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 Caïn et Caël

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AnonymousInvité
MessageSujet: Caïn et Caël   Caïn et Caël EmptyVen 10 Sep 2010 - 16:54

"Caïn. Un mot, quatre petites lettres. Alors même que je vieillis, alors même que cela fait des années que je ne l'ai pas vu, il me fait toujours de l'effet. Un seul mot et tous les remparts, toute la force que j'ai crée, que j'ai construit à la sueur de mon front s'effondre, se brisant comme une illusion en papier-mâché...
C'est mon frère et à la fois ma plus grande hantise, ma plus grosse déception. J'ai échoué. Et Dieu sait la peur que j'éprouve d'échouer à nouveau comme je l'ai fait il y a des années. Le traitre, je n'ai jamais pu le tuer. Et pourtant, pourtant il aurait dû mourir. Car il le voulait, de ma main. Mais je n'en avais pas la force et je ne l'ai toujours pas d'ailleurs. Mentalement, j'ai beau pouvoir faire mourir tant d'ennemis, les réduire en bouillie, lui, je n'y arriverais pas. Son souvenir me hante, me détruit, me dévore. Je suis devenu un solitaire, mais je n'erre pas.
Je sais où est ma place, je sais exactement ce que je veux faire. Je ne suis pas faible, je ne le suis plus. J'ai de la détermination, j'ai mon autorité, j'ai mes hommes à mener et mon peuple à guider. Et pourtant... pourtant je suis seul, plongé dans une solitude que je m'impose. Serais-je capable de vaincre ces démons qui m'envahissent de l'intérieur, cette tristesse personnifiée en quatre petite lettres qui me fait tant cauchemarder ?
Il est dit que tout homme a un secret. Et moi, qui me fais vieux, moi qui ai déjà livré des batailles pour mon Royaume, espérant en livrer encore pour nos enfants, j'en ai un qui est devenu mon démon. Peut-être que ne pas avoir tué mon frère a été la plus grosse erreur de ma vie, ou au contraire ce qui pouvait m'arriver de mieux. Il est mon dernier rempart et en même temps la seule chose qui me détruit.
Je ne sais même plus où il est, s'il est encore vivant, qu'es-ce qu'il fait. Lui, qui avait toujours été si doué, si fort, qu'est-il devenu ? Il se cache, encore, quelque part. J'ai l'impression que c'est de la lâcheté, comme je l'ai crû la dernière fois que je l'ai vu, après sa trahison, lorsque j'avais l'opportunité de le tuer.
Ou bien es-ce moi ? Es-ce moi qui suis lâche, incapable de partir à sa recherche, aller de force le ramener devant la justice ou le tuer de mes propres mains s'il le faut? Alors peut-être que je suis un lâche. Peut-être que je ne mérite pas d'avoir le poste que j'occupe aujourd'hui. Mais c'est mon secret. Alors autant sa lâcheté que la mienne n'est connue que de nous deux.
C'est notre ultime secret.
Au mot - à ces quatre lettres - et à moi...
"
[...]
Il avait septante-neuf ans. Il est mort le jour de son huitantième anniversaire, le jour après avoir écrit ces quelques mots. Une ultime déclaration d'amour, de haine, de fraternité envers celui qu'il a le plus aimé au monde, son frère. Celui qui l'abandonna, lui et leur royaume qu'ils partageaient. Leur histoire n'aurait jamais dû se terminer ainsi, le plus jeune des frères n'aurait jamais dû accéder au trône. Leur histoire pourrait se résumer en quelques mots: amour, fraternité, fierté, trahison, chagrin. Mais même ces mots ne sont pas assez puissants pour raconter ce que deux enfants comme eux ont vécu. Deux frères, maudits peut-être, condamnés très certainement. Ceci est l'histoire de Caïn et Caël, les deux fils bâtards du Roi...
[...]
Nous étions nés. C'était un fait que personne ne pouvait nier, même pas le Roi qui était celui qui nous avait conçus. Nous, nous étions frères, cousins même, bâtards. Car le Roi à toujours préféré faire des enfants avec d'autres que sa Reine. Ainsi, nos mères n'étaient même pas princesses. Nos mères, des sœurs. Ainsi ma tante est la mère de mon frère. Vous parlez d'une famille. Vous parlez d'un Roi! Je ne l'ai jamais vu comme ceux du peuple, ceux qui nous voyaient moi et Caël comme une "erreur de parcours". Bah voyons, il ne lui suffisait pas de briser sa femme, il lui fallait aussi briser ma mère, et la sienne. Mais malgré tout, je suis heureux. Car il existe.

Caël. La seule chose qui nous lie sont nos yeux, d'un bleu glacial comme celui de notre père. Je crois que sans lui, j'aurais détesté ces jeux depuis bien longtemps. Car je n'ai pas eu de chance, je n'ai pas eût la chance de ressembler autant à ma mère que lui. Je ressemble au Roi, avec mes cheveux ébènes, ma taille imposante, mes épaules larges. Je ressemble à celui que je ne veux et ne peut considérer comme un père. Mais Caël, lui, ressemble à sa mère. C'est pour ça que je l'aime tant. Lui, aux cheveux d'or, à l'allure si chétive. C'est mon frère, mon unique...

Étais-ce la destinée qui voulait que nos mères, des jumelles, nous fassent naître exactement le même jour à deux années d'intervalles? Étais-ce un pur hasard qu'à mes deux ans j'aie un petit frère? Je n'en sais rien, mais ce que je sais aujourd'hui, c'est que sans lui je ne serais pas ce que je suis devenu aujourd'hui. Ce beau jour de mes seize ans...

Beau jour, je ne le sais pas, alors qu'il marche à côté de moi, me souriant et me souhaitant encore et encore joyeux anniversaire. Comme tous autour de nous. Je ne comprends pas pourquoi Caël ne dit rien. Pourquoi ne réagit-il pas? C'est son anniversaire aussi, après tout. Il a 14 ans. Mon merveilleux petit frère à 14 ans. Et il ne pense qu'à me souhaiter bonne anniversaire, me parlant alors que nous marchons dans le jardin royal, me demandant quels cadeaux je veux. Mais je devrais lui demander ça. Je suis le grand-frère. Je l'arrête, le poussant en-dehors du chemin, dans les fleurs. Qu'importe si le jardinier vienne hurler. C'est l'anniversaire des princes.
- Tais-toi un peu Caël.
Je vois à son air contrit qu'il n'est pas content. Il va salir ses beaux habits le pauvre chou. Un sourire, un regard. Je le sers doucement dans mes bras, comme un merveilleux joyaux qu'il est. A son oreille, ma voix, douce, presque sourde, juste assez pour que le petit entende:
- C'est ton anniversaire aussi. Qu'es-ce que toi tu veux Caël?
- CAÏN! Tu as 16 ans! C'est important 16 ans!

Je lui donne un sourire triste. Il n'a jamais comprit.

Je sais qu'autant que je l'aime il m'aime aussi. Nous somme inséparables, depuis sa naissance. Mais, moi qui croyais qu'il serait le centre d'attention de tous, lui qui par sa fragilité DEVRAIT être le centre d'attention de tous, ne l'est pas. Tout le monde, toujours, ne fait attention qu'à moi. Mais c'est lui le plus important, même s'il ne deviendra jamais Roi, même si en tant qu'unique héritier du trône et aîné, ce serait moi le Roi. Tout le monde devrait lui souhaiter bon anniversaire à lui aussi.
- Caël, ce n'est pas parce que nous sommes nés le même jour que tu dois à chaque fois insister pour célébrer mon anniversaire uniquement.
Car cela me donnerait simplement encore plus envie de célébrer le tien. Tu t'effaces tant pour moi, à moins que ce soient les autres qui t'effacent? Je ne les comprends pas, toi qui es un tel rayon de soleil, comment se fait-il que personne ne le remarque? Tu irradie de par ta bonté, alors que tout autre morveux aurait crié qu'il voulait fêter son anniversaire, tu te contentes de fêter le mien avec un sourire. Mais un sourire si triste...

Le pire c'est que tu le sais. Tu le sais et cela te rend triste. Alors je ne peux que te prendre dans mes bras, et te chatouiller jusqu'à ce que tu me supplies d'arrêter. Parce que je suis ton grand-frère et que je veux te faire sourire. Parce que tu es celui qui compte le plus à mes yeux. Parce que notre père n'est qu'un bon à rien, parce que c'est toi qui me rends un peu moins détestable, qui me fais moins ressembler à lui. Tu ferais un si bon Roi... Si seulement, je n'existais pas... Ou si seulement, nous nous étions rencontrés ailleurs, sans être princes, sans être bâtards. Parce que comme ça, j'aurais pu profiter de ton irradiante beauté jusqu'à la fin.

Mais je ne pourrais pas.

Car avant notre naissance déjà, il était prévu que le corbeau détruise le tournesol ou que le soleil brûle les ailes du corbeau. C'est écrit, quelque part. Et je ne veux surtout pas, surtout pas déraciner le tournesol. Parce quand il se tourne vers moi, je n'ai plus l'impression d'être un terrible corbeau, un monstre. J'ai l'impression d'être ton soleil. Ton unique soleil...

[à suivre]
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