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 Tu avais quelque chose à me dire ? [ PV Hebi ]

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Sidney Hughes
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MessageSujet: Tu avais quelque chose à me dire ? [ PV Hebi ]   Tu avais quelque chose à me dire ? [ PV Hebi ] EmptyMar 13 Juil 2010 - 23:11

J'étais assise à une table de ce café. Les mains légèrement crispées sur la anse de ma tasse. Cappuccino encore fumant.
Une délicate odeur se dégageait de la dite tasse. La chantilly était d'une blanche immaculée. Pourtant, à cet instant, aussi appétissant que soit ce café, je n'avais pas en tête l'idée de le goûter. Pourquoi donc ? Parce que je n'étais pas ici parce que je l'avais pleinement décidé. En fait, je me rendais à un rendez-vous.

Ma chère démone. Ma tendre amie. Elle avait réussi à attraper mon bras au détour d'un couloir, entre deux heures de cours. Mais elle n'avait eu le temps de me murmurer que quelques mots. L'endroit et l'heure à laquelle nous devions nous retrouver.
Eh bien. Pourquoi étais-je alors pareillement tendue ? Ce n'était qu'un rendez-vous des plus communs. Comme ceux que les filles de notre âge organisent souvent, quand elles peinent à se voir. A se donner des nouvelles.
C'était le cas. J'essayais tant bien que mal de voir Hebi et il en était de même de son côté. Mais nous n'étions pas des adolescentes normales. Nous avions chacune des besoins supplémentaires. Besoins qui occupaient pas mal le temps libre que nous avions. Puis, il y avait les autres aussi. Et les devoirs. Les cours que nous n'avions pas en commun : placés à des heures différentes. Bref. Un lot interminable de choses qui faisaient que depuis l'enterrement de Mana, nous n'avions pas eu l'occasion de nous voir vraiment. Même d'avoir une discussion.

Mon amie me manquait. Et même si j'étais heureuse de la retrouver, je l'étais moins en envisageant ce qu'elle pouvait bien me dire. En effet, son air plutôt grave ne m'avait pas échappé quand elle m'avait glissé quelques mots à l'oreille. Ses yeux ne pourraient jamais la trahir : du moins, ils ne pourraient jamais me trahir. Je pouvais lire en elle. Ou plus ou moins. Et ce que j'avais alors déchiffré ne m'avait pas vraiment plu. Mélange de gravité et d'une certaine ... résignation ? Je ne savais pas trop. Mais les mots qu'elle avait alors prononcés n'avaient pas eu l'entrain que je connaissais tellement au timbre de la belle brune. Et je m'en inquiétais.

Le serveur, me voyant crispée sur ma tasse s'avança vers moi. Il faisait son boulot après tout : se charger du bien-être des clients potentiels ; ceux qui passaient la porte de ce petit café coincé entre une boutique de vêtements et un magasin de cadeaux en tout genres.

" Mademoiselle, vous avez besoin d'autre chose, peut-être ? "

Autre chose ? Je lève les yeux. Haussement d'un sourcil. Regard. Hochement de tête, négatif.

" Non, je vous remercie. "

Il effectue un léger mouvement de tête et s'en va, voulant se sentir utile pour d'autres clients qui n'auraient pas encore été pleinement satisfaits. Moi, je ne l'étais pas non plus. Mais il ne pouvait rien y faire, le pauvre. Je ne pouvais rien lui demander, à lui. Je ne pouvais que siroter distraitement mon café en attendant que mon amie vienne.

Cela faisait peut-être une dizaine de minutes que j'étais assise juste devant la baie vitrée du café. Les gens qui passaient au dehors pouvaient me voir. Moi aussi je les observais. Certains portaient une multitude de sacs en tout genre : une mission shopping apparemment pleinement remplie. D'autres étaient plus agités, sans doute à la recherche de quelqu'un, ou peut-être d'un quelconque conseil. D'autres riaient ou avançaient un portable collé à l'oreille. Je n'avais pas allumé le mien depuis bien longtemps. De toute manière, il n'y avait pas de réseau au pensionnat. Et personne pour m'écrire d'ailleurs. Mes vrais amis, c'était ici qu'ils étaient.

Le rencart était fixé d'ici cinq minutes et pourtant, en regardant par la fenêtre, cette silhouette familière m'apparut. Elle était vêtue de couleurs sombres. Amplement aussi. Mais rien de choquant. J'avais l'habitude avec elle. Puis, il fallait s'attendre à tout. Ses vêtements changeaient comme son humeur. Sachant qu'elle était quelqu'un d'un peu lunatique, on ne pouvait prévoir ce qui allait arriver.
Cependant, sa mine à demie-sombre ne me disait rien qui vaille.

Mes lèvres se pincèrent. Elle fixait ses pieds.
Mais son regard se leva soudain. Je ne savais pas quoi y lire. Il n'y avait pas assez de proximité. Mais pas de sourire. Ça, je le voyais clairement.
Hebi, as-tu quelque chose d'important à me dire ? De quoi veux-tu me faire part ? Je suis une oreille attentive, tu le sais bien. Mais je suis inquiète.

Elle pénètre dans le café. Aussitôt je lance un regard au serveur. Un genre de : soit au taquet mon grand, cette fille-là est avec moi et elle n'est pas patiente.

Elle s'assoit, la tête plutôt basse. Elle lâche son sac au pied de sa chaise. Mais avant même que nous puissions échanger un bonjour, le serveur s'avance déjà, prêt à prendre sa commande.
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Eris Almira
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MessageSujet: Re: Tu avais quelque chose à me dire ? [ PV Hebi ]   Tu avais quelque chose à me dire ? [ PV Hebi ] EmptyMer 14 Juil 2010 - 0:01

Ce matin le soleil a caressé mon visage pour me réveiller. Enfin me réveiller façon de parler ; j'ai si peu dormi que j'ignore si mon sommeil m'a réellement été profitable. Je me suis levée puis recouchée. J'ai pris l'air, et eu besoin de chaleur. Depuis quelques jours j'évite Fushi, et il ignore encore pourquoi. Je n'ai rien voulu lui dire. Je ne veux pas souffrir, après avoir été si heureuse. Sans doute est-ce trop tard. Des pensées violentes assaillent mon être, ces pensées qui, je sais, ne disparaîtront pas tant que je n'aurais pas avoué la vérité à quelqu'un. Et bien sûr, j'ai trouvé ce quelqu'un. Sidney. Ma belle, ma tendre Sidney. Que je n'ai pas vu depuis des jours, en dehors d'une bise rapide dans les couloirs et d'un repas sur trente au réfectoire. J'aimerais revoir Ellysendre aussi. Elle me manque, cette fille. Elle m'a redonné le sourire en histoire, et je ne la remercierai jamais assez pour cela. En attendant, je songe à Sidney. En sortant de l'infirmerie je n'avais eu qu'une idée en tête. Voire ma princesse, et tout lui dire. Tout lui avouer, depuis la mort de Mana, ma première nuit avec Fushi, mon amour pour lui, et ma découverte macabre. Je ne veux pas de cet étranger dans mon corps, et en même temps je le désire. Je crois que je n'ai plus le choix à présent. Je vais en parler à Sidney et je chercherais à savoir ce qu'elle en pense. Parce que je peux compter sur elle, sur son amour et sa discrétion. Dans le couloir, je lui ai jeté ces quelques mots à la va-vite, lui faisant comprendre que mon désir pour l'heure était de la voir et de tout lui avouer. Elle ne réagirait pas comme Izumi, encore moins comme Fushi. Je n'ai pas peur de ce qu'elle dira. J'ai confiance en elle.

Tu ne devrais pas...

J'ai passé la matinée à ne rien faire, comme d'habitude. Je ne suis pas vraiment sortie au village depuis mon escapade en compagnie de mademoiselle Vungh. Etrange fille, que celle ci. Quelqu'un que je n'ai pas réussi à cerner, ou à moitié. Quelqu'un qui me passionne, qui m'intrigue. Ce n'est pas de l'affection, comme pour Sidney et Izumy. Ce n'est pas de la haine, comme Nagaïa. C'est différent. Colossal ou perdu d'avance. Je ne sais pas. Mais je sais qu'elle aussi est au courant. J'ignore comment elle a pu. Mais elle sait. Elle sais, mais je ne sais pas comment. J'ai passé la matinée à ne rien faire, lézardant comme une adolescente, sans le moindre petit espoir de faire bronzer ma peau de craie. Je ne pourrais pas de toute manière. Mais cet après midi je vais la voir, ma muse, ma princesse. Je vais tout lui dire et ma conscience en sera soulagée. Le poids sera moindre, je me sentirais détendue et à l'aise avec toi, Sidney. Parce que pour le moment. Je ne peux même plus pleurer. La source est tarie. Game over. J'ignore si l'envahisseur est une bonne ou une mauvaise chose pour moi. J'ai peur, en fait. J'ai écouté les instructions de Marie avec patience. Mais là, maintenant, je ne sais plus. Je ne sais plus quoi voir, quoi penser. Parce que mon âme est perdue et isolée. Alors je me laisse faire. Comme une enfant qui va mourir. Et j'attends ton jugement pour voir la suite, ma belle.

Marche lentement. Te presse pas.

J'ai atteint la ville rapidement, presque patiemment. J'ai marché à pas cadencés, évitant la forêt et le parc, cherchant à fuir mes souvenirs, trop douloureux pour être remémorés. Comme si le présent ne me faisait pas assez de mal... j'ai avancé, lentement, me frayant un chemin à travers la foule, les yeux baissés. Je sais que tu es là, et je t'attends moi aussi. Mon sac dans la main, ma robe noire et mes nouveaux bijoux, le doux cadeau de Fushi, cette parure de saphir. Mes rangers claquent derrière moi, je fais peur et je le sais. J'ai le teint blafard, une trop grosse poitrine. J'ai des valises sous les yeux et l'air maussade. Mais mon regard se transforme en sourire tendre lorsque je croise le regard de ma belle. Je me sens si bien avec toi, Sidney. Tu me fais oublier mes tracas. D'habitude, du moins. Mais là, je pense que tu seras impuissante face à mon désarroi. Le problème est trop important, trop violent. Ais au moins la force de m'écouter... Je pose mon sac au sol, et m'assieds lourdement sur ma chaise, face à toi ma belle. J'attends un signe, un geste de ta part, mais tu es trop intriguée par mon allure pour tenter quoi que ce soit. J'expédie le serveur maigrelet en prononçant ma commande d'une voix rocailleuse. Je n'ai pas ouvert la bouche de la journée, il fallait s'y attendre.

"Vodka. Nature. Un grand verre. La plus forte que vous ayez."

Après une hésitation, l'homme repart, surpris par ma demande. Mais je ne lui demande rien. Je veux juste t'entendre, Sidney. Je veux juste tout t'expliquer. Je prends une grande inspiration, lève les yeux vers toi. Et j'attaque. Lourdemment, mais je ne suis pas sûre de moi. Toutefois, je ne le montre pas immédiatement. Tu sais que quelque chose ne va pas Sidney. Tu le sais toujours. Et c'est pour ça que je me suis attachée à toi...

"Bon... autant commencer direct. J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La "bonne" c'est que depuis la nuit précédant la mort de Mana, je suis officieusement en couple interdit avec le prof de français. La mauvaise..."

Tu crois vraiment que...
La ferme.

"La mauvaise, c'est que je suis enceinte de lui."

Et voilà. L'exécution commence. Chapeau vraiment. Moi même je n'aurais pas pu être plus directe que cela.

[post de merde. Pardon uu']
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Sidney Hughes
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MessageSujet: Re: Tu avais quelque chose à me dire ? [ PV Hebi ]   Tu avais quelque chose à me dire ? [ PV Hebi ] EmptyJeu 15 Juil 2010 - 20:53

Un sourire. Il ne me faut rien de plus. Tu le sais bien.
Ce petit sourire que tu as au coin des lèvres, un sourire tendre, cela suffit à me remettre un peu de baume au cœur. Cela me rassure dans un sens. Pourtant, quelque chose me dit que ce n'est que temporaire. Je n'aime pas écouter cette petite voix qui me murmure des mots, dans ma tête. Mais je sais qu'elle n'a jamais eu tort. Toujours raison. Une espèce de pressentiment qui s'est toujours avéré véridique. J'aimerais que tu me prouve que je peux me tromper. Ta commande, pourtant, me fait plonger dans une pseudo-méditation. Déjà. Vodka. Alcool. La plus forte ? Mon Dieu. Les nouvelles sont si terribles que ça ? ..

Des envies de t'alcooliser devant mes yeux, tu n'en as pas tous les jours. Je te méconnais, comme ça. Que veux-tu ? Te donner du courage ? Penser à autre chose ? Laisser tes pensées dériver, peut-être. Te laisser embaumer par le plaisir artificiel. Que sais-je. Peut-être que tu as simplement une envie, comme nous en avons tous.
Cette hypothèse est à peine plausible. Ton regard ne me ment pas. Ton sourire se fane un peu.
Nos sourires se sont auparavant dit bonjour. Même pas la peine de prononcer le moindre mot. Je ne tente pas même d'ouvrir la bouche. Je sais que tu vas m'expliquer. M'expliquer la raison de ma présence. Peut-être pourquoi ce lieu. Cette heure-ci, je m'en doute. Une heure de libre, rien de plus. Peu m'importe qu'elle soit libre ou pas, d'ailleurs. Peu m'importe si j'ai des choses à faire, des cours à rattraper. Tu sais bien que pour un rendez-vous de toi, moi je ferai n'importe quoi.

Ta voix est grave. Rocailleuse. Tu m'inquiète.
Tu enchaine les mots, comme si tu récitais un discours. Comme si tu avais tout préparé pendant que tu venais. Tu vas vite. Bonne nouvelle. Mauvaise nouvelle. Enchainement.

J'ai ma tasse dans les mains. J'ai voulu y poser mes lèvres, mais tu ne m'en as pas laissé le temps.
Je ne sais pas si c'est la bonne ou la mauvaise nouvelle qui me choque. Peut-être l'alliance des deux, tiens. Le temps se suspend, un instant. Je reste en flottement. Un flottement total.

" Tu .. "

Étonnée. Abasourdie. Abrutie. Assommée, aussi. Avons-nous encore besoin d'autres synonymes ? J'en trouverai sans doute d'autre, si je pouvais me creuser les méninges une demie-seconde. Mais impossibilité.
Mon corps réagit à cet état d'hébètement. Mes mains lâchent la prise qu'elles avaient sur la tasse. Elle vient se fracasser sur la table.
Nous avons à peine le temps de nous éloigner vaguement pour ne pas que le café nous tâche. Mais ce n'était qu'un réflexe. Pourtant, cela m'a fait réagir. Me fallait-il le bruit d'un mug qui tombe sur la table pour que je comprenne ce que tu venais de me dire ? Tâchons de reprendre nos esprits, veux-tu ? Ou plutôt, permets que je reprenne mes esprits. Toi, tu sais de quoi tu parle.

J'adresse un regard désolé vers le serveur qui se précipite déjà vers notre table. Ma bouche ne s'ouvre pas. Quoi dire ? .. Je ne sais pas. Il essuie le liquide qui coule sur la table et ramasse la tasse. Il fronce les sourcils. Éviter une scène pareille lui aurait été préférable. Je n'ai pas fait exprès.

" Je .. suis désolée. Pourriez-vous m'apporter un grand verre d'eau ? .. "

Il s'en va d'un pas vif avec son mug en main. Voilà que je joue les clientes qu'on remarque. Et puis merde. Donnez-moi de l'eau : j'ai l'impression que c'est à moi que l'on vient d'annoncer la grossesse. Enfin, c'est quand-même un comble.
Quelle réaction stupide. Ce n'est sûrement pas pour cela qu'elle m'a demandé de venir. Elle cherchait le soutien, l'aide. Que pouvais-je bien lui dire ?

C'était quand-même sacrément la merde.
Je plonge ma tête dans mes mains et lance un soupir. Tentative de trouver les mots adéquats ? .. C'est dur, vraiment, je crois que je sèche. J'ai du mal, là.

" Merde .. "

Je lève les yeux vers elle.

" .. Je suis désolée. Ça fait beaucoup d'un coup. "

C'est idiot de lui dire ça. J'ai l'impression que je me mets à sa place, alors que je n'ai aucune idée de comment elle peut se sentir. Elle n'en plus seule. Il y a un être qui se développe en elle. Un petit être. Quelque chose d'encore minuscule. De si chétif.
J'ai l'impression que le sort s'acharne et en même temps, j'ai envie de me dire que c'est le plus merveilleux présent que l'on puisse avoir. Mais je suis certaine qu'elle ne le considère pas comme un cadeau du ciel, dans son cas. Une relation interdite qui donnera naissance à une petite créature qui jamais n'aurait due voir le jour .. On peut avoir le sentiment que c'est de l'acharnement contre elle.
J'ai cependant une envie soudaine de croire que c'est la consécration de tous les efforts qu'elle a fait. Peut-être que son bonheur, elle va le trouver dans cette situation. Évidemment, maintenant ce n'est pas évident, mais ..

Au dépend de la bonne nouvelle, je me suis focalisée sur la " mauvaise ".

Le serveur arrive avec nos boissons. Un verre géant apparemment rempli d'eau. Translucide. Odeur forte d'alcool. Vodka. Mon verre d'eau fait franchement pitié à côté.
A peine tourne-t-il le dos, que j'ai une révélation plutôt étrange, vu les circonstances.
J'attrape le verre qu'Hebi s'apprête à prendre, et le lui tend le mien à la place. Ça peut paraître con, je sais. Mais c'était une réaction plutôt spontanée ..

" .. Dans ton état, l'alcool est à proscrire. Bois ça. "


Cette fois, je ne lui laisse pas le choix. C'est un ordre.
Tu en es réduit à cet état-là ma belle. On ne peut pas faire marche arrière. Maintenant qu'on en est là, il faut faire ce qu'il se doit d'être fait. Assumer.
J'ai dans l'idée de t'aider. Tant que tu auras besoin de moi. Tu le sais bien.

" Explique-moi tout. J'ai raté quelques épisodes, je crois .. "


Je porte le verre à ma bouche. Bois rapidement deux gorgées. Peut-être que je n'aurais pas dû. Je fais la grimace. Merde. La vodka, c'est fort.
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MessageSujet: Re: Tu avais quelque chose à me dire ? [ PV Hebi ]   Tu avais quelque chose à me dire ? [ PV Hebi ] EmptySam 17 Juil 2010 - 0:03

Tout dire. Une chose dont je ne me sens pas capable. Je ne dois pas, je ne peux pas. Qui vais-je trahir en agissant ainsi ? Fushi ? Izumi ? Ou moi-même ? Est-ce que dire la vérité, c'est trahir ? Fushi risque sa place, moi je risque mes études, ma vie. Je n'ai nulle part ailleurs. Ici, c'est ma maison. Ce village est mon voisinage. Fushi... Fushi c'est mon existence. Izumi, Sidney. Ellysendre. Et même Iromy, que je hais jusqu'aux tréfonds de mon âme. Ils sont ma famille. Celle que je n'ai jamais eu, et que sans doute je n'aurais jamais. Ils constituent tout ce qui m'est cher, tout ce que j'aime et que je hais à la fois. J'aime la forêt. L'odeur des arbres m'est à présent familière. Elle est douce, engourdie aussi, elle est prenante, parfois écoeurante mais fraîche et délicieuse. C'est un parfum à la fois sauvage et domestique, une barrière qui va en direction de la liberté. Si je perds tout cela, c'est ma vie que je perds. Ma vie quotidienne, le sens de mon existence. Quel était-il ce temps ? Je n'ai jamais eu de sens à ma vie, sinon de tuer, d'assassiner, parce que c'était comme ça. Parce que ma condition m'ordonnait d'assassiner pour survivre. Je devais tuer et tuer encore. C'est ce qu'Aeden a toujours fait. Et j'imagine qu'il le fera encore des centaines d'années durant, jusqu'à ce que Lucifer vienne le chercher, et lui amener une place de choix aux Enfers. Mais moi, qu'est-ce que j'espère ? Rien, en fait. Il s'opère un changement en moi que je ne peux pas expliquer. Je n'ai jamais aimé tuer. Pour moi c'était un acte inconsidérément barbare et rébarbatif, tuant et éreintant, immoral. Mon avenir, je l'ai trouvé en venant ici. L'adaptation a été difficile. Mais je le sais, maintenant. Ce lycée, c'est ma maison. Et j'y resterai autant de temps que je le pourrais, comme je le voudrais. Je travaillerai dur pour cela. Mais... Sans doute ma décision va-t-elle faire changer les choses. Je n'en ai pas envie, mais c'est ainsi. Entre sa vie et la mienne... je choisis la sienne. Est-ce cela, l'amour d'une mère ?

Tu te trompes, sur toute la ligne.


Je te vois, ma beauté blonde, attraper mon verre et boire à ma place. J'ai envie de rire. Ma pauvre Sidney. Deux gorgées de ce truc et tu tomberas à la renverse. Je viens souvent ici. Le serveur me connaît. Il sait quelle Vodka me donner, celle qui arrache la palais à chaque lampée. Mes crises de colère ou de chagrin, je les passais ici souvent, sur cette terrasse. Qu'il pleuve, vente ou neige. J'ai commandé ce verre, toujours à la même table. Dehors. Et je le buvais d'un trait. D'abord je n'ai pas supporté. Mais à présent cela ne fait que me réchauffer le coeur en cas de coups durs. Parfois je comprends les alcooliques. Comme on se sent libérés de ces soucis, après cela... L'alcool s'insinue dans nos veines et emprisonne nos sens. Parfois, oublier, cela a du bon. Et moi j'ai souvent oublié qui j'étais, assise à cette terrasse. Mais toi Sidney, qu'as-tu besoin d'oublier ? L'alcool te fera pleurer. N'y touche pas. Garde ta pureté, laisse la boisson de la mort pour les imbéciles. Soupirant, j'attrape le verre encore entre tes mains, tandis que cette quinte de toux t'étouffe. Tu as renversé ta tasse de café, mue par le choc violent des deux nouvelles que je viens de t'annoncer. Même si renverser ainsi son café c'est une bourde, je suis heureuse de voir que cette information te choque. Cela prouve que malgré l'éloignement, tu m'aimes, et tu n'as pas oublié mes troubles, ainsi que mes joies, au même titre que mes peines. Tout comme je n'ai pas oublié les tiennes, Sidney. Ma princesse, pense à moi avant de monter sur l'échafaud. Le grand verre atterrit dans ma main, manquant de deux petites gorgées de vampire. J'avale le reste d'une lampée.

"Bois pas ça, Sid'. Prends plutôt un autre café, ne t'en fais pas pour moi."


D'un signe de main je fais comprendre au garçon que je désire un autre verre, qu'il s'empresse de m'amener. Et, sirotant la vodka avec un peu plus de lenteur que précédemment, je décide de tout lui raconter. L'absence de Fushi, l'attente, avant la réponse fatidique. L'attente de ses mots, de sa réponse. La mort de Mana, tuée par ma mère. Mon désespoir, quelques jours plus tard. Je ne t'ai pas vue Sidney. Alors sans réfléchir j'ai foncé dans la chambre à Fushi, dans l'espoir de le trouver, et d'y trouver consolation et réconfort. J'ai eu mieux que cela encore. J'ai eu de l'amour et de l'affection. Je lui racontais très brièvement cette nuit en sa compagnie. Je lui montrais les saphirs qu'il m'avait offert, cette parure élégante. Je lui expliquais que le lendemain, je l'avais laissé dormir seul, pour mettre Mana en terre, enfin. Ma Blanche l'avait mérité. Les larmes me montèrent aux yeux, mais je mis cela sous le compte de la vodka, dont l'odeur forte d'alcool m'avait sans doute monté au nez. Oui, c'est ça. Et puis d'un trait je lui expliquais la suite. Déjà je semblais l'avoir bien ébranlée. Mais je devais continuer. Alors je lui expliquais qu'au bout de deux semaines, les premiers signes étaient arrivés. Vomissements, fatigue, crises d'humeur et faim intense. C'était trop tot, deux semaines. Beaucoup trop tôt. Alors j'avais cru à une maladie, naïvement. Avant de me rendre avec Angel (que je qualifiais aussitôt de "pauvre beaugosse stupide, bouffi d'affection comme une baudruche et incapable de s'énerver correctement contre quelqu'un, en gros pitoyable"... il était vrai que je n'avais pas eu une très bonne impression de lui en le rencontrant. Et j'en fis part à Sidney) à l'infirmerie où la bimbo m'apprit que j'allais avoir un enfant. Je lui expliquais, alors. C'était mon monde qui s'écroulait. Mon avenir, tout. Tout était détruit.

Allez, pleure un coup, c'est ça.


"Je pourrais avorter. Me séparer de cette chose et de recommencer à zéro. Mais Sid'... je ne sais pas pourquoi mais je ne veux pas."


Ma voix tremble. Le verre à présent vide éclate dans ma main, laissant quelques traces sanguinolentes sur ma main et la table. Le serveur s'approche mais je lui fais un signe assez équivoque de ne pas bouger ses petites fesses. La plaie se referme rapidement, écorchure superficielle. Je n'ai pas besoin d'aide. J'ai suffisamment mal au dos toute la journée pour supporter quelques petites écorchures sur ma main. Silencieuse, je joue un instant avec les débris de verres, cherchant, furetant dans mon vocabulaire pour trouver la phrase qui sera juste aux yeux de Sidney, cette phrase que je voudrais prononcer mais je n'y arrive pas. Je suis... sans doute trop désorientée, perdue. J'ai un enfant en mon sein, et j'aime un professeur. Je suis un démon qui dévore les gens vivants pour se nourrir. J'ai des amis formidables, et une ennemie jurée à présent. Je sais qu'Iromy me méprise. Et me respecte peut-être, en même temps, je sais pas. Cette fille, elle est comme Syndel Vungh. Elle m'intrigue. Mais à la différence de Syndel, je hais Iromy, de tout mon être. Dès l'instant où ma tête heurta le sol, poussé par la pression de sa main. J'ignore qui devra gagner, mais je suis prête à relever le défi. Mais je devais me concentrer sur l'enfant. Et je lâchais enfin cette phrase. La plus vraie que je n'avais jamais prononcé.

"Peut-être que j'en ai envie, de ce bébé, après tout..."

Non, pas peut-être. Sûrement. Je veux un bébé. Il sera un hybride. Vampire, Démon. J'ignore encore comment je pourrais faire, ce que je deviendrais. Mais je veux tenter le coup. J'irais voir le directeur. Je lui dirais que je suis enceinte. Je lui dirais que cet enfant, je l'élèverai au sein du lycée, et qu'il ne dérangera personne. Et je n'avouerai pas l'identité du père. Je suis bien optimiste... pour clore mon roman, je croise les doigts. Te fixe, ma belle angélique, en finissant mon histoire par cette phrase, légèrement fataliste.


"Et pour finir, tu t'en doutes bien, Izumi ne m'adresse plus la parole."


Dernière édition par Hebi Mokona le Dim 18 Juil 2010 - 11:15, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Tu avais quelque chose à me dire ? [ PV Hebi ]   Tu avais quelque chose à me dire ? [ PV Hebi ] EmptySam 17 Juil 2010 - 20:28

La vodka est vraiment dégoûtante. Je ne comprends pas quel est l'intérêt de boire quelque chose de tellement écœurant. Quelque chose de tellement fort. On croirait boire du dissolvant. Ça laisse un goût terrible dans la bouche.
L'alcool n'est pas quelque chose pour moi. Est-ce que toi tu penses que c'est pour toi ? Mais pourquoi tu as besoin de l'alcool ? Tu sais bien que cela ne t'aidera pas. Ce n'est rien d'autres qu'un peu de temps en plus dans un monde où ton bonheur est artificiel. Un instant de quiétude, alors que tu sais qu'autour de toi tout est trouble. A quoi ça te sert, ma belle ? Tu sais que quand tu bois ça, au final, quand tu ouvres à nouveau les yeux, tu n'es tombé que plus bas.

Moi je n'aime pas te voir comme ça. Je n'aime pas que tu aies besoin de ça pour aller bien. Je refuse.
J'aime te voir joyeuse. Heureuse de vivre. Te voir souriante, comme quand tu ôte ce verre bien trop gros de mes mains frêles. Tu sais, pour toi, moi je peux bien boire tous les verres de vodka du monde. Même si je trouve ça écœurant. Dégoûtant. Je te fais sourire. C'est comme ça que je t'aime, avant tout.
Je t'adore quand tu as l'esprit loin des soucis. Quand tu fais une trêve. Que tu t'accorde un répit. Je t'aime tellement quand tu te sens libre comme l'air. Capable de faire n'importe quoi. Réjouie devant l'immortalité et toutes les qualités que tu vois qu'elle t'apporte. Quand il n'y a pas l'ombre d'un problème sur les traits de ton visage.

Mais là, tes sourcils sont un peu froncés. Oh, ce n'est que très légèrement. Mais tu sais que je le vois. Je vois également comme tu es pensive. Tu réfléchis. Mais à quoi ? Quoi dire ? Quoi faire ? Ma belle, ce n'est même pas la peine de chercher les mots. De vouloir prendre des pincettes. Dis-moi ce que tu as sur le cœur. Conduis-moi au devant de ta réflexion. Emmène-moi plus près de toi et de ce qu'a été ta vie lors de ces derniers jours où je regrette d'avoir été tellement absente.

Je fais glisser le verre d'eau sur la table. Tu sais, celui que tu devrais boire, à la place de boire cet alcool immonde. Je sais pourtant qu'il n'y a rien à faire. Te tenir tête ne sert à rien. En face de toi, déterminée comme tu l'es toujours, il ne sert à rien de vouloir arriver à ses fins. Du moins, je sais que moi, je n'y arriverai pas.
Je préfère faire comme si je n'avais jamais essayé de faire quelque chose qui partait pourtant d'une bonne pensée. Mais ça, tu le sais. Tu le sais bien, que je ne veux rien d'autre que ton bien. En même temps, je crois que tu n'arrive pas à accepter de l'aide, parce que tu n'es pas totalement en phase avec ce qu'il se passe : tu as besoin d'aide, mais tu n'en es pas consciente. Tu ne réalise pas encore le monticule de travail devant lequel tu es. Ou peut-être que c'est moi qui voit les choses en trop grand. Hyperbole. Comme on dit.

Le verre d'eau glisse doucement d'une main à l'autre. J'observe le mouvement du liquide entre mes doigts. Les effluves de l'alcool m'arrivent aux narines. Cependant elles sont assez éloignées pour qu'elles ne me piquent les yeux.
En parlant d'yeux : je crois un instant ton regard et j'y vois toute la douleur que tu auras ensuite à me raconter le récit de ces quelques jours pendant lesquels je me suis sentie un peu comme une étrangère dans ta vie. Loin. Incapable de voir ce qu'il pouvait se passer. Tout bonnement absente. Je m'en voulais. Vraiment.
Et comme pour me faire pardonner, j'écoutais en silence ce qu'il s'était passé. Une foule d'évènements, d'ailleurs. Peut-être beaucoup trop. Sûrement, même. Je comprenais que tu étais totalement dépassée par ce qu'il se passait. Je l'étais moi-même par ton récit. Il était tellement dense, tellement concentré que j'avais un peu de mal à m'en sortir. Il t'était arrivé une telle quantité de choses, ma pauvre, que je ne doutais pas que tu ne saches plus où donner de la tête.
J'avais envie de te prendre dans mes bras, mais c'était sûrement mal venu. Envie refoulée.

Un tour à l'infirmerie t'avais suffit pour que quelqu'un te remette les idées en place. Sans doute pas de la meilleure façon qu'il soit. Quoique. Y avait-il vraiment meilleure façon de dire les choses que d'être direct et franc ? Non.
Mais cela était venu trop brusquement. Te connaissais, je pouvais aisément imaginer la scène. Tu avais dû être folle de rage et lancer ce que tu trouvais à la tête des personnes présentes. Ou peut-être tout simplement leur lancer un regard plus noir que le ramage d'un corbeau. Réflexion faite, je penchais pour la seconde hypothèse.
Sans qu'elle s'en rende compte, cette infirmière t'avais jeté dans la cage aux fauves : la réalité devant tes yeux. Les yeux en face des trous. Oui, une action engendrait toujours une réaction. A une cause, s'ajoutait toujours une conséquence. Mais tu ne l'avais pas imaginé plus tôt. Ou alors tu voyais la conséquence comme un fait mineur à côté de la cause. Tu avais eu tort et tu t'étais comportée comme n'importe quel humain : en faisant preuve de négligence. Et maintenant ? Tu étais perdue comme le serait n'importe quelle adolescente de 17 ans. Sauf que tu n'atteignais cet âge plus que physiquement. Mentalement, tu en étais très éloignée. Mais jamais jusqu'à maintenant, tu ne m'avais parue aussi .. humaine. J'y voyais quelque chose de profondément touchant.

Un petit sourire se dessine sur mon visage.
Je ne comprends peut-être rien à l'amour et à toutes ces conneries, mais pour tout ce que j'en ai lu, ce que j'en ai vu, j'aimerais pouvoir t'aider. Et surtout, te rassurer. C'est sans doute ce dont tu as le plus besoin.

" Évidemment que tu as envie de ce bébé, Hebi. Quelle mère indigne est celle qui ne veut pas de la chair de sa chair ? De l'être qui va naître d'une union qu'on a vraiment désiré ? .. "


J'ai envie de lui réciter un roman sur l'instant maternel qui se développe à partir du moment où l'on prend connaissance de l'existence d'un être qui se développe en nous et tout un tas d'autres choses, mais je me tais. Rien ne sert de réciter une tonne de trucs qu'on a lu, qu'on a vu. Dire ce que l'on a sur le cœur, c'est ce qu'il y a de plus important.

Izumi. La fille de Fushi. Normal qu'elle ai mal pris la nouvelle. Avoir une demie-sœur dont la mère serait sa meilleure amie, ce n'est pas vraiment la meilleure des nouvelles qu'elle pouvait envisager. Mais Izumi était une fille douce et même si elle était vraiment impulsive, je ne doutais pas qu'elle était en train de réfléchir très sérieusement et de faire la part des choses. Elle pouvait jalouser Hebi d'avoir une relation privilégiée avec son père, comme elle-même aurait voulu en avoir une : une relation complice, tendre. Cependant, elle se rendrait bien vite compte qu'elle ne pouvait qu'accepter cet union pourtant défendu. Elle aimait son père. Elle aimait Hebi. Elle ne pourrait vivre sans l'un et sans l'autre. Les choses allaient rapidement s'arranger. J'en étais intimement convaincue.

" Izumi sera bientôt de nouveau à tes côtés pour te soutenir. Il lui faut le temps d'assimiler une telle nouvelle. Mais elle sera là. Comme Fushi. Comme moi. Comme tes amis .. "


Je bois une gorgée d'eau. Le liquide coule, rafraîchissant, dans ma gorge.

" Je crois qu'on ne demande qu'à te rendre la tâche plus facile. "

Sourire en coin. Faible. Mais présent.
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MessageSujet: Re: Tu avais quelque chose à me dire ? [ PV Hebi ]   Tu avais quelque chose à me dire ? [ PV Hebi ] EmptyDim 18 Juil 2010 - 15:46

Je crois que là où je vais, il n'y a pas d'avenir.

Je fixe Sidney qui semble me passer aux rayons X, comme elle a l'habitude de le faire lorsqu'elle me sent troublée. Ses mots me touchent, mais ne changeront rien à ma vie. Je suis la seule maîtresse de mes émotions. Et ces émotions, je les maîtrise mal. Son visage respire à la fois la sérénité et l'inquiétude. Elle s'inquiète pour moi. Je me sens ragaillardie et engluée à la fois. Je ne veux pas qu'elle s'inquiète. Si je lui parle c'est pour perdre toutes mes mauvaises pensées. Je n'ai aucune idée du futur. Parce que je n'aurais jamais cru que je puisse tomber enceinte, avoir un bébé. Pour moi c'était une aventure qui n'arrivait qu'aux autres. Et maintenant qu'elle m'arrive à moi je perds tous mes repères. Parce que justement; C'est une aventure qui n'aurait pas dû m'arriver. Je tripote nerveusement les morceaux de verre brisé, sans pour autant entailler ma main. Je suis comme ce verre. On m'a trop serrée, et à présent j'ai éclaté en milliers de petits morceaux. Dans mon corps et dans mon âme, je suis la prisonnière de deux intrus à présent. Aura, depuis ma naissance. Sa manifestation depuis mon arrivée ici est une première et j'ai peur qu'elle arrive encore. Je ne veux pas souffrir inutilement à cause d'elle. Mon seul souhait est de la voir disparaître. Et cet enfant, cette créature qui se développe à grande vitesse dans mon corps, sans que je puisse l'en empêcher. J'ai peur, dans le fond, peur de ce qu'il va m'arriver. Je crains le futur parce qu'il m'est interdit.

Arrête je t'en prie...

Je commande une autre vodka, que le serveur m'apporte avec réticence. Je fais tourner les glaçons qu'il a chaleureusement ajouté dans mon verre d'alcool. Sidney semble perplexe. Croit-elle que trois verres de vodka suffiront à me rendre complètement stupide ? Non ma belle, je ne suis pas de ce genre là. L'alcool ne sert pas à me rendre folle ou quoi que ce soit. Pour moi, il me sert de réconfort. Il réchauffe mon coeur, déjà brûlant. Il chasse les désillusions de mon esprit et apaise Aura. Aura, que je sens déjà se fissurer, et disparaître. J'ai l'entier contrôle de mes moyens et de mes émotions, c'est ce qui me permet de me poser les bonnes questions. Es-ce que je dois continuer ? Il n'est pas trop tard. J'ai envie d'être seule. Mais...

Je la vois, cette petite poupée, à l'intérieur de mes mains. Je la sens gigoter, et ses pleurs me donnent envie de verser des larmes à mon tour. Je les vois, ses yeux clairs de nouveau né, et cette odeur qui reste, jusqu'à tard en général. On dit que les femmes enceinte changent d'odeur. On dit qu'elles ont une odeur de maman. Une odeur agréable, maternelle, douce et chaude. J'ai envie d'avoir cette odeur. De ne plus pouvoir apercevoir mes pieds, en raison de la rondeur de mon ventre. Je voudrais connaître tout cela, serrer un poupon dans mes bras, le nourrir et l'aimer, comme jamais un démon ait aimé quelqu'un. Je veux voir la tendresse dans mon regard se refléter dans les yeux de l'enfant. Je veux me lever pour calmer ses pleurs, tard dans la nuit, et le serrer dans mes bras, avec tout l'amour que je serais capable d'offrir. Et par dessus tout. Je veux te voir toi. Les yeux brillants d'une certaine émotion. Te pencher doucement vers cet enfant et le serrer vraiment dans tes bras, comme n'importe quel père. En fait, voilà ce que je veux réellement. Une famille. Une famille curieusement constituée en vérité. Mais une famille. Ce que je n'ai jamais eu. Sidney sait ce que c'est elle. Elle pourra sûrement m'en dire plus. M'apprendre ces choses qui m'ont été cachées tant de temps. Pour que je sache vraiment comment élever cet enfant.

"Sidney... Personne ne peut m'aider. Ni me rendre la tâche plus facile. Ce que j'ai fait à Izumi est impardonnable. Je l'ai provoquée ouvertement, j'ai carrément dit que si j'avais envie de sortir avec Fushi elle n'avait pas son mot à dire."

Une pause. J'ai honte de ce que je dis. J'avale une grande gorgée de vodka, qui me brûle la gorge. La table est dans un état lamentable. Le café renversé, les débris de la tasse. Le verre de vodka brisé. Il plane une odeur d'alcool et de café se mélange, c'est un peu écoeurant. Cette odeur me rappelle celle de l'infirmerie. Je me souviens avec honte comment j'ai attaqué Marie suite à l'annonce de sa nouvelle. J'avais perdu le contrôle de moi-même. Et j'avais brûlé la main de cette femme, sans le moindre ménagement. Je lui avais balancé tout ce qui était à ma portée, je l'avais insultée, j'avais crié, hurlé, supplié. La nature est impardonnable. Et j'ai eu vite fait de le comprendre. Il n'y a pas d'avenir là où je vais. Sans eux, du moins, il n'y a pas d'avenir. Alors j'ai bien été forcée de me reconnaître, d'assumer. J'y re-songe, sirotant mon verre comme si c'était de la simple limonade. L'alcool réchauffe mon corps meurtri. Mais j'y pense. Les femmes enceintes ne boivent pas non ? Peu importe. J'imagine que ça ne fera pas grand chose à un démon-vampire...

"Vous ne pourrez que me soutenir, mais pas me faciliter la tache. Le travail je dois le faire toute seule. C'est moi qui porte ce fardeau. Je ne sais pas ce que je vais devenir tu sais. Et si j'étais renvoyée du lycée ? Et si Fushi perdait son travail ?"

Quelques larmes roulent sur mes joues, oblongues et chagrinées. Je ne veux pas partir d'ici. Je ne veux pas connaître cette déveine, je ne veux pas être seule. Ma maison, c'est ici et pas ailleurs. Je ne veux pas que ma vie soit gâchée à cause de ça. Je me berce dans les sanglots, ma tête enfouie dans mes mains, mes larmes semblent ne pas vouloir s'arrêter. La suite je la vois sous une mauvaise augure. Je vois la souffrance, la douleur. Je vois la séparation. Je vois ma valise, prête dans la chambre, que je quitte avec regrets. Je ne veux pas de cette vie. Je veux rester ici, avec Sidney, Izumi et Fushi, Ellysendre, tous ceux que j'aime avec tout l'amour que je peux apporter pour quelqu'un. Je n'ai pas peur du futur. Je veux avancer, continuer, toujours plus loin. Mais ici. Dans ce château dont les murs me sont à présent si familiers. Avec vous, et cet enfant si possible. Vivre, vraiment. Mon corps s'agite de tremblements, mes poings se serrent. J'en ai assez. Je ne veux plus avoir mal comme ça. Quand pourrais-je vraiment être heureuse, hein ? C'est interdit ? ça m'est interdit ? Je relève la tête, mon visage est ruisselant de larmes. Il me reste une question à te poser, princesse. Et une question capitale. Rien que pour toi.

"Sid... c'est quoi une famille ?"
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MessageSujet: Re: Tu avais quelque chose à me dire ? [ PV Hebi ]   Tu avais quelque chose à me dire ? [ PV Hebi ] EmptyMar 20 Juil 2010 - 19:33

Son visage est comme un tableau. Un tableau changeant. Les expressions ne restent jamais fixent bien longtemps.
Je les vois, présentes. Je pourrais décrire chacune d'elles. Elles sont là, juste assez de temps pour que je puisse les détailler. Juste assez de temps pour qu'elles restent vivantes sur ces traits. Elle ne ressemble jamais à ce genre de personnes qu'on pourrait qualifier de mortifiées. Ses expressions sont toutes plus vivantes les unes que les autres. Elle est un magnifique tableau ; seulement, je souhaiterais vraiment changer les sentiments qui la parcourent et la dominent. La tristesse n'est belle nul part. Mais sur elle, j'ai l'impression que c'est encore pire.
J'ai envie de dire qu'elle n'a pas le visage qu'il faut pour pleurer des larmes de crocodile. Qu'elle a les traits d'une fille qui sait se battre et obtient ce qu'elle veut. Mais peut-on vraiment dire cela ? En fait, si je pense de la sorte, c'est seulement parce que c'est comme cela que je la connais et que je l'apprécie le plus. Libre. Indépendante. Une fille qui sait où elle va. Un modèle peut-être.

Le plus douloureux, c'est sans doute de l'entendre dire que personne ne peut lui faciliter la tâche. Mais alors, qu'est-ce qu'on peut faire ? Je veux t'aider. D'autres le veulent aussi. S'entendre dire qu'on ne peut rien faire, c'est difficile. Enfin. Ce n'est pas ce qu'elle voulait dire. On peut aider, mais jamais on ne pourra faire le travail à sa place. Il faut en être conscient. Le monde dans lequel on vit n'est pas celui des Bisounours, ma foi.
Après tout, elle n'avait pas tort, dans ce qu'elle disait. Personne ne pouvait porter ce " fardeau " comme elle l'appelait. Car pour elle, c'était encore une hantise. La cause de tellement de soucis, qu'elle n'en voyait ni la fin, ni le début. Mais c'était stupide. Ce qu'elle portait, c'était la plus belle chose que l'on pouvait porter. C'était une vie. Le miracle de la naissance comme on l'appelait souvent. L'union de deux êtres qui - avec tout l'amour qu'ils ont l'un pour l'autre - forme un nouvel être. Un mélange. Un hybride, dans ce cas. Une nouvelle vie.
J'étais intimement convaincue que c'était la plus belle chose qui puisse arriver. A n'importe qui. Tant que l'objet de toute cette discussion était crée avec amour, il n'y avait pas lieu de douter. Cet être, il allait être aimé. Choyé. Gâté.

Mais peut-être voyais-je trop loin. Hebi était plus terre-à-terre. Et elle n'avait pas tort. Alors que je la voyais déjà avec un poupon dans les bras, elle m'exposait clairement les véritables problèmes qu'elle rencontrait. Et elle avait raison ; ils étaient nombreux. Et ce n'étaient pas de petits problèmes. Il allait falloir faire preuve de ruse et d'acharnement pour les contourner.

Le troisième verre de vodka, elle le tient fermement dans sa main. Elle en boit quelques gorgées. Chacune se fait plus désirer que la précédente. Comme si au fil des verres, elle apprenait à savourer. Savourer quoi ? Le goût infâme du dissolvant. Le goût délicieux du brise-soucis. Du calme-problèmes. De l'envol-tracas. Pour combien de temps ? Je secouais la tête en signe de désapprobation.

Elle m'avait parlé d'Izumi. Sa voix avait commencé à trembler. Elle ressentait de la honte pour ce qu'elle avait fait. Elle s'en voulait de l'avoir ainsi trahie. Mais bon sang, qu'aurait-elle du faire ? Il n'y avait pas de bonne ou de mauvaise solution. Nous sommes loin des dessins-animés dans lesquels nous sommes amusés de voir un ange et un démon trônait sur les épaules d'un personnage imaginaire. Ce n'est pas ce cas de figure.
Chaque décision qu'elle aurait pu prendre aurait eu son lot de bonnes et de mauvaises choses. Elle se focalisait sur les mauvaises. Mais j'avais foi en l'intelligence d'Izumi. Je savais qu'elle allait réfléchir à tête reposée et qu'elle allait comprendre, doucement, que la situation était inévitable. Et que, d'une manière ou d'une autre, la meilleure chose à faire était de soutenir son père et sa meilleure amie. Même si cela devait prendre des semaines.
Mais j'avais déjà vaguement émis mon opinion et mes idées à ce sujet.

Ce qu'elle avait dit ensuite m'avait davantage inquiété. Cependant, il était étrange de voir comme elle cédait rapidement à la panique, alors qu'elle était d'ordinaire une fille tellement calme, sûre d'elle en apparence. Le moindre mot pouvait maintenant la mettre dans un état de stress. Je pinçais les lèvres. Que pouvais-je répondre à ces questions dont elle s'était déjà prémaché les réponses ?

" Hebi, écoute, calme-toi. Il n'est pas question que Fushi perde son poste. Ou que te doives t'en aller. Ou je ne sais quoi d'autre. Tu es maline, tu sais te sortir de ce genre de situations .. Tu es une as du mensonge. Je n'ai pas de doute là-dessus. Personne d'autre n'aura à savoir que le père se trouve être un professeur. Tout ça, garde-le pour toi. "

C'était maladroit. C'était mal dit. Mais je n'arrivais pas à m'exprimer comme je l'aurais voulu. Je voulais seulement la rassurer, mais à vrai dire, je sentais bien que je m'y prenais comme un manche à balais. Ceci dit, je n'étais pas du genre à abandonner. J'allais continuer de soutenir son discours, ses propos. J'allais continuer d'émettre mes avis sur tout et de répondre aux questions qu'elle me posait. Comme je l'avais jusqu'alors toujours fait.

Mes mots ne pouvaient faire effet. Ils ne faisaient aucun effet. Les larmes coulaient le long de ses joues. Un flot continu. De vilaines larmes. Des larmes douloureuses. Elle souffrait terriblement d'être dans une pareille situation. Tiraillée entre son envie profonde de vouloir avoir une famille et élevé la chair de sa chair et l'idée de tout abandonné pour que tout soit plus simple pour tout le monde ; elle-même, Fushi, Izumi peut-être. Mais si elle choisissait la seconde issue, elle ne pourrait jamais atteindre l'idée du bonheur à laquelle elle était en train de commencer à croire. Elle voulait une famille. Elle désirait cet enfant. Elle voulait racheter les erreurs de sa mère ; aimer cet enfant et prouver au monde entier qu'elle était une démone, mais qu'elle avait un cœur et qu'elle pourrait réussir ce pari fou d'élever un enfant hybride. Démon et vampire.

Sa tête est basse, et j'aimerais faire un geste en sa direction. Cependant, elle la relève et renifle légèrement. Elle plonge ses yeux pleins de larmes dans mon regard perturbé, inquiet. Elle sait que je me fais du soucis pour elle, mais également que je ferai n'importe quoi pour qu'elle aille mieux. J'ai une sainte horreur de la voir pleurer. Ça me fend le cœur.
Étouffée entre quelques sanglots plus ou moins retenus, elle me pose cette question. J'en avais peut-être un pressentiment. En tout cas, je savais que c'était pour cela en partie qu'elle voulait garder cet enfant. Elle voulait fonder sa propre famille. Et partir sur des bases plus ou moins saines. Elle voulait être une mère aimante. Remplacer celle qu'elle n'avait pas eu. Élever un enfant dans des conditions différentes. Comme elle, elle aurait peut-être aimé être élevée.

Je me penche par dessus la table et j'essuie de mon pouce quelques larmes qui coulent encore sur ses joues. Elle n'arrête pas de pleurer. Elle ne peut pas. Elle est morte d'inquiétude.
Aussitôt les larmes effacées, de nouvelles apparaissent. Elles retracent le sillon que j'avais tenté de dissimuler : en vain. Je me rassis convenablement et je soupire un peu. Qu'est-ce qu'une famille hein ? .. Je ne me suis jamais vraiment posé la question. Pour moi, la réponse avait toujours été tellement évidente. Une famille c'est .. eh bien. Quoi ? ..

" Une famille, à proprement parler, tout le monde en a une Hebi. Moi. Toi. Tout le monde. "

La notion de famille était une notion vague. Il y en avait bon nombre de définitions. Chacune était un peu différente. Chaque sociologue pouvait plus ou moins se poser la question et tenter d'ajouter sa petite touche personnelle à la définition. Mais après tout, une définition, quelle qu'elle soit, ce n'était que des mots. Qu'en était-il réellement, de la famille ?

" Une famille, c'est un père, une mère, des enfants peut-être. Des gens qui ont des liens affectifs forts. Et des liens de sang, pour certains. Les membres d'une famille peuvent compter les uns sur les autres. Ils ne seront jamais seuls, car toujours vivement encouragés et soutenus dans leurs choix. "

Souffle.
Le serveur s'approche de nous. Fausse alerte. Il se rend à la table d'à côté.

" C'est .. J'ai toujours pu compter sur mes parents. Mon frère. Ils m'ont appris à parler, à marcher. Ils m'ont appris à être polie. Ils ont été ma première " société ", quand j'étais encore trop jeune pour avoir une véritable vision du monde. Du berceau à maintenant, ils m'ont toujours appuyés dans mes décisions. Nous avons toujours parlé de tout. Quand je ne savais pas quoi faire, ils m'épaulaient et me disaient où je devais aller. "


Je pince les lèvres. Une famille c'est tellement de choses au final. Je ne peux même pas l'expliquer. Sans eux - sans mensonge - que serions-nous ? On ne peut pas être livré à soi-même. On a besoin de quelqu'un qui s'occupe de nous. Toujours.

" En cas de doute, en cas de crise. A tout moment. Ta famille, ce sont les gens chez qui tu iras en premier. Chez qui tu trouveras le réconfort et les conseils que tu cherches. Ce sont ceux qui ont le silence qui t'apaise. Ceux qui ont les bras qui te rassurent. Une famille .. C'est un cadeau extraordinaire .. "

Je baisse les yeux un instant. En quelques mots, je ressentais l'intensité de l'éloignement de ma famille. J'étais loin d'eux après tout. Même si ici, j'avais trouvé comme une seconde famille, personne ne pouvait remplacer ceux avec qui j'avais des liens de sang. Ceux qui m'avaient mis au monde. Celui qui m'avait toujours protégé comme si j'étais une princesse. Mon père, ma mère et mon frère me manquaient.
Mais ce n'était pas le moment de penser à cela. Hebi était en doute. C'est là dessus que je devais focaliser toute mon attention.
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MessageSujet: Re: Tu avais quelque chose à me dire ? [ PV Hebi ]   Tu avais quelque chose à me dire ? [ PV Hebi ] EmptyLun 11 Oct 2010 - 21:17

|sincèrement désolée pour tout ce temps. J'avais zappé ce rp uu' en espérant que tu aimeras ♥ =3|



La course poursuite continue.


Je sens que quelque chose me turlupine, sans véritablement entrer dans les tréfonds de l'intrigue qui me dévore. Je sens comme une hésitation dans ton regard, ma belle. Je comprends ton chagrin, puisqu'il me semble que dans l'instant présent, tu vis le même que le mien. Tu es d'une empathie à tomber par terre, Sidney. Sid', ma belle, ma douce. Mon amie, qui ne m'a jamais abandonnée, même dans les coups durs. J'ai toujours cru à une amitié puissante, entre toi et moi. Un prolongement. Une confidentialité dépassant, outrepassant tout entendement. Je n'ai jamais voulu que toi, te sentir là, près de moi, calme et posée, outrepassant toute raison, tout, absolument tout. Dans l'instant présent, je t'observe, toi, tes boucles soyeuses, ton regard chagriné, plein de tendresse, dans un calme que je ne juge que imprécis. Tu hurlerais, si tu pouvais. Tu hurlerais ta haine, ton désespoir à l'idée de ne pas pouvoir me venir en aide. Tu serais presque prête à faire cela pour moi, ma belle, tu serais prête à porter cet enfant à ma place, si cela pouvait soulager le poids qui enserre ma poitrine. Si cela pouvait m'éviter de passer des jours à vomir, à ne plus dormir, à pleurer, acharnée sur mon propre sort, malheureuse comme les pierres. Si tu pouvais me soulager de ce poids, tu le ferais sans hésiter. Mais ce n'est pas ce que je te demande, ma belle. Je ne veux que ta présence réconfortante à mes côtés. Assise en face de toi, le verre brisé encore sur la table, les taches d'un liquide brunâtre commençant à sécher, et donc à coller, tu ne dis rien, ne vois rien. Tu préfère m'observer, moi, et mes malheurs stupides, mes questions sans intérêt et mon apparence stupide. J'en suis là, à te demander. A t'interroger. A te supplier. Une prière silencieuse. Aide-moi, Sid'. Je n'y arriverai pas toute seule. Et s'il décidait de quitter ma vie, à l'entente de la venue au monde d'un être comme celui-ci ? Que va devenir cette petite chose ? Comment vais-je comprendre, savoir ? Comment vais-je élever un enfant, alors que ce n'est même pas dans ma nature ? Dans ma tête, des millions de questions s'entrechoquent et se bousculent, violemment, avec harassement. Comme si on m'arrachait le coeur avec un pieu chauffé à blanc. On tue un vampire avec ça. Mais vous, vous ne mourrez pas. Pourquoi ? Parce que vous êtes sous ma protection. Tous autant que vous êtes. Et que personne, jamais, ne pourra vous faire du mal. Pas pendant que je serais là.

Tu t'en fais à toi-même. Comment veux-tu protéger les autres dans ces conditions ?


Je commande un autre verre. Plus de Vodka, un jus de fruit, cette fois-ci. Je n'ai jamais été friande de ce genre de boissons, mais si je ne freine pas un peu l'alcool, je vais rapidement me retrouver entre quatre planches. Je me laisse aller à la dérision, et attrape mon grand verre de multifruits que le serveur hésitant me tend d'une main tremblante. Je vois ses yeux passer de moi à la table désastreusement salie par un mélange de café, de verre brisé et de fond de vodka restant dans le verre explosé dans ma main figée. Je lui jette un regard noir, et il s'en va, la queue entre les jambes. Je me laisse envahir par la lassitude, et écoute Sidney parler avec amphase de sa famille, et du bonheur que cela peut constituer. Je pose mes mains sur mes jambes, tremblantes. L'une se retrouve sur mon nombril, sans que je le comprenne vraiment. Je suis sans voix, sans pouvoir te regarder comme je le désire. Sidney. Tu as perdu ce que tu avais de plus cher en devenant ce que tu es. Moi, j'ai perdu tout ce que j'aimais en cherchant à fuir ce que j'étais devenue. Nous sommes en plein millieu d'un certain paradoxe, pas vrai ? La famille, d'après elle, c'est ceux qui lui ont appris à vivre en société. Ma mère m'a appris à haïr tout ce qui pouvait toucher, de près ou de loin, à un lien affectif quelconque. Marcher, parler, j'ai tout appris toute seule, sans avoir besoin de l'aide de personne. Me nourrir, boire, survivre, elle m'a juste montré, à grand coups de griffes et de dents, ce qui risquait d'arriver si je ne faisais rien pour me défendre. Mon frère ? Mon frère, il m'aima. Dans tous les sens du terme. Il m'aima, aussi longtemps que je restais auprès de lui. Mais est-ce qu'une vraie famille crache au visage de la personne qui décide de partir ? Je serais revenue, mon frère, je serais revenue, si tu n'avais pas menacé de me tuer au moment où j'avais le plus besoin de ton attachement et de ton affection pour faire face à Mère. Mais tu m'as craché au visage. Une famille, eux ? Non. Je n'ai pas de famille, je n'en ai jamais eu. J'ai cru en avoir trouvé une, mais finalement, que fais-je ici ? Et maintenant. Je suis perdue entre le désir et la fuite. Je ne sais pas ce qu'est une famille, alors comment pourrais-je être seulement capable d'en construire une ? Je ne le pourrais pas. Pas seule. Pas sans lui. Pas sans toi.

Meurs.


Attraper ta main légèrement humide, sans doute le stress. Ta main aussi froide que la mort. Aussi douce que la caresse d'un ange. Un ange. Haha. T'adresser une prière muette. Bientôt, ils seront tous morts, Sid'. Tu les oublieras, peu à peu. Mais nous nous ne te quitterons jamais. Nous serons toujours ensemble, parce que tu n'as pas le choix. Tu peux désirer la mort, mais finalement Sid', quel est le prix de la vie ? Un peu de sang, seulement ? Résiste, ma belle, et montre moi. ♫ In the circle of life... ♫ Je veux que tu me regardes, sidney, regarde-moi, parle-moi ! Observe-moi, dans ton coeur et dans ta tête, dans une nouvelle vie. Presser ma main brûlante contre la tienne, aussi fraîche qu'une pierre sortie du lit d'une rivière. Nous voulons voir tout ça, toutes ces nouvelles choses. Toi et moi. Te jeter un regard empli d'empathie.

"Désolée. J'aurais pas dû te poser cette question."


Allons. Dis pas de conneries.

Aura...

Tu aimes voir souffrir les autres. Tu l'as toujours aimé.

Non. Toi. Pas moi.

Tu cherches à faire la sourde oreille, Hebi, mais au fond, tu es une menteuse, une tricheuse.

Non.
Tu trompes tout le monde avec tes pseudo-bons sentiments.

Ils sont sincères.

Tu oublies ton passé. Et c'est immoral.
Quoi ?

Tu veux vraiment que je te raffraichisses la mémoire ?

ça suffit.
Le jour où il nous a prises dans ses bras. Tu avais fait un cauchemar.

Arrête.
Il nous a enlacés, a déposé ses lèvres sur les nôtres.

Aura... ça suffit...
Il t'a enlevé ton corset. Lentement. Un bouton, deux boutons, trois boutons.

Arrête !
Pourquoi tu vois pas la vérité en face ?! Tu t'es tapé ton jumeau !

Non!
Salope ! Pauvre SALOPE !

"Aura, LA FERME !!"

Frapper du poing sur la table, avec une violence non désirée. Je sens à nouveau la table se craqueler, fissurée là où mon poing a frappé. Sidney ne comprend pas. N'a pas entendu ce qu'elle m'a dit. N'a rien compris, surprise, mais je sens dans ses yeux la compréhension. Je laisse mon poing se relever lentement, la main, à plat contre la table, sans me rendre compte que l'autre serre celle de Sid' à l'en faire péter les phalanges. Mais il en faut plus pour que tu aies mal ma belle. Alors je te lâche, presse mes bras contre ma poitrine, tremblante. C'est fini, tout ça, bien fini. Je veux oublier, tout oublier. Mes erreurs du passé. Mon amour étourdi pour mon frère jumeau. Cet amour que je n'ai jamais oublié, mais que Fushi a toujours ignoré. Je ne veux pas, t'entends ? Mon oeil droit, noir. Le gauche blanc. Mon âme, divisée en deux. Même ma voix sonne double, lorsque j'ouvre la bouche, une ultime fois. Comme si deux personnes parlent en même temps. Non. Deux personnes parlent en même temps...


"Je ne peux pas construire une famille. J'ignore ce que c'est. Je peux pas. Cet enfant souffrira avec nous."


{Tu creuses ta tombe mon enfant,
Tu joues dans la cour des grands
Tu...
Joues dans la cour des grands
Tu joues dans la cours des grands
Joue dans la cour des
Tu joues dans la cour des grands
Joues dans la cour des grands

Tu joues dans la cour des grands
Joues dans la cour des grands
Tu joues dans la cours des grands

Tu joues dans la cour des grands,








Maintenant.}
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Sidney Hughes
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MessageSujet: Re: Tu avais quelque chose à me dire ? [ PV Hebi ]   Tu avais quelque chose à me dire ? [ PV Hebi ] EmptyDim 24 Oct 2010 - 8:40

[ J'adore, comme toujours Smile ! Ne t'inquiète pas pour le temps que ça a pris .. Je ne suis pas très présente ici en ce moment, à mon plus grand regret, d'ailleurs .. ]


La table est vraiment dans un piètre état. Le serveur nous fixe d'un air mauvais, mais il ne s'avance pas. Je ne sais pas ce qui l'inquiète. Après tout, comment peut-il imaginer qui est chacune de nous ? C'est impossible. Pourtant, quelque chose l'empêche de s'avancer et de nous dire qu'il vaudrait mieux que l'on quitte les lieux. Ou tout autre connerie dans le genre.
J'avoue qu'à nous deux, on doit avoir fait plus de dégâts que le pauvre serveur n'a dû en voir en une semaine de labeur. Ma foi. Il y en a des plus maladroits que d'autre. Non ? Des plus énervés. Ceux qui sont là pour une bonne raison. Pour discuter de quelque chose de sérieux, cachés derrière un verre ou une tasse dont il gouterons à peine le contenu. Ils auraient pu prendre autre chose que cela revenait finalement au même.

Moi j'étais de ceux-là. Seulement, je savais ce que je buvais. Puis j'avais eu envie de le boire. Ha.
Avec Hebi, il était quasiment impossible de venir dans un lieu comme ça et d'avoir des conversations niaises sur la pluie et le beau temps comme en avait beaucoup d'adolescentes qui avaient - apparemment - notre âge. Qui avaient le mien, en fait, et qui semblaient avoir le même qu'Hebi. J'oubliais souvent qu'elle était une immortelle et que, comme telle, elle avait un âge qui pourrait faire pâlir n'importe quel petit vieux qui passerait par là. Moi aussi, un jour, je serai comme ça. J'aurais un nombre d'années indéfinissables et j'aurais vu beaucoup de choses. Mais je ne pourrais le dire qu'à très peu de personnes. Parce que j'étais spéciale.
Mon lot de consolation - et ce n'était pas des moindres - était que je pourrais quand-même toujours me confier à Hebi. Elle était spéciale, elle aussi. J'avais donc une alliée fidèle qui allait - je l'espère - passer le reste de son immortelle vie à mes côtés.

Je jetais de temps à autre un regard autour de nous. Voir si les gens nous regardait. S'il s'en fichait. Savoir de quoi ils pouvaient bien parler. Pour ne pas oublier que nous avions certainement une discussion bien plus sérieuse que n'importe qui. Que tous ces gens qui étaient autour de nous et qui se plaignaient de leurs vies n'étaient finalement qu'une bande de branleurs qui n'y connaissaient absolument rien. Ils étaient idiots. Mais il ne s'en rendaient pas compte. Soit.

Mes mains étaient légèrement humides. Dans un moment d'égarement, j'avais laissé l'une d'elle baigner dans ce drôle de mélange qui s'était formé sur la table. Une couleur peu appétissante. Un mélange étrange et sûrement pas tellement goûteux. Ma main gauche collait un peu. L'alcool, ca colle.
Tu t'étais saisi de l'autre. Mon regard se repose sur toi, tout entier. Je n'ai aucun doute ; tu sais que je ferais n'importe quoi - absolument n'importe quoi - pour que tu aille mieux. Et je me sens profondément frustrée, inutile presque. Je ne peux qu'être là, te balancer des belles paroles. Et même si je les pense vraiment, moi, ça ne me soulage pas d'être là pour toi uniquement de cette façon. Je voudrais t'aider à porter ce que tes épaules ont du mal à retenir. J'aimerais emporter la peine que je trouve dans ton cœur. J'aimerais l'enfermer à double-tour dans le mien. Après tout, il a déjà souffert. Il peut bien subir ça.

Ton regard est sombre. Peut-être grave. Je ne sais pas bien. En fait, pour une fois j'aimerais que tu parles. J'aimerais te dire que ton regard ne suffit pas à m'expliquer ce que tu peux bien attendre de moi. J'aimerais que tu me dises clairement ce que je peux faire. Comment je peux t'être utile. Que tu me dises simplement que je peux t'être utile à quelque chose. Oui, c'est ce que j'attends.
Mais ça ne vient pas. Et ton expression change.


Ton regard se rempli de bienveillance. Comme si tu cherchais à me dire que tout irai bien. Qu'il ne fallait pas s'inquiéter de l'avenir. Mais c'est à moi que tu veux faire croire cela ? Les rôles s'inversent là. C'est à moi de t'apporter le réconfort dont tu as besoin. Je ne suis pas à plaindre. Je survivrai à tout ce que je devrai endurer à l'avenir, je te promets. Il n'y a pas de soucis. Je suis plus forte que je n'en ai l'air. Je ne suis pas du genre à pleurer tous les soirs sur ma pauvre vie. Je t'assure. Je suis forte.
C'est à moi de t'apporter ce dont tu as besoin. Pourquoi donc t'inquiètes-tu de mes états d'âme ? .. Ce n'est pas la peine. Vraiment pas.


Je n'ai pas le temps d'ouvrir la bouche. Ton poing frappe lourdement sur la table. Ce que tu dis est presque incompréhensible. Je sens rapidement que tu n'es plus toi-même. Du moins pas totalement. Je ne le sens même pas. Mes yeux peuvent le constater.
Debout, fière, ta main s'ouvre à plat sur la table. Je me rappelle soudain que ça pue terriblement l'alcool. Dissolvant. Un truc dégueulasse.

Mes lèvres restent bêtement entrouvertes.

Tu as lâché ma main depuis un moment. Repliée sur toi-même, que cherche-tu réellement à faire ? Ce n'est pas de cette façon que tu feras sortir ce qu'il y a de mal en toi, ma belle. Laisse aller.
Quand tu ouvres la bouche pour la seconde fois, je prends presque peur moi-même. Certains visages se retournent vers nous. Les gens ne comprennent pas. Le serveur s'éloigne spontanément. Il te craint, apparemment. Certaines personnes qui étaient les plus proches de nous s'approchent du bar et se dépêchent de payer leur commande afin de s'en aller. Peu sont encore ceux qui continuent leur conversation.
Je n'avais pas eu l'impression de t'entendre hurler. Ce n'était pas le cas. Mais étrangement, cette voix venue d'ailleurs a fortement intrigué tout le monde. Le calme s'empare d'ailleurs des lieux.


" Hebi, tais-toi maintenant ! "

C'est sorti spontanément. Ce n'était pas d'une voix énervée. Pas d'un ton nerveux. Pas de frustration. Rien. Je te l'intime. Libre à toi de m'écouter ou non. En réalité, c'est une sorte de conseil.

" Cet enfant sera heureux. Parce que tu vas l'aimer. Que tu l'aime déjà. Tu as tellement d'amour à donner que tu n'arrive même plus à le distinguer. Alors quand cet enfant sera là, tu vas me faire le plaisir de l'aimer comme toi tu aurais souhaité être aimé. Et tu formeras enfin la famille que tu n'as jamais eu. "

J'étais restée assise. Je fixais Hebi. En fait, je n'avais strictement aucune idée de comment elle allait réagir. Peut-être était-je en train d'appréhender.
Et puis, je me disais que ce que je venais de balancer était censé. J'étais convaincue qu'elle allait être la meilleure mère que cette terre ai jamais connu. Et qu'elle allait aimer cet enfant comme personne. Mais elle était tellement dépassée par les évènements qu'elle restait bloquée sur ce qui pourrait arriver.

Tout allait se passer pour le mieux. C'était ainsi qu'il fallait le voir.
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Tu avais quelque chose à me dire ? [ PV Hebi ]

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