Déambulant un peu à l'aveuglette parmi le dédale que formaient les innombrables couloirs du Château, Helena cherchait vainement la chambre qui lui avait été attribuée.
Non. Elle le refusait, elle ne s'était pas perdue... Simplement... Elle visitait. Oui, voilà. Pour se familiariser avec les lieux... Un vagabondage prémédité, à travers le Château-Labyrinthe.
Pourtant, force était d'admettre qu'elle ne savait plus vraiment où elle se trouvait à cet instant précis. Sur le plan, tout semblait bien plus clair et limpide qu'en réalité. Les couloirs et escaliers étaient beaucoup trop nombreux et compliqués, et le pauvre sens de l'orientation de la Jeune Fille s'en était retrouvé rapidement réduit à néant. De plus, sa valise s'appesantissait au bout de son bras de minutes en minutes, et rendait l'excursion de plus en plus pénible pour la Frêle Demoiselle qu'elle était. Éreintée, harassée, elle traînait douloureusement son bagage derrière elle, jusqu'à enfin retrouver le chemin du dortoir des filles.
Alléluia, mes Amis! Nous sommes enfin arrivés à Bethléem! Faites de ce pas descendre Marie de sa bourrique, qu'elle engendre le Fils du Très Grand! (xD)
Il s'en était fallu de peu qu'elle éclate en sanglot, la Petiote. Mais la voilà enfin amenée à bon port, devant la porte de sa nouvelle Chambre, sa valise reposant nonchalamment à ses pieds. S'en était presque émouvant... Du moins, c'aurait pu l'être, si elle n'avait pas été aussi grognonne. Les pérégrinations à travers les couloirs n'ayant pas vraiment aidé son humeur à s'alléger...
Après quelques secondes d'hésitation, la main restée en suspend au dessus de la poignée de laiton, elle fit timidement grincer les gonds de la porte, pénétra à pas lents et prudents dans la pièce, et s'y sentit instantanément mal à l'aise.
Rien n'était fait pour lui rappeler son chaleureux chez Elle.
La chambre, dans son ensemble, était d'une impersonnalité effarante. Peu meublée, à peine plus lumineuse qu'une cave, et totalement dénuée de toutes fioritures superflues. Pas même un vulgaire rideau pour égayer un brin les fenêtres minuscules. Le mobilier se résumait rapidement à trois lits, trois armoire, et trois chaises. Point. Plus austère, c'était difficile. Même les couvres-lits, d'un gris douteux, lui filaient envie de pleurer.
* Bienvenue chez toi, Fillette. * ricanait son Démon Intérieur, sa voix grinçante résonnant abruptement dans le crâne de la Mignonnette.
Elle n'avait même pas pris la peine de rétorquer quelque chose. La mort dans l'âme, elle traîna péniblement sa lourde valise jusqu'à l'armoire qui lui avait été attribuée. Là, une fois la porte du placard entrebâillée, la Poupée constata avec une pointe d'agacement que ladite armoire ne pourrait jamais contenir toute l'étendue de son hallucinante et non-moins inutile garde-robe. Mais qu'importe, elle ferait avec. Machinalement, ses mains d'ivoires se mirent lentement à la tâche, pliant avec soin ses effets, et les rangeant tout aussi méticuleusement sur les étagères bancales.
Les minutes filèrent ainsi lentement, d'abords unités, puis dizaines. Sans que rien ne vint déranger la Petiote dans son affairement. Cependant, plus le temps s'égrenait, plus la elle sentait le malaise croître sournoisement en elle. Ça lui avait pris d'abords à la gorge, comme un imperceptible picotement, et s'était ensuite étendu gentiment jusqu'à ses tripes, les tordants cruellement dans un spasme violent et douloureux. Une envie bestiale d'espace. Comme un accès de claustrophobie. Il lui fallait de l'air. De la verdure... Et pourquoi pas de la lumière.
D'un geste vif, elle arracha littéralement de son cintre la première veste venue, et l'enfila telle quelle par-dessus sa robe de princesse, avant de filer ventre-à-terre dans le couloir.
Ce dernier était désert. Pas âme qui vive aux alentours. Toujours nauséeuse, la Fragile piqua un sprint à travers les dédales du château, dévalait quatre-à-quatre les escaliers, jusqu'à finalement découvrir une sortie.
Enfin, de l'air. La Poupée poussa péniblement la double porte, et fut subitement éblouie par la clarté du petit jour. ses paupieres se plissant par reflexe, elle pu néanmoins distinguer à travers ses cils une ébauche de Parc parsemé d'arbres centenaires, et de massifs chatoyants de mille coloris floraux.
Elle se senti du coup beaucoup plus détendue, ses nerfs se relâchants peu à peu, à mesure que le soleil rechauffait ses frêles épaules. La Petiote respira à pleins poumons l'air saturé d'arômes estivales, puis s'engageait d'un bon pas à travers les allées pavées de l'endroit. Toute absorbée dans la contemplation des massifs et des essences qu'ils contenaient, Helena n'entendit même pas que quelqu'un approchait...