Il y'a un moment, j'avais écrit une petite histoire, celle d'un jeune flic de Paris, qui, malgré lui, allait se retrouver embrigadé dans un conflit séculaire entre humains et lycans.
L'histoire gravite autour de Kurt Lacroix, un jeune profiler ayant récemment intégré la police judiciaire de Paris, et qui enquête sur des meurtres d'une sauvagerie sans precedant. Parti à la recherche d'un tueur repondant au sobriquet de "Full-Moon", il découvrira bien vite que ce qu'il poursuit, dépasse bien vite son entendement...et qu'en plus, le tueur n'est peut-être pas seul.
Pour le moment, je ne vous en mets qu'une partie, mais j'aimerais savoir ce que vous en pensez. A la base, j'ai jamais souhaité publier et je garde tout pour moi, simplement par fait que je fais pas confiance aux éditeurs, mais un petit morceau, ca fera pas de mal.


Vous savez ce que je déteste dans ce boulot?? Ce que je hais vraiment, à chaque fois qu'il y'a un pauvre type ou une fille qui se fait éventrer la tronche? Ouais, j'ai bien dit éventré....Bref, ce que je déteste le plus, c'est pas de me retrouver face à un macchabée fraichement refroidi....Oh, ca, non....Ce qui m'emmerde le plus, c'est que je devine indubitablement que je vais gerber une grosse partie de mon repas, dans le cas où j'aurais eu la mauvaise idée de me payer le luxe de bouffer chinois ou thai....C'est comme une bon dieu de poisse, une malédiction dont on ne débarrasse, qu'une fois, six pieds sous terre.
Il est actuellement deux heures du matin, et affalé bien tranquillement sur ma Harley, j'observe mes collègues en train de s'affairer autour du corps d'une pauvre gamine d'à peine quoi.....20 ans, selon les papiers qu'on a pu trouver au beau milieu de cette tripaille, au beau milieu d'une ruelle perdue, non loin situé de la Gare du Nord.
Des problèmes, y'en a partout dans cette foutue ville, peu importe l'heure, et les emmerdes, c'est souvent pour notre pomme, mais là, c'était bien plus particulier. Y'a qu'a voir la gueule que tirent les collègues pour deviner tout de suite qu'on a pas affaire à un connard de cannibale. En 5 ans de boulot en tant que Profileur dans la Police, j'ai appris à cerner, à me mettre dans la peau de n'importe quel timbré qui se ballade dans la ville lumière, et croyez moi, vu le mode opératoire, ca n'avait, je cite, aucunement rapport avec un cannibale, ce que les gars refusaient d'admettre.

Et regardez moi tous ces idiots qui essayent de franchir le périmètre de sécurité...Entre les curieux pour qui je ne ressent aucune animosité, et les journalistes qui veulent tout faire pour vendre leur feuille de choux, on est vraiment bien entouré....Et je parlerais pas de ce froid de canard qui frappe la ville. J'en ai des gerçures au lèvres et je ne parlerais même pas de mes parties les plus intimes.......J'ai vraiment besoin d'une clope...et d'un café.
Tout en allumant la cigarette, je me repasse chaque détail en tête, chaque image de la ruelle, en fermant tranquillement les yeux, afin d'essayer de comprendre.
La première chose qui me vient à l'esprit, c'est que notre tueur n'a pas peur de se montrer, et il peut frapper près de n'importe quel lieu fréquenté....surtout une rue comme celle de la Gare, qui est constamment bondé de monde. Ensuite, il se peut que la victime le connaisse, pour se rendre là, dans une ruelle sans issue....Enfin, je veux dire, personne n'irait dans une voie sans issue, sans réel motif, ce qui, en plus du peu de vêtement que le corps porte, me porte à croire que ce n'était pas une simple parisienne, mais plutôt du genre à faire des gâteries, contre de la monnaie sonnante et trébuchante. Donc, peut-être une nana qui avait un client habituel, quelqu'un qui devait sans doute être en manque....ou pas...Il pouvait aussi s'agir d'un inhabitué qui voulait tenter le premier vol......Non, ca colle pas...En général, elles font jamais cela en extérieur, elles ont toujours une camionnette ou un appart pour faire leurs saloperies....et le seul truc dont je sois sur, c'est que le client est le meurtrier....et pourquoi, selon vous?? Tout simplement parce que nous aurions deux corps, sinon.....Donc, on a un tueur taré, vicieux, et sauvage, pire qu'un animal, qui se ballade et trucide des gens à tout va.....En 6 mois, ca va faire le dix-huitième meurtre, soit 3 par mois, et à chaque fois, dans les période de pleine lune....Oui, ce fumier a bien mérité son surnom de "Full-Moon"

Je porte à nouveau mon regard vers le spécialise, qui m'apporte son premier examen, à la main, les gants tachés de sang, tandis que je continue d'observer d'un oeil funeste la ruelle qui est tapissé des tripes et boyaux de cette pauvre femme.

-Alors??

-He bien, à première vue, c'est toujours le même. Toujours les traces de morsure à la jugulaire, et la carotide, mais cette fois, il est allé beaucoup plus loin....Le chien qu'il a utili..

-Je vous ai déjà dit cent fois que c'était pas un putain de clébard qui faisait ça. J'ai vu des chiens tuer des gens, mais pas au point de retapisser une ruelle entière....C'est pas un chien.

-Pourtant, les traces de dents...

-Il a très bien pu se les limer, comme pas mal de cannibales....Mais, ca, c'en est pas un....Les cannibales utilisent toujours différents produits pour endormir leurs victimes: Chloroforme, Ether, et parfois même de la morphine, pour les prélèvements des organes ou des membres....T'en a retrouvé??

-Ca, ca sera au Coroner de la ville de te le dire. Pour ça, faudra faire une autopsie.

Je pousse un soupir de deception en portant à nouveau le regard sur le cadavre de la prostituée

-.....Pour ce qu'il en reste.......

-A quoi tu pense, Kurt?

-J'en sais rien, Jacques.....J'ai vu des meurtres dans ma vie, qui avaient tous un certain degré de sadisme, mais là....on dirait à chaque fois qu'il s'acharne sur le corps, même une fois passé de vie à trépas....Ecoute, je sais pas quel genre de malade peut faire ça, et à vrai dire, je m'en fout...La seule chose qui compte, c'est qu'on lui mette la main dessus, avant le mois prochain...Sinon, tu sais si on a appelé le service de surveillance de la ville?

-Les collègues sont dessus, actuellement. On aura les cassettes dans la nuit....Mais tu devrais te reposer....Ça fait..

-Oui...presque 72 heures que j'ai pas fermé l'œil

Comment fermer l'œil en sachant qu'un espèce de fumier se goinfre un carpaccio de parisiens, avec ceintures, robes, pantalons et tout ce qui va avec?? Depuis six mois que je suis sur cette affaire, et je n'arrive toujours pas à établir de liens entre les différents meurtres. Aucun modus opérandi, un choix de victime tout à fait aléatoire, et la seule chose que l'on sait, c'est qu'il ne tue qu'à la pleine lune.

J'entends les journalistes gueuler pour passer, tandis que le capitaine ordonne à ses troupes de ne laisser passer personne. Pas d'interview, pas de commentaires, rien, et pourtant, vous pouvez être surs que demain, tout les journaux afficheront, en gros, et en large que notre tueur à encore frappé...J'en ai marre de ces putains de charognards, ces marchands de malheurs....et je repense encore à la petite Jessica, cette pauvre enfant, retrouvée massacrée chez elle, avec la baby-sitter...J'entends encore les cris de la mère, totalement ravagée, détruite jusqu'au plus profond de son être, meurtrie à tout jamais, pour lui avoir retiré la seule lumière de sa vie..........Merde, je vous jure que j'aurais ce salaud, et il répondra de ses actes, devant la ville entière, avant que je lui colle une balle de 357 dans la cervelle, histoire de retapisser le sol par simple haine.

Je ressens une légère chaleur dans la main droite, qui en vient presque à me bruler, alors que je l'ai posée sur ma moto. Je baisse le regard et je m'aperçois que ma cigarette touche déjà à sa fin, sans que j'y vraiment touché.....Je dois vraiment être fatigué, sans parler de ce froid.....

-Je dormirais quand on aura coincé ce fumier, Jacques....Pas avant.

Mon téléphone sonne dans ma poche, sans doute pour m'annoncer une mauvaise nouvelle supplémentaire...Dans un sens, c'est presque ça, puisqu'il est indiqué "Maman"....Oh merde, je lui ai déjà dit milles fois de ne pas m'appeler quand j'étais en service...et pourtant, comme un couillon, je décroche, presque de manière automatique.

-Oui.............Non, je t'ai déjà dit que.............Oui, mais là, je bosse, tu vois, alors rappelle demain matin."

Ni au revoir, ni bonne nuit, je raccroche d'un geste brusque et j'éteint le portable, presque en grognant comme une bête, de façon à montrer mon mécontentement. Pas que j'aime pas ma famille, mais c'est limite de l'obsession de leur part que de m'appeler plus de vingt fois par jours. Ma pauvre mère sait que je suis sur l'enquête de "Full-Moon", donc, elle s'inquiète, direz vous. Pourtant, j'avais fermé ma gueule, sur le coup, histoire de pas la faire paniquer, mais il aura fallu de quelques secondes d'inattention, pour que ma tronche apparaisse à la télé il y'a quelques mois, grâce à des crétins de vendeurs de papiers................C'est pour ça que je hais les journalistes.

-Bon, je retourne à la PJ, faire un rapport. Arrange toi pour que le Coroner m'envoie les résultats au plus vite....et...gaffe avec le sang, vu les origines de sa proprio.

Je dis ça presque en souriant, tandis que Jacques me gratifie d'un "Connard", bien sonore.
La subtilité, c'est pas mon truc, et j'ai toujours tendance à dire tout haut ce que les autres pensent tout bas, alors forcement, une aussi grande gueule que la mienne, en plus de ne pas passer inaperçue, ca plait pas forcement à tout le monde.
Les flics ôtent le cordon de sécurité afin que je puisse passer avec ma bécane, au milieu de la toute la foule de crétins qui s'extasient presque devant la sauvagerie de ce meurtre, alors que d'autres vomissent leurs tripes...Bé si le spectacle n'est pas de votre gout, vous pouvez toujours vous barrer, au lieu de pietiner sur nos plates-bandes. Évidemment, y'a toujours les journalistes qui me courent après, où qui tentent de me barrer le passage, mais pour une fois, j'évite de les enquiller, histoire que la boss ne me fasse pas toute une comédie...Croyez moi, jouer au bowling avec une caméra ne m'a pas vraiment porté chance...Je dirais même, sans me tromper, que ca rapporte un sacré lot d'emmerdes supplémentaires.

Je réfléchirais mieux à cela devant une bonne tasse de café, tout en parlant de cela avec Moïra. Et c'est ce que je décide effectivement, après avoir roulé quelques minutes en direction de Chatelet. Y'a quelques cafés qui restent ouverts la nuit, et chez Moïra, c'est l'idéal.
Un bon petit jazz en fond sonore, un café bien chaud, et des paroles réconfortantes.......J'ai vraiment besoin de repos.