Il devait être deux ou trois heures du matin, et seul les bruits d’estomac du magicien venait à rompre à le silence du dortoir. Les yeux fixant le faible fil de lumière pâle qui arrivait à percer les rideaux au travers de la nuit, Lyo ne pensait à rien… A part à son estomac. Moi, j’essayais de dormir. Inutile de vous préciser que cela s’avéra peine perdu avec un tel raffut. Allongé sur le lit à baldaquin, les jambes tendu et les bras le long du corps, Lyo regardait droit devant lui. Quelle position inconfortable…

** Kyo ?
- Hum ?
- J’ai faim.
- Ben vois tu, je m’en serais légèrement douté.
- …
- Tss. Laisse moi la place, je vais aller nous chercher quelque chose vite fait. **

Lyo prononce la formule qui nous permet d’échanger nos places et je me relève.

** Merci Kyo. **

Oh mais de rien… C’était ça ou bien entendre notre estomac se dévorer lui-même durant des heures entière alors… quitte à ne pas dormir, réglons le problème… Et puis, le dortoir étant au deuxième étage, et les cuisines se trouvant aux sous-sols, je n’avais qu’à me dématérialiser et me laisser glisser au travers du sol… Enfin, il faudrait que je fasse attention au niveau du premier étage, quoiqu’à une heure pareille, personne ne devrait se trouver dans les salles de cours.

« Nec plus ultra » (formule de dématérialisation de Kyo, signifie : plus rien au-delà.)

Je me sens alors glisser au travers du sol, et voilà qu’il devient plafond, je ne m’arrête pas et continu mon chemin. Je vois la pièce défilé de haut en bas devant mes yeux, je vois les étagères qui semble basculer, lentement, mais, je sais très bien que c’est moi qui m’enfonce vers le sol. Premier étage franchit, prochaine étape : les cachots. Et oui, malheureusement, notre chambre n’est pas exactement au-dessus des cuisines… Ce mur là est plus long à passer, il est plus froid, fait de pierre brute et de vieux marbre ternis. Je décide de m’arrêter dans ma chute en utilisant la même formule que précédemment. J’ai atterris devant une statue étrange, encastré dans un mur trop sombre, les ombres des flammes d’une torche jouent avec ses traits, la rendant encore plus effrayante. Je n’aime pas cette statue. J’avance dans le couloir, des cellules, à droite, à gauche. Je ne sais pas de quel coté se trouve les cuisines. Réfléchissons… les cuisines doivent normalement se trouver à l’Ouest du château (du moins si mes souvenirs sont exacts…). Donc, il me suffit, d’aller à ma gauche.

** A ta droite Kyo…
- Hein ?
- Pas à gauche… A droite je te dis.
- Tu te souviens du chemin ?
- Bien sûr, tu ne te rappelles pas de cette statue ? La dernière fois t’a faillit te la prendre dans…
- Rhaaa c’est bon !!! Bien sûr que je m’en souviens… Tsss, maintenant tais toi, que je me concentre. **

Je me prononçais alors un peu trop rageusement les mots « nec plus ultra ». Et non, vous n’en serez pas plus sur cette statue…
C’était un véritable labyrinthe ces cachots, à chaque mur de franchit, une nouvelle cellule. Toujours le même model : une torche à l’intérieur, de la paille humide étalée au sol, une unique fenêtre aux environs des trois mettre de haut, composé de trois barreaux de fer rouillé, laissant entrer l’air humide de dehors. Ce même schéma nous suivit jusqu’à ce que l’on arrive dans une pièce où il faisait relativement plus chaud.

** Héhé, Lyo on y est ! Aller mon grand, je te laisse choisir le désert : de profondis clamavi, abyussus, abyssum invocat. Cor unum et anima una : cuique sum. Cogito ergo sum. **

Laissait son corps à Lyo me procure toujours une sensation étrange, je ne saurais vous la décrire, c’est comme si j’étais aspirer de l’intérieur. Je ne sais pas vraiment où je suis, ni ce que je suis quand je suis ainsi, comme piégé en lui. C’est une expérience assez étrange, mais pas des plus déplaisantes : il fait… si chaud ici. C’est si agréable. Et, de là où je me trouve, je m’amuse à voir avec quel plaisir Lyo se jette sur le frigo, ouvre les placards, à la recherche de nourriture. Cela me fais plaisir de le voir comme ça.

« Kyo ! Il reste de la mousse au chocolat ! » fit-il à haute voix avec un sourire rayonnant.

C’est alors qu’un bruit attira mon intention. Quelqu’un était là, quelque par, dans cette pièce. Dernière nous.

** Lyo, retournes toi.**

Impossible de voir à plus d’un mètre de distance avec cette pénombre. Je ne savais pas qui pourrait se tenir là, mais mieux valait prévenir :

** Lyo, rends moi ton corps sil-te-plait.
- Ouais c’est ça, si tu crois que je vais te laisser manger ce que j’ai trou…
- Il y a quelqu’un d‘autre. Rend moi le corps Lyo, c’est un ordre !
- O…kay…**

Rassuré d’être en possession du corps, je m’avançais dans l’ombre et demandais :

« Qui est là ? »

Le bruit silencieux de quelque chose qui rampe au sol attira mon attention, mais il était si faible, ce bruit, que je ne pus diriger mon regard vers la personne qui se trouver dans les cuisines avec nous. Le bruit cessa alors, quelques secondes, puis, un éternuement, suivit peu après du bruit sourd de quelque chose qui cogne. Je plisse les yeux et dans la seconde qui suivit, j’aperçut une petite masse bouger, en notre direction, je recule lentement, puis reste bouche bé de part ce que je vit. Une petite fille me regardait avec ses grands yeux marrons. Elle avait l’air d’un petit animal sauvage effrayé. Le genre d’animal que vous ne pouvez vous empêcher d’apprivoisé tellement son allure et son regard vous touche. Toute fine et sa peau était aussi pâle et aussi cassante que de la porcelaine, elle me semblait fragile, et ses tremblements ne faisaient qu’accentuer cette idée que je me faisais d’elle. Je restais quelques instants à l’examiner, son teint maladif me clouait littéralement sur place et je me demandais ce qu’une petite fille frêle comme elle faisait dans l’enceinte du château, et qui plus est, se trouvait toute seule, la nuit, dans les cuisines du sous-sol. Le problème était, pour moi, réglé. Je n’avais pas à m’en faire pour une petite chose comme elle. Je me retournais en direction du frigo dans lequel Lyo avait débusqué de la mousse au chocolat pour prendre quelque chose et repartir prompto dans notre chambre quand Lyo m’interpella :

** Mais… tu vas la laissais ici ? Toute seule ?
- Ben, où tu veux que je l’amènes en même temps ? On est pas censé être ici.
- Je sais pas moi, mais regarde là !
- Hum ? *tourne la tête* C’est vrai qu’elle me fait un peu pitié…
- Kyo, t‘es vraiment…**

Étant donné que l’autre n’allait pas me lâchais si je ne faisais rien, je me retournais alors en la direction de la fillette. Je ne lui aurais pas donner plus de six ans, voir moins. Je n’étais pas baby-sitter non plus, alors je laissais la place à mon double. Je prononçais la formule et admira Lyo se débrouiller avec elle. Je me demandais ce qu’il allait bien pouvoir faire… Je le vois qui s’avance prudemment vers elle, et le vois se baisser lentement. Il s’assit, sur les genoux, il est toujours plus grand qu’elle et je perçois les traits de notre visage me tirer, Lyo lui sourit… Il tend une main vers elle, et il me demande de l’aider, l’air grave :

** Je voudrais effectuer un sort de création.
- Ah ? Et qu’es ce que tu veux faire apparaître ?
- Et bien…**

Lyo me dit ce dont il a besoin, et je visualise l’objet, c’est comme ça, pour faire apparaître quelque chose, il faut que l’on le visualise clairement tous les deux. Au dessus de la main tendu de Lyo se forme alors une grande sucette ronde aux couleurs vives, comme dans les fêtes foraines, la sucette retombe dans sa main, et il l’a tend vers la gamine.

« C’est pour toi. »

Lyo attends qu’elle prenne la sucrerie de sa petite main, souriant avec les yeux, après, il lui demandera son nom.