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 ça aurait pu marcher. [Libre]

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Eris Almira
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MessageSujet: ça aurait pu marcher. [Libre]   ça aurait pu marcher. [Libre] EmptyDim 2 Oct 2011 - 19:24



- Ne me regarde pas comme ça.


Oui, cette phrase. Cette putain de phrase. Putain de phrase. Ne me regarde pas comme ça. Tu veux ma photo ? Va voir ailleurs si j'y suis. Et toujours cette voix sèche comme le désert, rugueuse comme du papier de verre. Elle demeurait tranchante, le serait toujours. Cette voix d'enfant. De mon enfant. Ne me regarde pas comme ça. Arrête. Fous moi la paix. Tu vois pas que je suis occupée ? Elle n'a pourtant qu'un an. Mais elle est déjà adolescente, dans le corps d'une petite fille de cinq ans. Oui. Tellement de choses que je ne comprenais pas. J'avais engendré quelque chose. Je n'avais pas enfanté. J'avais créé une chose. Une chose que personne n'aimait plus que moi. Parce que si son esprit demeurait mauvais, son corps avait de telles ressemblances que je ne pouvais que savoir que l'enveloppe charnelle de mon enfant demeurait ce que j'avais engendré, et que je considérais comme ce que j'avais de plus cher. Oui, cela faisait à présent un peu plus d'un an que je vivais à Fantastic High School, et j'avais pris un nouveau départ. Pendant l'été, nous étions partis en voyage, Lucas, Izumi, Enora et moi. Nous avions visité toute l'Europe, les monuments, la beauté. J'ignorais autrefois tout de lui, à présent je connaissais sa vie jusqu'au bout de mes doigts ; sa fortune nous permit de faire un voyage de deux mois. Lors de nos pauses, il me faisait travailler d'arrache pied. Je devais savoir le français pour ma rentrée. J'avais envoyé un CV pour devenir professeur, mon désir le plus fou. Je voulais à mon tour devenir enseignante, avoir un sens à ma vie... et dévoiler ma relation au grand jour. Et je fus engagée. J'avais appris vite, très vite. Et mon souhait s'était réalisé.

Mais le problème le plus épineux s'était posé lors de nos vacances ; et ce problème avait un prénom. Le caractère de notre fille nous avait posé un nombre assez conséquent de difficultés. Elle ne contrôlait plus ses pulsions meurtrières, se dévoilait aux yeux de tous. Elle devenait irascible, insultante, lunatique. Ne dormait jamais. Réclamait encore du sang de mon poignet, bien qu'elle fut sevrée. Ainsi, lorsque j'arrivais à l'école, j'étais épuisée, complètement épuisée, affaiblie, mais heureuse. Ma fille n'avait pas réussi à tout détruire, c'était déjà cela. Mais je sentais que Lucas souffrait. Il souffrait vraiment beaucoup. Il souffrait de me voir souffrir, il souffrait de voir que ma propre fille faisait preuve d'une cruauté terrible, et ce seulement avec moi. Ainsi, elle était parvenue à me faire du mal ; mais quelque chose m'avait permis de me tranquilliser.

Lucas m'avait demandé en mariage.

Lorsque je pénétrais dans le château, une bouffée de bonheur me submergea. Je me sentais heureuse, détendue. Le château m'offrait tout ce que je désirais. La paix toute relative. Les querelles entre élèves. Les sorts jetés à la va-vite. Tout et n'importe quoi. Mais c'était mon monde à moi. Je tenais à cet endroit. Tenant ma fille par la main, je lui montrais les endroits que nous avions parcouru quand elle n'était encore qu'un bébé. Son corps avait grandi. Trop vite. Beaucoup trop vite. Tellement vite. Et son caractère aussi s'était formé. Vite. Trop vite. Nous nous sommes assises ici. Au milieu des fleurs. Mais cela ne lui plaisait pas. Quand je la regardais avec ce mélange d'amour et de compassion. Ma fille était un monstre. Et je culpabilisais tellement...

- Excuse moi, mon ange.

- Je suis tout, sauf un ange.

- Enora... calme toi maintenant. ça suffit.

- Tu me donnes des ordres maintenant, maman ?


Elle me regarde, avec cette insolence d'enfant. Peu importe. Je prends ma tête entre mes mains. Mon enfant. Ma pauvre enfant.

- Qu'est-ce qui te ferait plaisir, Nora ?

- Que tu me laisses tranquille, pour une fois.


Des pas nous firent sursauter. Je n'avais jamais collé de raclée à ma fille. Là, j'aurais bien aimé. Mais il fallait seulement se contenir. Peu importe ce qu'elle me dirait, pourvu qu'elle laisserait le nouveau venu tranquille. J'étais professeur, fiancée avec un autre professeur. J'avais une fille d'un an démoniaque à souhait. Mais pour ceux qui me connaissaient, ou qui ne me connaissaient pas, je me devais de faire bonne figure.

- Il y a quelqu'un ?
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MessageSujet: Re: ça aurait pu marcher. [Libre]   ça aurait pu marcher. [Libre] EmptySam 15 Oct 2011 - 15:14

    La rentrée c’était bien déroulé. Une nouvelle année commençait pour le plaisir des anciens, avec le stress des nouveaux. J’ai presque réussit à tourner la page. Mais j’ai un sac que je n’ai pas vidé. Certes je l’ai vidé à Raven mais elle, elle était au courant. Et ça n’a pas fait l’effet que je souhaitais. Je voudrais tellement ne plus y penser. J’aimerai fermer les yeux pour me réveiller et me dire que ce n’était qu’un mauvais rêve. Mais malheureusement ce n’est pas le cas. Il faut que j’en parle à quelqu’un avec qui je sais que je peux tout dire ou presque. Ma décision est prise. Mais faut-il que j’arrive à la trouver sans cette foutu gosse. Je sais que je ne devrais pas parler comme ça de ma sœur mais je ne la considère pas comme tel. Pour moi c’est juste Aura. Un être que je déteste. J’aimerai m’en débarrasser mais je ne sais pas comment. Elle est bien trop coriace. Mais bon, je préfère ne pas y penser. Elle serait capable de gâcher ma journée.

    Confortablement installer dans mon lit, je tourne la page de mon livre. J’ai dû avaler au moins vingt bouquins en moins de deux mois. Il faut dire que ça me permet de tuer le temps. Même cette été, j’ai lu énormément comme ça je surveillais que des oreilles ma sœur pendant que les deux tourtereaux étaient en amoureux. A je vous jure heureusement que c’était eux sinon ils auraient dû trouver un autre baby-sitter.
    Je secoue la tête, je pense encore à cette gamine. J’ai l’impression qu’elle me hante depuis qu’elle est née. Je ne pense qu’à elle. Et ça commence sérieusement à mes casser les pieds. Je ferme mon livre. Encore un de fini. J’espère que la bibliothèque est bien fournie car à ce rythme je risque de terminer tous les livres du lycée. Bon mon père serait comptant sachant que je préfère les sciences au français. Mais je fais un effort dans cette matière, même si je sais qu’il est vraiment plus sec avec moi qu’avec les autres. Normal on pourrait l’accuser de favoritisme.

    Je me faufile entre les étagères à la recherche d’un ouvrage. En ce moment j’aime bien la littérature anglaise mais cette fois ci j’aimerai bien auteur français pour changer. Je ne sais pas…peut-être du Hugo. Il parait que c’est bien. Je déniche enfin un livre. Notre Dame de Paris. Parfait. Je me vais l’emprunter et retourner dans ma chambre pour lire ou… Non. Je vais trouver Hebi. Je glisse donc le livre dans mon sac et part à la recherche de mon amie. Je cherche d’abord dans la salle de mon père, on ne sait jamais. Mais la porte et fermer donc il n’y a personne. Je cherche dans la salle commune mais là aussi personne. Je grimpe les étages pour me diriger vers le toit. La dernière fois que j’y suis allée c’était pour tomber sur un dépressif qui a fini par se donner la mort de façon stupide.

    Quand j’arrive là-haut, je sens deux odeurs familières.


    - Il y a quelqu'un ?

    J’ai envie de répondre « Non c’est personne ». Mais je me retiens, j’ai pas envie de vexer Hebi alors que j’ai à lui parler.
    « Hey, déstresse c’est moi »

    Je me montre à mon amie. Je sens que la présence d’Enora la rend nerveuse. Je regarde la gamine d’un mauvais œil.
    « Enora, va faire un tour ailleurs, tu me feras plaisir, j’ai à discuter avec mon nouveau professeur ! »

    Mon ton est plus ironique que je ne l’aurai voulu mais c’est plus fort que moi. Je ne peux m’empêcher de lui parler de cette façon. En plus je vois qu’Aura en elle et elle c’est très bien que je ne l’aime pas. Et en plus, c’est pour pas lui dire entre amie car sinon elle s’en serait mêlée. Mais même avec cette excuse bidon, elle risque de rester près de nous.

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