit chaque interstice de son corps, un rire démoniaque vint à résonner à ses oreilles, lui perçant l’échine. Un souffle violent du vent, soulevant les lambeaux qui servaient de vêtements au cadavre. Les railleries s’intensifièrent, le vieux fit deux pas en arrière, prit de panique, il pressa sa main délabrée contre son corps maigre et bourru et couru le plus loin possible de ce Démon. Sueur lui barrant le front, les rires de ce sadique ne le quittaient pas. Ses jambes ne voulaient plus s’arrêter, il s’enfuit se réfugier dans l’aille droite du château, se précipiter à l’infirmerie.
Devant cette femme en blanc, le vieux exhiba une main parfaitement saine, sans aucune marque d’une quelconque blessure. La soignante le dévisagea, se forçant à sourire devant la folie de cet homme. Elle lui passa avec dégoût la main sur son dos pour le rassurer. Devant ses plaintes et ses abjections, l’infirmière le somma de rentrer dormir sur-le-champ, lui enfonçant un placebo dans le gosier, pour la forme, le poussant vers la sortie d’un air hautain.
Les miracles de l’illusion…
***

Ce n’était qu’une ombre blanche, à deux centimètres du monde. Son cœur entre les mains du grand Phi. Le corps pâle comme l’ivoire parsemé d’étranges brûlures. Comme une mue, une trace à chaque pas. Les joue furibondes, les lèvres émaciées, les épaules blafardes, le dos courbé, le ventre transie, l’arrière des jambes frissonnantes. Juste multitudes de traces brunes répandues sur son corps, les traces de ses rencontres, les traces de ses déboires.
Ame toujours frémissante, peur insensée la faisant tressaillir. Douleur insupportable, cris et pleurs. Injustice, le zéro ne peu pas disparaître. Le Tout ne peut exister sans le Rien. Lui ne peut exister sans elle. Il ne veut pas partir, elle ne partira pas…

A présent, regardez, Mesdames et Monsieur, admirez, admirez le Grand Méchant Loup à son apogée…

["We'll carry on,
We'll carry on
And though you're dead and gone believe me
Your memory will carry on
We'll carry on
And in my heart I can't contain it
The anthem won't explain it."
]
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Syndel Vungh
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MessageSujet: Re: Crépuscule |Private - Syndel & Mike|   Crépuscule |Private - Syndel & Mike| EmptyVen 26 Fév 2010 - 0:40

Tu la regardes. Beauté diaphane. Lumière tamisée. Tu sors de ton monde. Ce n'est pourtant pas si facile. Tu admires ses cheveux ondoyants, éparpillés autour de son visage couché. Tu admires ce rouge flamboyant. Tu aimes le rouge. Ton préféré, le rouge coagulé. Celui-ci penche plutôt dans les tons saignés, évicérés. C'est un rouge tout à fait honorable. Réhaussé par le faible éclairage du lempadaire de la cour. Le banc. Il y a toujours eu ce banc. D'habitude, il est bondé. Et dès que la place se libère, le rassemblement est immédiat, et c'est au meilleur que reviendra le privilège d'y trôner. D'habitude. Vide. L'herbe sous ses pieds sue d'une légère rosée. Il ne fait pas chaud. Tu ne prends aucune précautions et t'appliques à rester hypnotisé par la Fée. Action aisée. Même sa dépouille cadavérique t'attire. T'attrape. Te fais tomber. Te traîne. Ses yeux jaunes te fixent. Arrache les tiens.
Tu ne fais qu'abaisser tes paupières. Tu découvres à nouveau tes émeraudes. Les iris en ta posséssion sont souvent décolorés. Mais tu as choisi de les laisser en paix pour l'instant. L'histoire d'une nuit. Une nuit où l'histoire se retrouve chamboulée à nouveau. Le livre d'images de Princesse qui, précedemment déchiré par un criminel de la plus haute catégorie, s'éparpille au gré du vent. À toi de retrouver toutes les pages, te dis tu. Oui. Non. Tu n'acceptes pas de réponse. Ni positive, ni négative. Tu joues dans la neutralité. Stoïsisme poussé à son extrême. C'est ton style. C'est une nécessité, en quelques sortes. Tu te sens mal, sorti de ce contexte. Un zéphyr vient lever tes cheveux humides. Tu ne prendras pas froid. Tu le sais. Tu sais aussi qu'Il t'offre des illusions à ton insu.
Cetaines visions que tu auras serons fausses. Tu t'y prépares. Tu es au courant, maintenant. Tu te demandes même ce qu'il va bien pouvoir tenter contre toi. C'est une vérité. Il ne pourra rien. Rien faire. Tu seras inébranlable. Tu seras plus solide que les chaînes qui traînent à tes pieds. Davantage encore que le cycle de la vie. Plus que la ligne droite qui forme le temps, juste assez pour égaler la courbe sinueuse de ce qui créé l'existance. Quand tu y penses, tu serais prête à escalader l'Olympe nue s'il le fallait. Tu pourrais voler le Sablier de Chronos et subir son chatîment. Eteindre les flammes vitales de chaque êtres vivants dans la galaxie. T'exiler sur Pluton. Endurer toutes les souffrances que l'on puisse t'infliger. Le nombre n'est pas la terreur. Tu en es au courant. La peur n'existe plus, la souffrance n'est qu'accessoire. Si c'est pour Elle.
Tu la mire comme s'il s'agissait d'un trésor. Elle t'intrigue. Elle te hâppe dans ses limbes. Elle désigne la réincarnation de Morphée. Blanche. Lavée de tous péchés. Epiderme de nacre, précieux. Inviolable. Pâleur enivrante, sainte horreur du soleil. Commetant ses méfaits dans l'obscurité. Elle rime avec beauté. Chasteté. Prospérité. Naïveté. Et malgré tous les torts da la langue, décès.
Tu n'y es pour rien. Le pantin qu'elle est devenue t'observe lui aussi. Tu n'as jamais vu pareille morte. Elle est tellement vivante. Ses yeux sont restés ouverts. La Nymphe s'est éteinte en ayant trouvé l'une des vérités de ces chemins. Une des portes vers l'ultime. Le Nirvana, ou l'Armagedon. C'est une question de choix. D'actes d'une vie. Comme quoi. Même l'instant suprême recèle de secrets. La porte du fond du grenier. La trape sous le tapis en lambeaux de la cave. Enfin descellés. Ses pupilles sont rondes, ses iris vert d'eau. Une sorte d'étrange mélange entre la luminescence de son regard vivace et l'obscurité de l'inconscient. Tu ne regardes que son visage. Ses traits d'enfant. Ses cheveux rubis. Ses yeux passant du vert au bleu avec une aisance presque troublante. Sa peau de glace. Tu t'aventures legèrement plus bas. Tombes sur la courbe de son échine. Tu as honte, et soulève le regard.
Tu t'accroupis vers elle. Soulève la seule, l'unique, tresse qui recouvre son minois. Tu fais glisser tes doigts sur sa joue. Tu les retires vite. Sa peau devient braise.

Tu refais la même gymnastique occulaire que précédamment. Tu n'as ni les doigts en feu, ni la sensation de l'arsenic qui dévore ton corps. Il ne réussira pas à t'avoir. Pas cette fois-ci.
Sa chair t'as l'air délicieuse. Délicieusement tendre. Tu apprécies qu'elle soit immobile. Figée. Tu as toujours trouvé que la paralysie était un moyen subtil de montrer la grâce d'un corps. Pétrifiée dans le froid. Demeurant ainsi sur son lit verdoyant, humide, parsemé de quelques feuilles brunes se mélangeant avec délicatesse à sa cheveulure de nylon. Interieur liquéfié, ses fonctions sont réduites à neuf. Attirer, Emerveiller, Plaire, Déplaire, Satisfaire, Déconvenir, Humillier, Réconforter. Contre deux récompenses, Découvrir et Procurer. Un pacte signé. Qu'elle ne peut plus contester. Que tu te chargeras de brûler. Ton rôle. Le pourquoi de ton existence. Vouée à elle. Tu seras son Messager. Celle qui parcoura villes, villages. Celle qui vola par-dessus les murs, qui franchit mers et océans. Celle qui porta ses lettres à ses destinataires. Ces lettres qui hurleront à sa place. Qui lui serviront d'interprête. Tu n'auras été qu'un porteur. Un voyageur. Mais cela te conviendra. Tu auras été sous ses ordres. Tu l'auras aidée. Et c'est cela le précieux.

****

Tu te lèves de ton lit. Tu vois des étoiles. Incappable de dormir. Tu n'ignores pas pourquoi. Clignes une ou deux fois. Tu sais qu'elle n'est pas à côté de toi. Tu ne l'as pas vu entrer. Elle n'est pas revenue. Elle est toujours dehors. Voiçi un moment que tu t'aperçois de ses absences. Un moment que tu ne l'as pas croisé. Une nuit qu'ignorer sa position géographique et son état de santé t'empêche de fermer l'oeil alors que cela fait trois nuit que tu ne dors que peu. Pas. Tu es debout, et tes jambes ne te supporte que par enchantement. Tes muscles flanchent. Tu as des baisses de tension de plus en plus régulières. Tu manques de force. Tu manges rarement. Te cloître et te séquestre davantage. Ta vie ne se résume qu'en une partie de jeu vidéo. Tu es face à eux, les mitrailles, jusqu'à ce que tes chargeurs soient vides. Tu cours face au champion de drift, tu es en bonne position, le tallones, avant la panne sèche. Tu t'éfforces à penser qu'elle va bien, qu'elle est en sécurité, qu'elle est grande et qu'elle sait se débrouiller. Mais tu penses à Lui, à Elle, et les considérer comme potenciellement dangereux pour elle t'empêche de dormir. Tu décides de t'asseoir avant de t'éffondrer. Ton lit est déposé contre le mur. C'est toi qui l'as bougé. Elle aurait plus de place ainsi. Tu prends ta tête dans tes mains. Ecartes tes doigts pour les laisser voir l'étagère de fortune que tu t'es bricolé lors de ton temps perdu. Une nuit où elle n'était pas là, sinon tu l'aurais réveillé. Dessus, règne une manette, une télécommande, quelques stylos, un paquet de feuilles, et une pochette. Ton regard est irrémédiablement attiré par cette dernière. Curiosité. Chaperon Rouge face à ses merveilleuses fleurs colorées. Tu crapahutes vers ce trésor, lèves la main, le saisit. L'ouvres en tirant vers toi cette fermeture hermétique. Vides son contenu sur la couverture. Tu fouilles, farfouilles. Tu prends finalement l'initiative de soutirer de ce nid une plaquette de plastique. Tu appuies difficilement dessus. En sort un petit élément blanc que tu gobes sans hésiter. Tu t'allonges. Tu soupires. Tu regardes ce que tu n'as pas laché. Rappuyes. Avales à nouveau.

Tu ouvres le robinet, et attends que l'eau roule sur tes courbes profondes. À la première goutte, tu sais contenir ta stupeur de façon admirable. Ca n'est pas chaud, et ça ne sera pas chaud. Tu prends ton courage à deux mains, et décides de souffrir le temps d'une régénération.

Tes cheveux sont encore humides, mais tu ne peux pas te permettre de les sécher davantage. Après réflexion, tu t'en fiches. Tu retournes dans ton lit, et tu ne vois pas l'interêt de prendre soin de ressembler à une Diva pour ce faire. Tu maintiens ta serviette menaçant de glisser à tous moments au niveau de la poitrine. L'autre est déjà posée sur tes cheveux. Ta trousse de toilette sous ton bras, tu retournes dans tes appartements d'un pas svelte et distingué. Evitant tout retards injustifiés. Fuyants ceux qui l'auraient entendu malgré ta discrétion. Une fois dans la chambre, tu claques la porte et la vérouilles. Volte face. Devant toi, La fenêtre. Cette fenêtre. Tu avances vers ton linceul. T'endormir. Tu ne penses qu'à ça. Déposes tes affaires dessus. Prévois de les décaler le moment venu. Tu t'approches de l'encadrement ébène. Dehors, le ciel est sombre. C'est à peine si tu dicèrnes les étoiles. Tu admires cette nuit. Et tu tombes sur la Lune. L'Astre n'est pas qu'une moitié. Bien au contraire. Elle te parait même assez imposante. Symbolique. Tu y penses enfin. Te retournes vers le lit de ta belle. Tombe devant une sorte de calendrier, contre le mur. Il n'appartient ni à elle, ni à toi. La date d'aujourd'hui est accompagnée d'un cercle vide.
Tu fais face à cette lumière. Découvres qu'elle n'est pas bienfaitrice. Tu dévoiles ton corps sans aucune pudeur. Jettes la serviette humide sur ton cerceuil. Tu sors un sous-vêtement au hasard, qui se veut être un string. L'enfiles. Dévoiles une nuisette prune-cendre. Ne cherches pas à l'accorder. Tombes un chemisier blanc. Tu te dis que tu n'en a rien à foutre. Attrapes les premières chaussures qui se présentent à toi, en outre tes talons aiguilles neufs. Tu te retourves devant cette sphère. Tu dévérouilles la fenêtre. Tires sur la bobinette, et la chevillette cherra. Que la lumière soit, et la lumière fut. Tu écartes le passage. Tu vas la chercher. Au Diable le reste.


Dehors, l'air est plus froid que tu ne l'aurais cru. Cependant, suite à ta douche glacée, rien ne peut t'ébranler, à présent. Tu es tombée, en sautant, et tu boîtes un peu. Tu trouves pourtant la force de courrir. Tu t'aventures dans les environs sans la moindre crainte. Tu ne peux simplement pas hurler son nom, comme tu aimerais le faire, au risque d'ameuter élèves, surveillants, professeurs et autres plaies. User de ta discrètion. Tu incarnes le souffle sinueux du mieux que tu le peux. Tu entends un bruit, tout à coup. Tu te retournes brusquement. Tes yeux cherchent la cause de tant de vacarme. Si tu ne fais pas un son et que le reste en créé le plus possible, tu seras toi aussi impliquée si l'on te trouve. Tu cours droit devant toi. Tu sais qu'elle n'est pas loin. Qui d'autre, sinon? Des plaisantins qui ne dormiraient pas encore? Des gens extérieurs qui se seraient promenés jusque ici? Tu n'y crois pas. Tu ne penses qu'à elle. À elle, mais aussi à Lui. Et le simple fait de les voir réunis dans une même pensée te donne la nausée.
Tu cours plus vite que jamais. Tu esquives chaque élément qui trouble ton chemin. La route est à toi, et il est hors de question d'attendre la pénurie de gasoil. Tu ne roules plus en dépendant de quoi que ce soit. Tu accélères pour toi. Pour ces entités auxquelles tu tiens. Tu fais ton possible. Ton maximum. Tu atteints tes limites, et cherches à les dépasser. Il n'y a plus aucune limites. C'est ce que tu cherches à prouver maintenant. Tu sors de la route que tu avais choisi, les arbres, et tu te retrouves à découvert. Tu ne cesses de prendre de la vitesse. Tu attends le moment où tes pieds ne toucheront plus terre, et que ta respiration déjà saccadée sera entrecoupée par une belle chute dont tu ne pourras te relever. Ca n'arrivera pas. Tu en es convaincue. Tu fermes les yeux. Tu te laisses guider par ton instinct. Il te conduira là où tu voudras. Il t'ammènera vers ce que tu recherches. Tu as une confiance absolu en lui. Tu sais que tu vas la retrouver. Que tu vas la revoir. Que tu pourras retourner dormir, cette nuit. Parce que tu en as besoin. Et elle aussi en aura besoin. Alors vous retournerez dormir toutes les deux. Oui. Non. Aucune réponse tournée vers un côté précis. Tu préfères rester neutre. Quand tu déplois tes paupières, tu ralentis. Tu t'arrêtes. Tu l'as trouvée.

****

Elle est inerte. Ton corps est comme suspendu. Entre la vie et la mort. Tu ne sais quoi faire. Mais tu la regardes.

Tu t'agenouilles à ses côtés.
Tu te maintiens debout.
Tes yeux se criblent d'eau.
Tu restes neutre.
Tes lèvres forment une moue de dégout.
Tu esquisses une sensation de douleur.
Tu essuies tes yeux.
Tu comprends ce qui se passe.
Tu ne cherches plus d'excuses.
Tu sais que tu as échoué.
Tu n'as plus confiance en personne, et surtout plus en toi.
Tu sais que tu n'échoura plus.
Tu cherches à te faire pardonner.
Tu cherches à le faire taire.
Elle est magnifique.
Ce n'est qu'un chien.
Elle brille de mille feux sous la lune à son apogée.
Tout est dans sa tête.
Ne comprends-tu pas?
Ne comprends-tu pas?
Elle n'est plus qu'un corps.
Il n'est qu'un esprit.
Elle t'appelle.
Il te tente.
Tu lui parle.
Tu te tais.
Tu ne cherches plus à comprendre.
Tu as raison.
Tu veux la toucher.
Tu respectes son cadavre.
Tu en meurs d'envie.
Tu luttes.
Tu te laisses aller.
Tu résistes.
Tu tâtes sa joue.
Tu secoue ta tête.
Elle est morte.
Elle est en vie.
C'est une réalité.
C'est une fiction.
Tu es à moi.
Ce n'est pas ce que tu penses.
Tu m'appartiens.
Bien entendu.
Tu es ma chose.
Tu n'es pas de cet avis.
Tu te laisses aller.
Tu sais que tu es à toi.
Tu es comme elle.
Tu es une Autre.
Tu es mon jouet.
Tu nies.
Comme elle.
C'est hors de question.
Tu es à moi.
Je n'appartiens à personne!

Elle s'écroule à ses côtés. Il est parti. Pas pour longtemps. Le chemin qu'elle a prit est plus long que le sien. Il arrivera le premier. Sauf si elle court assez vite pour l'en empêcher. Une ballerine qui tourne, qui tourne. Une boîte à musique. Remontée à l'extrême. Mais même avec toute la grâce de la danseuse, elle s'éssouffle. Doit récupérer. S'arrête progressivement. Et tombe.
Elle est assise près d'elle. Les yeux irrémédiablement attirée vers sa poupée de chiffon. La respiration courte, saccadée. Mais certaine d'avoir fait de son mieux pour le moment. Princesse n'est plus seule. Même si son Messager n'est pas en état de faire quoi que cela soit pour le moment. Elle se repose. Stand-by. Pause ultime. Le calme avant la tempête.

Dors en paix, ma Belle. Le démon veille.

[Les plus douces pensées,
Je les ai toutes eues,
Parce que je t'ai juste laissé partir.
Tous nos moments,
Me tiennent chaud,
Quand tu es parti.

Toutes mes pensées sont pour toujours avec toi.
Jusqu'au jour où nous serons à nouveau ensemble,
Je t'attendrai.]
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Crépuscule |Private - Syndel & Mike|

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