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 Meurtre [PV Aeden]

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AnonymousInvité
MessageSujet: Meurtre [PV Aeden]   Meurtre [PV Aeden] EmptySam 2 Oct 2010 - 16:23

Angie franchit la porte principale de l'école d'un pas décidé. Dehors, un faible vent soufflait, le ciel était d'un gris continu, tant pis, elle voulait prendre l'air. Il était très tôt, le petit déjeuner n'avait pas encore commencé, et la jeune fille tenait à faire un brin de ballade pour bien entamer la journée. Celle-ci avait bien débuté, et malgré peu de sommeil elle se sentait parfaitement réveillée, et sa douche brûlante avait contribué à la mettre d'attaque. Elle avait mangé une brioche qu'elle avait emporté la veille au soir du buffet à sa chambre.
Mais ce temps grisâtre la dérangeait un peu, un frisson inexpliqué la prit. Pourtant elle était bien couverte, une épaisse écharpe accompagnée d'un large blouson de tissu et d'un jean long, elle se sentait protégée. C'était plus comme un pressentiment.
Angie se décida à l'ignorer, elle voulait se promener et rien ne l'en empêcherait. Elle traversa la parc, marchant au hasard, coupant à travers l'herbe, ignorant royalement les sentiers. Finalement, à force d'avancer droit devant, elle fini par atterrir à la lisière de la forêt. Grande et menaçante, son contour était bien défini, elle se montrait dès les premiers mètres opaque et touffue. Angie haussa les épaules, pourquoi pas explorer les lieux. Cela faisait un petit moment qu'elle habitait l'établissement à présent, mais elle n'avait encore jamais osé s'aventurer dans ce dense rideau de végétation. La rapide et apeurante vision qu'elle en avait eu du haut de la tour, le premier jour, en compagnie de Tetsu avait fortement aidé son éloignement. Mais elle sentait qu'il était temps d'explorer cet endroit. Elle voulait tout voir, tout savoir de cette infime portion de la Transylvanie.
Prudente, elle franchit la première épaisseur d'arbres. Très vite, elle se retrouva entourée d'arbres gigantesques, tellement proches les uns des autres qu'il était difficile avec les ronces et l'épais feuillage des buissons de passer entre. Le jean qu'elle avait mit ce matin, encore en très bon état, avait déjà commencé à se déchirer et l'écharpe se prenait souvent dans les basses branches, l'étouffant à moitié. Puis, d'un seul coup, la végétation s'espaça, il devint plus facile de respirer entre les arbres. Le léger sentiment de claustrophobie de la petite s'évapora, remplacé par le calme et le bien-être. Toute intuition néfaste l'avait quittée à présent qu'elle débouchait sur une portion de forêt où les arbres étaient plus espacés.

Angie, sautillant presque dans l'épaisse herbe, s'arrêta brusquement. Des sentiments étrangers venaient de lui parvenir. Ils étaient pour l'instant trop loin pour qu'elle puisse correctement les cerner, elle devinait pourtant qu'ils ne respiraient pas le soleil et le bonheur. Ils s'approchaient de plus en plus, il seraient bientôt là. Elle ne voulait pas intervenir à nouveau dans la sphère privé de quelqu'un qu'elle ne connaissait pas. Une fois suffisait largement à son goût.
Quoi qu'il en soit, elle se dissimula dans le renfoncement d'un arbre particulièrement imposant. Elle n'avait pas envie de bloquer les sensations étrangères, de se fatiguer pour rien. Tout ce qu'elle espérait, c'est que ça ne serait rien de trop privé et qu'ils partiraient vite. Elle devrait bientôt déceler s'il s'agissait d'une ou de plusieurs personnes et de si elle les connaissait. Angie se tassa encore un peu plus en attendant l'arrivée de l'inconnu.

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AnonymousInvité
MessageSujet: Re: Meurtre [PV Aeden]   Meurtre [PV Aeden] EmptyMar 19 Oct 2010 - 22:05

"Sauvagerie à tout épreuve. Dans l'endroit qui nous mène à l'infini, j'attends. Encore et toujours, jusqu'à la fin. Nous sommes en grève. Pour le restant de notre vie, nous sommes en grève. Pour l'annulation, la collaboration. Nous sommes en grève, et nous le valons bien. Nous sommes en grève, pour une raison particulière. Ce soir mon chou, c'est ceinture. Je suis baignée dans l'amertume la plus totale, focalisée sur un regard, ou par un autre. Ce soir, mon ange, c'est ceinture. La moitié offerte pour la science, l'autre pour l'ignorance. Nous sommes en grève, mon amour. En grève de la luxure. Hier, ce n'était pas pareil. Hier, tu as pu faire tout ce que tu veux. Mais je préfère te prévenir, mon amour. Ce soir, c'est ceinture. Pour toujours et à jamais. Ce soir, c'est ceinture, et toujours ceinture. Pour ce soir en tout cas. Pas de beuveries, pas de mouvements intempestifs. Je ne peux pas être dérangée par toi. Après tout, c'est logique non ? Ce soir, nous allons mater un film. De ton choix. Pour la science, ou pour la déraison. Encore un écrit stupidement fait, après tout, qu'y pouvons-nous. La démesure. Une écriture terrible. Une progression dans le temps. Ce soir mon chéri, on ne va pas faire de folies. Pourquoi ? Mais voyons, on se connait à peine. Un bonheur à peine superflu. Je veux sentir des corps enchevêtrés, ouais, d'accord. Mais pas les nôtres, sinon on va se lasser, tu comprends. Mais bien sûr que c'est génial. Je ne fais pas ça parce que je connais tous les recoins du plafond par coeur. Non non non, c'est juste qu'il ne faut pas être trop puissants au début. Mettre la chose dans le temps. Sinon, on ne va pas pouvoir en profiter. Alors je fais grève. Je suis désolée. Parce que... ben parce que c'est comme ça. Non, je ne t'ai pas trompé. Je ne l'ai jamais voulu. Pas cette fois, pas encore. Déposer ma cigarette sur le cendrier, tapoter légèrement, pour en retirer la cendre. Cracher un amas de fumée merveilleux, élégant. Trouver la corde raide et l'exploiter. Je te vois, je sens ta peau contre la mienne, ton contact chaud. Je t'en prie, je n'ai pas envie de calins pour l'instant. Non, en effet, ça ne m'intéresse pas. Pas tout de suite. Tu veux bien enlever ta main ? Pourquoi ? Parce que ce soir c'est ceinture, je suis déterminée à tout te refuser. Même un petit bisou. Bon, d'accord, tu as ton bisou. Voiiilà. Puis-je avoir la paix ? Alors, tu choisis quoi ? Amadeus. Superbe film, Amadeus. Très bon film même. Empli d'une poésie abordable. Terrible. Haaha. Arrête s'il te plaît. Bon, sinon ya plus comique. J'ai beaucoup aimé ce film, la Grande Vadrouille. J'ai toujours admiré De Funès. C'est con qu'il soit mort, parce que moi, je l'aurais bien rencontré. Tu n'as pas envie de rigoler ? Tu voudrais plutôt... non, je t'ai dit. Ta main, sur mon cou? Quoi ? Quoi, Quoi ? Ne fais pas l'innocent, voyons. Je sais où tu veux en venir, quand tu me tends ce DVD. Lady Chatterley. Non non non, trop érotique à mon goût. ça va te donner envie. Tu as déjà envie ? Raison de plus. Mon chéri, sois compréhensif. Ce soir, c'est ceinture. Mais non, ce n'est pas contre toi. Un câlin, maintenant. Non non non. Je ne peux pas. Je t'offre un doigt, tu me demandes la main. Si ça continue, tu risque de m'attraper les seins. Bon, allez. Un petit calin. Voiiiiilà. Tu peux me laisser choisir le film ? Tiens ! Si tu veux réflechir, il y a Da Vinci Code. Non non, ce n'est pas ce que tu crois, ce n'est pas réservé aux intellectuels. C'est un film exceptionnel. Et Tom Hanks est très séduisant. Il joue bien son rôle de gentil salvateur. De toute façon, moi, j'ai toujours eu un petit faible pour cette actrice, Tautou. Elle joue pas aussi bien que Julia Roberts, mais ma foi, elle est plutôt douée dans son genre. Nicole Kidman ? Ah ben là, tu joues sur une autre classe. Si tu veux voir cette blonde sulfureuse, il y a Moulin Rouge. Très poétique. Et Ewan Mac Gregor. Quelle voix... sublime. Non, tu ne peux pas te vanter de chanter aussi bien. Tu veux te venger ? Attrape ma main, m'aplatis sur le lit. Comme un objet. Dis-donc, faut pas exagérer. Calme toi mon amour. Non, allez, s'il te plaît, ça ne m'amuse pas. Pose ta main sur mon ventre, comme une bénédiction. Comme un accueil. Quelques soupirs que je pousse te donnent envie. Ce n'est pas ma faute. Tu as des mains si douces. Mais je te l'ai dit, tu ne pourras pas aller plus loin. Ce soir c'est ceinture. Je me le suis jurée, pour ne pas avoir à le regretter plus tard. Pour profiter au plus de ce doux contact épidermique. Ce contact que tu passes le long de mon cou blanc, sans me demander la permission. Elles sont traîtres, tes lèvres, de passer le long de ma gorge aussi lentement que faire ce peut. Non, arrête. Je te l'ai dit, bon sang. Ce soir c'est ceinture. Tu ne pourras pas m'ôter cette idée de la tête. Mon amour, calmons nous. Regardons plutôt un film d'action, dans ce cas. On m'a dit beaucoup de bien de Lord of War. Et puis Nicolas Cage est tellement beau. Sanglant ? A la limite. Sweeney Todd. On va en ressortir dépressifs. Mais peu importe. Ce sont de bons films, un bon choix. Tu me feras un cocktail, si tu veux. Voyons, laisse moi parler ! Retire ces lèvres des miennes. Non pas que le contact me dérange. Il est trop doux, trop tendre pour me déranger. Ne t'allonge pas ainsi sur, moi, tu sais que ça ne sert à rien, je refuse. Tu as chaud ? Alors pourquoi retires-tu ta chemise ? C'est idiot, tu vas attraper la mort. Tiens, je vais te préparer un café. Ou un bon chocolat bien chaud. Toi et moi, on se mettra sous la couverture, calmement, emmitouflés dans la chaleur, avec une bonne tasse fumante. Devant... Le Seigneur des Anneaux. Oui, certes, c'est un classique. Mais bon sang, j'aime ça. Il est super ce film. Et puis j'ai toujours eu un faible pour le blond Orlando Bloom. Hahaha. Tu es jaloux ? Je sens ton souffle sur ma poitrine. Doux contact. Mais que fais-tu ? Où est ma robe ? Ne me dis pas que tu me l'as retirée. Je t'ai prévenue, ce soir c'est ceinture. Quoi que tu dises, quoi que tu fasses. Tu n'as pas le choix, point final. Je ne vais pas m'amuser à te le répéter. Sentir ton visage, tes yeux gris perle dans les miens, un sourire taquin. La main, une douce caresse contre mes hanches, tandis que tu m'attires contre toi, entre mes jambes tendues à l'extrême, sans me demander mon avis. Mais je t'ai prévenu, quoi que tu tentes je ne me laisserai pas faire. C'est pour cela que je pose délicatement mes mains contre ton dos et rejette la tête en arrière. Je n'ai jamais eu le choix de quoi que ce soit. J'ai toujours été une victime des circonstances, à la recherche de la perle rare. On aurait pu dormir, se reposer, en pâtir, calmement et simplement. On aurait pu se détendre, mais tu en veux toujours plus. Alors, nos deux ventres se touchant, je te laisse retirer les derniers morceaux de coton qui retiennent ma chair prisonnière. Presque résignée. Dis-je avec un sourire angélique. Et déjà le feu d'artifice est en place. Comme une illumination. Tu vas recommencer. Encore, encore, encore. Et je vais en redemander. Déjà, la chaleur de ton corps se diffuse dans le mien. Premières gouttes de transpiration, devant la télévision éteinte. Premiers cris. Premiers soupirs. Mais je te préviens.

Demain, c'est ceinture."



Ce rêve, curieuse sensation. Le bien-être et la vengeance. Les Naïades ne suffisent pas. Il me faut du sang humain. Je peux en trouver, dans cette forêt, cela ne fait aucun doute. Aux premières lueurs de l'aube, une silhouette gonflée d'une aura puissante franchit les lourdes portes du château, bien décidé à se venger. Une trace de griffure violente encore présente sur la joue. Cela va me faire une cicatrice. Une cicatrice le long de ma joue. L'ange Tyraël. Pseudo-protecteur de ma jumelle. Ici, il n'y a que moi qui protège. Les autres se soumettent. Enfin une nouvelle signification, un nouveau départ. Pour une nuit avec toi mon amour. Dans la forêt, pénétrer. Aussitôt, une odeur m'assaille. Il y a quelqu'un ici. Un humain. Un repas. Les gens, aujourd'hui c'est la joie. Réflexion. Nouvelle odeur. Une femme. C'est une femme. Une femme seule. Elle est assez loin de moi, mais je l'entends chantonner, doucement, lentement. J'entends sa respiration, son coeur battre dans son corps, contenant du sang chaud et de la chair tendre. Une adolescente. Sans doute à la recherche de champignons. Elle s'amuse. Tranquilisons-la. Sa mère n'aurait pas du lui demander d'aller cueillir des champignons. Car ce n'est pas par le loup qu'elle va se faire dévorer. Mais par une créature bien pire encore, qui va lui faire découvrir tous les maux et les gestes sales dont un être bipède est capable avant de mettre sa proie définitivement à mort. Dans la haine et la souffrance, la douleur, et non la délivrance. Tu vas agoniser longtemps, chérie. Parce que ce soir je ne suis pas d'humeur. Alors je prends mon élan. Et entame ma course folle.

Je jaillis des fourrés sans que tu comprennes. Je jaillis des fourrés et attrape ton cou et ton menton. Moi, debout derrière toi, t'oblige à te mettre à genoux, la tête rejetée en arrière, les yeux, tels ceux d'un animal fou, emplis d'une terreur qui ne pourra jamais être satisfaite. Tu as peur de moi, et tu as raison. Ma main caresse ton cou avec une tendresse ignoble. Un sourire se dessine sur mon visage, calme, détendu. Mais tu as toujours la force de bafouiller quelques mort, morte de terreur.


"Ne me tuez pas je vous en supplie ! Ma mère m'attend... elle n'a que moi au monde...
- Et alors ? Je m'en fiche royalement, ma jolie.
- Je vous offre mon corps, mon argent, tout, mais pitié ne me tuez pas ! J'ai quinze ans, monsieur, je vous en prie, je vous en supplie !
- Cesse de gémir, les larmes vont altérer ton goût. N'en fais pas une affaire personnelle. Tu n'es qu'un repas, après tout.
- NON ! PIT..."


Ma bouche se jette sur la gorge de la jeune femme et mords, mords à toute volée. Le sang s'écoule à gros bouillons, ce sang que je lape avec une satisfaction que je ne cache pas. Mon petit instant de bonheur. Mon accalmie, mon désir. Je me sens à l'aise, enfin. Calme. J'arrache la peau du cou de cette fille et la dévore, tandis que sa jugulaire ouverte créé un gargouillement insoutenable pour des oreilles sensibles. Elle essaye de parler alors que sa gorge est trouée et que ses cordes vocales ruissèlent de sang. J'entends cependant un tressaillement de feuilles près de moi. Je devrais surveiller les couloirs, ce matin, veiller à ce que les élèves ne sortent pas avant le petit déjeuner. Mais j'avais faim. On ne lutte pas contre la faim. L'enfant qui m'a dérangée est sans doute de l'école. Une petite humaine, sentant la magie. Son visage que je ne vois pas, dissimulé dans l'ombre d'un arbre. Mais je le devine. Une horreur sans précédent. Alors je relève la tête, laissant le sang couler le long de ma bouche, rejetant le cadavre à moitié dévoré de la jeune fille. J'ignore depuis combien de temps tu es là, enfant. Et finalement, je m'en fous pas mal.

"J'ai plus faim. Tu peux y aller."
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AnonymousInvité
MessageSujet: Re: Meurtre [PV Aeden]   Meurtre [PV Aeden] EmptySam 23 Oct 2010 - 13:49

*Crac, cric, crac, criic* De rapides pas sur un épais tapis d'herbes cassantes. Bref bruits, léger et aventureux. Ils s'accélèrent. La tranquillité qui régnait chez la personne s'évapora, remplacé par un un sentiment- de ne pas être à son aise, qui tord la poitrine, coupe la respiration, dérange jusqu'au bout.
Les bruits se précipitent.
*Sfushh, shfushh, sfushh* D'autres pas se font entendre. Bruits quasiment indétectable pour une oreille non-avisée, discret murmure de la démarche d'un prédateur qui repère sa proie. Qui fond dessus. Bruits rapide de lutte. Les sentiments de terreur pure de la victime se font oppressant. Le cœur qui s'affole, la chaleur qui se répand dans tout le corps, les sphincters à deux doigts de lâcher. Tremblements incontrôlés et incontrôlables. Gémissements murmurés inconsciemment, les instincts de la victime face à son bourreau, primitifs. Qui remontent à la surface. Ceux de la survie, coûte que coûte.
Et, tout aussi dérangeant, le sentiment diffus de victoire du meurtrier qui sait que la proie et à sa merci. Et qui ne va pas se priver des joies de l'abattage.
Le son. Les voix.


"Ne me tuez pas je vous en supplie ! Ma mère m'attend... elle n'a que moi au monde...
- Et alors ? Je m'en fiche royalement, ma jolie.

- Je vous offre mon corps, mon argent, tout, mais pitié ne me tuez pas ! J'ai quinze ans, monsieur, je vous en prie, je vous en supplie !
- Cesse de gémir, les larmes vont altérer ton goût. N'en fais pas une affaire personnelle. Tu n'es qu'un repas, après tout.
- NON ! PIT..."


Ma gorge s'est brutalement fermée, la douleur profonde irradie mon corps, je me sens faible. Pourtant assise, mes jambes ont lâchées, je ne sais plus où je suis ni qui je suis. Si, je le sais. Je suis cette jeune fille de 15 ans qui vient de voir des crocs acérés déchirer sa tendre gorge, et qui voit son sang se répandre sur l'herbe encore humide de la rosée, son corps manipulé sans précaution par ces mains expertes dans leur domaine.

Les yeux vitreux. La douleur. Elle est morte, déjà. Elle est morte, mais ses dernières émotions restent éparpillées dans les airs. Elle est morte, mais elle est toujours là. Je suis morte, mais je suis là. Toujours la douleur. Et cette peur qui te tient au ventre, qui déchire tes entrailles en même temps que les crocs le font. Je suis morte, mais je ne le sais pas. Je suis morte, et je sens mon sang me quitter, mon cœur a déjà abandonné la lutte. Mes poumons brûlent, mes yeux me sortent de la tête, c'est normal, je suis morte. La peau de mon cou, si belle, si blanche et si fragile, se fait attaquer par les sucs gastriques.
En quoi est-ce mon problème ? Je suis morte. Tant pis. Les yeux étroitement fermés, dans le noir oppressant dansent des couleurs clignotantes, les couleurs comme lors d'un trip au LSD. Puis, elles partent, ainsi que le fond noir.
Remplacées par du blanc.

Je me suis évanouie.




* * *

Une peau douce et chaude m'enserre le poignet. C'est la main de ma maman. Je force sur mes petites jambes, pour suivre ses longues foulées d'adulte. J'ai six ans et je me sens bien. Je regarde en bas. Mes petits souliers blancs apparaissent, l'un après l'autre, me permettant d'avancer. On dirait qu'ils flottent, arrivant de cette manière sous ma courte robe, blanche elle aussi.
Petite, ma mère adorait m'habiller entièrement en blanc. Mon serre-tête est blanc lui aussi, je le sens autour de ma tête. Une anglaise naturelle châtain qui s'est échappée vint s'aventurer dans mon champ de vision. Mais mes deux mains sont prises, je ne peux la remettre en place. Je tourne la tête. Il y a quelque chose à droite. Tiens ! On dirait un parc. Je tire sur la main de ma maman, me fais insistante. Sa tête, familière et rassurante se tourne vers moi, m'interroge du regard. Je dis de ma voix fluette :

« - Maman ! Viens, on va jouer au parc à droite !!
- Ma chérie, ce n'est pas un parc, c'est un cimetière.
- C'est quoi un cimetière ?
- C'est l'endroit où on met les gens morts. Tu verras des gens, des amis, ta famille mourir toi aussi.
- Mourir ?
- Quitter ce monde et ne pas revenir. Arrêter de vivre. Tout le monde meurt, tu sais. »

J'ouvre grand mes yeux, je ne savais pas qu'on pouvait mourir, que cette vie avait une fin. Mais... Même moi ? Même toi maman ? Une petite voix intérieur me répète : "Tout le monde meurt...". Un frisson me prend, j'ai une angoisse me monte au ventre. Je veux pas mourir, je veux pas que maman et papi meurent.
Je veux rester toujours avec eux. Toujours. J'aime beaucoup ce mot, toujours. Il me rassure, la nuit, quand je suis toute seule dans ma chambre, qu'il fait noir et que j'ai peur. Toujours, toujours avec maman et papi. Toujours. Mais maman s'arrête de marcher, elle s'accroupit face à moi. Que veut-elle me dire ? Elle semble sérieuse.

« Mon petit ange, écoute-moi attentivement. Ne va jamais dans un cimetière, jamais, et éloigne-toi des gens morts, même si tu les aimes, d'accord ?
- Mais... pourquoi ?
- Tu te souviens quand je t'ai expliqué tes pouvoirs, ceux de sentir les autres ?

- Oui.
- Eh bien, les personnes mortes, leurs âme restent à leur mort un moment à côté de leur corps, et toi, tu vas continuer de sentir leurs émotions, tu comprends ?
Et surtout si la personne est morte de façon violente, ses sentiments vont être affreux et te faire mal, très très mal. Et tu ne veux pas avoir mal, d'accord ?

- Non maman, je veux pas avoir mal.
- Alors souviens-toi de ce que je te dis. Laisse les morts en paix, tu ne peux plus rien pour eux. Il faut d'abord penser aux vivants, tu m'entends ?
Et ne tues jamais personne ni n'assiste à un meurtre. Jamais. Tu pourrais ne pas t'en sortir.

- Oui maman, c'est promis.

J'adresse un petit sourire à ma maman. Je vais respecter cette promesse, ne t'en fais pas. Je te fais confiance, je ne m'approcherais pas des morts.


* * *



* J'ai rompu ma promesse maman. J'ai fait le pire. J'ai assisté au meurtre d'une innocente fille. Je suis désolée. *


Voici les premières pensées qui traversent l'esprit de la petite Angie au moment où elle reprend ses esprits. Sa perte de conscience n'a duré qu'un instant, et elle se relève, pâle comme un mort, le cœur au bord des lèvres. Elle sent tout autour la présence de la jeune fille qui, innocemment tente de regagner son corps, une ombre ensanglantée abandonnée à même le sol.
Angie, petit être encore tremblant, se leva, et usa ses dernières forces pour sortir des taillis dans lesquels elle s'était dissimulée. Les mâchoires crispées, elle savait ce qu'elle faisait. Titubant, elle s'approcha encore. L'autre l'apostropha d'un voix tranquille, lui proposant de se servir dans les restes. Angie était ailleurs, son esprit avait presque fusionné avec celui de la jeune morte, dont les restes gisaient à ses pieds. Angie sentait la colère en fusion se répandre dans ses veines, infester tout son corps. Ne t'en fais pas, jeune morte. Tu seras vengée.

Le jeune fille, à présent debout, chancelante, faisait face à son ennemi. Celui-ci appartenait à l'école, elle se souvenait de lui. C'était même un surveillant ! Elle se sentait profondément trahie. Une personne sensée la protéger était un meurtrier. Toutes ses croyance en l'être humain venaient de s'écrouler.
Mais il lui restait un but, un objectif. La venger. Il ne devait pas mourir, personne ne le méritait. Mais elle devait le faire souffrir. Autant qui'l avait fait souffrir les deux jeunes filles. Il était temps d'utiliser son pouvoir pour faire ressentir aux autres ce qu'elle-même ressent.
La peine. La douleur. La tristesse pour cet être. L'égarement. L'immense vide, celui qui te grignote de l'intérieur, celui qui te ronge jusqu'à la moelle. Et la douleur qui reste, qui infeste ton corps, la douleur du corps et de l'esprit.

Angie fit appel à toute sa concentration ainsi qu'à toute son énergie. Elle sentait le faisceau d'énergie, d'émotions effroyable. Elle le sentit se condenser. Elle le vit heurter cet être qui se tenait face à elle. Toutes les horreurs qui l'habitaient faisaient également partie de lui à présent.
Épuisée, elle tomba à genoux devant l'être enveloppé d'une aura d'un jaune terne, mêlé de noir. Une aura de cruauté et de noirceur.
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