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 Querida desconocida. [Lolita]

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Eris Almira
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MessageSujet: Querida desconocida. [Lolita]   Querida desconocida. [Lolita] EmptyDim 7 Oct 2012 - 9:00

Querida desconocida. [Lolita] 407481791

    Parfois l'Oubli est le meilleur des mensonges.

    Attends et fais quelques pas. Une minute de plus avec toi. Un instant laissé de côté pour de nouvelles choses. Se lever est inutile. Flotter aussi. Pourtant, allongée, à quelques mètres du sol, tu sembles dormir. Mais le repos, tu ne le connais pas. Plus. Depuis longtemps. Les yeux rivés vers le ciel, tu voudrais traverser les étoiles. La corps penché vers le soleil, tu voudrais connaître autre chose, à présent. Mais quelque chose t'empêche de t'élever plus haut.

    La peur.

    Approche. N'aie pas peur. Je ne te ferai aucun mal. Approche, ne t'inquiète pas. Viens auprès de moi, et tu connaitras la vraie raison de ta mort. Approche. Ne t'inquiète pas. Je ne serai pas celui qui te fera du mal. Viens. Dans mes bras enlacés. La douce consolation de la mort. Mais se réveiller dans une enveloppe blanche n'aide en rien. Je voudrais changer quelque chose à ma vie. Enfin... Quelque chose à ce que je suis.

    Je voudrais ne plus avoir peur.

    Penchée, enlacée, dans un corps étroit et sordide, douceur nocturne qui ne dépend que de moi. Je n'ai pas froid, ni chaud. Ni faim, ni soif. Depuis trop longtemps mon corps est un ventre qui hurle, une bouche qui s'assèche. Mais depuis quelques temps une chose me fait oublier ma solitude. Quelque chose me fait oublier depuis combien de temps je suis ici. Depuis combien de temps j'erre à travers les murs de Saint Marthory, comme une pauvre créature laissée à l'abri dans un tiroir. Un cadavre emmuré, voilà ce que je suis. Quelque chose d'immatériel, dont la voix résonne parfois dans le noir. Je suis celle qui a le plus peur, peur de l'Autre. Il s'est passé trop de choses, dans les murs de cet endroit. Je voudrais ne pas en être la mémoire. Mais mon esprit se tait, assume, seul, les conséquences de ce que je suis. Ce soir, je caresse une dernière fois du bout des doigts le crâne de Mary, celui d'Eve, celui de Nicolas. Ils ont eu la force d'aller plus loin. Ils ont su ce qu'il se passait, et ils se sont calmement laissés emporter. Ils ont pu. Et si j'avais pu moi aussi, je n'aurais pas dû supporter la mort de tous ces gens. Je les aurais vus avec moi. Je n'aurais pas eu peur. J'aurais poursuivi ma route. Mais non. En silence, je passe la porte de cette chambre, dont la porte est fermée à clé depuis de longues années. Cette clé est à moi. Posée sur l'étagère, elle ne bouge pas. Personne ne peut entrer par là.

    Ma chanson sans nom, sans paroles et sans histoire hante les couloirs. Je passe en chantant. Je répète et répète encore. Le Cri fait se soulever quelques petites particules de poussière. Désert. C'est désert. Mais qu'importe. Dans l'immédiat, mon être avance, chante. Grimpe dans la tour du château, pour mieux observer les étoiles. J'aime tellement ces vieux murs que j'en crèverais. J'aime tellement cette Lune ronde que j'en serais folle. J'aime tellement cette chanson que je la répète chaque fois un peu plus, lorsque les cauchemars sont trop insupportables. Et dans cette tour il n'y a rien de plus triste, que cette nuit sans étoiles. La Lune se cache derrière les nuages, et ma complainte a un air de chant funèbre. Je joue mon rôle jusqu'au bout. Je suis une fille du passé, celle que ceux du présent ne comprennent pas. Celle qui ne sait rien de tout ce qui est nouveau dans le monde du présent. Qui ne connait que la plume, et l'encrier. Les chevaux, pour se déplacer. Rien de plus.

    A part ce qu'il y a dans les livres.

    Un bruit de pas fait résonnance, et il me semble que mon sang se glace une nouvelle fois. Il y a un inconnu ici. Et je ne veux pas le voir. Ou la. Je m'en fiche. Je ne veux voir personne. Pas encore. Je n'aime pas les étrangers. Mais immobile devant ma fenêtre, je fais comme si je n'entendais rien. Je regarde cette nuit sans étoiles.
    Si je cesse de faire du bruit, peut-être qu'il s'en ira.

    Sinon, le Cri s'en chargera.
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MessageSujet: Re: Querida desconocida. [Lolita]   Querida desconocida. [Lolita] EmptyDim 7 Oct 2012 - 15:01

..............
❝ J'entends chanter
J'entends chanter
La fille damnée
J'entends chanter
A la lune montante
J'entends l'oiseau chanter
Ma jolie ma si jolie
File dans la nuit...❞



Je n'arrive pas à dormir.
Depuis que je suis ici, il me faut un temps infini avant de m'endormir. Je me tourne dans un sens, dans l'autre, sans jamais parvenir à trouver une position confortable. Mon lit n'est pas contre un mur, alors je n'y arrive pas. A la maison, il était dans un coin de ma chambre, alors je me tournais toujours dos au mur pour pouvoir surveiller la pièce. La porte. Au cas où. C'est une peur stupide, que quelqu'un, quelque chose, entre dans ma chambre pendant la nuit. Héritée de l'éducation de ma mère, qui ne m'a jamais dit que les monstres n'existaient pas quand j'étais petite, elle se contentait de fouiller ma chambre en disant "Tu vois, pas de monstre ici". C'est donc qu'ils n'étaient pas là, mais qu'ils auraient pu y être. Depuis, j'ai peur, et quand je ne peux pas avoir toute ma chambre sous les yeux, je ne parviens pas à m'endormir. Je sais bien qu'il n'y a aucun monstre, nulle part. Si il existait, il y a longtemps que les médias en auraient fait leurs choux gras et qu'on aurait 54877708 théories scientifiques tentant d'expliquer d'où ils viennes.
Ils n'existent pas.C'est aussi simple que cela.
Alors pourquoi n'ai-je jamais réussi à m'en persuader complètement ? En journée, pas de problème, mais dès que la nuit tombe, je suis incapable de me convaincre que mes peurs sont irrationnelles. Et puis, en plus du lit, ici, le cadre n'est pas pour me rassurer. Immense et sombre forêt d'où proviennent des bruits étranges, château avec plein de couloirs déserts, Transylvanie....ambiance Dracula garantie. J'avais pas calculé ça quand j'ai insisté pour m'inscrire ici. Enfin, je suppose que je finirai par m'y faire, y'a pas de raisons, je vais pas devenir folle à cause d'une vieille bâtisse paumé dans la forêt roumaine, hein ? Mouaif. Rien que de le dire, ça me faut la chair de poule. J'me tourne de l'autre côté. La pâle lumière qui entre par la fenêtre m'indique que la Lune est cachée derrière les nuages. Super. Bon, ce n'est pas ça non plus qui va me priver de ma ballade quotidienne.

Je me tire de la chaleur de ma couverture et attrape mes chaussures en silence. Dans la chambre, on n'entend que le bruit des respirations régulières de mes deux compatriotes de sommeil. Mes Dr Marteens à la main, je quitte la chambre en silence, préférant être dans le couloir pour les enfiler. Je ne traîne pas des pieds, mais je ne suis pas assez sûre de ma discrétion pour prendre le risque de traverser la chambre avec un kilo à chaque pied. Au moins. J'aime bien ces chaussures, elles ont beaucoup d'avantages, mais c'est vrai qu'elles sont lourdes. Remarque, ça muscle les mollets.
J'entame une nouvelle exploration nocturne des couloirs du château.

Généralement, je ne m'éloigne pas beaucoup du secteur des chambres. Je serais tout à fait capable d'y revenir, je suis très douée pour retrouver les endroits où je suis passée, mais j'appréhende un peu de tomber sur quelqu'un. Ici, je sais que le coin est sûr, je n'ai jamais croisé personne. C'est magnifique. Pas le château, non, certes, son architecture et sa décoration bien conservée lui donne un cachet inimitable, et pour un pensionnat, c'est le pied, mais ce n'est pas cela qui me transcende tous les soirs.
C'est le silence.
Un silence léger et vivant. Rien à voir avec les lourdes ambiances de films d'horreur qui sont souvent le lot de ce genre de décors. L'air est frais, mais pas froid, il rentre suffisamment de lumière par les fenêtres pour écarter les ombres et ce silence résonne des bruits de la forêt. Quand il y a du vent, il amène aussi les bruits de la ville, à quelques kilomètres, et les bruissement des feuilles des vieux arbres de la forêt. C'est ce genre de silence que j'ai toujours recherché, dont j'ai toujours eu besoin. Dans notre petite maison aux fines cloisons, j'entendais la télé allumée dans le salon jusque dans ma chambre au premier étage, le soir, et j'avais du mal à m'endormir. Il n'y avait nulle part où échapper aux bruits incessants des querelles familiales, de la télé au volume insupportable, des cris de mes frères...même dehors, notre quartier était saturé des bruits des banlieues de merde. Automobiliste énervés klaxonnant à tout va, circulation ininterrompue, les chamailleries des enfants...On habitait en face de la maternelle. Quand je suis arrivée ici, c'est ce qui m'a charmée: le silence. Souverain. Le silence paisible d'un château, d'un vieux bâtiment méditant dans son écrin sauvage. Un silence d'ermite bienveillant. Même si ça me fait chier de ne pas vivre en ville, de ne connaître personne, de ne pas arriver à m'endormir tous les soirs, je sais que je ne partirai pas. Je ne suis pas arrivée depuis longtemps et pourtant, j'ai l'impression de vivre dans ce pensionnat depuis des années.
Comme si une petite place m'avait toujours attendue ici.
Alors le soir, je sors de ma chambre et je me promène dans les couloirs. Pour me rassurer, et pour savourer le bruit que je fais sur le sol de pierre, pour marquer ces lieux de ma présence, même si elle dure le temps d'un bruit de pas dans le...

Qui. Chante. ?

C'est pas vrai.
Je n'ai jamais croisé personne dans ces couloirs. Bon, d'accord, sur ce plan là, le fait que je vienne d'arriver doit jouer un tantinet mais tout de même, si quelqu'un avait l'habitude de errer dans le secteur, j'aurais dû le croiser quand même, non ? Je reste pétrifiée à l'idée de tomber sur un professeur ou un surveillant. Je me suis suffisamment éloignée des chambres pour ne plus pouvoir utiliser l'excuse du pipi nocturne populaire. Si on me chope, je vais sûrement me taper une colle ou un sermon, et j'ai pas envie de ça. Et puis, je crois que si cela arrivait, ça briserait à jamais la magie de ces moments. Oui, je suis incroyablement narcissique et j'adore m'imaginer que, pendant les moments où je sors la nuit, je suis seule dans ce château, qu'il n'a été bâti que pour moi. Je me trouve ridicule et terriblement prétentieuse, mais j'aime ces instants où je peux me croire maîtresse du monde, faire toutes les grimaces et les danses les plus risibles du monde sans qu'il n'y ait personne pour sortir d'un couloir. Je dois bien avouer que si un pion ou un prof déboulait maintenant pour me faire la leçon, je l'écouterai et resterai dans mon lit le soir. L'illusion serait souillée, je n'aurais plus qu'à me trouver un autre lieu où goûter le silence.
Enfin, plus si silencieux que ça.
En plus quand on voit la chanson que c'est...même pas une chanson en fait. Ce doit être un petit plaisantin qui s'amuse à essayer de faire peur à ceux qui essaient de dormir. Genre moi. Enfin, j'essaye pas vraiment de dormir, j'attends juste que le marchand de sable repasse parce qu'il m'a oublié à sa première tournée. Comme tous les soirs. Il doit avoir une dent contre moi.

Après avoir hésité entre retourner dans ma chambre et préserver l'illusion ou enquêter sur le mystérieux chanteur, j'opte pour la deuxième solution. Si je sais de qui il s'agit et quel coin il fréquente, je pourrai l'éviter les nuits à venir. C'est ce qui me semble le plus productif, peut-être pas le plus sage cependant. Je parle du chanteur, mais il s'agit d'une chanteuse, à n'en pas douter. Maintenant que je me suis rapprochée d'elle, j'en suis certaine, elle doit se trouver en haut de la tour. Je dois dire que je me suis bien tâtée avant de me lancer à sa recherche, sa voix me parvenait depuis les fenêtres et l'extérieur du château, alors j'ai pensé, d'une manière complètement déraisonnable, qu'elle pourrait venir de la forêt. Je me doutais bien qu'il devait y avoir une explication logique à cela, j'en ai désormais la preuve. Il ne s'agissait que d'un écho.
Cette constatation m'a fait du bien, je le reconnais. Tout a une explication logique, il n'y a rien de magique ou de mystérieux là dessous. Elle est juste en haut de la tour.
Je n'y suis jamais montée, mais je suis passée souvent devant l'escalier qui y mène, je n'ai donc pas trop de mal à la retrouver.
Mes pas font un bruit épouvantable sur les marches glacée et mon souffle haletant ne tarde pas à les accompagner. Sûrement parce que je suis fatiguée. Et puis, qui a eu l'idée de tailler des marches si hautes ? Soyons optimiste: il est prouvé que monter des escalier est l'une des activités qui consomme le plus de calories. Pas que j'ai besoin de ça m'enfin...

Oh bordel !
Non, c'est une illusion. Une illusion d'optique. Le reflet de la Lune qu'on ne voit pas sur les vitres. Une illusion d'optique qui chante. Je sens mes jambes qui flanchent, je vais tomber et me casser la gueule. Dans les escaliers. Ce sera pas que la gueule à mon avis.

_Ah...bah...v...

Je tentais de communiquer là. Si elle se retourne, c'est qu'elle m'entend. Si elle m'entend, c'est qu'elle existe. Et si elle existe.....Oh, bordel de merde...


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MessageSujet: Re: Querida desconocida. [Lolita]   Querida desconocida. [Lolita] EmptyLun 8 Oct 2012 - 13:07

    Il y a quelque chose d'étrange, dans cet instant fatidique.

    C'est comme marcher sur des braises. Avec lenteur. Comme si je venais de retrouver l'usage de mon corps. Comme s'il brûlait de l'intérieur. Comme si rien ne comptait plus qu'une douleur sourde et chantante. J'aimerais mourir de nouveau, disparaître, pour ne pas voir ce visage qui m'observe, les yeux grands ouverts. Je voudrais m'en aller loin, mais quelque chose me retient. Quelque chose dans le regard de cette étrangère androgyne. Quelque chose de tellement étrange que je voudrais plonger en elle pour comprendre. Mais c'est une vivante. Habillée de curieuse manière. Une vivante. Je n'aime pas les vivants. Ils me font peur. Je n'aime pas les morts. Ils sont encore pire. Ils pleurent et se lamentent à longueur de journée, ils ne font que gémir sur leur passé. Moi ? Ce n'est pas pareil. Je suis aussi vieille que cet endroit. Je connais ces pierres comme ma poche. Peu de morts sont ici depuis le même temps que moi. Les époques ont filé à grande vitesse, comme un cheval lancé à plein galop. Je n'ai pas vu les années passer, trop lentes ou trop rapides pour moi. J'ai seulement vu la vie arriver puis repartir, sans que j'aie le temps de dire le moindre mot. La mémoire de cet endroit, c'est moi, mais je suis d'un autre temps, d'une autre époque. Que puis-je seulement comprendre de la vie de maintenant ? Combien d'années se sont écoulées depuis ma mort ? Je l'ignore. Je voudrais seulement m'endormir, et ne plus jamais me réveiller. J'ignore encore pour combien de temps je suis condamnée. Je voudrais seulement...

    Que tu ne sois pas là.

    Créature étrange, sans lumière, aux yeux grands ouverts, devant l'apparition étrange mais pourtant si commune que je suis. Comme toi autrefois, je ne croyais en rien, ni en personne. Aujourd'hui, j'ai vu des créatures tellement diverses, que plus rien ne peut me surprendre. Mais tout me fait peur. Je sais qu'il fait frais, même si je ne sens pas le vent sur mon visage. Il y a un peu de buée qui sort de ta bouche. J'entends ton coeur battre, de plus en plus vite, avec violence. Je sens ta respiration se couper, puis accélérer. Je vois le sang battre dans tes tempes, tous ces petites choses qui font de toi une vivante. Je vois ta peur s'insinuer en toi comme un poison violent, mais ce que je vois, je ne le ressens que trop. Je ne sens pas la boule d'angoisse monter dans mon diaphragme. Je ne sens pas mes poils se hérisser sur mon corps. Je ne sens pas tous ces symptômes de la terreur. Je sens juste mon corps se glacer comme en plein hiver, mes gestes se faire plus lents, le Cri monter à ma gorge devenue trop sèche pour parler ou pour boire. Je sens tout mon être se transformer en aura de peur pure, tandis que tu prononces quelques mots, que je ne comprends pas. Tu es étrange, dans ta manière de te tenir. Droite, trop droite. Des muscles saillants. Un visage androgyne. Es-tu un homme ? Non, une femme. A ta voix, tu es une femme. Un démon. Ou non. Une humaine. Mais je ne comprends pas. Sa tenue. Ses cheveux. Ces morceaux de métal fichés sur sa lèvre inférieure. As-tu été torturée ? Martyrisée, pour avoir autant de souffrances, sur toi ? Je te prendrais presque en pitié, si tu n'avais pas ce regard gris, terrifiant. Presque aussi pâle que moi, je sentirais presque les effluves de ton corps transpercer le mien. Et je ne veux pas.

    Non, je ne veux pas de toi.

    Je me suis retournée, un peu sans m'en rendre compte. Lorsque ta voix a résonné. Il m'a semblé que mon sang se glaçait une nouvelle fois. Que mon coeur avait brûlé. Tu n'es pas normale. Tu n'es pas une vivante normale. Les vivantes, elles portent des robes longues à bustier, bouffantes. Elles ont les cheveux longs, dont les boucles tombent élégamment sur leurs épaules. Elles se teintent de blanc, pour paraître plus belles, plus pures. Ou bien, elles sont habillées de toile de jute, les mains dans la boue, les cheveux sales, le regard triste. Mais jamais, jamais, je n'ai vu une femme comme toi. Jamais je n'ai vu ces cheveux aussi courts, sauf pour les femmes que l'on pendait pour sorcellerie. Je n'ai jamais vu ces morceaux de métal dépasser de tes lèvres, sans que tu sembles en souffrir. Et ces yeux gris. Grands ouverts, devant moi. Ne me fais pas de mal, j'ai peur. Va-t-en. Je n'ai jamais croisé de vivants, depuis des années. Je les ai toujours évités. Enfermée dans ma chambre. Je ne sortais que la nuit. J'observais par la fenêtre, le monde qui aurait pu s'offrir à moi, si j'avais vécu assez longtemps. Mais aujourd'hui, vaincue par la paranoïa, je suis prisonnière. Je sens que je me raidis. Je n'ai pas la force pour m'enfuir, ni pour hurler. Le Cri ne me sera d'aucun secours, pas maintenant. J'ai trop peur de tes pouvoirs, Etrange Humaine Torturée. As-tu souffert ?

    As-tu, toi aussi, été transpercée par les brigands ?

    Immobile, je me tais. Mon chant s'est coupé comme on coupe le son d'une viole en appuyant sur les cordes. J'ai peur. J'ai peur de toi, Etrange Humaine Torturée. J'ai peur de ton apparence, de tes grands yeux gris, j'ai peur de ta démarche, de ta manière de te tenir. J'ai peur de ce que tu pourrais me faire. Je ne veux pas avoir mal, pas encore. Un moment, en silence. Et finalement ma voix, inhumaine, se décide à parler. C'est un écho suppliant. Si j'avais des larmes, j'aurais pleuré.

    "Ne me fais pas de mal. Pitié."
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MessageSujet: Re: Querida desconocida. [Lolita]   Querida desconocida. [Lolita] EmptyMar 9 Oct 2012 - 20:35

..............
❝ Je vous pleure Isabeau,
Allez-vous trouver le repos
Dans ce pays d'où l'on ne revient pas ?
Notre mère est partie,
Notre père s'est enfui
Dans ce pays d'où l'on ne revient pas.

La guerre a emporté ceux que j'aimais.
Rappelez vos armées,
Rappelez vos soldats,
Que se taise la rumeur de nos combats.❞



Elle a réagi. Elle a bougé bordel !
Elle n'était pas sensée faire ça, elle n'était pas sensée faire quoi que ce soit.
Je...je...Mon cerveau fait rejet. Des données manquent, je tourne en rond dans mon propre esprit sans trouver de réponse logique à cette apparition mystérieuse. Même l'hypothèse d'une illusion due à la fatigue n'est pas recevable, car une illusion ne chante pas. Ne chante pas ! Putain. Si cela avait été une vue de mon esprit, une sorte de matérialisation des fantasmes de mon inconscient ou je ne sais quelle autre connerie, sa chanson aurait dû m'évoquer quelque chose je suppose. Mais non, elle serait apparue devant moi sans aucune logique, je n'aurais jamais eu besoin de la chercher. Et si je rêvais...non, là je cherche n'importe quoi. Je sais bien que je ne rêve pas. Je ne peux pas rêver. Même si j'essayais de m'en persuader avec toute la volonté du monde, je n'y arriverai pas. Jamais. Alors quoi punaise ? Qu'est ce que c'est que cette merde ? Je suis pas somnambule, je ne crois pas au fantômes, alors impossible que je m'imagine des trucs là dessus, je ne suis ni folle stupide. Je ne peux pas non plus valider l'idée que le petit plaisantin de tout à l'heure projette l'image de cette femme, elle n'aurait pas réagi à mon arrivée, elle n'aurait pas...

"Ne me fais pas de mal. Pitié."

Quoi ?!
Mais quoi ? Ma tête tourne, je me sens de plus en plus mal. Ça frappe dans ma tête comme un marteau piqueur. Comme une passoire en métal, vidée de tout contenue, sur laquelle on frapperait avec un marteau. Je crois que c'est mon sang, le marteau. Chouet, ça veut dire que je ne suis pas encore crevée. Cool. Optimiste, toujours. Pas encore, mais ça va pas tarder. J'ai déjà fait un pas en arrière sans m'en rendre compte. Je suis au bord du gouffre. Littéralement. Derrière moi, il n'y a que l'escalier qui s'enfonce rapidement dans les ténèbres de la tour. Si je tombe...ça ferait chier. J'ai pas monté ça pour rien. Mais qu'est ce que je raconte ? J'm'en fous d'être montée, j'veux juste pas me péter les cervicales quoi ! A la limite, crever, c'est pas trop grave, mais me retrouver dans un fauteuil roulant....! Me retrouver dans un fauteuil roulant à vie à cause de ce putain de truc de gonzesse chelou ! Ma vie c'est courir, t'as pas le droit de me faire ça ! C'est dégueulasse de faire peur aux gens. En plus en faisant l'innocente, genre ! Qu'est ce que tu crois que je vais t'faire ?! J'ai l'air d'un monstre ?
C'toi le monstre.
J'ai la tête qui tourne de plus en plus. Des tâches d'un noir multicolore harcèlent mes yeux, mes pauvres yeux. J'aimerai qu'ils me trompent, mais j'ai eu trop souvent la preuve bon fonctionnement de mes sens pour ne pas croire à une illusion aussi aboutie, doublée d'une hallucination auditive. Je sais pas ce qu'il se passe, j'veux pas savoir ce que j'ai vu, ni entendu. Je vais fermer les yeux et me boucher les oreilles...Aha, j'entendrai rien, je verrai plus rien. Bon sang, je suis complètement à côté de la plaque. Même si je voulais, j'arriverai pas à aligner deux mots. Même quand ça tournait pas encore j'ai pas réussi, alors maintenant...J'aimerai retourner en arrière. C'est comme un codage qui beugue et qui fait foirer toute une page internet, suffit de faire précédent pour que tout revienne comme avant l'action loupée. Un film, on peut revenir en arrière. Quand on se plante dans un jeux-vidéos, on peut mourir et retourne à la dernière sauvegarde. Une mauvaise perf', on peut toujours s'entraîner et l'oublier. UN exercice raté, on l'efface et on recommence. On peut toujours tout reprendre, alors pourquoi pas ça ? Pourquoi le résultat est-il faux sans que je puisse rien y changer ? Pourquoi ne puis-je pas revenir en arrière avant de faire l'erreur monumentale que de monter en haut de cette tour, de sortir de ma chambre, de devenir interne, de m'inscrire dans ce lycée trop étrange...?

Parce que c'est ce que j'ai voulu. Mais je crois que finalement, je vais vraiment pouvoir savoir si on ne peut pas mourir sans sauvegarder pour de vrai. Parce que je sens ma conscience et mon corps se déconnecter, mon sac de chair ne m'obéit plus, il part vers l'arrière, entraîné par son propre poids. J'aurais dû être voûtée, je me serais cassée la gueule en avant, je serais à peine tombée d'un mètre quatre-vingt, là c'est un peu plus, je n'arrive à rien pour m'en empêcher. Papillonnement, tournicotis...le mélange est pas terrible, et je le reconnais trop bien. Je vais m'écrouler. Et j'arrive pas à détacher les yeux de cette femme, qui me regarde aussi. Elle a l'air de flipper encore plus que moi. C'est drôle hein ? C'est moi qui vais me péter la nuque et c'est elle qui flippe. Pas pour moi d'après ce que j'ai entendu.
Merci, c'est gentil.

Mais j'ai rien dit.
Et je suis tombée.
Je le savais, que j'allais tomber. C'est effrayant ça, de savoir qu'on va se tuer et de ne pas arriver à reprendre son corps en main à temps. Quand mes jambes ont flanché et que j'ai dégringolé dans les escaliers, j'étais plutôt calme. Au moins, j'avais pas à m’inquiéter pour ce qui allait arriver: ça y est, j'étais tombée. Il ne pouvait rien m'arriver de pire de toutes façons. Je me sentais loin de ce qu'il m'arrivait. Même la douleur me paraissait lointaine.
Enfin, à partir du dixième choc.
Je me suis demandée combien de temps encore j'allais tomber, et puis d'un coup, alors que je pensais presque arriver en bas brisée de partout mais tout à fait consciente, j'ai plus rien compris. J'ai encore moins compris alors que je comprenais déjà rien. Mon incompréhension est passée en négatif. Curieuse expérience. Mais j'ai pas eu le temps d'en profiter davantage, parce qu'il a fait noir. Autant dans ma tête qu'autour de moi. Tout était noir.
Et moi dans ce noir, je m'y suis noyée.


Dernière édition par Lolita Corvidae le Mar 6 Nov 2012 - 9:12, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Querida desconocida. [Lolita]   Querida desconocida. [Lolita] EmptyDim 21 Oct 2012 - 17:25

    Dis-moi. Dis-moi que je ne suis pas.

    Dis-moi que les chimères ne sont que les mensonges envolés d'un monde disparu. Chante moi les mystères, montre moi la nouveauté, fais-moi connaitre une passion sans égale. Dis-moi. Dis-moi que je ne suis pas. Qu'à travers tes yeux, étrangère, tu ne vois qu'un reflet inconnu, qui n'est pas réel. Dis-moi que ce ne sont pas ces mains qui ont essayé de t'attraper. Dis-moi que je n'existe pas. Dis-moi que je peux partir. Nie. Dis-moi que tu ne me vois pas. Qu'au travers de tes yeux, il n'y a rien que cette pièce sans meubles, ce vieux mur de pierre, cette meurtrière ouverte sur un monde inaccessible. Dis-moi, je t'en prie. Que si je n'ai pu rattraper ton corps qui tombe, c'est parce que je n'existe pas. Si je ne peux rien toucher. Si je ne peux rien manger, boire. Si je ne peux pas faire ce que je veux, c'est parce que les forces mystiques me font vivre un rêve étrange.

    Dis-moi que je dors.

    Je ne suis pas de cette époque, de ce monde étrange, où les femmes portent pantalons, hauts étranges couturés de dessins machiavéliques. L’Inquisition les auraient tous tués, si seulement ils avaient pu voir ces images machiavéliques dessinées sur leurs corps. Si seulement ils avaient vu ce que moi je vois. Même leurs paroles, je ne les comprends plus. Par chance, les livres sont ma seule délivrance. J'apprends, avec eux, à vous découvrir.

    Et vous me faites encore plus peur.

    Je vois ta chute, au ralenti. J'ai peur, mais je me jette en avant, pour te retenir. Je voudrais comprendre, ce qui se passe. Mais mes mains traversent ton corps, laissant une sensation glacée sur ta peau. Je ne peux rien faire. JE NE PEUX PAS TE SAUVER.
    Je ne peux pas. Alors je hurle.

    Je n'ai jamais voulu ça. Tu vas mourir. Ta chute va connaître des rebondissements, une fois, deux fois, jusqu'à ce que ton corps cogne le sol, petite poupée désarticulée. Tu perdras les dernières gouttes de ton sang sur les marches de la Tour. Et je comprends. Je t'ai fait peur. Moi. Moi, qui suis incapable de te faire le moindre mal. Moi, fascinée mais effrayée par ton étrangeté. Je te regarde chuter, impuissante.

    Vraiment ?

    Non. Je peux faire quelque chose. L'écho de mon Cri se répercute sur les murs, se dirige vers toi. Voici mon seul pouvoir. D'abord pour me défendre, je peux aussi te sauver grâce à lui. Je peux. Si je me concentre. De mon pouvoir, l'âme, le Cri, retient ta chute. Le Son t'empêche de tomber. Mais tes yeux sont déjà fermés. Es-tu morte de peur ? Non. Je le saurais. J'aurais senti la vie s'échapper de ton corps, petit à petit. J'aurais senti, comme les autres. Comme ceux qui dorment avec moi. Alors, je laisse ton corps se soulever. Je me sens faiblir. Mais tu ne dois pas tomber. Mon Cri se fait moins fort, alors que je dépose ton corps étrange, allongé, sur le sol. Puis, le silence. Je me sens fatiguée. Je n'ai plus de forces. Seulement celle de m'approcher de toi. Seulement celle d'observer ton visage, à quelques centimètres du mien. Tu es vraiment étrange. Une créature d'un autre temps. Je n'ai rien à voir avec toi, pourtant tu me fascines. Qui es-tu ? D'où viens-tu ? Et pourquoi, pourquoi es-tu venue à moi ? Toi qui semble comme moi, qui ne crois pas aux fantômes ni aux esprits, sache qu'ici, tu risques de tomber souvent sur d'étranges mystères. Alors je glisse ma paume dans la tienne. Elle la traverse, mais peu importe. Je peux entendre ton coeur battre. Observation. De ton corps inconscient. Ouverture d'esprit. Parle-moi.

    "Est-ce donc moi, la cause de ta chute ?"

    Je voudrais te gifler, pour te réveiller. Mais je ne peux qu'attendre. Et te regarder. Encore et encore.

    "N'es-tu point un monstre, comme je l'imagine ?"

    Si curieuse. Si bizarre.
    Parle-moi. Parle-moi de toi.
    Et dis-moi que je ne suis pas.
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MessageSujet: Re: Querida desconocida. [Lolita]   Querida desconocida. [Lolita] EmptyMar 6 Nov 2012 - 18:55

Querida desconocida. [Lolita] 586365502

..............
❝ Comme le chant des pierres
Qui résonnent en silence
Comme l'eau que serpente
Et qui gronde sous moi
Tu sais je reviendrai
Dans ma terre d'enfance
Au pays de rêves
Des fées et des rois...❞



Je m'en suis sortie avec un bleu.
Juste un bleu. Enfin, une espace d'énorme tâche violacée assez peu ragoûtante sur tout un côté de la cuisse, il faut bien le dire. Mais il n'empêche que, même si je douille à mort à chaque fois que je pose mon quelque part, même si j'ai l'impression d'avoir des chairs broyées pourrissantes à l'intérieur des membres que j'affectionne le plus, même si j'arrive pas à courir normalement et que ça me hache les ovaires à un point tellement menu que même un putain de microscope de fou des sciences ne pourrait jamais retrouver un bout d'ovule là dedans, ce n'est jamais qu'un bleu. Et un putain de mal de crâne toute la journée qui a suivit. C'était avant hier. C'est un pion qui m'a trouvée à ce qu'on m'a dit, assommée dans le couloir. C'est la honte, retrouvée allongée dans le couloir comme un vieux pantin, moi qui suis toujours si droite, si énergique, qui m'emploie chaque jour à ne laisser paraître aucune mollesse, aucun affaissement de mon corps chéri. Là, me retrouver comme un tas de chiffons...merde de merde ! Je m'en remets. Je m'en remettrai pas. Non, je m'en remettrai pas, c'est sûr. Et personne ne m'a dit précisément qui m'a trouvée "C'est un pion qui t'a amenée à l'infirmerie". Cool. Merci, ça m'aide beaucoup. Je veux savoir de qui il s'agit. Je veux savoir qui a été le témoin de ma déchéance.
Bon, d'accord, j'exagère peut-être, mais ça me fait mal au cul. Enfin, à la cuisse. Aha.
Et personne n'a mentionné de fantôme.
Alors de deux choses l'une: sois je suis vraiment folle, soit je possède un espèce de don fantastique qui me permet de voir les morts. Comme dans la série là...zut, j'ai oublié le nom. Ou alors peut-être que madame fantôme était partie, tout simplement. Ou que tout le monde est au courant de leur existence mais qu'on la cache aux élèves. Si c'est le cas, je suis au courant de quelque que chose dont je ne devrais pas avoir connaissance et nul doute qu'on essaiera de me faire taire d'une manière ou d'une autre. Ou peut-être que je déconne complètement. La seule chose dont je sois sûre est celle ci: que ce soit une projection de mon esprit ou qu'elle s'y soit vraiment trouvé, il y avait une femme en haut de cette tour.

Je n'ai pas trouvé le courage d'aller vérifier si elle existait bel et bien le soir même. Ni le lendemain. Mais je me suis promis de le faire. Sûrement ce soir.
J'ai renoncé à mes ballades nocturnes dans les couloirs de peur de la croiser de nouveau. Je ne sais pas ce qui m'effraie le plus: avoir la certitude que les fantômes existent, ou me rendre compte que ma chute n'était due qu'à mon imagination. Cette dernière possibilité m'angoisse peut-être encore plus que la première. Je crois que je ne supporterai pas de savoir que je ne suis plus maître de mes pensées et que je peux me leurrer moi même à ce point. Je devrai sans cesse me demander si ce que je vois est bien la réalité. Je suis comme ça. Je ne peux pas vivre dans le doute. J'ai besoin de certitudes, même si elles sont aussi folles que l'existence des fantômes. Mais si eux existent, je ne peux m'empêcher de penser qu'il existe sûrement d'autres...créatures, que l'on pensait imaginaire. Et peut-être des créatures bien plus dangereuses.
Si seulement je pouvais tout oublier. Oh et puis non. Qu'est ce que c'est que cette phrase toute faite, archi-cliché et qui ne sert strictement à rien ? Faut que j'arrête de lire Stephenie Meyer moi. Non je déconne. Je lis pas. Ouais, j'ai besoin de me faire des blagues à moi même de temps en temps. J'ai personne d'autre à qui les faire en même temps. Bon, j'arrête, c'est assez pitoyable comme ça. Je suis quelqu'un de fort, hein ? Alors je vais aller voir. C'est surtout parce que si je ne le fait, je vais finir par péter les plombs à faire comme si rien ne s'était passé en me demandant sans cesse si ce lycée cache vraiment des choses ou si c'est moi qui perd la boule.

Assise sur mon lit, les genoux repliés contre ma poitrine, j'écoute dormir les deux filles qui partagent ma chambre. Savent-elles ce que cache ce pensionnat étrange ? Et si oui, que sont elles venues faire ici ? Je ne peux m'empêcher de me sentir en danger ici depuis que je l'ai vue. Quand je me couche, j'essaie de ne pas froisser mes draps, de faire le moins de bruit possible. Quand je cours, je me retourne constamment, de peur que quelqu'un ou que quelque chose me suive. Il n'y a pas un bruit dans la chambre, en dehors de nos trois respirations qui se perdent doucement dans l'obscurité. J'ai l'impression que je vais recommencer la même nuit qu'avant hier. Je répète les mêmes gestes pour quitter la pièce sans bruit, j'enfile mes chaussures dans le couloir pour ne réveiller personne et referme précautionneusement la porte. La lumière de la lune est la même. C'est étrange, qu'elle soit encore pleine deux jours après. Mais peut-être ai-je un mauvais souvenir du ciel d'il y a deux jours, la Lune n'était pas ma préoccupation principale.
Cette fois, je perds pas de temps à errer sans but dans les couloirs et me dirige directement vers la tour à grandes enjambées. Mon souffle s'accélère alors que je retrouve sans peine les couloirs où je suis passée. Je suis très douée pour ça, mais je l'ai déjà dit, non ? Je m'en étonne souvent. J'ai peur de ce que je vais trouver là haut, mais je sais que si je recule maintenant, je n'oserai plus aller jusque là. Je monte les marches quatre à quatre en regardant mes pieds, en les regardant être englouties par l'obscurité. Je ne veux pas lever la tête et me laisser à nouveau surprendre par elle. J'ai pas envie de me bouffer l'escalier de nouveau. Je m'en suis remarquablement bien tirée la dernière fois, j'ai pas envie de vérifier si il s'agissait d'un coup de chance.

Alors je monte la tête baissée.
Et même une fois en haut, je ne relève pas le menton. Ce n'est pas dans mes habitudes de ne pas regarder où je vais, de ne pas voir ce qui se trouve devant moi. Les fenêtres sont ouvertes, un vent étonnamment froid mord la peau nue de mes bras. Ou alors s'agit-il de son souffle à elle ? Je marche vers la fenêtre et tend un bras devant moi pour ne rien heurter. Dès que j'en touche le rebord, que je sais que j'ai quelque chose à quoi me raccrocher, que je suis sûre que même si je tombe, ce ne sera pas de haut, je relève les yeux. La fenêtre est bien ouverte. Ce n'était pas elle que j'ai senti en arrivant. Je n'ose pas me retourner, à la foi déçue et soulagée.
Elle n'est pas là. Elle n'existe pas. C'est ce que je me murmure silencieusement, sans arriver à faire disparaître cette boule au creux de mon estomac. Parce que je ne suis pas encore convaincue de ce que je dis ?
Ou parce qu'elle n'est pas venue ?
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MessageSujet: Re: Querida desconocida. [Lolita]   Querida desconocida. [Lolita] EmptyDim 18 Nov 2012 - 15:35

    Sois mon ennemie, au nom de l'amitié.

    Brisée et cassante, la voix s'élève dans ton esprit comme un poison qui s'infiltre. Tu vois son âme qui vole, comme une bulle, un souffle d'air traversant ton esprit déjà bien embrumé. Souffreteuse que tu es, petite nature indescriptible. Regarde-moi. Tu ne me vois pas. Tes cheveux écarlates sont le symbole même de ma souffrance. Ils virevoltent au rythme d'une brise que je ne sens pas. Elle semble torturée, dans sa dimension. Près d'elle, il se dévêtit. L'observe, lui parle. Ses lèvres la font prisonnière de son esprit. Et puis la bulle éclate. J'aurais voulu comprendre un peu plus qui était cette créature fantastique. Mais je me laisse aller, là, dans ma chambre, à l'observation tranquille et paisible des ossements de mes amis. Mes seuls amis. Vous avez eu le courage d'aller jusqu'au bout. Pourquoi ne l'ais-je pas fait ? Parce que je n'en ai seulement pas la carrure.

    Ce n'est pas parce qu'ils sont nombreux à avoir tort, qu'ils ont raison.

    J'aurais voulu être romancière. Ecrire sur la mort, écrire des choses fantastiques, auxquelles je ne croyais pas. Maintenant, je sais qu'elles existent, et j'ai encore plus peur. J'aurais voulu écrire sur le monde, sur la poésie, sur le roman en lui-même. J'aurais été le miroir de mes angoisses, et je n'aurais plus eu peur de rien. Mais non. Je n'ai pas eu le temps de devenir romancière. Ma voix s'élève, plainte dans le noir que sans doute, suis-je la seule à entendre. C'est nu timbre brisé par la solitude. Vous êtes là, mais je ne peux pas vous parler, vous ne pouvez pas me répondre. Je voudrais revoir l'être étrange de Beauté, rencontré au détour d'une chambre. J'entends parfois sa respiration, si près de moi, et j'aimerais traverser le mur pour le voir. Mais non. On n'ennuie pas un Pur Esprit. C'est malsain. Moi, je suis seulement un amuse-bouche pour nécromanciens. Toi, tu es la Perfection incarnée. Seulement, la Perfection.

    Alors, je sors, une nouvelle fois.

    La rencontre avec l'Etrangère demeure encore un coup de poing dans mon corps pourtant insensible. Elle était trop... Trop tout. Si mystérieuse, terrifiée à la fois. Elle a chamboulé ma façon de voir de manière si violente que je n'ai rien pu dire, rien pu faire. Alors je suis partie, et j'ai laissé son corps là, dans la tour, criant pour que quelqu'un vienne la chercher. Avant de disparaître, ce que je sais réellement bien faire. Je suis partie, et je ne suis plus revenue. Mais ce soir, mon attirance pour Dame Lune est plus forte que ma peur de te revoir. Alors je monte. Marche après marche. Pas après pas. Je survole les couloirs, âme errante que je suis. Je serais capable de différencier chaque pierre de ce château. Mais je me contente d'avancer. Il n'y a qu'au travers de l'espace que je me sens mieux. Rassérénée. Rassurée. Tranquillisée. Fais de moi ton objet de convoitise, que je t'exploite jusqu'à en mourir.

    N'aie pas peur du monstre.

    J'atteins la Tour lentement, tranquillement. Je regarde tout autour de moi. Rien. Personne. Elle ne reviendra peut-être pas. Voilà ce que j'espère, au fond de moi. Pour qu'on me laisse seule. Mais cette impression de tranquillité est vite remplacée. Des pas, dans les escaliers. Quelqu'un vient. Quelqu'un, encore. Sans plus de cérémonie, mon corps se réfugie au travers des murs, fine passe-muraille, avantage certain face aux autres. Et puis, finalement, je la vois.

    Tu es revenue.
    Tu observe à gauche, à droite, tu regarde dans ma direction, mais tu ne vois rien. Je ne sais pas quoi faire. Indécise, je m'interroge. Partir sans bruit ? M'annoncer ? Je me souviens bien de ce qu'il s'est passé, la dernière fois. Mais je sais seulement, à présent, que tu ne serais pas capable de me faire du mal.

    Tu as encore plus peur que moi.
    Alors je sors de ma cachette. J'apparais face à toi et non derrière, pour ne pas te prendre par surprise. Tu m'effraie, mais je sais me contenir. Et je te regarde droit dans les yeux. C'est un regard à la fois sévère, à la fois doux, à la fois terrorisé.

    "Pourquoi... Pourquoi es-tu revenue ?"

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MessageSujet: Re: Querida desconocida. [Lolita]   Querida desconocida. [Lolita] EmptyMar 20 Nov 2012 - 15:40

..............
❝ Je revois son visage
Me sourire, enfant sage
Dans le ciel d'Italie,
trois étoiles pleurent encore
Dans la chambre mortuaire
tapissée de soie d'or
Le seigneur de l'Hermine
fit embaumer mon corps...❞


Je trouve toujours les gens que je cherche.
C'est naturel chez moi, je ne sais pas d'où ça vient mais je parviens toujours à retrouver une personne. Et je sens les gens arriver. Peut-être est-ce une forme d'ouïe très fine, ou un je ne sais quoi d'instinctif. Mais elle, je ne l'ai pas sentie approcher. C'est aussi pour cela que, même si elle est face à moi et qu'elle plante son regard droit dans le mien, j'ai toujours du mal à croire en ce que me montrent mes yeux. C'est le sens auquel je me fie le moins. C'est le plus facile à abuser. Alors je tends la main pour la toucher, pour la sentir, pour vérifier qu'elle est bien là, que je ne suis pas en train de devenir folle. Je dois avoir l'air intelligente, à tendre le bras en l'air. Qu'elle soit un fantôme ou qu'elle n'existe pas, ma main ne rencontra rien, c'est certain, alors je ne sais pas trop ce que j'espère. Une espèce de caresse peut-être, ou une réaction. Peu importe laquelle.
Il y en a bien une. A peine l'ai-je sentie que je retire ma main, comme je la retirerais après m'être brûlée. Pourtant, il n'y a rien de brûlant. Au contraire, c'était glacé. Elle est glacée. Un froid morne, mort même, un froid de cadavre sous le givre, immobile. Je ne sais pas comment l'expliquer, ça me semble un peu débile de dire que le froid est immobile, mais c'est l'impression que ça me donne. Singulier et...dérangeant.

Donc, elle existe. Aussi fou que cela puisse paraître, elle existe, elle. Et sûrement les fantômes en général, si tant est qu'il y en ait d'autres. Sûrement. Heureusement que je me suis éloignée de l'escalier. Je sens de nouveau mes jambes flancher. Bon, et maintenant ? Même si je n'ai aucune preuve matérielle, je ne peux plus nier son existence réelle. D'une certaine façon, elle est tangible, je n'ai donc pas lieu de douter de sa présence. C'est tellement perturbant. Il me faut alors admettre l'existence du surnaturel dans sa globalité, sans savoir ce qu'il recoupe vraiment, sans savoir tout court. Mais c'est la première fois que je vois un fantôme. Et qui plus est, je le vois ici. Ici, dans ce pensionnat plutôt louche logée au creux de la forêt de Transylvanie, lieu encore plus louche selon moi. Ce n'est pas un hasard. En toute bonne foi, cela ne peut pas être un hasard. Et si les fantômes existent, si d'autres choses existent, ce n'est pas un hasard que je les rencontre justement ici, dans le lieu le plus louche de toute la planète ou pas loin. Quelle idée débile m'a poussée à m'inscrire ici ? Ah oui, je voulais partir de la maison. Maintenant, je me demande si je pourrais jamais y retourner. Raaaah, tout s'embrouille, je me répète en boucle les mêmes choses sans parvenir à y croire, mais la vérité et là. Elle est là, juste devant moi.

"Pourquoi... Pourquoi es-tu revenue ?"

Pourquoi ? Je n'en sais rien. Parce que ce qui m'a appelée en haut de cette tour la première fois m'a rappelée aujourd'hui. Même si tu ne chantais pas. Ce que je déplore un peu. Tu as une voix magnifique. Ouais, c'est tout à fait ça. Je vais dire ça un fantôme. Genre on se connait, on se tutoie et tout. C'est cool. Putain, je vais encore tomber ou quoi ? Non mais waow, elle me parle en plus. 'fin, je me doutais bien qu'elle pouvait parler, puisqu'elle pouvait chanter, mais ça fait pas tout à fait le même effet de se faire interpeller directement. C'est pas juste un esprit flottant qui vient chanter en haut d'une tour, comme un souvenir, et qui se contente de hanter un lieu en particulier et puis basta. Non, non, c'est un fantôme qui parle, qui se déplace à sa guise, genre normal, je suis mort mais je continue de gambader joyeusement sur terre, j'ai juste perdu mon corps en route.
Si j'étais pas folle, je sens que je vais le devenir là. Roh merde. J'ai pas envie d'être internée à cause d'un fantôme qu'est pas sensé exister. Mais bon, faisons comme si tout cela était super naturel, ok ? Ouais, Lolita, tu peux le faire ma grande. On verra bien ce que ça donnera, et puis peut-être qu'elle repartira sagement d'où elle vient, on oubliera cette histoire et point. Fini. Ouais, je peux toujours rêver.
J'ai la gorge sèche. J'arrive pas à articuler. J'vais devoir me racler la gorge ou parler avec une voix d'homme des cavernes. Au choix. Fait. Je choisis la première option.

_Heu je...vous...vous êtes un...un fantôme ?

Question con, ça coule de source. Même pour quelqu'un comme moi. C'est dire...

_Comment ça se fait que vous...soyez...là ? 'fin je veux dire, Waow ! C'est pas tous les jours que je parle à...quelqu'un comme vous.

Classe, hein. c'est moi tout craché. Tact et finesse. Tout en subtilité. Et encore, je lui ai pas balancé que j'avais pas l'habitude de parler aux macchabées, ça aurait été un tantinet désobligeant je pense. Même si c'est clairement ce que j'ai voulu dire. J'espère que c'est pas un fantôme méchant, qui peut hanter les gens ou les tuer d'une façon ou d'une autre, sinon, j'suis dans la merde.

_Vous êtes drôlement jolie.

Pour une morte. Ouais non, c'est pas le moment de sortir ce genre de trucs, faut que je me calme. Je suis nerveuse. C'est pas surprenant mais bon. C'est quand je suis dans cet état que j'ai l'habitude de faire des conneries.
Respire.
C'est juste un fantôme.
Ouais, juste.
C'est tout à fait approprié.
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Querida desconocida. [Lolita]

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