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| La cage aux oiseaux ~ Syndel. | |
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Invité | Sujet: La cage aux oiseaux ~ Syndel. Mer 24 Juin 2009 - 21:33 | |
| Il était là, assis au sommet de la tour. Mike regardait le sol, si loin de lui, et pourtant si proche. Il n'avait pas vraiment les notions de distances, en cet état second, mais parvenait à voir l'immense distance qui le séparait d'une mort pour le moins magnifique. C'était ici que Keith avait sauté, c'était en bas, qu'il rendait son âme à Légion. Quelle triste fin tout de même, Mike ne pouvait s'empêcher d'y repenser. Cela faisait déjà un moment que l'école avait fait son deuil. La vie reprenait son cours normal. Mais le deuil était une chose inexistante dans la vie de Mike. Il gardait tout, toutes les morts qu'il avait engendré, les visages des personnes à qui il avait ôter la vie... Il n'oubliait rien, il entendait toujours leurs voix. Leurs plaintes, les mots qui l'avaient marqué. Et si lui les rejoignait, s'il abandonnait son fardeau? Non, Mike cessa de suite d'y penser. C'était son châtiment. Il était trop fier pour ne pas l'accepter. Une simple chute ne le tuerait même pas.
Mike se contentait du silence, comme à son habitude, mais cette fois en extérieur. Par une nuit en présence d'un lune pudique, cachée derrière les nuages. Le ciel ne laissait paraître que très peu d'étoile, étant nuageux. Mais autres choses étaient au rendez-vous et remplaçait ainsi les loupiotes. Les corbeaux. Ca ne gênait nullement Mike, il avait l'habitude de la présence de ces oiseaux. Il avait déjà habiter un manoir, et son animal de compagnie lorsqu'il était enfant en était justement un. Mais à présent, Mike n'en avait que faire. En ce moment rien ne lui paraissait vraiment important. Il était blasé et lassé de tout. Il songeait à mille et une chose à la fois. Son esprit n'était qu'une suite de brouillons froissé par le temps. Il ne savait pas vraiment comment il allait faire, mais il allait continuer de vivre. Qu'allait-il faire de sa vie? Mike avait déjà vu le monde, peut être pas assez. Pourquoi pas chaque états, chaque territoire? A quoi bon... En fait, Mike se disait que faire de sa vie des projets n'allait pas arranger la chose. Vivre au jour le jour lui semblait tout aussi irréaliste, mais il avait plus de chance de croiser l'inconnu. De pimenter sa vie. D'ailleurs depuis qu'il était ici, Mike avait eu le droit à pas mal d'action, alors, ravalant son amertume et son envie de quitter l'école, il décida de rester. Il n'y a qu'ici qu'il pourrait avoir une vraie vie.
Ah! Un autre problème qu'il n'avait pas encore résolu... Celui de Megan. Il ne la voyait plus ces temps ci, aurait-elle quitter l'école? Ca l'arrangerait bien en fait, un meurte de moins sur sa liste. Et un poid moins lourd sur le dos. Il lui restait tout de même Kaywa... En fait il ne savait pas vraiment quoi lui dire, de peur d'en dire trop sur lui. Mike commençait à s'adoucir sans s'en rendre compte. Et ce au contact des autres. De vous à moi, c'était ce que son défunt ami, Sven, voulait obtenir de lui en le mettant au défi de venir ici. Enfin un défi... Plutôt une promesse. Et ça bien sûr, Mike n'en n'avait aucunement conscience. Mais les choses n'était pas aussi rose. Mike avait recemment retrouver son besoin permanent de sang. Seul Sven l'aidait à surmonter ça, et personne d'autre n'en avait les moyens. Aussi Mike craignait-il pour son poste. Si jamais les choses se gâtaient et que le dirlo en prenait conscience, il serait très certainement viré, voir mis en prison.
Mais Mike oubliait un instant tout ces problèmes et se contentait de regarder à présent au loin en s'allumant une cigarette. La forêt. La ville était trop loin, et le village plongé à cette heure ci dans le noir. Mike se perdait un peu plus dans les ténèbres éternelles, la fumée un peu plus dans l'encre de la nuit. Son élément, la nuit. Qu'il y faisait bon. La nuit était son royaume. Foyers des damnés, des amoureux, des prédateurs. Se permettrait-il d'aller chasser ce soir, ou aurait-il trop peur de se tromper de gibier...? |
| | | Nombre de messages : 350 Age : 32 Localisation : Ailleurs. Loisirs : Survivre. Humeur : Si ça t'intrigue. Date d'inscription : 01/04/2009 Syndel Vungh | Sujet: Re: La cage aux oiseaux ~ Syndel. Jeu 25 Juin 2009 - 15:00 | |
| Appel nocturne. Instinct mobile. Tendance suicidaire. Autant de facteurs à cette sortie sous le ciel noir. Des cieux rares, car sans lune. Astre divin, à la symbolique divergeante. Jamais totalement decryptée, partiellement reproduite. Merveille préservée. L'une des rares à posséder encore cette faculté. Absence de Lune, mais aussi d'étoiles. Les quelques lumières que l'on distinguait prenaient la fuite aussitôt repérées. Timidité naturelle, ou encore nuit caractérisée. Tant d'hypothèses, mais une vérité. Tout le reste n'était que surplus. Abolition d'allusions. Simplement, une nostalgie unique chez un être des plus mystique. La démone avait senti l'appel de la nuit. Fille dévouée, Native des ténèbres, elle se devait de répondre à chacun de ses signaux de faiblesses. La Nuit, Mère bienfaitrice qui pourtant ne gagnait aucune estime dans le coeur de charbon de la belle. Si elle agissait, ce n'était que dans le but de parfaire l'un de ses désirs. Pas celui d'une entité à peine plus vivante qu'un paralysé du niveau zéro. Désir illicite, besoin indispensable, personne ne le savait. Pas même elle. Et pourtant, elle en avait envie. Sortir. Dévoiler son visage aux traits purs au reste du monde. À ceux qui le méritait. À la Nuit.
Syndel était tout d'abord allongée sur son lit, profitant des quelques minutes de calme qui lui étaient accordé et récupérant de l'après-midi ensoleillée qui l'avait conduit à se réfugier dans les lieux les plus frais. À présent, la chaleur s'était estompée jusqu'au lendemain, et elle était bien décidé à profiter de sa nuit reposante. N'ayant pas la faculté de dormir, il était inutile de rester allongé à attendre le sommeil. Le Marchand de Sable ne connaissait pas son adresse. Trop de mauvaises ondes y régnaient. Néanmoins, ces âmes n'étaient pas toutes mauvaises. Que voulez-vous. Les Natifs de la Nuit s'étaient forgés une réputation à toutes épreuves. Dissimulant leur nature sous terre. Vivant dans la crainte constante d'être démasqué. Mais plus de quoi s'en faire, être Natif de la Nuit équivalait à se faire une place au sein d'une société bien plus accessible. Maudite. Et heureuse de l'être. Syndel n'avait connu que ces lieux. Le Bas-Monde, régenté par un prince particulièrement orgeuilleux, ayant renié toutes sortes de défauts. Il se pensait parfait. Il était parfait. Tout comme elle. Et cette nuit. Car l'absence partielle des lumières célèstes gardait les secrets de chacun, la fille de Méphisto se dévoila sous un angle différent. En temps de reine de son monde, bien que ce titre ne lui soit pas accordée. Vêtue d'une simple robe noire à moitié déchirée, elle grimpait la tour jusqu'à l'extérieur. Paysage attirant, voile ôté pour plus d'entraint. Priant pour être seule. Comme d'habitude. L'air du dehors en était témoin, Syndel n'avait aucune intention, quelle soit bonne ou mauvaise, en tête. Tout ce qu'elle désirait, c'était du calme. Profiter de ces instants loués par l'on ne sait quelle entité fictive. Et qu'est-ce qu'on s'en foutait.
Preuve de son existance, la Mère avait envoyé à sa rencontre des oiseaux. Des corbeaux. Ses oiseaux favoris. Syn n'y prêta pas grande attention, si ce n'est lorsqu'ils se posaient juste devant elle. Les renvoyant tournoyer dans les cieux d'un simple geste de la main, la belle continuait sa marche silencieuse, bénéficiant de la legère brise qui venait frôler son visage angélique. C'était parfait. L'ambiance, le cadre... Tout concordait avec son image. Comme si le monde s'était mis à tourner autour de sa personne. Nouvel astre émissaire. Un rôle, qui ne lui aurait certes pas déplu. Mais qui n'était pour le moment qu'une illusion semi exellente. Car comme à chaque fois que Syn pensait avoir mis la main sur la soirée qu'elle attendait, celle-ci retrouvait quelque chose à dire. Et à cet instant, ce n'était que cette désagréable odeur de cigarette. Simplement. Précèdente fumeuse, c'était le sang qui l'avait sauvé du tabac. Combattre la nature par la nature. Tout en douceur... Décidée à faire fuir le gêneur, la diablesse se dirigea d'un pas leger vers le sommet.
Tiens. Voilà l'enfant qui jouait avec le feu. Sauf que cet enfant était plus vieux qu'elle. La trentaine à peine passée, le regard vide, la clope au bec. Syndel, postée à quelques mètres derrière lui, l'observait de dos, la fumée nauséabonde parvenant jusqu'à son nez à un point qui arrivait à l'écoeurer. Approchant discrètement de sa cible, elle prit en compte sa carrure, ainsi que sa race. Un vampire. L'un de ces maudits buveurs de sang. Putain. Qu'aurait-elle donné pour qu'il ne soit pas comme les autres? Mais ça, la princesse obscure ne l'apprendrait qu'après lui avoir parler. Et afin d'y parvenir, il fallait virer cette atrocité de sa vue. Les mots, moyen de défence rustique, et parfois efficace. Enfin, à partir d'un certain âge, ils n'avaient plus aucuns effets. Néanmoins, il lui fallait arrêter ça. Tout de suite. Rien de plus direct de le contact. L'héritière des Enfers s'assit à ses côtés, comme s'ils se connaissaient depuis le début. À l'exeption que lui ne s'était pas même rendu compte de sa présence.
-Vous... Vous n'avez pas un autre péché mignon que la clope? Parce que là, ça me rend malade... Je n'sais pas moi... Le sang?
Innocence? Fatalité? Caractéristique que l'on ne pouvait lui cacher. Reculer pour mieux frapper. La fille des Enfers adorait ça. |
| | | Invité | Sujet: Re: La cage aux oiseaux ~ Syndel. Ven 17 Juil 2009 - 17:36 | |
| Il n'avait rien demander à personne, notre pauvre diable cherchait désespérement à retrouver sa solitude d'antan, à redevenir celui qu'il était alors que son ami était encore à ses côtés. Il n'était plus qu'un légume se laissant berner par les esprits malain du pensionnat, créait des liens sans s'en rendre compte. Il voulait retrouver sa solitude, s'enfermer dans un tombeau, y rester pour l'éternité, que jamais personne ne sache qu'il existe vraiment. Qu'il se soigne peut être de son mal de sang. Parce qu'en restant bêtement avec ces individus, Mike ne faisait que prendre des risques, alors pourquoi continuer... Le souvenir de cette nuit où il avait rencontrer Iromy en était l'exemple parfait. Qu'est ce qui lui avait prit de faire ça? De lui prommettre? De la prendre sous son aile? Il n'y arriverait peut être pas. Et pourtant il était désormais obligé de vivre pour elle. Il n'avait pas assez réfléchis à la question, avait agit trop vite, et en payait le prix. Mais peut être fallait il voir là non pas une erreur, mais une chance de reprendre sa vie en main. Iromy était maintenant la seule raison qui le poussait à rester. Tout comme Sven l'était jadis. Mike y voyait là une façon de faire ressurgir son passé.
Lorsque une jeune fille s'assied à ses côtés, c'était ce qu'il avait penser avant qu'elle ne lui pArle. Il préférait l'ignorer, même si sa présence l'exaspérait quelque peu. Même si ce lieu était à tout le monde, Mike trouvait abbérant que la jeune fille y vienne en pleine nuit, au moment ou Mike recherche ses pensées éparses, et qu'elle lui demande en plus d'éteindre sa cigarette. Iromy aussi lui avait demander, à la différence que c'était lui même qui l'avait dérangé, et non pas l'inverse. Mais par respect, notre vampire pris la peine de jeter sa cigarette dans le vide obscur en ajoutant alors d'une voix blasée:
- Si le sang n'était qu'un péché mignon, on aurait rien à se reprocher... Moi c'est plutôt le sang qui me rend malade.
Il lacha ces derniers mot en une légère quinte de toux. Il avait peut être parler un peu trop vite et avait avaler la dernière bouffé d'air malsain de travers. Mike ne se souciait guère des danggers du tabac, sachant que ces dangers ne l'affecterait pas. Le Diable se fichait désormais complétement de sa "santé", si on peut dire. Il était immortel. C'était sa principale escuse, remarque. Iromy avait tout à fait raison sur ce point, sans en avoir conscience, Mike n'était pas seuleument puni, mais il se punissait lui même. Peut être un bon point pour sa conscience, si ce n'était que ça... Mais ce soir, Mike préférait ne pas repenser à tout ça. Cette nuit ne serait qu'une nuit des plus ordinaires, c'est ce qu'il espérait.
- C'est ton péché mignon, ça, le sang?
Mike ne la regardait pas et pourtant il voyait comment elle était. Comment? Peut être l'avait-il déjà vu quelque part, entendu sa voix. Pour son âge, du moins d'apparence, elle était vraiment pas mal. Mais elle n'avait pas l'air commode pour autant. Attention, Mike se contentait simplement de constater la chose, rien de plus. Cette fille ne l'affectait pas plus que ça, même si elle n'avait pas l'air aussi simple. Pourquoi était-elle venue lui parler, d'ailleurs? Cela cachait-il quelque chose, ou venait-elle chercher simplement de la compagnie? Parano vous dites? Toujours. Mike craignait désormais toutes créatures qui pouvaient lui nuire. Alors forcément, il restait méfiant, sur ses gardes. Il n'était désormais que "Vampire". Vulnérable. Ses mains jointes, Mike sentait qu'il n'aurait pas du céder et ne pas jeter sa cigarette. Les simples gestes tels que fumer suffisait à l'occuper, et à penser à autre chose. Il ne pensait plus à grand chose pour le coup. Mais si l'ennui le gagnait trop vite, il s'en rallumerait une, assurément. |
| | | Nombre de messages : 350 Age : 32 Localisation : Ailleurs. Loisirs : Survivre. Humeur : Si ça t'intrigue. Date d'inscription : 01/04/2009 Syndel Vungh | Sujet: Re: La cage aux oiseaux ~ Syndel. Sam 12 Sep 2009 - 20:47 | |
| Le paradis.
C'est un lieu, une situation. Il peut-être matériel, immateriel, fictif ou bien réel. En fait, cela dépend de chacun d'entre nous. Chaque être possède sa propre vision du paradis. Chaque s'amuse à créer le paradis. À l'imaginer. Ne serait-ce qu'un instant. Perdre quelques minutes de son temps, de sa misérable existance, pour se concentrer sur un rêve. Se dire : "C'est ça, l'paradis?", et se rendre compte qu'en fait, ce n'est que la vérité qui nous joue des tours, sous le pseudonyme de "Réalité". Nouveau mal, lueur d'espoir qui se révèle n'être qu'un mirage. Un de plus. Rien de plus. Comme d'habitude. Les avis sur ce que les êtres dôtés de raison appellent le paradis diffèrent. Ils ont tous une idée de l'Eden différent. Certains le voyent comme un lieu célèste, et l'imaginent avec des créatures mythiques nommés "Anges". D'autres, toujours dans la vision du lieu, l'inventent comme une place leur offrant ce qui correspond à leurs goûts. Ce qu'ils veulent. Ce qu'ils réclament en silence. Ce qu'ils désirent de tout leur être. Par exemple, les amoureux des animaux verront leur paradis fleurirent de ce qu'ils chérissent le plus. Encore, d'autres l'aperçoivent sous forme d'instant clé. On peut dire instinctivement "C'est le paradis, ici!", lorsque l'on aime la détente et lorsqu'il se trouve qu'aujourd'hui est un jour de repos. Le paradis a plusieurs faces. Et elles sont toutes bien différentes. Les Natifs du Jour pensent vivre au paradis. Leur monde parfait et régenté par Mère, le voilà leur paradis. Un monde illusoire, où vice et péché sont les maîtres. De ce même point de vue, les Natifs du Jour sont aussi vicieux et pervers. Le paradis s'adapte à son propriétaire, et ce dernier à tous les droits. Il crée ce monde, le modifie à volonté. Si quelque chose, si insignifiante soit-elle, ne lui plaît pas, il suffit de ne plus le vouloir. Le paradis, c'est un dessin. Un dessin inachevé,
que se dispute deux grands êtres. Mère, par son envie d'un monde merveilleux, et Lui, si stoïque et tellement terre à terre. Elle vit dans une bulle de féerie et de merveilles en tous genres, mais Il sait ce qui est bon pour les Autres, et cherche par tous les moyens à leur faire aquérir. Un dessin qui n'a de cesse d'être gommé, ces deux gosses se l'arachant des mains violament à chaque instant. Les deux voulaient créer leur monde. Cependant, ne parvenant pas à un commun accord, ils se séparèrent et décidèrent de commencer chacun de leur côté un dessin. Celui de Mère n'était pas très abstrait. Il y avait de grandes contrées verdoyantes, une forêt dense de conifères et trônant ce domaine, un château imposant muni d'une haute tour. Le territoire était entouré de barbelés électriques, et des enfants formaient une ronde en serrant leurs petites mains tremblotantes. Le Bellâtre ne montra pas son oeuvre, et aujourd'hui encore, personne ne sait à quoi il ressemble. Le paradis, c'est l'esquisse inachevés de deux enfants en quête d'un monde à leur image. Le paradis, c'est une dimension parralèlle qui souffre d'une geurre sans merci. Le paradis, c'est l'idée farfelue de lier, combiner deux univers bien trop différents l'un de l'autre. Le paradis, c'est un projet. Le prototype en construction d'une nouvelle pelletée de terre.
Si les Semblables avaient une idée précise du paradis, les Autres n'avaient aucun code. Peut-être le fait d'avoir gardé sa pensée à l'abris des regards les avait libéré. Eux seuls pouvaient s'inventer leur jardin d'Eden, à présent. Et avec tant d'idées naissantes, de choix et de possibilités, il n'était pas rare d'avoir affaire avec des univers complètement démesurés, totalement ridicule. Et sinon quoi? Respectez le paradis des Autres, non? Laissez-les dans leur sanctuaire, un instant, un moment, une fraction de seconde. Vous avez besoin de calme, eux aussi. Et si vous possèdez l'Eglise, eux se recueillent ici. Il y en a des remplit d'immeubles. Sur les arbres de certains poussent des sandwichs, ou encore des bidons d'essence. Les maisons des Autres se situent dans des endroit insolites, tel que dans un sous-terrain ou dans l'espace. Libre court. Imagination fertile. Rare moment de répit qui leur était accordé, pause qui restait leur. Ainsi, dans ces mondes parralèlles à celui-là, la vie y suivait son chemin sans trop d'inquiètude à son sujet. Une planète en partie détruite, qui voulait recueillir autant d'êtres. Mère est décidement bien malchanceuse. Quelques minutes avant de s'asseoir, Syndel observait son environnement. Cette tour de pierre qu'elle s'efforcait de gravir, ce ciel sans lune ni étoiles. Le genre de nuit que l'on appellait "nuit noire". C'était plus simple. Black-out. Bien plus au goût de la démone. Mieux comme ça. Le black-out, ou l'absence totale de toutes formes de lumière. Qu'elle soit naturelle ou synthétique. Un paradis pour toutes créatures au coeur aussi noir que le sien. Pas de lune, pas d'étoiles. Des nuages lourds et sombres, ainsi qu'un voile fin de brouillard. Ce dernier se dissipa vite. Ce ne fût pas le cas des cumulonimbus. C'est terrifiant de pouvoir modifier son lieu de prédilection d'un simple coup de gomme. Syndel le découvrait. À présent, elle était assise auprès d'un homme d'une trentaine d'années, asocial au possible. C'est ça, l'paradis? Plus un bruit. Simplement un ballet de croassements fièrs et lointains. Plus rien. Seulement la toxicité de la fumée de clope qui demeurait dans l'espace. Syndel voulait l'effacer, elle et son génerateur. Sans succès. À croire que, aussi fantastique soit-il, le dessin avait ses codes, et la gomme ses limites. Ainsi, effacer les habitants d'une terre inconnue était impensable, et le stylo ne s'enlevait pas avec la friction de la gomme. Dommage. La reine de coeur avait pensé son paradis parfait. À son image. Une tour haute, très haute. Un ciel démuni de toutes lumières parasites. Un vide profond, conduisant tout droits aux crevasses abyssales de ce monde en proie à la plus cruelle des souffrances. Et des corbeaux.
Des animaux fascinants. Terriblement symboliques. Néanmoins horriblement interèssants. Les corbeaux figuraient parmis ses animaux fvoris. Ils étaient très bien placés, et encadrés par les requins et les araignées. En fait, tous les animaux étranges ou malfamés trouvaient en son sein l'idolation qu'ils méritaient. Les corbeaux étaient, selon les Natifs du Jour, les messagers de la Mort. Un danger potentiel. Mal connus, ils leur faisaient peur. Chaque battements de leurs ailes annoçait la crainte d'un chatiment divin. Les Semblables étaient terrorisés face à l'inconnu. Pas de chance, les oiseaux sont victime d'une rumeur indélébile. De plus, leur couleur est sujet à l'hypocrisie des Natifs du Jour. Noir, ou la couleur maudite, que l'on appellait couleur que pour l'accueillir contre son gré dans une catégorie. Noir, la couleur des ténèbres. Les corbeaux sont les oiseaux des Natifs de la Nuit. Ils sont... différents. Ils agissent différament. Ils trient leurs relations. Et ils mangent les autres. Les oiseaux de mort sont des charognards. Ils se nourrissent de la chair des machabées. Question de survie. Ils n'ont pas de respect envers les cadavres, tel qu'ils soient. Leurs semblables, ils n'en ont pas. Les Autres, ils n'y a que ça à la carte. Ces sinistres animaux dévorent la viande. Par ce geste, les Natifs du Jour y trouvent le dégoût le plus prononcé. Pourtant, ils ne comprennent pas qu'ils sont identiques aux oiseaux. Reflet hideux qui les pousse à ne plus se regarder. S'ignorer. Faire disparaître ce que l'on haïe. Malheureusement, ils sont dessinés au stylo, et la gomme ne peut gommer le stylo. Il suffit de s'accepter comme ils sont. Cependant, se voir comparé à ces êtres misérables les rend malade. Manger ce qui vient de l'Autre. N'est-ce pas ce qu'ils font? N'ont-ils donc rien à se reprocher? La complainte de la faim. La chair de l'Autre est si nourrissante. Ne pas pouvoir resister. Ne plus pouvoir lutter. Le corps est si tendre. Débacle diabolique, attraction vicieuse. Ils n'ont rien à craindre. Le corps est mort. Alors ils succombent. L'odeur les enivre depuis bien trop longtemps. Leurs crocs d'ivoire pénètrent la viande. Ils voulaient lutter contre sa force. En vain. La chair, le muscle, l'os. Délice. Ce met est sans doute l'un des meilleurs qui soient. Quelques instants plus tard, il n'en reste plus grand chose. Ils avaient faim, on dirait. Contraint d'arrêter, ils lâchent le ridicule morceau de peau ou de nerfs qu'ils machouillent goulûment. Ils sont fiers d'eux. Personne n'est venu les déranger, et ils n'ont pas fait de restes. Ils s'allongent autour de la dépouille de celui qu'ils viennent de vider, à même le sol. Ils sont repu, et prêt à s'endormir. Quand une atroce vision leur trouble la vue. Ils se sont enfin regardé. Ils savent à quoi ils ressemblent. À des monstres? Non. Ils se sont juste rendu compte de leurs liens directs avec leur peur. Un rare point commun entre les Natifs du Jour, les Natifs de la Nuit, et si l'on peut dire les animaux familiers. Et regardez. Une fois avalée, la viande n'est plus si tabou. Maintenant, ils sont des charognards. Félicitations, ils ont brisé la seconde chaîne qui les reliait à Mère. En contrepartie, la viande deviendra leur drogue. Les machabées constitueront leur assiette. Et ils trouveront la force de se regarder, chaque jour, à la fin de leur repas. Ils se demanderont comment ils ont pu faire ce qu'ils ont fait. Devenir aussi ignoble que leurs idéaux maléfiques. Néanmoins, leurs peines s'en iront vite. Ils se diront que ce n'était pas si grave. Le cannibalisme ne sera qu'un mot, plus une action tabou. Certes, sa définition dans le dictionnaire n'en sera pas moins changé, et elle restera toujours péjorative. Mais qu'est-ce qu'ils s'en foutront. Ce sera la première fois qu'ils feront quelque chose par amour.
Eux s'étaient retrouvé dans leur bouche, sur leur langue. D'autres se cherchent avec une aiguille plantée dans le bras. Certains ressentent l'osmose avec leur propre reflet, ou bien veulent se prouver qu'ils sont invincibles en cherchant le danger partout où leurs pas les mène. Lui s'était forgé autour du nuage de fumée. C'était la dépendance. Autant d'amour porté à ces manies, ces actions, ces sentiments. Chacun avait ces petites attentions, aussi idiotes soient-elles. Pour l'homme d'à-côté, c'était sa cigarette. Elle lui avait demandé s'il en avait une autre, il lui avait répondu en jetant le tabac dans les méandres du sol. Il lui rendit la question. Elle n'y répondit pas, observant cusieusement la petite lueur s'éffondrer dans le noir. Tranquillement, elle s'approcha du bord, laissant ses jambes nues pendre dans le vide. Aucun regard ne se croisa. Lui n'avait pas l'air de s'interrèsser à elle, elle ne cherchait pas à le connaître plus. Pourtant, une remarque lui échappa. Quelques mots, qui peut-être n'aurait pas dû sortir.
-Je n'ai pas dis de la jeter.
Un soupir, puis la belle extirpa non sans quelques difficultés une cigarette froissée d'une poche de son débardeur. Et sans qu'elle ne sache pourquoi, elle la lui tendit. Plaisir fraternel, pitié contagieuse. Quoi qu'il en soit, elle ne détourna pas le regard, toujours jeté vers le bas. Et arrivé par la plus grande des suprises, un oiseau jaillit des nuages. Il resta quelques instants en l'air, avant de venir les rejoindre. Trio étrange, mais assez charismatique. Le vampire fumeur, rêveur, la démone sensuelle, vicieuse, et l'oiseau, malsain, symbolique. Ce dernier la regarda comme s'il était avec elle depuis toujours. Animal assez naïf pour croire en l'amour, ou tout simplement dépendant de la jolie Dame. Le mâle, quant à lui, dépendait de la fleur qu'il avait renié quelques instants, et qui lui faisait à nouveau de l'oeil. Syndel s'était trouvé dans cette atmosphère réjouissante. Un paradis bien à elle. Un paysage lugubre, froid, tenu à distance par une aura malsaine. Une tour de pierre, glacée, endormie, et un ciel démuni de lumière. Un balcon haut, avec une vue imprenable sur les ruines restées à terre. Un nuage grouillant, malfaisant. Et des oiseaux.
-J'ai pas de feu, navrée. Je suis une plaie, je sais.
Un art sans complexes ni limites. Toujours indépendant, jamais délimité. Ouvert à toutes les folies. Ouvert à toutes atrocités.
[Sens le Respires le Crois le Et tu marcheras sur l'air Vas y essais Vas y vole Si haut Et tu marcheras sur l'air Tu le sens A moins que tu ne le tus Vas y Et tu seras pardonné Je sais cela Je peut sentir cela Je me sent comme si Je marchais sur l'air]
[Désolée du retard u_u] |
| | | Invité | Sujet: Re: La cage aux oiseaux ~ Syndel. Ven 2 Juil 2010 - 17:30 | |
| Au loin, les jardins suspendus. Comme une envie de s’abandonner au vide. Il la voit partout. La mort. Son paradis c’est la mort. Il l’attend, c’est long, l’éternité. Une plaie. Il y avait pire plaie que sa compagnie nocturne. La plaie c’était de vivre dans sa peau, dans son corps, qu’elle vive dans sa tête, et qu’elle bouillonne dans son sang. Il n’a pourtant jamais été homme à femme. Il aimait Kaywa par facilité. Autrement dit, sans artifices, il ne l’aimait pas. 2 femmes dans sa vie, une autre régnait dans sa tête, ou était le simple résultat d’effet secondaire. Hallucinations. Elle impose son corps et ses mots, et provoque l’illusion du réel. La confusion. Ouvre un œil, observe, prend garde. Comment être sûr de la véracité des choses qui t’entourent. Maintenant il n’y a plus de fossé entre le rêve et le réel. Ils ne sont qu’un. Lâcher prise. S’écraser au sol, n’être plus que mare de sang et décomposition d’un corps. Mourir, sourir à la mort. L’inviter à danser. A l’aimer et la chérir. Hallucination. Ses yeux bleus qui avaient eu raison de son désir, son corps blanc, sa peau pure. Elle n’a pas de défaut. Elle n’est d’aucune matière, encore moins de chair. Sa peau doit être faite de rêve. Elle passe un pacte avec le paradis, et en fait admirer la magnificence. Auprès d’elle on en profite. Le néant quand elle part, et la rosée du matin quand elle est avec lui. Chaines libératrices. Raison d’exister. C’est une souffrance vicérale.
. . .
- J'ai pas de feu, navrée. Je suis une plaie, je sais.
Comme un réveil, malheureux retour à la réalité. Perdu. Il est vivant, sa chair n’est pas en lambeaux, son sang n’est pas déversé sur le bitume. Les retrouvailles n’ont pas eut lieux. C’est comme après une cuite, l’ivresse des pilules ou celle de la chair. Le réveil de l’enfant. Il essaye de reconstruire la situation. Rien. Cette fille, la cigarette, les corbeaux, l’altitude. Informations médiocres. Elle est belle. Raison de sa présence ? Aucune idée. Rien ne s’est passé, ou si, mais à une vitesse folle. Mots de têtes étranges, ce sont les mots de la fille qui résonnent dans sa tête. Chacun y sont doubles. Et soudain, comme une gifle. Sans résonnance. Son visage est net, les sons le sont aussi. Il la voit pour la première fois. Inquiet. Parce que : belle, légèrement vêtue, et lui à moitié stone. Créature donc, à éviter. Analyse suivante : cigarette dans sa main. Incertains il l’allume et sors une autre cigarette. Proposition, incongrue, puisqu’en total décalage avec ce qui s’était dit précédemment. Pour lui il n’y a pas de précédemment.
- Cigarette ?
Stop. Non. Il la range. Elle ne fume pas. Les lambeaux se recomposent. Syndel Vungh. C’est comme ça qu’elle s’appelle. Elle connaît Iromy. Rapport direct avec sa présence ?
- Que veux tu savoir… ?
Question ignorante et confuse. Il se fie au hasard des mots, en espérant dissimuler sa petite transe de tout à l’heure. Comprendre et reprendre le contrôle de la situation. A la recherche de lucidité. Sa priorité. Memories consume Like opening the wounds I'm packing me apart again You all assume I'm safe here in my room Unless I try to start again
So I'm breaking the habit tonight |
| | | Nombre de messages : 350 Age : 32 Localisation : Ailleurs. Loisirs : Survivre. Humeur : Si ça t'intrigue. Date d'inscription : 01/04/2009 Syndel Vungh | Sujet: Re: La cage aux oiseaux ~ Syndel. Mar 13 Juil 2010 - 12:27 | |
| Une durée indéterminée. Il fut un temps où le temps n'avait plus d'importance. La notion du temps passait en son temps de l'importance capitale à la futilité la plus totale. Le temps, en son sens premier, tentait sa percée dans le temps comme force majeure. Malheureusement, le temps ne s'arrêta pas à cette débouchée, et ne se contentant que du maximum, il s'essouflait de temps en temps. Arriva un temps dans lequel le temps se complaisait bruyamment. Les douze coups retentaient par tous les temps. Joyeux, le temps décida de s'y installer pour la nuit des temps. Toutefois, un certain temps plus tard, le temps se trouva démuni face à une puissance venu d'un autre temps. Le temps, au temps de son apogée, s'écria que nul être en son temps ne possédait pareille supériorité. Détroné, le temps manqua son temps d'or. Une armée de taons avait foncé dans le temps. Le temps n'était plus ce qu'il avait été. Il s'essoufla tant qu'il devint incompétent. On ne le voyait plus autant. Peut-être que, par désespoir, le temps avait fini dans l'étang. Non, il n'était pas un débutant, même si c'était tentant. Le temps passait son temps reclu. Attendant son nouvel espoir déroutant. Pendant ce temps, le temps, dans l'intégralité de son temps, était devenu un mot tant utilisé que dérivé en plusieurs temps. Le temps avait évolué, et sans l'entendre, avait réussi son pari révoltant. Le temps était devenu autant une légende qu'un moyen de passer le temps. Conte pas très important. Quelle perte de temps.
- Cigarette ?
Il était temps. Lui proposer aurait du être plutôt aisé. Finalement, son timbre de voix avait été si rauque qu'on aurait dit qu'il allait vomir des épines parallèlement. Agréable. Son visage respirait l'inquiètude. Non pas celle du face à face. Celle du dépaysement, de l'inhabituel. Visiblement, il ne l'avait jamais vu. C'était mieux comme cela. Déclina automatiquement sa demande. L'inconnu effraie. À nouveau, son air mélancolique s'affaisse. Il sait que son attitude lui jouera des tours par la suite. Il s'en contre fout. Il est perdu quelque part, on ne sait trop où. Deux paires d'yeux sont braqués sur sa silhouette vagabonde. L'une d'elle, billes noires de jais sans expression aucune, l'autre, iris tachetés de cendres, effet délavé. Complémentaires. Le duo occulaire était plongé dans la contemplation. Il était beau. Lui. Charmant. Son ombre suintait le charisme dont il était affublé. Du même principe partait l'idôlation. La folie de l'amour. L'apprivoisement. C'était un combattant. Il avait survécu à tout ce qui lui avait été destiné. Buveur d'hémoglobine, sa vie ne s'était pas résumée à se bourrer la gueule avec un calice de diamant orné de rubis rempli d'un nectar aussi âcre qu'indispensable. Il avait vécu. Et c'était déjà bien assez honorable comme ça. L'effet du temps sur le corps et l'esprit. Invisible mais bel et bien parmi ses organes. Il était maintenant professeur. Qu'avait-il été, de par le passé. Peut-être roi. Paysan. Détéctive privé, fugitif, ou qu'en sait-on. Selon sa longévité, ses goûts. Il avait eu le choix. Avait accepté de continuer. N'avait pas la force d'affronter la déchéance. Partiser du côté de Chronos. Ne pas s'éteindre, pas tout de suite. Sa taille jurait avec le décor. Il était démesurément grand, face aux deux autres. Le plus petit, aussi le plus jeune, s'amusait à sautiller sur ses pattes avant de grimper sur les genoux du seul individu femelle présent. Cette dernière n'avait de cesse de contempler Chronos. Son nom, il devait certainement en posséder un. Néanmoins, la belle n'osait le lui chaparder. Surtout que ce n'était pas foncièrement nécéssaire. Sa carure le plaçait facilement dans les géants. Et puis, son air déboussolé prouvait qu'il n'était pas tout à fait parmi eux. Voyageur. Perdu dans l'espace. Dans ce ciel. Entre les ailes du peuple. Sur la Lune. Mais quelque part. Un endroit haut, très haut. Parce qu'il aime ne pas avoir les pieds sur terre. Il ne les a pas. Il n'a pas de pieds. Il n'a que des ailes. Il s'en contente parfaitement. Il sait qu'il n'aura rien d'autre. Des ailes et sa nature. Démerde-toi avec. Quoi? T'es perdu? Mais mon brave, fallait pas signer tel pacte si tu savais pertinemment que tu ne tiendrais pas tes engagements! Voyons, maintenant tu viens pleurer sur l'épaule de Sainte Inconnue qui passait justement par là. Quoi, elle est venue te parler. T'avais qu'à ne pas lui répondre. T'es poli? Ben, faut apprendre à l'être que quand c'est vraiment nécéssaire. Et après, c'est le monde qui prend pour toi. Suffisait juste de mesurer les conséquences de tes actes. Tu aurais évité cette situation. C'est gênant, n'est-ce pas? Ca fait quoi, de se sentir oppressé au point de quémender l'aide de l'anonyme? Ca fait quoi de se savoir tellement mal que l'on est obligé de se rendre à l'évidence? On ne peut pas tout avoir, t'y as cru. Et tu t'en mords les doigts, maintenant. Tu veux régler le problème? Si c'est un projet qui te tient autant à coeur. Il est temps que cela cesse. Venons-en aux faits les plus importants.
- Que veux tu savoir... ?
Remonte le temps. Un sourire éclaire son visage radieux sous les rayons de l'astre nictalope. Il sait ce qu'elle cherche. Ce qu'elle veut. Et il ne tarderait pas à connaître ses motivations aussi sournoises qu'intrépides. L'intrus sur les genoux se manifeste. Il trouve le temps long, c'est compréhensible. Son minois traverse les galaxies pour venir se plonger dans ses yeux. Il tord son coup sur le côté. Mire la plus belle des créatures vivantes. Celle ci pose sa main sur son crâne fragile, lentement, caresse le duvet que forment ses plumes. Ne pas se faire oublier plus longtemps.
- Oui, que veux tu savoir, petite chose?
Tuer le temps. L'oiseau étend ses articulations au possible, déploie son timbre rocailleux au travers d'un seul et unique bruitage. Il la fait rire. Il est drôle. Son regard dévie de l'animal, pour attérir dans les méandres nuageuses. Complexe volatile. En suivant leur mouvement sans un geste, elle soupire. Belphe n'est pas au mieux de sa forme. C'est un sujet qu'elle n'aime pas aborder. Il le faut. Ce n'est pas tout les jours que l'on rencontre le principal concerné. Mike Fallow, selon le dossier. Professeur de musique. Seul maillon de la chaîne à être rouillé. L'immortel. Mike Fallow. Inconnu au bataillon. Avide de sang par exellence. Amoureux. Trop. Indécis. Imprudent. Déteneur d'un contrôle merveilleux. Âme endolori, corps parfaitement en état de marche. Machine opérationnelle. Sa force réside en son expérience. Il a voyagé. Il est devenu, d'incompétant, indispensable. D'un stade à l'autre. Il cherchait une solution qui résoudrait toutes ses angoisses. Enfin, il avait decellé la suprêmatie. S'en était accomodé. Il était devenu omniprésent. Connu de tous. Et ce pays, où toute la population l'adulait, lui plaisait énormément. Il décida d'y régner, à jamais. Cependant, un spectre plus puissant que le sien se trouva face à lui. Il se rendit à l'évidence. Il s'exila. Partit loin de ce royaume voué à la fin. Il ne passait plus. Et le temps s'arrêta.
Son crâne se retrouva prisonnier des griffes de la fille satanique. Il croissa horriblement faux. Son bec se fit prendre au piège par une main fine et robuste. Il battait des ailes. S'était trop longtemps attardé sur son trône. Peur. Il s'était fait attaqué, devait partir. Quitter le pays. Affolement. S'enfuir. Ses deux globes pleuraient. Accepter la défaite. Loin, loin d'ici. Dégage! Libère le! Ne le fais pas tant souffrir! Quoi?! Tu l'enivres? Il fallait juste se laisser bercer, imbécile! Elle est immonde? Tu l'es de plus! Toi, qui fuit la faux! Toi, qui n'a de cesse de vouloir, sans jamais rien donner à personne! Toi, l'esprit, l'ectoplasme mesquin, odieux, qui tente désespérément de jour le rôle de la victime! Tu crois sans doute que tu souffres? Oh, tu souffres? Crois, si tu le souhaites, mais confirme en ton être la certitude de ces dires. Sois en sûr, si tu y parviens. Tu trouveras le temps long. Trauma. Losqu'elle le lançe par-dessus bord, il disparait. Tombe dans les crevasses abyssales du monde souterrain. De ce qu'il y a entre le sol et les cumulus. Un temps. Surgit de son puit, virevoltant. Il ne s'approchera plus. Il se fera omettre. Il deviendra substitut du temps. Il ressemblera à Mike Fallow. Durera jusqu'au plus lointain des temps. Ses jambes pédalent dans le vide. Intersidéral. Espace temps. Ses lèvres sont étirées au maximum. Elle est heureuse. Regarde en direction des plumes. Cachent partiellement la régénératrice. Ils font du bruit. Tant qu'il en est encore temps.
- Iromy Nagaïa.
Un nom capable de l'arrêter. D'arrêter le temps.
- C'est ce que je veux savoir. Tu la connais aussi bien que moi. Mieux, sans doute.
Chaque chose en son temps. Le battement régulier de ses membres inférieurs se stoppe progressivement. À l'aide de ses bras, se soulève, et retrouve la plateforme volante. Le vent l'entoure d'une spirale poétique. Fait virvolter ses tissus, ses fils d'or. Tournée en direction du néant. Au bord. Legèrement penchée vers l'avant, admirer la chute. Un pas la conduirait tout droit sous terre. Un risque à prendre. Un temps.
- Je sais que tu le sais. Pas besoin de me mentir, tu ne ferais qu'aggraver ton cas. Et crois moi, lorsqu'il s'agit de sujets de la sorte, je suis intransigeante.
Volte face brutale. S'avance en sa direction d'un pas décidé, bien qu'il ne soit pas si loin. Par l'unique force de ses bras, lui agrippe les épaules sauvagement. Animal. Colle son front contre le sien. Le regarde. Ne plus s'enfuir. Regarder la véritée en face. Que le temps passe vite.
- Dis moi ce que tu penses d'Iromy Nagaïa. Ce que tu ressens à son égard. Si l'autre peut la remplacer. Ne pose aucune question. Réponds.
Plus le temps. S'éloigne à peine. Penche la tête sur le côté. Derrière elle, la nuée de rapaces. Pas moyen de se substituer. Sourit discrètement. Le temps l'a rattrapé.
Tu cherchais à gagner du temps. Tu n'as fais que refermer sur toi les grilles de ta prison. Notre délire est commun. Sois en certain. Nous ne sommes que des animaux. Des animaux à sa merci. Mais tu vois, le temps est bénin. Alors n'ai de crainte, mon bel. Ne fuis pas devant ton allégorie.
[ Nous sommes personne, Nous voulons devenir quelqu'un. Nous sommes morts. Nous savons juste qui nous sommes. ]
[Désolée.] |
| | | Invité | Sujet: Re: La cage aux oiseaux ~ Syndel. Dim 1 Aoû 2010 - 23:27 | |
| Ces yeux. Encore. Sa peau, son souffle. Encore. Sa fragrance, sa souffrance. Encore. Tout ça c'est irréel.
Un peu comme un ange gardien. Ou un remord qui revenait hanter ses vestiges. Elle est fascinante, impressionnante. Elle impose le respect et le secret. Elle intimide, sa voix glace son sang. Déjà gelé, imaginez quand elle lui murmure ses fautes et son devoir. Emotion étrange depuis quelque temps, sentiment paranoïaque. Maladive. Un insecte répugnant en sa psyché. Mais elle est toujours aussi belle. Il en est amoureux. Amoureux d’un regret.
I want stay in love with my sorrow.
Elle était sa moitié, et quand elle est partit, Mike Fallow avait perdu une partie de lui-même. Il la retrouvait à l’occasion. Visite nocturne, conseils déraisonnables. Délicate et brutale. Elle voulait qu’il s’assassine. Pour qu’ils se retrouvent enfin. Il avait toujours souhaité sa mort, mais n’avait même pas le cran d’appuyer sur la détente et de percer son cœur. Il avait trop longtemps goûté à l’immortalité que c’était trop tard. Incompréhension. Pourtant il l’aimait comme personne d’autre n’aurait pu l’aimer.
- Saute.
Présence perturbante. Dans ces cas là il feignait de ne pas la voir. Il priait. Il ne savait qui, mais pour qu’elle s’en aille. Enfin. Vite.
[I know your still there Watching me, Wanting me, I can feel you pull me down. Fearing you, Loving you, I won't let you pull me down.]
Elle était magnifique, un cadavre d’une beauté déconcertante. Elle n’avait pas d’odeur, mais son parfum revenait enivré ces narines, comme pour accompagné son image. Elle était pianiste. Ils s’étaient rencontrés à l’occasion d’un concert. Elle avait déjà foulé les blanches et les noires bien avant lui. Epoustouflé, pour la première fois de sa vie. Par sa voix, ses mains magiciennes, ses paupières closes, la musique qui se dégageait de tout son être. L’essence même de ses cheveux avait quelque chose d’inhumain. Il ne savait pas encore que sous ce parfum qu’elle portait, c’était l’odeur du sang qu’il l’attirait dans son sillage, de plus en plus. Il ne savait pas, confus par ce qu’elle dégageait. Il n’aurait su décrire ses émois quand elle daignait croiser son regard, et son exaltation paradoxale lorsqu’elle lui accordait un sourire. Ce jour de concerto, elle jouait seule. Et ses regards se tournaient vers lui. Pas si bêta, il eut compris la réciprocité évidente. Ces regards, comme un message, étaient une délivrance. Et quant ils furent unis, il fut le plus heureux des hommes. Il découvrait son élégance amoureuse, sa spontanéité habituelle. Tout ce qu’elle faisait, même des choses des plus simples, le fascinait. Elle l’avait complètement conquit.
Jusqu’au jour ou elle devint le fruit d’une tentation trop grande.
Tu te souviens, Mike ? Du sang que tu te refusais à avaler, qui coulait le long de son corps blanc. Tu te souviens de sa peau glacée et de l’horreur, figé à jamais sur son visage. Tu ne pouvais plus la toucher, tu ne savais plus quoi faire. Horreur. Tout ça, avoue le, tu as d’abord pensé que c’était un cauchemar. Paume serré sur ta tête, imprégnant tes cheveux de son sang. A l’aube, tu n’avais plus de voix. Evanoui au sol, réveillé par les premiers rayons du soleil et par le sang séché qui collait à ta joue. Les pleurs désséchées raccolant tes paupières. Tu n’avais pas tout évacué, il te restait quelques perlettes de larmes. La première coula quand tu as constatas la réalité en face. La seconde quand tu arrachas un vieux rideau pour l’enrouler dedans. La dernière quand tu jetas l’ultime pelleté de sable humidifié alors que la marré allait remonté. Tu as marché. Très longtemps. Tellement longtemps que tu ne savais même plus comment rentrer chez toi. Tu t’es effondré dans l’eau. Le sable irritant envahissait ta machoire et une sensation désagréable venait se mêler à l’horreur au fond de toi. Tu t’en ais voulu de l’avoir laissée là-bas. Elle n’aurait pas aimé le sable. Tu sais qu’elle aurait préféré l’olivier de son enfance. Près de sa petite sœur.
- Saute.
Je ne te retrouverais pas dans la mort. Je n’irais pas là où tu es. Jamais on ne pourra être ensemble.
[Darling I forgive you after all Anything is better than to be alone… And in the end I guess I had to fall Always find my place among the ashes.]
- Iromy Nagaïa.
Le moment de réalité. Un premier silence, un second regard vers cette projection de celle qu’il avait aimé. Instinctivement, il voulait lui dire : Je ne la connais pas. Peur. La crainte de sa réaction. Elle regarde la compagne nocturne de son amant. Elle n’a pas l’air en colère. Elle lui dirait : « Mike ne sait pas offrir. Il ne sait que recevoir. Tout ce qu’il peut donner, il m’en a déjà fait cadeau. Personne d’autre n’aura ce privilège. » Il l’entend. Il préfère se taire, puisqu’elle a raison. Donner aujourd’hui est inconcevable pour Mike. Ce serait tromper la mort. Et puis il se tait, de peur d’en dire trop. Ou pas assez, et de ce fait, se prendre une raclé.
- C'est ce que je veux savoir. Tu la connais aussi bien que moi. Mieux, sans doute.
Non ! C’est trop. Il n’en veut plus, de ce poids dont il est accablé. Il voit le regard de sa femme. Il lui dit : « Tiens, donc. Tu l’as connais bien. Mieux qu’elle. » Il n’y a en rien de la jalousie, puisque même si ambigüe, Gabrielle hantait Mike jour et nuit pour se l’accaparer au-delà de la vie, elle souhaitait qu’il se retrouve en une personne. Une personne qui pourrait l’aider. Provocation, elle le fait souffrir chaque jour un peu plus pour qu’il réagisse. Bien sûr, lui ne l’entend pas comme ça. Il sait comme sa femme désire leurs retrouvailles, et sait qu’elle serait capable de se venger s’il ne parvenait pas à passer de l’autre côté de la corniche.
- Je sais que tu le sais. Pas besoin de me mentir, tu ne ferais qu'aggraver ton cas. Et crois moi, lorsqu'il s'agit de sujets de la sorte, je suis intransigeante.
C’est vrai, il est inutile de mentir. Comment est-elle au courant ? Il n’en savait rien, mais il allait remédier à cet interrogatoire par le silence, trop las d’user de la violence. Il s’enferma ainsi dans son mutisme et se ralluma une cigarette. Gabrielle attendait, l’œil et l’oreille à l’affut. Mike sait à quel point cela lui ferait plaisir qu’il craque. De ce côté-là, Iromy lui ressemblait. La vengeance. Mais il ne lui accorderait pas ce plaisir. Il n’avait rien à confesser, encore moins à une inconnue. Mais apparemment il n’avait pas le choix. Ce volteface, il ne l’avait pas vu venir. La cigarette roula plus loin. A terre, il ne tente même pas de résister. Plus de violence, la violence à diriger sa vie, il décide de tenter une rébellion contre sa nature brutale. La proximité, le dérange. On aura compris que Mike n’est en aucun cas alaise face aux femmes. Il ne tente pas de se dégager, ou vainement. Il est fatigué. Il se laisse aller. Même si cette confrontation soudaine, sans échappatoire, le dérange, il la subit et se tait.
- Dis moi ce que tu penses d'Iromy Nagaïa. Ce que tu ressens à son égard. Si l'autre peut la remplacer. Ne pose aucune question. Réponds.
« Que veux tu savoir ? » Quelle question à la con. Gabrielle a disparut. Comme pour respecter encore un minimum son intimité. Inutile, il la regarde sans dire un mot. Syndel. Iromy doit être importante à tes yeux. Qu’est ce que ça t’apporteras de savoir ce qu’ il ressent pour elle ? Elle n’en saura jamais rien, et d’ailleurs lui non plus. Aucune question ne devrait se poser : Elle est jeune. Il ne l’est pas. Le silence est sa réponse. Elle le fut pendant un court instant. Il tremble. De colère et d’impuissance. Nervosité ambigüe. Depuis quelques temps, détraqué.
- Je ne sais pas.
Silence. Ca ne lui suffira pas. Il va s’en prendre une. Il continue malgré tout.
- Toi tu les connais… Non ?
Réthorique inutile… Agressif, ironique et insolent envers celle qui le met en face de sa réalité. Tu vas t’en prendre une…
- Alors à quoi sert ton petit interrogatoire si c’est pour toi une évidence ?
Silence. Elle n’a pas l’air contente. Sale quart d’heure pour toi, à passer. N’empêche, tu ne peux pas avouer tout simplement. Pression. Larme, bien non voulue et très inconsciente. Dure réalité, ça aurait été tellement plus simple que son amour lui soit destiné. Colère. Non, Kaywa ne remplacera jamais Iromy, mais Iromy, elle, ne remplacera pas non plus Gabrielle. Seconde larme, quant il revit le visage de sa femme apparaître derrière sa charmante tortionnaire. Voix désespéré, colérique et impuissante. Faible.
- Je ne peux pas. Je ne peux même pas la sauver. Et elle… Elle ne peut pas remplacer…
L’homme qui versa deux larmes se détestait. Ridicule. Devant Syndel Vungh, qui lui avait fait ravaler sa fierté, déglutition pénible. Et celle qui le hantait jour et nuit. Il se tut, il avait essayé de répondre, mais c’était pour lui insurmontable. Faire plaisir à Gaby et crever sur le champ, voilà ce qu’il voulait. Mais c’était trop tard.
Am I too lost to be saved ?
Oui il l’aimait. Il était indigné de la façon dont il l’avait traité. Elle ne remplaçait pas Gaby, mais elle lui apportait déjà tant. Il l’aimait. Il voulait partir avec elle, loin de cette politique tyrannique que devenait ce pensionnat. Ils ont 300 ans de différence. Elle est pure et souffrante, il est souffrant et il a les mains sales. C’est perdu d’avance.
Am I too lost ?
Accable et frappe. Je peux tout supporter, exepté son abscence, son fantôme et ses plaintes. |
| | | Nombre de messages : 350 Age : 32 Localisation : Ailleurs. Loisirs : Survivre. Humeur : Si ça t'intrigue. Date d'inscription : 01/04/2009 Syndel Vungh | Sujet: Re: La cage aux oiseaux ~ Syndel. Ven 13 Aoû 2010 - 23:36 | |
| - Je ne sais pas.
Mauvaise réponse.
- Toi tu les connais… Non ?
Sorti du contexte, aucune question en retour. Veuillez reformuler votre réponse.
- Alors à quoi sert ton petit interrogatoire si c’est pour toi une évidence ?
C'est dans les règles. Aucune question. Où se croit-il pour agir de la sorte en pleine enquête.
Rayure sur le disque. Sonorisation coupée. Délire muet. Triste. Mélancolie accablante. Les deux sont de marbre. Pièces de l'échiquier inébranlables. Lui, quelque part entre le fou et la tour. L'inconscience et la sagesse. À la fois malicieux, presque loufoque, mais d'intérieur calme et simple. Elle, une Reine. Trônant sur son siège d'ivoire, d'ossements et de pierres luisantes. Puissante et inconsevable. Modeste et égoïste. Les deux, fictifs. Néanmoins bien réels.
Il n'était pas un gueux, pas non plus un seigneur. Sa fonction se trouvait quelque part entre la paysanerie et la noblesse. Ni le labeur d'un esclave, ni la plénitude du monde bourgeois. Qu'à cela ne tienne. Son rêve, accèder au bonheur. Rien de plus, rien de moins. Une entente parfaite. Une vie qui lui convenait. Il savait juste qu'il fallait de la patience pour arriver à un tel résultat. Et de la patience, il en avait à revendre. Chaque jour, il travaillait. Il suait. Il attendait. Il faisait selon le même modèle. Toujours. Ne pas détourner le plan. Surtout pas à son avantage. Patience. Quand il ouvrit enfin, un matin, les yeux. Le soleil les lui brûla. Il eut mal. Il pleura. Il souffrait beaucoup. C'était surprenant, pour lui. Il ne s'y attendait pas. Il pleura. Son seul moyen d'extériorisation. Les larmes. Il crut en manquer. De larmes. C'était triste. Il avait peur. Il venait d'apprendre l'une des vérités incontestables de son univers. Il l'avait vu en rêve. Il la craignait, alors il pleurait. Mais il savait que ce qu'il avait compris, ce jour-là, le ferait avancer. Certes. Il souffrirait, c'était indéniable. Cependant, il était convaincu de l'utilité du murmure imaginaire. À cet instant, il se jura d'être à la hauteur de ses espèrances. Il pria pour pouvoir réussir. Il réussirait. Il était devenu fort. Inépuisable. Plus de craintes à avoir. Tout irait pour le mieux. C'était ce qu'il disait. Pourtant, rien ne fonctionnait comme il le prévoyait. Au fur et à mesure, son objectif de bonheur sans faille s'éloignait. Innacessible. Il suffoquait sans raison. S'étranglait avec son propre songe. Il s'intensifiait chaque minutes un peu plus. Un peu plus. La vieillesse. La patiente. Le manque de temps. Un peu plus. On lui avait chuchoté, le jour de son improbable cécité, que le chemin serait long et douloureux. Que rien n'était gagné d'avance. Que tout était à perdre. Il le savait, pertinnament. Il lui en fallait plus pour le freiner. Et ce plus, c'était le manque de minutes. Chaque jour, son désir s'emplifiait. Pourtant, ses habitudes ne furent en aucun cas modifiées. Il se levait tous les jours à la même heure, travaillait toujours autant, mangeait toujours aussi peu. Selon le plan. Il se levait, et allait se laver. L'eau ruisselante sur son minois poussièreux, les mains aposées sur ses yeux gris vitreux. Un jour, une envie irrésistible de voir son rêve prendre forme. Un jour, une ride à ajouter sur son corps. Le vieillissement. La perte de la fougue. Le delit de Chronos. Sa fuite. Son écatombe. Malheureusement. Il avait peur. Il n'était pas aussi fort qu'il ne le pensait. Tristesse d'un homme face à ce qu'il appelle le destin. C'est qu'il y tenait, en réalité. Il le voulait, son paradis. Il le souhaitait de toutes ses forces. Il le pleura. Des nuits entières. Il le pleura, n'importe quand. Jamais au travail. Toujours une fois isolé. Il perdit son emploi, il s'exila un moment. Il le pleura. Enormément. Il le hurla, cherchant par tous les moyens une solution à son inévitable chute. Icare croyant à l'aide des nuages après la fonte de son envol. Et elle lui apparut, comme de raison. Nouvelle venue ici-bas, la réponse à ses attentes. La chance du renouveau. Il la pria, la supplia à genoux. Il pleura. Enfin, elle lui accorda sa miséricorde, puis sa bénédiction. D'un charme envoûteur, elle l'affubla d'une toute autre survie. Son corps sculpté dans la roche n'avait subi de dégâts. Seul son calendrier et son mirroir eurent à souffrir de ce sortilège inavouable. Le matin, pas un pli de peau à ajouter. Aucune imperfection cutanée. Les jours défilaient et se ressemblaient. Il vit son entourage se ratatiner, s'effriter, avant de disparaître. Lui, il était comme à son habitude. Depuis plusieurs années depuis. Ils s'affaiblissaient, ils partaient, ils mourraient devant lui. Cependant, il n'évoluait point. Figé sur son pacte. Conscient de la réalité, aussi cruelle soit-elle, il s'enfuit. Humidifiant ses joues de la chaleur de ses larmes. Il se cacha, et retrouva une vie ailleurs. Puis au bout de quelques années, il recommença le même procédé d'exil. Auto-renvoi. Il n'avait plus assez d'eau dans ses glandes lacrimales pour calmer sa douleur. Malheur. Horreur. Les journées étaient uniques, à présent. Il vivait dans l'angoisse du départ imprévu. Redoutait la question de son âge. Cela faisait plus de cent ans qu'il avait atteint la trentaine plus deux. Il avait cent trente deux ans, et il n'était pas question de dévoiler ce secret. De peur du bûcher. Par crainte de l'Inquisition. Ne le dévoiler sous aucun prétexte. Il venait d'un autre temps, et il ne souffrait pas de ses effets. Il était immoral et en dehors du contexte de la normalité. Il se considérait comme un monstre. Il pleurait de son triste sort, et riait de la possibilité que lui offrait cette signature démoniaque. Il allait avoir autant de secondes qu'il lui fallait pour acquérir son idéal. Il trouverait le bonheur, quoi qu'il en coûte. Alors il décida de ne plus pleurer. Et pendant des années, des années, et plus encore, il ne pleura plus. C'est l'histoire d'un pauvre type qui n'avait plus de larmes à verser. Il était fatigué. Las de toutes ces horribles saisons vécues. Essouflé de tellement de souvenirs. Claquage. Extinction. Il n'en pouvait plus. Il avait oublié son anniversaire. Ne le fêtait plus. Trop vieux. Pour expier ses péchés, il grimpa le long de cette tour d'asphalte. Pierre et onyx. Un grand escalier en spirale. Haute. Cherchant la solitude, un endroit où faire le point sur ces innombrables années de végétation synthétique. Fascination pour la durée. L'ascention fut longue, mais pas impossible. Finalement, il parvint à franchir le seuil de son monastère. Ciel gris sous nuages d'orage. Assis sur le rebord de cette construction massive, il songeait. Revisitait sa vie trop longtemps continue. Nouveau poste au sein de l'organisation. Celui de majordome. S'occupant de Sa Divine Magesté. Une gosse de quelques années qui voyait déjà le monde sous ses chaussons vernis et sertis de rubis, d'émeraudes et de saphirs. Elle n'était pas bien méchante, juste un peu capricieuse. Sinon, c'était largement supportable. Ce n'était pas comme trois cent ans de coups de fouet. Amoureux, une fois. Morte. Par sa faute. Plus d'eau dans les yeux pour brouiller sa vue. Il avait renoncé à cette marque de faiblesse. Tant pis pour lui. La vie ne s'arrête pas pour si peu. Et puis, c'était il y a un moment. C'est du passé. Les gens poussèrent à la manière d'un grand jardin. Seul le chêne du fond du champs ne s'agrandissait plus, faute d'un âge bien entamé. Il se contentait simplement de s'adapter à la météo, variant les teintes de son feuillage par pur soucis d'esthétique. Temps d'adaptation clé. Le chêne s'enfonce dans ses propres racines. Il n'est plus question de produire des glands ou non. En fait, le chêne s'accommode de son experience et la garde avidement pour sa personne. Même le petit arbre malicieux dont il devait prendre soin n'avait le droit de savoir. Sagesse avare. Quand on possède, on en veut toujours plus. Chroniques de l'oncle Picsou. Il pouvait largement stopper sa course. L'attrape-rêves. Non. Pas tant que son but ultime n'est pas acquis. Jamais. Pas après avoir goûté à tant de luxe et de commodités. Il pouvait mettre fin à son calvaire sans regrets, si seulement il en était coscient. Penses-tu. Il ne pensait qu'à son avenir. Encore et toujours. Sa vision des choses se résumait à son dessein funèste. Il n'y avait que le rêve. Rédemption impensable. Crois-tu. Il s'en moquait bien. Il avait la vie devant lui pour atteindre son idéal, quelle chance. C'était il y a bien longtemps. Il avait changé son destin en prononçant quelques mots. Aujourd'hui, il vivait en ermite la nuit pour faire le point sur toutes ses connaissances dérobées au temps. Vivre en temps que fugitif. Rôle parfaitement assumé. Fils du vent. Un soupir, l'épée à ses côtés, la lune plein les yeux. Charme non dissimulé. Apaisant. Vivace. Il était particulièrement cultivé. Il avait du vécu. Tout vu, tout fait. Aujourd'hui, professeur. Enseignant. Ouverture d'esprit. Ce n'est pas trop tôt. Encore amoureux. De la même personne. Pourtant, un chamboulement imprévu vient le bouleverser. Une belle rousse au regard assassin. Une gentille collègue de travail qui lui fait de l'oeil. Cette fille mal dans sa peau, couverte d'échymoses. La jolie fille heureuse et pleine de vie qui serait tellement plus facile à dompter. Deux vivantes, une crevée. Triangle pervers. Géométrie qu'il ne comprenait pas, plus. C'était malheureux, il le savait. Problèmatique incohérente. La morte était merveille dans son crâne. La mignonne si aisée à obtenir pour ses mains. Quant à l'autre, elle régnait dans son coeur et dirigeait le moindre de ses frissons. Omniprésence inculte. Fatigué, exténué par la situation. Il voulait tout. Il aimait tout. Toutefois, en procèdant de la sorte, il n'aurait rien. Pas un prix. Mettre un terme à cette impasse. Détruire ce mur qui le séparait de son voeux à demi avorté. Le bonheur. Ca commençait par là. Auprès de laquelle, seulement. Amour. Une jambe dans le vide, les yeux reflètant la pâleur des étoiles. L'arme polie sur sa droite, l'armure retirable jetée au loin. Silence régénérant. Il y avait son absence qui le dévorait. Son sourire qui le rongeait. Son souvenir diffusé par intra-veineuse. Il navigeait entre ses sentiments à leur égard. Il ne supportait plus cette douleur. Il était dans de sales draps, enfin il en tenait compte. Petit indècis. Toujours à la recherche du bonheur, s'en éloigne de plus en plus. Gourmand. Cendrillon, la Belle au bois dormant, Blanche-Neige. Epouses éventuelles. Il n'était pas prince, elles lui serait donc indisponibles. Il pouvait toujours rêver. Sucreries. Alors, il saute sur ses nénuphars et tente de ne pas tomber dans l'eau. Vide intersidéral sous ses pieds. Mmh? La Belle au bois dormant est sous terre, très profondément. Dans son vase, sur le rebord de la cheminée. Mais elle est toujours vivante, c'est indéniable. Au creux de ces vicères, elle respire bruyamment. Elle gargouille lorsqu'il lui manque. Ne pas la faire mourir de faim. Alors il la nourrit de temps en temps. Biscuit croustillant. Blanche Neige, c'est une bonne femme au foyer. Elle ne râle pas, elle obéit. Mais Blanche Neige, parfois, elle mute en monstre. C'est vrai. Du coup, elle est pas belle et elle est méchante en plus. C'est parce qu'elle a faim. Faut lui donner à manger. Sucre d'orge. Cendrillon, elle est enfermée chez elle toute seule pendant que sa famille de garces s'attribut des jeunes nobles, comme elle dit. Elle est pas contente, forcément. Du coup, elle se meurt. Allongée dans son lit, au frais. Il faut qu'elle mange, mais elle veut pas. Elle demande à ce qu'on la laisse creuver de faim et jure de tous les buter dans leur rêves. Alors on la gave. Pain d'épice. Puis lui, toujours assis sur sa tour. Prônant le royaume avec dédain et vague-à-l'âme. Souffrace. Stigmates incorrigibles. Il a très faim, il en veut énormément. On lui en donne trop. Blanche Neige, Belle au bois dormant, Cendrillon. C'était l'heure de jouer. Dans le château, les convives festoyaient en chantant et en riant. Lui n'avait guère l'envie de jouir de telle ambiance. Débutant son Am-stram-gram harmonique avec quelques cailloux. Am-stram-gram. Pic et pic et colégram. Bourre et bou. Non, c'était futil. Geste violent de l'avant bras, condamnant les joueurs autour de lui à sombrer dans les limbes mystèrieuses du fond de l'abîme. Ca ne règlerait pas le problème. Ca ne montrerait pas l'évidence. Ca ne résoudrait pas cette putain d'énigme. Nerveux. Retrouve l'équilibre sur ses pieds et s'avance vers un mur. Un coup. Deux coups. Le bout de son soulier se fend. Il continue. Rage. Extase. Extériorisation de rigueur. Il n'en pouvait plus. C'en était trop. Que faire? Le bonheur. Comment l'avoir? Dieu, que c'est... Pas Dieu, mécréant! Maudit soit-il, l'immortel! Suppot du Démon, fuyard! Toi qui cherchais le bonheur, tu ne connais que tempête et miséricorde! Sois châtié comme il se doit, hérétique. Qui sera ton bourreau. Am-stram-gram. Pic et pic et... Choix. Blanche Neige, Belle au bois dormant, ou Cendrillon. Bande à Picsou. Picsou, Riri, Fifi, Loulou. Et puis quoi d'autre. Le bonheur? Il fallait en sacrifier deux. Seulement, Picsou avait déjà trop à se reprocher pour en plus se séparer de deux de ses apprentis afin de les offrir en guise de goûter pour le désenchantement. Gateau au chocolat et coulis de framboises. Hänsel et Gretel donnés à la vilaine sorcière. Non. Décidément, oncle Radin ne pouvait se résoudre à les abandonner. Comment faire. Le marbre se décomposait à vue d'oeil. Assez de toutes ces énigmes de pacotille. Recule de deux pas. Essoufflé aussi bien moralement que physiquement. À bout de force. Quand elle arriva. Elle, devenue Reine, avec le temps. Sa Divine Seigneurie. Celle dont il s'occupait auparavant. Petit arbuste devint grand. Ils se mirèrent, et se reconnurent sur l'instant. Stoïcisme perturbateur. Chevalier et Princesse. Maître et Elève. Le temps faisait bien les choses, parfois. Retrouvailles silencieuses. À peine un murmure. En conséquence, il fallait prendre la parole. Ne pas avoir peur de la salle pleine, du public. Ils sont tous venus pour admirer la beauté des corps et de l'éloquence. Il n'y a rien d'autre à souligner. À eux de les faire rêver. Tenter de sauter de nénuphars en nénuphars. Se risquer près de la maison aux mille et un délices rien que pour voir jusqu'où la vieille rombière canibale peut courrir pour les rattraper. Provoquer la colère du ciel et de la terre, juste par plaisir comique. N'avoir peur de rien ni de personne. Jeux d'enfants. C'est elle qui prend son courage à deux mains. Lui demande ce qu'il fait là. Partenaire de galère, il ne lui renvoie qu'une question pour le moins abrupte. Que veux-tu savoir. C'est si grandiose que c'en est soulageant. Miracle. Le monologue bat alors son plein. Sublime performance. L'improvisation n'a jamais été aussi réussie. Lui reste septique face à ce flot de paroles. Se noye. Ne s'y attendait visiblement pas. Lové dans son cocon bien au chaud, il en est tiré de la manière la plus grossière qui soit. Retour à la réalité. Commun déplaisant. Pourquoi était-elle là. Pourquoi n'était-elle pas resté chez elle, dans son lit, avec ses dames de compagnie. Pourquoi n'était-elle pas rester à la fête entourée de ses nombreux prétendants. Pourquoi n'en avait-elle pas choisi un, ne serait ce que par soucis de couple et par orgueil vis à vis de son nouveau peuple. Reine, elle doit se mettre à accepter ses devoirs. Mais lui, Chevalier rénégat, se devait de se taire pour ne pas se faire remarquer. Il n'était pas en position de parler. Il s'en rendait vite compte. Tu n'as rien à dire. Tu n'as rien à lui dire. Chut. Regarde toi. Vêtu d'un simple costume de carnaval et dépourvu de toute trace de chevalerie. Face à la Reine. Parée des plus somptueux apparats, voilée et coiffée tout en restant originale. Il l'admirait dans l'ombre. Elle était devenue belle. Il ne devait tomber amoureux d'une autre. Douleur que cela infligerait. Même. Elle n'était pas réellement venue pour être vouvoyée ni affublée de toutes sortes d'éloges venimeuses. Ce n'était pas par amour qu'elle était venue le déranger. Seulement par vengeance. Il en eut des frissons. L'une des amantes n'était autre que l'une de ses connaissances. Horreur! Enfer et damnation! Toucher à l'une des protégées de la Reine! Sacrilège! La salle n'en revenait pas, Ciel, était-ce possible? Seigneur, oui, ça l'était. La Reine ne souffla mot. Elle n'en eut guère besoin. Il la regardait, penaud. Perdu dans ses yeux labyrhinte, dans son univers stellaire tortilleux. C'était l'enfer qui s'écroulait sur lui. Tous les démons vinrent lui chatouiller les orteils. Maléfique. Il avait touché au bien de la Reine. Qu'on lui coupe... Non. Simplement, qu'on aille lui parler. Calmement, clairement. On ne joue pas avec les pantins de Sa Majesté. On ne fait pas de mal aux animaux de cette blonde méphistophélique qui siège merveilleusement bien sur l'accoudoir du trône. On respecte son supérieur. On écoute son supérieur. On s'écrase face à son supérieur. L'élève a dépassé le maître, on dirait. Nouvelle venue dans la bande. Une quatrième demoiselle qui n'avait rien à obtenir de cet homme qui l'avait éduqué. Parvenue jusqu'à cette tour étrange pour le revoir, et discuter. Mettre les choses au clair. Il faut être ferme avec ses troupes, nottament lorsque l'on a affaire à des hommes du combat et que soi même est une femme. Ils n'écoutent que leur petite voix sépulcrale sans tenir compte des ordres ni des remarques. Il faut les brider avant qu'ils ne s'échappent. Nécéssité absolue. Leur permettre de sauter sur les lotus tout en les protegeant de l'eau glacée. Se faire écouter attentivement. Montrer qui commande. Il s'éffondra. Littéralement. Un long sanglot, une plainte douloureuse. Ses jambes flanchèrent, et il se rattrapa tant bien que mal. Répartition du poids du corps maladroite. Il titubait, la tête basse. Et... oh. Nouveauté. Elle s'avança vers lui, muette et neutre. Le public s'envola suite au geste de la main de l'actrice. Ce n'était pas marqué dans le scénario.
Un pas. Je t'ai effrayé? Deux. Tu as eu peur? Arrêt. Non... Quand même pas. Soupir. T'es lamentable. Hésitation. Que suis-je sensé faire, là? Doute. Je suis nulle pour ce genre de choses. Incompréhension. En plus, pourquoi il est dans cet état? Révulsion.
- Je ne peux pas. Je ne peux même pas la sauver. Et elle… Elle ne peut pas remplacer…
En plus, il continue à parler. Il fait pitié. Acharnement. Il n'a rien demandé, après tout. Il est perdu. Dénouement. C'est lui qui l'a cherché, quand même. Il n'avait qu'à pas se fourrer dans un casse tête aussi complexe. Finalement, se rapproche. Mmh? Lui saisit les épaules violamment. Il ne s'en tirera pas comme ça. Doigts crispés contre son épiderme tiède. Les russes ont le sang chaud, d'après ce qu'on dit. Plante ses scalpels dans sa chair. C'est pas entièrement faux. Ondes et puissance. Il va tâter de cette réalité. Avec la seule force de sa colère, le redresse. Je suis un petit vampire malicieux et abruti, j'veux tout voir, tout comprendre, et surtout tout avoir. Le retourne face à elle. Crève. Crève. Lâche avec crispation. C'est tout ce que tu veux, non, crever. Devant lui, fière. Il n'avait qu'à pas faire ça. C'est de sa faute. Une expression pôlaire sur son minois. J'n'avais pas non plus à l'emmerder. Pfff. Rictus infime. Ephemère. C'est bon. C'est un peu mon rôle aussi. J'dois... L'enlace. Ne dis rien. Je doi être aussi perdue que toi. Pose son menton sur son épaule. T'es dans la merde. Resserre son étreinte passionnément. Complètement. Souffle chaud sur sa nuque. Rien à fouttre. Sent ses larmes déborder sur son épiderme. Il a besoin de moi.
- Ca va aller.
Imprévu de la scène. La salle s'est vidée, mais le public tournoie autour du théatre. Ignorante du sujet. Aveugle face à tel spécimen d'étude. Que faire. Murmure à peine audible. Viens, pleure.
- Ca ira.
Se retire. L'agrippe par le poignet. Viens voir. L'oblige à la regarder. Fais honneur à celle qui t'a devancé. Nénuphars... Pique-nique avec les nénuphars. Manger un morceau. Reprendre des forces. Pleure autant que tu le souhaites.
- Assieds-toi.
Montre l'exemple. Non loin, un débrit qui n'avait rien à faire là. Nouveau trône. Assez de place pour deux. C'est dur.
- Tu veux qu'on en parle?
Jouer avec toutes les incohérences du texte rien que pour s'amuser. Trouver la joie des énigmes en transgressant les règles de l'écriture classique. Soulever les pierres et mettre la main sur des phrases sans queue ni tête, puis leur dénicher un sens. Voir ce que ça veut dire. Découvrir tous les sous-entendus. Vivre du commun en le faisant évoluer en quelque chose de tout à fait loufoque et incongru. Une partie de plaisir, un régal. Le bonheur. Un vrai jeu d'enfants. Sauf que lui n'est plus un enfant. Pleure comme tu le désires. Ce droit t'est retrouvé. Nous te l'offrons.
C'est à toi de voir. La rédemption te tend les bras. À toi de la saisir ou non. Pardon. Tu sais pertinnament que ce n'est que foutaises. Tu as trop péché pour être grâcié. Cependant, tu peux déjà te confier à une personne plongée au coeur du conflit. Ca peut aider. Saute sur les nénuphars, si tu veux. Elle est là pour te rattraper si tu glisses. Ne t'en fais pas. Joue tant que tu peux jouer. Profite. Maman veille.
C'est fou ce que nous sommes bons acteurs, tu ne trouves pas? D'accord... Ca va aller, tu verras. Je te le promets.
[Si je touche la flamme d’une bougie, Je ne me fais pas mal. Qu’il jaillise de ce soleil, Ca m’est égal... Mais pourtant j’ai le coeur brisé Et le fait qu’il soit arrêté, Ne m’empêche pas de souffrir. Ne dites pas que je délire... Je suis mort et pas elle, Mais je sens poindre en moi des larmes nouvelles...]
[Pas terrible, pardon.]
Dernière édition par Syndel Vungh le Mer 1 Sep 2010 - 12:47, édité 1 fois |
| | | Invité | Sujet: Re: La cage aux oiseaux ~ Syndel. Mar 31 Aoû 2010 - 22:08 | |
| J’attends les coups, j’attends tout de ta part. Ton rire arrogant et ta force de fillette. Tes cris suraigus et tes caprices. J’attends tes jeux enfantins et ton interrogatoire de sale flic. Mais je n’attendais certainement pas ta compassion. Que tu me joue la compassion. C’est encore pire je crois. Je le vois bien, tu joues un rôle qui n’est pas le tiens. Alors qu’est ce que c’est ? Ma meilleure amie ? Mon psy ? N’y aurait-il pas un autre moyen que celui-ci ? Il sonne faux. Il pue la comédie. Trouves en un autre. De quoi as-tu peur, que je ne puisse pas encaisser tes injures et ton accablement ? Naïveté pathétique. Mais qui est naïf ? On aimerait bien le savoir, et au final on se laisse aller à la facilité : L’autre sera toujours plus faible que nous. Il sera toujours le manant et nous le prince. L’accusé et nous le juge. La faute ne sera jamais la notre. Imperméable à toutes erreurs, le résultat d’un face à face borné. Alors tu prends la main et répartit les rôles, comme tu sais si bien le faire. L’indifférence est maintenant ma seule arme. L’arme des faibles.
*** Assez de laisser-aller. Tu ne verras que deux larmes cette nuit, et peut être qu’il ne s’ouvrira plus jamais face à toi. Sans doute. Au fond, tout ce qu’il espère, c’est que tu n’aies pas vu ces larmes. Se voiler la face, il ne sait faire que ça. Il ne sait même plus se défendre face à cette fillette. Descendance du diable. Elle le tuerait à coup de scalpel dans le corps. Avant goût déplaisant, mais il n’y prend pas garde. C’est une piqure de guêpe à coté du fer chaud qu’on lui a collé à la peau, ou des lames qui lui ont déjà déchiré l’épiderme. Tu penses blesser celui qui a encaissé coups, injustice et horreur. Tu ne l’entendras jamais s’en plaindre. Parce qu’il ne t’en parlera jamais. Tu ne sauras jamais qui était Gabrielle. Parce que personne ne l’a jamais su jusqu’à présent. Pas même ses propres géniteurs. Il y avait bien le seul homme qui n’avait jamais eu besoin d’en savoir plus, et qui l’avait aidé à surmonter les pires crises. Cet homme qui avait retenu le sang de ses mains avant qu’il ne s’échappe vers sa gorge, et qui entourait ce vampire de ses bras gringalet pour contrôler ses spasmes. Cet homme qu’il n’avait jamais remercié. Celui qui savait l’histoire sans trop oser l’imaginer, peut être par respect de cette pudeur inexplicable. C’était tabou. Et ces apparitions qui venaient à lui désossaient tout ce qui s’était mis en place ; cette réserve permanente. Ces caresses qu’il subissait la nuit prenaient le teint d’une ecchymose au matin, et ces murmures crachés à l’oreille le jour devenaient migraine au crépuscule. Un mal nécessaire pendant un certain temps. Plus maintenant. Il n’en peut plus. Mais si cela cessait, alors plus jamais il ne la reverrait. Cela valait bien quelques écorchures. Elle lui avait mis sa première cigarette en bouche, revenante malgré les promesses d’artifice, créant dépendance et mal. Quand il en allumait une, c’était elle qui portait le feu jusqu’à ses lèvres desséché par le sang. Tout ça ce n’est qu’une illusion, de la dépendance. Le vrai problème est ailleurs. Il le sait bien, mais il est déjà marionnette. Par le fil elle l’influence. Donne du mou, pour que plus une once de force ne l’habite. Qu’il devienne un simple pion ou reste le fou, il n’est qu’un faux rejeton qu’on manipule à l’index. Parfois il lui reste quelques élans de maîtrise pour crier comme un possédé. Mais ces cris n’atteignent même pas le pas de sa porte. Alors il se laisse caresser. Et quand il ne tente pas de résister, la douleur n’est plus supportable, et devient presque agréable à vivre. Il ne lutte plus contre son bourreau et la laisse le couvrir de baisers hallucinés. Quand il est à bout de force et que ses paupières vacillent, elle le gifle pour vérifier son ultime contrôle. Quand elle le réveille elle recommence ses douceurs, s’il est inconscient elle s’endort à ses côtés, un sourire aux lèvres. Au petit matin elle le baise, encore et toujours, et soudain fais l’idiote pour lui faire croire qu’il reprend le contrôle. Elle fait l’ignorante et le submerge d’idées et de questions, pour qu’il prenne parole ou décide de ne pas lui répondre. Et le soir, ce manège recommence. Plus de place pour les mots, tout devient physique. Elle est réapparue quand il comprit que son amour n’allait pas au plus simple des chemins, et lui rappelait aussi souvent qu’elle le pouvait se désir qui le rongeait. Ce désir pour la jeunesse et la douleur incarnée. Et jalousement elle lui fait savoir qu’elle n’a pas disparue et qu’elle peut encore le satisfaire, pour des années. Je t’aime, tu sais, lui avait-elle dit dans son dos en pleurant doucement, en silence. Mais il avait sentit les larmes couler le long de son échine et lui déchirer la poitrine. Est-ce que tu m’aime encore, avait elle demandé en l’incitant à la toucher et à murmurer sa réponse au creux de ses lèvres. Tu m’aime encore… Tu m’aimeras toujours. Avoue-le. Et lui était désarçonné par ses larmes et sa colère et ne répondait qu’au vide : Tu n’es pas réelle. Tu es morte. Tu n’existe pas. Tu n’existe plus. Je t’ai tuée. Mais après ça, il se surprenait à l’embrasser dans un de ces moments de faiblesse, et parfois il ne s’en rendait même pas compte.
Elle le possédait complètement. Est-ce qu’il la frappait ? Parfois oui, quand il recouvrait sa force il laissait partir les coups et pensait l’effacer. Mais ce geste qu’il pensait envoyer au vent laissait une marque rouge de la tempe au coin des lèvres et engendrait larmes et pitié. Alors en furie elle fonce sur lui, le plaque à même le sol se tranche la lèvre de ses incisives, recouvre sa bouche et lui fais goûter ce sang qu’il avait bu sans s’arrêter dans la nuit, ce sang qui l’avait répugné quelque heures. Le ruant de morsures, de coup et enfonçant ses ongles dans son dos.
Now I will tell you what I’ve done for you 50 thousand tears I’ve cried Screaming deceiving and bleeding for you And you still won’t hear me!
Un peu comme toi.
Tu veux qu’il se secoue un peu ? Réveille le, sort le de sa torpeur. Et sans qu’il comprenne comment, le voici sur ses pattes, elle face à lui. La regarde sans la regarder. Il comprend que ce n’est un rôle. Cependant, qui n’est pas un faux. A un certain moment, il est bien obligé de la regarder dans les yeux, et affronter la seule qui comme lui avait dévoué sa vie à sauver la reine de glace. Affection, pour un même rôle qu’ils tiennent. Stoïque, il ne la ressent pas encore. Oui, parce que tout ce qu’il veut, c’est bel et bien crever. Alors crève-le… Quand il ne vit pas dans l’illusion, il vit dans la douleur de sa nymphe. Crève-le sur le champ. Pas comme ça, qu’est ce que tu fais ? Enfonce lui tes petits scalpels vicieux de tout à l’heure, au plus profond de sa chair jusqu’à atteindre son cœur de cendre. Elle l’a brûlé. Elle la nymphe, qu’il n’aurait jamais du rencontrer. Il ne s’en rappelle pas, mais ce soir là, il l’avait embrassé, sans raison. Il avait bu plus que de coutume, pour avoir compris qu’il avait tué à nouveau, en découvrant l’hémoglobine qui suintait sur sa veste. Le premier baiser était donc un épisode éradiqué de sa mémoire. Il n’avait pas oublié la promesse, pourtant, encrée dans sa tête. Il n’a pas non plus oublié sa violence, et la sienne. Il revoyait son regard vengeur et tumultueux, entendait les mots qu’elle lui avait soufflés à l’oreille, ces mots qu’il devait absolument comprendre, et qu’il a compris bien plus tard. Elle lui avait raconté leur fin à tout les deux, sans les mots, rien qu’avec les yeux, elle lui disait qu’il s’enliserait ensemble dans les sables mouvants du Mont Saint Michel, et ce jusqu’en enfer. Mais ensemble. Et lui n’avait pas osé imaginer plus heureuse fin. Il avait vu une autre alternative, qui impliquait une promesse abandonnée. Mais aussi sa félicitée. Cette chance qui lui était offerte de retrouver la paix, de mettre fin à ses hallucination et à cet amour douloureux, défendu. Mais jamais il ne pourrait. Elle n’était plus une gamine à ses yeux. D’enfant capricieuse elle était passée reine des glaces. Elle possédait quelque chose que plus personne ne pouvait posséder ; l’âme du vampire damné. Lui possédait son corps et ses émeraudes, toute entière. Il lui avait fait assez de mal pour ne plus avoir envie que de l’aimer. Sortir de cet engrenage qu’il s’est créé. C’est sa faute. Il ne peut s’en prendre qu’à lui-même. Pourquoi fais tu semblant ? Tu veux qu’il fasse semblant lui aussi ? Tu sais que dans cet état il est incapable de mentir à autrui. Lui qui y arrive parfaitement à lui-même. Gêne, occasionnée par cette étreinte inattendue. Ton regard qui veille. Veille sur le petit cafard vampirique de Legion. Fais l’assoir sans le briser. C’est fragile ces machins là. Des mots doucereux et qui mettent en confiance. Inutile, ce n’est malheureusement plus un gamin. Juste une loque droguée, dépendante, insomniaque et qui lorgne la mort tout les jours. Un temps. Il la regarde, celle qui le surveille perché sur le rebord, d’un œil inquisiteur. Ne faillit pas. Il la regarde, comme il n’avait jamais osé la regardé aujourd’hui. Ni hier. Ni demain. Il la regarde, il chasse les sanglots. Les larmes s’évaporent, mais la douleur n’a jamais été plus forte. Sous le sourire de sa belle, mécanique du fil, s’allume une cigarette, puis d’une voix suave et brisé, chassant la fumée de dépendance qui entoure sa femme, les mots résonnent d'une mélodie infecte.
- J’ai couché avec elle.
Douloureux mais nécessaire. Il ne pouvait pas mentir sur le désir qui l’avait submergé hier soir. Il avait adoré ses lèvres et idolâtré la courbure de son cou. Pour elle il ne savait pas. Il n’avait échangé pour mots que leur douleurs, précédent l’acte. Louant la chaleur qui émanait de sa peau glaciale. Il avait oublié les brûlures internes, les séquelles externes. Les remords ou les regrets. Dans la nuit sa porte avait claqué gentiment. Et la situation devenait irréelle. Irréelle, sa femme. Une larme à l’œil, elle s’agrippe à la corniche et s’en va. En lui laissant la foudre de son regard en pleine poire. Il encaisse et se tait. Il l’avait voulu, et savait que ça ne suffirait pas à se redresser face à sa revenante. Il se délecte de la nicotine sans sa présence. Un silence, suivit de très près d’un froid. On lui offre la rédemption, il n'a pas su la saisir. Irrécupérable...
Je n'aurais pas du te laisser me torturer si doucement Maintenant je ne peux pas laisser partir ce rêve Je ne peux pas respirer mais je me sens assez bien à tes côtés.
- Une belle connerie. |
| | | Nombre de messages : 350 Age : 32 Localisation : Ailleurs. Loisirs : Survivre. Humeur : Si ça t'intrigue. Date d'inscription : 01/04/2009 Syndel Vungh | Sujet: Re: La cage aux oiseaux ~ Syndel. Mer 1 Sep 2010 - 23:51 | |
| Bla-bla-bla.
C'est une histoire lyrique. Banalité affligeante. Le sourire aux lèvres, il se dirige vers la porte qui scèllera son avenir. Depuis trois mois, il se prépare pour ces quelques minutes de gloire. C'est lui qui a écrit son discours sans aucune ratures. Retravaillant chaque lignes des dizaines de fois, le renouvellant à la moindre actualisation. C'est lui qui s'est levé pendant deux semaines à quatre heures moins le quart pour répéter ses gestes, de sorte à ce que la ponctuation théatrale soit la plus fluide et la plus naturelle possible. Au moins aussi bien que le presque parfait. Esthétiquement parlant aussi, il a fait des efforts. Soin du corps et du visage, détartrage, épilation, manucure. Il a même acheté des lentilles de contact colorées pour remplacer sa vieille monture noire éffarouchée. Sa boucle d'oreille retirée et sa bague désoxydée, les accessoires trop clinquants abandonnés, même au niveau joaillerie rien n'a été laissé au hasard. Il a récupéré un costar vieux de deux ans, l'a amené chez le teinturier pour lui redonner vie. De poussiéreux et frippé, il est devenu noir, sobre, élégant. De retour chez lui, il l'a essayé et s'est trouvé charmant. Deux jours avant aujourd'hui, il l'a déposé au nettoyage puis est parti chez le coiffeur. Un jour avant la date fatidique, ce barbier très célèbre dans le coin était complet, et donc il ne pu prendre rendez-vous. Plus un brin de barbe ni de moustache, une coupe courte et soignée, classique mais indémodable. Tout allait pour le mieux. Avant de dormir, un plat de spaghettis boloniaise, un brossage de dents durant cinq minutes, un masque pour le teint, une crème anti-cernes. Extinction des feux à huit heures et demie. Le réveil a sonné à six heures pile, et pour une fois, il n'a pas râlé avant de se tirer des draps. Au contraire, il a bondi hors de son lit et a courru jusqu'à sa salle de bain. Là, le costume sagement plié sur le meuble, et à côté, la petite boîte contenant les faux iris. Il s'est regardé quelques instants, a constaté que sa peau ne couvait aucune imperfections nuisibles. Un large sourire, il a découvert ses canines ajustées et leur blancheur quasiment impeccable. La pendule a annoncé six heures trois, et il est descendu au rez-de-chaussé pour déjeuner. Un verre de jus d'oranges préssées, un bol de lait demi-écrémé avec de la poudre de cacao sans émulsifiant, deux tranches de pain tout frais sorti de la boulangerie beurrées sans exès, une pomme bien verte négociée sur le marché la veille. Six heures vingt, il est en retard. Il est allé enfiler son habit de lumière, installer ses yeux, et se peigner rapidement. Il est arrivé dans l'entreprise à sept heures moins dix au lieu de huit heures. Il s'est payé un café en attendant devant la porte des bureaux de la comptabilité. Deux femmes en sont sortis, et l'ont salué au passage. Il n'a pas répondu. Sept heures douze, il est parti visiter les locaux neufs. Des travaux de rénovations et de construction ont été clos il n'y a pas une semaine, et il avait déjà prévu de batifoler de droite à gauche pour observer les changements. La peinture, principalement, a été refaite. Les quelques dégradations des murs et du plafond ont été colmatées, certaines moquettes de bureau ont dues être changées, les vitres récurrées au maximum. L'entreprise sentait le désinfectant et l'eau de javel. Lui s'est parfumé au dernier Chanel avant de quitter son appartement. Les nouvelles installations étaient destinées à l'administration. De ce fait, il n'a pas pu les visiter sans laisser-passer. Retourné face à la compta, il s'est fourni un décaféiné. Sept heures trente-huit. À quarante cinq, il devait être en train de faire tamponner sa carte de présence pour rejoindre la salle de réunion. Il aurait alors un quart d'heure pour la trouver et attendre. Pour le moment, il est allé s'enfermer dans les toilettes pour hommes. Désert. Face à la glace longue qui cachait le mur, il s'est ajusté deux ou trois mèches teigneuses, a arrangé le col de sa chemise, et a déboutonné l'un des boutons de la veste parce qu'il avait chaud. Il a senti quelques gouttes de sueur perler sa nuque et a arraché un peu d'essuie-main d'une grosse boîte en plastique plaquée elle aussi au mur pour les retirer.Il s'est dit que c'était le stress et que ça allait passer. Finalement, le temps s'est écoulé plus vite qu'à son habitude. Il a ajusté sa cravate rouge pompier autour de son coup et est sorti des toilettes pour se rendre devant les bureaux du secrétariat. Là, il a été surpris de voir que c'était un homme, face à l'ordinateur. Ce dernier lui a demandé sa carte d'accès en le reconnaissant sur un fichier. Echange de bon procédé, les deux hommes se quittèrent après une signature, un tampon, et une livraison de malette déposée au standard il y a une semaine. Une fois les portes coulissantes du couloir passées, il a parcouru le chemin jusqu'à l'entrée de la salle de conférences. Une boule s'est logée dans son estomac et sa gorge est obstruée par un sorte de sanglot. Pourtant, il a été silencieux jusque là, et ce n'est pas prêt de changer. Il est moins six lorsque il trouve la salle. Déjà, les clients sont installés. Il répète mentalement son monologue, révise ses mimiques avec les doigts. Il sent l'angoisse le submerger quand l'un des hommes en noir s'approche de la porte. Il l'interpelle, le prie de rentrer dans la zone de confinement. Un dernier regard à travers le plexiglass insonorisé, puis il tire la poignée vers lui. À l'intérieur, on lui demande de fermer à clef. Sécurité psychique et préservation de l'anonymat. On lui retire son attache-case et on la pose sur un pupitre dressé devant ces quelques personnes à l'allure dérangeante tellement propre. Il est convié à prendre place à côté du meneur de la cérémonie. Discret, il le laisse commencer. Pleinitude de la peur, c'est par nervosité qui décrochette les deux crants de sécurité de sa valisette. Il en retire les dossiers à présenter, et les garde fermement en main.
C'est une histoire d'affaire. Croustillant peu commun. Il paraît que Caroline a couché avec Stéphane. Mais Stéphane, c'est le copain à Valérie, alors elle est super en colère. Pour ça, apparemment, elle aurait demandé à ce que François le tue pendant la représentation. Mais ce ne sont que des racontards. Comme cette rumeur qui court sur le fait qu'Amandine se soit disputé avec Lyne pour une histoire de café au lait. Enfin, quoiqu'il en soit, ces deux-là depuis quelques temps ne peuvent se sentir. Dommage, c'est un duo qui, une fois sur scène, est à tomber par terre. Quant à Damien, toujours à chercher le rôle qu'il adorerait adosser. Pour le moment, il est toujours en régie, et ce malgré son talent indéniable. D'ailleurs, Maxime en est jaloux. C'est évident. Il n'y qu'à voir les regards qu'il lui jette dès qu'il le croise. Effrayant. Sinon, les répétitions jusque là se sont bien déroulées. Stéphane et Mélanie endossent les rôles principaux, François, Lyne, Valérie et Jordan s'occupent des secondaires avec Aurélie, Adrien, Paul et Fabien, en costumiers cette fois, il y a Amandine et Yoan, Caroline est souffleuse, Michaël, Maxime, quelques garçons de l'équipe professionnelle et deux de leurs copains Jonathan et Tristan se sont mis les décors sur le dos, Damien et Céline sont toujours perchés à la régie, Damien pour le son, Céline la lumière, et puis Ellen, elle est assignée au chant. C'est elle le chant, sur scène. Elle est fière, et ça se voit. Toujours le sourire en coin, l'air narquois. C'est franchement méchant, surtout pour Valérie. La pauvre, elle n'a jamais les rôles qu'elle veut. Le pire, c'est qu'elle s'était préparé pour tout ça. Elle chante plutôt bien, en plus, et ces chansons ressemblaient beaucoup à ce qu'elle écoute généralement. Du coup, elle est dégoutée. Enfin, elle le cache. Mais ça ne se voit que trop. Cette période est toujours la plus délicate. Celle des quelques dernières répétitions. Certains points n'étaient pas prêts à temps, ou encore la salle n'était jamais libre. L'ambiance était à son comble durant la dernière répétition avant le fillage. Engueulades, jurons à tout va. Amandine en a pleuré, et Stéphane est parti au bout de deux heures. En tout, cette scéance a duré huit longues heures. Il y avait un retard d'une demie heure sur la prise de la salle pour le fillage. Ils ont du racourcir la pièce de deux scènes qu'ils maîtrisaient plus ou moins bien. Pendant la pause repas, l'équipe de bricolage montait les décors de la forêt, les costumiers faisaient les dernières retouches sur les robes et autres parures, Céline notait les différents éclairages à lancer, Damien avait déjà préparé ses disques et ses ordinateurs, ceux qui doutaient de leur prestation enchaînaient les répétitions de rue, et les quelques rares qui avaient dans l'idée de se défaire de cette atmosphère apocalyptique l'espace d'une heure tentèrent de manger un sandwich. Finalement, le temps passa très vite, et ils se retrouvèrent tous dans les loges. L'angoisse était palpable, et même plus. Pourtant, les méthodes de chacun pour écouler le stress divergeaient. Valérie et Stéphane s'embrassaient sur le canapé, Paul et Tristan se relayaient aux toilettes, Lyne, Caroline, Maxime et d'autres étaient sous les douches à se préparer. Certains dansaient pour évacuer, ou encore racontaient des blagues minables. Leur état, ce pour tous, était misérable. Dans son costume d'ange, Yoan était à croquer. C'était la première fois qu'il répétait de la sorte, et Aurélie, en déesse, n'arrêtait pas de le lui faire comprendre. Il n'y en avait qu'une, loin de la foule, devant son mirroir à se lisser les cheveux. Ellen. Elle murmurait les paroles de ses chansons plus par mémorisation que par technique. Puis, ce fut les quinze dernières minutes avant la représentation. Céline et Damien durent quitter les loges pour rejoindre leur poste d'observation. De longues embrassades, un ultime câlin massif, et ils refermèrent la porte derrière eux. Quelques minutes plus tard, l'équipe de décor elle aussi dut quitter le nid. Séparations plus brèves, ils se dirigèrent vers les coulisses et le fond de scène pour faire les retouches de vitesse pendant que le rideau était encore fermé. Les acteurs n'en pouvaient plus. Costumiers, ils essuyèrent les coutures mal clôturées, les boutons sauteurs, les fermetures éclair coincées avec dextérité. À peine deux minutes. La salle s'est considérablement remplie, et déjà les mots fusent. Le brouhaha ne fait que piétiner davantage le mental de la troupe. La voix de Damien, dans le micro, essaye d'attiser les braises des spectateurs, sans grand succès. Effet Lombard. Fabien était à deux doigts de sortir des loges pour hurler. Amandine, sous l'emprise d'une angoisse qui lui était encore inconnue, fondit à nouveau en larmes, réduisant à néant le maquillage sophistiqué que Mélanie s'était tué à lui faire. Adrien priait à côté du lavabo, et François ne tarda pas à en faire de même. Valérie tentait de calmer son amant, aussi bien par la douceur de ses baisers que par le suraiguë de ses cris. Jonathan revient rapidement chercher des accessoires qu'ils avaient oublié sur la table. Caroline et Jordan l'aidèrent à tout transporter. L'annonce officielle du début de la pièce démarra. Chacun prit son poste. Paul, Lyne et François étaient sur la scène. Embrassades, puis direction les positions respectives. Yoan se cachait derrière les rideaux noirs. Aurélie vint le chercher pour le mener dans les loges. Valérie et Coralie retouchaient une dernière fois leur ombre à paupières sombres. Stéphane tira Mélanie et Amandine dans les coulisses. Michaël croisait les doigts pour que les cordes ne lâchent pas en plein milieu. Céline, à travers le micro, souhaita bonne chance à tout le monde. Après ça, Damien la prit dans ses bras et la rassura. Le public, exigeant, se mit à critiquer. Les trois coups furent sonnés.
C'est une histoire de coeur. À en pleurer.
- J'ai couché avec elle.
Quelle horreur. Le regard perdu dans le vide, quelque part entre l'indifférence et l'admiration. Iromy. Vierge d'acier. Rompue. Un soupir pourfendant l'air. Les volatiles se posant à ses côtés. Immondice. Après tout, la belle faisait ce qui lui semblait bon de faire. Si elle considérait que cet être était digne de la toucher, qu'il en soit ainsi. Les choix de Sainte n'étaient pas contestables, de toutes manières. Une si subtile odeur de tabac. Le buveur de sang s'était rallumé une cigarette. À la simple vue de la fumée. Couleur fièvreuse du ciel. Sous le nuage. Un temps de silence où seul le crissement des plumes entre elles se fit entendre. Lune neutre envers la situation. Deux êtres en quête de pardon. Respiration dispersant les particules nocives. Deux rebelles qui ne l'obtiendront pas de sitôt.
- Une belle connerie.
Pupilles rétractées soudainement. Lueur assassine. Soulèvement spectral. Stoïcisme incrédule. Face au gouffre, elle perd tout espoir. Se détourne de sa pâleur astrale. Le mire droit dans les iris. Globe à globe. Difficile de tenir position. Secondes lentes. Un pas. Son visage atteignant presque son front. Et un poing fermé qui percuta son nez sans préavis. Parfaite inconscience. Nécéssité nerveuse. Surprise. Le musicien raté prit le coup de plein fouet. Elle resta parfaitement insensible. Sérieux destabilisant. Devenue Reine, à présent. Secondes longues. Silence pesant. Cris d'oisillon de la part du public d'outre-tombe. Hantise. Il se remet peu à peu du coup assèné. Et bientôt, tout redevient comme avant. Temps et espèrance engloutis dans l'oubli le plus abyssal. Meurtre. Puis un son saccadé. Entrecoupé. Les lèvres entrouvertes. Rictus mauvais. Ovation tristesse. Lovation paresse. Faible murmure, puis plus rien. Secondes vicieuses. Son distinct. Eclate de rire. Croassements élevé dès l'autorisation lancée. Cacophonie délectable.
- Exellent!
Rire plus long que la normale. Approche du martyr, lui donne un coup sur l'épaule. Amical. Fraternel. Misérables ensemble. En temps que famille dans la dérision, partage de rigueur. Lui vole la cigarette, la porte à sa bouche. Plus sérieuse. Inspire, recrache.
- Il se fait la plus belle femme du monde, et il est pas content.
Repart dans son hilarité. Toujours autant de bruit. Dérangeant. Inspire, recrache. Se déplace. De derrière lui, se retrouve devant. Lui tourne le dos. Diffuse son sourire étincelant face à cette Déesse. Constante bonne humeur. Les oiseaux participent à la scène de bon coeur. Symphonie morbide.
- J'y crois pas, il est trop fort!
Réaction puérile. Volte face. Atteinte physique et mentale. Fixation occulaire à fuir. Trop tard. Fin du rire. Même le public se tait. Neutre.
- Attends. Elle n'a pas pu te décevoir, quand même. Non, parce qu'elle vaut mieux qu'un type comme toi, tu sais.
Une seconde. Deux secondes. Trois secondes. Quatre secondes. Cinq. Fusible éclaté. Coupure de courant. Hilarité reprise de plus belle. Concerto pour spécimens ailés, troisième mouvement. Déplacement forfuite. Légèreté accablante. Courbe de son poignet sur son bras. Frère et soeur.
- Mais j'déconne! T'es très bien comme tu es!
Replonge. Calme soudainement effrayant. Abesence de son pesante. Ni croassements rauques, ni voix cristalline. Zéphyr dans ses fils de soie clairs dans l'obscurité. Souffle glacé soulevant ses voilures luisantes. Rondeur nocturne en plein dos. Beauté de l'immobile.
- Tiens, ta clope.
Brisé. Prends sa main et lui rend son bien. Ce qui est à toi est à moi. Rabaissée. Tombe à genoux, reprend place sous la lumière intensément aphrodisiaque. Escouade gardienne l'accompagnant dans son mouvement. Attroupement explosion.
- Connerie. Tu n'aurais pas dû.
Animosité rayante sur le vinyle. Cris enfantins par les noirs. Calme de sa main les caressant à tour de rôle. La tête au-dessus de son épaule. Vision vampirique.
- Exact?
On lui demande les dossiers qu'il n'a pas lâché depuis. Condamné à accepter, il les tend à contrecoeur. Le regard inquisiteur de chacun le met mal à l'aise. Il ne lira pas ce qu'il a écrit. L'autre s'en charge à sa place. Il a cru pendant un instant élever la voix de sorte à être entendu. Ne serait-ce qu'une fois. Pour ce qu'il souhaitait. Tout ce qu'il souhaitait. Déployer ses intonnations encore inconnus de tous. Même de lui. Il a cru pouvoir parler une fois. Parler.
- Mais tu l'as fait.
Ce n'était pas sa faute. Ce bébé n'arrêtait pas de pleurer. Ces pies jacassantes ne faisaient que rire à tout va. Ces vieilles comères ne pouvaient s'empêcher de critiquer le moindre détail qui ne s'apparentait pas à Molière. D'autres fumaient pendant la représentation. Et tous faisaient du bruit. Tous, sans exeption. Ils avaient du mal à s'entendre, sur scène. C'était invivable. Et puis, François a débarqué sur scène en plein millieu de l'acte romantique entre Mélanie et Staphane. Armé d'un flingue. Une balle a atteint le crâne du Prince. Il est tombé au sol, inerte. Mélanie a accouru en hurlant. La salle était toujours aussi bruyante. Des garçons rentrèrent pour attraper le criminel. D'autres coups de feu. Valérie est tombée à genoux. Il est inutile de préciser ce qu'Amandine a fait. Les régisseurs sont restés impassibles un instant. Ils se sont pris dans leurs bras, silencieux. Contraste puissant. Jordan laissa une flaque rouge lui servir de lit. Michaël ne se réveilla pas après le coup de poing. Un projectil brisa la vitre des deux lointains. Céline glissa des bras du jeune homme. Puis une voix symphonique. Poétique. Ellen. Percée à travers la mauvaise musique qui emplissait les lieux. Hurlments, rires, bavardages. Elle du s'arrêter plusieurs fois. Soupir. Alla chercher le gun de François, étendu contre le décor. Tire un coup dans le petit crâne de ce morveux pleurnichard.
- Et si tu la déçois, tu auras affaire à moi.
Il ne pouvait parler. Il ne pourrait parler. Se contentan de gestes effectués à la perfection. Prise de conscience. Réalité. Il est muet.
- Alors... De quoi veux-tu parler?
Véritable cyclone. Cataclysme se ruant vers la sortie. Bloquée. Sortie de secours. Close. Orgie sanglante. Ils s'écrasaient mutuellement. Les tirs fusaient. Et quand il n'y eut plus de munitions, le décor servit d'arme. Ca dura pendant longtemps. Seconde lente. Elle s'essoufla. Seconde longue. Tomba face contre le sol poussiéreux. Nappé d'hémoglobine. Robe blanche devenue rouge. Massacre silencieux. Qu'elle de réchappée. Seconde vicieuse. Rire sadique. Horreur. Mais horreur silencieuse. Elle chanta. Elle chanta. Et toute la salle l'écouta.
- Tu veux me raconter comment c'était?
Il y a des fois où il vaut mieux se taire.
Bla-bla-bla.
[ Ta gueule, oh, ta gueule, ta gueule. Ta gueule, oh, ta gueule, ta gueule. Ta gueule, oh, ta gueule, ta gueule. M'entends-tu? Oh, ta gueule, Ta gueule! ] [J'l'ai fait. T'as vu? J'l'ai fait.] |
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