Entrez dans l'univers de ce lycée pensionnat perdu dans les montagnes transylvaniennes bien mystérieux... Forum RPG ouvert à tous.
 
-45%
Le deal à ne pas rater :
PC Portable LG Gram 17″ Intel Evo Core i7 32 Go /1 To
1099.99 € 1999.99 €
Voir le deal

Partagez
 

 Chas. [Auro, Eris.]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Masculin
Nombre de messages : 9
Age : 34
Localisation : Loin.
Loisirs : Aucun intérêt de savoir cela.
Humeur : Sans crainte.
Date d'inscription : 07/10/2012
Aacaeleb Belia
Aacaeleb Belia
MessageSujet: Chas. [Auro, Eris.]   Chas. [Auro, Eris.] EmptyLun 15 Oct 2012 - 1:03

禁錮. Emprisonnement.


Il est invisible. Il est fantôme.

Spectre errant dans les couloirs sous la lueur frêle et profane du jour. Soleil. Pluie. Humide. Frais. L'air. Vole. Les cheveux soulevés. Emmêlés. Le regard bas. Sourire naturel au coin des lèvres. Belle journée. Belle journée en perspective. Il sourit et s'avance. Personne. Le temps n'est pas propices aux longues promenades le long des sentiers battus. Automne. Il avait une sainte horreur des champignons. Raffolait des châtaignes. C'était de saison. Feuilles mortes. Chute. L'herbe beige, brune. L'herbe verdâtre, encore, parfois. Le soleil timide, le soleil froid. Un soleil qui n'a rien de chaleureux, d’accueillant. Un astre de montagne. Une forêt aux cimes immenses, à l'écorce solide. Les troncs sont beaux. Epais. Les racines apparentes. Sanctifié. Sacré. Un temple. Un culte. La brise légère qui fait soupirer les êtres peuplant les bois. Les hamadryades tapies au sein de leur peau primaire. Les nymphes aux yeux luisants, endormies à même la terre. Les pixies, sveltes, virevoltantes, belles, gracieuses, loin de leurs fleurs. Loin de leur village. Les créatures qui s'émerveillent des miracles de la nature. Les biches fuyardes, horrifiées par les pulsions viriles de saison. La mise en abîme des hérissons, écureuils, et autres ours. Les températures basses. La sylve qui s'éteint, petit à petit. Qui se repose. Livre ses derniers fruits, ses richesses, avant de mourir pour mieux renaître, quelques temps plus tard.
Le temps de l'Automne les rendaient tous un peu tristes. Le coeur saigne de voir la mère souffrir de devoir laisser sa progéniture à ses propres ressources. Les carreaux de la fenêtre n'avaient pas été nettoyés depuis la dernière pluie. Il y a deux jours. Quelques traces sur les vitres. Rien d’extravagant. De la poussière. Un peu. L'essentiel se lit dans les yeux du monde. La foi belle et épurée d'un ciel dégagé. Quelques cumulus. Rien d'important. La rime, l'entropie valse autour des rochers de la cour. Draps de paix, draps d'amour. Rictus au coin de la bouche. Irrésistible envie de fumée. Le bouquet à sa gauche, d'une composition délicate, d'un raffiné galant. Les meubles, d'époque, rustiques, sobres mais nobles. Prompt à un accueil dans les règles de l'art. Il avait fait des efforts. Il était habillé. Un pull à col roulé, un pantalon de toile brun, le seul qui n'était pas déchiré, ou troué. Des couleurs neutres. Des couleurs peu criardes et harmonieuses. Beaucoup de verdure autour de lui. Le personnel chargé de la décoration avait vraiment misé sur la qualité de l'oxygène et sur la présentation et la rénovation de la bâtisse. Des plantes. Des buissons. En pot. En jardinières. Le lierre dégoulinait de sa serre en longues cascades de verdure. Il lui fallait se baisser pour l'éviter. Branchages et aiguilles naturelles composaient une fabuleuse sphère, couronne de bienvenue. Les oiseaux de paradis, flammes parmi ces couleurs boisées, n'étaient que plus magnifiques qu'à l'accoutumée.

C'est un lien entre lui et l'univers. Son foyer n'était pas ce lieu, presque austère. Les pierres entassées, empilées, n'étaient pas son environnement premier. Les racines lui manquaient. L'odeur de la terre mouillée. Terre de Sienne. La boue sur lui, couvert. Les ongles sales. Le corps las de tomber, de se relever. Le contact mauvais de la forêt lorsqu'on tombe la tête dans ses ronces ou dans le ruisseau. Les pierres et la mousse qui glissent. Les lacs, les étangs. Les animaux, les poissons, les volatiles. La chasse, la cueillette. Les fruits sauvages qui épuisent ou rendent malade. L'extase, l'ovation devant le ciel aux étoiles infinies. La richesse des sons, des parfums. Les créatures qui s'éveillent et s'endorment. La peur qui ne quitte personne, pas à un seul instant. Les cicatrices. Les coups. Les blessures. Les plaies. Les écorchures. Les fractures. Mais tout cela faisait partie de la vie. De sa vie.
La vie qu'il menait, là bas. du temps où il n'était qu'un Elvhen lambda. Pas un coursier Shemlen, un conciliateur, un interprète.
Soupir. Le contact froid des températures basses contre le verre encadré de bois. Aux stries irrégulières, à la couleur, il s'agissait de sapin. Aucune surprise. La forêt en était pleine. Son nom. Son nom qui résonne et qui le frappe. De trois-quart. Face au comptoir, à l'honorable humaine au visage plissé qui ne lui adresse aucune affection particulière. Sa maigre valise se meurt du peu d'affaires qu'elle supporte. Valise de cuir. La poignée est réquisitionnée, le tout soulevé. Un pas lourd, étrangement silencieux. Les clefs qui s'écrasent sur le comptoir, sous ses yeux. Second étage, couloir du fond. La porte où il n'y a pas encore de nom. La pièce impersonnelle et vide qu'on lui a préparé. Les doigts sur le clavier, sans plus attendre. Tellement de travail que pas le temps, apparemment. Sa voix calme de chasseur de la toundra se pose, sereine. Déclare timidement, les yeux bas, ne pas savoir où se trouvent les escaliers qui le mèneront jusqu'à sa suite. Une voix rauque et sans saveur. Au fond à droite. Bien. Volte face, les pupilles fragiles et discrètes. Une excuse prononcée tout bas. Des remerciements chuchotés, à peine audible. L’accueil est désert. Personne. Peut-être sont-ils en cours. Aucune idée du jour de rentrée. L'automne amenait avec lui les plus cruels des désenchantements.
On l'aurait remarqué, s'il n'avait pas été seul en compagnie de cette dame respectable au charisme douteux. Un géant de deux mètres dix ne passe pas inaperçu. Un géant de deux mètres dix pâle comme un cadavre, aux cheveux de neige et aux iris vairons encore moins. Il est heureux. heureux d'avoir pu pénétrer l'enceinte du pensionnat sans se faire remarquer de trop. Sa voix s'efface. Ses pas entachent le silence de plomb, retombé il y a peu. Il n'est heureux que pour cela. Autrement, les lendemains le forcent à vivre, tandis que ses journées ne changent pas. La même ritournelle au creux des tympans. Dans un coin de la tête. Les chants, les chants. Toujours les voix. Celles qui, mélodieuses, s'immiscent dans ses rêves. Dans ses cauchemars. Il dort mal. Ne dort plus. Ne veut plus voir son visage.
Son visage qui le hante. Encore aujourd'hui. Sa belle. La fleur. La plus belle de toutes.

N'y pense plus.
Voilà.

Détruit de ses pas froids et coriaces les rêves qu'il a construit. Ne répond pas lorsqu'on lui déclare que s'il a besoin de quelque chose, ce n'est pas ici qu'il faut se plaindre. L'escalier n'est pas raide. Il est haut, il est long, mais les marches sont larges, espacées. Confortables. La valise ne pèse rien. Des livres. Des parchemins. Quelques objets desquels il se sent proche. Presque pas de vêtements. Sortir lui sera donc obligatoire. Au moins pour acheter de quoi se vêtir. Autrement qu'en peau. Autrement qu'en tenue d'Adam. Autrement qu'en tenue de maître dalatien. N'a strictement aucune idée de comment se vêtir. Des ensembles sobres, plutôt distingués, décontractés, excentriques. Sans opinion. Il lui restait quelques jours avant de commencer à travailler. Les chaussures qui le serrent sont désagréables à porter. Il déteste être pieds nus. Il les gardera. La rampe glacée prend fin. Sa main, enveloppée dans la manche longue, s'échappe de sa tanière et vient repousser quelques mèches déviantes sur son front. Le couloir du fond.
La porte sans nom.

Une lourde porte anonyme. Bois de hêtre. Le parfum, inimitable. La poignée ronde se tourne après avoir été déverrouillée à l'aide de la clef qu'on lui avait confié. Se pousse. L'encadrement bas, obligation de se baisser. De la lumière. Des draps propres. Une odeur de lierre, de terre retournée. Une odeur de pluie. Les rideaux tirés. Immaculés. Le bureau abîmé, esquinté par les méfaits du temps, la chaise qui grince. Le plancher véritable épineux. Les vitres difficiles à nettoyer à cette hauteur. Le lit collé aux pierres qui compose les quatre murs de la prison. Trop petit pour lui. Une armoire. petite, étriquée. Bois. Un vase, une fleur. Déjà des formulaires, des papiers à remplir. Avance. La porte qui se referme derrière lui. Au centre de la pièce. Une odeur de craie, de pâtisserie. Sur le bureau, des choux à la crème. Typiquement français. Les étagères sont plus basses que son torse. Comme d'habitude. Le tapis usé manque d'un goût évident, mais fait partie du décor. Une chambre petite, peu spacieuse, mais lumineuse. La valise est posée docilement au sol, poussée avec les deux mains sous le bureau. C'est parfait ainsi.
Il lui restait encore beaucoup à faire. Mais il avait besoin de fumée. Maintenant.
Ne pas retirer l'odeur agréable et délicieuse de la chambre tout de suite. Il descendrait avec son paquet et son feu, déclarerait l'incendie buccal à l'extérieur. Par respect pour tous.
La porte fermée face à lui. La poignée qui se tourne. Qui ne s'ouvre pas.
Réessaye. Toujours pas.
Encore. Non.
Enfermé. Enfermé dedans. Les clefs, restées dans la serrure, à l'extérieur.

Et merde.

Son poing vient s'écraser contre les reliures de la porte, doucement. Frappe plusieurs fois, sans grand changement. Il faudrait qu'on vienne le sortir de là. Encore. Frappe. Toujours. Tout va bien. Pas de panique. Il suffit que quelqu'un passe, et vienne lui ouvrir. Ce n'est rien. Il y a pire, comme situation. Ça va aller. Il faut juste que quelqu'un passe par là. Chose assez rare en journée.
Bon.
Soupir distingué. Las. La main toujours collée à la porte, esquissant une musique répétitive à souhait dans l'espoir que quelqu'un l'entende à un moment donné. Puis, sa voix s'élève. Discrète. Il ne hurle pas. Il n'hausse jamais la voix.

- Excusez-moi... Est-ce que quelqu'un m'entend? Je suis... Je suis à l'intérieur... Quelqu'un?

Il est à son maximum. Il suffit à présent d'attendre.
D'attendre que le temps passe.


Nouveau venu.


Dernière édition par Aacaeleb Belia le Mer 17 Oct 2012 - 15:34, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Masculin
Nombre de messages : 68
Age : 30
Localisation : France
Loisirs : Chasse a l'homme
Humeur : Aqueuse
Date d'inscription : 07/10/2009
Auro Drake
Auro Drake
MessageSujet: Re: Chas. [Auro, Eris.]   Chas. [Auro, Eris.] EmptyLun 15 Oct 2012 - 22:01

''Une nouvelle matinée de joie et bonheurs se lève sur nos teeeeerreuuuuu !~♪♫ Levez-vous ! Levez-vous que …'' Le poing s'écrasa violemment sur le radio-réveil qui explosa contre le mur dans une pluie de fragment métallique.

« Neeeew record ! Il a tenu deux jours celui-là. Pas de bol, il a joué la malchance avec cette chanson débile. »












Auro déboucha sa fiole et avala une lampée. Il était de mauvaise humeur depuis l’incident du réveil ce matin, de très mauvaise humeur, et les choses n'allaient certainement pas en s'améliorant. Des classes énervantes, stupides et composées d'humains en majorité, ignorant du vrai visage du monde, voilà ce qu'on lui avait collé ce premier trimestre à quelques exceptions près. La chance, tu parles ! Une vrai poisse oui. De plus, il avait oublié sa sacoche dans sa chambre après son levé explosif. Mais tout cela était sans compter la chose la plus énervante qu'il ai jamais du endurer ...

« Drake se pressant dans les couloirs, cela est une chose rare. La question qu'on se pose tous, c'est … Pourquoi se presser autant pour une simple sacoche ? Aurai-t-il par, on ne sait quel miracle, finit par corriger une interrogation ? Et il voudrait maintenant la rendre à temps à ses élèves ?! Cela paraît plutôt incroyable … Non … bien sur que non, il a peut-être rendez-vous avec une femme alors ? Qui lui aurai glissé le lieu et l'heure du rendez-vous dans sa petite besace en cuire toute mignonne ? Allons arrêtez de rêver ! La réponse est évidente ! Il ne lui reste presque pas de whisky dans sa petite flasque et il court juste chercher sa bouteille de rechange. Oh ! Faut pas rêver non plus, c'pas comme si il était un véritable professeur ou un don Juan, c'est qui d'ailleurs lui ?»

Auro s'arrêta en dérapant dans le couloir.

« ARRÊTE DE FAIRE LA VOIX OFF DANS MA TÊTE !!  Le cri venait réellement du fond du cœur pour le coup.
- Hé ho, calmos, tu peux t'en prendre qu'à toi même, si tu me laissais sortir un peu plus souvent ... »

La voix de la louve s'était faite renfrognée, depuis quatre jours , elle ne cessait de trouver de nouvelle manière d'irriter son hôte pour pouvoir sortir ne serai-ce qu'un soir. Chose que Auro n'avais vraiment pas envie de faire avant quelques temps, histoire de lui apprendre à se tenir.

« Reconnaît au moins que la tête qu'elles ont tirées quand j'ai bondit hors des fourrées en hurlant, valait bien le coup d'enfreindre un peu les nouvelles règles. Drake grogna avant de répondre.
- Tu as la moindre idée de ce qu'il se serait passé si l'une d'elles avaient eu, ne serai-ce qu'une once de pouvoir ou de sang non-humain ? Pas-de-combat-dans-l'école. Pas de combat ! Tu es redevenu idiote ou quoi ? Surtout au vu de ton niveau de contrôle pendant ces derniers !
- Mais enfin, c'est juste que c'était trop tentant, elles chantaient l'appel aux loups. .. et puis même si je me contrôle pas toujours je me serai enfuie avant que ça dégénère tu le sais bien. Tenta-t-elle de se défendre en vain.
-Justement ! Je ne le sais que trop bien ton niveau de contrôle ! Tu as déjà tué pour moins que ça, alors ne joue pas avec le feu. Fin de la discussion et pas de sortie avant la pleine lune, point à la ligne je ne reviendrai pas la dessus. »

Pour le coup le professeur avait de plus en plus l'impression d'avoir à faire à une ado en crise ces derniers temps … Lui qui détestait vraiment les gosses voilà qu'il en avaient une en lui maintenant ...

« Radin ! »

Mais elle ne rajouta rien d'autre. Se cantonnant à bouder dans un coin de son esprit. Auro s’apprêta donc à repartir, mais il n'eut pas le temps de faire un pas qu'il sentit une pensée se glisser dans son esprit, tellement discrète qu'il n'y avait même pas prêté attention jusqu'à maintenant. Au même moment il entendit une voix timide à travers la porte toute proche.

- Excusez-moi... Est-ce que quelqu'un m'entend? Je suis... Je suis à l'intérieur... Quelqu'un?

Nouveau soupir de la part de Drake qui regarda à droite, puis à gauche dans le couloir. Personne à l'horizon, il était donc celui qui devait se coltiner à la tache … En deux pas il fut à la porte, écartant sans y prêter grande attention les pensées de l'inconnu, il appuya sur la poignée. Une fois, deux fois, puis frénétiquement. Rien ... Elle devait sans doute être bloqué ou cassé. Deux choix s'offrirent alors à lui, aller chercher quelqu'un qui pourrai réparer la serrure ou défoncer la porte. Hésitant il prit sa flasque pour boire un coup. Vide.

« Ecartez-vous ! J'arrive ! »

Le coup de pied retourné fit exploser le bois vermoulu de l'ancienne porte tandis qu'elle se pliait en deux pour finalement aller s'étaler sur le tapis de la chambre, le recouvrant d'écharde. Seul les gonds pendouillaient encore au chambranle de ce qui avait été quelques instants plus tôt le panneau.

« Et pas la peine de me remercier ... Mais alors même qu'il formulait sa phrase, l'odeur de l'inconnu lui parvint à travers celle du bois et de la poussière des couloirs.
-Attention Auro ! Il est dangereux ! Le cris d'alerte de la louve le fit instinctivement reculer de plusieurs pas, essayant de discerner dans le contre-jour matinal qui était l'inconnu.
- Mais qu'est-ce que … ? »

Il était plutôt grand le nouveau, même un géant oui et c'était quoi ces yeux ? Si il avait eu des oreilles de loup, il les auraient rabattus en arrière immédiatement.
Revenir en haut Aller en bas
Féminin
Nombre de messages : 306
Age : 30
Localisation : dans un pré
Loisirs : brouter en rêvant de justin bieber
Humeur : trolololllll
Date d'inscription : 28/11/2009
Eris Almira
Eris Almira
MessageSujet: Re: Chas. [Auro, Eris.]   Chas. [Auro, Eris.] EmptyMar 16 Oct 2012 - 19:37

    Il y a du bruit, au dehors.

    Aujourd'hui, Déméter a abandonné la lutte. Elle laisse, pantelante, la nature mourir, obnubilée, comme chaque année, par le chagrin que lui laisse la perte de sa fille. Et Perséphone, arrachée aux bras tendres de sa mère, daigne à peine quitter les champs et la terre, pour la noirceur de l'Hadès, et la froideur glaciale du Styx. Charon l'accueille avec un sourire. N'aie pas peur. Tu ne reste que pour deux saisons, car telle est la volonté de Dieu. Les saisons s'enchaîneront. Et quand tu reviendras, tu retrouvera la nature d'antan, aussi belle et fraîche qu'il y a des milliers d'années.

    Et pourtant.

    Cloîtrée dans une peine qu'elle ne peut oublier, Déméter laisse la nature à son propre ouvrage. Elle fait mourir les feuilles, les laissant s'envoler, au gré du vent glacial qui entre par la meurtrière de la tour. Elles me traversent, sans me sentir, sans me voir. Elles sont déjà mortes, elles. La déesse des moissons fait pleurer le ciel. Refroidit l'air. C'est le début du chagrin, avant de le laisser geler lors de l'Hiver. Un Hiver froid, triste à mourir. Je me sens toujours mal, à cette période de l'année. Il me semble écouter la plainte de la mère abandonnant sa fille aux griffes du maître de la mort, chaque année. Il me semble que parfois, elle pose sa main sur mon épaule dépourvue de matière. Qu'elle murmure des mots, près de ma joue sans teint. Qu'elle me chuchote que nulle autre qu'elle ne peut connaître le chagrin véritable, car le sien est si puissant qu'il fait mourir la nature, tous les ans, sans exception. Que ma peur est une chimère. Que si je le voulais, je pourrais les rejoindre, ceux que je pleure tous les jours, au finfond de ma chambre bouclée de l'intérieur. Que j'étais une lâche, une peureuse. Une minable. Cependant, je crache sur son chagrin, même s'il me rappelle le mien. Ce matin, comme je le fais chaque jour, je les pleure. Loreen. Eve. Nichola. Damian. Ils me manquent tous, mais eux, ont fait le choix d'aller plus loin. Qu'en est-il de moi ? Ils ne m'ont pas abandonnée, ils ont seulement eu du courage et de la foi. Abandonnée à ma propre peur, je suis restée là, et maintenant. Maintenant ?

    Il y a du bruit, au dehors.

    Par delà les murs, il y a du bruit. Des bruits de pas, des murmures que je suis la seule à entendre. Je me désintéresse un instant des ossements de mes amis. Je n'ai pas eu le courage de les déplacer. Ils reposent avec moi. Ma porte est verrouillée. Personne ne peut entrer. Personne. Je voudrais savoir. Comprendre. Il y a quelqu'un à côté de ma chambre. Quelqu'un, qui s'est installé. Que connait-il ? Qui est-il ? Mon Cri silencieux se transforme en sonar. Et il t'identifie. Derrière ces murs de pierre, il y a un être. Etrange. Une grande silhouette. Un esprit pur. Quelque chose que je n'arrive pas à identifier.

    C'est un fils de Déméter.

    Alors, mon Cri fait bouger la serrure. Clac, cloc. Je ne veux pas qu'on vienne nous déranger. Créature de pureté, je veux te connaître. Savoir ce que tu es, qui tu es. Ce que la Nature me réserve. Ce que la Terre mère pense de moi. Dis moi ce que ça fait, d'humer le parfum de l'herbe, de sentir les odeurs de la nature, de profiter du monde entier sans songer au lendemain. Montre moi que souffrir n'est qu'une utopie, vivre un supplice. Dis moi ce que je suis.

    Mais...

    CRÂÂÂÂÂC !

    Il y a quelqu'un d'autre. Créature étrange, jeune, mystérieux. Je ne sens rien, mais je passe prudemment une tête par le mur. Il est un homme au visage dur. Il est un homme qui semble pensif. Il est un homme-loup, sans doute. Tout sur son visage le prouve. Peu pourraient dire le contraire. Il sent le chien. Il est bizarre. Mais toi, qui l'accompagne, tu l'es sans doute bien plus. Ta grande silhouette calme est auréolée par deux yeux magnifiques. Des cheveux clairs, et un visage parfait. Je n'ai jamais vu de créatures comme toi. Aussi belles et pures. Aussi mystérieuses et attirantes. Tu es une créature de lumière. Mais toi, derrière, tu me fais peur.Tu n'es pas net. Tu parles, et ta voix rocailleuse m'effraie. Mais pour cette fois, je fais preuve de courage. Elvira était de ton espèce. Et elle fut bonne avec moi. Alors, je m'approche. En plein jour. La lumière me rend invisible.

    "Des gens reposent, à côté."


    Troublant leur repos. Ils font honte à leur honneur.

    "Vous... V-v-v-vous créez trop de nuisances. J-j-j-je vous serais gréée d-d-d-de faire... M-m-m-oins de bruit."

    N'aie pas peur, Belle. Ils sont tous fous.
    Tu n'es pas une exception.
Revenir en haut Aller en bas
Masculin
Nombre de messages : 9
Age : 34
Localisation : Loin.
Loisirs : Aucun intérêt de savoir cela.
Humeur : Sans crainte.
Date d'inscription : 07/10/2012
Aacaeleb Belia
Aacaeleb Belia
MessageSujet: Re: Chas. [Auro, Eris.]   Chas. [Auro, Eris.] EmptyMer 17 Oct 2012 - 16:37

透明. Transparent.


Un simple appel à l'aide.

Un soupir vieilli, usé. Une complainte des landes inconnues, rayées des cartes depuis des millénaires. L'appel à l'aide. Qui suscite l'entraide. Qui prône les valeurs communes de paix, de bravoure, rien d'autre que ce qui génère l'humilité. La gratuité du geste. Ne rien attendre en retour. Fils des Elvhen connait cela. Fils des Elvhen grandit entouré par les voeux de bonheur répandus par la force de la générosité. Les bienfaits de la communauté. Fils des Elvhen sait que l'enseignement des siens n'est plus la référence. Déchu au même titre que les dons grecs des temps où Socrate buvait encore, calice débordant de malice, où Epicure sous ses haillons en toile de jute se riait des êtres communs tout en se laissant délibérément risible aux yeux du monde catalogue. Un jeu couché, une dette immense, les textes perdus perpétrés selon le bon vouloir de ceux qui les possède. Fils des Elvhen croit à la bonté de tous. Niaiserie idéaliste traître, il ne peut s'en empêcher. Nous sommes tous bons. Il n'y a ni péché, ni cadeau du ciel. Des concepts purement humains inventés par des corps mortels pour des esprits creux. Les Elvhen savaient. Les Elvhen auraient pu les aider. Cela ne s'est pas fait. Ne se fera jamais. L'homme était étrange. L'homme était cruel. Ses inventions, ses créations mégalomanes restaient plus dangereuses que toutes les armes, toutes les bombes qu'il savait concocter.
Dieu ne savait rien. Fils des Elvhen, avec le temps, avait appris.

Concerto solitaire des percussions qui cognent la porte. Régulières. Simples. Dénuées de tout intérêt particulier. Être entendu, un souhait commun suffisamment basique pour ne pas être remis en cause. Parfois, Fils des Elvhen priait pour qu'on ne le remarque pas. C'était difficile. Aussi peu bavard était-il, quelques détails physiques lui étaient clairement défavorables dans l'art de la dissimulation, du déguisement. L'art d'être passe-partout. Invisible. Il en imposait déjà trop de lui-même, qu'à cela ne tienne, il se faisait Discrétion. Il l'était, en quelques sortes. Pas de mot. Pas de plainte. Aucune jérémiade. Heurts entre ses doigts et doigts dévorés entre eux, dans son dos. Regard bas, qu'il s'agisse du joug d'un deadra ou de l'un des Grands du Panthéon des Faiseurs.
Regard bas, face à une porte close. À chacun sa conception de la soumission.
Son gémissement feule, sa manifestation frêle. S’essouffle. Les coups qui cessent. Les bras ballants, les phalanges entremêlées, timides. Des traits mutants qui se blessent seuls. Un plafond qu'il touche du sommet du crâne. Plus haut que la porte. Plus imposant, de loin, que ce qui l’effraye le plus. Que cette ouverture cesse sa torture. Qu'elle le laisse, aussi gauche soit-il, respirer. Le coeur qui balance. Qui frôle l'arrêt. Le souffle de plus en plus irrégulier. La vue qui se trouble. De l'eau dans les yeux. Fils des Elvhen n'est pas chez lui. Fils des Elvhen a honte. Fils des Elvhen se cache, mais Fils des Elvhen peut-il rester enfermé ici à jamais?

Peut-être que cette solution serait la meilleure pour tout le monde. Peut-être qu'il s'agit là de la démarche à accomplir pour que tout cela cesse.
Torture mentale devient physique. Le ventre se tord et rugit. Les entrailles se retournent. Les cheveux se perdent. Les joues se creusent. L'échine ploie, éclate en sanglots dénués de larmes. Sécheresse. Les os se brisent, un à un. Fragile, plus fragile, encore plus, toujours plus. Les éclats ne veulent plus se souder. Les médecins ébahis d'une résistance aussi solide conjuguée à la caducité d'un amas de chair qui flanche. L'alliance contre-nature du feu avec la glace. C'était un miracle qu'il survive à tout cela. Un miracle. Fils des Elvhen sait, lui, que c'est normal. Avant cela, bien avant cela, le peuple Elvhen à l'image du monde avait été scindé. Mais un jour, tous les éléments fusionneraient à nouveau, et ne ferait plus qu'un. Nature. Bien-être. Terre de Sienne viable, sûre. Fils des Elvhen est scindé. L'eau fuit le feu, qui fuit le vent, qui fuit la roche. Le circuit ouvert, les éléments circulent, libres. À quand l'instant du mariage, où tous diront oui.
Là, et seulement là, l'Immatériel et le Perceptible s'uniront. Et Fils des Elvhen ne sera jamais plus un miracle.
La Chantrie se plaisait à dicter le précepte de l'être poussière. Poussière tu étais, poussière tu redeviendras. Arrive un instant où le corps en est convaincu. Arrive cet instant où, envers et contre tout, les mots deviennent palabres matérielles, conséquentes. Où leur rôle devient concret. Où les sorts qu'elles jettent coupent, cisaillent, tordent, cassent, détruisent, anéantissent. Palabres estimées, considérées, comprises. Dites, entendues, ou pensées. Quelquefois, il suffit d'un mot pour lâcher prise.
Abandonner.
Craquer.
Et finalement tout gâcher.

« Écartez-vous ! J'arrive ! »

C'est un ordre.
Sans réfléchir, le corps-instinct bascule vers l'arrière. Demande à ce que l'on se pousse. Pas devant la porte. Plus devant la porte. Loin, au final. Exilé au fond de la pièce. Contre la fenêtre. Rapide, pour un géant de son acabit. Une génétique controversée, combinant physique d'homme du Froid et agilité, précision du chasseur Elvhen. Mouvement de recul, nécéssité de survie. Le verre contre son dos qui le fait frémir malgré la laine qu'il arbore. Les bras collés au torse, les épaules rentrées. Les mains, nerveuses, qui s'agrippent. Qui se serrent. Membres peu dégourdis. Les ongles rongés ne peuvent faire mal. Les doigts serres qui pénètrent la chair, doucement. Tendrement. C'est une caresse violente. C'est un bouclier. Une protection. Quel que soit l'être à la voix Tonerre, il était terrifiant. Il était là pour aider. Il était bon. Il était généreux. Peut-être n'attendrait-il rien de plus. Rien de lui. Rien, rien du tout. Il ne s'agissait sans doute que de sa voix. La voix grave, la voix grondante, la voix terrestre, la voix qui s'entend.
Il l'imaginait grand. Petit, pour lui. Mais peu pouvait se vanter de culminer à deux mètres, et à cette hauteur, tout paraissait petit. La quarantaine humaine dépassée. Au minimum. Le cheveux écorce, tirant éventuellement sur le gris cendre. Des yeux cuivres, dorés. Noisettes. Quelques rides sur le front. Ride du lion, rides d'expression. Pas de sourire. La voix Tonerre ne sourit pas. La voix rauque de la voix de terre trop rigide pour tirer les traits. Un homme, pâle de surcroît, sans doute. Un homme qui n'est sans doute pas un simple Shemlen pour parler avec autant de raideur. Tant de poids dans la voix Tonerre. Qui s'écrase. Qui fend l'air et s'écrase. Poids de ce qu'il a vu. De ce qu'il a vécu. Des tourments qui le hantent.
L'homme au poing de fer qui plie le bois en hurlant. L'homme au talon d'acier qui pulvérise la matière. Le Passe-Muraille.

« Et pas la peine de me remercier... »

Sans aucun doute, un description parfaite.

Les yeux rivés vers la silhouette qui vient de faire tomber à ses pieds le massif forestier tout entier. Dire qu'il se plaignait des couleurs authentiques du tapis, maintenant, il ne le voyait même plus. Une bonne chose de faite, peut-être. c'était sans compter Madame deux étages plus bas qui se ferait sans nul doute une joie inouïe et sans nom de demander à ce que l'on remette cette porte d'origine en ordre. Un long et dur moment à passer. L'air hébété qu'il avait greffé sur son visage était à quelques détails près suffisamment prolixe pour lui faire grâce de la fameuse question de rigueur chez les Shemlen. Est-ce que tout va bien? Bien sûr que oui. Il avait demandé à être libéré de sa chambre prison, c'était dorénavant chose faite. Peut-être pas avec le calme et la sérénité qu'il aurait imaginé. Or après tout, il n'était pas chez lui. Les moeurs étaient sans doute différentes, et il n'allait pas commencer à faire son difficile. La fin justifie les moyens, que les Shemlen disaient. Sans doute que le théorème verbal s'appliquait à ce genre de situation.
Puis ils se mirent.
L'un surpris, le moins que l'on puisse dire. L'autre, perplexe.

« Mais qu'est-ce que...? »

C'est ce qu'on dit souvent.
Recule à son tour. Il est surpris. Il ne s'attendait pas à ce que la voix derrière la porte appartienne à quelqu'un d'aussi... hors-normes. Ici, le moindre écart est une originalité. Cummuler plusieurs détails troublants est sans doute l'apothéose de l'incroyable. Les situations ne seraient vraiment pas facile, en ce cas.
Inspire la peur et l'angoisse. Impose le respect et l'autorité. Son autorité. Il n'en avait pour ainsi dire aucune. Parfois, quelques relents furtifs, qui ne tardent pas à être ravalés. Le plus souvent, une grosse peluche qui ne dit rien. Qui ne dit jamais rien. Il aurait été bon de rassurer ce sauveur, de lui parler. Qu'il sache qu'il ne vient pas de libérer une créature des ténèbres. Qui plus est, la lumière derrière lui fait contre jour, c'est donc tout naturellement que le pauvre homme ne peut discerner, devant lui, qu'une ombre plus ou moins formée. Une ombre de deux mètres, silencieuse comme tout, aux deux grands iris dépareillés. Absolument normal. Il ne s'agissait pas d'un Shemlen. Son odeur n'était pas aussi fine que la leur, pourtant parfois très -trop- accentué par les plaisirs luxueux de ces demoiselles. Le parfum du sauveteur était légèrement poivrée. Agressive. Terre sèche, musc, paille. L'arôme désagréable du renfermé. Du temps passé. Quelque chose... de véritablement agressif. Une senteur désagréable. Mariée à celle de l'alcool. L'homme des Terres Glacées avait appris à quel point l'alcool était encré dans les us et coutumes des Shemlen. Indéfectibles, les liens tissés ne pouvaient être défaits d'un simple courant de pensée. Cela faisait partie des choses sacrées. Une tendance comme une autre. Pourtant, il n'en démordait pas. Cet homme n'était pas un Shemlen. Les autres créatures avaient, elles aussi une accoutumance étrange avec les gouttes laissées sur Terre humaine, présent de leur Dieu et recette de leurs fruits. Quelques données étranges, pour celui qui fuit le peuple Shemlen. Les raisons qu'on sait, au fond de nous. Ces raisons là, intouchables.
Il était de rigueur d'offrir l'hospitalité à celui qui s'offre en aide. Un sourire faible, gêné, étira son visage paisiblement. Le regard bas, nécessaire. Et le même problème, toujours le même problème lorsqu'il s'agit de prendre la parole. Pour quoi que ce soit. Entortille ses phalanges, se mord la lèvre inférieure, tire ses manche, cache ses mains, croise les bras, tremble, bredouille, tout doucement.

- Diheno nin... Ma serannas...

Une catastrophe diplomatique. Voilà ce qu'il était.
Fort heureusement que certains soient surveillés par le sort de temps en temps.

"Des gens reposent, à côté."

Le nez en l'air. Le visage haut. Quelqu'un d'autre ici. Invisible. Voix dure et tourmentée d'une femme jeune, esseulée. Invisible, elle. Réellement. Une voix de l'Air. Une voix de passage, une voix sépulcrale. Une voix d'outre-tombe mais une voix présente, une voix acharnée. La voix de l'Air qui, bien qu'invisible, est là, et soutient, et fait vivre. La voix Colère qui provoque vents violents et aide Tonerre à former Tempête. Un cocktail qui promettait d'être succulent. Un cocktail qui aurait dû le terrifier. C'était sans compter l'absence totale d'instinct de survie dans cette caboche imbibée d'eau de javel et d'absinthe.
Le nez en l'air il la cherche. Il essaye de l'avoir à l'odeur. Difficile. La mort remonte à longtemps, très longtemps. Sans doute est-elle plus vieille que ces murs. Que la pierre. Les gens qui reposent sont ses gens. Ses corps. Elle est morte avec d'autres, qui eux sont absents. Ou peut-être a-t-elle péri seule. Certains ne savent que penser, après tant d'années de solitude. Il n'est pas rare de les voir rendu déments par tant de peine. Les voix de l'Air sont des voix étranges. Très complexes. Il faut apprendre à communiquer avec elles, savoir quoi leur dire. Êtres de souffle et d'agonie, emplis de crainte. Elle devait être ravissante, de son temps. Belle, à l'instar des chants traditionnels de la Dalatie. Cependant, même sans l'oeil spirituel pour la voir, quelque chose trahissant son exquis minois et ses manières de Dame s'entendait fort bien.
Son accent hispanique.

"Vous... V-v-v-vous créez trop de nuisances. J-j-j-je vous serais gréée d-d-d-de faire... M-m-m-oins de bruit."

Ainsi que sa crainte viscérale des vivants. Compréhensible.
Le nez en l'air. Le regard perçant la traque. Ne la trouve pas. Inspiration longue, lente. Le vairon retrouve les noisettes, le sourire se perd un peu, reste plus ou moins figé. Il a cela pour lui qu'il est sincère. C'est une bonne chose, en soi. Et il baisse à nouveau les yeux.

- N'ayez de crainte, Me Sera. Personne ne vous fera le moindre mal ici.

La voix calme et sereine de la neige. La lueur dans ses prunelles, vivante, accueillante et chaleureuse. Il essaye de sourire, du mieux qu'il peut. Tellement peur de déplaire à l'un d'entre eux. Tellement peur. Il ne desserre pas l'emprise que possèdent ses mains sur ses avant-bras. Il se garde bien de parler trop fort. Envie en silence ceux qui ont le don mystique, les facilités à communiquer avec ceux que l'on ne voit pas. Il se gratte la nuque. Recouvre sa position initiale. Soupire. Très légèrement. Rien pour froisser quiconque. Aucun mépris. Aucun malentendu.

- Vous avez précisé que l'absence d'excuse n'était pas un problème, Me Ser, cependant je ne puis m'y résoudre. Je vous remercie. Me Sera, je suis navré d'avoir contrarié votre repos. Nous serons plus vigilants au calme de ce lieu désormais...

Il est tellement fier d'avoir su parler autant qu'il s'en remettrait presque aux Faiseurs de l'avoir guéri de sa torpeur. Mais non.

- Andaran atish'an, Me Ser. Léger regard vers la voix de Tonerre. Me Sera. Le nez en l'air, contempler la voix de l'Air. Mon nom est Aacaeleb Belia... Bienvenue dans l'humble... chambre... Que l'on m'a confié...

De grands projets d'avenir. Encore faut-il qu'ils soient assez réceptifs pour comprendre sa détresse du moment.


Voix.
Revenir en haut Aller en bas
Masculin
Nombre de messages : 68
Age : 30
Localisation : France
Loisirs : Chasse a l'homme
Humeur : Aqueuse
Date d'inscription : 07/10/2009
Auro Drake
Auro Drake
MessageSujet: Re: Chas. [Auro, Eris.]   Chas. [Auro, Eris.] EmptySam 20 Oct 2012 - 19:46

- Diheno nin... Ma serannas...

Mais … oui bien sur, moi aussi je suis heureux de te rencontrer l'ami et euu ''dieuno nein ma sérana'' à toi aussi.

« Il … il vient de dire quoi là ? Questionna la louve un peu désemparé pour le coup.
-Je suis professeur d'histoire pas d'allemand, un truc dans le genre enchanté je suppose ... »

Auro pouvait maintenant le sentir ce qui avais fait pousser un cris à sa demoiselle intérieur. Sentir était réellement le terme approprié d'ailleurs, puisqu'il s'agissait de l'odeur de l'étranger ; douce sucrée et attirante bien qu'un peu effacé, mais ce qui n'allait pas était ce que l'on sentait après cette première impression, cette odeur de charogne, de nécrose mental qui lui donnait envi de prendre ses jambes à son cou.
Drake commença doucement à reculer quand quelque chose d'autre se glissa dans ses perceptions, le rendant encore plus confus.

"Des gens reposent, à côté."

Il fixa son regard sur le géant. Qu'était-il en train de faire ? C'était quoi cette voix qui venait de nulle part ? C'était forcément de sa faute puisqu'il n'entendait aucunement les pensées de quelqu'un d'autre dans les environs et si il n'y avait pas de pensées, il n'y avait pas d'existence. De plus une drôle d'odeur commençais à se glisser dans la pièce, comme les cendres d'un autre âge.

« Fait attention Auro, je sais pas qui il est ni ce qu'il veut mais ce type est extrêmement louche, il ne semble pas penser à mal mais ça ne fait aucun doute qu'il prépare quelques chose. »

Drake pris l'avertissement pour argent comptant, il était lui aussi conscient qu'il était en train de vivre quelque chose d'anormal et de potentiellement dangereux dont il n'était pas là cause.

"Vous... V-v-v-vous créez trop de nuisances. J-j-j-je vous serais gréée d-d-d-de faire... M-m-m-oins de bruit."

Moins de bruis … des gens se reposent à cotés … On est à l'étage des professeurs là et la pièce à cotés n'accueille personne depuis des siècles, c'était quoi cette farce grotesque ? Il se mit à grogner montrant ses dents, à deux doigts de relâcher sa bête intérieur, s'enfuir ou combattre, son instinc ne lui laissait que deux choix.

- N'ayez de crainte, Me Sera. Personne ne vous fera le moindre mal ici.

Mais oui … Il lui parlait maintenant en espagnol et tentait de l'amadouer en le traitant comme une fille ?

« Tu … tu crois qu'il s'adresse à moi là ? Questionna la demoiselle.
- Si il est effectivement au courant de ta présence ça devient vraiment grave … Je n'aime vraiment pas ce type.
- Il ne t'a même pas regardé une seule fois dans les yeux depuis le début tu sais.

Ce constat hérissa le poil d'Auro, la petite disait vrai, il évitait en permanence son regard, là il fixait carrément le plafond en parlant. Ce type était vraiment … dérangeant.

- Vous avez précisez que l'absence d'excuse n'était pas un problème, Me Ser, cependant je ne puis m'y résoudre. Je vous remercie. Me Sera, je suis navré d'avoir contrarié votre repos. Nous serons plus vigilants au calme de ce lieu désormais...

- Andaran atish'an, Me Ser. Declara-t-il en jettant un coup d'oeil à Auro. Me Sera. Nouveau regard en l'air. Mon nom est Aacaeleb Belia... Bienvenue dans l'humble... chambre... Que l'on m'a confié...

Drake ne comprenait vraiment rien à ce que disais ce type. Mais il se redressa tout de même un peu et cessa de montrer les dents, l’instinct était une chose, garder des convenances humaines en est une autre.

« Écoutez moi bien, vais être clair et ne le dire qu'une fois. Je ne vous aime pas et je ne comprend rien à ce cirque que vous faite. Si vous désirez quelque chose dite le clairement et dans la bonne vieille langue de Sir Drake. Si vous ne me voulez rien, alors je retourne à mes occupations. »

Mais c’était qui ce type à la fin avec ses manières étranges et son odeur irritante ?
Revenir en haut Aller en bas
Féminin
Nombre de messages : 306
Age : 30
Localisation : dans un pré
Loisirs : brouter en rêvant de justin bieber
Humeur : trolololllll
Date d'inscription : 28/11/2009
Eris Almira
Eris Almira
MessageSujet: Re: Chas. [Auro, Eris.]   Chas. [Auro, Eris.] EmptyLun 29 Oct 2012 - 22:42

    Ils sont si étranges.

    L'un. Respire la pureté à chacun de ses mouvements. Amples, souples. Félins, cachés. Métamorphosés. Ses yeux vérons regardent l'air ambiant, comprenant, visiblement. Cachée dans cette lumière, sur ce pan de mur, tu ne me vois pas, mais tu sais que je suis là. Tu es beau. Très grand. Trop, peut-être. Ton visage m'inspire le calme, apaise mes maux. Ton regard doux. Tes lèvres fines. Pas un mouvement brusque. Tu parles. D'une langue que je ne connais pas, mais que je devine terriblement importante. Tu parles la langue de la nature. Tu parles la langue de la pureté, du monde. Tu parles la langue que je voudrais apprendre, pour en appeler aux Forces. Pour qu'elles viennent me chercher. Qu'elles me murmurent que je n'ai pas à avoir peur de l'après. Que tout va bien se passer. Que je ne souffrirais pas, et que je serais toujours éveillée. Je veux apprendre. C'est la chose que je me dis, lorsque je te regarde, que je t'écoute, alors que tu ne me vois pas. Te parler, seulement, je veux te parler. Tu me demande pardon. Je l'accepte sans la moindre hésitation. Mon pardon, tu l'as. Mais je ne te réponds pas. Tu n'as pas terminé. L'un. Est Parfait. Sous tous les angles. Dans toute son essence. Parfait. Et alors que je t'observe, je songe que rien ne pourrait être mieux que toi. L'étranger au regard clair-foncé. Curieux paradoxe que le tien. Mais tellement vrai. Tu parles une langue pure. Pour toi, je n'ai que du respect. Et une puissante admiration. Envers la créature la plus pure que je n'ai jamais vue. Envers la pure beauté. Le pur-esprit.

    L'autre.
    L'Autre est étrange, inquiétant. Son visage cerné se caractérise par un regard torve. Il me fait peur. Lui, me fait peur. Il semble tendu, comme craintif. Une mèche couleur de neige barre son front, étrangeté supplémentaire. Son regard malsain fixe le Pur-Esprit comme s'il était un monstre. Je sentirais presque comme une odeur de peur. Mais je sens si peu de choses. Tout pour moi est diffus. Sans saveur, ou si peu. Alors je me contente simplement de rêver, de ressentir les choses comme si tout était normal. Je ne veux rien perdre. Rien perdre de ce spectacle. Il parle d'un ton bourru. Sa voix grave me crispe, m'effraie. Mais le Pur-Esprit m'assure que je ne cours aucun danger. Dois-je seulement le croire ? Je ne connais ni l'un, ni l'autre. Je ne sais rien de qui ils sont, de ce qu'ils font. Pourquoi ils sont habillés de manière si étrange. Il grogne. Comme un loup. Croit qu'il est seul avec l'Un. Mais il y a Moi. La politesse voudrait que je me présente. Une voix dans le noir n'existe nullement. Mes pensées ne sont pas captées. Je peux réfléchir en toute sécurité.

    Ma sécurité.

    Ton nom aussi a la puissante résonance de la Nature. Aacaeleb Belia. Je n'ai jamais entendu un nom comme celui-ci, mais le tien est beau. Et l'Autre ? Qui est-il ? Se présentera-t-il ?

    « Écoutez moi bien, vais être clair et ne le dire qu'une fois. Je ne vous aime pas et je ne comprend rien à ce cirque que vous faite. Si vous désirez quelque chose dite le clairement et dans la bonne vieille langue de Sir Drake. Si vous ne me voulez rien, alors je retourne à mes occupations. »

    On ne peut. Ne pas aimer un esprit pur. Alors mon essence s'approche de l'ombre, dans la pièce. L'ombre dévoile cette femme que je suis, jeune, mais pourtant si vieille. Dévoile des cheveux de la couleur du caramel. Un visage très pâle. Une robe blanche teintée du rouge du sang, sur ma poitrine, dans mon cou, des taches que je saurais montrer les yeux fermés. Je les connais bien. Ce souvenir semble peint sur ce corps que je n'ai plus. Jamais, je ne me montre jamais. Mais l'Esprit Pur est là. Il me protègera, si l'Autre me fait du mal. Mes yeux noirs observent en silence les deux hommes. Puis parle.

    "Je vous prie d'accepter mes plus plates excuses. Je n'ai pas eu la bienséance de me présenter à vous. Mon nom est Eris Almira, je suis..."

    Décédée ?
    Ma phrase reste en suspens. Je n'ai pas besoin de dire ce genre de choses. Mon corps sans consistance se tourne vers le bel étranger. Sans le moindre sourire. Juste une fascination sans égale.

    "Vous parlez l'idiome de Cérès. Il... me semble que je puis vous faire confiance."


    Me tourne ensuite vers l'étranger. La peur me ronge. Courage. Pour lui, pour les autres. Courage.

    "Ne seriez-vous point... un homme-loup, Sieur ?"


Revenir en haut Aller en bas
Masculin
Nombre de messages : 9
Age : 34
Localisation : Loin.
Loisirs : Aucun intérêt de savoir cela.
Humeur : Sans crainte.
Date d'inscription : 07/10/2012
Aacaeleb Belia
Aacaeleb Belia
MessageSujet: Re: Chas. [Auro, Eris.]   Chas. [Auro, Eris.] EmptyMer 31 Oct 2012 - 18:33

大損. Grande perte.


Les papillons.
Leurs ailes poudreuses, leur teinte satin. Velours des artifices. Les couleurs. Volatiles. Impérieuses. Les ailes étincelantes. Les ailes. Le vol. La tire. L'effraie. Le corbeau. Les papillons. Ces petits invertébrés brillants, subtils, si jolis. Attirants. Hypnose. C'est ce qui les rend fascinants. Incroyablement uniques, au point de les capturer. De leur planter une aiguille en plein thorax. De les mettre sous verre. De les encadrer. Les afficher. Émerveiller les pupilles devant ces insectes-objets morts. Bien moins agiles qu'en pleine nature. Bien plus intéressant sans l'effort de recherche ou de chasse. Galerie d'art immobile, nécrose soignée pour tout public. On dit que la beauté est figée. On pense que l'absence de mouvement est esthétique, que la fin justifie les moyens. Les Shemlen avaient des moeurs particulières, des effets de mode plutôt sordides.
Il allait du devoir d'un Elvhen des Bois de vivre entouré d'insectes. Les papillons, eux, faisaient partie de ces créatures indispensables à leur vie, ne serait-ce que sur un plan culturel. Nombre de contes et de fables relatent d'aventureuses épopées liées à cette minuscule créature volante, insignifiante, attrayante. Symbole, traditionnellement, de l'évolution chez les Shemlen. Présage de perte chez l'elfe des bois classique. Il s'enfuit dès qu'on s'approche trop près de son petit être délicat. Il s'esquive face aux grandes serres humanoïdes. S'il n'est pas dans les coutumes des races teintées de la culture Shemlen de se nourrir des trésors de la bête, ce n'est pas le cas chez les Elvhen. Les ailes de papillon faisaient partie des ingrédients de base de certaines potions à but curatif, et la poudre bien que fine savait relever le goût d'une viande à la manière de toutes les épices d'Orient. Les papillons, aussi insignifiants furent-ils dans le cycle d'évolution terrestre, surent se garder des méprises et des insultes. Petite créature inutiles et foncièrement peu robuste avait sa place au sein du monde. Dans le creux des mains de Gaïa elle-même, des Faiseurs pour tant d'autres. Il avait survécu. Il avait sa place. D'une manière ou d'une autre, son espèce profitait à quelqu'un, ou à quelque chose. Ceux qui n'ont plus rien à apporter au monde auquel ils appartiennent savent se faire oublier, et disparaissent. S'effacent.
Les papillons sont toujours là, eux.
Cet homme aussi.
Cette jeune femme de même.
Et lui. Désespérément seul. Toujours là. Il aurait pu tout donner pour disparaître, pour toujours et à jamais. Il n'avait plus le droit de faire ses voeux. Plus jamais de réponse aux prières plaintives. Il resterait là. Aussi complexe soit la situation.

Le Fils du Froid s'était fait un devoir d'omettre le détail des races, dans quelque situation que cela soit. Tous égaux. La société humaine héritée de celle d'il y a des siècles se faisaient une joie de rappeler ce principe, qu'il soit fondé ou pas, qu'il soit respecté ou controversé. Au même titre que le sexe ou la caste sociale, la race comptait parmi les éléments séparateurs des êtres penseurs à corps humains. L'origine, de même, constituait un détail essentiel du passé de chacun. Nous sommes tous égaux. Soit, nous ne formons qu'un. Et si nous ne formons qu'un, nous parlons bien évidemment le, ou les mêmes idiomes. Et malgré tous ses souhaits de réussite, Fils des Elvhen devait se rendre à l'évidence. il ne s'agissait ni du sort ni du destin, mais le règne elfique et l'étendue de son savoir avait été ruiné, puis piétiné par les siècles. C'était un fait.
Diheno nin est un équivalent du pardon Shemlen. Ma serannas, celui de l'expression de la plus plate gratitude. Il s'agit là de politesse bancale, de formules de respect. Noble, humble, dépouillée, désintéressée. L'essentiel de la communication Elvhen. Certains soupirent sous ces termes lourds de sens, prononcés un peu trop vite, parfois sans raison valable. Ils perdent de leur impact. Ils ne sonnent pas comme ils le devraient. Là était le tort du bâtard qu'il était. La méconnaissance du savoir parler. La gaucherie dont il fait preuve une fois maître de l'ouverture de ses lèvres, du mouvement de sa langue. Il faudrait créer une muselière pour le tenir tranquille. L'empêcher de cracher ses obscénités hérétiques aux visages de ceux qui ne comprendront jamais l'importance ni la pureté d'un tel historique, d'une langue plus vieille que les premiers dragons. Lui trancher ce membre impie qui lui fait cruellement défaveur. Le murer dans un silence religieux. Le condamner à garder le silence à jamais.

J'aurai mon coeur comblé de peine.

Le regard bas. Honte. Honte de tout. De lui. De ce qu'il est. De ce qu'il a fait. De tout ce qu'il a fait. Des scandales et des cadavres. Du verre échappé au sang sur le fauteuil immaculé. Il s'excuse de ses fautes impardonnables. Il n'aurait pas du. Jamais du. Son arbre ne lui pardonnerait pas. Ses fléaux, ravageurs, n'avaient pas fait moins de mal que les tempêtes runiques que les armes enchantées ont pu infliger par le passé. Les mots ne s'oublient pas. Gravé sur la roche, l'écorce, le cartel ou la chair. Aux sensations inégalées. Aux rituels douloureux. Aux exécutions, aux coups d'Etat. Révolte. Ceux qui vivaient voyaient. Ils ont pu voir cela. Ils en ont connu les souffrances, les brûlures atroces. Ils savent ce que sont les peines, les chagrins, les déboires. Ils survivent. Ils sont toujours là. Ils n'ont pas le droit de partir, car leur sang impur et gangrené permet à quelqu'un, quelque chose, de subsister. Le sang doit être versé si cela profite d'une quelconque façon. Tous égaux. Tous le droit de vivre. C'est ce qu'inculquaient les Shemlen à leur progéniture. Sans doute était-ce la solution. Sans doute l'était-ce.
Son pull difforme, rongé par ses dents nerveuses. Le bout des manches grignoté, trop longues. En face, l'homme qui n'est pas Shemlen. Quelque part, la défunte au timbre timide, au souffle discret. Ils se comprenaient. Le maillon différent, lui, les dominait. Par sa voix de Tonnerre, par sa frénésie presque contagieuse. La peur, la crainte, l'aurait habituellement poussé à fuir. Seulement, c'était lui qui barrait le passage. Toujours plus proche de la porte. Passer par la fenêtre était purement suicidaire, et puis, il était d'une impolitesse odieuse d'abandonner des invités dans sa demeure pour vaquer à d'autres occupations ne les y conviant pas. Tout bonnement irrespectueux et peu convenable.
La dernière solution était de faire entendre sa voix de Neige. Paisible, calme, et parfois impitoyable. Encore fallait-il en avoir le courage. Et aussi empli de bonnes pensées envers autrui que dénué de tout instinct de survie, le Fils du Froid s'en tiendrait au dialogue bancal, échancré, jouant peu en sa faveur. Ne froisser personne.

« Écoutez-moi bien, vais être clair et ne le dire qu'une fois. Je ne vous aime pas et je ne comprends rien à ce cirque que vous faites. Si vous désirez quelque chose dites-le clairement et dans la bonne vieille langue de Sir Drake. Si vous ne me voulez rien, alors je retourne à mes occupations. »

Parce que la situation était déjà bien assez catastrophique comme cela.
Incapacité physique de répliquer. Bien trop puissant. Un enfant sermonné. Une faute grave, extrêmement grave. Passable de la plus abominable des punitions. Ses lèvres disparaissaient entre ses dents tremblantes. La peau ne réapparaissait pas lorsqu'il daignait les lâcher. Les bras croisés, les jambes longues, frêles, très peu stables. Menaçait de choir, qu'importait l'instant, la position. Il tremblait. Rien n'importait. Il tremblait. Mort de peur. Mort de froid. Mord ses lèvres. Déchire sa bouche. Tais-toi. Juste. Faites-le taire. Ses yeux indiscrets plantés vers ses pieds, transpercent, pieux aiguisés. Les épines autour du front. Les saignements. En face, il grogne. La terreur est sans égale. Souffre de faire souffrir. La bête qui ne l'apprécie pas pour ce qu'il est et surtout pour ce qu'il a fait.
Rien n'est plus fiable que le flair d'un loup.
Rien ne peut détourner l'esprit d'un loup de l'odeur nauséabonde des mémoires pourries, des sentiments crasseux, vaseux, sales de l'être en rupture avec soi. L'être qui se reproche la vie. L'être qui se pourfend, espérant atteindre les fausses notes passées ayant ruiné la Divine Partition.
L'homme-loup est infaillible. L'homme-loup sent. Le Second Peuple loin de se douter de leurs richesses et pourtant, et pourtant. L'homme-loup a de quoi faire peur. Draugadan sait se faire respecter.

Nombre de légendes content la naissance des Draugadan. Certains soupçonnent la magie pervertie, avec pour argument de poids la terreur qu'ils inspirent et leur caractère impulsif, bestial. D'autres s'en remettent à Dame Sylve lorsque les plus croyants savent qu'il s'agit de Gaïa, Terre-Mère, la génitrice de leurs horreurs. Quelques peuples Elvhen nostalgiques de l'Elvhenan s'accaparent leur création, devenant les pères de ce peuple qui ne leur inspire plus que crainte et horreur. Le Fils des Elvhen ne connaissait que trop bien ces êtres. Et quand bien même il était ouvert d'esprit, les quelques rares ayant croisés sa route se trouvaient être des criminels de la pire espèce. Crainte et frayeur qui ne voulaient pas partir. Rappeler l'angoisse n'est qu'attentat. Elles devaient signifier quelque chose. Elles apporteraient quelque chose au monde, elles n'étaient pas là par hasard, pour rien. Il devait avoir confiance. Les souvenirs de larmes, les hurlements gutturaux, les fantaisies nobles, l'affaire de sang, de pluie et de boue. Il se produira quelque chose. Un signe, un geste, infime, ridicule, mais quelque chose.
Les yeux clos. Pour oublier.
Oublier les vers. Pas les vers.
Oublier ce que lui sent. Fait sentir. Il n'y a rien. Rien du tout.
Oublies.
Voilà.
Ouvre les yeux.

Et l'Invisible devient observable.
La créature de l'ombre apparaît, droite, blanche, à ses côtés.
Chaque culture recèle de trésors. L'or en temps que tel, ou dissimulé sous une couverture plus élaborée, limpide, lucrative. On parle d'images, on parle de sons, et l'on parle des deux ensemble. La poésie des mots. Sous l’appellation ou non. L'esthétique des lettres, des symboles, placés les uns à côté, en dessous des autres. Chaque son à sa place. Les effets immuables. Le rendu florissant. Le voyage infini. Il était de son devoir de médiateur d'en savoir au maximum. Ne rien laisser au hasard. C'est ainsi que le destin l'envoya découvrir les lignes de Quignard, pour qui tous les matins du monde sont sans retour. Pour qui la voix compte plus que tout autre organe. Pour qui Sainte Colombe, être de chair et de papier, génie de viole, parle au travers des notes et de la voix de l'instrument relais. Le Fils du Froid venait de comprendre avec l'image. Sainte Colombe avait eu deux filles, au moins. Sans doute avait-il devant lui un des maillons de l'exquise progéniture de l'homme muet.
La voix cristalline des Vents violents. Tourmentés. Les tertres en étaient envahis, infestés. Ils étaient pourtant paisibles. Parfois, les éléments ne s'expliquent pas. Ils ont bien raison. Ils n'ont guère à se justifier. La beauté de son minois n'a d'égale que sa maîtrise de l'art de la dissimulation. Les crins longs, légèrement dorés, d'une jeune jument sauvage. La grâce de l'animal, sa douceur vaine, vénusté enchanteresse, philtre de l'âme teinte sereine. Ses yeux. De très loin, les yeux les plus tristes qui lui avait été donné de mirer depuis l'obscurité de sa naissance. La sombre parade aux sous-bois de poudre sucrée, eau douce, regards virulents autour de la créature qui croît au creux du bas-ventre, qui emplit les seins de lait, qui déchire la gorge vaginale avec comme seule force celle de son crâne. Femme du Sud. Des Terres Arides. Ce qui représente déjà pour lui le désert. Shem, sans nul doute. Magicienne parmi les êtres les plus intolérants que Mère Gaïa avait engendré sur cette parcelle de l'univers.
Les yeux en amandes. Noir de jais. Les siens, bicolores, l'évitent. Brûlés vifs. Les mains devant eux seraient les bienvenues. Un cauchemar. Une illusion. C'était faux. Tout cela n'était qu'ineptie. Il n'avait aucun don de ce cru. Aucune capacité particulière, ni affinité avec l'au-delà. Il s'agissait d'un mirage. Une entité fictive venue lui portée foi, force, courage, face au Draugadan. Elle ne pouvait se montrer. Cela ne se peut. Rien de tout cela n'est possible. En ce cas d'autres pouvaient apparaître aux mortels à leur guise, aux êtres encore vivants, bel et bien vivants, ce qui revenait à dire que L...
Qu'elle...
Mensonges.
Inepties.
Affabulations.
Tant de synonymes pour désigner cette femme. Cette femme au regard de mélancolie, de supplice, dam céleste et chéri. Ces iris funèbres, charbonnés, qui te mirent comme les siens te miraient il y a des années. Qui te parlent avec les étincelles qu'ils accueillent en eux. Les mêmes fioritures brillantes que les siennes. Que celles des poudres, sur les ailes des papillons.

Je crois en toi. Car mes espoirs sont entre tes mains.
Quand tu n'as plus le droit à l'erreur. Tu sais, à quel point on peut souffrir. Tu le sais.

"Je vous prie d'accepter mes plus plates excuses. Je n'ai pas eu la bienséance de me présenter à vous. Mon nom est Eris Almira, je suis..."

La Femme Nuit. Vous êtes, définitivement, l'une des Femmes Nuit.
Vous êtes magnifique. Rayonnante dans l'ombre que les êtres matériels créent pour vous, votre salut. Mademoiselle Aride, Damoiselle de Cendres. Lithsell, votre présence en ses lieux, bénite. Ardente. Haletante et dévouée. Parlez. Tous, nous vous écoutons. Parlez, Naurnauth. Les oreilles sont attentives. Les pensées éteintes. Si l'Homme-Loup vient à se révéler brutal, le Peredhel, le Shemlen qu'il reste malgré tout, saura vous défendre.

L'oeil aguerri se montre, timide, face à ceux qui l'effraient. Sort, paisiblement, craintivement, de son environnement bas. Des Tréfonds des galeries naines. Comme si on ne pouvait pas le voir si lui ne voyait personne. Principe des meurtrières. C'est ce moment qu'elle choisit pour parler.
Pour s'adresser à lui. Directement.
Le soutient de ses yeux fond, et il plonge à nouveau instantanément dans la contemplation de ses chaussures neuves, quoique légèrement abîmées. L'idiome de Cérès. C'est à peine s'il sait qui est cette personne, mais le savoir se récupère vite. Je peux vous faire confiance. Son sourire n'a d'égal que son bonheur. Ma serannas. Des milliers de fois. Ma serannas. Mais rien ne veut sortir. Il est muet.

Sa main se déplace dans ses cheveux, un instant, puis revient enlacer son propre torse. Bouclier. En face, l'homme est toujours terrifiant. Repense à celle du Gévaudan. À celle de Gysinge. À celles de Roasio. Mauvais souvenirs. Mauvais présages.

"Ne seriez-vous point... un homme-loup, Sieur ?"

Draugadan. Bien sûr que si. Faites attention.
Il ne dit rien. Observe la scène. Plus à l'aise dans son rôle de chasseur de la toundra que dans celui de l'orateur. Il est hôte. Il restera à sa place. Mais les craintes doivent tomber. Savoir si le climat du lieu est sûr. Si personne n'est en danger. Si tout va bien. Tout. Pour tous.
Ser Drake. Drake. Le nom lui parle. Lui rappelle quelque chose.

Si Drake est toujours prof ici, on pourra bientôt l'confondre avec les murs, vu sa gueule défraîchie.

C'est bien sûr.
Alors voici la bête en question. Lithsell ne semble pourtant pas le connaître. Est-elle aussi craintive qu'elle le montre? Sans aucun doute. Seulement, il n'est pas bon d'interrompre leur conversation. Se faire discret. En silence, il cherche comment recevoir simultanément une Femme Nuit et un Homme-Loup dans une chambre rustique d'un château transylvanien. Mauvais hôte qu'il est. Les laisser faire connaissance. Peut-être, plus tard, se manifester.
Si jamais les choses venaient à mal tourner.


Ailés.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
MessageSujet: Re: Chas. [Auro, Eris.]   Chas. [Auro, Eris.] Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

Chas. [Auro, Eris.]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Halo [pv Eris]
» Let's hunt ! [Pv Auro]
» Drake Auro
» Errants [PV Auro-Iromy]

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Fantastic High School :: Pensionnat. :: Deuxième Étage. :: Dortoirs Des Professeurs. :: ▬ AACAELEB-
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser