o- Flash-back -o

"_ Monsieur Metsugo!!!
_ Qu'y a-t-il?
_ Je souhaitais vous informer de la présence de votre fille en ces lieux.
_ Ha ha! Je n'ai pas de fille.
_ Mademoiselle Izumi Metsugo n'est pas votre fille?"

Fushi fit un bond en arrière. Surpris. Comment pouvait-elle être ici? Comment l'avait-elle retracé?
*Je lui ai pourtant donné une fausse adresse... L'aurait-elle découvert...*

"_ Hum... Je vois de qui il s'agit en effet, demandez-lui de me retrouver ce soir dans la salle commune s'il vous plait.
_ Très bien, au revoir Monsieur."

*Je vais passer une succulente soirée*

o- Fin du Flash-back -o

Le professeur s'était habillé de façon décontracte. Une chemise noire, dont le dernier bouton restait défait, et un jean sombre très simple. Il allait retrouver Izumi. Tout était confu dans sa tête. Sa fille adoptive l'avait supplié de lui dire dans quel lycée il travaillait pour qu'elle puisse venir. Il lui avait donné une école bien sûr, mais une différente de la sienne. Seulement, elle était dans ces lieux. Serait-ce une autre personne?

Il ne serait pas mécontent de la revoir, ça non. Mais s'il ne voulait pas qu'elle soit dans SON lycée, n'importe lequel où il pourrait travailler, c'était dans l'unique but de trop la protéger. Et ici... La protection ne serait pas tâche aisée.

Il poussa la lourde porte, et observa les lieux. Près d'une cheminée, dans un fauteuil noir, une jeune fille (femme?) patientait les jambes croisées, en lisant un bouquin. Elle était vêtue d'une belle robe sombre, et avait attaché ses longs cheveux.

Il y a plus d'un an, Fushi avait fuit la Canada, là où il vivait avec sa fille adoptive. C'était deux mois après l'avoir mordue. Elle ne cessait de grandir, et cela attristait le professeur. Alors une nuit, il entra dans sa chambre alors qu'elle se changeait. Il la fit s'asseoir, et lui raconta les vieilles légendes sur les vampires. Bien entendu, pour elle, cela ne restait que des légendes. Surtout à seize ans. Mais Fushi montra sa morsure enfoui dans le plus profond de son cou. Un endroit qu'il avait pour habitude de cacher à travers du maquillage. Sa fille, tout en commençant à comprendre, prenait peur. Et c'est à ce moment-là, en lui caressant le bras, qu'il posa la question qui en fait hésiter plus d'un : "Veux-tu... L'immortalité?" Tout ce qu'elle désirait, c'était rester auprès de son père. Alors elle répondit que oui, sans l'ombre d'un doute. Cette nuit-là, il condamna sa fille du temps. Deux mois plus tard, il lui rédigea une lettre de son départ, qu'elle ne devait pas s'inquiéter, qu'il reviendrait la voir, mais il n'est jamais revenu.

La jeune fille se leva, dans toute sa splendeur. Elle affichait un magnifique sourire, et quelques larmes commencèrent à couler :
"_ Papa?
_ Oui ma fille c'est bien moi."

Elle se jeta dans ses bras, et se mit à pleurer.

"_ Calme-toi Izumi. Ca à dû être dur pour toi... Une année d'écoulée, mais nous revoilà face à face. Je te demande pardon ma fille."

Sa fille l'avait retracé par ses morsures? Se pouvait-il qu'elle eu examiné la marque qu'elle porte dans son cou? Cette nuit où il l'avait mordue, cette nuit qui s'est faite en deux temps, fût bien longue. Il ne regrettait pas tout ce que ça avait engendré.

Sa fille le regarda :
" _ Sinon quoi de beau ? lui demanda-t-elle en reprenant sa bonne humeur. "

Comment pouvait-il se justifier? Il n'était pas parti pour rien. Il invita sa fille à venir s'asseoir sur le canapé noir, posé près de la cheminée, juste en face du fauteuil sur lequel elle se trouvait quelques minutes auparavent.

"_ Ma petite Izumi. Si je suis parti, en te laissant une mauvaise adresse, ce n'était pas pour m'enfuir. Je refusais que tu me suive, m'étant lancé d'une sorte de quête dangereuse. Le jour où je suis parti, cela faisait un mois que j'avais appris la disparition de ta tante Hebi. Ma soeur jumelle... Je sais qui la détient, mais j'ignore ce qu'elle est devenue, si elle vit toujours, et comment les trouver, eux ainsi qu'elle. Je ne sais que deux choses, ce sont les mêmes personnes qui m'ont condamnés du temps, et qu'ils portent une sorte de pendentif. J'ai une élève dans ma classe qui porte le même prénom : Hebi Mokona, une démone. Elle est liée à toute cette affaire, indirectement vu son ignorance. Elle porte ce fameux pendentif, et je suis actuellement en train de l'examiner. Mais me voilà sûrement mis en danger, et je ne voulais pas que tu ais des ennuis. D'où mon départ.
_ Ne t'en fais pas papa, c'est du passé."

Elle murmura cette phrase dans le cou de son père. Il poursuivit d'une voix troublée :

"_ Actuellement, je travaille comme professur de français dans ce lycée. Un lycée un peu tordu... Mais après plus d'un siècle de vie en vampire, plus rien ne me surprend. Et toi ma fille que deviens-tu?"

"Oh, j’ai essayé ta technique de chasse elle est pas mal mais un peu trop brutale à mon goût"
Brutale? Elle n'avait pourtant rien de brutal. Il suffisait de se fondre dans l'ombre, d'attendre le bon moment, et de bondir sur sa victime. S'ils étaient nombreux, mieux vaut ne pas perdre de temps. On les tue d'une simple morsure, et une fois tous morts, on passe à table. Où est la brutalité là-dedans? Au contraire, Fushi trouvait même que c'était une offre raisonnable, en effet, il offrait une mort rapide et simple.

Sa fille se jeta sur lui, l'entraînant à la renverse, elle lui mitraillait son cou de baiser, chose dont il avait horreur. Certes il aimait la décharge de frissons que ça lui provoquait, mais disons qu'au delà de un baiser par semaine, il ne supportait plus. Il était très heureux de revoir sa fille, et il comptait bien profiter de cette soirée avant de reprendre les cours.

Il serra sa fille dans ses bras, et reprit les discussions.

"_ Dis-moi, depuis que je t'ai mordu, as-tu développé d'autres pouvoirs autre que de lire dans les pensées et ta régénaration? Maitrise-tu le feu comme moi?"

Fushi état vraiment très fier de sa fille, elle grandissait, devenait de plus en plus radieuse, et puissante. Il n'espérait qu'une seule chose. Qu'un jour, elle l'égale. Et elle était en bonne voie. Il lui sourit, mais en la regardant dans les yeux, il comprit que quelque chose n'allait pas.

"_ Qu'y a-t-il Izumi? Tu m'as l'air... Perturbée..."

Seulement elle ne daignait répondre. Elle baissa simplement la tête et fit un visage attristé. Il lui attrapa le visage pour qu'elle le regarde. Elle fit une esquisse de sourire, et baissa les yeux. C'est comme si elle le fuyait du regard.

*Je n'apprécie pas vraiment... Qu'a-t-elle donc?*

A cette pensée, elle détourna entièrement le visage, comme contrariée. Mais de quoi?
Il la prit dans ses bras, et lui caressa le haut du dos. C'était une technique qu'il employait lorsqu'elle n'était encore qu'une petite fille. Il s'en servait pour la consoler, la bercer, ou la calmer. La sentant au bord des larmes, il déposa un baiser sur sa joue, et retenta sa chance.

"_ Qu'y a-t-il ma fille?"

Toujours aucune réponse. Voyant qu'il n'en tirerait rien pour l'instant il poussa un léger soupir et se leva pour se placer devant la cheminée. Le feu faiblissait à vue d'oeil. Il plaça sa main devant les morceaux de bois qu'il restait et fit jaillir une étincelle. Il regarda le bois se consummer avec lenteur, dans le doux crépitement des flammes.

"_ Vraiment Izumi, tu ne m'as jamais rien caché. Est-ce donc si grave?"

Fushi se retourna vers sa fille, le regard froid et impassible.

« Ce serait plus simple si tu pouvais lire mes pensées…
_ En effet, ce serait bien plus simple, mais cela resterait fade. Si l'on pouvait tout deviner par avance, on ne possèderait plus aucune surprise. Pour Noël, il faut s'efforcer de ne pas penser au cadeau que l'on offre. A ce qui se cache derrière le papier coloré. Autrement, la surprise s'envole au moment où la pensée est divulguée. La vie serait d'un fade. Tu ne crois pas?
_ Bien sûr que si... Ton analyse du comportement humain me fascinera toujours.
_ Là n'est pas la question Izumi. Je veux que tu me dise ce qui te trouble comme ça. Cela doit être plutôt grave si tu ne souhaite rien me divulguer.
_ J'ignore si l'on peut dire que c'est grave... Mais...
_ Mais quoi?"

Encore un silence. Décidemment, il n'en tirerait rien. De nouveau il fit volte-face, et s'amusa avec le feu pour calmer son angoisse. Une flammèche par-ci, une étincelle par-là. Très vite, il dû stopper, où le feu consumerait la cheminée. Fushi n'était pas réputé pour son impatience, mais en revanche, il n'était pas du genre à abandonner une affaire qui l'attirait. Il s'avança près de sa fille, se plaça derrière elle, et commença à lui caresser la nuque.

"_ Izumi. Dis-moi donc tes petits soucis. Tu sais parfaitement que tu peux te confier à ton père."

Se confier oui, mais ne rien craindre restait une autre paire de manche. Il s'est toujours montré affectueux envers elle. Mais il s'est déjà montré très violent. Seulement à une reprise, certes, mais ce fût une fois de trop quand même. Elle venait de lui révéler s'être rendu dans une propriété bourgeoise, située non loin de chez eux. Une demeure fort sympathique qui se situe entre la villa et le château. Les propriétaires donnaient un grand bal ce soir-là. Izumi avait très faim, cela faisait plus de deux semaines qu'elle n'avait pas touché à du sang humain. Résultat de cette fête sanglante, aucun survivant, exceptée la vampire bien entendu. Le lendemain matin, son père fût rapidement mis au courant, et demanda des explications à sa fille, qui lui avoua son crime rapidement. Elle aura reçu deux paires de claques. Les baffes de Fushi ne sont pas de simples baffes. Elles pourraient l'être, s'il ne maîtrisait pas le feu, et que par conséquent il n'usait pas de ce pouvoir pour charger sa main de flamme avant de frapper. La joue entièrement brûlée, Izumi resta dans sa chambre avec sa tristesse pour le reste de la journée. Dans la soirée, Fushi alla la voir, et lui fit passer une excellente soirée pour se faire pardonner de son geste, et puis pour lui montrer que malrgé tout, il l'aimait sa fille.

"_ Allez Izumi, il est vraiment temps pour toi que tu me dise ce que tu as sur le coeur. Sauf si tu as encore exterminé je ne sais combien d'hommes, je ne te ferais rien. Promis."

« Il a continué à me parler. Puis il s’est mis au dessus de moi et il m’a … »

Fushi jeta un regard froid de colère à sa fille qui s'interrompit aussitôt. Quelqu'un avait touché à Izumi. Un vampire a osé faire cela à SA fille. Adoptive certes, mais il l'aimait comme sa propre fille.

"_ Est-il encore en vie?
_ Il s'est enfui alors que j'étais encore paralysée... Papa, je...
_ Stop! Pas un mot de plus... Je me fiche de savoir ce que tu as fais. En revanche, je n'admets en aucun cas que l'on commette un tel acte sur toi. Décris-le moi.
_ ...
_ Izumi, ce n'est plus une question, mais un ordre.
_ Je ne sais plus moi... Un jeune garçon, c'est tout.
_ L'adolescence?
_ Oui...
_ Bien, alors je suppose qu'il m'est inutile de te divulguer ce que j'ai derrière la tête, mais je vais quand même t'en parler, histoire de ne pas entrer dans une rage folle intérieure, qui te retomberait dessus. Je vois parfaitement de qui il s'agit. Je n'aurais aucun mal à le retrouver. Il fût l'un de mes élèves autrefois. Je le traquerai, et le tuerai. A ma manière. De façon lente et "délicate" crois-moi."

Fushi se retourna, poussa un hurlement de colère, enclenchant une déflagration de feu dans la cheminée, consumant la totalité du bois en quelques secondes. Il regarda à nouveau sa fille, appeurée. Puis il se souvint d'une phrase : "En fait je ne t’aurais jamais demandé l’adresse du lycée si cela ne s’était pas passé."

"_ Izumi, (quand il l'appelait par son prénom en état de colère, ce n'était jamais un très bon signe... Pour elle.) quand tu dis, si cela ne s'était pas passé... Tu ne m'aurais jamais demandé l'adresse du lycée... Qu'entends-tu par-là? Tu n'aurais même pas cherché à me rejoindre si rien ne s'était produit? Et pourquoi veux-tu être auprès de moi après un tel acte?! Te poursuivrais-t-il?!"

Sa fille restait silencieuse, elle n'osait plus ouvrir la bouche, la peur l'en empêchant. Son père virait au rouge, ses mains s'embrasèrent. Son corps, contenant la puissance des flammes, commençait à chauffer, et à se réveiller. Fushi devenait très dangereux. Jamais elle ne l'avait vu comme ça. Pas dans un tel état. Pas une telle colère.

"_ Réponds-moi!!!"

Il hurlait à présent, et ne recevant toujours aucune réponse, il se rendit près de la cheminée, déposa du bois, et les consumma d'une nouvelle déflagration.

"_ Ne m'oblige pas à me servir de toi comme bois!
_ Tu... Tu avais promis...
_ Tout comme tu m'avais promis de ne rien me cacher. Je ne vois pas pourquoi j'irais tenir mes promesses plus que toi qui les brises au fil de cette discussion!!
_ Tu parle d'une discussion...
_ Izumi..."

Il se rapprocha d'elle, leva la main, et resta bloqué ainsi.
*Tu as promis monstre! Réagis! Calme-toi!*

Sa foutu conscience tentait veinement d'entrer en communication avec lui. Il se retourna et propulsa sa main vers la cheminée, dégageant une lame de feu puissante, allant s'écraser contre le mur de cette cheminée.

"_ Je te conseille vivement de me répondre Izumi. Pourquoi? Quelle est la raison de ta venue?"

« Et qu’est ce que sa peut te faire ? Je me suis remise en un an. J’ai une largement le temps ! Sache aussi que je serai quand même venue car tu commençais à me manquer sérieusement. Mais je crois que je commence à regretter se que j’ai fait en venant ici ! »

Fushi ne laissa paraître aucune trace de déstabilisation en son visage. Ni même ses yeux. Mais, au plus profond de lui, cette phrase qui se voulait agressive, mais qui relevait plus de la déception qu'autre chose secoua le professeur.

Il n'a jamais vraiment été très fort avec les mots. Professeur de français, certes, mais qui a osé dire un pseudo pléonasme du genre : Il est prof de français. Il sait manipuler avec les mots. Ce serait une bien grande erreur de croire une telle ânerie.

Sâchant en revanche manier les gestes, il s'avança près de sa fille qui lui tournait maintenant le dos. Il l'attrapa tendrement dans ses bras, par-derrière, et vint lui murmurer cette petite phrase à ses oreilles :
"_ Pardon ma petite Izumi. Tu m'as beaucoup manqué aussi, sâche-le."

Elle se retourna, de nouveau en larmes, larmes qu'elle essayait de masquer. Il les sécha d'un rapide coup de bras, et lui sourit :
"_ Allez, sortons de cette pièce, l'ambiance est lourde."