Smoke'n'Flowers

C'était une magnifique journée pour se détendre, dans les jardins suspendus du toit de l'école. A un certain moment pourtant, la jeune femme qu'y s'y tenait avait failli aller dans les catacombes. C'est vrai, elle voulait découvrir ces endroits qui regorgeait très certainement de souvenirs, de mythes et de légendes. Après tout, les cimetières étaient bien souvent les puits de savoir les plus profonds qui soient. Les humains avaient toujours, pour leur morts, montré le point culminant de leur civilisation. C'était le meilleur moyen d'emmener sa culture dans l'au-delà ou au moins dans le futur.

Elle avait cependant renoncé à y aller, car on était bien en été et, vu qu'elle n'était arrivée qu'il y a très peu de temps et venait tout juste de finaliser sa salle pour les élèves, elle voulait profiter au mieux de ces derniers jours avant l'automne qui s'annonçait froid et dangereux. Après tout, n'étais-ce pas la saison où les esprits étaient le plus présent? Il y avait les jours de sabbat, le jour de la Toussaint, la nuit d'Haloween. Non vraiment, l'automne était chargée en puissance magique, tant par la "mort" des arbres que la venue des esprits sur terre. C'est donc, avant que la magie ne fusse encore plus présente et ne crée plus de tensions que déjà, qu'elle avait décidé de passer sa journée au soleil et non pas dans d'humides et sombres catacombes. Dans le pire des cas, elle y irait la nuit, tant qu'à faire.

Kali avait attendu que le soleil soit au plus haut pour monter sur le toit, pour y découvrir un jardin remplit de fleur. N'étant pas ignoble, elle avait prit un arrosoir avec elle et avait entreprit d'arroser quelques plantes, tout en inhumant leur doux parfum. Bientôt, elles allaient toutes mourir, à cause de cet automne, à moins qu'une sorcière ou un mage ne les protège de quelconque façon, mais elle avait tout de même un doute. Ils seraient tous mort, comme le reste des plantes de ce monde. Tout le monde meurt un jour, sauf elle, l'immortelle, toujours à la même place. D'un mouvement de tête, Kali chasses ces idées de sa tête et posa l'arrosoir.

Regardant un peu autour d'elle - entourée de fleurs roses, bleues, jaunes et rouges - elle se prit à sourire. La beauté de l'endroit lui ferait presque oublier qu'elle était sur le toit d'un vieux château Transylvanien rempli de créatures étranges et d'élèves et professeurs plus étranges les uns que les autres - bien qu'il faut l'avouer, question bizarrerie, elle comptait parmi leur rangs. Kali s'approcha du bord et observa la forêt qui s'étendait au loin et qui entourait toute la colline où se trouvait le château. C'était une vue magnifique... Ses yeux se posèrent alors au contre-bas, juste au pied du mur auquel elle s'agrippait. Si elle tombait, elle ferait une chute de plusieurs centaines de mètres. Mais ça ne la tuerait pas. Rien ne la tuerait.

Une légère brise se leva, pas assez fraîche pour faire frisonner, mais juste assez pour faire oublier le soleil qui chauffait un peu trop la peau. De la main droite, l'immortelle mit quelques mèches de ses cheveux bruns, qui s'étaient mis à virevolter à cause du vent, derrière son oreille, tout en fixant au loin. elle remarqua alors du coin de l'œil un paquet de cigarette, qui traînait là depuis un petit moment apparemment. Elle observa le paquet, avant de l'empoigner et de l'ouvrir. Un léger sourire se marqua sur ses lèves lorsqu'elle vit un briquet se trouvant dans ce paquet. Il appartenait probablement à un élève qui venait fumer ici en douce, sans être vu et qui laissait ici son paquet, pour ne pas se faire attraper. Efficace, mais ça n'empêcherait pas la grecque de lui piquer une clope.

Ne pensez pas que Kali fume souvent, elle n'y est pas non plus accro, vu que les cigarettes et le tabac n'existaient pas dans sa "jeunesse" et qu'elle ne puisse pas devenir accro à la nicotine dû à son statut, mais elle appréciait fumer. De plus, contrairement à d'autres humains, elle pouvait fumer sans que cela ne lui fasse de mal. Une des "joies" de l'immortalité en somme. D'un geste habitué, elle porta le bâtonnet à ses lèvres avant d'allumer le briquet, le protégeant du vent, et allumer la cigarette. Elle inspira alors une goulée, la laissant descendre le long de sa trachée et envahir les poumons. Elle laissa alors l'air sortir dans un soupir de bien-être alors qu'elle remettait le briquet en place.

Prenant la clope entre deux doigts, elle l'éloigna de sa bouche, fixant encore le paysage avant de s'en détourner et de s'assoir plus loin, entouré de fleurs. Elle se mit à l'aise dans sa chaise, mettant ses pieds sur une chaise en face d'elle et menant le cigarette à nouveau à ses lèvres. Dans un sourire, la brune se rappela la première fois qu'elle avait fumé une clope. Depuis, elle en fumait parfois, ayant prit l'habitude d'une vie d'en fumer. C'était dans les années 60, ces fameuses années hippies. Elle faisait un peu partie d'un groupe pacifiste de l'époque, fumant des cigarettes et parfois des joints, qui lui donnaient l'impression d'être un peu vivante. Chuck, c'était lui qui était avec elle à l'époque. Sa mort avait été un vrai coup, emporté trop tôt par une balle perdue. Pauvre Chuck, il lui aurait au moins apporté quelque chose pendant un moment, la joie, l'amour, une conviction en laquelle croire...

Son sourire disparu, Kali se prit à faire des cercles avec la fumée, comme il lui avait apprit à faire. Elle soupira alors. Fumer n'était peut-être pas une si bonne idée, surtout si elle se mettait à penser à l'une de ses nombreuses amourettes. Mais elle ne pouvait s'empêcher de penser à ses longs cheveux noirs, ses yeux d'un bleu strident, sa barbe de quelques jours, sa bouche toujours tournée dans un sourire moqueur...

"Parti bien trop tôt Chuck... Toi qui voulais laisser ta trace, tu l'as fait..."

Elle éclata d'un rire nerveux. C'est vrai, la rue où il avait été abattu, le sang ne s'était jamais vraiment retiré, malgré les nettoyages. Restait à savoir si la marque était encore là où si elle avait été effacée à force de gens qui marchaient dessus ou de chewing-gum et clopes laissés tombés dessus. Dans un petit sourire, elle se mit à redonner un petit air de Zeppelin, une des chansons préférées de son ancien ami. elle tira encore sur sa clope, avant de laisser tomber quelques cendres à terre, commençant alors à chanter, tout en entrecoupant de temps en temps sa chanson pour tirer sur sa clope.

"There's a lady who's sure all that glitters is gold and she's buying the stairway to heaven. When she gets there she knows, if the stores are all closed with a word she can get what she came for. Ooh, ooh, and she's buying the stairway to heaven. There's a sign on the wall but she wants to be sure, 'cause you know sometimes words have two meanings. In a tree by the brook, there's a songbird who sings, sometimes all of our thoughts are misgiven. Ooh, it makes me wonder, it makes me wonder. There's a feeling I get when I look to the west, and my spirit is crying for leaving. In my thoughts I have seen rings of smoke through the trees, and the voices of those who stand looking. Ooh, it makes me wonder, it really makes me wonder."

Elle continua la chanson en fredonnant, n'arrivant plus à remettre la main sur le reste des paroles. Et dire qu'elle l'avait chanté depuis sa sortie jusqu'à la mort de son amour des années 60 à 70. Vraiment, c'était horrible de voir à quel point elle avait mauvaise mémoire. Bon faut dire qu'elle la chantait lorsqu'elle était high aussi, mais tout de même. Elle reprit encore une tirée de sa cigarette, les yeux brillants, tout en se disant qu'elle devrait réécouter Stairway to Heaven, histoire de rendre hommage à Chuck encore une fois. D'ailleurs, elle pourrait le faire sur le toit. C'est vrai, quelle bonne idée. De la musique, un tapis, des fleurs et un bon joint comme dans ces années-là. Ce serait un beau hommage, pour de vrai...

Carpe Diem/Still Smokin'

Kali était loin, très loin dans ses pensées, ses vieux souvenirs d'antan. Elle se rappelait encore et toujours de ces années si chaleureuses et si colorés, où l'humanité était partagée entre la guerre et la paix mondiale à la façon bouddhiste. C'était un temps merveilleux, où la musique donnait encore une force aux gens et où les célébrités avaient encore un objectif autre que leur nombril. Évidemment, il y avait aussi ceux qui faisaient ça que pour le fric, mais ils étaient moins qu'actuellement, beaucoup moins...

La jeune femme tira encore un peu sur sa cigarette, ignorant les pas qu'elle entendait tout proche. elle observa le ciel, se demandant ce que pouvaient bien y trouver certaines créatures de mythes. Toutes ces légendes, toutes ces histories que les humains croyaient irréelles à présent. Pauvres imbéciles. Tous ont vécu un jour ou vivent encore, c'est comme croire que les vampires n'existent pas, c'est faux. Vrai, elle n'avait jamais vu le Paradis ou l'Enfer de ses propres yeux, mais il était certain qu'ils existaient, d'une façon ou d'une autre. Oui, sinon, où iraient les âmes et d'où viendraient les créatures diverses? Les Anges, les démons, Cerbère... Tous venaient d'un endroit, peut-être n'avait-il que le nom que l'on voulait bien lui donner: enfer, Tartare, Olympe, Paradis. Qu'importe, ces places existaient, quelque part. Peut-'être qu'on se trompait sur leur emplacement, peut-être étaient-ils dans un autre monde, mais ça n'importait que peu.

L'immortelle observa la petite fille qui lui faisait face. Bon ok, elle avait l'air d'une adolescente, mais pour quelqu'un de son grand âge, elle semblait vraiment insignifiante, mais quelque chose dans sa manière de parler et de se tenir lui rappela vaguement quelque chose. Avec un sourire, elle observa la jeune fille, si fière devant elle, la main sur la garde de son épée. Le regard rempli de malice, un sourire moqueur dans les lèvres, elle dit d'un ton qui se voulait taquin:

"Allez petite, je crois que tu n'as rien à dire. A ma connaissance, on ne se balade pas avec une épée dans un pensionnat et je devrais probablement te la confisquer. Et pour ce qui est des fleurs, vu qu'elles respirent le dioxyde de carbone, je ne pense pas que je les empoisonne outre mesure. Les toxines présent dans la fumée que je rejette sont minimes par rapport à celles que j'ingurgite, elles ne risquent donc rien."

Elle tira à nouveau sur sa cigarette, rejetant alors la fumée en l'air, décrivant des ronds presque parfaits. Ah, elle avait bien perdu de la main, mais il faut dire que les clopes n'étaient plus ce qu'elles étaient. C'est vrai, avant elles avaient beaucoup moins de substance pour rendre accro et plus de tabac. Bon, faut dire qu'à l'époque elle fumait aussi des joints, ce qui rendait la fumée plus modulable, mais quand même.

Du coin de l'œil, l'immortelle observa la jeune fille. Sa tête lui disait quelque chose. Bien sûr, une élève du pensionnat. Elle tenta en vain de se rappeler son nom, mais ne s'en souvint pas. C'était un nom japonais, c'est tout ce qui lui vint à l'esprit. Elle l'observa cependant, elle tout habillée de noir, l'épée, le corset, sa façon de parler, de se tenir. Un léger sourire apparut sur la bouche de la grecque qui souffla alors sa fumée en pleine figure.

"Et puis, être une vampire si vieux jeu, c'est d'un démodé. On est au vingt-et-unième siècle jeune demoiselle, plus en ces vieux temps où tout le monde était si dur et stricte. Depuis bien longtemps on se relâche un peu. Et puis à quoi bon se forcer dans des boîtes étiquettes alors qu'on à tout ça?"

Elle montra d'un geste tout ce qui les entourait. Tout ça, c'était la nature, l'espace abondant, la pureté de la nature, la vie. C'est vrai, à quoi bon se forcer à rester dans les ténèbres et dans le rien alors qu'on avait tout ça? Pourquoi s'enfermer soi-même dans un moule, s'obliger à être autre chose que soi-même, autre chose que libre. Un jour - en 75 justement - Woody Allen avait dit: "La liberté, c'est dangereux! Ce qui est sécurisant, c'est de rester à sa place!". Justement, cette citation semblait être suivie à la lettre par la jeune fille qui lui faisait face.

Et dire que Kali s'efforçait à rester "jeune d'esprit" pour pouvoir suivre le monde comme il était, elle voyait que certains ne faisaient aucun effort. Cela en serait presque désespérant! Vraiment, certains vampires se croyaient plus nobles que ce qu'ils étaient nés en réalité. Elle qui était née dans une famille de respectables citoyens grecs, elle avait certainement plus de noblesse qu'eux dans son sang! Allons, allons Kali, on se calme, ce n'est pas parce que la petit vient t'embêter que tu dois t'énerver contre tous les vampires du mondes. De plus, elle n'est peut-être pas comme ça, c'est juste la fumée qui la gêne. Mais tout de même, tout ça, ça lui donnait doucement envie de la taquiner ou, plutôt la provoquer. Après tout, la petite ne savait pas qu'il était impossible de la tuer, n'es-ce pas?

"Entre nous, je peux vous dire que le peuple respectant le plus la nature étaient les Indiens d'Amérique. Eux aussi fumaient la pipe. Certes, le tabac de leur pipe n'avait pas tout à fait la même forme que présentement, mais je ne pense pas faire de mal. Au pire, si ma clope vous gêne, concentrez votre bon odorat ailleurs, on sait que vous en êtes capable."

La grecque dit tout ceci d'un ton moqueur. Non mais c'est vrai, une petit élève aussi jeune n'avait plus rien à apprendre à une femme de 2500 ans. Et les plaisirs de la vie, ça ne s'interrompt pas pour faire la morale hein. Surtout que là, fumer, ne faisait de mal à personne, même pas à Kali, alors à quoi bon? Limite, si elle ne voulait pas subir de la fumée passive, elle aurait encore comprit, mais étant une vampire et donc ne souffrant pas des maladies, elle ne risquait rien, alors à quoi bon s'acharner sur un professeur de mythologie qui tentait de se détendre?

Spoiler:

Old Books, Old Knowledge

La petite était très sûre d'elle et surtout très calme. Elle n'avait apparemment peur de rien et en même temps, ce regard froid portait du dégoût. De ce faite, l'immortelle était fière. Cela faisait si longtemps qu'elle n'avait plus vu cette expression sur le visage. Léonidas, regarde comme cette petite te ressemble, si à cheval sur les bonnes manières, sur ce qui était, sur ce qui est. Ce dégoût que tu avais pour la malédiction qui lui avait été jetée, elle a ce même air sur le visage. Navrant, elle ne savait même pas qui elle était et la jugeait déjà Elle ne savait même pas son nom et la jugeait déjà.

Kali observa la jeune fille, tout en faisant tomber quelques cendres, expirant les toxines en l'air. Elle était presque certaine de ne pas voir cette fille dans ces cours. C'est vrai, elle ne se comportait pas comme une "dame" le ferait, mais elle n'avait pas à le faire. Cette petite était venue la chercher, elle n'avait pas à empiéter sur son droit personnel qui était de fumer. L'impolie dans l'histoire, c'était elle, bien que la grecque s'était amusée à la taquiner quelque peu. Encore tirant sur sa cigarette, presque terminée, elle sourit lorsque celle-ci lui parla de sa propre sécurité. Bah voyons. Elle était immortelle. Pas comme un vampire, bien plus. Même si elle ne pouvait pas manier cette arme, même si elle la blessait, ça ne la tuerait jamais. Rien ne la tuerait, pas ici.

De plus, la jeune femme avait déjà vu ce genre d'épées, il y a très longtemps. Elle se rappelait de la souffrance qu'elle procurait, mais elle ne la touchait en rien. Elle ne lui faisait absolument rien. Encore quelque chose de décevant. C'était l'un des moments où elle était allée de déception en déception, alors que les Dieux lui ayant jeté sa malédiction étaient au plus bas de leur force, presque oubliés.

La vampire parla alors de son siècle - alors comme ça elle venait du dix-neuvième siècle hein? L'industrialisation, démocratisation des peuples. Mais à voir son comportement, elle ne venait très certainement pas de l'un des familles de pauvres, perdus dans le questionnement social, travaillant plus d'heures par jour que ce que faisaient les français en une semaine. Non, elle c'était une gosse de riche, elle avait eût des professeurs, elle était au-dessus de tout ça.

Kali éclata de rire. Respecter ce que ses professeurs lui ont enseignés? Allons, ça voulait dire, traiter les personnes d'une classe sociale au-dessous de la sienne comme des moins que rien? Croire que les nobles étaient au-dessus des pauvres? Que le sang comptait plus que l'intelligence? Ridicule, il fallait avancer, son esprit ne devait pas rester sur une seule façon de penser. Si on en avait l'occasion, si on vivait assez longtemps, il faudrait prendre un peu de l'enseignement de chaque époque, pour avoir un savoir et une sagesse plus grande, tout en faisant ce que notre liberté nous donne.

"L'enseignement change petite. Quand j'étais jeune, on croyait encore que la terre était plate et que le soleil tournait autour de la terre et que les étoiles étaient sur une coupole qui entourait la terre, et c'est faux, on le sait bien maintenant. Les choses changent, les gens avec, rester dans son passé ne sert à rien, bien que garder les fondements de ce qu'on était est certes important."

Elle prit encore une bouffée de cigarette, expira ensuite doucement dans l'air, avant d'écraser la cigarette qu'elle avait terminée dans le creux de sa main. Elle déposa alors les restes sur une table non loin, ne voyant pas de poubelle autour d'elles. Sa main l'avait brûlée, elle avait eût mal, mais aucune plaie n'était visible, car déjà refermée. C'était comme ça, quand on avait pas de cendrier et qu'on ne souffrait d'aucune blessure.

L'immortelle se mit plus confortablement sur sa chaise, observant la petite fille. Rigide, droite, toujours débout. Pourtant, il y avait d'autres chaises, il y avait des endroits où s'assoir. Kali se demandait si elle se tenait comme elle avait été formée, si ce qu'elle était maintenant correspondait à son éducation, à ce qu'elle était au fond d'elle. Cassante, froide, rigide, inflexible. C'était l'image qu'elle donnait d'elle, mais pour avoir vécu assez longtemps, elle savait que ce que les gens paraissaient être n'était pas toujours ce qu'ils sont. Parfois c'est le cas, d'autres fois non.

La brunette se remit à parler, du même ton monotone. Lui avait-on apprit à rester distante, froide, discrète pour ne pas attirer l'attention des autres? Kali avait mal pour elle, pauvre petite. Vampire à ce jeune âge, probablement tiraillé par une éducation trop stricte. Mais ce n'étaient que des supposition, la réalité pouvait être tout à fait différente, c'est ce qu'elle gardait toujours à l'esprit, à chaque nouvelle rencontre. Cependant, elle tiqua sur une partie de sa question. "Une partie de moi"? Cela signifiait qu'elle était schizophrène? Ou qu'elle troublait d'un trouble de personnalités. L'un comme l'autre, cela signifiait qu'elle n'était pas tout à fait stable. Si elle était schizophrène, cela expliquerait sa froideur, dû au léger autisme duquel souffraient les schizophrènes. Dénudés de sentiments, comme si la vie était vraiment monotone, haïssant ce qui les entourait et ayant une ou plusieurs voix dans la tête...

Mais elle ne fit pas attention à ces réflexions, les garda pour elle, devenant plus intéressée par la jeune femme qu'auparavant, lorsqu'elle ne la vit que comme une gêne dans son moment de tranquillité. La petite vampire était plus intéressante qu'elle n'en avait l'air en premier abord et Kali espérait secrètement qu'elle viendrait à ses cours. Simplement parce qu'elle avait beaucoup encore à apprendre sur la vie et que, souvent, c'est le passé, les mythes d'auparavant, qui nous aidait à le comprendre correctement. L'immortelle répondit alors sur un ton neutre, celui d'un vrai professeur, celui que l'on respecte:

"Je me nomme Kali. Kali Skuld Than. Si tu as quelque peu étudié ce qu'étaient les temps d'avant et dans d'autres pays, tu comprendrais rapidement que ce n'est qu'un nom comme un autre, quelque chose d'éphémère qui s'effacera avec le temps tout en y restant gravé. Après tout, un nom n'est que pour désigner une chose, il ne dit jamais tout à fait ce que la chose ou la personne qu'elle désigne est, même si tout le monde à sa propre vision de ce qu'il signifie, n'es-ce pas?"

Elle lui sourit d'un sourire chaleureux, avant de se relever et remettre doucement ses cheveux - déplacés par le vent qui était devenu légèrement plus fort - en place. Elle passa juste à côté de la jeune fille, se dirigeant vers le bord du mur. Elle observa à nouveau la forêt constituée principalement de conifères, la colline descendante. Fermant les yeux, elle s'imagina monter sur le muret, sauter, sentir cette apesanteur durant le moment de la chute, celui qui vous faisait serrer votre ventre, qui vous faisait tordre vos tripes de peur, puis la douleur soudaine, le sol qui arrivait soudainement contre votre corps. Les os se briseraient dans un terrible souffrance, l'agonie de quelques instante, peut-être un traumatisme crânien, puis la mort. Ou au contraire, de la souffrance supplémentaire, pour Kali, alors que ses os se remettaient doucement ensemble. Mais elle n'allait pas sauter. Ce serait débile de le faire maintenant. Et ce serait comme fuir cette discussion qui commençait tout juste à devenir intéressante.

Elle se retourna vers la petite, la regardant à nouveau, son visage. Elle voyait sa photo, clairement, elle se souvenait que son nom avait une consonance asiatique, mais elle n'arrivait plus à voir les lettres, le mot que cela créait. C'était un nom qui avait à voir avec le rouge mais les ténèbres également. Kali qui savait parler tellement de langues, n'arrivait à présent plus à se rappeler si son nom était chinois ou japonais et si son nom était vraiment ce dont elle se rappelait. Mais vu qu'elle lui avait posé la question, autant qu'elle se présente à son tour, non?

"Et toi petite, comment te nommes-t-on? J'ai lu ton nom mais je n'arrive pas à m'en rappeler."

L'immortelle lui fit un sourire désolé, mais elle était excusable. On venait de lui fournir il y a deux jours une liste avec une centaine de visages et de noms, dont elle ne verrait probablement jamais leur visage à son cours, vu qu'il était optionnel. En plus, au vu de la salle qu'elle avait, même si elle avait réussi à l'améliorer, elle comprendrait qu'aucune élève y étant déjà ne veuille s'y risquer, surtout au souvenir des araignées mutantes qui s'y trouvaient!

Spoiler:

Falling into Nothingness

La petite, ayant été taciturne tout le long de telle sorte que c'était bien Kali qui avait parlait le plus, prit enfin la parole. Bon, elle ne faisait que se présenter, mais c'était déjà un début. Et son nom, Yami Akatsuki, elle avait donc eût raison. Ténèbres et aube rouge, c'était bien ça son nom. Pas étonnant qu'elle lui était restée en mémoire sans qu'elle puisse s'en souvenir. Et puis, c'était bien du japonais. La jeune femme se tourna vers la petite, voyant avec étonnement que sa lame avait disparue. Tout du moins, jusqu'à ce qu'elle se présente à nouveau.

Ainsi, l'immortelle avait raison, la petite souffrait bien d'un trouble dissociatif à personnalités multiples. Multiples, bon, elle en avait en tout cas deux, mais il n'était pas certain qu'elle n'ait que ces deux là, peut-être en avait-elle plus. On ne savait jamais avec ce genre de malade. Elle en avait rencontré, un jour, après avoir effectué son diplôme dans les années 40, qui avait une personnalité pour chacune des humeurs. On le surnommait "les sept nains" bien qu'il ait eût bien plus de personnalités que ça!

La petite semblait plus inoffensive, plus naïve - bien que cela semble tenir tout autant de sa personnalité que par le faite que son épée eût disparue - et surtout plus maladroite. Kali lui donna un sourire chaleureux, voulant répondre à sa présentation correctement.

"Bonjour Hika..."

Sa phrase fût coupée. La jeune fille vers qui elle venait de se tourner trébucha,, alors que Kali voulait l'empêcher de ne pas tomber, la petite la poussa, la déséquilibrant. Tentant de reprendre son équilibre, la jeune femme lâcha Hikari qu'elle tenait quelques secondes plus tôt avant de tomber par-dessus le muret.

Elle n'avait pensé à rien à ce moment, même pas un merde, même pas à quelque chose. Tout ce qu'elle avait fait, c'était fermer les yeux et sourire. Ce sentiment d'apesanteur, de liberté pendant la chute. elle s'en délectait. Elle était comme libre, sereine, entrain de flotter dans le vide, alors que ses cheveux s'élevaient vers le haut, alors que le sol se rapprochait.

Toujours un sourire aux lèvres, l'impact avec le sol fût terrible. Elle sentit ses deux jambes de fracasser contre le sol, sa tête se fendre, laissant le sang en sortir, quatre de ses côtes se casser et chaque vertèbre de la colonne vertébrale tomber en miette. Le toute raisonnait dans sa tête comme une terrible symphonie, et son corps criait de douleur, sans qu'elle ne puisse pour autant crier.

Puis, lentement, sa jambe qui avait prit un angle bizarre se remit en place, les vertèbre en miettes se reconstituèrent, ses bras cassés, dans un bruit fort, se remirent en place, et le sang coula en arrière, rentrant là où il devait être: dans son crâne. Cependant, la douleur ne partit pas, elle restait encore, comme un échos de tous ses nerfs qui lui rappelaient qu'elle n'était pas morte.

Le corps encore douloureux, la grecque se releva et toucha sa tête, là où il y avait eut quelques secondes sa blessure, tout en sachant pertinemment qu'il n'y y avait rien du tout. Elle ne mourrait pas aujourd'hui. Ni demain si vous voulez mon avis. Elle fit alors une grimace, l'écho de sa douleur ne partant pas, avant de relever la tête vers les jardins suspendus d'où elle était tombée. elle fixa dans les yeux la petite qu'elle avait laissée là haut.

*A se demander si elle l'a fait exprès ou pas... Mais je ne pense pas, elle a clairement trébuché...*

L'immortelle leva sa main en l'air pour lui faire signe que tout allait bien, n'étant pas certain que sa la rassure. Une chute comme ça n'aurait pas tué un vampire non plus, mais il aurait eût quand même quelques séquelles de tout ça. La jeune femme se demanda alors si elle devait retourner aux jardins ou rester en bas, mais ayant encore des douleurs un peu partout dans son corps, elle savait que remonter toutes ces marches allait la déranger et la fatiguer plus que nécessaire. Dans un petit soupir, elle s'assit contre le mur froid en briques du château, juste à l'endroit où elle s'était fracassé le crâne, fermant les yeux et laissant la douleur partir, tout doucement.

Elle avait l'habitude, d'avoir encore mal. Elle avait beau être immortelle, ça ne lui retirait pas la douleur, et les nerfs étaient de petites choses idiotes, à vous donner l'alerte même lorsque la douleur avait disparue. Il faudrait attendre quelques minutes et tout irait mieux. Enfin, mieux, elle n'aurait plus mal quoi, mais elle serait toujours là, dans ce pensionnat.

Kali ne pût s'empêcher de se demander si la petite vampire allait descendre, paniquée, où si elle laisserait sa place à la seconde, qui semblait bien plus calme et silencieuse, qui s'en ficherait royalement. Il fallait simplement attendre, voir si elle descendait au moins pour tenter de s'excuser...

Spoiler: