Je suis en train de marcher dans le vieux village près de l’internat et les rues sont silencieuses… Cela est apaisant mais… si tout autour de moi devient calme… je m’entends encore plus facilement hurler… Pas une seule feuille ne bouge et personne ne semble m’entendre crier… Peut-être est-ce tout simplement parce que je ne crie pas.

Je regarde le ciel, je me sens calme tout à coup… trop calme… alors, lorsque je me mets à courir, je ne le lâche pas des yeux… ce ciel. Il est gris, couvert de nuages aux eaux impures et sales, il n’y a pas d’étoiles, où alors, peut-être que je ne peux pas les voir… Hum peut-être… Et il est certainement encore tôt… Enfin je ne sais pas, je n’ai pas la moindre idée de l’heure qu’il peut être. En tout cas, ce ciel est bien laid… Si laid…

J’entendis alors un bruit de pas. Quelqu’un marchait vers moi, ou dans ma direction en tout cas. Car je n’étais personne après tout. Je n’étais personne ? Mais pourtant… j’étais là. J’existait bon sang ! Je courrais… je me sentais mal… j’avais envie de gerber sans savoir pourquoi… j’avais mal partout, du bout des doigts aux orteils… Et j’avais la tête qui tournait… Je ne savais pas vraiment où j’allais, tout ce que je savais, c’est qu’il fallait que je bouge. Mais, le bruit de pas s’est affaiblit peu à peu. Ce n’était donc pas vers moi que l’homme, la femme ou encore la créature marchait… Qui était-il ? Et qui étais-je moi ? Je… pourquoi ? Aaaaah ce mal de tête…

C’est toujours comme ça. A peine je me pose une petite question que ma tête décide de tourner. Quand j’habitais avec la famille de Lyo, le médecin lui avait dit que nous étions sujet à de « grosses migraines ». Qu’il n’y avait « rien de grave ». C’est-ce qu’il disait… Alors pourquoi cela faisait-il si mal ? Ça tournait… ça tournait… ça tournait… et cela ne semblait jamais prendre fin. C’est toujours comme ça… Dès que j’essaie de me rappeler de mon passé, de celui que j’étais avant que Lyo m’appelle… j’en deviens malade. C’est pour ça que je préfère ne pas trop me poser de questions. C’est pour ça que je regarde toujours tout avec cet air négligeant. Mais… cela va continuer encore pendant combien de temps ? Ce drôle de jeu ne me fais plus rire. Et en fait, je ne pense pas qu’il m’ait au moins fait rire une seule fois. Je ne sais pas qui je suis. Je suis juste « Kyo ». Le mec que Lyo a un jour eut la très bonne idée d‘appeler. Je suis cette personne qui s’occupe de lui et qui par conséquent doit partager le même corps. Lyo n’est pas schizophrène. Nous ne sommes pas juste deux personnalités différentes d‘une même personne. Nous sommes très différents. Je viens d’un autre monde que lui. Ou alors… es-ce lui qui m’a réellement donné vie ? Aaaaah… ça fait mal… stop… stop… j’ai dit STOP !

Mais je ne peux m’empêcher de penser. C’est plus fort que moi, j’y peux rien. Je VEUX savoir… Comment avancer alors que l’on ne sait pas où le chemin a-t-il commencé, hein ?! Je… suis perdu.

Je relève la tête, les rues sont trop sombres ici, cela ne me plait pas. Et il commence à pleuvoir en plus. Le tonnerre commence à gronder… alors je cours de plus en plus vite. J’arrive devant une grande porte de bois mais je suis déjà trempé. Je l’ouvre et, le temps d’un instant, j’aperçois mon ombre, sur dimensionnée, sur le sol de l’église où je viens d’entrer. Je n’ai même pas le temps de refermer la porte que l’éclair avait déjà disparut.

J’avance doucement… Je me sentais plutôt bien ici. Je ne sais pas, j’avais l’impression d’y être déjà venu mais… Lyo n’est jamais entré dans une église. Alors… comment…? Je m’avance vers une toute petite bougie qui a presque finie de se consumer et je me mets à parler…

- Tu ne peux pas exister sans te détruire toi-même hein ? On est pareil tous les deux.

Lyo n’a pas semblé m’entendre. Ou bien, peut-être qu’il n’osait pas dire ce qu’il en pensait. J’ai alors entendu un bruit… En me retournant brusquement, j’ai fait tomber la bougie. Le bruit venait de plus loin dans l‘église… Mais il y avait tellement peu de lumière que je n’arrivais qu’à distinguer une ombre…

J'ai demandé "Qui est là ?" au moment même où la lumière de la bougie s'est éteinte.

Je ne voyais à présent pas plus loin que le bout de mon nez, et l’homme m’avait répondu sans que je ne puisse le voir. Professeur d’art. Monsieur Hellsing. Du lycée voisin. Il m’a ensuite demandé qui étais-je moi… Mais j’étais tellement bouchée bée de voir avec qu’elle facilité il s’était présenté que je n‘ai pas répondu de suite. Cela n’avait rien d’anormal. Les gens se présentent toujours de cette façon là… Mais cela ne faisait qu’empirer mon mal de tête. Pourquoi moi ne pouvais-je pas me présenter tel que j’étais ? Et qui étais-je en fait…? Kyo n’est sûrement pas mon véritable nom. Et de toute façon, je ne le donne jamais, je me présente toujours en tant que Lyo Loki. Pourquoi ? Parce que personne n’est censé savoir que je suis là… Du moins en principe, mais il y a toujours des exceptions qui confirment les règles hein ?

**- Ky… Kyo il fait tout noir !
- Quel sens aigu de l’observation… tu m’espantes.
- Mais c’est pas ça ! J’ai… j’ai peur du noir.
- …**


- Tsss…

Ma main s’est instinctivement posé sur mon front. Il était brulant… J’avançais légèrement, sans vraiment le vouloir, un instant après je sentis sous mon pied la bougie et la ramassai. Je l’ai reposé à sa place, et j’ai alors utilisé l’un de nos pouvoirs, à Lyo et à moi. J’ai fait apparaitre des dizaines de petites bougies devant moi, venues de nul part, elles se sont délicatement déposées sur la pierre froide du sol de l’église. Cette chaleur me faisait un bien fou… Et mon regard resté fixé sur leurs lumières vacillantes, j’étais comme hypnotisé… Mais en fait, je me sentais fatigué. Puis, trouvant impoli d’attendre plus longtemps de répondre, j’ai relevé la tête, et j’ai souri. Mais ce n’était pas un véritable sourire. Cet homme ne devait pas être bête, il a certainement dû le remarquer : qu’il n’y avait que mes lèvres qui formaient ce sourire hypocrite. Mes yeux, eux, restaient froids mais plus sincères, et je ne prenais pas la peine de scruter son visage encore à moitié dans l’ombre. Pourquoi avait-il fallu qu’il y est quelqu’un dans cette maudite église ? Hein ? On peut pas être tranquille des fois ?!

- Je suis Loki. Lyo Loki.

L’église était grande, alors mes mots ont semblés résonner en un écho difforme contre le vieux marbre gris. Et quand je refermai la bouche, le sourire disparut avec mes paroles.
Je fis apparaitre une petite boite d’allumettes, directement dans ma main. En avançant vers ce soit disant prof d’Art j’allumais lentement chaque bougie qui se trouvait sur mon chemin et qui étaient éteintes jusqu‘à maintenant, éclairant ce lieu terne d’une faible lumière.

- Je n’aime pas trop les églises. Je trouve ces lieux trop sombres. Pas vous ?

Pénombre, ambiance tendue. Ma réponse semblait avoir déstabilisé le jeune homme, jeune homme d'où sa voix, mais elle n'eut pas l'air de le détendre pour autant. Cela dit, nous étions tout deux dans la pénombre et il était enfermé avec un démon. Puis il parla. Apparemment, il s'appelait Lyo Loki, j'aurais porté plainte contre mes parents avec un nom pareil. Enfin bon. Il avait l'air étrange, comme s'il n'était pas concentré sur notre discutions, qu'il discutais avec quelqu'un d'autre. Cela me contraria un peu. Je voulais sortir, j'en avais assez de cet endroit, toute ces angélismes me dégoutaient. Mais avant, je devais savoir pourquoi il était là et pourquoi diable ne semblait-il pas intimidé. Quelque secondes tendues passèrent puis il semblait enfin bouger, Il avait quelque chose dans la main. Quelque chose qui n'y étais pas avant, il l'avait fait apparaître. J'en déduis donc que c'est un magiciens, jeune certes, mais un magicien quand même.

<< S'il tente quoi que ce soit, il mourra. >>
" Il tient des allumettes, ma belle "

Apparemment, il en avais assez de ce noir oppressant et se mit en tête de l'éclairer. Il allumait tour-à-tour chaque bougie éteinte de cette église, se rapprochant de plus en plus de moi. Peut-être cachait-il son jeu, peut-être que sa simplicité était une mise en scène pour m'attaquer. Je resterais prudent, après tout, je ne sais ni qui il est, ni d'où il vient, ni pourquoi il est la. Hionna me demandais sans arrêt de sortir, si elle était exposée au dehors, elle pourrait me protéger en cas d'attaque de ce jeune magicien. J'en avais l'intention, si il jouais un jeu tordu pour mieux se rapprocher de moi afin de mieux m'entourlouper, comme sa je serais prêt. J'allais l'invoquer quand le jeune magicien repris la parole, je m'arrêta puis réfléchi. Pouvait-il lire dans les pensées? Parlait-il pour me distraire? Allez savoir, en tout cas je ne le le laisserais pas s'approcher d'avantage.

- Je n’aime pas trop les églises. Je trouve ces lieux trop sombres. Pas vous ?

Si tu ne les aimes pas, jeune imbécile, pourquoi diable viendrais-tu ici? Cela ne faisait que renforcer mes doutes à ton sujet. D'ailleurs, vu les nombres de vitraux présents ici, les jours de grand soleil cette église doit être bien éclairée, pourquoi as-tu dis sa? Je ne me laisserais pas avoir, je ne suis pas dupe. Mais je décida de jouer ton jeu. Si je me mettais a être agressif avec toi maintenant, alors que tes intentions ne sont pas malsaines, je passerait pour un idiot, et tu aurais une mauvaise opinion de moi. STOP. Que m'arrivait-il, pourquoi aurais-je d'un coup peur de ce que les autres pensent de moi?! Cela n'était pas grave, il y avait plus important sur le moment.

- Cependant, je doutes que ces petites bougies t'éclairent beaucoup, laisse moi te montrer quelque chose.

Je tendis mon bras, je ressentis à nouveau la sensation de voir mon corps bruler vif, mais au fil du temps je m'y était habitué. De plus cela ne comptais pas étant donné que Hionna devait me protéger, c'est la raison pour laquelle je l'ai invoquée. Une lumière intense éclairait à présent l'immense salle. Cela me dégoutais toujours autant, je n'avais pas l'intention de rester là. Le jeune magicien avait fait un bond de deux mètres en arrière, on dirait qu'il avait peur de Hionna, en même temps, la puissance qu'elle dégageait étais colossale. Et puisque tu as eu peur, tu ne me voulais aucun mal, je pense que tu es un élève du lycée qui cherchais bêtement un endroit pour s'abriter de la pluie. Autant pour moi. Tu aurais pu partir, mais tu resta. Peut-être pour converser avec moi, cela je t'en remercie.

C'est peut-être parce qu'il était triste lui aussi,
Ou qu'il avait connu un passage à vide dans sa vie,
Peut-être qu'aider quelqu'un lui faisait du "bien",
C'est peut-être parce qu'il voyait que j'en avais besoin.

Ce n’était la lumière qu’il manquait ici. Mais ça, je ne voulais pas lui expliquer, à l’homme. Peut-être après tout, qu’il le comprendrait tout seul, que ça n’allait pas. Car non, rien n’allait comme il le fallait. Comment voudrais-je que cela soit alors…? Je ne sais pas moi. Identique ? Différent ? A l’opposé de ce que j’étais en train de vivre ? Je ne sais pas je vous ai dit… Mais… une chose est sûre… me lever le matin, en ayant envie de me pendre, aller en cours, et me demander ce que je fou au fond de cette classe que je n‘aime pas, n’avoir aucune idée de ce que je veux faire de cette moitié de vie qui m’appartient, me poser beaucoup trop de questions, sur moi, sur la vie, sur cet l‘univers et son fonctionnement étrange, comme si un jour il y avait eu une notice, et que le mec qui s‘en était servi l‘avait tenu à l‘envers… Et que maintenant la terre tourne en fait dans le mauvais sens… Avoir Lyo qui vient me voir en souriant et en s’exclamant : « mais non la vie est belle regarde : le soleil brille… les oiseaux chantent !!! » et d’avoir envie de lui faire sauter la cervelle, rentrer le soir dans ma chambre d’interne et me demander si demain sera pareil… je n’en peux plus. Et puis… j’ai l’impression d’être plus compliqué que la plus part des gens…

Lorsqu’une personne plus ou moins « normale » va chez un psy, généralement le type, il lui résume en trois mots pourquoi cela ne va pas. Cela ne va pas car l’équilibre n’est pas respecté entre le « moi » le « sur » et le « sa ».

Le « moi », c’est vous, votre âme en quelque sorte, la personne que vous êtes vraiment et qui ne se sent pas bien. La personne qui oscille dangereusement entre le « sur » et le « sa ».
Le « sur », c’est votre putain d’ego. Un ego « sage » et respectable, celui qui vous dit ce qui est bien ou mal de faire. Celui qui vous crie que vous devez être le meilleur enfant du monde pour vos parents, que vous devez briller dans les études, dans la vie, et même en amour. Celui qui vous dit que vous devez être là pour vos proches. Et qui vous oblige à être irréprochable. Vous le voyez non ? Celui qui sort la grosse pancarte que vous connaissez si bien et où il y écrit INTERDIT en rouge lorsque vous vous approchez de quelque chose de dangereux. Mon ego à moi est un valet de pique. Il est surdimensionné. Il n’arrête pas de japper. Il n’est jamais satisfait. C’est un putain de perfectionniste qui me pourri la vie.

Et enfin, il y a le « sa ». C’est une sorte de Satan. C’est celui qui va tendrement venir vers toi en te disant : « oui… picole… baise… fais le con Kyo… les cours ? On s’en fout des cours… regarde, prends un crayon dans ta trousse… lààààà c’est bien… sort une petite feeeeuuuille… dessine, gribouille quelque chose… allait, dessine moi une belle petite cerise… ». Toi bien sûr tu lui dis qu’il est stupide au début… Mais après tu trouve qu’il a raison… Boire c’est bien. Boire, ça fait du bien parfois. Baiser hum… ouais ça c’est cool. Enfin, si après la meuf elle t’emmerde pas… Ne pas écouter en classe… ? Bah… j’vois pas où est le problème en fait… C’est vrai quoi, je n’ai pas de passé ici, je n’ai donc pas d’avenir, je ne vis que dans ce présent angoissant… Alors pourquoi me prendre la tête ? T’as raison le « sa ». Mon « sa » à moi, c’est une grosse bestiole velu, genre un gros loup garou mais il est… attachant en fait. Ce n’est pas lui qui va me pousser vers quelque chose qui pourrait m’anéantir non plus. Lui il veut juste que je prenne mon pied.

Et… en parlant de « présent » là pour le coup, je suis dans une église. Etre entré là dedans sous prétexte qu’il pleuvait été une excuse je l’avoue… En fait j’avais besoin… de crier ma haine dans un endroit où Dieu m’entendrait peut-être.
Mais je n’ai pas put crier. Parce qu’il n’y avait pas que moi ici. Il y avait un homme, le prof d’Art du bahut. Pfff. Je m’approchais de lui, jusqu’à ce qu’il me réponde. Je vais te montrer quelque chose qu’il a dit. Mouai… pourquoi pas ? Encore un taré qui veut faire mumuse ? Vas y, je look ton travail. Promis je bouge pas…

ARF PUTAIN MAIS C’EST QUOI CE TRUC ? C’EST TROP CHAUD !!! ET PUIS ÇA M’A NIQUÉ LES YEUX EN PLUS ! J’AI LES RÉTINES QUI ONT FONDU C’EST SUR !

Mon premier réflexe fût de m’éloigner de cette chaleur en un gigantesque bond d’au moins deux mètres *je m‘épatais moi-même sur ce coup là*. Aoutch mais il aurait put prévenir le salaud ! Je regardais pendant encore quelques secondes la masse mouvante, n’y voyant que du rouge/orangé presque blanc tellement cela était violent… Puis, je la vis. Ce n’était pas réellement une femme. Ses formes n’étaient pas vraiment nettes, elles étaient tout juste dessinées et elles oscillaient au rythme des flammes qui étaient bien rouge cendre à présent… Ces longs cheveux dansaient et deux grandes ailes semblaient naître dans son dos… Un ange ? Non… les anges sont rassurants… Et elle, elle ne m’inspirait pas la moindre confiance. En tous les cas, il était clair que mes petites allumettes faisait pitié à coté d’une telle chose. Je souris, regardant la petite boîte que je tenais dans mes mains et je la rangeai dans la poche de mon jean. Je me redressé, plus en confiance, me tenant bien droit à présent. Et puis je me mis subitement à rire. Cette chaleur… cette lumière… pour moi… elle était en fait glaciale. Elle ne faisait que grandir le fossé qu’il y avait entre mon cœur et le monde qui m’entourait. Entre mon corps qui est si froid, et ce lieu où des centaines de flammes grandissaient…

Je ne suis pas quelqu’un de normal. Moi, je ne me perds pas seulement entre le « sur » et le « sa ». J’ai aussi Lyo. Il est dans ma tête… toujours… Ou plutôt, JE suis dans sa tête. Serait-il possible pour moi d’avoir un corps qui m’appartiendrait entièrement ? Non hein ? C’est impossible… Haha… Et voilà que je me remets à rire.

- Haha… hahaha…

Je croise les bras et me penche légèrement en avant, pliant sous le poids d’un rire qui me faisait en fait très mal. Puis, je me suis relevé, j’ai regardé l’homme dans les yeux, puis j’ai fixé la jeune femme de flammes, et je me suis approché d’elle. Le valet de pique me dit alors de ne pas approcher. Que sinon, c’est le petit corps faible de Lyo qui allait en pâtir… Alors… je me suis arrêté. Et mon rire s’est perdu quelque part dans l’église… Putain d’ego à la con !

- Elle est très jolie… C’est quoi son nom ? Et… dis moi… d’où tu viens en fait, monsieur le « prof d’Art » ?

En fait, bien que je sache que diverses créatures vivent ici, je ne sais pas les reconnaître. J’aimerais bien savoir à quelle « race » il appartient… Le « sa » m’a alors chuchoté à l’oreille : « joue… joue avec lui… sans te faire très mal… joue, en faisant attention… tu le peux… ça serait marrant… ça ferait passer le temps… alleeeeer Kyo… joue ! »

Peut-être après… attends « Sa ». Sois patient… je le suis plus que toi là… Et puis…Bien sûr… que l’on va jouer.

C'est moi ou... Je deviens fou...?

Je ne sais toujours pas ce qui m’arrive aujourd’hui. Peut-être es-ce la fatigue…? La fatigue de marcher dans ce monde infernal ou personne ne se retourne jamais pour t’aider… Peut-être était-ce parce qu’il ne fallait pas que je sois là ? Peut-être n’y trouverais-je jamais ma place hein ? J’avais envie de m’écrouler par terre… J’avais envie de crier, sans raison précise, juste comme ça, juste pour hurler et voir ce que ça faisait. J’avais envie de partir en courant… loin de cette église. Mais j’avais aussi envie de ne plus bouger, et de restait planté là pendant des années si je le pouvais. Non, je n’avais pas envie de retourner dehors… mais ici je me sentais si mal… Cette église me disais vraiment quelque chose. Comme si j’avais déjà vu un édifice tel que lui dans le passé… Bah… cela doit être encore ces souvenirs qui me reviennent… Ces souvenirs n’ont pas de suite logique, ils s’enchainent comme ça… Peut-être es-ce simplement des rêves ? En tout cas… c’est dur de ne pas avoir la certitude d’avoir eut ou pas un autre passé que celui décrit par d’autres. Les autres ? Pour moi ça se résume à Lyo. Il m’a montré le livre de magie grâce auquel il a pu me « créer ». Je ne viens pas d’ailleurs qu’il a dit. Alors pourquoi en ai-je tellement la sensation ? Un jour, j’ai entendu une chanson : « je suis comme un papillon attrapé dans la paume d’une main : je ne peux pas voler ». Quand on l’écoutait, Lyo n’a rien dit, il a juste eut un petit sourire triste.

Tout ça pour dire que… je ne suis pas méchant… je ne pense pas être fou… Mais je suis en train de perdre les pédales… Complètement… je ne me reconnais plus. J’ai l’impression de ne plus dicter mes propre actes. Comme si mes muscles et mes cordes vocales n’étaient plus relié a mon cerveau et qu’ils agissaient à leur guise. Et puis… je ne sais pas… cet affreux rire me faisais tellement de bien en même temps... Le prof d’Art devait sans doute penser que j’étais un fou. Il devait sans doute penser qu’il fallait m’interner c’es sûr ! Et je ne lui ai pas montré le moindre respect, celui que tout élève doit montrer envers tout professeur. Et… on dirait que cela ne lui fait rien. Enfin, je ne sais pas ce qu’il veut de moi, je ne sais pas ce qu‘il en pense. Et il peut faire ce qu’il veut je m’en fiche royalement. Je n’ai pas envie de me prendre la tête à essayer de deviner ce qu’il peut bien penser de moi après tout. En plus ça servirait à rien. Et j’ai dû mal à me comprendre moi alors bon…

Il m’a répondu, aussi simplement que possible, allant à l’essentiel. Hionna… C’était donc le nom de la jeune femme. C’était un esprit et sa puissance lui appartenait à lui. Okay, donc il est sûrement dangereux le type… Baaaah…

« Alors Kyo…? Tu joues ? Alleeeer joues avec le monsieur… »

Non « sa » j’ai plus envie… Ce que je veux c’est être normal. Ce que je veux c’est arrêter de penser. Arrêter de t’entendre me parler. Et si possible, me débarrassé du valet de pique. C’est à cause de lui que je réfléchis constamment à ma situation. Il me noie sous ces pensées que je trouve affreuses… « Tu n’as rien à faire ici. Tu pourris l’existence de Lyo ». Mais qu’es ce que j’y PEUX ?! Si je pouvais partir je le ferais ! Sans hésiter ! Je le laisserais ici.

** - Tout… tout seul ?
- Oh ? Tu m’as entendu Lyo.
- Mais moi je ne veux pas que tu t’en ailles !
- …
- Tu… ne veux pas rester ?
- Rester ? Tu me demandes si je veux vivre ? J’aimerai bien vois tu. **

Qu’es ce que je raconte ? Je veux partir… puis je veux rester… Raaaah je tourne en rond ! Ma tête va exploser…! Mon empire pour de l’aspirine !

Pourquoi j’ai toujours mal au crâne…?

- Tu n’as pas peur de me dire qui tu es à ce que je vois… T’es franc… pour un prof.

Je m’arrêtes là quelques secondes… Je me suis calmé… j’ai toujours mal à la tête… ça tourne toujours… mais le « sa » s’est éclipsé un instant… peut-être qu’il fait une petite sieste…

- Et bien alors je vais être honnêtes moi aussi. Je ne suis pas Lyo.

Je n'ai pas regarder l'expression de son visage à ce moment là et m’avance directement vers lui, la flamme bleu de l’esprit à beau être faible… elle ne me semble pas aussi froide que tout à l’heure. Je lui tends une main :

- Enchanté, je m’appelle Kyo… Mais je tiens à préciser : j’suis pas schizo.

Je souris, ce n’est pas le même que tout à l’heure, de sourire, il n’est pas réellement sincère non plus… mais au moins… il n’est pas fou. Parler avec ce type risque de me faire passer le temps. Ça va durer quelques instants, quelques minutes tout au plus… puis après… je me retrouverais seul avec mes autres moi. Je redeviendrais fou pour de bon cette fois-ci… S’il te plait monsieur le prof ne laisse pas ça arriver. Discute, parle, de n’importe quoi, de ta vie, de Hionna, de tes pouvoirs, de ta profession, pose moi des questions, sur ma vie, sur ce à quoi je pense, sur Lyo, sur tout, et sur rien… Parle comme ça je ne pense plus. Quand tu m’auras serré la main je me ferais apparaitre un verre d’eau avec de l’aspirine… J’en ai vraiment trop besoin.

Quelle démence, c'était très amusant de converser avec toi, a vrai dire, je ne me suis pas autant amusé depuis des décennies, je t'en remercie. Tu semblait soit réfléchir à ma réponse, soit tu continuais à sombrer dans ta spirale de démence personnelle, quand tu fais cela, on a l'impression qu'il n'y a plus rien autour de toi, que tu penses à ton être ou alors que tu converse avec toi même plutôt qu'avec moi, qui suis là devant toi, ça me vexait un peu. Tu as vraiment une mine pâle, tu n'as pas beaucoup dormi et tu surveille tes geste car tu as mal au crâne et tu ne veux pas que cela empire. Tu tangue un peu, ta tête tourne également en prime? C'est pas ton jour on dirait.. Allez reste avec moi, divertis moi, je m'amusais bien. L'expression de ton visage passait de la colère, a la déception et même à une tristesse profonde parfois, et tu n'avais toujours pas l'air de réaliser que pour le moment, j'étais toujours devant toi, attendant comme un idiot que tu dise quelque chose..

- Tu n’as pas peur de me dire qui tu es à ce que je vois… T’es franc… pour un prof.
Un moment de réflexion.
- Et bien alors je vais être honnêtes moi aussi. Je ne suis pas Lyo.

Tout ceci est ton imaginaire,
Mais apparemment tu te sens mal sur Terre,
Tout va bien quand je suis la à t'écouter ,
L'utopie apaise ton esprit agité.

Puis tu as avancé, comme ça, vers moi en me tendant ta main, sans même me regarder. Je trouvais cela très amusant, je t'assure. Ce n'est pas aisé pour moi de bien te cerner mais c'était justement cela qui me plaisait, à présent j'aimerais bien connaitre l'autre toi, celui qui n'est pas complètement fou. Je t'appréciais beaucoup décidément, pour que tu m'amuse à ce point. Quel fou approcherait d'un homme qui contrôle un brasier avec une forme humanoïde à deux mètres de lui sans même le regarder en avançant vers lui? Sans même appréhender un instant ce que je pourrais faire. Non franchement?

- Enchanté, je m’appelle Kyo… Mais je tiens à préciser : j’suis pas schizo.

Toi sorti de nulle part, lui tendant la main,
Tu as réussi à lui redonner goût à la plaisanterie,
Grâce à cette mélodie, il en oublie les jeux malsains,
Pour lui commence une belle utopie.

Je lui serra la main, je n'avais rien à craindre de lui et lui rien à craindre de moi. Pas fou? Tu espère réellement me faire croire cela à moi, même si je n'ai passé quelque dizaines minutes avec toi? Tu étais bien sot, je ne te croyais pas. Cependant tu ne l'es pas complètement, une partie de toi néanmoins. Que pouvais-je répondre à cela? La vérité? Le fait que tu es complètement fou, ce qui est on ne peut plus vrai. Un verre d'eau apparu dans ta main, accompagné d'un cachet. Aucun doutes, tu étais donc un magicien. Je ne sais plus quoi penser, a part que tu serais assez fou pour me sauter dessus, pleine magie déployée en m'attaquant, ou en espérant me tuer. Mais ça n'en serait que plus amusant, a mon sens, pas vrai?

- C'est donc bien ce que je pensais, tu partage ton corps avec deux esprits distincts.
Un temps.
- Et puis-je parler à l'autre toi?

Courir contre le vent,
Tenter de devenir sage?
Fermer les yeux loin du temps,
Pour en oublier les ravages...