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 Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ]

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Sidney Hughes
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MessageSujet: Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ]   Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ] EmptyLun 5 Avr 2010 - 10:10

Une envie soudaine après avoir avalé un grand bol de souvenirs.
Plongée dans des albums photos, elle y avait retrouvé des souvenirs qui l'avaient fait rire, qui l'avaient émue, qui lui avaient donner l'envie d'en vivre d'autres, des souvenirs. Des beaux souvenirs. Des clichés qu'elle pourrait garder précieusement dans un vieil album photo. Des instants gravés à jamais sur un bon de papier. Ou alors, d'autres qu'elle garderait tel un trésor quelque part, dans un tiroir au fond de sa tête et qu'elle ressortirait quand le moment serait venu de faire le point, de se rappeler.

Et ? Elle était tombée sur une photo qui la représentait, avec des amies qui n'en n'étaient maintenant plus. Des gens qu'elle avait connu, mais dont elle ne connaissait maintenant même plus le nom, pour certaines. Des amitiés d'enfance.
Elles étaient souriantes, pour la plupart avec des dents en moins, réunies autour d'une piscine. Celle près de chez elle. C'est à peine si elle se souvenait qu'elle avait fait de la natation, étant plus jeune. Heureusement que l'album photo était là pour en témoigner. Enfin. Cela n'avait été qu'une période éphémère de sa vie .. Quelques mois. Parce que finalement, ça ne lui avait pas tellement plu .. Ou que les horaires n'étaient pas de son goût. Une idiotie dans le genre.
Bref. Moment de nostalgie, au sein de ses albums photos.


-----------------------------------------------------


Elle avait pris, décidée, une serviette de bain qu'elle avait enfournée dans un sac en bandoulière, avait enfilé un maillot de bain, s'était habillée et avait couru le plus vite qu'elle pouvait pour rejoindre la piscine de l'établissement .. Lieu encore inconnu qui l'intriguait maintenant beaucoup. Peut-être à cause des souvenirs. Peut-être parce qu'elle était curieuse.

Elle avait donc couru, et quand elle poussa la porte, à bout de souffle - elle n'était pas très endurante - une bouffée d'air chaud vient la prendre au visage. Bientôt ses joues commencèrent à rougir sous la douce chaleur qu'il faisait dans cette pièce, un peu isolée des regards ( Bah oui, une piscine en plein milieu du parc, c'est pas funky ).

Pour la première fois depuis qu'elle était arrivée ici, elle se trouva toute seule. Seule, avec le bruit de l'eau qui se trouvait dans la piscine. Un bruit doux et léger, qui incitait au repos de l'âme, au calme de l'esprit.
La vampire posa ses affaires sur un transat qui était là, et se retrouva rapidement les pieds dans l'eau, assise au bord de la dite piscine.
Ses jambes faisaient des allers et des retours dans l'eau claire. Elle n'était pas prête à plonger totalement dedans. En fait elle était plutôt plongée dans une piscine de souvenirs, de moments et d'autres. Seules ses jambes étaient réellement plongée dans l'eau. Le reste était momentanément ailleurs.

Mais le corps est le corps, et quand un bruit de porte retentit, la vampire recouvra pleinement ses esprits. Curieuse et intriguée, elle se demanda qui pouvait bien la rejoindre. Il fallait se faire une raison : être seule ici, c'était un luxe. Mais un luxe auquel elle ne voulait pas accéder. Être entourée, c'était sa joie.

" Qui est là ? .. "


Qui sait ? Elle connaissait peut-être peu de monde sur l'établissement, mais il y avait toujours une chance pour que ce soit une connaissance.

Sans attendre de réponse, elle s'appuya sur ses bras et laissa son corps glisser lentement dans l'eau. La température était agréable. Ni trop chaude, ni trop froide. Seule manquait à son bonheur une réponse de la part du mystérieux arrivant. Parce qu'elle ne pouvait pas le ou la distinguer, de là où elle était. Le mystère restait donc entier, jusqu'à ce qu'une voix familière s'élève et résonne entre les murs.
La blonde esquissa un sourire.
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MessageSujet: Re: Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ]   Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ] EmptyLun 5 Avr 2010 - 11:32

Nager ? Ouais, pourquoi pas.
Allongée dans le parc en compagnie de Mana, je devais avouer qu'on s'ennuyait ferme. Ma Blanche avait chassé et se reposait. Et de toute manière son quota de parole était très limité ces derniers temps. Je sentais la rancoeur, la peur, mais aussi l'amour. Si elle restait à mes côtés, c'était uniquement parce qu'elle m'aimait. Elle aurait autrement fui à toutes jambes.

Mon dernier exploit en philosophie m'avait laissé un goût amer dans la bouche. Voilà qu'un nouveau démon apparaissait au lycée. Et malgré ses petits sourires je voyais parfaitement qu'il était de la même tempe que le directeur, froid, cruel, manipulateur et menteur. Un démon, quoi. Tous ces mots n'étaient qu'un pléonasme de ce dernier.
Je me levai calmement. J'en avais assez de rester ainsi allongée à ne rien faire. Pourquoi ne pas aller piquer une...
Eh non. J'en oubliai mes blessures. Les frotter à de l'eau de javel pourrait les refaire saigner, or j'avais mis du temps à réunir assez de force pour contenir mon sang.

Bon, tant pis. Au moins, cela me permettrait de bouger.
J'entrai en compagnie d'une Mana silencieuse dans le local de la piscine. La porte grinça légèrement lorsque je pénétrai dans la salle à forte odeur de chlore. J'entendais des bruits d'eau, il y avait déjà quelqu'un. Bon. Ben tant pis, je partagerai l'eau avec quelqu'un. De toute manière je ne ferai que tremper les jambes.
J'enfilai un maillot deux pièces rapidement et entrai en direction de la piscine.

" Qui est là ? .. "

J'aurais reconnu cette voix entre mille. Sidney était là, dans l'eau, et regardait autour d'elle, comme à l'attente de voir un monstre, peut-être, surgir du placard, comme une enfant dans son lit. Je souris en la voyant. C'était mon amie dans l'eau. Qu'avais-je eu en tête ? Il n'y avait pas que des démons ici. Il y avait aussi des gens bien.

"Salut, Sid'", dis-je avec un sourire en m'asseyant au bord de la piscine. Je ne pouvais pas me baigner, je le savais très bien. Mais au moins je pourrais rafraîchir mes jambes.
Mana s'assit près de moi, et adressa un signe de tête accueillant à la petite blonde.

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Sidney Hughes
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MessageSujet: Re: Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ]   Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ] EmptyLun 5 Avr 2010 - 14:29

Hebi était apparue près de la piscine. Ah, Hebi. Elle avait reconnue sa voix dès qu'elle s'était élevée dans les airs. Parce que c'était la première personne avec qui elle avait réellement eu un lien ici. Sa première amie en fait. Pas ce genre d'amis qu'on a quand on est enfant et qu'on oublie le temps des grandes vacances - parce qu'on a toujours de nouveau amis à la rentrée - ce n'était plus ce genre de personnes. Chaque rencontre, chaque instant qu'elle vivait ici serait gravé pour le restant de sa vie dans sa mémoire. Elle n'avait aucun doute là dessus.

Elle laissa apparaître un sourire quand son amie s'approcha de l'eau. Elle portait des traces de lutte, de bagarre encore relativement fraîches sur elle. On pouvait distinguer des multiples plaies qui étaient fermées, mais qui menaçaient bien de s'ouvrir à n'importe quel geste maladroit.
Où avait-elle donc pêché ces bleus, ces cicatrices et ces plaies ? Sidney n'allait pas en faire une histoire, mais elle n'aimait pas l'idée qu'Hebi pouvait s'être battue. Même si elle savait que la jeune fille était capable de sautes d'humeur du fait de son Aura, et qu'elle avait une force bien plus puissante que la moyenne des gens, cette idée ne pourrait pas laisser son esprit tranquille. En tant qu'amie, elle avait bien le droit de s'en soucier un peu, hein ? .. Mais elle n'allait pas en parler tout de suite. Peut-être plus tard dans la conversation. Ça, seul Dieu - ou quelqu'un qui lira dans l'avenir - pourrait le dire. Quoique ? Ne pas se fier à l'avenir qu'on voit tout tracé. Le futur n'était jamais fait que de bons et mauvais hasards, somme de ce que l'on fait de nos journées, des choix que l'on prend et de ce qu'on laisse passer. Jamais rien n'était défini. C'est ça qui donnait tout un sens à ce que l'on pouvait appelé " futur " en fait.

La démone n'était pas arrivée seule. Elle avait plongé ses jambes dans l'eau, et à côté d'elle, il y avait cet adorable félin qu'elle avait déjà vu par le biais d'images, la dernière fois. Comme des images de synthèse. Ou un film. Elle avait eu l'occasion de la voir bouger et elle avait même cru qu'elle pouvait l'observer en retour, de la façon où cette fois-ci, son regard s'était plongé dans celui de Mana.
Elle était encore plus mignonne en vrai. Cette dernière lui adressa un signe de tête. Sidney lui répondit par son habituel et charmant petit sourire.

Décidée à engager la conversation, Sidney fit quelques mouvements de bras afin de s'approcher de sa future interlocutrice.
Elle lui adressa à elle aussi un sourire et reporta son attention sur Mana. Tout en la regardant, elle s'adressa à Hebi.

" .. Elle est encore plus adorable en vrai ! "

Elle leva les yeux vers la jeune fille. De près on distinguait encore plus que divers coups dont on ne pouvait imaginer la force avait été portés sur elle. Cette idée ne l'enchantait pas beaucoup. D'ailleurs, elle avait du grimacer, parce qu'Hebi avait maintenant toute son attention. Alors, elle se dit que le destin avait fait plus vite que prévu et elle se redressa à l'aide de ses bras, s'asseyant sur le rebord à côté de la démone.

" Ma grande, où est-ce que tu t'es encore fourrée ? Tu as vu ces traces ? .. "

Sa voix était peut-être plus détendue qu'elle ne l'était elle-même. C'était ça paraître décontractée hein ! En fait, elle était plus intriguée que décontractée, mais ça, elle le gardait volontiers pour elle.

Elle laissa son index se posa sur l'eau, et dessina des ronds. Des petits .. Des grands .. Des ronds. Pendant que les jambes battaient dans l'eau, machinalement.
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MessageSujet: Re: Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ]   Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ] EmptyLun 5 Avr 2010 - 15:26

J'avais enfilé un petit maillot de bain, mais c'était sans compter les blessure apparentes sur mon corps, naturellement.
J'avais oublié ces coupures et bleus superficiels. Ils ne me faisaient même plus mal. La personne qui me les avaient faites n'était pas un démon. Je n'en verrai donc plus la trace dès ce soir.
Sid' devrait s'y habituer, je m'entraînais avec Fushi un jour sur trois. Les blessures se renouvelleraient donc à chaque fois. Mais pour moi cela importait peu, puisqu'au moins j'aurais le plaisir de le voir, et des progrès flagrants au niveau du contrôle de moi-même. Après tout, c'était avant toute chose pour cela que j'acceptais mes entraînements avec Fushi. Les autres raisons ne dépendaient que de mon besoin intensif et constant de le voir.

Moi qui n'avais jamais connu l'amour, je commençais à me rendre compte que j'avais loupé quelque chose de profond et important. Je savais à présent ce que c'était, aimer. Je comprenais que ce n'était pas plus un don qu'une malédiction. C'était les deux à la fois. Et personne ne pouvait savoir ce qu'était l'amour tant qu'on ne l'avait pas vécu. Je le vivais, et j'en souffrais autant que j'en jouissais. Mais ma plus grande félicité avait été de connaître en même temps l'amour et la véritable amitié. Je ne perdais rien au change. En quittant Moscou et ma nature démoniaque, j'avais perdu l'amour d'une mère et l'affection d'un frère. En arrivant à FHS, j'étais tombée sous le charme d'un vampire, et m'étais faite deux amies aussi précieuses que le diamant le plus clair.

Mais j'étais aussi revenu à mes gènes. J'avais cherché à les fuir en Russie, je me devais encore de les fuir à cause 'un tyran. Pourquoi ? Je ne le savais pas. Je savais juste que ma nature me rattrapait au triple galop.
Mais pourquoi m'en soucier ? Pour le moment tout allait bien. J'étais sereine, mes jambes dans la piscine, ballotantes, et mon amie dans l'eau qui louait la beauté de ma Blanche, qui en ronronna de contentement.
Je lâchai un soupir de soulagement. Mana n'avait pas lâché un mot depuis que je l'avais retrouvée dans le parc. Elle m'avait dit avoir chassé, point. Mana avait été blessée par ma violence physique. Je ne l'avais jamais frappée. Jamais.

J'approchai une main de son visage et caressai timidement son poil. Elle répondit à ma caresse en fermant les yeux de contentement. Je sentais qu'elle voulait bien faire la paix. Elle s'allongea et posa sa tête sur mes cuisses, tout en fixant Sidney de son regard d'azur. Elle n'était pas très bavarde, et cela Sidney devrait le voir. Mana ne parlait que lorsque c'était réelement important.

Quant à mes blessures...


"Oh, ça ? Ne t'en fais pas va. Ce n'est pas le pire. Regarde..."

Je me retournai avec un calme détendu, et exhibai les deux traces rectilignes que je portais entre les omoplates. Le sang ne coulait pas, mais les blessures étaient encore très vilaines.
Je pivotai à nouveau et remis mes jambes pâles dans l'eau. Sidney eut l'air parfaitement effarée par ma démonstration.
Je me grattais la tête, machinalement, avec un sourire gêné.


"Disons que j'ai des ailes... et que quand elles sortent ben elles trouent ma peau... et il faut bien... un mois voire un mois et demi pour que ça cicatrise...
C'était lors de mon premier entraînement avec monsieur Metsugo. Il s'est battu un peu trop fort avec moi et ça a libéré toute mon énergie d'un coup... et du coup on a cramé le gymnase ! J'ai failli tuer mon professeur..."

Je rougis, gênée. J'avais bafouillé !!
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MessageSujet: Re: Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ]   Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ] EmptyLun 5 Avr 2010 - 16:41

Hebi était sereine aujourd'hui. Et c'était une bonne chose. La dernière fois qu'elle l'avait vu, elle avait eu l'air énervée, contrariée, ou même hors d'elle. Lors du précédent cours qu'elles avaient eu en commun. Là, elle paraissait tranquille, posant un regard particulièrement protecteur sur la boule de poil qui s'était fait une place sur ses cuisses. C'est à peine si Mana ne ronronnait pas. Enfin, est-ce qu'elle pouvait ronronner ? Elle savait que les chats ronronnaient, mais après, si les gros chats faisaient de même, elle n'en avait pas la moindre idée.
Mana fixait Sidney, et la jeune fille pensa immédiatement qu'elle ne pouvait absolument pas rivaliser avec les yeux de l'adorable boule de poil. Le bleu de ses yeux étaient tellement éclatants, tellement profonds qu'elle s'y serait volontiers perdue, si elle ne se savait pas en pleine conversation avec la maîtresse de ce charmant animal.

Quittant alors le regard de l'animal, elle se plongea dans la contemplation des blessures de sa maîtresse. Elle était couverte de bleus et d'écorchures, mais cela lui paraissait presque normal. En tout cas, elle n'avait pas l'air d'en souffrir. C'était déjà ça.
Quand elle se retourna pourtant, dévoilant de grosses cicatrices parallèles dans son dos, Sidney étouffa un drôle de bruit. Mélange de gémissement de douleur et de choc. En fait, elle avait un peu mal pour elle. On pouvait voir la profondeur des cicatrices, et vu l'ampleur qu'elles avaient, elles ne devaient sans doute pas lui être indolores.
Avant qu'elle ne puisse placer un mot, la démone se chargea de lui expliquer la situation.

"Disons que j'ai des ailes... et que quand elles sortent ben elles trouent ma peau... et il faut bien... un mois voire un mois et demi pour que ça cicatrise...
C'était lors de mon premier entraînement avec monsieur Metsugo. Il s'est battu un peu trop fort avec moi et ça a libéré toute mon énergie d'un coup... et du coup on a cramé le gymnase ! J'ai failli tuer mon professeur..."


Ah oui, des ailes. Mais était-ce vraiment quelque chose d'étonnant quand on sait que les démons sont des sortes d'anges déchus ? Enfin, elle avait lu quelque chose sur le sujet, il y avait de cela bien longtemps. Normal qu'ils aient des ailes, pour la plupart. Sidney aurait même parié qu'elles étaient plus noir que le noir lui-même.
N'empêche qu'elle ne doutait pas un instant de la douleur que la jeune démone devait subir quand les ailes perçaient sa peau pour se déployer. Ce devait être une douleur foudroyante. Peut-être quelque chose d'aussi fulgurant que quand elle s'était fait mordre. Quand le poison avait coulé dans ses veines et qu'elle était devenue une vampire. Instinctivement, elle plaça sa main à l'endroit précis où elle s'était fait mordre. Elle ne pouvait pas l'oublier. Enfin. Ce n'était pas le moment de repenser à cela. Ce qu'avait dit Hebi ensuite était autrement plus intéressant. D'ailleurs, elle en était gênée, visiblement. La vampire en était d'autant plus intriguée.

" Un entrainement ? .. "

Elle quémandait plus de détails, naturellement. Comment ne pas le faire en même temps. Si elle et le professeur de français s'infligeaient de telles blessures, ce n'était certainement pas un cours spécialisé de français. Loin de là, même. Ils se battaient. Donc ils s'affrontaient, si elle comprenait bien. Mais dans quel but ? Il était question d'entrainement, donc de devenir plus fort ? Mais pour quoi faire ? Il ne s'agissait pas dans cet établissement de développer une force surhumaine ou d'avoir des aptitudes au combat, si ? Plutôt de suivre une scolarité que l'on voudrait normale, même si on se doutait que ça ne pouvait pas pleinement être le cas. Les élèves n'étaient pas des élèves " normaux " alors comment les cours pouvaient-ils l'être ?

Et apparemment, entre eux ils n'étaient pas tendres. Ils avaient détruits le gymnase et avaient failli s'entretuer d'après les dires de la jeune fille. Pas franchement rassurant, la tendresse qu'ils avaient l'un pour l'autre. La blonde était encore plus curieuse.

" Wahou. Mais c'est quoi cette histoire ? Explique-moi. J'ai du mal à suivre. Vous êtes pas censés vous entretuer ! "

Elle avait les sourcils froncés, et ses jambes avaient cessés de battre dans l'eau. Elle attendait maintenant une explication de son amie.

" Tu sais, ta vie, ce n'est pas un jeu hein ! "

Elle leva les yeux vers son amie. Là, oui, elle était inquiète, quand même. Normal, non ?
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MessageSujet: Re: Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ]   Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ] EmptyLun 5 Avr 2010 - 17:16

Comme Sidney pouvait être adorable. J'avais trouvé une amie gentille, attentionnée et à l'écoute de tout ce que je pouvais lui dire. Et inquiète pour moi, accessoirement.
Ce qui, je devais l'avouer, était inutile. Sidney n'avait aucune raison d'avoir peur pour moi. J'étais forte, et l'avais prouvée à maintes reprises.
Mais en étais-je aussi sûre ? Etais-je vraiment la démone invincible que je me vantais d'être ? Regardons quelques jours en arrière. William Walker, directeur de l'établissement, avait réussi à générer en moi une terreur telle qu'elle m'avait complètement faite perdre les pédales. Mon démon était revenu, et avec une cruauté sans faille, avait giflé Mana à lui en faire saigner. La joue de ma Blanche en était une preuve. La plaie était encore très visible. Cela me faisait d'autant plus culpabiliser que j'avais touché la personne que j'aimais plus que tout au monde, que j'avais sauvé de la froideur de la neige et des ardeurs de la faim, à qui j'avais offert amour, tendresse, parole et sagesse, tout ce qui était nécessaire à son développement et au développement de notre profond amour.
Mais c'était normal après tout non ? J'avais tué sa mère et l'avais dévorée sous ses yeux de chaton...

J'entendis le petit cri étouffé de Sidney lorsque j'exhibai ma blessure. Je m'en voulus un peu. Je n'avais aucune envie de la choquer. Mais elle était la seule jeune femme à qui j'avais très envie de parler, et d'écouter. Elle était mon amie. Je ne parlais pas des même choses à Izumi, même si je l'affectionnais pareil. C'était une amitié différente, nous ne partagions pas les mêmes choses, ni les mêmes sensations. Avec Sidney je me sentais en sécurité, heureuse. Mon seul besoin était de parler. Parler et parler encore, sans s'arrêter, parler et reparler. C'était notre salut à toutes les deux. Pendant un instant nous étions enfermées dans la même salle de vie, un morceau que nous partagions, avant de nous séparer et retourner dans des salles différentes. Une heure avec elle c'était la promesse de ressortir avec le sourire. Et j'en étais parfaitement consciente.

Aussi je lui jetai un regard plein de douceur et de calme. Je voulais lui faire comprendre à travers mon regard que pour le moment j'étais moi même. Pendant au moins ce moment là. J'étais la jeune femme que je voulais être, une lumière à la place d'une ombre... un ange, au lieu d'un démon.
Il fallait qu'elle sache ce qu représentaient pour moi les entraînements avec Fushi. C'était plus que de l'entraînement c'était... c'était le partage d'une chose, la promesse de sortir, épuisée mais ravie, d'un instant intime et mutuel. Evidemment, cet instant était empli d'une sauvagerie sans aucune faille, d'une monstruosité à toute épreuve mais quand même. Je le tutoyais. Lui avait encore du mal, mais je croyais comprendre la raison de cette frustration intérieure. Il avait peur de l'intimité, peut-être parce que je lui plaisais. J'avais vu la roseur de ses joues lorsqu'il m'avait détaillée de haut en bas, moi et ma robe ensanglantée. Eh oui, je me faisais peut-être des films, mais j'étais tellement aveugle...

Alors je me lançais dans une explication un peu houleuse de mes entraînements avec Fushi. Je me devais d'être précise, concise.

"En fait, comme tu as sans doute pu le constater... je suis incapable de garder le contrôle de moi-même lorsque je suis en colère. De même, une fois que mon Aura apparaît, seul un baiser peut la faire disparaître, je ne peux pas la faire partir moi même. Alors Fushi m'a proposé un entraînement, un jour sur trois, pour m'apprendre à garder le contrôle de moi-même.
Mais la dernière fois, ça a mal tourné. Nous nous voyiions pour la première fois et il a usé de métodes... radicales avec moi. Il a usé de toute sa force pour m'obliger à me battre sans être sous l'emprise de l'Aura. Malheureusement, la terreur de mourir de ses mains a dépassé ma raison, et j'ai déchaîné une frénésie impitoyable. S'il ne m'avait pas embrassée... je crois qu'il serait mort à l'heure qu'il est."

Je pris une inspiration. Nous voilà au temps des confessions. Le baiser. Le plaisir que j'y avais éprouvé.
Le rouge me monta violemment aux joues. Devais-je tout dire, vraiment ? Et si elle désapprouvait mon comportement ?
Je me demandais quelle serait sa réaction.

"Nous sommes obligés de déchaîner nos forces pour pouvoir garder le contrôle de nous-même. Je le vois souvent et commence à progresser. Nous avons changé, lui et moi. Il est très professionnel, mais me demande de le tutoyer. Et..."

Mes yeux se voilèrent. Voilà, j'y étais. Et j'avais envie de le lui dire.

"Et... si tu voyais comment il me regarde, Sidney... je ne peux plus me passer de ces moments. J'ai constamment envie, et besoin de le voir... même si c'est mal, même si je ne devrais pas. J'aimerais vraiment, de toute mes forces, qu'il éprouve la même chose que moi j'éprouve pour cet homme."


Je me plongeais dans le regard de mon amie. Je venais tout de même de lui avouer que j'étais amoureuse de mon professeur de français. Pour moi, ce n'était certainement pas un petit aveu.
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Sidney Hughes
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MessageSujet: Re: Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ]   Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ] EmptyLun 5 Avr 2010 - 18:47

Il n'y avait rien à faire. Malgré la maladresse que Sid' avait dévoilé en lui confessant à moitié son angoisse quant à ses combats, Hebi restait définitivement calme. Et il faut dire que c'était bien comme cela. Que malgré son inquiétude, la tranquillité dont faisait preuve son amie la rendait à nouveau plus sereine. Elle souffla un bon coup.
Elle l'aimait beaucoup, cette fille. Qu'elle soit démone ou qu'elle soit elle-même. Elle trouvait en elle un réconfort et une confidante. Peut-être que si parfois, l'une était calme et l'autre très énervée, c'était simplement pour qu'elles puissent encore mieux se compléter. Parce que Sidney pensait qu'elles étaient un peu pareilles toutes les deux .. Elle avait été la première à qui elle avait vraiment adressé la parole, avec qui elle avait pu faire connaissance. Et tout de suite elle s'était sentie en confiance. Alors elle lui avait raconté son histoire, ses aventures, ses craintes. Et elle l'avait écouté déballer ce qu'elle n'avait jamais dit, ce qu'elle avait à dire et qui était resté enfermé en elle depuis trop longtemps. C'était venu naturellement. Comme si au même moment elles avaient alors éprouvé cette nécessité de trouver quelqu'un à qui parler. Et elles s'étaient trouvées. En tout cas, c'est comme cela que Sidney le concevait.
Elle adressa un petit sourire à son amie, convaincue par son apparent calme. Cette sérénité dont elle faisait preuve aujourd'hui.

Mana n'avait pas bougé, et sa plaie était masquée, du fait qu'elle était allongée la tête sur les cuisses de sa maîtresse. Sidney ne pouvait donc pas soupçonner sa blessure, et elle ne pouvait pas se faire des idées sur comment cela était arrivé. L'adorable boule de poil regardait tour à tour les jeunes filles et écoutait calmement leur échange.

Hebi reprit la parole, faisant le point sur l'état dans lequel elle était quand elle se mettait en colère. Le fait qu'elle était totalement incontrôlable et donc potentiellement dangereuse, quand elle était hors d'elle-même. Ça, Sid' avait déjà eu plus ou moins l'occasion de le constater. Même quand elle était un peu en colère, pour elle seule savait quelle raison, elle devenait rapidement quelqu'un de dangereux, ou du moins quelqu'un qu'il valait mieux ne pas déranger.

Elle se souvenait rapidement du cours de philosophie qui avait coûté une table au professeur Todd. Là aussi elle s'était énervée. Mais la vampire ne lui avait pas demandé pour quoi. Il arrivait parfois qu'on ne puisse avoir, au premier coup d'œil, des affinités avec les gens. C'était peut-être ce qui était arrivé. Peut-être qu'elle n'avait pas aimé la façon d'être du professeur. Quoique .. Comme il était professeur, c'était encore une autre paire de manche. Enfin, qu'importe, c'est ici d'un autre professeur dont il s'agissait : Fushi Metsugo.
D'après ce que disait Hebi, il s'était porté volontaire pour aider la démone à se contrôler lorsqu'elle était dans un excès de colère. Ils s'entrainaient une fois tous les trois jours. Un rendez-vous régulier sous la forme d'un entrainement plutôt intensif. Mais le premier entrainement avait été le plus grand des excès. Un abus de pouvoir pour la forcer à se contrôler. Mais un dérapage. Un sale dérapage. No happy ending. Les happy ending n'étaient pas des fins sous la couleur du sang, la couleur des bleus, la douleur des coups, la souffrance du corps, la fatigue de l'âme. Donc : no happy ending.
Heureusement, Metsugo avait eu un " réflexe " bien heureux - peut-être pour sauver sa vie, hein. Il avait posé ses lèvres sur celles de la jeune fille, et tout à coup, tout s'était arrêté. Plus de violence. Plus rien.
Hebi n'en avait pas dit plus, mais évidemment, Sid' supposait qu'il y avait encore bien des choses à dire. Alors elle s'imaginait que la jeune fille avait dû s'écrouler de fatigue, sous le poids d'une Aura trop lourde pour elle et que le professeur de français n'avait jamais eu aussi chaud.

La brune s'était arrêtée un moment. Elle avait marqué une pause qui voulait dire beaucoup. Elle changeait de sujet pour passer à quelque chose de plus délicat. A une chose qui lui était plus personnelle. Plus intime. Le rouge qui lui montait aux joues en témoignait silencieusement. Sid' esquissa un petit sourire en guise d'encouragement. Elle ne savait pas si son amie l'avait vue, mais celle-ci se lança alors.

Bien sûr, Metsugo était particulièrement professionnel, mais si elle en arrivait à lui dire cela, c'est bien qu'il y avait un " mais ". Après une énième respiration et un regard fuyant, elle lui avoua ce qu'elle pensait être l'inavouable, l'interdit. Plus communément : sa tentation.

Elle en parlait avec une telle douleur. Un voile de tristesse couvrait chacun de ses mots. C'est comme si elle portait constamment un poids énorme sur ses épaules, et qu'elle essayait - par les mots - de se faire un peu plus légère. Tant de peine dans ses accents fit ressentir à la vampire un gros pincement au cœur. Ses lèvres se pincèrent pendant un court instant, alors qu'elle écoutait les mots teintés de malaise de son amie. Quand le silence se fit entendre, elle se rapprocha de son amie et la prit dans ses bras.
Le contraste entre leurs peaux était flagrant. La peau de la vampire était gelée, littéralement glacée. Quant à celle de la démone, elle était chaude, même plus encore que cela. Elle était brûlante. C'est dire comme contraste il y avait.

Elle sentait la tête de son amie reposer au creux de son épaule, et elle ferma les yeux pendant une seconde. Mana avait bougé, elle se tenait à côté de sa maîtresse, de son amie, observant avec un regard doux la scène qu'elle avait sous les yeux.
Sid' prit doucement la parole. Ce n'était pas la peine de parler fort pour que son amie la comprenne parfaitement.

" Tu sais Hebi .. S'il y a bien un sentiment qu'on ne peut pas contrôler, je crois que c'est celui-là. Tu ne peux pas décider de qui tu tomberas amoureuse. Et c'est bien ça qui en fait tout le charme, mais aussi toute l'horreur, tu ne crois pas ? .. "

Elle sentait la jeune fille respirer dans son cou, et elle décida que cette question resterait sans réponse. Continuer.

" .. Amour interdit ou pas, qu'est-ce que ça change, dis moi ? .. Ça reste de l'amour Hebi, et c'est bien ça qui compte. Qu'il te comble de bonheur ou que tu le considère comme une épée de Damoclès au-dessus de ta tête n'y changera rien. Quand l'amour est là, il met du temps à disparaître. S'il disparaît un jour. "

Elle soupira.

" .. Ce n'est peut-être pas le moment, mais je pense que pour te soulager, et même te fixer, il faudrait que ce soit avec lui que tu en parles .. "

Elle resserra un peu son étreinte. Pas maintenant. Ce n'était pas le moment. Mais elle n'aimait pas voiler ce qu'elle pensait. Si Hebi voulait souffrir le moins possible, elle devait savoir ce qu'il pourrait advenir de cet amour : qu'elle rencontre une bonne ou une mauvaise surprise. Être fixée, c'était moins douloureux que d'être dans l'ignorance.
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MessageSujet: Re: Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ]   Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ] EmptyLun 5 Avr 2010 - 19:57

Lui dire ? Lui avouer ? Non, jamais de la vie.
De toute manière, il le savait déjà, que je l'aimais. Mais je n'étais pas faite pour Fushi Metsugo. J'étais une démone, lui un vampire. J'étais élève, lui professeur. Il avait un physique d'un homme de quarante ans, maximum. Il était bourré de charme, intéressant, passionnant. J'étais colérique, dotée d'un charme stupide destiné à la traque. Je n'avais rien pour moi. Et cette pensée me fit frissoner.
Dans les bras de Sidney je reçus la fraîcheur et la tendresse. Tout ce dont j'avais besoin. Une larme ruissela sur ma joue. Je l'essuyai, du revers de la main. Je ne devais pas pleurer parce que j'étais amoureuse, c'était stupide, puéril. J'avais au bas mot 500 ans ! Chialer comme une adolescente ne me ressemblait pas.
Pourtant, j'avais la mentalité d'une vulgaire ado en crise. Mes hormones me travaillaient un peu trop. Je pensais à Fushi jour et nuit, ne le quittait pas des yeux lors de ses cours. Mon amour pour lui n'avait pas de limites. Toute ma vie j'aurais regretté, souffert si je l'avais tué. Il m'était cher, depuis le premier baiser forcé que nous avions échangé.

Sidney dégageait une odeur de chlore, douce. J'avais le nez fin, à bien y penser. Je reconnaissais souvent les gens à leur odeur. C'était pour cela que j'étais passée au dernier rang en français. Fushi avait une odeur qui pénétrait tout mon être. Elle me faisait ressentir un fort désir, moral comme physique. Tout ce que j'essayais d'oublier. Tout ce dont j'essayais de me passer. Tout cela n'était pas dans ma nature. Même ma mère me l'avait dit. Elle n'avait jamais aimé mon père. Elle s'était accouplée comme un animal. Il était d'ailleurs étrange qu'elle nous ait aimés, Aeden et moi. Un démon ne savait pas aimer. Un démon tuait, et faisait preuve de cruauté. Un démon était né pour être méchant. Pas pour être quelqu'un d'aimant.
C'était peut-être pour cela que je vivais mal cet amour. Mon instinct était perdu dans les méandres de sensations qu'il ne devrait pas éprouver. Les bouffées de chaleur. Les frissons des baisers. Les besoins charnels. Tout ce qui m'était refusé. L'amour était l'affaire du Seigneur. Pas de Satan. Satan était la débauche. Mais ce n'était pas mon affaire à moi.

Je me détachai de Sidney avec douceur. Je ne voulais pas qu'elle voit mes larmes. J'étais bien aujourd'hui, et je ne voulais pas tout gâcher à cause de Fushi. Je voulais passer un moment agréable avec Sidney. Mais je voulais aussi lui parler de cela. J'avais déjà dit à Izumi que j'aimais son père. Mais je n'avais pas vraiment détaillé l'ampleur de mes sentiments. Je n'osais pas. Je ne pouvais pas avouer, cela ne sortait pas. Avec Sid', tout était tellement fluide ! Elle avait la clé d'un coffre fort. Et elle l'ouvrait sans violence, avec la douceur d'une amie et d'une mère. Qui l'aurait cru. Que je puisse rencontrer deux personnes qui me rendent si heureuse. Trois, en comptant ma Blanche, paquet de plume doux et calme. J'avais dormi avec elle plusieurs fois, dans le parc, ne voulant pas la quitter, manquant le couvre-feu. Pour elle, j'enfreignais des règles. J'étais prête à en enfreigner pour Sidney, et pour Fushi.

Je pris la main de mon amie et la serrai en la regardant gentiment. La douleur commençait à revenir un peu. Je m'efforçais de l'oublier. Une petite grimace apparut sur mon visage, que je m'efforçais d'effacer. Mana lécha mon bras calmement. Elle frotta sa tête contre mon ventre, d'un geste compatissant. Elle voulait m'aider, mais ne pouvait pas. Je le savais parfaitement. Et elle aussi. Nous étions liées fermement. Nous ne faisions qu'un.
J'avais bien envie de sauter dans l'eau pour me rafraîchir, mais je savais parfaitement que cela équivaudrait à une réouverture des blessures, donc un délai d'une semaine de plus de cicatrisation.


"Je ne peux pas lui dire. Je ne peux pas avouer cela à mon propre professeur. Mais je crois qu'il m'aime. Nous avons tout à perdre en stabilisant notre relation. Et je ne veux pas le perdre. Je l'aime trop pour cela.
J'ai besoin de m'entraîner avec lui. Je suis devenue complètement folle. Mon démon s'est déjà éveillé deux fois. Il a frappé Mana. Brutalisé Izumi. Tout cela... à cause de William Walker...
Méfie toi du professeur de philosophie, Sid'. Lui et le directeur sont des démons. Ils sont dangereux !"


[Désolée si la réponse est courte, autorité parentale et mal de dos T__T]
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MessageSujet: Re: Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ]   Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ] EmptyMer 7 Avr 2010 - 8:57

Avant que la vampire ne puisse sentir une larme orpheline couler le long de son épaule, la démone, fière, l'avait fait mourir du revers de sa main. Sidney se doutait bien que ce n'était pas une situation franchement réjouissante. Elle voulait montrer à son amie qu'elle avait dans l'intention de lui porter tout le secours dont elle avait besoin pour se relever. Aller de l'avant.
Enfin, ce n'était pas une chose aisée. Comme elle imaginait bien que ce n'était pas aisé d'être à la place d'Hebi non plus : enfreindre les règles de l'établissement, vivre un amour défendu, ne pas savoir s'il est réellement réciproque. C'était se perdre dans un dédale sans fin, tomber dans un gouffre qui n'avait pas de fond, échouer dans les méandres de l'inconnu. Une sensation terriblement frustrante. C'était à ne pas en douter.

La jeune fille dans ses bras respirait un peu plus fort qu'à la normale, pourtant Sid' ne doutait pas qu'elle essayait de se contenir. De reprendre un peu de son calme. Et quelques secondes plus tard, elle y parvint aisément. La tristesse n'était pas passée, mais elle laissait place à un sentiment plus grand encore, à quelque chose qui occupait davantage son esprit : la réflexion.
Même si Sid' n'avait pas de vision de la démone, si ce n'était celle de son épaule, elle pouvait presque sentir comme elle pensait, comme elle réfléchissait. Elle ne savait pas à quoi, et tout compte fait, elle ne voulait pas savoir. C'était quelque chose de personnel et aujourd'hui, Hebi avait sûrement déjà fait nombre de sacrifices pour réussir à lui dire ce qu'elle envisageait comme l'inavouable, le crime, le pêché ultime. La blonde eu un petit sourire. Discret. Elle était fière d'être considérée comme digne de confiance, au fond d'elle.

Doucement, Hebi se détacha. Elle s'éloignait. Mais pas d'une manière qui voulait dire qu'elle en avait assez. Plutôt une façon de dire : " allez ça va, ne t'inquiète pas ". Quelque chose dans le genre.
Sid' en plongeant son regard dans celui de la brune voyait bien qu'il y avait quelque chose comme cela qu'elle voulait faire passer dans ses yeux. Pour toute réponse, toujours muette, elle lui adressa un petit sourire. De ceux qui veulent vous donner le baume au cœur, qui veulent vous consoler. Vous réconforter. Tout en douceur. Parce qu'y aller brusquement ne servait à rien. Ne servirait jamais à rien. La douceur était tout ce qu'il fallait. Tout ce qui était bon. Oui, la douceur était la réponse à tous les mœurs.

La main de la démone vint se glisser dans celle de la blonde. Elle la serrait activement.
Mana aussi avait décidé de réconforter sa maîtresse adorée. Encore à peine si elle ne ronronnait pas. Elle se frottait contre elle avec douceur, et insistance, pour lui montrer qu'elle aussi, elle serait là dans ces moments là. Ce genre de gestes étaient sans doute les plus beaux : ceux qui vous font comprendre l'ampleur d'une amitié. Une fidélité sans faille. Baume au cœur, encore une fois.

"Je ne peux pas lui dire. Je ne peux pas avouer cela à mon propre professeur. Mais je crois qu'il m'aime. Nous avons tout à perdre en stabilisant notre relation. Et je ne veux pas le perdre. Je l'aime trop pour cela.
J'ai besoin de m'entraîner avec lui. Je suis devenue complètement folle. Mon démon s'est déjà éveillé deux fois. Il a frappé Mana. Brutalisé Izumi. Tout cela... à cause de William Walker... "


Elle croyait en la réciprocité de ses sentiments. Sid' avait alors un peu de mal à comprendre en quoi elle ne pouvait pas se lancer. Quoique, non. En fait, elle comprenait, en y réfléchissant cinq secondes.
D'abord, avant d'avoir une réponse concrète de la bouche de l'être aimé, on ne peut jamais être sûr à 100% de nos intuitions. Parce qu'en fait, ce qu'elle faisait ici, c'était faire confiance à des mots, à des façons d'agir, de parler, à des gestes qu'elle interprétait comme allant dans ce sens. Rien de plus. Comme toute personne normalement constituée le ferait. Mais combien de fois avait-on déjà eu trop confiance ? Avait-on abusé de ces intuitions ? Et alors ? On se retrouve dans une situation où l'on commence à croire que c'est le réalité, que ces intuitions sont vérifiées et que tout se passe comme dans le meilleur des mondes possibles. Faux. Ici, nous ne sommes pas dans le meilleur des mondes possibles. Elle ne savait plus qui avait un jour dit que " Dieu nous a crée pour que nous connaissions douleur et souffrance ". C'était peut-être un peu exagéré, mais nous étions là pour cela aussi. Nourrir des espoirs et voir qu'au fond, nous étions plongés dans une désillusion sans fin.

Sid' espérait de tout cœur que ce n'était pas le cas de son amie. En fait, pour elle, elle n'appliquait pas cette théorie. Hebi était le genre de fille impulsive, mais bien trop réfléchie pour tomber bêtement dans le piège que lui tendait un sentiment aussi humain que l'était l'amour. Elle était une démone. Elle avait côtoyé et brisé l'amour. Elle était une succube. Elle avait dû laisser nombre d'homme tomber amoureux de ses atouts, de ses charmes. Et après elle les avait trompé, parce que c'était dans sa nature et qu'elle avait bien survécu de la sorte pendant au moins un moment de sa vie.
Même si ce moment était maintenant révolu - ce genre de choses n'étaient pas autorisées au sein de l'établissement hein - elle savait ce qu'était le sentiment d'amour, et pour avoir souvent joué avec, elle ne pouvait pas se permettre de prétendre des choses qui ne seraient pas un minimum fondées.

Qu'y avait-il alors à perdre, bon sang ? L'amour n'était-il pas le sentiment le plus enivrant que l'on pouvait vivre, que l'on pouvait fréquenter ? Dieu, que valait tout le reste à côté de cela ?
Peut-être était-elle un peu fleur bleue et s'éloignait-elle de la réalité, mais Sidney voulait croire en cet amour, comme son amie le voulait.
Résignée quelque part, ses jambes se balançant dans l'eau de façon irrégulière, elle lui chuchota :

" Tu sais ce qu'on dit ? Peu importe comment et pourquoi, les âmes qui s'aiment sont forcément un jour réunies. C'est peut-être idiot, mais j'ai envie d'y croire. Et j'ai envie que ça t'arrive. "

C'était simple et en fait ça résumait bien la pensée de la blonde.

Et puis, il y avait l'entrainement. Le contrôle de soi-même. D'après ce qu'elle disait, elle avait déjà fait beaucoup de dégâts. De plus elle s'en était prise à des gens qu'elle aimait. Peut-être que Sidney en ferait aussi les frais un jour. Et puis ? Là aussi, en brutalisant les gens qu'elle aimait, contre son gré, elle progressait peut-être sans s'en rendre compte. Si elle voulait se contrôler, c'était bien pour arrêter le massacre hein ?
Sid' avait une confiance aveugle en la jeune fille. Elle ne doutait pas de ses capacités. C'était étrange comme la confiance s'était vite instaurées entre les deux jeunes filles. Sid' avait rarement connue ce genre de sentiment. Elle n'en était que plus heureuse d'avoir quelqu'un avec qui le partager.

Ses pieds continuait de battre dans l'eau.
Hebi avait mentionné le nom de William Walker. Le directeur de Fantastic High School. Qu'avait-il à faire dans ce qu'elle racontait ? Pourquoi était-il la cause de tout cela ? Comme pour répondre à sa question muette, Hebi lui donna une réponse plus complète que ce qu'elle n'aurait voulu entendre.

"Méfie toi du professeur de philosophie, Sid'. Lui et le directeur sont des démons. Ils sont dangereux !"

Le directeur était un démon. Mais alors, s'il était dangereux, pourquoi l'avait-on choisi comme directeur ? Et que venait faire le professeur de philosophie dans tout ça ? Mr. Todd n'était pas mêlé à toute cette histoire. De plus, bornée, Sidney avait du mal à croire son amie. S'il était un démon, de plus dangereux, pourquoi est-ce qu'elle ne l'avait pas constaté ? Elle n'était pas d'accord. Elle lui accordait le fait qu'il était un peu hors du commun, mais de là à dire qu'il était du côté obscure ..

Elle était retournée dans l'eau. Son corps était presque entièrement englouti dans l'eau claire et fraîche. Seul son buste ressortait. Elle leva les yeux vers son amie, les sourcils froncés.

" Attends, j'ai du mal à comprendre. Le directeur est un démon ? Mais pourquoi, s'il est dangereux, l'a-t-on nommé à ce poste ? Et que vient faire le professeur de philo' là dedans ? .. "

Bon d'accord. Elle était un peu vexée. Elle l'appréciait bien, elle, le prof de philo.

" .. Là, Hebi, il faut que tu m'explique .. "

Avait-on oublié de dire qu'elle était un peu naïve ? Parfois à trop vouloir croire que tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, on se brûle les ailes.
La blonde regardait son amie avec une certaine frustration, cette fois. Elle aurait préféré croire que c'était une blague.


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MessageSujet: Re: Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ]   Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ] EmptyVen 9 Avr 2010 - 18:13

Comment expliquer, comment avouer.
On se posait toujours des centaines de questions. Humains, vampires, loups, personne ne faisait l'exception. Tout le monde se posait un jour des questions, se demandait comment on allait vivre, mourir, finir. Même les Immortels se posaient cette question.
Et moi, je ne faisais pas exception à la règle.

Je m'étais longtemps demandée ce que représenterait pour moi l'amour d'un homme. Jamais je n'étais tombée amoureuse, de personne. De toute manière j'avais tellement changé de lieu pour vivre que je ne pouvais pas trouver un compagnon pour me suivre partout. Et il était hors de question que je sorte avec un démon. Je me le refusais. De toute façon la question ne se posait pas, un démon n'était pas fait pour une vie de famille. Ils s'accouplaient puis se séparaient, pour ne plus jamais se revoir. Puis la mère accouchait et abandonnait ses enfants en pleine forêt, où ils devaient apprendre à survivre par leurs propres moyens.

Ma mère ne fut pas comme cela. Elle n'eut pas le coeur à nous abandonner. Aeden et moi avons été élevés comme des enfants normaux, non sans difficultés mais elle avait réussi. Ma mère était une héroïne. Mais elle était aussi un démon, dans tous les sens du terme. Elle avait été fière d'Aeden, qui était devenu un vrai petit démon, félicitations à lui. A moi, elle n'avait offert que peu d'amour. Elle voyait très bien ce que j'étais devenue. Une véritable enfant au coeur un peu moins froid que le métal. Et cela n'avait plus ni à mon jumeau, ni à ma propre mère. Ils m'avaient rejetée comme une pestiférée. Cela faisait mal, mais bon. Quand on a pas le choix, on a pas le choix. Je serais morte de chagrin si j'étais restée auprès de ma petite famille. Partir était ce que j'avais fait de mieux.
En vérité, personne d'autre qu'Aeden et Mana m'avaient aimés avec sincérité. Quoi, cela est étonnant ? Il ne fallait pas se leurrer. Jamais ma mère ne m'a aimé. Elle n'aimait que ceux de son espèce. Et je n'était pas vraiment ainsi. J'étais trop différente, mais dans un sens elle l'était aussi non ? Elle avait adopté ses enfants, sans les abandonner. C'était surprenant de la part d'un démon...

Perdue dans mes pensées, je ne me rendis qu'à peine compte que Sidney tentait de me réconforter. Mais tout allait bien pour le moment, n'est-ce pas ? Mana semblait avoir pardonné mon imposture. J'avais près de moi deux personnes qui s'étaient attachées à moi, et à qui je m'accrochais sauvagement. J'aimais ces deux personnes, sincèrement. Sidney était devenue la lumière chassant l'ombre.
Une ombre que je vis d'ailleurs traverser le visage de mon amie.
Elle semblait être sceptique. Lorsque je lui avais avoué avoir attaqué Izumi et Mana, elle sembla être pensive. Craignait-elle que je l'attaque ? Peut-être, peut-être pas. Elle semblait sereine malgré la minuscule hésitation qui était apparue dans ses jolis yeux. Qu'elle se rassure toutefois. Il y avait des gens qui m'apaisaient naturellement. Dans ma vie j'en avais rencontré deux. Mon frère, et un jeune homme qui venait souvent me rendre visite lorsque je travaillais en France. Et maintenant il y avait Sidney. Dès que j'approchais d'elle je me sentais un peu plus douce, moins agressive. Oh bien sûr, je ne pouvais m'empêcher de grogner... mais mon Aura n'aparaissait pas. En philosophie j'avais été dans une rage intérieure monstrueuse, j'aurais été capable de sauter à la gorge de cet homme. Mais il y avait Sid', à côté de moi. Et pour une raison que j'ignore, l'Aura n'a pas gardé un contrôle total de moi. Ma colère avait été présente. Mais à échelle moindre.

Puis elle sembla se fâcher. Elle prit une mine boudeuse qui me fit sourire. Je savais bien qu'elle appréciait monsieur Todd. Et c'était pour cela que je la mettais en garde. Tout pouvait arriver avec les démons. Or celui-ci n'était qu'un flagorneur mielleux. C'était un des pires. Je savais qu'il se moquait ouvertement de moi. Il me prenait pour une victime, incapable de vivre comme j'étais née. Etais-ce un crime de refuser la tuerie ? Pour lui mais pas pour moi. Avant d'être une démone j'étais une femme. Et j'allais me battre pour cela. Peu importe ce que pensaient les autres. Mais le plus important pour moi était de mettre la personne qui m'était chère en garde. William Walker m'avait manipulée. Qui sait, peut-etre que le professeur de philosophie était capable de faire de même. Et cela je ne le désirais pas. Sidney m'était bien trop chère.

Comment avait-elle réussi à apprécier aussi vite une jeune femme qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam ? Sidney aurait pu être une ange. Un ange d'une douceur de lait. D'une beauté exceptionnelle. Elle représentait tout ce que je désirais être. Belle, gentille, douce. J'avais encore bien du chemin à faire. Mais je l'admirais, sans le lui dire bien entendu. Je n'oserais jamais et je savais qu'elle ne le prendrait pas forcément bien. Mieux valait la fermer et admirer le beau en silence. C'était le divertissement de ma démone condition, et mon objectif. Un jour, je finirais par devenir comme elle. Quelqu'un qu'on apprécie, qui aime la compagnie et les rires. Les gens comme cela m'étaient si chers...

D'ici là je devais lui parler des monstres hantant le château.


"Han Milovitch Todd est un démon. Tu peux me faire confiance, Sid'. Je les sens à des kilomètres. Et il est bizarre. C'est un homme qui dissimule ses travers par des sourires et des compliments. Tu te rappelles la remarque qu'il m'a adressée, lors du cours de philosophie ? "vous avez l'air de dire que la tentation est la malédiction de l'homme ? Mais il ne tient qu'à vous de vous en libérer..."
Je ne suis pas une idiote. Je sais ce qu'il voulait dire. Il me défie car je ne suis pas un monstre. Il désire me voir flancher.
Et il a la même odeur que William Walker..."




[Ginette, cette héroïne... <3]
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MessageSujet: Re: Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ]   Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ] EmptyVen 9 Avr 2010 - 21:56

Ses petits sourcils blonds restèrent froncés pendant plusieurs minutes. Frustration, peut-être. Vexée, peut-être aussi. Même elle, elle ne le savait pas vraiment. Parce qu'en fait, elle avait été prise au dépourvu, quelque part.
Elle avait écouté la jeune démone parler de son amour interdit et toutes les situations difficiles qu'elle avait vécues, les sentiments douloureux qu'elle avait pu ressentir. Elle avait cherché les mots. Ceux qui seraient simples, et ceux qui seraient beaux. Ceux qui lui feraient comprendre toute l'ampleur d'une loyauté que même la blonde ne soupçonnait encore que trop peu. Elle s'était attachée si rapidement à son amie. Dieu seul savait pourquoi. Ou peut-être Satan dans leur cas. Quoique leur amitié était bien plus un don du ciel qu'un cadeau empoisonné venu tout droit des Enfers.
Apparemment, il n'en était pas de même pour le directeur ainsi que pour un certain professeur .. Professeur apprécié, au grand malheur de la vampire.

Voilà. C'était ce changement soudain. Ce changement trop soudain, peut-être.
Passer du mal-être de la démone aux problèmes qui concernaient l'ensemble de l'établissement. La blonde compris. C'était peut-être ça le problème, oui.
Autant, Sid' pouvait être à l'aise quand il s'agissait d'apporter son soutien à quelqu'un qu'elle aimait, autant quand on parlait de quelque chose qui la touchait également, plus ou moins directement, c'était une toute autre affaire. Qu'importe. Derrière les sourcils qu'elle fronçait toujours, derrière une certaine incompréhension, se cachait finalement un certain malaise, aussi.

L'eau n'était pas froide, et pourtant son corps était parcouru de frissons. De gros frissons étranges et un peu malsains. L'eau n'était pas froide, mais c'était sans doute l'immobilité - elle n'avait pas remarqué qu'elle n'avait plus bougé depuis qu'elle avait commencé à fixer son amie - qui lui donnait un peu froid.

"Han Milovitch Todd est un démon. Tu peux me faire confiance, Sid'. Je les sens à des kilomètres. Et il est bizarre. C'est un homme qui dissimule ses travers par des sourires et des compliments. Tu te rappelles la remarque qu'il m'a adressée, lors du cours de philosophie ? "vous avez l'air de dire que la tentation est la malédiction de l'homme ? Mais il ne tient qu'à vous de vous en libérer..."
Je ne suis pas une idiote. Je sais ce qu'il voulait dire. Il me défie car je ne suis pas un monstre. Il désire me voir flancher.
Et il a la même odeur que William Walker..."


Une vérité pas toujours très appréciable quand justement, les gens qu'on accuse sont des gens que l'on se soupçonne d'apprécier un temps soit peu.

Pourtant, elle se résigna dans un petit soupir. Sourd. Étouffé. Comme si elle voulait qu'il reste camoufler, quelque part, tout en voulant s'en débarrasser. Se séparer d'un poids qu'on aurait eu sur la conscience ou sur le cœur. Allez savoir.
Comment douter de l'exactitude des propos d'une personne de confiance ? Il n'y avait pas possibilité de douter. Pas même réflexion sur le sujet. Le directeur et le professeur de philosophie étaient tous les deux des démons. L'un encore inconnu de la vampire - si ce n'était par courrier ( et encore elle n'était pas sûre qu'il soit le directeur à ce moment-là : William Walker ne lui disait rien, même de nom ) - l'autre se dissimulant sous un lot illimité de sourires, de tirades ironiques et de regards plus que troublants.

Et puis, à propos de la remarque, Hebi n'avait pas tort. Si Sid' n'y avait pas prêté attention lorsque cela s'était produit, lorsque la démone répéta mots pour mots les dires de ce cher professeur, il n'y avait aucun doute que sous ses mots se cachait une vérité qu'il ne voulait pas dévoiler à tout le monde. Voir ce qu'il se cachait derrière les mots. Cela avait toujours été plus ou moins une énigme pour la blonde qui préférait la franchise aux sous-entendus et qui aimait souvent s'exprimer comme elle l'entendait, peu importe ce qu'il pouvait advenir. C'était l'une de ses qualités les plus marquées. Avec la loyauté. Du moins, c'est ce qu'on lui avait toujours dit.

Mais l'interprétation des propos du professeur était-elle vraiment la bonne ? Y avait-il vraiment quelque chose de mauvais dans ce qu'il avait pu dire ? Avait-on pu mal comprendre ?
Après tout Hebi était la preuve même qu'en étant un être voué à être démoniaque, on pouvait avoir toutes les qualités du monde. Que l'on pouvait passer du " ce que je suis " à " ce que je voudrais être ". Renier notre nature et adopter une mentalité, une personnalité différente.
Tous les démons n'étaient pas mauvais. Tous ne voulaient pas faire le mal autour d'eux. Alors pourquoi n'y en avait-il pas plus qui étaient semblables à la brune ? Pourquoi les autres se plairaient-ils dans la quête du mal et du désespoir le plus total ? Pourquoi se plairaient-ils, nourris de chair et de sang ? ..

Mais la question pouvait alors également se poser pour elle. Pour les vampires. Pourquoi ressentaient-ils le besoin de s'abreuver du sang des êtres humains ? Pourquoi les vouaient-ils à passer une vie dans les souvenirs et les regrets ? Il y avait tellement de questions, mais finalement, il n'y avait qu'une seule réponse : l'ivresse. L'ivresse de sentir le pouvoir entre ses doigts. Le sang dans sa gorge. La vie de quelqu'un d'autre entre ses bras. Entendre des cris résonner comme une symphonie terriblement délicieuse dans vos oreilles. Se dire qu'il faut arrêter. Mais s'avouer qu'on en est incapables. Parce qu'on ne vit plus que pour ça. Plus que l'attente de ces moments. Même si on se refuse d'y croire. On attend simplement que l'ivresse revienne. Que la vie nous paraisse à nouveau comme la chose la plus belle, la plus éclatante et la plus fragile qu'il soit. C'était de la tentation, ça aussi. Ironie, pour le coup. La tentation de parvenir encore à l'ivresse était ce qui maintenait bon nombre de personne en vie. Ce qui raccrochait certains. Ce qui en tuait d'autres. Mélange de soif de pouvoir et de folie.

Comme n'avoir plus envie de penser à rien. Juste écouter ces cris, mais n'entendre que le silence. Le calme qui règne sous son crâne. Plus de pensées. Juste du plaisir.

Et ses cheveux blonds ondulaient, volaient dans l'eau. Autour de sa tête. Elle avait les yeux clos. La respiration en suspens.
Parce que tout ce qu'elle voulait, c'était l'écouter encore ce silence. Celui qui avait déjà plusieurs fois grouillé dans sa tête quand elle se laissait aller et se perdait dans les dédales d'une folie des plus violentes. Le silence. Le silence, oui.
La, dans l'eau. Dans la piscine.
Juste les battements des jambes de la démone. Dans l'eau. Des bruits étouffés. Apaisants.
Un mal de tête qui s'apaise, lui aussi. Les yeux qui s'ouvrent. Les yeux qui piquent. Le cœur, un peu aussi.

Plus de souffle. On remonte.
Grande respiration.

Et des pensées à nouveau claires dans la tête de la vampire. Certains la refoulaient, cette part d'eux. Hebi, elle-même. D'autre se laissaient aller. Milovitch, Walker. Mais qu'on le veuille ou non, on arrivait tous au même point. Au final. Peut-être que le meilleur moyen de résister à la tentation, c'était effectivement d'y céder. Peut-être que non.
Ensemble, la blonde et la brune défendaient cette seconde cause. Il était peut-être là leur plus grand point commun. Bien qu'elle n'en aient pas forcément conscience.

Elle avait les yeux rouges. Le chlore avait fait son boulot. Ses cheveux trempés et légèrement bouclés tombaient en cascade sur ses épaules. Sur son dos.
En rouvrant les yeux, elle s'était à nouveau rapproché de la démone. La frustration ne servait à rien. Tout ce que voulait Hebi, au final, c'était la mettre en garde. Parce qu'elle avait bien compris, que Sid' l'avait tout de suite bien aimé, le professeur de philo'.

Elle s'était saisie de sa main, et elle l'avait regardé dans les yeux. Un joli sourire peint sur son visage. Plus de trace de sentiments négatifs.
Quelques gouttes perlaient sur la main de la brune. La vampire s'exprima alors tout bas. Son attention se reporta sur la main de son amie. Son index y traçait machinalement quelques cercles.

" Je te remercie de me mettre en garde. Je dois être un peu naïve .. Et peut-être bien facile à cerner. J'aime me fier aux sentiments que j'ai sur quelqu'un. Du moins j'aime en prendre compte. Mais je vois que c'est parfois trompeur .. "

Pas besoin d'aller plus loin. De toute façon, elles savaient bien de quoi elles parlaient.

" Je ferais plus attention, à l'occasion .. Promis ! "


Et en relevant les yeux pour les plonger dans ceux d'Hebi, elle lui lança, toujours aussi doucement :

" Tu sais, je crois que quelque part, toi et moi, on se complète bien .. ! "

La boule de poil regardait la scène, plutôt satisfaite, se frottant au bras disponible de sa maîtresse.
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MessageSujet: Re: Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ]   Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ] EmptyLun 12 Avr 2010 - 8:37

Je savais bien que je générais en Sidney des sentiments paradoxaux. Elle ne demandait qu'à me croire mais je sentais qu'elle avait noué un lien avec Todd. A mon grand désespoir d'ailleurs. Il avait tout manigancé pour approcher d'une élève, j'en étais sûre. A moins que je ne sois encore que plongée dans un délire paranoïaque ? C'était possible aussi. Mais lorsqu'on était quelqu'un comme moi, il fallait apprendre à se méfier de quiconque s'approchait de nous.
Dès l'instant où le professeur avait pénétré dans la pièce j'avais su que j'entrais en conflit. Avec moi-même aussi. Aura devenait puissante, j'avais décidé de baptiser l'autre partie de moi-même ainsi car c'était ce qu'elle était. L'essence du mal, la malédiction de Satan. Le sang des tueurs. Et il l'avait senti, cela aussi. Lorsque mon grondement guttural était parvenu à ses oreilles. Que croyait-il ? Que lui et le directeur étaient les seuls démons, ici ?

Sidney était perturbée. Et cela me fit du mal de la voir ainsi, dans l'eau, en proie à sa réflexion. Qui fallait-il croire ? Mais mon amie avait-elle suffisamment confiance en moi pour écouter mes mises en garde ? Ou bien préférait-elle tomber sous le charme d'un professeur aux abois ?
Cendrillon, la Belle au Bois Dormant, Raiponce, Blanche Neige... toutes avaient été embobinées par un Prince charmant. Et j'osais espérer que Sid' avait fait abstraction de ces histoire absurdes et ridicules. Car elle ne méritait pas de souffrir. Elle méritait d'être heureuse. Elle avait été maudite, c'était déjà un cadeau empoisonné, tuer pour se nourrir, c'était trop terrible. Mais elle vivrait éternellement, comme moi. C'était ici qu'on ne pouvait pas vraiment parler d"amitié pour la vie" mais dans mon coeur j'aspirais à une "Amitié eternelle." En plus, ça sonnait carrément mieux.

Elle poussa un soupir. Ce qui me fit gentiment sourire, elle ne vit pas que son soupir fit de petites bulles dans l'eau. Je riais de choses tellement simples. Et ne pleurais que lorsque c'était nécessaire.
Je me souvint avec nostalgie de mon départ. Je n'avais pas versé une larme, en quittant Moscou. Pourtant j'aimais cette ville. Elle était hétérogène et possédait plusieurs facettes, comme moi. On pouvait passer, en un, deux, trois pas, d'une magnifique église à un horrible bâtiment d'administration marron et souillé par la crasse.
Avant de partir j'avais fait une dernière promenade sur la place rouge. J'avais écouté les rumeurs des passants, les pas des gens qui entamaient une promenade avant le travail ou avant de partir à la recherche d'un job mal payé d'où ils seraient virés un mois plus tard. Moi je n'avais pas ce genre de problèmes, Dieu me bénisse, douce ironie. Je ne travaillais pas. Je n'avais pas besoin d'acheter de la nourriture. Les clochards constituaient la plupart de mes repas.

Avant de quitter la ville, donc, j'étais retournée voir le tombeau de Lénine. J'avais passé une heure à détailler son visage, son expression morte, la dernière version figée de tout ce qu'li avait accompli durant sa courte vie. Et je m'étais longuement demandée ce qu'il aurait accompli, s'il avait vécu un peu plus. Aurait-il été aussi cruel que Staline ? L'histoire aurait sans doute dit que non. Il ne voulait pas du Petit père des peuples au pouvoir. Mais la mort l'avait fait flancher. Le Destin est cruel. Et je me devais de garder cette pensée au chaud avant d'avoir des problèmes. Mon départ ne me fit pas pleurer. Le seul être qui me manquait avait décidé de me détester. Aeden restait mon jumeau. Et quoi qu'il puisse ressentir pour moi, moi je l'aimais, et c'était tout ce qui comptait.

Reportant ma conscience sur mon amie, je constatai qu'elle avait plongé la tête sous l'eau. Il était parfaitement normal qu'elle ait besoin de réfléchir. A sa place moi aussi j'aurais réfléchi longuement. Si les rôles avaient été inversé ? Et si Sidney m'avait dit d'éviter Fushi et de me méfier de lui ? Comment aurais-je réagi ? Peut-être plus mal qu'elle, c'était certain. J'étais tellement changeante et féroce que je ne pouvais jamais prévoir mes réactions à l'avance. Elles étaient comme elles arrivaient. Et j'en assumais les conséquences ensuite. Le meilleur exemple était la calotte qu'Auro Drake m'avait balancé à la figure. Lors de ma première rencontre avec Sidney, tiens, justement.

D'ailleurs, je me demandais souvent quelle impression mon amie avait eu de moi lorsque nous avions eu notre premier échange. J'avais été odieuse, infecte. Mais je ne faisais même plus attention à ce que je disais. Il y avait des gens que je détestais ici. Mais ils étaient bien mieux lottis que ceux que je haïssais. Et ceux que j'aimais n'étaient pas les plus chanceux. La preuve j'étais encore capable de leur faire du mal... Mana était blessée, j'avais envoyé deux baffes à Izumi en pleine forêt, parce que j'étais hantée par cette douleur qui ne me quittait pas matin et soir. Je me rappelais d'une série télé que j'avais regardé en France, du coin de l'oeil. Un type, qui souffrait en permanence et qui se gavait de cachets pour ne plus avoir mal. Mais étais-ce vraiment la solution, lorsque rien ne pouvait véritablement dissiper la douleur ? Rien ne faisait effet sur moi. Il fallait attendre que mes blessures soient entièrements refermées. Et il y avait eu une amélioration par rapport à avant, une nette amélioration. ça ne pissait plus le sang.

Lorsque Sidney sortit la tête de l'eau, elle sembla calmée et moins soucieuse. J'attendis sa réponse avec la plus grande prudence. Si elle se mettait en colère contre moi je ne savais ce que j'étais capable de faire pour me défendre. Aura était sans cesse après moi. Elle parlait, sans cesse, sussurait des mots cruels, des tentations incessantes. Elle avait faim. J'avais faim.
Elle saisit ma main calmement, d'un geste qui lui était si doux et si particulier. Ce geste qui apaisait mon âme et faisait taire Aura à chaque fois qu'elle ouvrait sa conscience pour m'assaillir de décharges de méchanceté.
J'avais tapé juste en tout cas. J'avais vu dès le premier cours de philo que Sidney appréciait Todd. Et elle venait de me l'avouer, à présent, du bout des lèvres. Mais il ne fallait pas que cela aille plus loin. C'était trop malsain. Un démon de nature ne sait pas aimer. Il ne connait même pas la signification de ce mot, il est étranger pour lui. Alors que ferait mon adorable blonde avec quelqu'un de ma race ?
Et un démon de sang, qui plus est ? Elle finirait par mourir de souffrance. Et c'était bien la dernière chose que je lui souhaitais.


" Je ferais plus attention, à l'occasion .. Promis ! "

Je lui faisais totalement confiance, savais qu'elle tiendrait parole. Sidney était une jeune fille que je me plaisais à considérer comme insouciante et inconsciante du monde noir qui l'entourait. Mais elle était plus que cela. Oh, il y avait de cela, bien sûr, mais elle réfléchissait avant d'agir, se fiait à ses instincts mais gardait toujours une partie raisonnable pour elle, au cas où des complications l'aurait rendue aveugle de tout ce qui aurait pu nuire à sa personnalité charmante et douce. C'était une suceuse de sang intelligente et belle. Et je pensais qu'à présent elle serait capable de voir les différentes facette de Todd, et j'osais espérer ne pas me tromper sur le compte de mon amie. Je savais que ce serait une épreuve compliquée mais je lui faisait aveuglément confiance. Elle pouvait contrôler ses sentiments comme je me devais de contrôler mes pulsions et de tuer Aura dans son maudit cocon de chair qui était le mien.

Je me levais rapidement.

" Tu sais, je crois que quelque part, toi et moi, on se complète bien .. ! "

Elle ne pouvait pas si bien dire. Elle était blanche, j'étais noire. Elle était calme et douce, j'étais lunatique et dangereuse. Elle parlait sagement, je ne contrôlait pas mes émotions. Elle semblait un ange, j'étais un démon.
Malgré cela, nos différences ne faisaient qu'accentuer nos points communs. Le plus frappant était notre dégoût pour la mort. Nous ne désirons pas tuer des gens. Nous aimons trop être heureux d'être comme les autres. Peut-être que si nous avions été toutes deux humaines nous n'aurions pu nous accorder avec autant de profondeur et d'attachement. Mais jamais au grand jamais je ne souhaiterais être séparée d'une personne comme elle. Et j'ésperait ardemment la réciprocité de mon jugement envers elle, Sidney Hughes.

J'avançai sur le rebord de la piscine. Ce que j'allais faire n'était pas bien. Mais la douleur commençait à être insupportable. Peut-être que l'eau la calmerait.
Je pris mon élan et plongeai, à quelques mètres de Sidney qui fut légèrement éclaboussée. J'étais une quiche en natation, et là je venais de faire un gros plat en voulant faire la maline.
Curieusement le chlore n'attaqua pas ma douleur. La fraîcheur de l'eau l'apaisa au contraire. J'en frissonnai de plaisir en essorant mes cheveux trempés d'eau à l'odeur de javel. Enfin, je venais de trouver un truc qui m'apaisait.
Malheureusement l'eau pénétra dans mes croûtes et les détacha. Du sang s'écoula dans la piscine, trainée rouge sur fond bleu. Mais je m'en fichais pas mal. Je ne souffrais pas. Le sang s'arrêterait bien de couler, cela n'avais pas d'importance. Pour mon corps brûlant, l'eau de la piscine était une véritable bénédiction.


Merci, Seigneur de mes fesses.

"Je trouve aussi qu'on se complète, répondis-je à Sidney en m'approchant d'elle. Je crois que je n'arriverais plus à me passer de toi. Je me suis attachée à toi autant que Mana m'est précieuse, tu sais."

Puis l'intéressée se leva d'un bond et se pencha vers l'eau. Elle observait le sang d'un oeil inquiet. J'eus un sourire malicieux, adressai un clin d'oeil significatif à Sidney et plongeai sous l'eau. Je pris appui sur le fond avec mon pied, balançai un grand coup de talon pour me donner de l'élan et je sautais en l'air, déchirant l'eau de mon corps de démon. J'attrapais alors Mana par les pattes de devant et l'envoyais valser dans la piscine. Elle poussa un rugissement de surprise avant de tomber dans l'eau.
Lorsque sa tête toute trempée sortit, elle battit des pattes avec force pour rejoindre le bord de la piscine. Elle me regarda tout en s'ébrouant. Je savais qu'elle n'aimait pas l'eau, même si elle était une excellente nageuse. Elle m'adressa un sourire plein de reproche.

"Je me vengerai !"

J'éclatais de rire et revint vers Sidney. Malgré le sang qui continuait à s'écouler par petits filets, je me sentais incroyablement bien.
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MessageSujet: Re: Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ]   Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ] EmptyLun 12 Avr 2010 - 12:04

Hebi avait eu l'air un peu rassurée quand la blonde était remontée à la surface. En tout cas, elle avait lâché cette expression légèrement soucieuse au profit d'un bien plus joli sourire. Doux et gentil. Peut-être soucieux, lui aussi, mais cela se ressentait bien moins, déjà.
Pas pour autant que la vampire était vraiment plus tranquille. Elle abordait elle aussi un petit sourire, consciente que cette petite apnée lui avait fait du bien. Même pendant quelques secondes. Elle n'avait plus rien entendu. Plus rien qui puisse la " perturber ". Ces quelques secondes avaient été consacrées entièrement à la réflexion peut-être la plus intense. Mais il en ressortait bien peu. Le contenu de cette réflexion était réellement et malheureusement très pauvre. Quelques germes d'idées, quelques pensées qui ne partait pas très loin.

Tout ce qu'elle avait réussi à faire, c'était de se convaincre intimement que peu importe comment elle et son amie pouvait agir, dans le fond elles étaient malheureusement condamnées à être pareilles que les monstres de cruauté que pouvait bien renfermé l'établissement. Et même ceux qui se trouvaient à l'extérieur. Ceux qui tuaient pour le plaisir. Au final, ils en avaient besoin, même s'ils ne l'avoueraient sans doute jamais. C'était une nécessité dont ils ne pouvaient se passer. Comme la démone et la vampire ne pouvaient se passer de la chair ou du sang d'innocentes victimes. En faisant cela, elles avaient pourtant pleinement conscience de détruire la vie de leurs victimes potentielles : soit elles les tuaient, et c'était encore ce qui était le plus supportable - la mort pouvait être rapide, et bien que la douleur était fulgurante, on en finissait tout de même plus rapidement - soit elles étaient cruelles - et cela était déjà arrivé à Sid' - et elles laissaient la vie sauve à ces gens, mais leur laissait sur le dos un fardeau tellement terrible qu'on en vient à se demander si mourir n'aurait pas été plus tentant.
Cette question, Sid' se l'était posé nombre de fois dans les premières semaines, les premiers mois de sa " nouvelle existence ". Mais elle n'en avait jamais trouvé la réponse. Car malgré le monstre qu'elle était devenue, elle avait toujours été amoureuse de la vie, de ses beautés, et pour l'apprécier pleinement, on lui avait toujours dit qu'il fallait en connaître les horreurs, aussi. Les côtés négatifs. Elle ne pouvait qu'apprécier pleinement alors : puisqu'elle vivait continuellement dans l'horreur d'être ce qu'elle était devenue. Triste constat. Véridique, cependant.
Si les premières semaines avaient été une véritable torture pour la jeune fille souriante et pleine de vie qu'elle avait toujours été, maintenant qu'elle s'était endurcie, qu'elle avait décidé qu'elle ne se laisserait pas abattre, elle se faisait à l'idée d'être un vampire. Un monstre attiré par le sang. Obligé de condamner pour survivre.
Que pouvait-on y faire, maintenant ?

Elle avait, semblait-il, rassuré son amie avec une promesse qu'elle comptait bien tenir. Mais y arriverait-elle vraiment ? Elle se savait, à son grand regret, terriblement naïve. Elle avait toujours voulu croire en la bonté, la gentillesse de l'espèce humaine. Enfin, ironiquement, il ne s'agissait pas de la race humaine ici. On parlait de vampires, de démons. Pas d'humains.
Mais était-ce fondamentalement différent ? Là aussi, comme partout, il y avait des méchants et des gentils. Mais pas d'innocents .. Chacun était assassin. Pouvait-on alors encore parler vraiment de " gentils " ? C'était une notion certes un peu dépasser. Mais dans ce monde là, tuer n'était apparemment pas le plus grand des crimes. Ce devenait même une terrible habitude que les gens prenaient au bout de quelques semaines. Quelques mois. Peut-être quelques années pour les plus réticents. Après tout, chacun avait sa vie devant soi. Encore une forme d'ironie, n'est-ce pas ? Condamné à la quasi-immortalité. Un délice quand on ne peut approuver ce que l'on est vraiment. Au fond.

Était-elle vraiment responsable comme les gens voulaient le croire ? Comme elle-même voulait s'en persuader ? Il était temps de montrer qu'elle pouvait avoir confiance .. en elle-même. Difficile. Chemin sinueux. Pieds-nus, marchant sur des silex. La route ne serait pas facile. Mais une fois lancée, pourquoi faire demi-tour ? Les pierres sont de tous les côtés. Elles écorchent ses pieds. Alors, à choisir entre avoir mal et le regretter après, ou avoir mal et se sentir mieux après, le choix était vite fait. Une fois lancée, l'objectif était de continuer dans cette direction. Mais elle doutait évidemment que la chose soit tellement aisée. Et puis ? Elle verrait bien quand elle serait pleinement immiscée dans la situation.
Pour l'instant, autant effacer tout cela de sa tête. Ne pas s'encombrer de pensées qui ne font pas du bien. Elle était venue dans l'optique de se détendre. Et même si cette conversation lui faisait - à coup sûr - du bien, elle allait y mettre fin aussi vite que possible. Histoire de passer à autre chose et de profiter pleinement de ce moment avec son amie.
Bien sûr elle aurait voulu lui parler de tout : ses certitudes comme ses doutes. Mais il fallait avouer qu'elle n'y avait vraiment pas le cœur. Elle était perdue dans les méandres de ces histoires qui la dépassaient complètement. Elle ne voulait pas que son visage laisse apparaître ce genre d'émotions, cependant. Ce n'était pas elle. Elle ne voulait pas être comme ça.

Heureusement, quelque part, Hebi coupa court à la discussion. Elle s'était redressée, et sous les yeux intrigués de la blonde, elle prit de l'élan et voulu réaliser un splendide plongeon qui se transforma en magnifique et sans doute douloureux plat.
La vampire se précipita vers son amie, qui n'était pas très loin, mais quand elle voulu lui demander si elle n'avait pas mal, la brune se contenta d'un grand sourire. Un beau et grand sourire. Comme elle aimait en voir. Et sa crainte s'apaisa immédiatement. Elle souriait à son tour.
Tout était passé en un regard. Hebi n'avait rien. Pourquoi avait-il fallu qu'elle s'inquiète d'ailleurs ? Sid' savait bien combien la jeune fille était résistante. Ce n'était pas un petit saut raté dans une piscine qui allait l'achever. Oui mais voilà, c'était son amie. Et en tant qu'amie, elle s'était inquiétée. Juste une seconde. Mais c'était suffisant.

"Je trouve aussi qu'on se complète. Je crois que je n'arriverais plus à me passer de toi. Je me suis attachée à toi autant que Mana m'est précieuse, tu sais."


Le sang s'écoulait de ses plaies et cette odeur nauséabonde lui fit fermer les yeux, une seconde. Histoire de se concentrer un peu. Son sang, pourtant lui paraissait peu appétissant. Peut-être parce que le plus délicieux était celui de l'humain. Celui du démon avait une odeur qui laissait supposer qu'il fut particulièrement amer. Trop peu alléchant. Et ce fut là une source de réconfort supplémentaire pour la vampire. Elle savait faire abstraction de l'odeur du sang, dans certains cas. Entre autre, elle savait ne pas sauter sur n'importe qui qui aurait une plaie sanglante. C'était une bonne chose. Même s'il lui fallait rester concentrée. Ne savait-on jamais. La pire des choses serait bien qu'elle saute à la gorge de la démone - qui par ailleurs n'aurait sans doute aucun mal à sacrément l'amocher.

Puis, ce qu'elle venait de lui dire .. La blonde souriait, tout au fond d'elle. Elle sentait une étrange chaleur, près de son cœur. Une sorte de bien-être indescriptible. Quelques mots qui font du bien. Tellement de bien.
Elle était devenue quelqu'un de précieux pour Hebi. Et c'était sans doute la plus belle chose qu'elle aurait pu lui dire. Être chère au yeux de quelqu'un, c'était le plus beau des cadeaux. A ne pas en douter.

Elle aurait voulu lui répondre qu'il en était de même pour elle. Que depuis bien longtemps, elle n'avait plus connu le bonheur de partager tant de choses avec quelqu'un. La liberté de pouvoir s'exprimer sans être juger. La tranquillité d'être auprès de quelqu'un qu'on apprécie. Le calme que pouvait apporter quelques mots. Le bruit d'un silence qui ne met pas mal à l'aise.

Silence qu'elle allait d'ailleurs préserver. Parce qu'au fond, elle ne trouvait pas bien les mots. Si elle pensait être incollable quand il s'agissait des beaux mots, là elle venait de se prendre une sacrée colle. Non, il n'y avait pas de mots pour qualifier cette amitié. Pourtant, des amis, elle en avait eu autrefois. Dans son ancienne vie. Mais c'était une bande de " potes ". On se raconte les potins. On rigole. Mais au moment d'être malheureux, on se retrouve toujours un peu seul, parce que personne ne sait ce qu'il faut faire.
Dans la relation que la blonde entretenait avec la démone, ses malheurs, elle était convaincue de pouvoir les partager, comme elle l'était qu'Hebi n'hésiterait pas à lui en parler si quelque chose n'allait pas. C'était rare. C'était beau. C'était .. Précieux. Oui.

Mana ne tarda pas à faire les frais de la maligne Hebi. Cette dernière l'avait mis dans la combine à l'aide d'un clin d'œil qui veut tout dire. Halala. Elle ne voulait être responsable de rien en cas de boule de poil trempée, elle.
Pourtant, pendant que la démone plongeait sous l'eau et rejoignait sa boule de poil favorite, Sid' essuya quelques brasses pour s'approcher, elle aussi, du bord de la piscine. Le gros chaton ne tarda pas à se retrouver complètement mouillé. Pourtant, il semblait que Mana était une habile nageuse, vu comme elle regagna rapidement le bord de la piscine. En à peine une minute, elle était à nouveau posée sur le sol, et elle envoyait quelques centaines de gouttes d'eau dans les airs, un peu à la façon d'un chien qui viendrait de prendre un bain. Sidney fut un peu éclaboussée, mais elle ne put qu'en rire. La boule de poil était tellement mignonne. Cette fois, elle ressemblait vraiment à une petite boule, et elle regarda sa maîtresse avec un regard malicieux, lui aussi plein de sous-entendus. La dite maîtresse riait aux éclats, contente que son tour ai tellement bien fonctionné.

Un peu de bonne humeur ne pouvait pas faire de mal.
La vampire fut parcourue d'un frisson. L'eau semblait se faire plus fraîche. Des frissons commençaient à courir sur sa peau. Elle colla ses bras en croix tout contre elle, et frotta un peu ses bras dénudés.
Seulement devant une tel moment d'insouciance comme elle aimait en voir, elle ne pouvait se résoudre à quitter la scène. Tant pis si elle avait froid, elle aussi riait encore aux éclats. La boule de poil était vraiment trop adorable. Et puis, vraiment, cela faisait longtemps qu'elle n'avait plus eu l'occasion de rire comme ça. Elle se sentait bien. Ici.


[ Allusion à Dr. House ♥, dans ton RP Smile ? ]
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MessageSujet: Re: Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ]   Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ] EmptyMar 13 Avr 2010 - 10:24

C'est quoi le bonheur ?
Tout le monde se pose la question un jour. Même ceux, non, devrais-je dire surtout ceux qui ne l'ont jamais vécu. En cet instant, moi je le vivais. Et je pouvais affirmer sans avoir peur de me tromper que sans le bonheur, ma vie n'avait pas valu la peine d'être vécue. Bien entendu, j'avais déjà ressenti du plaisir. Du plaisir moral. Mes jeux avec Mana, mon amitié avec Izumi, mon attachement pour son père. Je me sentais d'ailleurs comme en prise d'un lien avec les Metsugo. Je ne savais pas vraiment pourquoi, cela constituait en moi une curieuse impression. Je me sentais bien avec Izumi, nous discutions longtemps le soir, avant de dormir. J'aimais à lui parler de mes histoires de coeur, et elle m'écoutait avec une attention toute entière. Puis nous allions dormir, jeunes filles solitaires, et moi, je regardais une dernière fois le rayon de lune.
Avec Fushi, je marchais sur des oeufs. Je sentais que je ne devais pas faire le moindre faux pas. Si je le faisais, je m'éloignais de lui, et si je ne tentais rien, je n'obtiendrai rien. J'étais bloquée dans une impasse sans issue, condamnée à errer dans l'incertitude jusqu'à ce que je sois capable de faire un véritable pas.


Le temps est assassin et emporte avec lui les rires des enfants...


Aura.
Elle était devenue une partie complète de moi à présent. Elle me parlait sans cesse. Et dans mes instants heureux, nous nous sentiions curieusement au diapason, elle et moi. Je ne savais pas pourquoi elle avait décidé de sortir la prison dans laquelle je l'y avais enfermée, mais avec elle j'apprenais à découvrir un démon, cette partie de moi même que j'avais giflé intérieurement tellement d'années de suite. Je la méprisais moins, cherchais un peu plus à la comprendre. Etais-ce une tentative vaine ? Elle cherchait à communiquer elle aussi. Elle voulait me parler, même si je connaissais son ressenti vis à vis de moi. Elle me méprisait. Mais après tout nous ne faisons qu'un. Nous cherchions toutes deux à tout savoir de l'autre. En moi nous étions deux entités, deux essences qui ne nous comprenions pas. Je pouvais passer de l'une à l'autre sans même m'en rendre compte. Et tout changeait, mon ton, ma posture, mon apparence, mes paroles, mon sens de la cruauté, ma faim aussi. Je nourrissais si peu Aura que j'en venais à désirer qu'elle crève dans son cocon, aveuglée par la faim et la souffrance due au fait que je refuse qu'elle sorte, qu'elle pointe sa voix à la place de la mienne, qu'elle tue les gens que j'aime.
Mais en présence de Sidney elle se faisait plus docile. Elle se contentait de murmurer des mots dont je ne comprenais pas le sens caché, du moins pas encore. J'avais besoin de réfléchir à elle, à ce que nous pouvions accomplir toutes les deux.


Je ne suis pas ton objet.


Moi non plus. Mais qui sait ? En combinant nos forces, que pouvions nous faire ? Que pouvions nous accomplir, une fois véritablement transformée en moi, Hebi ? Autrefois j'ignorais même qu'Aura était une partie pensante de moi même. Je pensais qu'elle n'était qu'un mélange de pulsions et d'émotions que tout démon possède. Mais j'étais une mutante. Un démon naît comme Aura. Mais moi, j'avais infiltré le corps du démon, j'étais une partie pleine de bonnes intentions qui n'aurait jamais dû exister dans un être démoniaque.


Squatteuse.


J'avais le sentiment d'être quelqu'un de bien, tout de même. A moi seule j'étais une splendide exception des gens de mon espèce. Je condamnais la méchanceté au profit de la gentillesse, de l'amitié, de l'amour.
Mais cela n'avait pas toujours été comme cela. Autrefois je haïssais les hommes, je n'aimais pas la compagnie. J'étais serviable et gentille, mais seulement en apparence. Pour moi les hommes n'aimaient pas. Ils ne le savaient pas. Pour eux, tout était un jeu de conquète, de guerre, de vainqueur qui empoche sa part du trésor. Mais qu'en savais-je ? Moi, la démone qui n'avait jamais connu l'amour, qui ignorait jusqu'au sens de ce mot ?
Je regardais avec une légère pointe d'amertume Sidney rire de ma farce. J'étais heureuse, ici, avec elles. Mais j'avais été heureuse à un autre moment. Ce baiser que Fushi avait pieusement déposé sur mon dos entre mes épaules. Il m'avait sauvé deux fois la vie et je lui en étais redevable, mais comment arriver à prouver ma bonne foi et mon amour ? J'avais souffert le martyr, mon dos n'avait été qu'un geyser de sang et de douleur incandescente, mais j'avais été heureuse d'enlacer Fushi ensuite. Il avait versé des larmes pour moi. Il ne voulait pas que je meure. Il voulait que je vive, pourquoi je n'en savais rien.


Il paraît que dans un idéal, je t'emmène en cavale...


Prisonnière du temps qui passe. Pourquoi tout était aussi compliqué ? J'aurais préféré, à la limite, naître Aura et ne pas me poser de questions. Tuer sauvagement, lentement, cruellement, ne pas chercher à dissiper ma nature par la ruse ou par la force, ne pas lutter contre un moi qui était sans cesse en train de parler, de m'oppresser. Je me comparais souvent à un personnage de dessins animé qui avait un ange sur l'épaule droite, un démon sur l'épaule gauche. Le symbole de la dualité intérieure. La tentation du Mal, comme l'aurait dit mon nouvel ami, Han Milovitch Todd. Je sentais qu'Aura était grisée par le premier contact avec cet homme, et c'était d'autant plus inquiétant. Il était trop spécial, trop inquiétant, pas assez mauvais, trop calculateur. Et Aura aimait cela, profondément. Mais ce qui parut le plus curieux à mes yeux, c'était qu'Aura aimait également Fushi Metsugo, un vampire focalisé sur la voie du bien. Aura était influencée par moi de la même manière qu'elle m'influençait. Nous nous complétions, deux aimants qui sont opposés, mais si on les retourne ils s'attirent...


"T'as froid ? Attends."

Les mots s'étaient échappés de ma bouche, sans que je le désire. Aura parlait à Sidney. Mais ce que je ne compris pas c'était qu'elle lui parlait sans aucune animosité.
Encore le piège de l'influence, en somme. Aura aimait beaucoup Sidney, je le ressentais dans ses émotions. Elle ne craignait pas la vampire alors qu'elle était tout ce qu'elle détestait, la gentillesse, le calme, l'amour à l'état pur, curiosité et naïveté dans son essence même. Moi je n'étais que calcul et subtilité, le feu des Enfers coulait dans mes veines, accompagné d'un gène mutant qui cherchait à calmer ce feu. Deux éléments de Gaïa qui s'opposaient sans vergogne. Mais qui me constituaient, moi, Hebi Mokona, douce démone, quel joli oxymore.
Je vis l'étonnement de mon amie lorsqu'elle entendit le ton de ma voix. Elle ne l'avais sans doute jamais entendu aussi rauque. Mais bizarrement ma voix était un mélange de celle d'Aura et de la mienne. C'était celle d'Hebi en somme. Moi. Les deux moitiés réunies pour faire plaisir à un interlocuteur commun. J'avais vu Sid' frissonner, j'allais remédier à cela.

"Regarde. Je vais transformer cette trempette en piscine chauffée, tu vas voir !"
Je levais la main en l'air avec un sourire très différent de tous ceux que j'avais adressé à mon amie. Pour la première fois de ma vie j'avais établi un pacte avec mon ennemie et nous nous étions liées. Pour Sidney. Je savais que c'était sa présence qui nous avait réconciliées, Aura et moi. Je supposais qu'elle avait un pouvoir caché, un pouvoir sain, qu'elle utilisait pour apaiser les âmes et les esprits. Je me demandais si ça marchait pour tout le monde ou juste pour moi. En tout cas cela fit de l'effet sur Mana. Elle sursauta puis m'adressa un regarde de bienveillance.
C'est bien, petit bout de Démon.

Je me concentrai et projettais une vague de chaleur dans l'eau de la piscine. On aurait pu se croire dans un bain bien chaud. Je jetais un regard à Sid' et lui lançai :

"Si tu as encore froid, c'est que tu es malade ma grande. ça va mieux ?"

Je n'attendis pas sa réponse, mais je crus voir un hochement de tête, derrière ses yeux pleins de surprise. Elle sentait qu'il s'était passé quelque chose d'anormal en moi. Mais savait-elle que c'était la fusion de mon être avec la partie de mon âme condamnée à être cachée par la mutante ? Hum, c'était peut-être trop complexe à première vue. Peut-être pensait-elle simplement que j'avais pété une durite.


Je ne lui ferais jamais aucun mal.

Un soleil doré, des boucles blondes. Un sourire de craie, un visage de star. Une mentalité encore enfantine mais qui restait affectueuse et sage. Quelqu'un qui ne se posait pas de questions. Quelqu'un fait pour moi. En même temps de découvrir l'amour, je découvrais la véritable amitié, celle qui ne s'efface pas avec le temps, celle dont on ne se lasse pas, celle qui nous aide, nous conforte et nous réconcilie. Celle qui est capable de sécher les larmes les plus tenaces, de consoler le chagrin le plus puissant. Celle qu'on écoute, qu'on aide, qu'on aime et qu'on chéris jusqu'à la mort, or, nous, nous n'avions que peu de chances de mourir, l'une comme l'autres. Nous allions pouvoir nous attacher éternellement à ce lien d'affection. Nous allions savoir ce qu'était apprécier quelqu'un, et rester auprès de lui pour l'éternité, pour le bien commun des deux protagonistes.

Je serais prête à mourir pour elle.

Je nageais vers Sidney en répendant un trait de sang derrière moi, mais peu importait. Je savais à présent ce qu'était le bonheur. Je n'avais plus à me poser la question. C'était la plus belle chose au monde, la réconciliation commune, un sentiment de bien être et de décontraction totale. On ne pensait plus à rien qu'au bonheur qu'on éprouvait de se retrouver, là, dans l'eau à présent chaude, proche l'une de l'autre, sans peur de faire un faux pas car on a le sentiment de connaître l'autre par coeur. Pour moi c'était comme de l'amour, sans aucun désir physique. Juste parler, parler. L'amitié c'était la parole. L'amour, c'était un sentiment puissant d'attachement mêlé à un désir physique extrêmement fort. Et moi, j'éprouvais ces deux sentiments pour deux personnes différentes.

Sans ne rien dire, je serrai Sidney dans mes bras avec une douceur dont je n'avais encore jamais fait preuve. Elle sentait le chlore, mon amie. J'étais heureuse, incroyablement heureuse. Et tout cela c'était grâce à elle. Je ne ressentais plus la dualité. Aura et moi ne faisions qu'un pour elle. Et juste à cet instant. Puis tout redeviendrait à la normale. Nous serions de nouveau séparées, à nouveau en conflit d'intérêt.


Carpe Diem, Soleil...


"Merci, Sid', murmurons-nous à l'oreille de cette amie. Merci pour tout..."
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Sidney Hughes
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MessageSujet: Re: Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ]   Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ] EmptyMer 14 Avr 2010 - 19:28

Il se passait quelque chose dans la tête d'Hebi. Sid' n'aurait pas pu le jurer, mais c'est un peu comme si elle le sentait dans son expression.
Mais elle n'y avait porté une grande attention. Elle s'était dit encore une fois que si la jeune fille voulait lui en parler, elle le ferait. Comme elle l'avait fait la première fois qu'elles s'étaient vraiment parlé, toutes les deux. Comme elle l'avait fait il y avait encore quelques minutes. Comme s'était construite leur amitié. Au fil de mots échangés, de regards envoyés, d'une complicité muette et pourtant pleinement partagée.

Il se passait quelque chose sous le crâne de la brune. Elle était songeuse, ou alors c'était autre chose. Une sorte de pensée si profonde qu'elle ne songeait plus au reste du monde. Que son environnement et ce qui l'entourait lui échappait totalement. Quelque chose qui demandait à réflexion. Encore plus : une réflexion des plus totales.
Elle aussi, elle aurait pu s'enfouir la tête sous l'eau comme la blonde l'avait fait quelques minutes plus tôt. Histoire d'être en phase avec elle-même. A ce qu'elle voulait réellement penser. A ce qu'elle ressentait.

Mais elle ne l'avait pas fait. A la place, elle avait relevé la tête, et leurs regards s'étaient alors croisés. Sidney avait cru y lire quelque chose d'encore inconnu. Et cela se justifia quand Hebi se décida à ouvrir la bouche.

"T'as froid ? Attends."

La blonde devait avoir alors une expression bizarre : savant mélange de surprise et de curiosité. Car si elle avait bien une certitude à cet instant, c'est que ce n'était pas son amie qui était en train de lui parler. En tout cas, pas vraiment. Si c'était de sa bouche que les mots sortaient, la voix était plus grave, plus rauque. L'expression même, n'était pas celle de son amie.
Sidney la regardait avec une intrigue non feinte. Elle était curieuse de savoir qui lui parlait et en même temps elle ne pouvait ignorer totalement que c'était par la bouche de son amie qu'on s'adressait à elle. Bien que la voix n'était pas la même, la façon dont on lui parlait lui faisait penser à Hebi. Enfin .. C'était une chose étrange et perturbante qui était en train de se produire sous ses yeux.

Le ton - bien que la voix avait sensiblement changée - était toujours un peu le même : il était attentif et bienveillant.
En fait, bien au delà des paroles qu'elle avait prononcé, Sidney y avait senti la chaleur habituelle. La même que quand elles se parlaient. Même si quelque chose changeait, évidemment.
Allez savoir, peut-être fallait-il ne pas s'en soucier alors ! La vampire savait bien qu'il était impossible d'attraper un mal de gorge qui changerait la voix de la démone d'une telle façon, mais pourquoi ne pas y croire, là ? Il n'y avait pas d'autre explication. Sidney cherchait, mais elle ne trouvait pas. Elle se creusait un peu la tête, mais rien à faire, apparemment. Cette voix, elle y retrouvait une part d'Hebi, comme elle y constatait une part de quelqu'un d'inconnu.

Et si, justement la clé était là ? Une part d'Hebi qu'elle n'avait pas eu le loisir de connaître ? Parce qu'elle était la partie que tout le monde craignait ? Elle était celle qui faisait peur à chacun, comme elle effrayait parfois la brune, elle-même. Une part méconnue de la blonde, mais avec laquelle elle était peut-être en train de communiquer. Part qui avait déjà fait le mal. Fait couler le sang. Qui avait souri en voyant quelqu'un à l'agonie. Qui s'était délecté de la chair. Qui avait fait du mal. Du mal à tant de gens. Même ceux que l'autre Hebi - la gentille - aimait profondément. Alors pourquoi étaient-elles toutes les deux en train de converser, comme s'il n'y avait eu aucun changement ? Comme si tout était parfaitement normal ?

Si Sid' n'avait pas froncé les sourcils, elle n'en avait pas pour le moins réfléchi, pendant quelques minutes .. secondes .. Elle n'en savait fichtre rien. Tout ce qui était sûr, c'est qu'elle venait de réfléchir sur une chose à laquelle elle n'aurait jamais pu songer.

La démone en Hebi s'exprimait comme si dans son corps il y avait une entité double. Comme dans ces dessins-animés que l'on regarde quand on est enfant. Comme dans ces hôpitaux où l'on traînait dans malades que l'on appelle des schizophrènes. Un peu de ça peut-être : une double entité. Mais nullement liée à la folie. Pas de pathologie. Rien.
Hebi était un de ces cas exceptionnels dont on ne disait rien parce que la plupart des gens ne comprenait pas. Il y avait vraiment deux personnes qui se partageaient un corps, qui cohabitaient malgré leurs différences.
C'était un peu comme si elle était un humain qui n'était pas arrivé à maturation. Qui avait dégénéré. Un peu comme la blonde l'était devenue. Elle ne pouvait pas être considérée comme humaine parce qu'elle avait quelque chose que l'on ne pouvait pas expliquer. Quelque chose qui n'était pas rationnel du point de vue scientifique. Quelque chose d'étrange. Mais de bien réel. Complètement présent. Ancré en elle, mais qui n'aurait pas dû exister.

Et la vampire avait eu envie de rire. Ce tableau était tellement péjoratif quand elle y pensait. Comme si tout le monde se devait de devenir un humain pour être une entité parfaite et complète. Et si l'on dérivait, on devenait quelque de naturellement imparfait. Parce que c'était le monde, et c'était de cette façon qu'il était créer.
Mais c'était faux. L'humain n'était pas la créature parfaite, pour le simple fait qu'il n'existait personne - aucune race, aucune personnalité, aucun être vivant - qui ne soit parfait. La perfection n'existait pas. Les humains avaient autant de torts que les autres races. Si ce n'était parfois plus.
Prenant l'exemple d'Hebi, Sid' aurait pu mettre sa main à couper que beaucoup d'hommes n'étaient pas aussi humains qu'elle. Elle en était intimement convaincue.

Un frisson lui fit reprendre ses esprits.
Mais elle n'avait plus froid, l'eau était devenue chaude, comme s'il s'agissait d'un bain géant, auquel la démone venait de donner vie juste pour elle. Pour qu'elle n'ai plus froid.

Hebi lui souriait, mais ce n'était pas du sourire habituel. Peut-être était-il plus sûr de lui. Peut-être était il plus grand. Plus étrange aussi, puisqu'elle ne l'avait jamais vu. Mais c'était un sourire. Un sourire beau, nouveau, frais. Un sourire. Et c'est tout ce qui comptait.

"Si tu as encore froid, c'est que tu es malade ma grande. ça va mieux ?"

Elle s'était encore adressé à la vampire. Et seulement à quelques mètres d'elle, celle-ci avait envie de lui répondre que oui, tout allait mieux. Dans un tout petit chuchotement, elle aurait souhaité la remercier. Lui dire que tout allait mieux, autant dans cette piscine que dans sa tête. Qu'elle comprenait un peu plus ce qui se passait, ou tout du moins qu'elle essayait. Parce qu'il va s'en dire qu'elle se fondait sur une hypothèse. Une hypothèse n'était rien qu'un fait. Rien de concret. Rien de démontrer. Et pourtant elle voulait viser juste. Croire qu'elle avait bien établi au travers de quelques mots un lien avait la démone en Hebi. Avec une autre part de son amie.

Elle avait hoché faiblement la tête, mais elle ne savait pas si la brune s'en était rendue compte. Son corps avait retrouvé la chaleur, mais ses lèvres ne retrouvaient pas la mobilité tant espérée. Sa bouche restait scellée, comme si c'était un coffre qui renfermait le plus grand des trésors. Mais ce n'était qu'un leurre stupide. Le coffre était vide. Non, il était plein, mais plein de choses qui ne veulent rien dire. De choses qui n'ont pas de sens. De trucs qui ne s'expriment pas. De machins qu'on ne comprend pas. Qu'on ne cherchera jamais à comprendre, aussi. Et c'était sans doute mieux comme ça.

A quelques mètres d'elle, Hebi avait encore bougé. En fait, le sang derrière elle retraçait le chemin qu'elle avait effectué pour aller de là où elle était avant à là où elle était maintenant. Et elle était tout près d'elle. Elle la regardait avec ces mêmes yeux dont Sidney ne pouvait décidément pas décrire les sentiments cachés. Et alors qu'elle était plongée dans ce regard, le choc de la peau de la démone - brûlante - contre la sienne - gelée - se fit ressentir encore une fois.
La blonde se disait que jamais elle ne pourrait s'habituer à leur étreinte. Parce que même depuis la chaleur de leurs corps, elles étaient totalement opposées. Elle aurait toujours ce frisson quand elle serrerait son amie dans ses bras. Mais c'était comme ça. Peut-être ne s'y habituerait-elle jamais, mais ce n'était pas pour autant qu'elle voulait abandonner le ressenti qu'elle avait à cet instant-là. C'était étrange. Un peu comme si à la fois, par le contraste de leurs peaux, elle voyait toutes leurs différences, mais que par leur proximité, elle voyait tout ce qui pouvait les unir. Et c'était bien ça le plus important. Ce qui pouvait les unir.

Elle resserra ses bras autour de la jeune fille et ferma les yeux quelques secondes. Quelques secondes et quelques mots prononcés.

Un frisson. Mais plus de froid.

"Merci, Sid' .. Merci pour tout..."

Elle aurait voulu la serrer encore plus fort dans ses bras, mais cela aurait gâché la beauté de cet instant. C'était un peu comme si le temps s'était arrêté, quand elle avait entendu de cette bouche les deux voix qui s'élevaient en cœur. Elle entendait celle de la Hebi qu'elle connaissait, mais aussi celle qui lui était inconnue. La part d'ombre qui semblait vouloir aujourd'hui briller de lumière.

Alors elle ne serra pas plus fort. Elle se contenta de laisser les yeux fermer et de poser son menton sur l'épaule de son amie. La démone avait sûrement senti comme son sourire s'était fait plus grand.

Comme elle devait avoir une expression des plus idiotes avec ce grand sourire coller à son visage enfantin. Mais bon sang qu'est-ce qu'elle s'en fichait ! Elle était tellement bien ! Tellement .. ! Cela ne valait-il pas toutes les expressions idiotes du monde ?

La vampire ne trouvait pas de mots à répondre à son amie. Les " merci " n'attendait souvent aucune réponse. Alors elle se contenta de se taire. Parce que c'est ce qu'il y avait de mieux à faire. Et de savourer ce moment, aussi, le temps qu'il pouvait durer.
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MessageSujet: Re: Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ]   Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ] EmptyJeu 15 Avr 2010 - 21:54

Elle avait compris et je n'en attendais pas moins d'elle.
Nous n'avions pas choisi Sidney pour rien. Il s'était passé quelque chose entre nous, il y avait un lien inexplicable, quelque chose qui nous avait frappées, elle et moi, et qui ne demandait qu'à croître, qu'à augmenter un peu plus à chacune de nos rencontres.
Je savais qu'elle avait compris. Elle avait exprimé de la surprise, de la curiosité. Puis un air doux comme à son habitude. Elle avait compris du premier coup qu'Aura et moi ne faisions qu'une en cet instant. Et elle avait réussi à apprivoiser un démon de sang. Grâce simplement à ses paroles et à ses jolis yeux. Le tout avec un calme apparent et sans aucune trace de peur dans ses yeux.
J'étais un démon dangereux, mais Sidney n'avait jamais eu peur de moi. Elle ne faisait jamais preuve de distance, entretenant avec moi une proximité que jamais encore je n'avais vécu de toute ma vie de démon. Mana était proche, mais elle restait, malgré sa sagesse bien supérieure à la mienne, un animal. Elle n'était pas "humaine" à cent pour cent, elle conservait ses instincts animaux, elle était ma soeur, mon alter ego animal. Pas Sid'. Elle, elle était trop différente de moi, mais si proche...


Lithium... don't want to lock me up inside...


Aura était apaisée. Ses pensées étaient matière. Je ne sentais pas l'animosité si particulière dont elle faisait par habitude preuve avec moi. C'était... différent. Elle était presque gentille, non, ce n'était pas vraiment le mot... mais elle était différente. Elle murmurait des phrases sans aucune méchanceté, elle semblait effacée, perdue dans les pensées sombres dont elle ne pouvait se détacher, mais la présence de Sid' la rendait si docile !
Dans les bras de mon amie je versais quelques larmes de joie. C'était grâce à elle, et elle seule que je me sentais en paix avec moi même. Je n'avais pas peur d'être vaincue par Aura en ce moment. Nous étions sur la même longueur d'ondes. Mais pour combien de temps ? Et bien je supposais que cela durerait jusqu'à ce que Sidney en ait marre de la piscine et déciderait de partir. J'espérais qu'elle fasse durer ce moment le plus longtemps possible. Je devinais son sourire, dans mon dos. Si elle ne répondait pas, c'était sans doute parce qu'il n'y avait rien à répondre. Pour nous c'était un instant de battement dans un monde à problèmes. On pouvait lui parler de tout. Et continuer à vivre un moment de poésie tel que nous le vivions en cet instant.


Je ne ressemblai pas mal au héros d'un drame dans la scène du dénouement, n'est-ce pas, Lueur...


Oui. J'étais Lueur, elle était Aura. A présent tout était clair dans ma tête. Nous étions deux dans ce corps. Le démon puissant, cruel et impulsif, et le parasite, qui n'aurait jamais du usurper sa part du trésor.
Mais à deux nous étions belles. Nous étions des déesses, qui partageaient l'affection d'une blondinette compréhensive qui répondait à notre douce étreinte sans peur de se faire agresser. C'était peut-être cela le bonheur. En tout cas je le ressentais comme il venait. Comme une caresse un jour d'été, allongé dans une pelouse verte, savourant l'odeur de l'herbe. Ce ne sont que de petits instants. Mais qui rendent heureux lorsqu'ils arrivent. Ce qui en fait la particularité c'est que personne ne les vit tous les jours. Et j'étais heureuse de vivre mon premier instant de bonheur en ce jour. Je n'avais pas mal, je souriais. Aura était compatissante et heureuse. Je ne songeais plus à mes soucis, à Todd, Walker, ces ennemis que je m'étais faite en un temps record...


L'Enfer c'est les autres.


A quel point elle avait raison...
Je me détachais de Sidney avec douceur. Il fallait revenir à une conversation classique. Plus basique. Rester bloquée sur une réconciliation c'était pas marrant. Il fallait engager une discussion sur un nouveau sujet. Qu'est-ce qui me tenait à coeur, à moi ?
Pas besoin de réfléchir pendant 36 ans. Je savais ce qui restait bloqué en moi comme une chaîne en fer incassable. Je ne savais plus comment faire. J'avais résolu le problème du bonheur. Ne me restait plus que le problème des sentiments. C'était peut-être stupide. Mais ma tête était bourrée de questions. Je ne pouvais pas me passer de cette image. Je voyais son visage, jours après jours, je me remémorais cet épisode ou j'avais manqué de mourir lors du deuxième entraînement seulement.
Fushi avait versé des larmes. Je ne les avais pas imaginées tout de même. Je l'avais vraiment vu pleurer. Pour moi. J'avais senti ses lèvres froides se poser sur mon dos. J'aurais presque entendu ses pensées. Presque entendu l'amour même s'il ne l'avait pas dit. Mais si je me fourvoyais ? Si en fait il ne s'était rien passé, que ses larmes n'étaient que de la transpiration ?


On est jamais certain. Mais un vampire ne transpire pas...


C'était pas faux. J'espérais ne pas embêter Sidney avec mes débordements. Mais à qui en parler d'autre qu'elle ? Ma confiance en elle était aveugle. Et si je devais parler de mon trouble affectif cela ne pouvait pas être à quelqu'un d'autre qu'elle. Mais qu'est-ce que je pouvais bien lui demander ? Comment lui demander ? Comment arriverais-je à expliquer clairement que j'aimais quelqu'un mais que je ne savais pas comment l'aimer ?
Est-ce que c'était dangereux pour lui ? J'avais manqué de le tuer une fois, je pouvais tout à fait recommencer. Je n'étais pas idiote. Mais je n'étais pas complètement lucide non plus. Pourquoi m'étais-je attaquée à lui après tout ? Ce type représentait tout ce que je détestais en un homme. La froideur, la maniaquerie, le snobisme. Et son visage. Il faisait plus vieux que moi, il avait des cernes. Mais iil était attentif et aidant. Il était troublé aussi. Et ses yeux émeraudes étaient magnifiques. Alors quoi ? Je le détestais mais il m'attirait comme un aimant. Et c'était dangereux pour nous deux.


Tant d'angélus qui raisonnent...


Aura aimait aussi Fushi. Mais seulement parce qu'il était froid et distant. Je n'imaginais pas une seule seconde qu'elle soit véritablement attachée à lui. Moi oui.
Sidney vit mon changement de comportement. Elle vit que je cherchait à parler d'autre chose, mais quoi, je me disais bien qu'elle ne pouvait pas le deviner. Mais elle était capable de voir tellement de changements en moi ! Elle semblait me connaître en profondeur, était capable de détecter le moindre changement de ma physionomie. Le moindre tic nerveux, le moindre petit mouvement trahissant un état d'esprit différent chez moi. Et là, elle imaginait bien que j'avais besoin de lui parler de quelque chose qui me tenait à cœur. Et également quelque chose qui m'était absolument inconnu, et qui m'intriguait absolument, après Aura en elle-même.


A toujours courber l'échine....


"Dis, Sid'... est-ce que tu es déjà tombée amoureuse ?"

Oui, bien sûr. Pourquoi n'aurait-elle jamais aimé ? Elle avait eu une vie sociale, avant d'être condamnée. Elle avait eu une famille, des amis, des proches. Et un petit ami. Qui sait, ils s'étaient peut-être rencontrés adolescents, dans un magasin, au ciné, au lycée. Ils étaient sortis ensemble, avaient vécu un amour fou, puis ils avaient du se séparer. Cela lui avait peut-être brisé le coeur. Elle avait souffert, puis elle avait oublié. Il l'avait peut-être trompé avec une minette brune. Qui était moins belle qu'elle, mais plus séductrice, moins prude. Il l'avait peut-être larguée comme une merde.
Mais je me faisais peut-être des films. Peut-être n'avait-elle jamais eu de petit ami. Elle était peut-être lesbienne ?


ça va plus toi.


J'eus un petit rire à cette pensée. Heureusement que mon amie n'était pas extralucide comme Izumi. Je n'avais pas envie de la blesser avec des pensées aussi débiles.
Tout aurait pu être tellement facile s'il n'existait pas d'amour sentimental. Si nous étions comme les animaux. Une rencontre, une séparation, un bébé. Point. Il n'y avait pas d'amour là-dedans. Juste une nécessité reproductrice. Ils ne s'embêtaient pas eux. Ils ne se contentaient pas d'autre chose qu'un amour physique de deux secondes et demi. Rien que pour cela, j'aurais aimé être un animal. L'amour, cela servait à quoi, en fait ? Et est-ce qu'un homme devait rester avec une compagne toute sa vie ? Il y avait tellement de drames à cause des infidélités. C'était si fréquent que je me demandais si c'était pas inscrit dans le genre humain...
Et puis moi j'étais une démone. Jamais je n'aurais du tomber amoureuse, ce n'était pas dans ma nature.


Tout ça c'est des conneries.


Peut-être mais tu es aussi sous le charme du ténébreux suceur de sang. Je n'entends jamais le son de ta voix lorsqu'il est en notre présence. Tu es muette, muette d'admiration, d'observation. Je te sens le détailler, du moindre pli de sa bouche au plus infime mouvement de ses yeux émeraudes. Tu le trouves beau, séduisant. Son côté sombre te subjugue, tu ne peux pas te détacher de son regard. Tu as l'impression qu'il est inaccessible, et c'est ce qui te le fait encore plus désirer.
D'ailleurs Aura, tu es à l'origine de mon désir physique, pour ce vampire aux cheveux noirs. Je devine que c'est du désir physique même si je n'en ai jamais ressenti. Une chaleur parcourant tout mon corps. Un frisson momentané, une fièvre à peine perceptible. Un besoin de se presser contre l'autre, de le sentir collé à soi, sa chaleur contre la nôtre. Le tout dans une atmosphère intime, voilà le cocktail du désir...


Le péché originel...


Je rougis en re-songeant aux sensations que j'avais éprouvées souvent en regardant mon professeur. C'était dégoûtant et immoral. Mais j'étais une démone. Les sept péchés originels étaient faits pour moi après tout.
La luxure n'était pas une exception pas vrai.
Je regardais mon amie de mes yeux noirs. Je sortis de l'eau, et m'assis sur le rebord. J'étais toute rouge. Je n'attendis pas qu'elle me réponde immédiatement, et repris, d'une petite voix :

"Je ne suis jamais tombée amoureuse moi... je suis paumée... entre ce que je ressens moralement... et physiquement..."
Je posais mes deux mains contre ma poitrine, dans une position prude.
"Parfois j'ai chaud... et froid... je ne sais pas trop pourquoi... tu crois que j'ai le droit de ressentir des choses aussi intimes pour un homme dont je ne suis même pas sure de la vérité de ses sentiments ?"
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MessageSujet: Re: Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ]   Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ] EmptyVen 16 Avr 2010 - 16:41

La démone s'était détaché avec douceur. Coupe tranchante dans un doux moment de bonheur. Giclée de sang sur un tableau blanc. Mais elle avait raison. Le bonheur ne devait pas durer trop longtemps, sous peine d'en devenir banal. Sous peine de ne plus être ce qu'on attend de lui : le surprenant, le beau, l'idéal. Même mieux.
Et puis ? Tant qu'elles étaient ensemble, le bonheur était entretenu. Même si le contact de leur étreinte était une source certaine de joie, la regarder dans les yeux ou la voir sourire étaient des sensations mille fois plus enivrante. Si elle pouvait dire enivrante. Parce qu'il n'y avait pas de mots. Parce que c'était juste une sensation de plénitude. De bien-être. Une sensation d'être en accord profond avec ce que l'on est. Oui, être à la fois ce que l'on est et ce que l'on aurait souhaité être. Belle sensation. Description cependant bien fade.

Hebi s'était un peu éloignée, pensive. Ça, Sid' le voyait bien. Parce qu'elle avait un regard qui en disait long. Ou peut-être que c'était seulement la vampire qui savait interpréter. Mais elle ne se connaissait pas ce don. Avait-elle ce don ? Bonne question. Question sans réponse. Question sans grande importance, en fait. Tant qu'elle arrivait à détailler les faits, les gestes, les regards de son amie, elle était rassurée.
Pas qu'elle éprouve le besoin de contrôler ce qu'il se passait, loin de là. Sidney savait bien que dans la seconde qui arrivait, il pouvait se passer n'importe quoi. Elle savait bien que la démone pouvait lui sauter à la gorge ou alors faire quelques brasses. Sortir de l'eau ou lui parler encore. Se focaliser sur Mana ou se perdre dans les images qu'elle se faisait de son professeur de français. Et alors ? On ne pouvait rien décider. Rien prévoir. Rien planifier. Organiser ? La blague. La vie était faite pour qu'on la croit toute tracée. Alors que rien. C'était comme une page blanche sur laquelle on pouvait tracer un trait de rouge. Un carré noire. Un cœur violet. Un losange vert ? Qu'importe. On était maître de ce que l'on pouvait faire. Mais on était également des pantins : jouets et esclaves de la vie. Condamnés à suivre ses caprices. Heureux lorsqu'elle faisait preuve de clémence.

Deviner à quoi son amie pensait, c'était un peu comme un casse-tête. Tantôt amusant, tantôt vraiment pas facile. Elle pouvait penser à n'importe quoi, et pourtant des sujets lui venaient en tête comme une évidence. Parce que c'était des choses qui devaient la préoccuper, si elle réfléchissait, avant d'en parler, hein ? Si c'était encore pour faire un coup à Mana et la transformer en boule de poil mouillée, elle ne prendrait pas tellement le temps de la réflexion. Non. Elle lui lancerait un clin d'œil, et encore une fois, elle serait la complice - peut-être malgré elle - d'un de ses tour de jeune fille maligne.
Mais là, il n'était pas question de blague ou de gentil petit tour. C'était plutôt un gros vilain tour de la vie, d'après l'expression qu'elle avait. Une énigme à laquelle elle cherchait à donner forme, dans sa tête. Elle essayait de mettre des mots sur des sentiments, des ressentis, des gestes qui n'étaient pas définis. Quelque chose de confus, en fait.

Patience. C'était parfois l'une des vertus de Sidney. Elle savait attendre. Elle savait faire preuve de ce que trop peu développait. Certes, elle était curieuse, mais on lui avait appris dès le plus jeune âge à respecter l'intimité, les droits, les sentiments de chacun. Ce qui voulait être dit serait dit. Pour le reste, ce n'était son affaire qu'à moitié. Que par suggestion, en fait. Puisqu'il n'y avait pas de paroles.

"Dis, Sid'... est-ce que tu es déjà tombée amoureuse ?"

Elle s'était retournée, un peu. Elle lui faisait à nouveau totalement face.
Et là, c'était à Sidney de plonger un peu dans ses pensées. Parce que la question semblait tellement évidente que forcément, elle demandait à réflexion. Idée stupide. Idée quand-même.

L'amour, elle savait en parler. Mais l'avait-elle déjà vécu ?
Elle savait en parler parce que tout autour d'elle, depuis toujours ne tournait qu'autour des trois sentiments phares dans la vie d'un homme : l'amour, l'amitié et la haine.
Elle avait déjà eu des amis. Dans sa vie d'avant. Beaucoup d'amis. Mais peut-être ne l'étaient-ils pas vraiment. S'inquiétaient-ils encore de savoir comme Sid' allait dans sa " nouvelle école " ? Elle n'avait jamais reçu que deux ou trois courriers de ses amis, alors qu'il faisait maintenant plus d'une année qu'elle avait abandonner tout lien avec eux. Alors non, en y réfléchissant bien, ce n'était peut-être pas vraiment des amis.
Hebi, elle, était une amie. Parce que l'on pouvait parler de tout sans avoir peur. Rire et pleurer. Sans crainte aucune. Sans se croire ridicule. Et au delà du ridicule, l'amitié commençait bien à se dessiner, hein ? L'amitié était un sentiment de plénitude. De tranquillité imbécile. D'insouciance totale. Une douce folie.

Quant à la haine : ça aussi, elle avait déjà du le ressentir. Lorsqu'on l'avait piégé contre ce chêne. Qu'on ne l'avait pas laissé s'enfuir. Pas laisser le temps de crier au secours. Pourquoi faire ? Il n'y avait personne, de toute façon. Juste d'autres "monstres" peut-être.
Elle avait été prise au piège. Au piège de la vie.
La respiration dans son cou, affolée. Le plaisir juste au bout des canines. Un désir charnel au bout de la langue. Désir dégoutant partout sur son cou. L'appel de la jugulaire. Une souffrance atroce. Plus atroce que la mort elle-même. Transformation lente et douloureuse : pour devenir quoi ? Un monstre.
Alors oui, elle avait ressenti de la haine. De la haine quand elle avait entendu sa voix. De la haine pour ce qu'il avait fait. De la haine quand à ce qu'il était. Quant à ce qu'il l'avait fait devenir, aussi.

Mais l'amour ? L'amour, non.
Parce qu'elle n'avait jamais ressenti un profond désir pour quelqu'un. Elle avait fait comme tout le monde : elle était sorti avec quelques garçons, pour faire la grande. Pour frimer un peu. Parce qu'elle était stupide. Qu'elle était naïve. Qu'elle ne connaissait pas les revers de la nature humaine.
Mais tout ça était fini. Puis, ce n'était jamais allé plus loin. Quelques baisers. Quelques caresses. Mais jamais plus. Parce que jamais de désir. Et malgré les insultes, malgré les demandes répétées, malgré tout il n'y avait jamais eu rien à faire. Il n'y aura sans doute jamais plus rien à faire.
Elle n'était pas naïve tout le temps.

L'amour ce devait être beau. Mais ce n'était sans doute pas pour elle.

"Je ne suis jamais tombée amoureuse moi... je suis paumée... entre ce que je ressens moralement... et physiquement..."

Hebi s'était retournée et elle avait nagé un peu. Elle avait rejoint le bord et elle était sortie de l'eau avec grâce.
Mais son expression était embarrassée. Ses joues étaient rougies. Sa position était inconfortable. Elle voulait se protéger de ce qui était déjà instillé dans ses veines depuis longtemps. L'amour. Le poison de la vie. Celui qui contaminait. Qui faisait des heureux de qui on aimait parler. Mais combien faisait-il de malheureux qui toute leur vie resteraient des anonymes ?
La blonde s'approcha à son tour du bord, mais elle ne sortit pas de l'eau.

"Parfois j'ai chaud... et froid... je ne sais pas trop pourquoi... tu crois que j'ai le droit de ressentir des choses aussi intimes pour un homme dont je ne suis même pas sure de la vérité de ses sentiments ?"

Et pourquoi pas ? Bon sang. Mais quoi ? Parce qu'on était démon on ne devait pas goûter aux péchés mortels des pauvres hommes. Non, la fatalité c'était la même chose pour tout le monde. Tout le monde avait droit à cela. Du poison, il y en avait pour tout le monde. Il suffisait de bien vouloir le demander.

" Pourquoi tu n'y aurais pas droit ? "

Une question en retour à une question, ce n'était peut-être pas le bon choix, dans ce cas-là. Elle ne lui laissait pas le temps de répondre. Elle enchaîna.

" Tu sais, je ne sais pas trop de quoi je parle, car au fond, je suis convaincue que je n'ai jamais connu l'amour. Mais pour être née dedans et pour avoir vécue toute ma vie dans ce bain-là, je peux t'assurer que tu as ce droit autant que d'autres. "

Tant de gens avaient fait le mal et avait trouvé chaussures à leur pied. Pourquoi elle ne pourrait pas avoir ce qu'elle attendait ? Il n'y avait pas de raison pour qu'elle vive toute son éternelle vie sans apprendre ce que c'est que de ressentir quelque chose d'incontrôlable et de merveilleusement dévastateur, dans sa poitrine. Un sentiment délicieusement douloureux. L'alliance parfaite du bien et du mal réuni en un seul mot : l'amour. Une passion dévorante. Une folie brûlante.
Le muscle le plus puissant du corps pouvait bien supporter cela, si le corps pouvait souffrir chair et sang jour après jour, non ?

" Je suis même sûre que tu mérite ça bien plus que d'autres. N'ai pas peur de ce que tu es .. Contente-toi de suivre ce que tu ressens. Tu sais, l'amour, ce n'est rien de raisonnable. "

Elle esquissa un sourire.

" Je suis convaincue que c'est parfait pour toi. "

Un éclat de rire. Faible. Puis un petit sourire.
Regard dans le vide. Pensées ..
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MessageSujet: Re: Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ]   Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ] EmptyVen 16 Avr 2010 - 20:38

Est-on prédestiné à une chose ou a une autre ? Existe-t-il un génie, un destin ?
Lorsqu'on part en voyage, est-ce que le destin décide de notre mise à mort ou sommes nous de purs esprits condamnés au fruit du hasard, nous étions là au mauvais endroit au mauvais moment, nous naissons puis mourrons, que ce soit bien au chaud dans notre lit avec une bouillotte à nos pieds pour savourer la douceur de notre dernier instant, ou bien en plein attentat au milieu de la nuit dans un piège à touristes, un piège à cons.
J'avais souvent entendu parler, en regardant la télé russe de temps en temps dans ma misérable existence, des nombres incalculables de morts victimes d'attaques dites "terroristes" du genre ce détournement d'oiseau de fer il y a de cela quelques années, qui avait fait un tollé monumental tout ça parce que c'était chez le pays dit "le plus puissant" du monde entier...
Un ramassis de connerie quoi. Les humains essayaient de combler par orgueil le vide qui les poussait vers leur misérable condition. Ils étaient faibles face à des êtres comme nous.


Mais réfléchissez, réfléchissez !! Vous êtes sur terre, c'est sans remèdes !


Je n'étais pas certaine du fait qu'il y ait une destinée. On ne mourrait pas parce que c'était le destin. On ne naissait pas à tel endroit parce que c'était le destin. On ne tombait pas amoureux par destin.
Du moins c'était ce que je cherchais à me persuader, tout en regardant Sidney dans les yeux. Si c'était le destin qui nous avait choisi, Fushi et moi... je lui aurais bien mis mon poing dans la tronche.


Salaud de destin.


Elle me sourit tranquillement en voyant mon air perdu. Je sens comme une onde de chaleur passer d'elle à moi. Elle dégage un calme si apaisant que j'en souris de contentement. Je suis dans mes bons jours et elle le sait de toute manière.
Et puis il ne fallait pas se prendre la tête. Il faisait chaud dans cette piscine. L'eau apaisait mes blessures. Sidney apaisait mon âme. J'étais calme et détendue, mes jambes battaient dans l'eau en faisant de gros bouillons qui me faisaient sourire. Il m'en fallait peu dans l'immédiat. Tout allait parfaitement bien.



" Pourquoi tu n'y aurais pas droit ? "

Parce que je suis un démon tiens. Je suis Aura, Lueur, les deux inconnues qui se battent pour un homme, un seul. Un démon ne peut pas aimer, ce n'est pas dans sa nature même. Dans son essence. Un démon naît pour foutre le boxon dans la vie des êtres normaux, les humains. Ils tuent, montent des machinations, tentent, enclanchent guerres et trahisons. Ils sont présents partout, et sèment le chaos. Ils naissent, ne meurent pas. N'aiment pas. La seule chose qu'ils aiment c'est faire du mal aux gens, et je ne mentirai pas en disant que moi aussi j'adore ça.



" Tu sais, je ne sais pas trop de quoi je
parle, car au fond, je suis convaincue que je n'ai jamais connu
l'amour. Mais pour être née dedans et pour avoir vécue toute ma vie
dans ce bain-là, je peux t'assurer que tu as ce droit autant que
d'autres. "


C'est vrai. Sid' n'avait pas eu la même vie que moi. Elle avait été aimée, par ses parents, ses amis. Elle avait sûrement beucoup aimé elle-même ses parents, ses amis, ses petits copains potentiels. Elle avait été une vraie ado, moi je n'avais jamais vécu ce stade, puisqu'à cet âge j'avais été un animal. Une tueuse.

Une fille bien quoi.


" Je suis même sûre que tu mérite ça bien plus
que d'autres. N'ai pas peur de ce que tu es .. Contente-toi de suivre
ce que tu ressens. Tu sais, l'amour, ce n'est rien de raisonnable.
Je suis convaincue que c'est parfait pour toi. "

Elle rit. Son rire raisonne dans la piscine, au dessus des voûtes plastifiées de la piscine couverte. C'est joli, j'aimerais bien avoir un rire aussi discrtet et doux. J'aimerais d'ailleurs lui ressembler, à Sidney. J'aimerais posséder sa gentillesse, sa douceur, sa tranquilité. Mais je n'ai que la froideur et l'instabilité. Les seules choses que nous avons en commun, elle et moi, ce sont la soif de sang, et notre attachement réciproque l'une pour l'autre. J'en suis d'ailleurs incroyablement heureuse. Que serais-je devenue sans elle et sans Fushi ? Un monstre sanguinaire de plus ? Une démone cruelle et manipulatrice ?
Haha. J'en connais une à qui ça aurait plu.


Tu serais morte à l'heure qu'il est.


Je m'allongeais sur le rebord de la piscine en regardant le plafond bleu. C'est beau, le carrelage aux formes de poissons sur le mur. Je les ai vus en rentrant. On est tout de suite dans l'ambiance.
Le rire de Sidney entraîne le mien. Je ne ris pas souvent, mais là je suis suffisamment détendue pour rire. Suffisamment dans l'ambiance d'une aprèm' piscine, mes longs cheveux trempant légèrement dans l'eau. Mon corps dont des gouttes d'eau chlorée coulent encore en mince filets. C'est beau. Je n'ai plus peur de rien en ce jour, Aura se tait peu à peu, elle aussi entraîné dans la sphère de calme et de douceur.

"Je me suis toujours demandée si je méritais autant de choses que les autres en naissant telle que j'étais née."

Je ferme les yeux calmement en plongeant mon bras dans l'eau tiède. Il fait bon rester ainsi sans bouger. On se sent libre, de faire ce qu'on désire.


"Je suis à la base de tout un animal, en fait..."
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Sidney Hughes
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MessageSujet: Re: Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ]   Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ] EmptyVen 16 Avr 2010 - 21:50

J'avais ris. Légèrement, et cependant, j'avais ris. Pourquoi ? Parce que l'envie m'étais venue, soudainement. Pas par pur égocentrisme. Pas histoire de dire : " regarde ce que j'ai dit ! C'était drôle !! ". Parce que je me disais que par un enchainement de circonstances, j'avais réussi à mettre un mot sur Hebi. Un mot qui peut-être pourrait un peu définir pourquoi c'était une personne que j'appréciais tout particulièrement. En fait, pourquoi elle était la personne que j'appréciais le plus, ici - car à bien y réfléchir, même s'il faisait maintenant quelques temps que j'étais dans l'établissement, je n'avais pas encore eu le temps d'avoir de discussions approfondies avec beaucoup de monde. Mais j'étais convaincue que peu importe avec qui je discuterai, les conversations ne seraient jamais les mêmes que celles que j'avais avec mon amie ici présente.

Mes paroles avaient semblé un peu apaiser la démone. Pas qu'elle était en colère, plutôt qu'elle était pensive en fait. Perdue dans ses réflexions. Trop de réflexions. Et puis tout ça, ce n'était pas du meilleur présage. Ce n'était pas le moment de se poser trop de questions auxquelles on chercherait des réponses compliquées qui finalement ne nous satisferaient même pas. Enfin. C'était un point de vue comme les autres. Non. C'était mon point de vue. Puis, je n'avais pas envie qu'Hebi se casse la tête pour des histoires de cœur. Des histoires d'amour. Tout venait à s'arranger au final, s'il fallait que ça s'arrange. Mais là, on en revenait au même point : la vie comme prédéfinie ou la vie comme un amoncellement de hasards. Mon cœur balançait par moment. Mais j'avais toujours cru en ce dicton qui disait quelque chose comme : " ceux qui sont fait pour s'aimer seront réunis un jour ". C'est une chose à laquelle je souhaitais croire, pour elle.

Hebi était maintenant hors de l'eau. Elle me fixait, puis elle fixait à nouveau l'eau. Et finalement, elle décida de s'allonger. S'allonger de tout son long sur le bord de la piscine. L'eau débordait un peu du rebord - mais c'était normal - alors parfois elle venait encore mouiller le haut de sa tête, son dos, ou encore ses cheveux.
Se rendait-elle compte que s'installer de la sorte n'était pas le moyen le plus rapide de sécher ? Question idiote. Il ne faisait aucun doute qu'elle n'avait pas envie de se sécher. Ses pensées semblaient seulement - une fois encore - quitter le monde réel avec une douceur infime. Au fil des micro-secondes, elle était de plus en plus déconnectée de la réalité. Mais elle continuait de sourire. Et qu'est-ce qu'elle était belle, quand elle souriait. C'était pour moi toute une source de réconfort. La chaleur d'un sourire pareil aurait bien suffit à mon corps pour être sec même au sein de la piscine. C'était dire.
Puis elle avait rit. Comme j'avais ris auparavant. Il y a juste quelques secondes. Peut-être était-ce dans l'optique de m'accompagner ? Je n'en savais trop rien, mais je me suis mise à supposer. J'avais envie de croire qu'elle avait le cœur à rire. Alors, je me suis mise à la suivre à mon tour, et un second éclat de rire - toujours aussi doux, aussi fragile - fendit doucement l'air. Nos rires se croisèrent, se rencontrèrent brièvement. Ils avaient entrepris de faire plus ample connaissance, mais déjà Hebi avait rappelé le sien. Elle l'avait disparaître. Entrainant la chute du mien.

Sa voix résonnait dans la pièce, un peu comme si nous nous trouvions dans une grotte - ce détail m'avait tout de suite frappé. Pourtant, nous étions loin d'être dans une grotte, pas vrai ?


"Je me suis toujours demandée si je méritais autant de choses que les autres en naissant telle que j'étais née."

J'avais envie de lui répondre qu'évidemment elle méritait toutes ces choses qu'on attribuaient à tant de monde. Tant de monde qui recevait un million de présents, d'une façon totalement arbitraire. Parce que c'était ainsi. Pourquoi n'y aurait-elle pas droit ?
Avec cette question, j'en arrivais à me rendre compte de toute la chance que j'avais eu durant ma vie. Peut-être la chance d'être née en tant qu'humaine. Cela m'avait permis d'avoir une approche différent du monde qui m'entourait. D'avoir été élevée dans l'amour et le bonheur : ça aussi c'était une chance. Et d'avoir des gens sur qui j'avais pu compter, tout au long de mon existence, c'était sans doute la chose la plus merveilleuse qu'il puisse exister.
Parce que je me doutais bien qu'Hebi n'avait pas eu une vie comme la mienne. Nous étions même sans doute opposées sur bien des points. Mais notre vie, nos expériences - chacune de notre côté - nous avaient toutes les deux fait avancer. Si bien qu'aujourd'hui nous avions des leçons, bien ancrées dans notre esprit. Si bien qu'il y a des choses que nous avons vécu et que jamais nous n'oublierons - que ce soit positif ou non. Il y avait tant de choses qui avaient participé à forger nos personnalités .. Tant de choses. Et aujourd'hui nous nous étions retrouvées, ici. Dans ce lieu. D'abord au sein de cet établissement avant que nos personnalités ne se croisent, ne s'entremêlent et ne se plaisent. N'était-ce pas tout de même un petit exemple du hasard de la vie ? Un tout petit peu ?

Quand je sortis enfin de ma longue tirade de pensées sans fin, je tournai mon regard vers elle. Elle était allongée, les yeux clos et immobile, si ce n'était son bras qui faisait des mouvements désordonnés et qui pendait mollement dans l'eau agréablement tiède.

"Je suis à la base de tout un animal, en fait..."


Soufflé entre deux battements mous de son bras. L'ambiance était calme. Tranquille. Apaisante.
Je m'approchais à mon tour du bord et je posais mes bras en croix sur le rebord. Ma tête reposait dessus. J'étais proche de la tête de la jeune fille, et Mana s'était rapprochée, elle aussi.

Il n'y avait pas grand chose à répondre. Alors il s'agissait juste de garder cette ambiance détendue :


" Ce n'est pas plutôt l'inverse ? .. D'ordinaire on dit que l'homme descend du singe. D'après Darwin, on a tous un singe au fond de nous. Même toi. "

J'avais cassé la croix faite de mes bras et mon index vint se poser en une toute petite pression sur son bras.
Elle avait ouvert les yeux. Ils exprimaient une certaine interrogation quant à mon geste. Moi, je voulais juste son attention. Puis l'embêter un peu. J'avais le sourire.


" .. Tu devais être un ouistiti. "

Cette conversation idiote serait sans doute close après ces mots.
J'avais envie de rire.



[ Je m'excuse pour le changement dans l'écriture .. En ce moment j'ai tellement envie de mettre " je " que je me suis décidée à succomber à mon envie. J'espère que ça ne te gêne pas. ]
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Eris Almira
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MessageSujet: Re: Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ]   Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ] EmptySam 17 Avr 2010 - 16:42

[Tu t'excuse pour ça O_o je suis pas gênée, la première personne ne m'est pas réservée, et si tu avais envie de mettre la première personne c'est ce qu'il faut faire, suivre ses envies Wink d'ailleurs j'aime bien !! Very Happy]


Allongée près de l'eau, j'entendais le chant de son clapotis, doux et mélodieux.
Enfin j'étais à l'aise dans un élément autre que le feu. Si je m'étais allongée dans une cheminée ça aurait sans doute été moins agréable qu'en ce moment même.
Je regardais avec envie la matière Eau, me demandant si elle était en vie. Est-ce qu'il y avait un esprit de l'eau ? Yami m'aurait répondu que oui, puisqu'elle croyait dur comme fer à un esprit du vent. Elle lui avait même donné un nom, elle entendait ses murmures.
Et moi ça me faisait bien rire. Je n'avais jamais cru aux esprit, ce n'était pas maintenant que cela allait changer. Je croyais en un Pur-Esprit, Gaïa. Gaïa créa la Terre, le ciel. Et ses habitants. Je croyais en Satan aussi, comment ne pas y croire ? Mais le Dieu n'existait pas. Dans notre monde il y avait Satan, et Gaïa. La déesse du monde, et le roi de la mort.


Les hommes s'occupent à suivre une balle et un lièvre. C'est le plaisir même des rois...


Or Gaïa semblait être quelqu'un de bien clément. Elle m'autorisait à errer dans un corps démoniaque. J'étais une âme pure, du moins c'était ce dont je cherchais à me convaincre. J'étais scellée contre mon gré dans le corps d'Aura, qui elle aussi était indisposée par ma présence. J'étais à la fois cartésienne et croyante. Il n'y avait que deux esprits qui régnaient sur la terre et sur les éléments. Ils avaient créé l'homme et en avaient fait des esclaves malgré eux des créatures de Satan comme les Vampires, les Loups-Garous, ou pire, les démons. Gaïa avait riposté en crééant les anges. C'était ma philosophie, ma façon de pensée.


Condition de l'homme.
Inconstance, ennui, inquiétude.

Je savais qu'Aura méprisait profondément Gaïa, et l'espèce humaine. Moi, je l'admirais. Dame Nature avait toujours su faire face à l'adversité. Elle avait créé l'homme et leur avait offert le libre-arbitre, mais sans en juger les horribles conséquences. Cependant maintenant qu'elles étaient là et qu'elle ne pouvait plus les ignorer, elle cherchait, à travers la tête de quelques écologistes qu'on prenait pour des fous dans le monde actuel, de rétablir l'ordre. Elle avait du travail, Gaïa. Si en plus elle devait protéger l'homme des démons et vampires rôdant autour d'eux comme des mouches, je me disais que finalement, un tel fardeau justifiait la faim dans le monde et l'énergie nucléaire. J'avais envie d'y croire. J'avais envie de croire que Gaïa ne nous avait pas abandonnés. Qu'elle cherchait un moyen de tous nous protéger. Elle savait encore faire fleurir les pissenlits. De faire briller le soleil. Sur une Terre malade, peut-être. Mais pas sans espoir, ou du moins c'était ce que je voulais croire, dur comme fer.
Moi, je ne mourrais jamais. Je verrais l'espèce humaine se décomposer comme une charogne. Je la verrais mourir et agoniser sous l'effet de leur propre libre arbitre. Je suis insensible aux radiations, à la puissance de leur feu, au mordant de leurs balles. Je pouvais me protéger sans avoir peur de perdre la face. J'étais une démone.



J'suis un dém', et j'le sais...


Qu'espérais-je de plus que ce que j'avais déjà ? Rien sans doute. J'étais la cruauté personnifiée, mais aussi l'inconstance et la souffrance. Je me demandais s'il y avait d'autres maudits dans ce camp là. Parce que je les auraient bien rencontrés pour leur demander ce qu'ils pensaient de cette vie...


Bienvenue chez les Démons Anonymes qui ne s'assument pas... "Je m'appelle Hebi..." "Bonjouuuur Hebiiiii.."


Les paroles d'Aura me firent sourire. C'étais un peu cela que je voulais en même temps. Et cela ne la gênait pas de me rappeler le ridicule de mes pensées. C'étais sa seule arme contre moi, le persiflage et la méchanceté. Du reste, je possédais l'ambition, le courage et la volonté. On ne pouvait pas m'avoir aussi facilement.
Sans blague.



" Ce n'est pas plutôt l'inverse ? ..
D'ordinaire on dit que l'homme descend du singe. D'après Darwin, on a
tous un singe au fond de nous. Même toi. "


Un singe ? Ces petite bestioles poilues ? Qui grimpaient aux arbres et qui avaient un sourire stupide ? Les hommes descendaient donc de ces bestioles là ?
J'avais peine à y croire. Comment pouvait-on descendre d'animaux aussi primaires ? C'était impossible. Moi en tout cas je ne pensais pas descendre de bêtes comme cela. Non pas que je pouvais me vanter d'être supérieur mais je ne vois pas pourquoi Gaïa nous aurait rapproché de bêtes aussi moches. Pourquoi l'aurait-elle fait d'ailleurs ? Ils étaient tout juste bons à casser des noix. Comme aide, on avait vu mieux hein...



" .. Tu devais être un ouistiti. "

Elle a pas tort.


Elle eut un nouvel éclat de rire. Sidney. Ce n'est pas toi lorsque tu ne ris pas.
Je tournais la tête vers mon amie, dont le visage était tout près du mien. Mana s'était rapprochée elle aussi. Nous étions toutes les trois, près de l'eau, dans une atmosphère purement intime et calme. Et j'avais le sentiment que rien ne pourrait nous perturber. J'étais même prête à coller un écriteau "Fermé" sur la porte principale pour qu'on nous fiche la paix.
Ces derniers temps c'était vraiment compliqué d'avoir un moment de calme. Même dehors, au soleil ou à l'ombre, on tombait toujours sur des empêcheurs de tourner en rond. C'était vraiment pénible...
J'accompagnais son rire d'un éclat franchement amusé. J'avais déjà vu un ouistiti dans un livre de bio et je l'avais trouvé à croquer. C'était minuscule et farceur. Mais pas très beau. Malheureusement.


"Non, je crois que Darwin a tout faux ! Il a oublié de mentionner Gaïa"

Regard curieux de la belle. J'ai éveillé son intérêt. Je continue.


"Les cinq éléments sont dirigés par la Terre nourricière, Gaïa. Qui a créé les êtres sans en créer des cousins. Elle les a tous fait différents. Les péchés sont dirigés par Satan. Maître du mal. Dirige tout ce qu'ily a de malheureux en ce vaste monde...."

Mes yeux noirs l'observent. Je lui souris.


"Je crois en cela. Tant pis si ça ne fait pas de moi un macaque !!"

[Pardon, c'est court T__T]
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Sidney Hughes
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MessageSujet: Re: Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ]   Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ] EmptySam 17 Avr 2010 - 21:21

Elle était toujours un peu pensive. Mais j'avais réussi à capter son attention. Sur les singes. C'était peut-être idiot, mais c'était déjà ça.

Sidney continuait à sourire. Il y avait apparemment comme un petit bémol. En tout cas d'après les sourcils de la jeune démone qui se fronçaient. L'idée que des singes viennent s'immiscer dans la conversation la gênait-elle ? Il ne semblait pas qu'il s'agisse de ça.
Mais c'était bien une histoire de singes, hein ?

Sans doute était-ce là une différence dans l'apprentissage qu'elles avaient eu. Depuis toute petite, comme par évidence, on avait dit à Sidney que l'homme descendait du singe. Parce que c'était quelque chose qui avait été prouvé par de grandes personnes dans le monde des sciences. Parce que c'était écrit dans les livres qu'on pouvait lui offrir : ces livres sur les dinosaures, sur la préhistoire, sur l'histoire du monde qu'on reçoit tous quand on est petit, dans un soucis de la famille. Pour pas que l'on devienne des enfants indisciplinés, idiots, en retard sur les autres. Il serait même glorifiant pour les parents qu'on soit les premiers de la classe. C'est toujours une grande source de fierté. On peut le raconter fièrement aux voisins. Aux réunions de famille où on a finalement qu'une hâte : rentrer et dormir toute la journée. Parce que merde. Le dimanche était un jour sacré quand même !

Mais on s'éloignait un peu du sujet, là.
En tout cas, le fait était qu'elle avait toujours reçu cette éducation là. Qu'on lui avait toujours dit, quand elle se promenait au zoo, accrochée à la main de son père : " tu as vu ? Nos ancêtres c'était eux. ". A peu de choses près. C'est du moins ce qu'elle en avait retenu.
Puis, les cours de sciences allaient dans ce sens. La théorie de l'évolution de Darwin aussi. Cette idée que toutes les espèces vivantes avaient évolué au cours du temps. Que certaines avaient disparu. D'autres non. Qu'il s'était fait une sélection naturelle, en fait. Et que l'homme - singe qui avait alors évolué - était devenu peut-être le plus puissant. Ou peut-être tout simplement avait-il développé une intelligence plus affutée. Le fait était qu'un jour, il s'était mis à jeter son regard hautain autour de lui, et qu'il s'est mis en tête qu'il allait contrôler toutes les autres espèces. Et cela n'avait jamais changé, finalement.
L'homme était et restait toujours cet être supérieur par principe, parce qu'il avait su dominer le reste des espèces qui avaient survécu et qui survivaient encore aujourd'hui.

C'était comme ça.

J'avais le sourire. Toujours ce sourire stupidement immense. Cette joie de vivre qui vient d'on-ne-sait-où. Qui apparaît on-ne-sait-pourquoi. Un instant de bonheur. A cet instant, au beau milieu de cette pièce, la tête plantée sur la paume de ma main. Mon index et mon majeur de l'autre main jouaient à se prendre pour les jambes d'un bonhomme. Un bonhomme sans corps. Sans tête. Juste des jambes. Des jambes qui marchaient le long d'un carreau du carrelage qui entourait la piscine.
J'avais toujours le corps dans l'eau, et Dieu merci grâce à Hebi je n'avais plus froid. La sensation de l'eau sur ma peau était tellement agréable que je m'en serais voulu si j'étais sortie pour me sécher. Puis, j'aimais l'odeur du chlore. Même s'il me piquait les yeux, cette odeur me rappelait des choses.
Il y avait des trucs idiots qui vous faisaient vous souvenir de tout un tas de conneries. Parfois des trucs qu'on aimait mieux oublier. Parfois des machins qui sortaient des méandres de votre conscience profonde. Des bidules dont vous aviez totalement oublié l'existence. Il était beau de se souvenir. Parfois. Maintenant, ce n'était pas le moment.


"Non, je crois que Darwin a tout faux ! Il a oublié de mentionner Gaïa"

Évidemment, je l'ai regardé bizarrement. Ou plutôt avec curiosité. Ce n'était quand-même pas ma splendiiide éducation qu'elle remettait en cause là ? Puis, c'était qui Gaïa ? L'amante de Darwin ? Il n'y avait pas de raison qu'il la mentionne dans sa théorie. A moins qu'elle descende directement du macaque. Mon dieu, mais il devait avoir des goûts terribles, alors ?

"Les cinq éléments sont dirigés par la Terre nourricière, Gaïa. Qui a créé les êtres sans en créer des cousins. Elle les a tous fait différents. Les péchés sont dirigés par Satan. Maître du mal. Dirige tout ce qu'il y a de malheureux en ce vaste monde...."

Autant pour moi. Mère nature, je m'excuse. Je ne connaissais pas ton identité jusqu'à présent. Je ne savais pas même que tu avais un petit nom. Pour moi, tu étais tout ce que je pouvais voir autour de moi. Je me disais un peu que tout avait été crée par tes mains, et en même temps, le rationnel ne pouvait que me permettre d'en douter. Après tout, la science ne pouvait pas démontrer de telles choses. C'était impossible. C'était dire que c'était comme ça parce que .. bah justement, parce que c'était comme ça. Rien de rationnel. Rien de compréhensible en fait. Un casse-tête pour les chercheurs et les génies de la science.
Je n'étais pas de ceux-là. Puis, j'étais ouverte à toute nouvelle connaissance. Elles me permettraient de me coucher moins bête ce soir.

Pour Hebi, Darwin n'était donc qu'un charlatant. Enfin, en quelque sorte. Pour elle, il existait deux entités à l'origine du monde. L'une représentait le Bien - et je crois qu'elle était celle qui se cachait pour beaucoup de personnes, sous les traits d'un Dieu - et l'autre, connu de tous - même des plus incultes - représentait le Mal personnifié.

C'est en ces deux entités qu'elle croyait. Comme les religieux croient en leur Dieu, en quelque sorte. Comme on m'avait appris à croire à la science, un peu.

"Je crois en cela. Tant pis si ça ne fait pas de moi un macaque !!"


Elle me faisait rire. Son sourire remplissait mon cœur d'une bonne demie-tonne de joie.
Tout, jusqu'à notre éducation nous différenciait et pourtant nous étions devenues de proches amies. Parfois il ne fallait pas chercher plus loin que le bout de notre nez. Que le bout de notre cœur. Laisser ses envies et ses sentiments parler. Cela pouvait mener au delà de bien des ennuis, mais cela pouvait également apporter son lot de bonnes surprises. Elle, elle avait été ma bonne surprise.

Mon sourire ne déchantait pas.


" Eh. J'ai dit ouistiti ! Ne confonds pas tout ! .. Bêta ! "

Je pointais mon index en l'air et le secouait un peu comme si je la réprimandait. Mais évidemment, il n'en étais rien.

" Mais j'ai quand même une question .. Comment tu peux croire en quelque chose qui n'est pas rationnel ? .. J'ai un peu de mal avec les choses qu'on ne peut pas prouver. "


Mon index avait soudain un intérêt. Je me sentais un peu stupide avec mon idée de rationalité. Il fallait l'être un peu, pour parler d'une telle valeur, quand on vivait dans un monde comme le notre. Qu'est-ce qui était encore commun, ici ?

" .. Enfin. C'est bête. Nous-mêmes, nous sommes un peu des irrationnels, hein ? .. Des cas inexpliqués et inexplicables de la science. "


Mon sourire s'était un peu agrandi. Je venais prendre conscience de l'ampleur de l'imbécilité de mes propos.

" Allez, laisse tomber ce que je viens de dire. Ce n'est pas important. "

Mes doigts rejouaient aux jambes sans corps. Un, deux. Un, deux. Allure de petit soldat.
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MessageSujet: Re: Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ]   Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ] EmptyMer 21 Avr 2010 - 10:51

La vie n'était rien d'autre qu'un enchevêtrement. Tout ce qu'on pouvait y obtenir, Gaïa pouvait nous le reprendre, à chaque instant. Jamais nous n'étions en paix, que nous soyons humains, démons, furets ou léopards. Rien n'était simple, tout était entre les mains de la Nature, tout résidait dans le fait que nous possédions quelque chose de dangereux.
Comme Gaïa avait créé l'homme, Satan avait créé le démon, plus puissant et plus maléfique que l'homme, plus dangereux aussi, dévastateur et conquérant. Je n'étais rien qu'une rivale pour l'espèce humaine. Mais une rivale puissante. Incroyablement puissante. Et dangereuse aussi. Satan avait bien réussi son coup.


Es-tu vraiment fière de cela ?


Non. Pas du tout même. Je ne voulais pas vivre dans la rivalité. Et même si j'étais pratiquement certaine de ce que j'avançais, j'avais du mal à m'y résoudre moi-même. Servir le mal, j'estimais que ce n'était pas vraiment ma destinée. Certains m'auraient dit que je me voilais la face. Tant pis pour moi, tant mieux pour les autres. Je ne cherchais pas à me cerner, je savis qui j'étais. Une âme prisonnière d'une autre, un esprit sain dans un corps cruel, et possédant pour seule compagnie une siamoise complètement envahie, bouffée par cette cruauté que je m'échinais à faire disparaître de moi. Une siamoise que je venais de découvrir, d'ailleurs, qui ne se montrait au grand jour que maintenant. Je la croyais immatérielle, mais elle était tout ce qu'il y avait de plus vivant. Un monstre, qui me parlait sans cesse, me conseillait parfois, mais jamais en bien. Ainsi, j'avais décidé de faire tout le contraire de ce qu'elle me disait. Je n'avais, grâce à cela, pas peur de faire des erreurs. C'était bien sûr sans compter la perfidie d'Aura. Je me devais d'être prudente.

Et les religions ?


Elles étaient signe de stupidité affligeante. Pour celles que j'avais rencontrées en tout cas. Le catholicisme était absolument effrayant de sexisme et de clichés. Pourquoi se compliquaient-ils la vie avec des apôtres, des prêtres et des messagers ? De plus, la seule femme de cette religion, était reléguée au rang de prostituée ! I ln'y avait pas de Féminin à proprement parler. Beaucoup trop d'hommes, pour si peu de femmes. Et leur Dieu était masculin. La perfection disaient-ils. Moi, je n'y croyais pas. Ils vénéraient la mauvaise personne. Croyaient en Satan mais n'en imaginaient pas la portée.
Je me rappelais d'un jour, où, dans un de mes bars, étaient arrivés une bande d'humains habillés comme des clowns, jeans déchirés, têtes de mort et j'en passe. Ils se faisaient appeler Satanistes, ils profanaient des tombes et vouaient un véritable culte au Démon. Ils m'en avaient parlés comme si pour eux c'était parfaitement normal. J'avais été outrée. Ma colère avait manqué de leur dévoiler ma véritable apparence. Comment osaient-ils refuser le droit de vivre que Gaïa leur avait offert ? Ils étaient humains, donc voués à Mère nature, et Satan était leur ennemi, rien d'autre. Ils ne devaient pas adorer leur ennemi, et se vouer à des choses barbares. J'avais essayé de le leur expliquer en contenant mes émotions. Mais ils n'avaient rien voulu entendre. Triste réalité que celle des hommes...


Pendant ce temps...


Sid' jouait avec ses doigts. Elle les faisait avancer le long de la piscine, petites jambes blanches. J'en souris. Je faisais souvent cela en cours. C'était un moyen comme un autre pour se distraire. Je ne voyais pas le problème. Je me demandais si ce que je lui disais l'ennuyait. Mais non, elle gardait comme toujours son doux et aimable sourire. J'avais le sentiment de n'être plus qu'une jeune femme comme les autres avec elle. Une jeune femme que l'eau tiède caressait de sa main chlorée, douce caresse que celle des Elements...



" Eh. J'ai dit ouistiti ! Ne confonds pas tout ! .. Bêta ! "

Elle ne croyait pas si bien dire. Ouistiti, Macaque, ouh, trop de singes. J'étais incapable de faire la distinction, ils étaient tous moches de toute façon. Mais comme tous les animaux ils étaient utiles à notre survie. Beaucoup de gens par exemple disent que si un animal aussi petit et insignifiant que les abeilles disparaissent de la surface de la terre, il nous resterait au bas mot trois ans à vivre. Moi je m'en fichais pas mal, je n'avais pas besoin de manger, de respirer, de boire pour vivre. J'étais l'essence du mal, qui ne dépendait pas vraiment de quelque chose pour rester en vie. Je vivais, et puis voilà. Pourquoi me prendre la tête ? Je dévoraisles humains par instinct. C'était immonde et bestial.


Tant de démagogues, de temples, de synagogues...


" Mais j'ai quand même une question .. Comment tu
peux croire en quelque chose qui n'est pas rationnel ? .. J'ai un peu
de mal avec les choses qu'on ne peut pas prouver. "

C'était étrange de sa part. Elle ne croyait pas en l'irrationnel ? Je ne comprenais pas vraiment le sens de sa question, mais je lui devais des explications apparemment.


".. Enfin. C'est bête. Nous-mêmes, nous sommes un
peu des irrationnels, hein ? .. Des cas inexpliqués et inexplicables de
la science. "

Elle se contredisait. Bafouillait, rougissait. C'était vraiment trop mignon. Je lui aurais bien fait un câlin, mais il fallait que je retourne dans l'eau, et j'étais trop bien ici.
Je fermais les yeux, écoutant seulement le son de la voix de ma belle. Le bruit de l'eau aussi, ce vrombissement qui ne s'arrêtait pas. Un clapotis léger, un chuchottement doux. Un élément que j'affectionnais, l'eau. Mais qui ne m'était pas destiné.


" Allez, laisse tomber ce que je viens de dire. Ce n'est pas important. "
Je réouvris les yeux. Ses doigts, qui s'étaient arrêtés de jouer pour me désigner d'une moquerie aimable, s'étaient remis à marcher en cadence. Elle était mal à l'aise. Elle ne savait pas comment m'expliquer ce qu'elle désirait. Mais je croyais comprendre.

Et je m'efforçais de répondre de la manière la plus concise possible.


"Tu sais Sid', ce que je pense, c'est qu'il n'y a pas de rationnel ou d'irrationnel. Les hommes s'échinent à chercher du rationnel. L'origine de l'univers, la création de l'homme... tu savais que les mathématiques ne sont même pas rationnelles elles-mêmes ?"

Elle leva la tête dans ma direction. Pensait-elle que ce que je disais n'avait pas de sens ?


Pourtant le sens est là.


"Regarde. Il y a toujours des règles en géométrie. Mais on entre dans un cercle vicieux. "Pourquoi cette règle s'applique ? Parce que le triangle est isocèle. Mais pourquoi dit-on qu'il est isocèle ? Parce qu'il répond à cette règle. Mais d'où vient-elle cette règle ? D'une autre règle." Et ainsi de suite et ainsi de suite... mais jamais on ne connaîtra la première règle, car elle n'existe pas. Tout est irrationnel, on ne peut rien démontrer."

J'avais la tête pleine d'informations. Et je voulais qu'elle comprenne. Je voulais qu'elle voie ce que je voyais, qu'elle ressente ce que je ressentais. Je désirais lui faire partager le peu de choses que je savais sur ce monde.

"Ce n'est pas idiot ce que tu dis. Mais moi je ne crois pas au rationnel. Nous en sommes l'exemple le plus flagrant. Regarde, je fais apparaître du feu dans ma main. Mais quelqu'un de sensé s'arracherait les cheveux ! C'est purement impossible à expliquer scientifiquement parlant, tu comprends ? Tout ce qu'il existe, c'est le savoir. Rien d'autre."

J'eus un sourire. Il y avait une dernière chose que je désirais lui dire.


"A propos de savoir... je vais te raconter quelque chose que ma mère m'avait dite. Autrefois dans l'antiquité, les penseurs avaient une idée bien faite du savoir. Pour eux, il n'y avait que le ciel, la terre. Dans le ciel, les âmes. Elles s'abreuvaient de tout le savoir de l'univers, tout l'irrationnel, l'inexplicable. Puis lorsqu'un enfant naissait sur terre, une âme descendait de ce ciel, passant par un fleuve qui lui faisait oublier tout ce savoir. Mais oublier, pas effacer. Et les grecs disaient que pour se remémorer ce savoir, il fallait interroger l'âme présente dans notre corps. Voilà d'où vient la Maïeutique de Socrate. L'art d'accoucher les esprits. On disait que si l'âme avait fait assez de bonnes choses dans sa vie, elle pouvait ensuite rester dans le ciel des connaissances toute l'éternité. Dans le cas contraire, elles devaient se réincarner, encore et encore... je crois en cela. Et j'estime que tout le monde a le droit de se remémorer tout l'irrationnel oublié..."

Mon bras sortit de l'eau. Je le posais sur mon ventre. J'espérais ne pas avoir embêté mon amie avec mes divagations...
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MessageSujet: Re: Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ]   Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ] EmptyJeu 22 Avr 2010 - 19:08

Je jouais avec mes doigts. Encore. J'essayais de me concentrer afin de les faire marcher le plus droit possible. Je voulais pendant un instant que mes doigts fassent de parfaites jambes de petit soldat. Bien droit. Bien carré. Bien comme il faut.
Mais je n'y arrivais pas. Mon index partait toujours un peu de travers, parce qu'il était moins long que mon majeur - normal, en soi. Cette démarche faisait de mon personnage imaginaire un ivrogne qui vagabondait maladroitement dans les détroits et les allées du carrelage de la piscine. Passionnante aventure, me direz-vous. J'avouais que non. Mais - pour tout dire - je ne savais pas bien comment oublier que je sentais mes joues qui me brûlaient.

Je devais paraître bien décontenancée, là. J'avais sans doute les joues rouges de gêne. Parce que j'étais bel et bien gênée.
Cela m'arrivait peu, et pour cause : je m'étais entrainée, durant mon enfance, afin de parer ce genre de situations. J'avais toujours eu tendance à laisser rapidement le rouge me monter aux joues, à être embarassée et j'avais alors entrepris un travail qui avait rapidement porté ses fruits. Il avait apporter son lot de bonnes choses - d'ailleurs, c'était toujours le cas. Depuis que j'avais fait ce travail sur moi-même, j'étais devenue bien plus sociable. J'allais plus vers les gens, et je riais des situations gênantes plutôt que de me focaliser sur les aspects mauvais de la situation. Je m'étais entrainée à ne pas bafouiller, et peu à peu j'avais été complètement décontractée en toute situation.
J'étais alors devenue la Sidney que le monde connaît aujourd'hui. La blonde qui sourit et qui reste souvent calme. Qui cherche à résoudre les problèmes calmement, quand ils se posent. Qui cherche à privilégier la parole en toute circonstance. La fille qui aime rire et qui aime entourée. Celle qui a peur de se retrouver seule parfois. Peur de se rappeler de ce qui l'a marqué.

Il faut dire que par bien des aspects, mon environnement m'avait été d'une aide précieuse. J'étais depuis toute petite plongée dans un univers où j'avais été constamment entourée de gens. De gens que je connaissais, et d'autres que je ne connaissais ni d'Adam, ni d'Eve. Des gens qui me souriaient, qui m'appelaient par mon prénom. Je souriais en retour. Des connaissances à l'un de mes parents, sans doute.
Oui, cet univers m'avait toujours été favorable.
Beaucoup de gens avaient pensé que c'était mal pour notre éducation - à mon frère et à moi - que nos parents nous expose directement et

constamment au monde dans lequel ils vivaient. Mais comment diable auraient-ils pu faire autrement, puisqu'ils baignaient là dedans jour et nuit ?
Un monde de strass et de paillettes n'était pas une bonne chose ? Soit. Mais je me foutais profondément de ce que les gens ont toujours pu penser, parce que j'étais intimement convaincue que sans cette éducation, je n'aurais pas été celle que j'étais aujourd'hui. Aussi, j'avais béni mes parents d'avoir laisser les flashs m'arriver aux yeux avant même que mes yeux de bébés ne puissent dicerner parfaitement leurs contours. Nous n'avions pas été l'une de ces familles prestigieuses qui vivaient dans le luxe et qui ne savait plus par quelle fenêtre jeter tout son amas de fric. Non. Jamais. Nous avons au contraire été une famille pour qui chaque membre passait bien avant le prestige. Car nous avions un peu cette devise, dans ma famille, bien que personne ne l'ai jamais prononcé à vive voix : " Quel intérêt d'avoir tout le bonheur du monde, si nous n'avons personne avec qui le partager ? ".
Préférant ces valeurs là à tous les dollars du monde, mes parents avaient fait de moi celle que j'étais aujourd'hui. Celui que me frère était devenu. Une famille soudée. Tellement soudée qu'ils n'avaient pas crier lorsque je leur avait alors annoncé l'horreur de ma nouvelle nature. Au contraire. Ils avaient alors tout fait pour m'aider.
Je louais à jamais leur bonté, leur gentillesse. Et je devais bien le reconnaître : ici, ils me manquaient un peu.
Mais je savais que si je ne les avait plus eux, tous les jours à mes côtés, j'avais fait de nouvelles rencontres. De nouvelles connaissances. Peu à peu les liens s'étaient renforcés, ou alors la ficelle s'était efilée. Mais j'étais consciente que ce que je gardais était bien plus précieux que ce que je perdais.

Mon amie, à mes côtés à cet instant, c'était un instant de pur bonheur. Elle, elle remplaçait un peu l'oreille attentive que j'avais toujours trouvé dans chacun de mes proches. Elle était un peu comme eux, au fond. Fondamentalement différente, mais j'y retrouvais les mêmes valeurs auxquelles j'étais vouée.

La gêne s'était peu à peu dissipée pour laisser place à cette interlude de pensées défilant dans ma tête.
Malgré ma tentative de laisser tomber la conversation et mes pensées à l'eau, Hebi les avait apparemment rattrapé du bout de ses doigts qui eux aussi, pendaient encore mollement dans l'eau. Comme toute sa main. Comme la moitié de son bras. Passons.


"Tu sais Sid', ce que je pense, c'est qu'il n'y a pas de rationnel ou d'irrationnel. Les hommes s'échinent à chercher du rationnel. L'origine de l'univers, la création de l'homme... tu savais que les mathématiques ne sont même pas rationnelles elles-mêmes ?"

J'avais été un homme autrefois. Au sens d'humain, bien évidemment. Était-ce pour cela que jusqu'à présent j'avais toujours été à la recherche de ce rationnel apparemment inexistant ? J'avais trouvé la théorie de l'évolution parfaitement rationnelle. Peut-être parce qu'on m'avait dit qu'il était ainsi. Parce qu'on ne m'avait jamais offert d'autre théorie, avec laquelle j'aurais pu comparer celle-ci. Et si cela avait été le cas ? Aurais-je eu l'occasion de douter ? Sans doute que non. J'avais été parfaitement formatée. Élève plutôt dans la moyenne en cours, et pourtant souvent intéressée. Peut-être que je n'avais pas le goût pour les devoirs écrits, mais plus pour les beaux mots que j'entendais. Je trouvais quelque chose de touchant dans la beauté du langage, dans l'intérêt avec lequel on pouvait parler d'un sujet. En l'occurrence, Hebi m'avait intriguée avec son histoire de Gaïa.

Plus elle parlait, plus ses mots avaient un sens. Ils résonnaient dans ma tête, et sans que cela ne perturbe pour autant les connaissances que j'avais déjà acquises, je me rendais compte que de son point de vue, elle avait tout à fait raison. Même les choses que l'on pouvait penser les plus rationnels, ne l'étaient peut-être pas vraiment. Après tout, l'humanité elle-même est-elle vraiment rationnelle ? Avait-on un théorème de base qu'on avait appliqué ? Cela restait une question étrange à laquelle on pouvait longuement chercher une réponse.

Elle souriait. Mes doigts avaient alors cessé de marcher.
Je souriais peut-être aussi. Mais vaguement. Un sourire involontaire. En fait, j'étais concentrée. Suspendue à ses lèvres. Parce que j'aimais l'entendre parler, et j'aimais qu'elle fasse rayonner autour d'elle son savoir impressionnant. Elle m'impressionnait. Et je restais là, muette. J'écoutais l'histoire, le pan de sa vie qu'elle voulait bien spontanément me dévoiler.


"A propos de savoir... je vais te raconter quelque chose que ma mère m'avait dite. Autrefois dans l'antiquité, les penseurs avaient une idée bien faite du savoir. Pour eux, il n'y avait que le ciel, la terre. Dans le ciel, les âmes. Elles s'abreuvaient de tout le savoir de l'univers, tout l'irrationnel, l'inexplicable. Puis lorsqu'un enfant naissait sur terre, une âme descendait de ce ciel, passant par un fleuve qui lui faisait oublier tout ce savoir. Mais oublier, pas effacer. Et les grecs disaient que pour se remémorer ce savoir, il fallait interroger l'âme présente dans notre corps. Voilà d'où vient la Maïeutique de Socrate. L'art d'accoucher les esprits. On disait que si l'âme avait fait assez de bonnes choses dans sa vie, elle pouvait ensuite rester dans le ciel des connaissances toute l'éternité. Dans le cas contraire, elles devaient se réincarner, encore et encore... je crois en cela. Et j'estime que tout le monde a le droit de se remémorer tout l'irrationnel oublié..."

J'avais un sourire un peu amer. Même si ce qu'elle disait était vraiment, nous n'avions aucun moyen concret de le savoir. Quoi que, est-ce cela avait de l'importance ?
Tout ce à quoi je pensais, c'était que moi j'étais devenue une immortelle. Je n'allais sans doute pas mourir. Alors je ne pourrais pas aller au ciel. Je ne pourrais pas même être réincarnée pour tous mes péchés. Peut-être dans une vie postérieure - inexistante maintenant - aurais-je pu être et rester une personne normale. Une humaine, ignorant tout du monde dans lequel je vivais actuellement. Peut-être était-je moi-même déjà une réincarnation. Qu'avais-je fait de mal dans le passé ? De quoi me punissait-on aujourd'hui ?
Et puis, le silence. Fallait-il vraiment que je m'interroge à propos de tout cela ? Pourquoi cherchais-je des questions qui n'auraient jamais de réponses ?


Elle avait posé sa main sur son ventre. Ses cheveux dégoulinaient encore, mais elle ne faisait rien pour remédier à cela. Elle paraissait tranquille. Elle, explosive, elle était maintenant d'un repos qui me calmait. Je n'étais pas de nature extrêmement vive, moi. Mais il m'arrivait parfois d'être moins tranquille que d'habitude. Là pourtant, même si je ne l'avais pas voulu, je n'aurais pu qu'être d'un calme apaisant et absolu.

" Nous, on n'en a pas vraiment le droit, à vrai dire. On est des immortelles. Toi comme moi, on est condamnées à cette vie, quelque part. Pas d'échappatoire. Pas de monter vers le ciel et pas de réincarnation dans un autre corps, peut-être moins souillé. Nous somme telles que nous sommes et nous le resterons. Indéfiniment. "

Vision pessimiste, peut-être. Quoique, n'était-ce pas là la réalité des choses ?
Je songeais un instant que mes proches - qui eux étaient humains - allaient continuer de vieillir, dans la normalité des choses. Ils s'éteindront les uns après les autres et moi, pauvre monstre, je resterai là, les bras tendus, attrapant les corps des défunts dans mes bras pâles et glacés. Était-ce cela ma vie à présent ? Y avait-il vraiment un avantage à être immortelle ? J'en trouvais un seul.

Passer cette existence insurpassable avec une autre personne. Une personne comme moi.
Immortalité, quel poison. Tout de même.
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MessageSujet: Re: Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ]   Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ] EmptyVen 23 Avr 2010 - 10:57

La naïveté, c'était une chose tellement belle. Je ne me préoccupais plus de rien. Je vivais l'instant présent. Carpe Diem, quoi, comme aurait dit ma chère mère. Carpe Diem, oui. Il fallait rester objectif ou heureux, choisir l'un des deux. Ne plus se préoccuper du superflu.
Je sentais une légère gêne toucher Sidney, et qui rebondissait sur moi comme si on venait de me gifler. Que se passait-il ? Son regard semblait si vague que j'aurais pu m'y noyer. Elle semblait véritablement plongée dans ses souvenirs. Ses doigts jouaient toujours au boiteux, mais avec moins de conviction. Je sentais aussi l'intérêt dans son regard. Elle réfléchissait à son passé, mais elle m'écoutait parler. J'avais enfin un auditoire attentif. Non pas que je cherchais à me faire mousser, mais c'était la première fois que je pouvais me sentir écoutée, appréciée. Je déballais mes connaissances pour la première fois, aussi. J'en étais heureuse, de le faire partager à mon amie, qui, j'en étais certaine, savait bien plus de choses que moi. Mais dans des domaines différents. Les maths, la géographie, grammaire orthographe... oh oui, elle devait être très douée, je ne manquais pas d'y croire. Et moi, ignorante, je voulais lui montrer le peu de savoir que je possédais. Parce qu’elle était mon amie et que je l’aimais. J’avais envie de tout lui expliquer. Avec toute l’affection que j’avais.



On ne chasse pas ses démons…


Moi, je n’avais qu’elle et Mana. Je n’avais aucune attache. Je ne manquais à personne, mais eux ils me manquaient. Ma mère, Aeden. Mon jumeau, qui s’était tant de fois occupé de moi. Lui qui n’aimais pas l’amour et les sentiments, montrait envers moi la plus profonde affection. Parce qu’il savait que j’étais plus faible que les autres, même s’il ne voulait pas y croire. Il me protégeait, m’aimait. Il ne voulait pas voir que je n’étais pas comme eux, que j’étais une mutante. Aussi il tomba de haut lorsque je me suis mise à crier haut et fort que je ne voulais plus être un démon. J’avais espéré la clémence de Gaïa, j’avais espéré qu’elle me convertisse en ange. Mais j’étais tellement naïve ! La mère nourricière s’en fichait pas mal de nous. Elle ne prêtait pas attention à des êtres de Satan, elle n’avait pas que cela à faire. Lorsque je me retrouvais seule, après que mon frère m’eut violemment craché au visage et chassé de notre domicile, je commençais à perdre tout espoir. Je devins convaincue que Gaïa ne m’aiderait pas. Et elle ne m’aida pas. Du moins pas comme cela. Pas de la manière dont je m’attentais.

Depuis toujours j’aimais profondément la taïga russe. J’aimais vaquer à mes occupations, étudier la faune et la flore sous tous ses angles. J’avais appris des choses incroyables à propos de la vie dans la forêt. J’avais appris à marcher silencieusement sans me faire voir des animaux. Je pouvais les regarder vivre, cachée derrière un rocher, à les regarder, et les regarder. J’avais appris à chasser certaines espèces et pas d’autres. A en apprécier certaines par leurs mœurs et à en mépriser d’autres. Tout cela, grâce à une étude précise de la vie en forêt. Ainsi donc, je pouvais passer des journées entière dans la taïga, à observer seulement un couple d’oiseaux… j’étais devenue experte de la traque silencieuse. Et j’en étais incroyablement fière.
Mais tout expert fait des erreurs… et un jour, j’en fis une.


Il faisait sombre ce soir-là. Aeden et Kyôkan étaient rentrés à la maison. Ils m’avaient laissée vaquer à mes occupations habituelles, comme toujours. J’avais ma liberté avec eux. Ils me faisaient confiance. Et moi, j’aimais cette liberté. Ce soir là donc, j’étais partie à farfouiller dans les fourrés à la recherche de petits écureuils à observer passivement. Mon plaisir était de les surprendre en pleine toilette, sans me faire voir. Discrète comme un membre à part entière de la forêt. Mais j’avais écarté le mauvais buisson. Au lieu de trouver un adorable petit rongeur, je m’étais retrouvée face à une panthère des neiges, nettoyant son petit. Un craquement de branches indiqua ma présence. Je voyais la mère. Elle était famélique, semblait éprouvée par les duretés de la forêt. Elle avait dû perdre deux ou trois petits, dans sa portée. Et celui-ci, elle le gardait jalousement près d’elle, quitte à mourir pour le protéger. Je m’étais immiscée dans cette intimité entre mère et petit. Avait-elle cru que je cherchais à lui voler son bébé. Cela, je ne le saurais jamais. Tout ce que je sus, ce fut que j’avais éveillé en elle une profonde rage. Elle s’était jetée sur moi, la bave aux lèvres.

J’avais eu peur. J’avais eu peur de ne plus jamais revoir ma famille. Peur de mourir. Une peur stupide pour quelqu’un de mon espèce. Mais cette peur l’avait emportée sur ma raison, comme lors de mon combat avec Fushi. Et sans même me rendre compte de ce que je faisais, j’avais tué sans pitié aucune le pauvre animal qui ne demandait rien d’autre qu’à protéger son bébé. Si je m’étais enfuie, si j’avais eu la jugeote de partir, l’animal ne m’aurait pas poursuivi. Elle voulait juste me faire peur. Mais malheureusement elle avait trop bien réussi. Et je l’avais tuée sans ménagement. Devant le petit.
Jamais plus ce bébé n’aurait de mère. Jamais plus elle n’aurait de protection et d’affection. Il avait été condamné, à cause de moi, à mourir sous les crocs d’un ours ou je-ne-sais quoi. Pauvre animal. Jamais plus il ne verrait la lumière du soleil, il ne pourrait plus faire la toilette de son bébé avec toute la tendresse d’une mère. Cette mère qui ne choierait jamais plus son petit comme de convenance. J’avais volé la vie d’un être important dans le bon
fonctionnement de la nature. J’en avais condamné un autre dans un même temps. Je n’étais qu’une imbécile.


Alors j’avais pris le bébé dans mes bras. Il gémissait de terreur. Elle, plutôt. Une adorable petite femelle, aux yeux bleus comme le ciel un jour de beau temps. Un trésor de beauté. Je l’avais aimé dès que je l’avais prise dans mes bras. Je lui avais murmuré des paroles réconfortantes, en m’éloignant peu à peu du cadavre de la mère. Je l’avais ramené auprès de ma mère, qui l’avait acceptée avec réticence, après que je lui ais raconté l’incident. Je m’étais occupée d’elle, elle avait grandi et forci sous ma protection. Aussitôt après l’incident j’avais décidé de l’appeler Mana. Pour la couleur de ses yeux. Par un tour de passe-passe, je lui avais appris à parler, à connaître. Les rôles s’étaient vite échangés. Elle était devenue une mère,
une gouvernante, pour moi. Une panthère d’une sagesse incroyable. Un animal majestueux et puissant. Et elle était là, près de moi, allongée à mes pieds. Aimante comme à son habitude. Elle ne connaissait pas la rancune, juste le pardon. Et lorsque j’avais quitté ma famille, elle m’avait incroyablement aidée. Elle était cette aide que j’avais espéré de Gaïa. Mais je ne l’avais pas vu immédiatement, voilà tout. Mais l’ange, c’était elle. Et en arrivant à l’institut Fantastic High School, j’avais rencontré un deuxième ange condamné. Un alter-ego. Une perle parmi les cailloux…


Redonne à ta vie ses couleurs...

" Nous, on n'en a pas vraiment le droit, à vrai dire. On est des immortelles. Toi comme moi, on est condamnées à cette vie, quelque part. Pas d'échappatoire. Pas de monter vers le ciel et pas de réincarnation dans un autre corps, peut-être moins souillé. Nous somme telles que nous sommes et nous le resterons. Indéfiniment. "

Erreur. Grossière erreur, belle blonde. Tu as une vision trop étriquée de ton avenir. Tu es condamnée, mais il faut voir ton immortalité comme une incroyable chance. Comme une bénédiction plutôt qu'une malédiction. Tu devrais savoir que tu vas voir toutes les décadences et âges d'or, tu vas rencontrer des penseurs du futur, tu vas avoir l'occasion d'aimer puis de jeter, de hair et de tuer, sans avoir peur des conséquences. C'est génial d'être immortel. Ce qui te posera problème, ce n'est pas l'immortalité. Mais ce dont tu vas faire de cette immortalité...

Un sourire, un regard, et tout change.


"Je ne suis pas d'accord. Tout peut changer. Tout peut évoluer, tu sais. Nous ne remonterons jamais dans ce ciel de savoir. Mais... et alors ? Nous avons tout le futur pour tout réapprendre. Pour tout voir évoluer. Nous tirerons des conséquences dece que nous ferons et de ce que les mortels feront.
Nous choisirons notre voie. Le bien ou le mal. La sagesse ou la bestialité. L'éternité nous permettra de faire nos choix."

J'étais une visionnaire. Je le savais. J'étais une optimiste aussi. Je voulais voir que tout se passerait bien dans le meilleur des mondes. Je vivais depuis peut être déjà cinq cent ans. Et j'avais évolué au fil du temps. Mana, immortelle aussi, m'avait suivie. Elle m'avait appris la sagesse et les
connaissances. Elle m'avait appris à observer, à aimer mon entourage. J'étais devenue contemplative. Belle. Et à moitié sage, à moitié écervelée. Tout cela grâce au temps, et à ce que j'en avais fait.

"On ne s'ennuiera jamais. On étudiera le passé, le présent, le futur. On aura l'éternité pour faire tout ce qu'on veut. On a pas de frontières, pas de barrières ! C'est génial d'être immortel. C'est changer. Sid', dans cent ans tu auras perdu tes parents, ta famille. Ils seront morts, et ta seule attache sera les Immortels. Ou bien tu peux choisir d'être solitaire. Et de chercher la connaissance, d'acquérir le savoir absolu. Qui ne le cherche pas ?"

Mes yeux brillaient. Si seulement elle pouvait voir à quel point je désirais ce futur ! J'étais un livre ouvert.


Un livre pour enfant ?


J'avais levé les bras en l'air, sans faire attention. Je regardais le plafond comme s'il était étoilé.


"On apprendra tout, absolument tout, dans tous les domaines. Il y a tellement à voir, tellement à faire ! La terre est vaste et changeante. Nous ne sommes pas prisonnières. Mais incroyablement libres. Et c'est tellement bien d'être libre..."

Je fermais mes yeux, une dernière fois. Puis je jetais mon dévolu dans les yeux de Sidney. Et dans mon regard, une profonde volonté, un courage apparent. De l'ambition...
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Sidney Hughes
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MessageSujet: Re: Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ]   Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ] EmptySam 24 Avr 2010 - 11:53

Une vie pour tout apprendre. Pour apprendre tout sur tout. Pour tout comprendre et tout expérimenter. C'était donc à cela que servait l'immortalité ?

Étudier. Étudier sans relâche. Le passé, le présent, le futur. Tout ce qui se pouvait d'être étudier. Scientifique. Abstrait. Littérature. Arts. Comportements. N'importe quoi.
N'importe quel objet, n'importe quel savoir avait son importance, lorsque l'on devenait quelqu'un qui jamais ne pourrait mourir. Mais était-ce réellement cela qui m'intéressait ? Est-ce que j'avais envie d'être un puit de savoirs ? Une montagne de connaissances ? Est-ce que j'avais envie de connaître et d'apprendre tout ce que les mortels ne pouvaient concevoir apprendre en une vie ?


Le temps était un salaud.
Ou alors c'est nous qui étions tous des abrutis. Non. J'étais la seule abrutie, au bout du compte.
Lorsque j'avais été une mortelle, j'avais souhaité comme tant d'autres humains avoir plus de temps. Ne pas m'inquiéter, parce que je vivrais longtemps. Très longtemps. Plus longtemps que les autres. J'avais toujours espéré trouver un élixir ou une connerie dans le genre qui me permettrait de vivre éternellement. Je voulais être une immortelle. Mais je n'avais pas songé au lot de défauts que cela comportait.

Maintenant que j'étais devenue une immortelle - l'élixir avait été remplacé par du poison instillé dans mes veines, une chaude nuit d'été - je voulais redevenir celle que j'avais été avant. Depuis le jour où j'avais compris que plus rien de serait comme avant, j'avais regretté de ne pas avoir assez profité de mon existence, avant.
J'avais regretté, et pendant plusieurs mois, j'avais été un fantôme, rôdant autour d'un passé qui était bel et bien déchu. J'avais pensé qu'en me laissant mourir de faim, j'aurais pu atténuer ma nature. J'avais pensé qu'en m'isolant j'aurais pu éviter à des catastrophes d'arriver. J'avais penser qu'en me retenant, j'aurais pu contenir l'instinct bestial qui avait germé en moi. Mais il n'y avait rien à faire. Et je m'étais alors résigner. J'avais maintenant, collée moi telle une gangrène, cette image horrible de monstre. Qui plus est, immortel.

Parfois je m'étais demandé ce que j'avais fait pour que le destin fasse de moi ce que je suis maintenant. Mais la réponse, je ne l'avais jamais trouvé. Je m'étais dis alors que c'était une farce de destin. L'avenir qui me testait. Avenir .. Cher ami, maintenant lié à moi pour l'éternité.

"On ne s'ennuiera jamais. On étudiera le passé, le présent, le futur. On aura l'éternité pour faire tout ce qu'on veut. On a pas de frontières, pas de barrières ! C'est génial d'être immortel. C'est changer. Sid', dans cent ans tu auras perdu tes parents, ta famille. Ils seront morts, et ta seule attache sera les Immortels. Ou bien tu peux choisir d'être solitaire. Et de chercher la connaissance, d'acquérir le savoir absolu. Qui ne le cherche pas ?"

Dans cent ans. Était-ce là une éternité ? J'avais peur de ne pas voir le temps passer. Pire, j'avais peur qu'en étant figée dans ma 17e année, je ne vois plus les autres autour de moi, qui eux, vieillissaient à vue d'œil.
Je ne voulais pas de cette immortalité, car elle était encore un pas de plus - un énorme pas - qui me séparait de ma famille. C'était peut-être idiot, mais les valeurs familiales, j'y accordais une importance toute particulière. Cela relevait de la façon dont j'avais été éduquée.
Et puis, l'immortalité voulait bien dire ce qu'elle voulait dire. J'étais une mutante. Je ne pourrais jamais avoir d'enfants. Je ne voulais pas donner naissance à des monstres. Je ne pouvais le concevoir. D'ailleurs, je doutais que ce soit possible. Je n'aurais pas de famille. Plus de famille. Jamais plus de liens avec des personnes dont l'âge ne serait pas figé dans le temps. Jamais de personnes qui ne seraient pas comme moi. Je ne pourrais faire que jouer avec leurs sentiments et leur dire de belles phrases auxquelles je ne songerais pas.
Pour l'instant, c'était ainsi que je le concevais. Et je voyais bien, dans cette description, que ce n'était pas moi, tout ça.


Hebi avait les yeux qui brillaient, elle était ravie et impatiente de voir ce que nous réservait le futur .. Et pourtant, même si son entrain me réjouissait, je ne pouvais me résoudre à faire preuve, moi aussi, de cette joie. J'imaginais qu'elle aurait voulu la partager, mais il était trop tôt pour moi .. Même si elle m'expliquait avec application et un lot d'arguments tout ce que l'immortalité pouvait nous permettre de réaliser, j'étais encore trop attachée aux valeurs humaine pour adhérer pleinement à cette vision des choses.

"On apprendra tout, absolument tout, dans tous les domaines. Il y a tellement à voir, tellement à faire ! La terre est vaste et changeante. Nous ne sommes pas prisonnières. Mais incroyablement libres. Et c'est tellement bien d'être libre..."

Bras en l'air. Pantin tourné vers l'avenir. Un démon avec des étoiles dans les yeux. De l'espoir à revendre. L'espoir d'un avenir plus doux. Meilleur.

Pouvais-je seulement y croire ? Peut-être était-je pessimiste - ceci dit, ce n'était pas dans ma nature - mais je ne pouvais envisager le futur, pour l'instant. On m'avait toujours appris à vivre au jour le jour, et comme une humaine, je m'étais cloîtrée dans cette idée étrange et frustrante que chaque jour pouvait être le dernier.
Maintenant je jouissais de la disparition de ce poids sur ma conscience, et pourtant j'avais l'impression que celle-ci pesait dix fois plus lourd.
Que se passait-il ? Pourquoi me comportais-je de la sorte ?
J'étais joyeuse, enjouée pour rien à l'habituel, et là j'étais plongé dans un sujet qui me laissait franchement perplexe. Serions-nous vraiment libres ?


Je regardais Hebi.
Le crois-tu vraiment ? J'aurais aimé lui posé la question. Mais la réponse était claire et évidente. Bien-sûr qu'elle y croyait. Elle en était même absolument convaincue.
Moi je n'avais réussi qu'à répondre cette petite phrase. Petite phrase pauvre et sombre.


" Que vaut la liberté, quand on sait qu'on va la laisser passer dans la solitude ? .. "

L'eau me semblait de nouveau froide, tout à coup. Mais je n'en disais rien. Je frissonnais en silence. Je pensais, et je répondais.
J'exposais un peu plus mon point de vue. Mes yeux étaient - eux - fixés dans le vide. Cependant, Hebi tourna le regard vers moi, et je ne pus m'empêcher de la regarder alors dans les yeux. Parce que je ne pouvais pas fuir son regard. Elle était mon amie. Et puis .. c'était comme ça.


Je me demandais ce qu'elle pouvait lire dans mes yeux.
Dans les siens je lisais cette forme d'enthousiasme, d'espoir, mais aussi ce courage que je n'avais jamais eu. Moi, j'étais loyale pas courageuse. Cela ne faisait pas partie de mes qualités.


Et en la regardant dans les yeux, j'ai continué à penser. A parler, aussi.


" .. Ce que je veux dire c'est que .. Évidemment, se jouer du temps, c'est génial .. Mais peut-on vraiment en profiter ? .. Ça ne te fais pas mal au cœur de savoir que jamais tu ne pourras t'attacher à quelqu'un d'autre qu'à un immortel ? .. Tu sais, je suis immortelle, mais ma famille ne l'est pas avec moi. Ça me fait mal de savoir que je vais rester figée dans le temps éternellement, alors qu'eux, ils vont s'éteindre les uns après les autres. Je ne veux pas perdre ce lien là. Mais je suis condamnée à le perdre .. "

Mon cœur battait un peu vite. Il faisait un peu mal .. Je prenais les choses trop à cœur. Encore un défaut. Tant de naïveté.

" .. Ils mourront tous les uns après les autres, et je ne pourrais rien faire, si ce n'est pleurer tout le temps de mon immortelle vie sur leurs corps. L'immortalité n'est pas toujours un cadeau, Hebi. "

Je baissais enfin les yeux ..

" .. Peut-être qu'un jour je pourrais voir les choses comme toi tu les vois .. Pour l'instant, je n'arrive qu'à être une pauvre idiote pessimiste. "

Frisson.
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Comment plonger dans ses souvenirs .. [ Pv Hebi ]

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