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 Lunaire [Auro, Iromy, Lyo]

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Syndel Vungh
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MessageSujet: Lunaire [Auro, Iromy, Lyo]   Lunaire [Auro, Iromy, Lyo] EmptyDim 30 Mai 2010 - 18:43

Respire. Inhale l'air du dehors avec conviction. La revoir.

Pousse lentement la porte déverouillée. Un pas, hésitant. Se risque à l'intérieur quoi qu'il en coûte. La laisse rebondir à sa suite. Dans la pièce règne un silence des plus profonds. Simplement envoûtant et effrayant. Une démarche plus assurée la fait pénétrer davantage au sein de l'antre aux desseins inconnus. L'absence de repères ne l'ennuie qu'à peine. Qu'il était exitant de transgresser codes et lois afin de satisfaire ses grandes impatiences. Rien de plus jouissif. Le désir, l'obsession. La terreur, aussi. De se voir offrir tel présent. De sentir l'étreinte des murs blafârds suite au léger cliquetis du pyrex battant. Isoloir. Abbatoir. Seule sur une terrasse à l'aube, je bois mon café. L'aube, ici, était une nuit drapée d'un fin voile grisonnant. La terrasse s'aparentait à un modeste bar, ni miteux, ni luxueux. Quant au café, il restait indéterminé. Il ne tarderait pas à faire son apparition. Seule la solitude trônait. Seule. Seule, son allégorie diffusait son parfum endolori et bienfaisant. Un coup de tête dans toutes les directions, et ses pas stoppèrent leur percée bien entamée. À proximité de la sortie, toujours sur la défensive, et assez interne pour avoir une vue globale du lieu. Spatieux, pour ne pas dire extrêmement large. Forme cubique. De ses quatres segments simillaires et de la surface qu'ils encadraient, la pièce ne sentait pas la moindre odeur. Pas de cuisine, pas de nettoyage. Aucune activité nocture apparente. Alors pourquoi la porte était-elle ouverte. Tant pis. La réponse attendrait le moment adéquat. L'heure était maintenant à l'observation. Etat de décryptage intensif activé. L'ensemble s'habillait d'immaculé, parsemé de tâches multicolores. Néons désunifiés, enceintes aux décibels facilement imaginables défiant toutes les traditions, tableaux et affiches bariolées, images son et lumière. Le mobilier était plus simple. Laisser-aller. Bois sombre poli et fer forgé. Lien uniforme et agréable à l'oeil. Sur les tables circulaires, une couverture colorée. Chacune désenchantée. Carte de restaurant, sel et poivre. Dispersées un peu partout dans le hall, loin du rang militaire souhaité. Les ensembles contre les murs troquaient les chaises pour des bancs de cuir. Au sol, une moquette à la sobriété plaisante, au plafond, d'autre néons. Lumière était le mot d'ordre. Il établissait son siège n'importe où. Sur la gauche, il y avait le bar. Quelques pas distants en sa direction. Bois de hêtre, moins bien lustré que celui composant les tables. La paroi blanche dont il masquait le pied était recouvert d'une étagère remplie de bouteilles en tous genres. Alcool et nectar aphrodisiaque. L'ensemble était d'une jovialité à toute épreuves et embellissait les briques unifiées. C'était un joli coin. Désert à souhait, simple, et pourtant attrayant. Les rayons tamisés n'arrivaient qu'à peine à couvrir l'abyssale frayeur nictalope. La nuit enveloppait la rue de son étreinte solide. Engloutissant l'angélique attente et déchirant l'espoir qu'un jour l'établissement entre dans les grands lieux de la ville. Charmant, mais ce n'était pas suffisant. Pouvant être aussi merveilleux qu'il le voudrait. Il fallait la célébrité pour être réputé. Il ne l'avait pas, son destin était scellé. Ce qui gagne à être connu ne le peut. C'était un fait.
L'ensemble chatoyant et ouvert amenait une certaine bienséance en la place. Sa respiration s'en trouva adoucie. Tout allait bien se passer, aucun doute là dessus. Il suffisait d'attendre à présent. Et c'est tout. Attendre. Et espèrer, aussi. Un peu quand même. Un peu quand même, on a dit.
La belle de nuit s'approcha du bar d'un pas las. Aucun bruit, même dehors. C'était impressionnant. Pas même étrange. Impressionnant. De n'entendre que sa respiration, et encore, la main sur la poitrine. Elle toussota pour couvrir la présence de Silence. Pas plus sauveur que cela. Tira le tabouret haut le plus proche, et s'y reposa. Les coudes sur la table, la tête dans la main. Rien de bien révolutionnaire. Toujours aucun bruit. C'en devenait lassant. Regretter le chant des cigales de l'été. Des chauve-souris casanières. Un son, quelconque, aurait été le bienvenu. Du moment qu'il eut pu couvrir Son règne, aussi léthargique soit-il. Le choc des ongles sur le meuble. Pas d'interêt. Chanson tue par sa propre radio. On n'allait pas diffuser ici, surtout à cette heure. D'ailleurs, quelle était-elle. Chercher une trace de numéros, excluant ceux sur les bouteilles. Pas de grand résult... Ah. L'horloge était aussi original que l'établissement. Une sorte de psychédélique sans forme, mais attachante et amusante. Trois heures moins seize. Dans seize minutes, l'heure du Démon. Voyons si le signe aura une symbolique. Oui, non.
Du temps à tuer. Le rendez-vous ne comportait pas d'heure. Il n'y avait pas tellement de rendez-vous. C'était une vision qui l'avait conduite jusqu'ici. Un songe dont elle avait comprit la signification instantanément. Se rendre dans un lieu fréquenté. Et retrouver un être aimé. Donc, techniquement, la Muse. Exactement, elle s'était vu dans un cimetièrre en sa compagnie divine. Si chaste, si précieuse. Elle était d'autant plus magnifique que son absence pesait sur ses épaules. Atlas s'encombrant du Monde alors qu'il pourrait très bien le laisser tomber et l'abandonner. Par nécessité, pitié, ou quoi que cela soit d'autre, il le conservait, et le soutenait. Parce que le Monde tel qu'il le connait est beau, et que c'est un honneur de le servir. Iromy. Sais-tu seulement à quel point ton culte est-il vénéré. Tu ne le sauras sans doute jamais, et personne ne te le dira. Tu vis très bien sans. Sache uniquement que tu es aimée. Plus que tu ne le crois, par plus que tu ne le crois. Iromy. Si le rêve mettait en action quelqu'un, alors cette dite personne allait interagir avec le songeur dans peu de temps. Sûrement pour la revoir. Espère pour se retrouver. La mirer, depuis quand ne l'avait-elle pas fait. Désir de plus en plus vorace. Mythe créé et maintenant avenant. Il fallait le nourrir, et pour ce faire, interprêter l'illision au mieux. Le cimetièrre avait une connotation de retrouvailles, de détente, de tranquilité et de familliarité. C'est régulièrement là que les corps finissent, se rejoingnent. De plus, la chair est en masse, il y a pas mal de corps différents. Ainsi, le Monde est petit. Le Monde est une puissance assez développée pour permettre de se séparer sans se perdre de vue. Et cette dernière maison, dans la plus grande générosité de son géniteur, est en plus de conviviale paisible. Il ne se passe... quasiment rien, dans un lieu pareil. Donc, le cimetièrre représente le calme, la non-action, et la population omniprésente, les retrouvailles. Iromy. Pour avoir choisi telle être, il ne peut que représenter l'attachement, l'amour porté envers autrui. Selon les codes de Joseph, et ses idées farfelues. On lui avait montré sa propre personne, dans un lieu fréquenté mais calme avec une personne qu'elle appréciait. Et en ce qui concernait ce dernier point, il n'y avait pas des farandoles de prétendants. Soupir. La personne appréciée. Et si ce n'était qu'un détail. Et si le tout était mal interprêté. Le cimetièrre, la dernière maison. Il y avait aussi son propre personnage. Le duo, le chiffre deux. La paire, un chiffre divisible. Une séparation. Un au revoir. Ou une personne aimée. Une future personne aimée... Une nouvelle rencontre bénéfique. Iromy ne pouvant être maléfique. Ou le Loup. Malveillante. Problème, soucis, angoisse. Ce que voulait dire ce mirage. La solution était à bout de bras, et pourtant, trop loin. L'avenir le lui dirait. Reflexion. Le mur s'écoule, la mûre à son stade final. De bonne ou de mauvaise augure?
Il n'y avait pas d'histoires à raconter, cette nuit. Pas de conteur, plus de mille et un récits. Il n'y avait que le soupir, la désespérance des solistes, couchés sur les bars déserts et ouverts en pleine nuit par on ne sait quelle force. Inextricablement, la vie est retirée à l'une de ceux qui visitent la maison hantée. On la laisse là. Cadavre exquis. Pantin désarticulé. Il n'y a plus de rêve qui tienne la route, il n'y a que le mirage et l'espoir englouti qu'une pensée infecte se réalise. Atlas qui se sacrifierait pour obtenir les réponses à ses questions au sujet du Monde et de ce qui l'entoure. Une curiosité sans failles, éteinte par cette angoisse de la véritée. Ne pas avoir de crainte pour l'inconnu. Même si l'inconnu fait peur. La démone devrait pourtant le savoir.
Lui insuffler à nouveau une parcelle de vivacité. Elle se redresse, sort de son coma sans raison. Pas de bruit. Juste le néon rose d'en face qui grésille, s'entrecoupe. Ce mur, celui couvert par l'étagère de bouteilles, était le plus fourni. D'autres étagères supportaient des maquettes de maisons, de bateaux. La paroi était tapissée d'affiches, de prospectus, de pancartes. Il y avait même un panneau électronique sur lequel défilait le nom de l'établissement. Bienvenue au Kako's Café. Vendredi: Heaven'Hell; Pop-Rock - 21h .... Samedi... Et ainsi de suite. Un programme. Il avait même des artistes qui venaient ici. Des concerts. Rien que ça. Cependant, ce ne sont pas des célébrités. Ils ont beau être doués et avoir du talent, ils ne sont pas connus. Ceux qui gagnent à être connu ne le peuvent. N'est-ce pas. Par curiosité, elle suivit les programmations à venir des yeux. Des noms colorés, Blue dit Naranja pour de la soul, rock nébuleux, Iré-elles, explicites, Jeux/Thèmes, des métalleux. Que des jeux de mots. Ils auraient pu faire preuve d'originalité. Ils avaient réussi à devenir ennuyeux rien qu'en lisant leur nom, quel exploit. Bon. Il fallait qu'elle fasse quelque chose pour ne pas s'endormir. Voilà trois jours qu'elle n'avait pas trouver comment fermer l'oeil, le besoin s'en faisait de plus en plus urgent. Tentation exploratrice. La belle bondit de son perchoir et se mit en tête d'observer la place. Le côté par lequel elle était rentrée était en fait un ammoncellement de vitres, à travers desquelles on pouvait très nettement voir l'extérieur. Il pleuvait. Il faisait noir, la brume subsistait toujours, et les pleurs des habitants d'En Haut retombaient en cascade sur notre terre. La rondeur opaline triomphait au dessus de tous les phénomènes. C'était une belle nuit. Interrompue soudainement par un flash puissant. En l'espace de quelques secondes, la nymphe s'était aperçue dans le reflet. Vêtue d'une simple robe noire. Déchirée de toutes parts. Des ballerines de classique aux pieds. C'était juste pour sortir. Ses cheveux lui retombaient sur les épaules. Pas la force de les nouer. Voilà ce qu'elle avait retenu. Un grondement sourd, tout près. Et le clapotis de l'eau contre le verre. Du son. Du son!
Un légèr sourire apparu sur ses lèvres entrouvertes. Ce n'était pas encore un festival, certes. Pourtant, il y avait le bercement douceureux et reposant de la météo. Déjà ça de gagner, après tout. Volte face. Devant elle, un trésor qu'elle n'avait pas vu en entrant. Comment avait-elle pu passer à côté de telle merveille. Un vieux tourne disque. Un tourne disque, avec une montagne de vinyls en dessous.
En quelques secondes à peine, la pièce se trouva envahit par la musique d'un petit bonhomme à la voix d'ange et des ses frères musiciens. Lui fut rapidement connu, et tant mieux. La fille de Mephistophelès était ravie. Jusqu'à ce qu'un malautru pénètre dans l'antre. Vienne tout briser. Elle n'était plus seule, à présent. Plus seule.

- Eh ben dis donc, faites comme chez vous, mademoiselle.

****

À nouveau assise au bar, la tête entre les deux mains. Un soupir. Il lui tendit son verre, et voyant qu'elle ne le saisirait pas, le lui déposa devant elle.

- Vous savez, vous n'êtes pas la seule à être rentrée durant la nuit. Souvent ce sont des alcooliques déjà entamés, des sans domicile fixe, parfois même des types armés qui viennent voler la caisse!

C'est bien sûr. Il pouvait parler autant qu'il le voudrait, Syndel s'était déjà excusée une fois, elle ne parlerait plus jusqu'à nouvel ordre. En arrivant dans son havre de paix, le propriétaire du café avait mis un terme à la chanson du petit noir pour allumer la radio. Il n'y aurait pas à changer de piste, au moins. Il n'avait pas tort, c'était indéniable. Par contre, la playlist n'était pas la même, et il vallait mieux se lever toutes les deux minutes pour changer de vinyls plutôt que d'écouter une seule note supplémentaire jouée par l'un de ces hypocrites malheureusement célèbres et sans aucun talent. Les gens de cette caste se reproduisaient à une vitesse inqualifiable. Révulsation totale. Abjection sans nom. Ils avaient juste eu un coup de chance qui ne se révèlerait qu'être une mauvaise blague. Ils se réveilleraient un beau matin, petits êtres païens, sans rien. Ils apprendront que les farces et attrapes, égales à leur soit-disant talent, ne vallent rien. Ils en auront fait les frais, ils arrêteront tout, et ne polluront désormais plus les autres attablées. Voilà. Tant pis. D'un pas lent, l'homme, agé d'une trentaine d'années, s'était installé à son poste et lui avait proposé une boisson. Il avait vanté les mérites de ses cocktails artisanaux, un indécrochable sourire aux lèvres. La belle l'avait laissé finir, avant de quémender un simple Bloody Mary. Il avait acquiecé d'un signe de tête approbateur, s'était retourné face à son entrepôt de nectars colorés, et avait cherché la Vodka pendant qu'il lui parlait de tout et de rien. Un blondinet avec un peu de rondeurs, fièr de ce qu'il était et fièr de son oeuvre. Pendant qu'il lui préparait son philtre en tenant à nouveau un discours sur le dosage précis des différents composants d'un verre, la créature de nuit avait gardé le silence. Réduite à néant. Alors c'était ça, la vision. Un personnage qui était aimé, ou qui allait le devenir auprès d'elle. Dans ce cas, c'était la dernière fois qu'elle écoutait les dires de telle idiotie. Enfin. La fille des Enfers attrapa son verre d'une poigne d'acier avant d'en engloutir le contenu d'une traite. Ses yeux envieux réclamaient la même chose. Le barman, étonné de pareille sauvagerie, lâcha le verre qu'il était en train d'astiquer pour lui en servir un autre, croyant bien faire. Soupir. C'était bien la peine de se donner autant de mal.
Il exécute le même procédé que la première fois, mais maintenant, elle articule un merci plus ou moins détectable. Le bonhomme, pour sa part, lui adresse un sourire, avant de quitter son observatoire.

- Servez-vous, si vous le souhaitez. Je suis dans ma cuisine. Je mets au point un nouveau plat, à base de fruits et légumes des îles. Si vous le voulez, je pourrai vous faire goûter!

Un sourire. Acceuillant, chaleureux. Quelqu'un de bien. Le genre de personne qui gagnerait à être connue. Malheureusement, pas célèbre. Il s'éloigna. Rejoindre dans un endroit calme et simple un personne qui peut être aimée. Elle esquissa un rictus stoïque. Pivota sur son siège, l'observa. Il était trop bien pour être avec quelqu'un comme elle. Il était trop lumineux pour entrer dans les ténèbres. Pitié de lui et de son existance infantile. Il aurait la vie sauve. Il le méritait. Tous les juges étaient d'accord. Il avait reçu les plus belles félicitations. Et il ne le saurait jamais.

- Merci.

Il disparut derrière la porte de bois au fond de la pièce. À nouveau seule.
Mauvais rêve. Mauvaise blague.
Belphegora atrappa son calice entre le majeur et l'annulaire droit, le leva, et le mis en relation avec Charybde. La boisson s'en trouvait bien fade. Il manquait quelque chose. Un peu plus de vodka aurait fait toute la différence. On attribura la faute à l'heure tardive. Trois heures pile. Un peu de vodka qui apparaissait comme le son. Il en manquait de sorte à ce que l'ambiance ne soit pas parfaite. Seule. Trop seule. Atlas aurait bien besoin de compagnie. Maintenant. Tout de suite.
Porter à nouveau le verre sur les lèvres. Un peu d'alcool.


Sans grand effet. Ephemère. Effet Mère.

[ Je croyais t'avoir faite,
Petite fée.
Mais c'est toi qui me fait
Bien plus que de l'effet. ]


[ Pour vous plonger dans le cadre. Je ferai mieux ensuite, faites-moi confiance. ]
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Iromy Nagaïa
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MessageSujet: Re: Lunaire [Auro, Iromy, Lyo]   Lunaire [Auro, Iromy, Lyo] EmptyMer 16 Juin 2010 - 0:00

Eclair, déchirant mon ciel. Un plafond blanc. Et moi, allongée au sol, telle un cadavre. Le tonnerre m’embrase, m’illumine. Apparition. Une deuxième naissance.

Attrape des lambeaux rouge. Les regarde et jure. Non, ça ne va pas. Le rouge, ça ne peut pas aller. Se lève, silhouette blanche parcourant une chambre aux volets clos. Bordel inexplicable. Cas désespéré. Se tourne du côté du lit. Oui, c’est ça, le lit, on y trouve des trésors imprévisibles. Fouilles, recherches archéologiques. Battue aux loups, ratissage métrique. On ne trouve pas. Rage inconditionnelle. Le tissus vole, se retrouve contre le mur, violence rare. Amas blanc gisant sur le sol blanc lui aussi. Bon sang, où peut bien-t-il être ? Ici rouge, là noir. Tout cela, non, ça ne nous convient pas. Il en était hors de question. Conventionnelle. Il en était hors de question. Les recherches se perpétuent en un silence rare. Outrageux. Les genoux contre les dalles blanches, c’était frais. Agréable. La silhouette s’abandonne. Se laisse aller. S’effondre contre le lit. Quelques secondes inopinées. Calme plat, parfait. Manège grotesque. Ceci ne pouvait durer. La furie se lève, de nouveau, recherches ardentes. Du côté de la commode. Peut-être. Traversée de tout les diables, presque impossible. Pourtant y arrive sans trop de difficulté. Un léger coup d’œil du côté des cosmétiques et autres atours des Dames habitant ce cloître corrompu. Qu’espérait-elle ? Pire que la dernière fois. Une main agile déplaçant les flacons aux formes hétéroclites. Recherche nonchalante, aveugle. Recherche aux objectifs inconnus. C’était pire que rechercher une aiguille dans une botte de foin : l’aiguille en question n’existait pas. Là, logé dans un creux, entre un flacon nommé N°5 et une cage au grillage doré. Perquisitions placides et affligeantes. Minable collier de pierres émeraudes, métal argentique, fin, miroitant. Demi-lune, forme composée autour de laquelle s’entrelaçait un serpent aux greffes vertes. Pièce d’époque. Avant-gardiste. La parure s’envola à son tour. Son sort ne valait guère la peine. Un dernier regard sur le marbre poli. Rien. A croire que parmi cette masse gigantesque ne demeurait pas un assortiment valable. La folie rousse recula de quelques pas, adressant un dernier regard à l’amoncellement trônant sur le cercueil de sa Nymphe. Il n’y avait pas l’esquisse d’un corps, ni même une trace de sa présence ici. Un soupire conséquent, une main agile s’aventurant à remettre de l’ordre dans sa crinière. Mouvement décadent de la tête. Elle ne trouverait pas. Elle ne bougerait pas d’ici. Situation inespérée, le grotesque de sa condition la faisant rire. Un dernier pas en arrière, le pas de trop. Le sol jonché d’objet des plus composites fit le reste. Entrave, chute. Les mains contre le marbre glacé, le visage à deux centimètres du miroir. C’est alors que la décadente lui offrit un signe. Lumière blafarde, vive et excentrique. Deux coups encadré par l’explosion de la foudre. Rencontre ésotérique. Etrange et paradoxale. Vert. Apparition absurde. Brève et sordide. Deux pupilles émeraudes posées sur une peau opaline. Extravagantes. Qui aurait l’idée d’observer telles choses de si près ? Comme un corps étranger. Décision arbitraire. Hasard de la foudre, divin hasard. C’est à ce moment que le charme opéra. Vérité aberrante, pourtant incontestable. Ces perles vertes, c’était toi qui me les avaient offertes. Ce vert, c’est la couleurs des émeraudes entravant le gris des grottes impures. Le vert, c’est une couleur qui te va si bien. Le vert, c’est une couleur qui t’allait si bien.

Se retrouve sur ses pieds, vitesse fulgurante, presque irréelle. Le noir de la pièce réinstaurant le silence. Lourd silence. Tourne la tête, coup d’œil avide. Frôlant les piles de tissus abandonnées. Recherches convenues. La recherche du trésors d’émeraude. Traverse d’un pas assuré la pièce, esquive les débris mystiques jonchant le sol. S’abaisse contre le sol, un regard sous le lit. Rien. Une main agile attrape ce qu’il reste au sol en ce point. Soulève. Fouille et décortique. Ne trouve rien. Laisse tomber dans une moue arrogante. Continu le manège. Sans cesse. Se tourne et se retourne. Ne trouve pas. Angoisse. Elle le veut. Elle le sait. C’est ce qu’elle désire. Elle le veut. Elle en est sûre. Elle le désire de tout son être à présent.

Contre le mur. Fébrile. Un dernier coup d’œil, peut-être. Chance ultime. Le tombeau de sa princesse. Lueur, verte, opaline. Impossible. Sur ses jambes en un instant, tressaillante. S’approche, doucement. Entre les plis des motifs, une chaînette argent, des joyaux verts, une lune, un serpent. Elle le laisse pendre juste devant ses yeux. Privilège insensé. Il ondule, doucement, ronde incessantes. Elle l’a retrouvé. C’est tout ce qui compte. Le vert, c’est la couleur des émeraudes entravant le gris des grottes impures. Cette couleur te va si bien. La parure glisse entre ses mains, la serre, s’effondre. Sourie. L’odeur de sa Muse la soulevant à chaque mouvement.

_________________

Illogique. Sortir aujourd’hui et de cette façon, elle n’en avait aucunement la justification. Un coup de tête. Comme un appelle. Force invisible et inexplicable. Q’il y en soit ainsi, il n’y avait aucune autre alternative possible.
Un pas, hésitant. Ferme la porte derrière elle. Celle-ci n’est pas automatique. Il pleut, humidité blasphématoire. Et Dieu sait qu’elle ne supporte pas l’humidité. Elle ouvre avec précaution un parapluie gris, gris à tête de canard. Fait quelques pas, essaie d’éviter la flaque. Fait ne nouvelles enjambées. Se rend compte qu’avec ce genre de talon, elle est incorruptible. S’en réjouie et s’en amuse. Se démène pour marcher droit dans toutes les flaques avenantes. Se délecte des ronds parfaits que son passage laisse sur l’eau. Jésus Christ revisité. Marche incessante. La voilà sur une route goudronnée, et ici, l’eau ne tient pas. Les voitures passent et vomissent. Certaines klaxonnent. Charmant. C’est la première fois qu’elle en voit autant d’aussi près. Lumières, partout. Lumières routières et terrestres. Admirables. Petite ville oubliée, un Las Vegas pour la Belle. Enseignes immense où d’étranges minois étaient accrochés. Croit reconnaître sa muse. Dévie le regard à nouveau, le panneau coulisse, change de forme ; elle croit rêver. Sur la toile cirée tendue tout au-dessus d’elle, un roulement incessant. Batterie mécanique. Percussions laconiques. Agréable. Elle entre en monde clos. Conditionné, en a conscience mais ne le montre pas. Les passants se fonds rares, et ceux qui croisent sa route n’osent pas même lever le regard. Elle ne s’en rend pas vraiment compte. A vrai dire. Son regard est capté par tous ces immenses panneaux de verre où les visages défilent. Elle croit t’avoir vu. Elle en est sûre. Elle veut te revoir.
Première entrave. Etendue fine, de la largeur d’un pas. Ses foulée résonnant sur le métal dur. Egout perdu sur grande allée. Bruit étrange. Pas désagréable. Etrange. Appréciable plutôt. Un de ces bruit à signe. Un nouveau pas. Echo vide et creux, métallique et singulier. Suivre le fer. Sans interruption. Veine d’acier arpentant la ville. Ses Valentino faisant le reste. La pluie et le fer. Monde illusoire. Elle n’avait même pas vu les hommes la suivant depuis dix minutes. Ils déchantèrent très vite, lorsqu’ils s’aperçurent qu’elle était armée de deux yeux indomptables. Gauche, traverser la route sans même daigner regarder les allés e venu des carrosses routiers. Crissement de pneus. Klaxon violent. Accoutrée de cette manière, elle aurait pu faire corps avec le goudron. L’homme sort. La sermonne et jure. Elle ne se retourne pas, continu sa marche. Ne quitte pas le fer qui la tient. Marche, sans arrêt. Droite. Suivre la rue de l’autre côté. Il y a de nouvelles affiches, mais cette fois, une femme masquée. Ce n’est pas elle, ce ne peut pas être toi. Tu es si belle, te masquer le visage serait un blasphème. Gauche, nouvelle rue. Quitte la voie principale. Ici, le bruit se fait moins opiniâtre. Mais, heureusement, les lumières demeures. Tout droit. Toujours tout droit. Il fait mauvais, humide, mais ces bruits sont exquis. Tout droit puis droite. Il n’y avait pas de nouvelle rue.
C’est alors que l’artère supérieur mourut dans les profondeurs de la ville. La voie s’arrêtait là. L’Enfant de Minuit s’arrêta à son tour. Un regard sur le mur, lisse. Des briques grises, cendrées. Les yeux arpentent la surface. Recherche, le moindre indice. Fouille, de nouveau. Et puis, enfin. Un tableau, vert émeraude. Un signe ? Plus que cela, sans doute. Attrape le pendentif. Le remercie. Lit. Kako’s Café. Une flèche, verte aussi. Ne se pose pas de question. Marche dans sa direction. La direction des Anges.

Une vitrine fumée. L’intérieur inexistant puisque invisible. Noir office de miroir. Se regarde, sa création plutôt qu’elle. Ses anches décuplées et ses jambes galbées. Le collier, trônant entre ses seins. Elle ne l’avait pas lâché.
Une robe grise. Robe à cage. Elégante, magnifique. Les genoux nus, les pans du vêtement arraché. Robe d’époque. Contraste immoral. Jupon composé de matières hétéroclites, illicites. Ouvragé et gonflé. Admirable. Corset longiligne, s’accaparant de la taille avec hargne. Au dos, laissant tomber avec grâce les restes intactes de l’atours. Queue de pie revisitée. Tout autour, la cage d’acier rompu au niveau des genoux laissée intacte, visible, miroitante. Les jambes nues, aux pieds, d’élégants souliers d’un gris profond presque noir. Talons en escalier, chaussure au design architectural. Valentino. Les épaules fines et lisses découvertes, deux mousselines monopolisant leur côté avec majesté. Les bras satinés, presque sans le moindre atours. Seulement une paire de gant de cuir noire, aux tons des souliers, s’arrêtant à mi-paume. Au cou, le collier, au vert acidulé. Ce vert rappelant tous les rubans et autres étoffes ornant la robe posé sur ses frêles épaules. Quelques fragments émeraudes, discrets. Contrastant magnifiquement d’avec le gris cendré de l’habit. Les cheveux flamboyants attachés avec délicatesse, de multitudes de mèches volages lui tombant sur le visage. Un maquillage prononcé faisant minutieusement ressortir des yeux d’un vert éclatant.
Choc visuel.
Esthétique sans faille. Superficielle.

Immobile, lève la tête et cherche les deux mots du destin. Une pancarte aux reliures vertes profondes. Kako’s Café. Alors, le voilà. Elle y était. Une main contre la vitre et s’approcher outrageusement. Son front et le verre, contact directe. Rien n’y faisait. Noir, c’est noir. Ne demeurait que ses yeux d’un vert acidulé. Vert de prêtresse. Se reculer, précipitamment. Prématurément. De nouvelles manières, pour ne pas tomber de ses échasses outrageusement hautes. La toile cirée toujours dans sa main droite et les tambours aqueux qui ne désamplifiaient pas. La porte était en bois. Un design irréprochable. Une barre de métal jaunie, froide, en guise de poignée. La porte s’ouvre, assez largement pour laisser passer la Belle. Ses Valentino craquant contre le sol, écho des battements de son cœur. Surexcitation ? Crainte ? C’était grotesque. L’endroit était lumineux, malgré l’heure tardive. Désert ? Non. A priori, non. Passer entre les tables, ce n’était pas une mince affaire. Risible, elle en avait oublié de fermer son parapluie. Il y avait le crépitement d’une radio, incertaine. Appréhension douteuse. Avancée minutieuse. Un pas, deux. Un mur. Non, un escalier. Pose sa main libre contre le bois lustré. Elle aime cette sensation, le bois lisse contre sa peau. Fait un pas. Puis deux. A nouveau. Laisse sont regard arpenté le mur. Néons colorés. Taches de couleurs des plus hétéroclites. Sol laqué. Rainures droites et lisses. Allant toutes dans un même sens. Le fond du bar, inversement, l’entrée. Veines peu profondes, de surfaces. Arpentant un sol d’un bois rare, jusqu’à un bar, ciré lui aussi. De nouvelles barres métalliques, vieillies, rouillées. Un pied munie de souliers légers. Noirs. Une jambe opaline au galbe parfait. Des lambeaux ébènes, ce qu’il devait rester d’une robe, sans doute. Plus haut, une nuque de neige où une centaine de fils dorés tombaient en cascade sur des épaules de satin. Une Muse. Sa Muse. Egérie surplombant son monde. S’approcher, le plus calmement du monde. Ne plus rien voir d’autre. C’était marcher dans l’ombre. La lumière n’était rien d’autre que toi. Corps phosphorescent. Mon phare d’Alexandrie. Ta pâleur perçant les ténèbres d’un monde à part. Notre monde. Princesse oubliée. Tu es belle. De dos, tu es magnifique. Ne plus te voir, ne jamais être là pour surveiller tes songes interdis me rend folle. La simple pensée de ta vue m’obsède. Et te voilà face à moi, petite poupée de porcelaine. Si fragile, et divine. M’approcher, juste cette pensée me déchire le cœur. Un pas. L’échos des talon contre le bois. Deux. Me retenir aux marches de l’escalier. Trois. Fait tomber le parapluie à mes pieds. Quatre. La lumière s’estompe. Cinq. Seule la tienne subsiste. Six. Arrêt. Tu te retournes. Un verre rouge sang à tes lèvres. Oui c’est bien toi ! Le liquide coule, entre dans ta gorge. Carmin. Bois, ceci est mon sang. Sales cannibales…

***

Dis moi. Tu t’appelles comment ? Et pourquoi tu es là ? Tu es jolie tu sais. J’aime beaucoup tes cheveux. C’est des vrais ? Parce qu’ils sont très beaux. Et ta peau, si elle est blanche comme ça, c’est parce que tu es allergique au soleil toi aussi ? Maman, elle me dit que le soleil, c’est mauvais pour moi. Tu as une jolie robe, elle est toute déchirée. T’en a de la chance. Moi, je dois mettre ces nœuds et ces froufrous. C’est pas que j’aime pas. Mais, moi aussi, j’aimerais bien porté des vêtements déchirés, avec des trous. Comme toi. Mais Maman, elle veut pas. Tu es si jolie. Et, dis moi, c’est quoi que tu bois ? Tu crois que je peux goûter ? C’est joli, c’est rouge. C’est du jus de tomate ? Maman, elle veut pas que je boive des trucs à la couleur bizarre. Elle dit que c’est indigne à une jeune fille de mon rang. En fait, il y a plein de chose que je n’ai pas le droit de faire. Comme sortir du château ou même de ma chambre après dix-neuf heure trente. Mais, aujourd’hui, j’ai fais tomber un drap de ma fenêtre et je suis sortie. Comme les princesses des contes que me lit Maman avant de m’endormir. Mais, tu sais que Maman, elle ne veux pas que je l’appelle Maman. Mère, c’est ce qu’elle veut. Elle est très gentille, mais parfois, elle me frappe, sans raison. Ca me fait peur, mais après, elle me prend dans ses bras. Elle me dit qu’elle m’aime et qu’elle est désolée. Je la crois, parce que c’est Maman. Mais tu sais, Madame. J’ai un peu peur. Lorsque la boite à musique arrête de tourner, je sais qu’elle va arriver, et j’ai très peur. En fait. Dites, je pourrais rester avec toi, Madame ?

***

Ne plus bouger. Tenter de parler. En vain.
Syndel.
La fixer avec insistance. Comme si il n’y avait rien d’autre à faire.
Dis moi.
Une main sur les lèvres, elles sont si sèches.
Je pourrais rester avec toi ?
Lâcher l’escalier, se donner contenance.
Juste. J’aurais aimé.
Avancer, d’un pas. Tremblant.
Ce soir.
S’arrêter. Passer une main dans ses cheveux. Jouer avec ses perles.
J’ai peur, tu sais. Seule, j’ai peur.
Attraper le pendentif. S’écorcher les doigts. Souffrir. Jouissance.
Je t’en supplie. Reste près de moi. A jamais.


Se redresser. Et sourire. Accoutumé. Faux, mais essentiel. Lever la tête. Narcotiques. Goûtons aux poison de l’Eden. S’avancer. Pas longs et félins. Entendre la voie. Oublie toutes les autres. Avancer près du corps inerte. Toucher le bois du bar. Peau noire. Cuir cendré. Courbure admirable. Vois-tu ? Et puis, la réveiller du pays des songes.


- Tu m’offres un verre ?

Pour l’instant. Ca va. Mon Dieu. Qu’est-ce qu’il m’arrive ?

Dites. Je pourrais rester avec toi ? Madame. S’il te plait.


[ “She burns like the sun
And I can't look away
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]

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Auro Drake
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MessageSujet: Re: Lunaire [Auro, Iromy, Lyo]   Lunaire [Auro, Iromy, Lyo] EmptyLun 21 Juin 2010 - 19:40

Le ciel grondait, menaçant. Les lourdes gouttes de pluies s'étaient vite changé en une trombe retentissante, portant aux narines d'Auro une odeur de terre chaude mouillée. Ce dernier se secoua avec lourdeur. Il avait la langue pâteuse et les collé par ... Il ne savait pas trop quoi ... C'était pire que la fatigue en tous cas. Il tenta de faire deux pas mais s'échoua lamentablement contre le mur d'en face. Pourquoi était-il là ? Une ombre passa devant lui dans la ruelle. Pendant un instant il se prépara à bondir sur elle, mais se retint au dernier moment. Il avait arrêté de chasser l'humain depuis longtemps. Alors que faisait-il là ?
La tentative de se remémorer sa soirée se solda par un échec. Il tenta un autre pas et tapa contre quelque chose de dur. Baissant les yeux, il remarqua à travers la pluie un cadavre de bouteille. Il s'était donc bourré la gueule une nouvelle fois ? Il se pencha en avant et se redressa avec l'objet dans la main. Il était rendu glissant par la pluie et l'étiquette était à moitié effacée la pluie.
Bon certes, il avait bu, mais ce n'était ni la première ni la dernière fois ... Alors pourquoi c'était-il évanoui ? Ce n'est qu'en secouant une nouvelle fois la tête qu'il remarqua que la silhouette n'avait toujours pas bougé. La bouteille lui glissa lentement des mains et alla s'écraser sur le sol. En face de lui le garçon le regardait, tentant vainement de cacher le cotés arracher de son crâne. En d'autre circonstance, Drake aurait ris. L'effet comique provoqué par la cervelle qui dégoulinait et les essais du jeune garçon pour l'empêcher de partir en ballade était des plus remarquable.
Auro vomi. Le garçon ne semblait même pas avoir mal. Il se contentait de le fixer, sans même cligner de yeux malgré la pluie. Soudain, doucement, dévoilant dent après dent, le jeune humain sourit. Puis ses lèvre se mirent à articuler.
- Tu va bien ?
Drake ferma les yeux de toutes ses forces et les réouvris. Le gosse était toujours là. Il recommença une fois, deux fois, trois fois ... Ses mains s'agitèrent nerveusement, cherchant ce qu'il savait pertinemment ne plus avoir.
- Ça ne marche pas
La voix était suave, elle se faufilait partout. Même en couvrant ses oreilles, on ne pouvait l'arrêter. Drake avait essayé un nombre incalculable de fois. Encore une fois, il ferma les yeux et les réouvris.
- Ça ne marche jamais.
La pluie continuait de tomber, Drake gémit et s'élança vers l'autre bout de la ruelle. Une femme sortit de l'ombre devant lui. Ses intestins pendait librement. Contrairement au jeune garçon, elle ne semblait faire aucun effort pour les retenir. En faisant abstraction de ce petit défaut on pouvais s'apercevoir qu'elle était magnifique. De long cheveux noir. Un nez droit, parfait, une bouche qui semblait en permanence dessiner un petit sourire amusé. Elle s'avança doucement vers Auro, sa robe était sèche malgré l'orage. Les gouttes semblait l'éviter.
- Ça aussi, ça ne marche jamais.
La voix de la femme était douce, presque compréhensive. Drake recula, les yeux écarquillée. Il buta contre quelque chose et se retrouva sur le sol. La femme se stoppa. Une bouffé de vent s'engouffra dans la ruelle, faisant voler les papier. Auro se tourna vers le cotés, cherchant une autre sortie, un chemin qu'il savait inexistant. La femme s'arrêta devant lui et mis doucement un genoux à terre, écartant au passage une de ses mèche derrière son oreille. Auro n'arrivait plus à détacher ses yeux de son visage, si paisible et souriant. Comme si elle avait deviné sa pensé, elle lui fit un maigre sourire. Drake se souvenait de son visage. Il se souvenait de chaque coup qu'elle lui avait donné, de chacun de ses cris, de ses râles lorsque ses dent avait déchiré sa chair.
- Je ne t'en veux pas.
Drake hurla, il essaya de la repousser mais ne rencontre que le vide. Il se mit à reculer frénétiquement sur le sol. Le garçon était venu se placer derrière la femme. Il ne souriait plus, son reste de visage arboré une expression grave. Drake se souvenait de lui aussi. Le coup de patte qui lui avait arraché la moitié du visage avait propulsé de la cervelle sur chaque centimètre du mur d'en face. Drake buta contre la parois. Il voyait maintenant d'autres silhouettes sortir des ombres. Certain avait à peine l'age de savoir parler, d'autres étaient encore dans les bras de leur mère. Malgré l'orage et le vent ils étaient tous immobile, le fixant doucement sans dire mot. Drake sentit les larmes coulée sur ses joues. Doucement un murmure sortit de la bouche d'un enfant.
- Pourquoi ?
Comme si cela avait été un signale, tous les autres se mirent à articuler des mots. Des demandes, des prières, des mots de haine. Seuls deux se taisaient et se tenaient droit. Doucement les autres se rapprochaient. Drake n'avait aucun endroit où fuir. Il hurla de nouveau griffant le mur derrière lui et fermant les yeux de toutes ses forces.
- J'AI RIEN FAIT ! C'ETAIT PAS MOI ! LAISSEZ-MOI ! J'AI RIEN FAIT !
Il sentit un de ses ongles se retourner. Mais la douleur lui paraissait si loin, et aucun de ses hurlements n'arrivaient à couvrir les sons.
Soudain ils disparurent tous. Drake se retrouva seul. Plus de gosse, ni de femme. Seul. Un éclair zébra le ciel. Il se laissa retomber la respiration saccadée. C'était fini. Pour un temps. Une vive douleur lui traversa la main. Il regarda d'un air intrigué les morceaux de verres qui avaient labouré sa chair. Normalement il aurait du avoir mal ... Il rejeta sa tête en arrière et partit dans un rire de dément. Il lui fallait de l'alcool, une grosse dose.
Drake se releva en chancelant. Son sang dégoulinait de sa main pour se mêler à la pluie. Il se mit à marcher, riant tête baissé. Si il se souvenait bien, il y avait une sorte de centre commerciale avec un café, quelque part dans le coin.
Il chassa le sourire de sa bouche et se mit à marcher sous une pluie de plus en plus abrupte. Dans le ciel les éclairs continuait à fendre les cieux régulièrement. Parfois lointain, parfois plus proche. Il ne croisa personne en chemin. Ni même une ombre. Il franchit la grande porte d'un pas trainant.
L'intérieur devait sans doute être plus animé que l'extérieur, mais Auro n'y prêta même pas attention. Il se contentait d'avancer un pas après l'autre, sans penser à rien d'autre que le verre d'alcool qui le réchaufferait le ventre et lui effacerait la tête. Rendant ses souvenirs aussi vierge qu'une feuille de papier. Un éclat vert attira son œil. Il releva avec difficulté la tête. A travers ses cheveux dégoulinant de pluie il remarqua un nom ''Kako’s Café''. Il n'y était jamais allé. Et si le besoin d'alcool ne c'était pas fait sentir, si pressant,obsédant, il n'y serait jamais allé.
Il poussa la porte, laissant une trace de sang sur celle-ci. Et avança vers ce qui lui semblait être un comptoir. Plus à taton que comme un être humain. Un bruit lui fit remuer la tête. Mélange d'un de ses nouveaux chanteurs et de pensées. Même à cette heure ci, il y avait encore des clients ? Il les refoula dans un coin de sa tête, indifférent à ce qu'ils étaient et se s'effondra sur tabouret. Si le barman ne venait pas bientôt, il se servirait lui même.
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MessageSujet: Re: Lunaire [Auro, Iromy, Lyo]   Lunaire [Auro, Iromy, Lyo] EmptyMar 13 Juil 2010 - 17:47

[vraiment un gros PARDON pour le temps que ça m'a pris u_u']


Je ne peux voir que les empreintes de tes pas au travers de la pluie, mais elles disparaissent au moment même où je les aperçois. Je ne sais pas où tu cours, mais je ne peux faire demi tour. Je suis prisonnier d’un système que je ne comprends même pas. Et je ne parviens même plus à rêver. Je me sens constamment angoissé, mais cela, je ne te le dis pas. Pas parce que je ne désires pas t’embêter avec ça, mais plus parce que je me refuse de l’avouer. Et je te vois courir, sous cette pluie qui te fouette le visage. Tu ne m’as pas parlé ce matin. Cela ne te ressemble pas. Hé…! Dis moi ? Tu vas où comme ça ? Quand je me suis réveillé tu courrai déjà… Tiens ? Tu t’es arrêté. Devant la porte du centre commerciale. Mais dis moi qu’es ce que tu fais là ? Tu ne t’arrêtes pas là, mais tu n’ouvre pas la porte non plus. Tu regardes à droite, tu regardes à gauche, puis tu te remets à courir. Hé ! Ça te dirais pas de me dire où tu fuis comme ça ? Ça ne te ressembles pas de te taire comme ça. Je ne te comprends pas. On ne dirait pas toi. Je ne te sens pas sourire. Je ne sens pas ton cœur battre. Alors qu’il devrait frapper contre notre cage thoracique comme un mal propre pendant que tu cours. Tu n’as pas cet air excité que tu as lorsque tu as une idée. Tu sais Lyo, j’ai l’impression de partager le corps de quelqu’un d’autre là… Parle moi. Juste un peu, simplement un mot, je veux juste entendre ta voix. Ta voix de gamin qui ne tient pas en place, ou alors celle que tu prends lorsque tu semble apeuré. Je veux croisé mon propre regard dans une de ces vitrines et me demander pourquoi je souris de cette façon alors que je me sens perdu, je veux comprendre ensuite que ce n’est pas moi qui sourit mais toi. Je veux t’entendre me parler, je veux te voir insister lorsque je ne te répondrais pas. On dirait que l’on a inversé les rôles… Mais cela n’a rien de drôle… Tout d’un coup les images arrêtes de défiler. Cela permet de me calmer un instant, puis, ta main frêle vint pousser la porte de ce qui m’a l’air d’être un café.

Il n’y a pas beaucoup de gens à l’intérieur. Mais au premier regard que tu sembles croiser, tu te figes nette. Comme si ce que tu cherchais venait de te tomber dessus sans prévenir. Et puis… tu l’as reconnais, cette fille. Et moi aussi. C’est la fille du cimetière. Tu as soudainement arrêté d’avancer. Comme si elle t’effrayée. Mais elle, je ne pense pas qu’elle t’ait réellement regardé. Parce qu’l y avait une autre fille devant toi. Une rouquine que tu as forcément déjà croisé quelque part, car moi, je me souviens de ses cheveux. Elle parait discuter avec la fille du cimetière… mais d’ici nous n’entendons rien. Rien jusqu’à ce que tu entende un râle, comme un soupire grave et tu sursautes en regardant furtivement à ta droite. Juste là, ton professeur d’histoire est assis sur un grand tabouret près du petit bar… Il est presque étalé sur le comptoir et n’a pas l’air dans son assiette. Ses cheveux noir sont trempes et emmêlés… Et… et il… il pu l’alcool en plus…? Il aurait mieux fait d’essorer ses fringues avant d’entrer tellement elles ont l’air remplies d’flotte en tout cas ! Mais il n’a pas l’air de trembler de froid pour autant. Alors que toi, toi je te sens frissonner dans ta veste -trop grande pour toi-. Tu enlèves ta petite capuche et tu avances vers la fille du cimetière. Tu baisses légèrement la tête et t’excuses faiblement auprès de la rousse que tu ne connais pas. Tu bégayes ensuite à l’encontre de Syndel. Tu n’arrives pas à parler. Mais, au moins, ta voix émet un son. Les syllabes s’enchainent sans ordres et ne veulent rien dire, mais au moins, j’entends ta voix. Et ça me suffit.

Je n’ai toujours pas la moindre idée de ce que tu fais ici. J’ai beau y réfléchir, franchement, je ne vois pas. Et puis… ça m’prend la tête tout ça. Non mais t’as vu l’heure qu’il est là ? J’sais pas exactement ce qu’il en ait mais j’suis sûr qu’il est même pas 7h, sinon les magasins auraient été ouverts. Alors… qu’es tu fou ici ? C’est l’heure de dormir. Laisses moi essayer de rêver et vas te recoucher sale môme empoté ! Ça te va de déranger les gens comme ça… hein ? Tu t’es pas dit que si il faut les demoiselles discutaient de quelque chose d’important ? Non hein ? Tu ne penses jamais à rien de toute façon. Tu ne penses qu’à toi. A ce que ton petit ventre soit bien nourri et à ce que ce petit cœur batte encore sans trop te faire de mal. Tu ne penses pas aux autres. Et certainement encore moins au pauvre type qui passe son temps à mettre des embûches sur ton chemin et qui pourtant partage le même corps que toi. Je ne sais pas ce que tu a derrière la tête mais cela ne me semble rien de bon. Lyo… ? Tu m’entends ? Hého Lyo !!! T’as finit de m’ignorer ?

- Aooooutchoum !

**- A tes souhaits Lyo.**

Tu t’es immiscé entre les deux jeunes filles, et tu leur a presque éternué dessus. Bravo.

** - Tu vas m’ignorer encore pendant combien de temps ? **

- Sy… Syndel… Je… enchanté, je suis Lyo. J’ai… j’ai besoin que tu m’aides.

Tu l’as regarde avec insistance puis tout se brouille.

- C’est l’anniversaire de Kyo aujourd‘hui… Je… je voulais lui offrir la chance de te parler une nouvelle fois mais… depuis hier il… il ne me répond plus.

Qu’es ce que tu racontes baka ? C’est toi qui passe ton temps à faire comme si je n’avais jamais existé ! Tu te fou de moi c’est ça hein… ? Mon anniversaire ? Comment ça ? Tu t’en… souviens ? Cette date là est pourtant affreuse pour toi… Tu ferais mieux de l’oublier. Oublies moi. Hééé ? Mais tu chiales ? Je l’crois pas. Mais… si c’est bien vrai… Comment es-ce que l’on va faire…?
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Syndel Vungh
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MessageSujet: Re: Lunaire [Auro, Iromy, Lyo]   Lunaire [Auro, Iromy, Lyo] EmptyDim 15 Aoû 2010 - 20:21

Calculez. Décompte.

Trois minutes. Trois ridicules et misérables petites minutes.

Une.
"La chorégraphie débute. Marche sur douze temps. Déjà, un bémol. Quatre, cinq. Le chemisier ne tient que par miracle grâce aux deux seuls boutons glissés dans leur fente. Huit, neuf. Il n'y a personne, dans la salle. Quart de tour face public. Ce n'est qu'une répétition. Déboulé sur la droite. Tout se déroule plutôt bien, jusque là. Croisé sur cinq-six, appui sur le dos, lève la jambe en retiré. Les éclairages sont foireux pour le moment. Glisse et attrape son poignet. Putain de régisseur concerné. Jette la jambe vers le haut. Rien à signaler. Se laisser tourner grâce à son aide. Les comptes en tête, pas une dérogation autorisée. Retombe en fente arrière, révérance. Le photographe n'est pas là et c'est tant mieux. Toujours accrochée à son bras, la faire partir dans son dos. Non, parce que rien n'est au point pour l'intant. L'acceuillir à ses côtés. C'est encore trop brouillon. Retirer ensemble le membre inférieur, pied en pointe. C'est même dégueulasse. La passer à l'arrière, glisser, se retrouve au sol. La pointe était laide, à vomir. Ramène la droite à sa place, se penche au-dessus. Il faut que ça tire, en bas du dos. Front collé au genou. Pas trop mal, encore trop hésitant. Plonge plus bas, part vers l'arrière, roulade. Attention au tabouret dans la trajectoire. Se redresse, face public. Et essayer de sourire, par la même occasion. Passe le bras au-dessus de la tête, pas chassé simultanément, mouvement circulaire du coude, et le tendre en levant la gauche, opposée. Ne pas foncer dans celle d'à côté. Revient sur ses pas, plie les genoux, se recroqueville. La partie des filles sur les tabourets est courte, par rapport à celle-là. Se redresse et lance le bras tendu. Concentration. Le replie, ramène l'autre à la même hauteur, pivote. Doucement. Tour de classique, retiré de la jambe non porteuse. Bien. Deux fois. Pas trop mal. Se pose, marche vers les sièges. Bientôt fini. Vers l'attroupement, se place légèrement en retrait. D'abord, les laisser prendre la fille sur le tabouret avant de le retirer. Porté sans son aide, saisit le support vide pour le mener jusqu'aux bras frêles derrière les rideaux des coulisses. C'est logique. Les rejoint. Attendre qu'elle tende son bras pour pouvoir l'attraper au vol. L'aide à atterir sur la scène. Pas bien convaincant, tout ça. Attendre que le reste du groupe se mette en place, cercle au centre, de profil. C'est de quel côté qu'on commence, merde."
Combat de pierres précieuses. Vert contre gris. Béryl et cendre. Double épiderme neige. Feu et glace. Pièces du puzzle incompatibles qui se contemplent, s'admirent. Se complaisent, l'une dans l'autre. Osmose, attrait, désir, tentation. Y céder. N'est plus à ce vice près.


- Tu m'offres un verre?

Et comment. Iromy. C'était comme ça qu'elle s'appellait. Attendue, niée, retenue, libérée. Quelconque. Une banalité divine. C'était une reine. Comme elle. Deux Dames, deux régentes. Chacune exécutants des mouvements flous et pourtant des plus précis. Vaseuses, cristallines. Contradiction de rêve, beauté de granit. Rareté. Etrangeté. Telle était leur force. Différente. Autre. Elle l'avait patienté jusqu'à en rêver. C'était. Ca faisait du bien de la revoir. Enfin. Notion du temps banni, il n'y avait plus de vieillesse loin d'elle. Le temps reprenait son cours comme si de rien n'était après cette interuption olympienne. Ne comprenait que lui, Chronos, ne pouvait rivaliser face à leur séparation. Iromy. Reine des Abysses. L'autre, déesse des entrailles souterraines, s'abreuvait goûlument de son nom complet. Succulente. Son absence la rongeait depuis un moment déjà. Un moment sans chiffre. Incohérence. Sablier démuni de commencement, dépourvu de fond. L'heure n'existait plus. La dérive s'annonçait prometteuse. Puis elle arrive. Grande super-héroïne de bande dessinée. De son rayon occulaire, balaye la vilaine tristesse qui la déguste sans lui demander son accord. Gagnante, pas étonnant. Sourit. C'est sa Muse. Le temps peut bien s'écouler, en leur réunification. Il s'arrêtera à nouveau une fois les liens rompus. Division litérraire, sujet évalué d'avance. Duel sans but entre les deux clans. Juste pour défendre ses interêts. La soif. Soif. Irrécupérable. Sa saveur acidulée manquante à ses papilles. Envie de son essence. Besoin de son goût piquant. Tu lui as manqué, tu sais. Gène oubliée refaisant surface. Douleur âpre au niveau de la gorge. Douceur âcre au milieu de son larynx. Le début de la décadence.
Veux-tu me boire comme moi je t'ai bu?

- Que désires-tu?

Une minute, déjà. Découlement temporel plus rapide que la moyenne. Trois minutes offertes aux damnés pour lui pourrir sa nuit.
Ca va? Ca peut aller.


Deux.
"La chorégraphie continue. Lève les bras en couronne. Phrases terminées, ce n'est pas trop tôt. Marche en direction des coulisses. Foiré toute la partie en cercle. Calmement, un pied après l'autre. C'était ridicule et totalement raté, mais c'était fait. Balade sur la surface praticable. Ne pas traîner, quand même. Arrive derrière le rideau noir. Dégoutée par sa presation, bien que cela ne soit qu'une partie de plus. Abaisse les mains, arrange ses cheveux. La musique se baisse, première partie close. Regarde en face le groupe rentré. Ne pas se déconcentrer. Salut de la main et sourire malicieux. Ce n'est pas encore fini. Duo traversant la scène, grand jeté, puis disparition. Ca va reprendre. Scène nue. Soupir consterné. Plus de musique. C'est bien long, d'un coup. Départ de la piste auditive, groupe un court et entre en jeu. Ca doit durer quatre temps et s'arrêter. Sonorité attrayante, se bloquent sur place. Elle est le troisième groupe. Groupe deux sort, et se place. Troisième groupe. Course, profil, arrêt net et pivot facial à s'en décrocher les vertèbres cervicales. Seule et désespérément seule. Quatrième phrase, personne ne sort. C'est étrange, la sensation d'abandon. Fin de la quatrième phrase. Devant la scène et unique, magique. Cinquième phrase, deux apparitions à ses côtés, et bloque. Entourée de ses larbines, rassurant. Sixième groupe. La salle s'est emplie, depuis tout à l'heure. Sept, tout le monde est en position. Ce n'est pourtant pas la représentation finale. Huit, s'accroupir et ne plus esquisser un mouvement. Attendre huit temps dans cette position, la tête basse, génial. Un, deux. Déjà, se relever, en fait c'est plutôt rapide. Cinq, six. Debout. Epaule-épaule, demi pointe, laisse tomber la tête. Ca dure quatre temps. Lève la main, redresse le visage. Encore quatre temps. Pivot de profil, lance la jambe avec un balancé de bras, et atterit au sol. À nouveau accroupie, pour maintenant une phrase de huit plus quatre. Lenteur de la part des camarades. Trois, quatre. Il faut rattraper le coup du cercle, ne serait-ce que pour l'honneur. Six, sept. Pour le public présent. Se redresse, déroulé de dos. Le projecteurs en pleine gueule. Groupe un démarre, ne pas bouger. Agréable. À son tour, volte face, bras tendus et battement de la droite vers l'avant. Jusque là, c'est bon. Battement vers la droite, les bras à gauche. La pointe, nom de Dieu. Torsion, puis croisé devant-derrière-devant avec un cercle de bras vers le haut. Ca foire."
Entrée en scène douteuse. Titubant jusqu'au comptoir, les dépassant sans un regard. Visant au loin cette merveilleuse et si élégante bouteille de whisky en tenue de soirée. Séduisante à souhait. S'affale sur son tabouret, et attend. À boire.


Sa passion à lui, c'était son cristal. Le calice en plastique qu'il achetait dans la supérette du coin de la rue. Bas de gamme, mais au prix plus qu'accessible et surtout par pack de six. Comme la bière. Toujours le portefeuille en main, il aime les dégustations. Et les couleurs fruitées. Comme celle du bon rosé. L'avantage, il lui en fallait peu pour être ravi. Comme avec le rhum. Et mieux encore, il y avait trop de déclinaisons pour toutes les citer. Vodka, gin, jet, pastis et compagnie. Il n'était là que pour ça. Et oui. À cette heure, le supermarché n'est pas encore ouvert. Non, pas encore. Tristement célèbre, Dionysos vient remplir sa chope chez les enfants misérables. Dernier secours. Le déshonneur, c'était que le droit à l'image n'existait plus, une fois la barrière de la galaxie de joueurs franchie. De ce fait, il était reconnaissable. Exploitable. Coincé. Catégoriquement pris en flagrant délit. Ce n'était nul autre que le professeur d'histoire. Son professeur d'histoire. Leur professeur. Et il était là, devant elle, à moitié raide. Il suppliait du regard le mur aux étagères bénites. Il priait les forces occultes de lui venir en aide. Tout ça en ayant ses facultés motrices et intellectuelles réduites au stade de celles d'une sèche. Puissant. La blonde le mire un instant. Sourire en coin. Pas tant de pitié ni d'esprit moqueur. Surtout, de la surprise, de constater qu'il n'avait plus rien à descendre dans sa tanière. Qu'il était contraint de se rendre ici pour un verre en plus. Ou deux. Qu'importe. Il avait soif. Ca se voyait. Son allure était trempée, son vêtement de même. Il n'a rien dit, en arrivant. Une trentaine de secondes à peine, c'était trop peu pour qu'il recouvre la parole. Il s'est simplement contenté de poser son postérieur sur le coussin du siège, et de patienter tranquillement que le serveur daigne se présenter face à sa carcasse qui n'avait plus rien de vivant. Mort à moitié, survivant d'une guerre qui ne concernait que lui. Quelle extase. Silence religieux devant ce spectacle satanique. Soupir subtil. Détachement sans regrets. Plus rien d'interrèssant à voir. Une perte de temps. Il y avait une Muse bien plus alléchante à convoîter qu'un ivrogne en manque de nectar.

- Enfin, pas d'alcool. En petite quantité. Tu ne veux pas finir dans cet état, je présume.

Iris lapis-lazuli en sa direction éteinte. Conduire la beauté de l'ingénue tout droit vers la crasse du rampant. Ecart considérable.

- Même si tu le veux, je ne te laisserai pas faire, de toute façon. Pas moyen.

Deux minutes. C'est court. Et la situation s'embrouille. Ca part en farandole mirroitante, on ne voit rien, on est perdu. Plus qu'une minute pour faire jouir les asticots justement correctement inspirés, déjà cette nuit.
Ca va? Pas vraiment.

Trois.

"Concentration. Un, deux, trois, quatre. Expiration. Cinq, six, sept, huit. Détente. Un, deux, trois, quatre. Inhallation. Cinq, six, sept, huit. Suivre les temps. Un, deux. Connaitre les pas. Trois, quatre. Maintenir un périmètre de sécurité. Cinq, six. Calcul. Sept, huit. Habileté. Un. Ensemble dansemble. Deux. Mesure de distance. Trois. Marche sur un temps. Quatre. Force surhumaine et avortement précoce. Cinq. Délire psychotique, nécéssité graphique, résolution difficile. Six. Goût âpre dans la bouche, perte spatiale. Sept. Nausée inopportune, complication non prévue, abandon du contrôle. Huit. Déséquilibre. U- et deux. Exemple de geste complexe. Trois et quat-. Maladif, tête qui tourne. Cinq. Mauvaise blague. Six. Repos. Se- et hui-. Faits non accomplis, la vue se trouble. Un, deux. La salle, le public se floutte, devient transparent. Trois et quatre. Baisse de tension. Cinq, six. Disparait. Sept. Musique entrechoquée. Huit et un. Reprise compliquée. Deux. Crissements suraiguës dans les oreilles. Trois. Vision double. Quatre et ci-. Morsure buccale. Six, sept, hu-. Il joue dans sa régie, elles s'anniment. Un. Platines céramique. Deux, trois. Pantins. Quatre et cinq et six et sept et huit. Une, rebelle. Un et deux et trois et quatre et cinq. Ne suit plus ses rythmes entrecoupés. Si-, sept. Titube de droite à gauche. Huit. Bulles envahissant la scène. Un. Regards ahuris des autres. Deux, trois, quatre. Variation numérique. Cinq, six. Sud Sud-Ouest. Sept et huit. Enchaînement laborieux. Un, deux, trois. Licence brûlée. Quatre, cinq. Désir apocalyptique. Six, sept, huit. Destruction chaotique. Un. Source de problèmes. Deux. Nocives. Trois et quatre. Ouïe défaillante. Cinq. Tranche et lacère. Six. Vacille. Sept et huit. Point noirs et blancs devant les pupilles. Un et de-. Dilatation. Trois et qu-. Ovation. C- et six. Distortion. Sept et h-. Complication. Un. Exhaltant. Sept. Pas de côtés. Huit. Fils emmêlés. Quatre. Panique. Deux. Horreur. Six. Réactions des personnalités présentes. Trois. Rires. Cinq. Etonnement. Sept. Soupir. Cinq. Cruauté bestiale. Huit. Compassion inexistante. Un. Transpiration. Trois. Efforts. Deux. Invalidité peu commune. Quatre. Problème technique. Six. Flash agressif. Huit. Photographe arrivé. Quatre. Différence de jeu. Un. Sadisme. Six. Décpetion. Sept. Se voir mort. Cinq. Retour à la normale. Deux. Retour à la normale. Deux. Retour à la normale. Deux. Retour à la normale. Deux. Retour à la normale. Deux. Retour à la normale. Deux. Retour à la normale. Deux. Retour à la norm-. Un. Calme progressif. Deux. Arrêt complet. Trois. Comme tous les autres. Quatre. Robots en panne. Cinq. Mort de tout le village. Six. Encrage des systèmes radioactifs bloqué. Six. Action néfaste répétée. Six. Saturation d'information. Six. Numérotation religieusement incorrecte. Six. Mécanicien en route. Sept. Vertige. Huit. Patience. Un. Et tournoie. Deux. Décompte. Trois. Gravé en tête. Quatre. Patience. Cinq. Virus. Six. Détachement. Sept. Victoire. Huit. Tombe en arrière. Un. Inanimé. Deux. Contact sur le sol dur. Trois. Choc. Quatre. Coupure du système. Cinq."
Dialogue muet, lorsqu'il se décide à rentrer. Trempé jusqu'aux os. Il avance prestemment, s'interpose entre les deux nymphes. Ethernuement. D'un raffiné. Il ne s'excuse pas, il a l'air fatigué. À le prendre pour un drogué, il n'a plus la notion du temps. Perdu.

Son air vagabond lui donne envie de le frapper. C'est intolérable. Une pareille loque ne devrait pénétrer dans ce lieu. Ni lui ni l'homme d'histoire ne devrait être ici. N'aurait dû déranger leur répliques. Il n'en regardait qu'une, silencieux. Timide. La fille de Satan. Celle qui craignait ce regard docile et fuyard. Celle qui n'aimait être miré avec cet oeil délicieusement naïf. Celle qui ne se considérait pas comme l'être à observer aussi passionnément. Il y avait divine entité, seulement derrière lui. Il n'avait qu'à pivoter, et son visage serait en contact avec ses yeux de feu. Simplement, il devait être effrayé. N'osait croiser sa vision pyromane. Par crainte d'une calcination au douzième degrès. Caduceus. Centre du trauma. C'était tellement évident que cela parraissait ridicule vu sous cet angle. Il avait peur de la mort, et décidait de l'éviter. Manque de chance. La mort n'était pas du genre à se découvrir en plein air. Plutôt à se cacher derrière la personne qui a le plus de potenciel nocif. L'autre. Apparait derrière l'ectoplasme reconnu. Ce jour-là, au cimetièrre. Tenu de rejouer la scène de Rachel face à Emilie. Bien entendu qu'elle s'en souvient. Son type nippon et son attitude remarquable. Une rencontre parmi tant d'autres. Une rencontre à nouveau. Les même corps. Pourtant, il n'y a que la chair qui stagne.
Alors meurs. Meurs d'avoir tenté de percer la coque qui les maintenant ensemble. Meurs.

- Sy... Syndel... Je... enchanté, je suis Lyo. J'ai... j'ai besoin que tu m'aides.

Enchantée. Cependant, tu ne t'appellais pas Kyo, avant?

- C'est l'anniversaire de Kyo, aujourd'hui...

C'est vrai, pardon. Tu es deux. Lyo, et Kyo. Elle connait Kyo. Alors voiçi l'autre.

- Je...

Tu... Pas de doutes, tout le peu d'amour qu'elle porte à ce personnage ne va qu'à une seule partie de cedit personnage.

- Je voulais lui offrir la chance de te parler une nouvelle fois mais...

C'est une chance, de lui parler? Voyons, retourne-toi, et regarde la vraie chance, en ce temple ankylosé. Mire la véritable force de ce culte. Tourne toi vers la bonne personne.

- Depuis hier il...

Tu arrives à aligner deux phrases complètes? Par curiosité. Sans rire. Tu ne voies donc pas que tu te trompes sur toute la ligne?

- Il ne me répond plus.

Mais par tous les diables, pourquoi est-ce qu'il ne voie pas qu'elle n'existe pas, ici? Ne comprend-il donc pas qu'une fois la foule arrivée, elle n'existe plus? Pourquoi s'obstine-il à l'aperçevoir, même s'il sait pertinnament qu'il prend des risques énormes? Pourquoi continue-il ce manège? Pourquoi cherche-il à se tuer? Pourquoi c'est sur elle que ça tombe? Pourquoi c'est encore grâce à elle que ça ira?
Conneries. Oubliez-la. Depuis vos entrées en scène, elle n'est plus ici.
Ses joues se teintent d'une étrange texture liquide. Derrière, la belle s'extasie de son adulation. Le loup en elle jubile de sa position plus que favorable. À proximité, le fêtard ne répond à aucun signes. Il n'y a qu'elle. Neutre. Il n'y a qu'elle, polyvalente. Il n'y a qu'elle, disparue. Il n'y a qu'elle. Inconsciente. Ils se sont donnés rendez-vous pour la tuer. Ils sont tous là pour l'achever. Chacun d'entre eux est venu pour la poignarder. Paranoïa.
Hors de contrôle. Ne répondant à aucune loi. Elle se lève brusquement. Regard noir vers le jeune asiatique schizophrène. Le mire de haut. Neutralité émotive. Activité lacrimale en ébullition. Remuante. Bouillane. Assène deux mains d'acier sur ses épaules frèles. Lourdes. Ses doigts se durcicent. Molécule nerveuse en dysfonctionnement. Crispation saccadée. Respiration calme, posée. Besoin d'extériorisation. Folie passagère. Le porte à sa place, se rend à la sienne. Echange de bon procédé. Menace critique. Le pousse legèrement. Juste pour le faire s'asseoir.


- Ecoute. Je n'ai rien à faire ce soir. Alors nous réglerons ça tout à l'heure, d'accord?

Tension à zéro. Atmosphère plus sobre. Sourire malsain en coin, paupières closes.

- Iromy, excuse moi.

Main dans les cheveux. Pas souple et gracieux. Echine de ballerine, carrure d'inconnue. Visage blâfard, stoïque. Se retrouve derrière le bar. Place de choix. Hallucination. Couleurs criardes trop dépareillées pour former une uniformité décapante. Mal de crâne. Lui faisant face, ses trois meurtriers. Professeur d'Histoire perdu dans ses pensées bondissantes. Lyo perdu dans son raisonnement et Kyo perdu dans son coma artificiel. Iromy, perdue tout court. Saisit le shaker, le dépose sur le bar. Tourne la tête violamment vers la larve à moitié trépassée. Grand coup de poing sur le comptoir.

- Debout. C'est ma tournée, et ça vaut aussi pour toi.

Il n'attend que ça. Il ne va quand même pas s'endormir avant d'être entièrement ivre, non. Pose les coudes, appuye le menton sur les paumes. Tous aussi perdus les uns que les autres. Retrouvés dans le Kako's. Autant en profiter.
C'est connu, c'est connu. À présent, il va falloir faire avec. La morsure de l'attente n'en serait que plus douloureuse encore. Test.


- Alors, qu'est ce que je vous sers?

Trois minutes sont écoulées. Et les vers ont réussi à la bouffer.
Ca va? Non, ça n'va pas du tout.


Et vous, tout va bien?
Ne pas vouloir connaître pour ne pas regretter.
C'est court. C'est parce que trois minutes, c'est rapidement écoulé.


[Je me suis perdue,
Au printemps de la vie.
Tant pis, je t'en remercie de tout coeur.
La faim au ventre,
Je t'étouffe de mes bras
Te prouve mon ardeur,
Tu manques à mes tissus sans chaleur.

Sommes nous heureux ici et maintenant?
Seras-tu là pour longtemps?
Sommes nous heureux ici et maintenant?
Seras-tu là, on n'aura bientôt plus le temps.

Que le temps me semble beau,
L'humain sent si bon.
Que les cieux me semble chaud,
Demain est si loin.
Ailleurs, c'est ici.]
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Iromy Nagaïa
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MessageSujet: Re: Lunaire [Auro, Iromy, Lyo]   Lunaire [Auro, Iromy, Lyo] EmptyMar 22 Mar 2011 - 17:29

- Que désires-tu? Enfin, pas d'alcool. En petite quantité. Tu ne veux pas finir dans cet état, je présume. Même si tu le veux, je ne te laisserai pas faire, de toute façon. Pas moyen.

D’un naturel bivalent. De toute façon, ici, tu ne t’y prendras pas. Pas comme ça avec elle. Tu passes tes doigts sur la chaîne suspendue à ton poignet, laisse tes iris se confronter aux siennes. Te perds dans le bleu de l’océan. Les vagues et les tréfonds de sa carcasse sombre. Ouragan et maelström.

***


-Nous ne dormons pas. Ici, la terre tremble. Ici la terre tremble. Je ne dors pas et j’ai peur. Tout s’effondre sous nos yeux. Je n’arrive pas à dormir, et j’ai peur.
- Ici… tout a disparu. Les flots ont tout ravagé. Tout, il ne reste rien. Non, la terre ne tremble plus, il n’y a plus de terre. Je n’ai plus de maison. Pas même de vélo. Enfin, pédaler dans la boue… et puis, pour aller où… à présent ?
- Il a été décidé de ne pas alerté la population allemande. Le silence sera fait sur la situation actuelle du Japon. Les Etats sont démunis devant telles circonstances.
- La seule chose qui ai tenue ici, c’est l’hospital. Nos malades ne sont pas morts. Rien ne résiste au béton armé.
- C’est la Golden Week. Je vous assure les enfants. Demain, on part à Osaka. Voir la mer.
- Notre équipe s’occupe de tout. Nous limitons un maximum les dégâts. Nos hélicoptères versent de l’eau dans les réacteurs.
- Oui, nous allons mourir de cancer, mais nous le faisons pour notre pays.
- Tu n’aurais pas vu mes cachets, chérie ? Ma ratte me fait souffrir.
Dans la voiture. Sur le toit.
- Une troisième centrale vient d’exploser au Sud-Est de Tokyo. Les dégâts sont minimes. Le réacteur encore sain.
- Les fleurs ont éclot après Hiroshima. Nous sommes éternels.
- Nous sommes sans nouvelle d’une ville entière, trois centrales sont défaillantes, la terre tremble sans s’arrêter, un tsunami a ravagé nos rivages… Un typhon, bientôt ?
- Je ne quitterais pas cet endroit, même pour tout l’or du monde. Je sais qu’elle est là, quelque part. Sous ces décombres. Je le retrouverais. Je me le promets.
- Et que pensez-vus de la situation actuelle ?
Et vous, qu’en pensez-vous, enfermé dans votre costume à cinq milles dollars ?
- Un avion sera envoyé par le roi du Maroc pour rapatrier tous ses ressortissants. Six cents sont quelque part, sur le territoire. La France va faire de même. Ainsi que sa Majesté la Reine d’Angleterre.
- Restez confinés. Ne sortez de chez vous sous aucun prétexte. Isolez vos portes et vos fenêtres. Faites-vous des réserves de nourriture. Enfermez-vous dans une pièce avec un minimum d’aération. Débranchez tout appareil électrique. Gardez les animaux à l’étage. Conservez le contacte avec le monde extérieur grâce à un transistor radio. Ne paniquez pas. Ceci est une alerte nucléaire.
- Le pire dans tout ça, c’est la faim. Mes enfants ne comprennent pas. Ils aimeraient aller jouer dehors. Comme avant.
- La bourse tokyoïte a été divisée par trois en deux jours. Tous ont revendu, j’ai fais de même. Trente-deux millions engloutis par le tsunami.
- Bien-sûr que nous en profitons. Tous les hôtels sont saturés. Nous affichons tous pleins. Et il y a de la demande. Beaucoup. Alors, les prix augmentent vite. Très vite.
- Mon fils, par pitié. Rentre à la maison. Je t’en pris. Rentre à la maison. Rentre à la maison. Rentre à la maison. Mon fils, je t’en pris, mon fils, rentre à la maison.
- Nous loger ? Le seul hôtel que nous ayons trouvés, à Osaka… 250€ la nuit par chambre. Par personne. Nous sommes trois. Après ? Non, je ne sais pas comment faire. Je suis… Non, je ne sais pas. Mardi, nous n’aurons nul part… Nous n’aurons bientôt plus d’argent. Alors…
- Quand ça a tremblé, j’ai eu très peur. Mais papa est là pour moi, alors ça va aller. Pas vrai, papa ?
- Ils flottaient, sur les flots. Tous ces cadavres. Tous regardant le ciel. Je ne veux plus ouvrir les yeux. Je sais qu’elle fait partit de l’un d’entre eux à présent.
- Ici ? Seulement des vitres brisées. Non, je ne peux pas m’en rendre compte. Je ne sais pas ce qu’est la misère.
- Dans un périmètre de 30km, tous les habitants logeant près d’une centrale défectueuse devrons fuit au plus vite. Dans le calme, et l’ordre.
- Vous me manquez tous. Non, je ne vais pas mourir. Je resterais là-bas. Parce que je l’aime.


[ “Hush.
It’s okay.
Dry your eyes.
Dry your eyes.”
]


***


Tu me regardes. Il se traîne. Ils entrent.
Tu me regardes. Il s’affaisse. Ils s’approchent.
Tu me regardes. Il cherche l’élixir. Ils convulsent.
Tu me regardes. Il rampe contre le comptoir. Ils baragouinent.
Tu me regardes. Il laisse tomber ses bras. Ils bredouillent.
Tu te détournes. Il s’écroule sur le zinc. Ils ânonnent.
Tu les regardes. Il gémit doucement. Ils bafouillent.
Tu l’écoutes. Il se gratte la tête. Ils bégayent.
Tu poses tes mains sur leurs épaules. Il se retourne, cherche de quoi boire. Ils rougissent.
Tu les fais taire. Il grogne. Ils se taisent.
Tu les fais s’assoire. Il s’étire. Ils s’assoient.
Tu passes tes mains dans tes cheveux. Il se crispe. Ils se taisent.
Tu fermes les yeux, soupires. T’excuses. Aucune réaction du camp adverse.
Tu me regardes. Il te regarde. Ils te regardent.
Je te regarde.
T’observe. Incessamment. Te souris compulsivement.
Tu es laide aujourd’hui.
Aussi laide que la première fois.
Tu ne changeras jamais.
Inaccessible.
Impératrice.
Dame de glace.
Des tréfonds.
Abyssale.
Mauvaise.
Sacrée.
Rare.
Rire.
Amour.

Là-bas. La pluie tombe sur nos dépouilles charnelles.
Mais nous ne sommes plus là-bas.
Nous sommes ailleurs.
Ailleurs avec toi.


- Iromy, excuse moi.

Mon nom. Il prend des allures incroyables sortit de ta bouche. Eveil.
Tes yeux se braquent sur moi. Tu me parles, et je n’écoute plus. Tes lèvres, une symphonie. Ta gorge lâche des râles subtils. Tu t’approches, ton odeur s’approche. Je ferme les yeux, les réouvre. Toujours là. Ta robe déchirée comme seul atours. Ta gorge se serre lorsque tu prononces les r. Ton accent est imperceptible, tu te caches. Te découvres pour mieux te dissimuler. Mécaniquement, tu soulèves le menton lorsque tu me parles d’eux. Toi et ta fierté vulgaire. Tu t’excuses par une légère montée de ton timbre clair. Remets en place une mèche décolorée te tombant devant les yeux. Clignes des paupières avant de te retourner. T’approches de la masse comateuse. Ecrases tes points sur le plateau du comptoir. Le fait sursauter. N’aurais-tu pas oublié tes colorations rétiniennes ? Tes yeux sont bleus. Tu les regardes. De ces saphirs nouveaux. Inondes le monde de couleurs nouvelles. Te décroches de moi. Pars. Tu as tant à faire. Encore tant à faire. Mais, ne t’inquiète pas. Nous avons le temps. Quelques jours. Encore quelques jours. Nous avons amplement le temps.

- Debout. C'est ma tournée, et ça vaut aussi pour toi.

Tes mains sous ta gorge divine. Le regarde amusé. Jouant avec ce qui te tombe sous la main. Posture féline, posée contre tes bras découverts. Alternant le regard. Lui. Eux. Et moi. Dangereuses suspicions au creux de l’iris. Peur non justifiée. Pourtant légitime à ta personne. Tu as peur, mais tu te caches. Continuellement. Te dissimule où place il y a. Tu crées l’espace. Réserve ton espace personnel où camoufler ton immense présence. Où séquestrer ton âme démoniaque. Imposante. Imposante. Trop pour toi. Trop pour nous. Y parviendras-tu ? Haha. Non pas de toi ici, je t’en pris, retourne dans ton monde. Pas de toi ici. Il y a encore tant à faire. Tant de maniaco-dépressifs à aller enterrer. Ici, personne n’a besoin de tes services. Une dernière chose. Ecoute, elle n’est pas à toi. Non pas encore. Laisse-lui le temps, encore un peu de temps. Bientôt son état empirera, tu le sais. Nous le savons tous. Et ce jour là, ce jour là seulement, elle sera à toi. Entièrement. Ses rêves et ses cauchemars. Sa réalité virtuelle et caustique. Toute tienne. Tu pourras jouer d’elle comme bon te semble, jouer de ses formes harmonieuses, de ses lubies précaires, des ses réactions sulfureuses. Elle sera nouvelle actrice de ton micro-théâtre personnel. Mais ce jour là n’est pas encore arriver. Un peu de patience. Je te le promets, bientôt. Un peu de patience. Aujourd’hui, elle m’appartient.
Une dernière volonté ?
Et toi, es-tu perdues ?

- Alors, qu'est ce que je vous sers?

Rappelle-toi. Choisit.
Non, ça n’a pas d’importance. Lâche un mot. Le premier qui te vient à l’esprit. Oublie Vanita, non, je n’aime pas les mauvaises surprises. Syndel. Holy. Auro ou Lyo. Qu’importe. Sort un mot, on s’en contentera. Vu leur état, ils ne feront pas la différence.
Pace que tu aimes quelque chose, toi ?

- Dans ce cas. Du citron. Avec beaucoup de sucre.

Fais le tour du zinc, la main frôlant le bois. M’approche d’eux. Jète à un oeil au gamin. L’attrape par la manche et l’attèle au bar. Auprès d’eux. Tout le trois. De nous. Rejoint l’ivrogne et son alter-ego animal. Passe une main sur son épaule. Son cou. Son menton. Le remonte. L’autre pour son dos. A la hauteur d’un humain conventionnel. Lui souffle dans l’oreille. Le force à se réveiller. Grogne doucement. Gratte ses cheveux. Homme-Loup. Nous savons à quel point c’est réconfortant. Là, là, toujours là. Là. Toujours.

- Et pour lui aussi. Avec beaucoup d’eau.

Et l’autre. Le Nippon. Son regard atterré posé sur nous. Non, on ne te mangera pas. Je te le promets. La tête contre son épaule, le dévisager, le regard interrogateur. Malice non dissimulée.

- Citron ? C’est très mauvais pour la santé.

Parce que nous allons boire jusqu’à nous enliser. Jusqu’à ce que l’acide sommaire de la chose nous transperce l’intestin. Encore et encore, un nombre impressionnant de verre que les compter ne sera plus entreprise humainement possible. Il deviendra notre opium personnel. Vomir ne servira à rien. Il deviendra ce qu’il deviendra par notre propre vouloir. Quitte à se faire du mal, autant le faire licitement. Comme si nous n’étions qu’à ceci prés à présent. C’était pitoyable. Lui était déjà en loque, l’autre n’avait pas l’air capable de digérer la moindre gorgée. Vu leur état respectif, autant montrer l’exemple. On ne comptait pas se retrouver avec deux cadavres sur les bras. Pas cette nuit. Pas ici. Pas avec elle. Non, pas avec elle.

Ca te dis, un cocktail javel-grenadine ?
Non ? Citron alors.
Citron.

Ca vaudrait mieux. C’est moins douloureux.
Plus audacieux. Mais le mieux
Imperceptible à l’autopsie.

C’était donc ça…
Ecrase.
Moi non plus, ça n’va plus du tout. Plus du tout.
« Ce que tu ignores ne pourra pas te faire souffrir. »

- Cette semaine, aucun tremblement ne devrait toucher notre pays. Fuji nous contemplera de sa grandeur abyssale. Eternellement.

- Et toi, que prendras-tu ? Syndel.

Pas de mauvaise réponse, je t’en pris. Pas de mauvaise réponse.

[ “All the pretty visitors
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The shadow of a snake pit on the wall
All the pretty visitors
Came and waved their arms and cast
The shadow of a snake pit on the wall”
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